Lorsque les faits dérangent, lorsque le droit international, les droits de l’homme et l’histoire deviennent encombrants, lorsque les crimes de guerre ne peuvent plus être justifiés ou balayés par quelques arguments, lorsque la logique n’est d’aucune utilité, l’actuelle clique de dirigeants politiques américains invoque la vielle rengaine infaillible : le 11 septembre. Nous devons combattre en Afghanistan parce que... pour d’obscures raisons... ce pays est impliqué dans les évènements du 11 septembre 2001.
Voici le vice-président Joe Biden : « Nous savons que que les attaques du 11/9 ont été lancées à partir de la région située entre l’Afghanistan et le Pakistan. » (1)
Voici le sénateur Lindsay Graham (républicain de la Caroline du Sud) : « C’est depuis cet endroit (l’Afghanistan) que nous avons été attaqués le 11/9. » (2)
Le Représantant Mike Pence, numéro trois des élus républicains de la Chambre des Représentants, a affirmé que les révélations des documents de Wikileaks ne modifiaient pas son opinion sur le conflit en Afghanistan, et qu’il ne s’attendait pas à voir un changement dans l’opinion publique. « Là bas, dans l’Indiana, les gens n’ont pas oublié d’où ont été lancées les attaques du 11/9. » (3)
Voici le président Obama, il y a un an : « Mais nous ne devons jamais oublier que cette guerre n’est pas un choix, mais une nécessité. Ceux qui ont attaqué l’Amérique le 11/9 complotent pour recommencer. Sans une intervention, l’insurrection des Talibans aboutirait à la création d’un sanctuaire encore plus grand où Al Qaeda pourrait comploter en vue due tuer encore plus d’Américains. » (4)
Et voici le Président, deux jours après la publication des documents de Wikileaks, parlant de l’Afghanistan et du Pakistan comme « la région à partir de laquelle les attaques du 11/9 ont été lancées et où d’autres attaques contre les Etats-Unis et nos amis et alliés ont été préparées. » (5)
Peu importe que sur les dizaines de milliers de personnes que les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont tué en Afghanistan, pas une seule n’a été identifiée comme ayant eu la moindre implication dans les évènements du 11 septembre 2001.
Peu importe que le « complot visant à tuer des Américains » en 2001 ait été organisé plutôt en Allemagne et en Espagne et aux Etats-Unis qu’en Afghanistan. Pourquoi ces pays n’ont-ils pas été bombardés par Washington ?
Au fait, de quels moyens faut-il disposer pour comploter l’achat d’un billet d’avion et de quelques leçons de pilotage aux Etats-Unis ? Une salle avec quelques chaises ? Que signifie « un sanctuaire encore plus grand » ? Une salle plus grande avec plus de chaises ? Peut-être même avec un tableau noir ? Les terroristes déterminés à attaquer les Etats-Unis peuvent se réunir pratiquement n’importe où dans le monde, et l’Afghanistan serait probablement leur dernier choix à cause de l’occupation américaine.
Il y a beaucoup de gens en Afghanistan et au Pakistan – parmi ceux qui sont encore en vie – qui éprouvent un profond ressentiment à l’égard de la présence US et des drones qui volent au-dessus de leurs têtes et qui larguent des bombes sur leurs maisons, leurs mariages, leurs funérailles, leurs vies. Tout comme en Irak, la « guerre contre le terrorisme » des Etats-Unis en Afghanistan crée régulièrement, tous les jours, et de façon évidente de nouveaux terroristes anti-américains.
La seule « guerre par nécessité » qui pousse les Etats-Unis à intervenir en Afghanistan est la nécessité de protéger les oléoducs et gazoducs qui partent de la mer Caspienne, la création de bases militaires dans ce pays entouré par la mer Caspienne et le golfe Persique, riches en pétrole, et de faciliter la surveillance et les pressions sur l’Iran voisin. Un pays impérialiste qui se respecte ne peut pas espérer mieux. Aurais-je oublié de mentionner le complexe militaire-industriel-sécurité-renseignement et ses actionnaires qui vont s’enrichir encore un peu plus ?
Mais la guerre contre les Talibans ne peut pas être gagnée. A moins de tuer tous les Afghans. Les Etats-Unis devraient négocier les gazoducs et oléoducs avec les Talibans, comme l’administration Clinton a tenté de le faire, mais sans succès, puis se retirer en criant « victoire ». Barack Obama pourra surement prononcer un discours éloquent à cette occasion.
