L'ami Babelouest du site Dazibaoueb nous fait parvenir une contribution. Il s'interroge sur le partage du pouvoir…
Tout va mal pour le « petit peuple », Il ne faut pas prendre ce terme sous un aspect péjoratif, aujourd'hui il recouvre plus de la moitié de la population.
Y entrent bien entendu les exclus, ceux qui n'ont plus de travail, et n'en auront plus, comme ces quinquagénaires alertes, compétents, qui coûteraient soit-disant trop cher à des employeurs. Mais aussi n'en sortent pas de très nombreux jeunes, dont le seul défaut est justement de ne pas encore avoir eu d'emploi, et qui n'ont pas encore de compétences pratiques. Déjà, le paradoxe se dessine. Autre population précaire, y pointent les personnes qui n'ont eu droit qu'à un travail à temps partiel, souvent au SMIC. Leur profil ? Souvent, ce sont des femmes qui payent face à des employeurs peu compréhensifs leur supposé manque d'assiduité pour grossesses, maladies d'enfants ou autres raisons plus ou moins sexistes.
Mais à ces vrais déshérités s'ajoutent maintenant, de plus en plus, des ouvriers ou employés à col blanc à qui l'on impose des périodes de chômage technique. Ce n'est plus tout-à-fait la pauvreté, mais cela y ressemble beaucoup.
Encore au-dessus, le gros de la troupe est constitué de salariés à temps plein, qui autrefois se croyaient presque intégrés à la « classe moyenne ». Payés régulièrement, un peu mieux que les autres, ils sont très souvent endettés en raison de l'achat d'un petit pavillon, rien de luxueux. Ils se croyaient privilégiés, et voilà qu'en raison de rémunérations qui stagnent depuis longtemps ils n'ont plus qu'un budget péniblement équilibré s'ils ont deux salaires. Avec un seul, beaucoup lâchent prise. La cause, bien souvent ? D'autres crédits sont venus se greffer à celui, principal, de l'habitation. Une voiture modeste, un écran plat de télé plus grand pour remplacer le vieux téléviseur encombrant et plus très fiable, et voilà le surendettement qui pointe le nez.
Ajoutons que les mieux lotis vivent d'une façon trépidante, avec des temps consacrés à l'entreprise, dont le transport, de plus en plus longs. Le téléphone portable les met à la merci d'un employeur qui n'hésite pas à les rappeler. Les commerciaux sont sensés ne pas vraiment arrêter de l'être, les techniciens emportent des dossiers difficiles pour y consacrer du temps « au calme » à la maison. Les plus fragiles disjonctent, de plus en plus nombreux.
Que s'est-il donc passé ? Au-dessus de tous ces types différents d'actifs, les « managers » sont formés à dure école pour rentabiliser au maximum leurs « ressources humaines », au détriment de toutes considérations humanitaires. Il faut que des personnes qu'ils ne verront jamais, qui ne travaillent pas forcément, aient un retour sur investissement de plus en plus invraisemblable. Ce sont les seuls bénéficiaires du système. Chose amusante, de temps en temps ce système s'écroule, beaucoup de ces investisseurs n'en retirent plus rien, et retombent avec les pauvres, ou presque. Les plus futés raflent la mise.
Les politiciens, ceux qui briguent les suffrages afin de se faire déléguer les aspirations de tous, sont souvent les jouets des grands investisseurs, par le biais de leurs Partis. Biais légal, ou pas. Élus, ces députés, sénateurs, conseillers généraux ou régionaux ne vont pas tirer sur leurs pourvoyeurs de fonds. Ils voteront des lois favorables à ceux-ci, aidés en cela par de persuasifs lobbyistes : ceux-ci pousseront la délicatesse jusqu'à écrire eux-mêmes les propositions de lois.
En définitive, les groupes financiers, cartels, capitaines d'industries auront le pouvoir SUR toute la chaîne, aidés en cela par des médias qui souvent sont leur propriété ou celle d'un grand concurrent et néanmoins ami.
Y aurait-il une autre solution, un autre profil de la société mondiale ? Bien sûr, mais pour passer à celle-là le seuil sera rude.
Il s'agit de passer à une société où le pouvoir se partage AVEC tous. La chose va très loin, car elle implique de faire participer plantes et animaux, voire minéraux à la fête. Étonnant ? Pas vraiment, il s'agit de recycler au maximum, bien plus que les quelques balbutiements actuels ne le permettent. Il s'agit de respecter tous les habitants de la terre. Un premier point sera acquis par une gestion commune, mutuelle, coopérative de toutes les ressources.
Les décisions ne seront pas prises par de lointains actionnaires, ou plutôt des Conseils d'administration aux membres interchangeables, inamovibles, mais par chacun de ceux qui sont concernés par un problème. Les énergies renouvelables seront la priorité, les transports seront réduits au maximum. Au lieu de vénalité, l'entraide sera primordiale. Il s'agit d'un tout autre comportement à apprendre ? Bien entendu. L'éducation des enfants dans ce sens aura beaucoup d'importance.
Comment basculer de l'horrible, et mortel système actuel, à l'autre ? Il faut être conscient que cela ne se fera pas en un jour. Quelques tarés ont pris le pouvoir SUR. Sur tous les autres, humiliés, utilisés les uns contre les autres, ou en vue d'un but propre aux quelques-uns susnommés. Il ne s'agit pas de prendre le pouvoir, mais de le leur enlever. Il faut s'arranger, petit à petit, pour ne plus être assujetti au système. Ne plus avoir la télévision est un moyen.
Bannir, autant que possible, la voiture, en utilisant dans une phase intermédiaire au maximum les occasions en place du neuf. Faire la même chose pour les produits manufacturés autres. Pour la nourriture, privilégier le local, le produit de saison du coin. Mille détails de ce genre. Et puis privilégier l'entraide, le plus possible. Petit à petit, ainsi, les liens avec les groupes lointains, qui tissent une servitude à laquelle on ne pense même pas, vont se distendre, s'effilocher, le pouvoir SUR fondra naturellement.
Je suis conscient qu'une telle démarche n'est pas facile, mais en fait je crains que ce ne soit la seule efficace. Les moyens de coercition brutale ne manquent pas, se renforcent de jour en jour. S'y heurter de front me paraît quasi impossible. Mais à tous, on peut vaincre, à une seule condition : ne plus se donner de maîtres.
Babelouest