Lors d’une récente interview à Siné Hebdo après ma relaxe dans le procès Clearstream, à la question "Vous n’avez pas été vraiment soutenu par la presse ?", j’expliquais que les journalistes de terrain avaient été nombreux à me soutenir et que "même" Plenel était venu "me serrer la main" après ê...tre allé "trois ans plus tôt dans le bureau des juges pour m’accuser d’avoir mis son nom dans les listings". J’ajoutais "Tout le monde peut changer" comme un signe d’absolution.
Va en paix Edwy, je te pardonne...
Mais ce passage repris par un blogueur de Mediapart (Le lien ne fonctionne plus et est redirigé vers la Une, heureusement j’ai retrouvé le papier censuré dans le cache de Google), a suscité un débat sur le site du journaliste le plus moustachu de la blogosphère.
Après avoir été alerté par Google, j’y avais lu, avec un certain agacement, qu’Edwy qualifiait mes propos de "pur fantasme". Mon naturel aimable me poussait à laisser pisser. Mais plusieurs personnes, dont certains abonnées à Mediapart, m’ont alerté et ont voulu réagir. En vain. Plus de lien, plus de possibilité d’éclairer les abonnés du site.
Voilà plus précisément ce qu’Edwy expliquait : "Je précise à l’intention des lecteurs de bonne foi que ce propos de Denis Robert (…) est un pur fantasme de notre confrère qui parfois raisonne en romancier plutôt qu’en enquêteur. Je n’ai évidemment jamais accusé Denis Robert d’avoir mis mon nom sur les faux listings de Clearstream. Ni dans mon procès-verbal devant les juges d’instruction, ni lors de ma déposition devant le tribunal…".
Je n’avais pas envie de perdre mon temps à répondre mais plusieurs personnes se sont offusquées de cet échange et m’ont interrogé. Je sais qu’Edwy s’est félicité de ma relaxe. Je l’en remercie. C’était la moindre des choses, mais je ne voudrais pas qu’une contrevérité reste ici comme une vérité établie. Lui et moi avons peu de valeurs en commun sauf peut-être une idée assez élevée de ce que doit être un journaliste. Honnêteté, rigueur, indépendance d’esprit… Je voudrais dire ici que je crois très sincèrement que dans les raisons qui ont poussé les juges d’Huy et Pons à me mettre en examen, le témoignage d’Edwy Plenel a pesé.
Le 13 juin 2006, voilà ce qu’il est allé dire aux magistrats de la galerie financière.
Question des juges : "D’après vous, pourquoi votre nom figure-t-il dans les listings Clearstream ?"
Réponse d’Edwy Plenel : "Je ne peux faire que des hypothèses. Je n’ai aucun contentieux, à ma connaissance, avec les divers protagonistes de votre instruction (…) La seule personne dont le nom apparaisse comme l’un des acteurs de cette histoire, qui a toujours revendiqué un contentieux à mon endroit, est l’écrivain Denis Robert. »
Plenel développe ensuite une critique délirante (selon moi) de mon livre Révélation$ à l’origine de l’affaire Clearstream.
Il ajoute : "Ces listings pouvaient sembler bizarres mais à partir du moment où l’on épousait la thèse de Denis Robert sur Clearstream, on tombait dans leur piège. Le point de départ de cette affaire est hélas pour moi, une erreur journalistique."
Puis : "Je ne sais pas qui a mis mon nom et je n’accuse personne. Je rappelle simplement ce contentieux avec Denis Robert, qui me semble lui aussi être passé du réel à la fiction. A chaque étape du scénario du corbeau, l’enquête initiale sur Clearstream est présente. Imad Lahoud rentre en contact avec Denis Robert, Denis Robert met en contact Florian Bourges avec Imad Lahoud et le juge Van Rumbeke tente de comprendre Clearstream en s’adressant à Denis Robert (…)."
Ensuite, Plenel motivé par sa volonté d’aider les juges va faire encore plus fort. Il déplie un petit papier qu’il lit aux magistrats : « Quand, le 8 juillet 2004, Le Point accorde crédit, au point de faire sa une, aux dénonciations du corbeau, cette mise en scène est accompagnée d’un article de Denis Robert, qui affirme : "même si la méthode, un corbeau dans la finance, est limite, je crois qu’il n’y en avait pas d’autres pour qu’éclate enfin ce qui, à mes yeux, est la plus grande arnaque financière jamais racontée ». Et Plenel de lire mon papier aux magistrats.
Je le remercie d’être allé si loin dans le soutien à mes idées. En trois pages de PV, deux me sont ainsi consacrées comme vous pouvez le constater en cliquant sur ce lien.
Ce 13 juin là donc, après ne pas m’avoir dénoncé aux juges, le brave Edwy est rentré chez lui avec sûrement le sentiment du devoir accompli. Il a ainsi pu continuer son numéro de champion du journalisme sur les plateaux de Canal, au Parti Socialiste, à Marianne, dans les jupons de Dominique de Villepin. Et sur le site de Mediapart où chaque fois qu’il le peut, il nous donne une leçon de courage et de déontologie. C’est évidemment moi qui fantasme et lui qui sait ce qui est juste et bon. Si vous avez des copains à Mediapart, faites leur mes amitiés et demandez leur d’aller jeter un œil à ce vieux lien que je viens de retrouver sur le site de l’Obs.
Bien à vous.
Denis Robert Ici