USrael et l’Iran
Si d’aventure les Etats-Unis et Israel bombardaient l’Iran (qui deviendrait ainsi le sixième pays béni par Barack Obama) et que nous nous retrouvions avec un nouveau feuilleton d’horreurs quotidiennes diffusées sur nos écrans de télévision, et que nous découvrions après coup que finalement l’Iran ne fabriquait pas d’armes nucléaires, les grands médias américains et le noble esprit américain se demandera : « Pourquoi ne l’ont-ils pas dit plus tôt ? Cherchaient-ils à nous pousser à bombarder leur pays ? »
Les mêmes questions avaient été posées au sujet de l’Irak, après la découverte que Saddam Hussein n’avait en fait aucune arme de destruction massive. Pourtant, avant l’invasion par les Etats-Unis, les officiels irakiens avaient clairement fait savoir et répété à maintes occasions qu’ils n’avaient pas de telles armes. Ceci m’a été rappelé par une information récente sur Hans Blix, ancien chef des inspecteurs en désarmement des Nations Unies, qui avait dirigé la chasse infructueuse aux armes de destruction massive en Irak. La semaine dernière, il a déclaré devant une commission d’enquête britannique sur l’invasion de mars 2003 que tous ceux qui étaient « certains à 100% de l’existence d’armes de destruction massive » en Irak n’avaient en fait « pas la moindre idée » où les armes pouvaient être cachées. Il a témoigné qu’il avait prévenu le Premier Ministre britannique Tony Blair lors d’une réunion en février 2003 – ainsi que la Secrétaire d’Etat US Condoleeza Rice, au cours d’une autre réunion – que Hussein pouvait bien n’avoir aucune arme de destruction massive. (6)
En aout 2002, le Premier ministre adjoint irakien Tariq Aziz a déclaré au journaliste Dan Rather sur la chaine CBS : « Nous n’avons aucune arme nucléaire, biologique ou chimique. » (7)
En décembre, Aziz a déclaré à Ted Koppel sur ABC : « Le fait est que nous n’avons pas d’armes de destruction massive. Nous n’avons pas d’armes nucléaires, biologiques ou chimiques. » (8)
Hussein lui-même a déclaré à Rather en février 2003 : « Ces missiles ont été détruits. Il n’y a plus de missiles en Irak qui violent les recommandations des Nations Unies (relatives à l’Irak). Il n’y en a plus. » (9)
De plus, le général Hussein Kamal, ancien chef du programme irakien d’armes secrètes, et genre de Saddam Hussein, a déclaré aux Nations Unies en 1995 que l’Irak avait détruit les missiles prohibés et les armes chimiques et biologiques peu après la guerre du Golfe. (10)
Il y a d’autres exemples d’officiels irakiens déclarant que les armes de destruction massive n’existent pas.
Si vous avez encore des doutes sur la dévotion des grands médias à ne jamais mettre en doute les justifications de la politique étrangère des Etats-Unis, examinez ceci : malgré les deux révélations dans les émissions de Dan Rather sur CBS, et les autres révélations mentionnées ci-dessus, en janvier 2008 on trouve le journaliste de CBS Scott Pelley en train d’interviewer l’agent du FBI George Piro, qui avait interrogé Saddam Hussein avant son exécution :
PELLEY : Et qu’est-ce qu’il vous à dit sur la destruction des ADM ?PIRO : il m’a dit que la plupart des ADM avaient été détruites par les inspecteurs de l’ONU dans les années 90 et que toutes les autres avaient été détruites par les irakiens eux-mêmes.
PELLEY : il avait ordonné leur destruction ?
PIRO : oui
PELLEY : Alors pourquoi a-t-il gardé le secret ? Pourquoi a-t-il mis son pays en danger ? Pourquoi a-t-il risqué sa propre vie pour perpétuer le mensonge ? (11)
Les choses auraient-elles été différentes si l’administration Bush avait réellement cru les Irakiens lorsque ces derniers affirmaient qu’ils n’avaient aucune ADM ? Probablement pas. Il existe suffisamment de preuves qui montrent que Bush savait qu’ils disaient la vérité, et Tony Blair le savait aussi. Saddam Hussein a mal jugé à quel point ses deux adversaires étaient des psychopathes. Bush était déterminé à vaincre l’Irak, pour le compte d’Israël, pour le contrôle du pétrole ou pour étendre l’empire, même si les choses ne se sont pas déroulées aussi bien que prévues car, étrangement, il semblerait que le peuple irakien n’apprécie guère d’être bombardé, envahi, occupé et torturé.
