Quand l’AFP joue avec les photos
Vers la mi-août l’AFP a diffusé une série de photos sur les manifestations à Tegucigalpa qui appuyaient les violences des opposants au coup d’état : véhicules brûlés, vitrines brisées... Une petite mise au point s’impose, surtout pour nous qui sommes loin de là.
Les 12 et 13 août de 2009 dans Tegucigalpa, Honduras, des manifestations populaires pacifiques s’organisent contre le coup d’état et la dictature installé dans ce pays, tout à coup la dictature met en place le couvre-feu et elle réprime d’une manière sauvage. La dictature torture de manière généralisée en le justifiant parce qu’il faut réprimer les actes de vandalisme des manifestants.
Des médias internationaux ont écrit des articles sur les "troubles" que provoquèrent ceux qui résistaient au coup d’état, des articles comprenant des photos. Plusieurs photos parmis ses articles sont réellement criardes.
Voici un exemple de montage de la part des médias internationaux : C’est une photo de l’AFP, qui montre un "partisan supposé de Zelaya" qui vandalise un local commercial.
La source de la désinformation, le diaporama AFP relayé ici sur le site Noticias 24 :
http://doc.noticias24.com/0908/20090812_pro_zelaya_to_web/20090812_pro_zelaya_index.html
Le problème n’est pas ce que montre la photo, mais ce qu’elle ne montre pas :
1 - Le visage de l’attaquant : Il est très rare qu’un journaliste international, qui "est dans tout" et capte toujours "la nouvelle du moment" puisse ne pas avoir le visage de l’attaquant, d’autant plus si ce dernier est masqué.
2 - "un attaquant solitaire" : Pour qui voit TeleSur ou les photos que publient aporrea.org, kaosenlared.net ou une pléiade de sites web d’information alternative ou même la BBC, qui tente toujours de ne pas distordre l’information (parce que les britanniques détestent, chaque jour un peu plus les grands médias en Angleterre) remarquera que les marches du Front National Contre le Coup d’État au Honduras sont populaires et avec beaucoup de gens...
Alors pourquoi ce vandale est-il seul dans l’image ?
Regardez bien le reflet de la rue dans la vitrine du commerce : il n’y a pas de manifestants dans la rue ! Il n’y a personne, il n’y avait pas de manifestation dans le lieu. Pourquoi peut-on être aussi affirmatif ? Car c’est un restaurant Burger King, qu’il n’y en a pas trente six au centre de Tegucigalpa et qu’il se trouve juste à côté de la rue. [NDT : le logo Burger King se voit, un petit peu, sur le panneau graffité à droite, barré par un coup de peinture noire en bas, sur la gauche. Si on est sud américain le "Triple Queso" suffit ;)]
3 - "photos sans relation" : Après être allé à la source des photos il faut remarquer également que lors des marches les gens étaient calmes, ils chantaient et ces manifestations étaient bon enfant et non violentes [NDT :c’est d’ailleurs ce qui leur a permis de mettre la dictature en difficulté], et dans son diaporama l’AFP met tout de suite quelques photos de manifestants qui jettent des pierres, nous ne savons pas à quelle date a été pris la photo, ni contre qui ils jettent des pierres, justa après le diaporama présente des photos de bus scolaire brulé... Durant les 44 jours de résistance [NDT:au moment de la publication] il n’y a jamais eu d’incendie de bus, au contraire le Front de Résistance utilise les bus pour que les gens puissent aller jusqu’aux lieux des manifestations. Aucune relation directe entre les différentes photos, que ce soit celle du vandale entrain d’exploser les vitrines de Burger King, ou les photos des bus brûlés ou encore les photos des marches pacifiques.
Nous sommes dans un monde où le mensonge est la normalité, il ne nous reste aucune autre alternative que d’épurer ce que nous voyons ou entendons en essayant de croiser beaucoup de sources différentes.
Alejandro Sánchez
Source : AlterMediaMundo AFPGATE (El montaje de AFP sobre Honduras)
Traduction : Primitivi