La toile se gausse, faisant du sujet l'aliment de son inspiration, l'objet de ses multiples prises de bec, la lubrification de son bon plaisir. Les uns rient carrément, les autres sont tout à fait effondrés. Dans l'ensemble, une majorité se démandibule devant le comique désolant offert par la maison socialiste à l'ensemble des citoyens, bricolant des déclarations, bouchant de façon maladroite ou incompétente les trous d'une toiture trouée par une pluie de grêlons gros comme des tubercules, ne proposant en guise de réparation que de ridicules bouts de plastiques que le premier coup de vent emportera avec son souffle.
Entre relation épistolaire douteuse et grande débandade, travailler le dimanche devient une simple formalité pour le gouvernement de monsieur Sarkozy qui a fait passer sa loi comme lettre à la poste. A rien ne sert d'écrire si c'est pour oublier de poster le courrier ou de l'expédier à la mauvaise adresse. Pendant que certains s'amusent avec la syntaxe, d'autres bétonnent leurs sujets. La république se casse la gueule et tout ce que les puissants socialistes trouvent à faire c'est de s'envoyer des lettres pour dire… Pour dire quoi au juste ? La mode est au courrier. Jadis, les gens allaient dans la rue en cortège serré pour trouver des solutions aux problèmes de société, aujourd'hui (signe des temps) on envoie des lettres que tout le monde peut lire sur internet, souvent avant la personne à qui elles sont destinées. Même les postiers n'ont plus leur mot à dire. Encore un métier qui disparaît.
Je comprends le dépit, les larmes, la désolation ou l'état d'abandon des militants socialistes et de la gauche devant le ricanement général. Je comprends le découragement militant. En ce mois de juillet, date anniversaire d'une Révolution extraordinaire pour le monde, nous pouvions espérer davantage qu'une loi votée dans la quasi indifférence générale, élevant le travail dominical au rang de nécessité nationale. La déception de ces citoyens engagés pour qui la vie n'est pas seule et uniquement que profit mérite notre respect. A ces hommes et à ces femmes déchirés par le déplorable spectacle offert par la direction socialiste je dis ceci : ne pensez pas que les gens de gauche ne militant pas au PS rient ou protestent pour le seul plaisir de rire ou de protester. Eux aussi ont des douleurs à faire soigner.
A cet instant, je ne puis m'empêcher de songer à ces vers de Victor Hugo évoquant la bataille de Waterloo dans « Châtiments »
« La plaine, où frissonnaient les drapeaux déchirés,
Ne fut plus, dans les cris des mourants qu'on égorge,
Qu'un gouffre flamboyant, rouge comme une forge… »
Cet échange épistolaire Aubry/Valls aurait pu, en d'autres circonstances, donner lieu à une évocation des fameuses liaisons dangereuses entre Madame de Merteuil cherchant à se venger de Gercourt pour l'avoir abandonnée. Hélas ! Dans le cas qui nous occupe le coeur n'y est plus.
Agacé, voire indigné, M. Valls (victime désignée ?) a de la dignité à faire valoir et de la fermeté à montrer. Du courage aussi. N'est-il pas allé à la Garden Party du 14 juillet pour déclarer à l'écran qu'il aurait aimé voir à la place de M. Sarkozy un président de gauche. Voici ce qu'il dit à l'adresse de madame de Merteuil-Aubry, en réponse aux quelques feuillets comminatoires qu'il avait reçus d'elle, l'invitant (en substance) à quitter le parti :
“Quel que soit le prix à payer, je ne me ferai pas le silencieux complice de l'aveuglement“. Tel un paladin d'un nouveau genre, pas essoufflé du tout, il ajoute : “A la lecture de ta lettre, je ne te cache pas ma profonde inquiétude sur ta conception très datée du parti“. Et vlan !
Mais à quoi bon s'arrêter en si bon chemin ? Emporté par son élan, guidé par ses convictions, excité par son courroux, il adresse à la Mrs de quoi ruminer en regardant le tour de France ou en attendant les prochaines échéances électorales. Affirmant avoir conscience des difficultés, Gercourt-Vals, enchaîne, lâchant ses petits bâtons de dynamite au hasard de son inspiration : « cuisant échec », « refoulement », « désastre électoral », « machine à perdre », «pourquoi un tel déni ?», mais n'oublie pas dans son constat l'objet principal de sa démarche : “Je ne renoncerai donc jamais à l'ambition collective de définir un nouveau projet pour la gauche – d'autant que je suis convaincu que nous pouvons gagner en 2012 et battre Nicolas Sarkozy. »
On vous le dit, l'été sera studieux au PS ou ne sera pas ! A moins que madame Ségolène Royal, silencieuse jusque-là, n'ait la bonne idée de demander pardon au pays au nom du parti.
Affaire à suivre, sans aucun doute.