Le résultat de la politique de Bush en Irak peut se résumer à ceci : il serait difficile de trouver dans l’Histoire beaucoup d’exemples de la destruction d’une nation par une autre réalisée d’une manière aussi complète, en écrasant et pervertissant pratiquement tous les aspects de leur société.
A présent Israël pousse Washington à faire la même chose avec l’Iran - sans que Washington ait forcément besoin d’encouragements – d’abord parce qu’Israël est déterminé à être la seule puissance nucléaire du Moyen Orient ; malgré le fait que l’Iran ait déclaré maintes fois aux Etats-Unis et au monde entier qu’il ne fabriquait pas d’armes nucléaires. Mais si l’Iran est effectivement en train de fabriquer de telles armes, il faut se poser la question suivant : existe-t-il une loi internationale quelconque qui dit que les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Russie, la Chine, Israël, la France, le Pakistan et l’Inde ont droit à l’arme nucléaire mais pas l’Iran ? Si les Etats-Unis avaient pensé que les Japonais avaient la bombe atomique, les villes de Hiroshima et Nagasaki auraient-elles été détruites ? Est-ce qu’USraël pense qu’il n’y a pas encore assez d’horreurs et de souffrances aux infos ?
Dans une manoeuvre qui fait peut-être partie des préparatifs pour une attaque contre l’Iran, 47 membres de la Chambre des Représentants ont récemment publié une résolution qui déclare que l’Iran représente « une menace immédiate et existentielle à l’état d’Israël ». Pour illustrer cette menace, la résolution cite à plusieurs reprises le président Mahmoud Ahmadinejad qui dit des choses comme : « Si Dieu le veut, nous connaitrons bientôt un monde où les Etats-Unis et le Sionisme n’existeront plus » … appelant à « rayer de la carte ce régime occupant (Israël) ».... « Qu’on le veuille ou non, le régime sioniste, avec ses 60 ans de génocides, de pillages, d’invasions et de trahisons est sur le point de mourir et sera bientôt effacé de la scène géographique »... « Aujourd’hui, le temps est venu pour la chute du pouvoir satanique des Etats-Unis, et le compte à rebours a commencé pour l’empereur de la puissance et de la richesse. » (merci de tenir compte de l’effet de la traduction d’une traduction de traductoin – NdT)
Des propos violents, non ? N’est-ce pas ? Nicht War ? (en français et allemand dans le texte – NdT). Mais à examiner ces propos de plus près... Remarquez que la résolution du Congrès ne cite aucune menace précise ou explicite d’Ahmadinejad quant à une attaque iranienne contre Israël ou les Etats-Unis. Aucune mention ou indication que « Je » ou « Nous » ou « l’Iran » se livrerait à la moindre acte de violence. Dans une autre déclaration, que la résolution ne mentionne pas, le président Iranien a déclaré en décembre 2006 : « le régime sioniste sera bientôt balayé, comme l’Union Soviétique a été balayée, et l’humanité connaitra la liberté. » (12)
A l’évidence, il n’appelle à aucune attaque violente contre Israël, car la dissolution de l’Union Soviétique s’est déroulée très pacifiquement. De plus, en juin 2006, le dirigeant suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, a déclaré : « Nous n’avons aucun problème avec le monde. Nous ne menaçons personne dans le monde, et le monde le sait. Nous ne déclencherons jamais une guerre. Nous n’avons aucune intention d’entrer en guerre avec quiconque. » (13) Pourquoi les auteurs de la résolution du Congrès ont-ils omis de citer cette déclaration ?
Je crois que l’on peut mieux comprendre les déclarations du président iranien en les voyant comme un métaphore, une vantardise, l’expression d’un voeu, ainsi que le résultat d’une traduction hasardeuse (par exemple, « rayée de la carte » (14)), comme les déclarations d’un homme capable d’affirmer publiquement qu’il n’y a pas d’homosexuels en Iran.
Mais plus significatif encore est le fait que la résolution du Congrès ne propose aucun motif pour une attaque Iranienne contre Israël ou les Etats-Unis. Pour quelle raison l’Iran utiliserait-il des armes nucléaires contre un de ces deux pays, à part d’être sous l’emprise d’une volonté irrépressible d’un suicide collectif ? En fait, la même question aurait pu être – et auraient du être – posée avant l’invasion de l’Irak. Parmi les nombreuses mensonges qui ont entouré l’invasion, la plus grande de toutes était que si Saddam Hussein avaient eu ces armes de destruction massive alors l’invasion aurait été justifiée.
