IL NE FAUT LAISSER AUCUNE CHANCE AUX ARMES NON-LÉTALES
Ci dessous le texte de l’appel que lance le père de Joaquim Gatti, qui a perdu son œil à Montreuil d’un tir de flash-ball. Pour l’interdiction de ces armes « à létalité atténuée » dont la police use et abuse depuis qu’elles sont en fonction.
Signez cette pétition, incitez vos amis à signer et à la faire signer, faîtes la tourner.
Je veux remercier tous ceux qui ont marqué leur solidarité, relayé l’information et permis qu’on parle de ces actes d’une violence inadmissible.
Deux messages m’ont conforté dans la conviction qu’il fallait interdire les armes non-létales.
Le premier message vient du père d’un lycéen nantais qui a perdu son oeil droit dans des circonstances analogues. Il a résumé le rapport du CNDS (commission nationale de déontologie de la sécurité). On y trouve le même scénario qu’à Montreuil :
le policier tire à bout portant sur une personne désarmée qui ne le menace pas.
les autorités publient des déclarations mensongères.
« La CNDS qualifie la blessure du jeune lycéen d’une »extrême gravité (...) dont les séquelles prévisibles sont particulièrement invalidantes puisque M. P.D-L ne récupérera jamais sa vision de l’oeil droit. " « La CNDS » déplore « à ce propos une contre-vérité de monsieur le Directeur central de la Sécurité publique (à Paris), qui a nié par écrit la gravité de la blessure. La CNDS qualifie cette inexactitude officielle, publiée pourtant après la connaissance de deux certificats médicaux “notoirement” connus, d’“imprudente précipitation” et de “manque de suivi patent” » (à moins qu’il ne s’agisse plutôt d’une erreur volontaire ?).
« La CNDS a auditionné un fonctionnaire de police cagoulé et armé d’un lanceur de défense 40x46 (LBD, flashball de nouvelle génération), auteur présumé du tir, qui a réaffirmé avoir visé un manifestant lanceur de “pierres” en direction des forces de l’ordre sur demande de sa hiérarchie mais il ne l’aurait “pas reconnu” dans la personne du jeune lycéen blessé à l’œil, à qui il a été confronté. Par ailleurs la famille estime après examen que le site du rectorat ne comportait pas de pierres ou de pavés à jeter, mais seulement du sable ou des graviers. » « Ces constatations conduisent la Commission à s’interroger sur ta compatibilité de l’usage d’une telle arme dans le cadre d’une manifestation qui implique une proximité des manifestants et de la police et leur grande mobilité. »
C’est toujours un choc de voir les actes brutaux trouver leur place dans le langage de la gestion administrative : évaluation de la riposte, défaut de proportionnalité, légitime défense dans l’usage de la force, absence de nécessité de la riposte, poursuites disciplinaires et peut-être même, blâme pour le policier.
Que peut dire celui qui depuis trente quatre ans a eu la chance de se voir vieillir dans le regard bleu de son fils au boucher qui va entourer son acte barbare du langage fleuri de l’administration républicaine ?
Dans ces moments là, la question de la police républicaine sort du chapeau. Dans notre généalogie familiale nous avons plusieurs fois croisé cette police : la police du patron qui fracassa la jambe du premier avant guerre, les GMR (Groupe mobile de réserve) qui arrêtèrent le second dans le maquis pour le livrer aux allemands, les CRS en 68 qui raflèrent le troisième dans les champs de blé de Flins, aujourd’hui les policiers (habillés en robocop) qui ont tiré au visage du dernier sur la place du marché de Montreuil. Quel que soit leur nom, ces polices ne sont que les versions différentes d’une milice du pouvoir. Ces policiers ont agi directement sur ordre préfectoral. La question reste : doit-on doter une telle milice d’un matériel conçu pour terroriser ceux qui auraient des vélléïtés de protestations ?
Le deuxième message commente l’agression du marché par les forces de l’ordre. Montreuil est une petite ville. Des enquêtes auprès des habitants ont été menées par la coordination des intermittents du spectacle. Celui qui était en charge du décryptage a envoyé un mail où il conclut :
C’est accablant, je suis en train de retranscrire mais il y en a pour une heure et demie d’enregistrement, En rapprochant les témoignages on en arrive à la conclusion que Joachim était en train de s’éloigner (témoignage concordant de 2 personnes dont une voisine), d’autre part tout le monde dit que Joachim est tombé avec la tête vers la rue de Paris, les pieds vers le bd de Chanzy, à l’opposé des flics, donc il était de dos par rapport au flic. Un flic en civil très calme le visait déjà (flic en position de tir tenue pendant 4 secondes selon deux témoins, un des témoins est un voisin), ce qui veut dire que le flic a attendu que Joachim tourne sa tête vers lui pour tirer à ce moment là.
Si le policier n’a pas hésité à tirer provoquant cette défiguration, en revanche la réalité de la mutilation est sans cesse mise en doute.
Doute jeté sur la réalité de la blessure alors que dès le premier soir, le 8 juillet l’interne de l’hôtel Dieu avait clairement indiqué qu’il s’agissait de la perte définitive d’un oeil. Doute repris sous différentes formes dans certains journaux. Doute relayé par vos propres amis qui vous demandent s’il n’y a vraiment pas une petite chance ( probablement par gentillesse) de sauver l’oeil. Ce doute devient vite insupportable parce que le diagnostic médical ne supportait aucun doute, parce que la violence du choc ne laissait aucune chance.
Il ne faut laisser aucune chance aux armes non-létales.
Avec les signataires, je voudrais juste vous demander l’interdiction totale d’utilisation des armes non-létales (flashball, ldb40, tazer) par les forces de l’ordre.
Stéphane Gatti