J’ai gardé le silence pendant une bonne semaine. Accaparé par mes activités, mais pas seulement. Il s’est passé tant de choses qu’il valait mieux garder un peu de distance pour jeter un œil plus aiguisé, plus lucide sur tout ça.
Les rumeurs qui enflent, les scoops téléguidés, les réaction outragées au JT de 20 heures, les journalistes trop bavards avec les faibles et étrangement muets avec les puissants. Un vrai cirque dans des jeux sans règle véritable. Et surtout, pas d’odeur, pas de sueur apparente pour les rangs aux premières loges. Tout le monde en aura pour son temps et l’argent des annonceurs !
On s’en est pris à Frédéric Mitterrand, on s’en est pris à Jean Sarkozy, et pour faire redescendre tout le monde sur terre, des gauchistes autonomes s’en sont pris à Poitiers. Les flics les cassent pour un rien, alors ils ont cassé à leur tour.
Légitime défense ?
Il faut dire qu’au nom de la com tous les coups sont permis. Tous les scoops devrais-je dire.
La presse du net fonctionne maintenant comme les tabloïds anglosaxons. Un besoin peut-être, dans une société où tout doit avoir l’apparence de la propreté.
On ne peut pas réclamer une lutte contre les incivilités et se permettre d’en faire devant des caméras.
On ne peut pas réclamer plus de morale, plus d’éthique simplement pour paraître avoir de la tenue. Un Sarkozy qui ricane à une commémoration de résistants vaut-il mieux qu’un groupe de rap en train de fustiger la police ?
Un Hortefeux qui dérape « humoristiquement » sur les auvergnats en plein congrès UMP vaut-il mieux qu’un Dieudonné qui dérape « humoristiquement » sur la shoah ?
Dieudonné a raison quelque part. L'humoriste tant décrié fur l'un des premiers à faire de l'humour une arme. Sans doute devait-on en arriver là! Il n’y a plus de repères moraux, philosophiques, éthiques alors allons-y gaiement dans l’humour comme porteur d’un message prosaïque de basse politique. La poésie n’a plus le vent en poupe, on lui préfère la tempête de la provocation. Cela ne retire rien au talent de Dieudonné, on ne perd pas en talent ce qu'on gagne en opprobre. Bien au contraire!
Finkielkraut, le philosophe ultraconservateur trouve à défendre Polansky, artiste qui a racheté par son œuvre artistique, ses fautes plutôt minimes, selon Fink the thinker. Très bien mais pourquoi ne dit-il rien sur le groupe « La Rumeur » aux prises avec un acharnement judiciaire de la part du ministère de l’intérieur pour injures à la police ? Le groupe « La Rumeur » n’a commis aucun crime pourtant ; pas de viol, pas de violence. En fait, tout dépend de l’artiste…
BHL nous fait la morale sur Frédéric Mitterrand et cette gauche qui s’en prend à lui. Je suis bien d’accord que la polémique était nulle. L’écrivain assumant ce qu’il a fait puisqu’il a eu le courage d’écrire un livre. Mais ce qui sera drôle, c’est quand la Thaïlande envisagera de signer des accords de coopération culturelle avec la France… Et ça, ça méritait d’être débattu ! Mais pour BHL, c’est l’œuvre d’une nouvelle police de la pensée ! Trop drôle que ce soit BHL qui dise ça. Mais je dois être sûrement antisémite pour penser ainsi !
Le ministre de la culture osera-t-il s’y rendre pour y apprécier le patrimoine siamois après y avoir découvert ses bordels et ses jeunes étudiants en boxe thaïlandaise de 40 ans quelques années avant?
En fait, le problème n’était pas celui de Frédéric Mitterrand mais celui du président qui l’a nommé pour défendre la culture française.
Avouez que trop c’est trop. Il y a comme un parfum de pet qui émerge de plus en plus de l’atmosphère fleurie et encaustiquée des palais ministériels.
Dans ces jeux du cirque, la sueur est soigneusement cachée sous les costumes désodorisés mais elle est là, intimement associée à l’angoisse de passer pour un faible, subrepticement liée à la trouille de ne pas être assez télégénique et séduisant. Alors, tous en rajoutent dans leur arrogance, leur suffisance. Tous recourent à la théâtralisation de leurs réactions. On surjoue, on use de formules chocs préparées par d’obscurs conseillers puis on se rue sur les résultats de parts d’audience…
Les casseurs de Poitiers ont inscrit sur les murs : « Nous ne voulons pas de ce monde morbide ! ». Pourtant, les docteurs sont nombreux à se pousser au portillon…
Légitime défense ? Non Légitime décadence…