Après tous les mensonges de la mésaventure américaine en Irak, je m’étais offert le luxe de croire - et je ne suis pas le seul – que le gouvernement des Etats-Unis et les médias avaient appris une leçon qu’ils n’étaient pas près d’oublier. Qu’ils avaient été pris la main dans le sac et dénoncés. Mais voilà que ça recommence avec les mensonges sur l’Iran et Ahmadinejad. (Et pendant que j’y suis : non, il n’a jamais nié l’Holocauste).
Toujours est-il qu’Israël lui-même ne croit probablement pas à sa propre propagande. En mars de l’année dernière, le Washington Post écrivait : « Un haut officiel israélien à Washington » a affirmé qu’ « il est improbable que l’Iran utilise ses missiles pour attaquer (Israel) à cause de la certitude d’une riposte » (15) Cette phrase est la toute dernière de l’article et, d’après une recherche poussée dans la base Nexis (base de données sur les articles de presse parus dans le monde – réservée aux professionnels, NdT), elle n’a été reprise par aucun autre média anglophone dans le monde.
Plus tôt cette année, on pouvait lire dans le Sunday Times de Londres : « le brigadier général Uzi Eilam, 75 ans, héros de guerre et pilier au sein de l’appareil militaire (israélien), pense qu’il faudrait à l’Iran sept ans pour fabriquer des armes nucléaires. Les opinions exprimées par l’ancien directeur général de la Commission à l’Énergie Atomique d’Israël contredit le point de vue exprimé par l’appareil militaire d’Israël et le place en opposition par rapport aux dirigeants politiques. » (16)
S’il existe un pays au monde capable d’utiliser des armes nucléaires sans grande considération pour les conséquences d’un tel geste, c’est Israël. Martin van Creveld, professeur israélien d’histoire militaire, et citoyen israélien loyal, a observé en 2002 : « Nous avons les moyens d’entraîner le monde dans notre chute. Et je peux vous assurer que c’est ce qui se passera avant qu’Israël ne sombre. » (17) Pensez à la scène finale du film « Docteur Folamour ». Le type juché sur un missile nucléaire en train d’agiter son chapeau de cowboy, c’est Israël.
Rien de tel que le Show Biz
Elle a interprété le concert pour piano en D mineur de Mozart.
Accompagnée par la seule et unique Aretha Franklin.
Lors d’un gala de charité à Philadelphie.
Capitale de la Philadelphia Orchestra.
Devant 8000 personnes.
Qui ont adoré.
Combien savaient que la pianiste était une véritable criminelle de guerre en liberté ?
Coupable de crimes contre l’humanité.
Partisane de la torture.
Avec beaucoup de sang sur ses mains de pianiste.
Dont le style au gouvernement fut empreint d’hypocrisie, de désinformation et de mensonges éhontés ?
Mais le public n’en avait cure.
Car nous sommes en Amérique.
Le pays des Gentils.
Et elle, elle combattait les Méchants.
Et nous savons tous que The Show Must Go On.
Alors, messieurs dames, je vous demande d’applaudir, d’offrir une véritable ovation made in USA à notre virtuose chérie, Miss Condoleezza Rice !
William Blum
source : http://killinghope.org/bblum6/aer84.html
traduction VD pour le Grand Soir qui se demande si Condoleezza Rice a profité de l’occasion pour massacrer aussi Mozart
(1) State Department Documents and Publications, March 10, 2009
(2) Face the Nation, CBS, July 4, 2010
(3) Washington Post, July 27, 2010
(4) Talk given by the president at Veterans of Foreign Wars convention, August 17, 2009
(5) White House press release of Obama’s remarks of July 27, 2010
(6) Associated Press, July 28, 2010
(7) CBS Evening News, August 20, 2002
(8) ABC Nightline, December 4, 2002
(9) "60 Minutes II", February 26, 2003
(10) Washington Post, March 1, 2003
(11) "60 Minutes", January 27, 2008. See also : Fairness and Accuracy in Reporting [FAIR] Action Alert, February 1, 2008
(12) Associated Press, December 12, 2006
(13) Letter to the Washington Post from M.A. Mohammadi, Press Officer, Iranian Mission to the United Nations, June 12, 2006
(14) See Anti-Empire Report, October 1, 2008, second part
(15) Washington Post, March 5, 2009
(16) Sunday Times (London), January 10, 2010
(17) Originally in the Dutch weekly magazine, Elsevier, April 27, 2002, pages 52-3 ; picked up in many other international publications