• Syrie : un vendredi de colère

    vendredi 22 avril 2011 - 06h:35

    Al Jazeera

     

    L’armée se déploie dans Homs tandis que les militants se préparent aux plus importantes manifestation à ce jour contre le pouvoir du président Bachar al Assad.

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    Déçus par la réaction du pouvoir, les manifestants n’en sont plus à demander des réformes mais à exiger un changement de régime

    Des militants à travers la toute Syrie se préparent pour ce qu’ils appellent « un grand vendredi », qui devrait voir la plus grande mobilisation à ce jour contre le pouvoir du président Bachar al Assad, dans ce qui pourrait se révéler être une journée décisive pour la Syrie.

    Cal Perry d’al Jazeera, rapportant de Damas, a dit que des manifestations étaient attendues dans plus de 40 villes à travers le pays.

    « La grande question à l’esprit de tout le monde est : qu’allons-nous voit ici dans la capitale [Damas]. Vendredi dernier, des gens ont essayé de manifester dans la capitale, mais ils ont été refoulés à coups de gaz lacrymogènes... »

    « Ce que nous voyons maintenant, c’est que les forces de sécurité anticipent les manifestations en se positionnant dans le centre de villes comme Homs et Daraa, de sorte qu’il sera difficile pour les manifestants de se rendre au centre de ces villes où les forces de sécurité sont déjà stationnées. »

    Les manifestations permettront de vérifier si la décision d’Assad ce jeudi, de lever la loi d’urgence - imposée par son parti Baas quand il a pris le pouvoir dans un coup d’Etat il y a 48 ans - aura désamorcé le mécontentement des masses face à la répression et à la corruption.

    « Nous sommes déterminés à manifester pacifiquement ... Nous nous réjouissons de la chute de l’état ​​d’urgence. Il n’a pas été levé, il a été renversé ... Avec l’aide de Dieu, nous sommes en route pour la liberté », dit un commentaire sur un Page Facebook gérée par des militants.

    Des habitants [à Homs] ont commencé à organiser des patrouilles dans les quartiers après que 21 manifestants aient été tués lundi et mardi par la police et des hommes armés connu sous le nom de « al-shabbiha ».

    Aidé par sa famille et un appareil de sécurité omniprésent, Assad, âgé de 45 ans, dispose d’un pouvoir absolu en Syrie.

    Plus de 220 ​​manifestants ont été tués depuis que les manifestations pro-démocratie ont éclaté le 18 mars dans la ville méridionale de Daraa, et 21 manifestants ont tués rien que cette semaine à Homs, disent des militants des droits de l’Homme.

    Un décret signé jeudi par Assad et levant la loi d’urgence est considéré par l’opposition comme à peine plus que symbolique, puisque d’autres lois donnent aux forces de sécurité de larges pouvoirs.

    Human Right Watch a déclaré qu’Assad « a l’occasion de prouver ses intentions en permettant aux manifestations (ce vendredi) de se dérouler sans répression violente ».

    « Les réformes n’ont de sens que si les services de sécurité de la Syrie arrêtent de tirer sur les manifestants, de mettre les gens en prison, de torturer, » déclare Joe Stork, directeur adjoint du groupe pour le Moyen-Orienté.

    Patrouilles de l’armée

    L’armée a été déployée pendant la nuit dans la ville de Homs, ont indiqué des témoins.

    Un militant dit aussi que des camions transportant des soldats ainsi que des véhicules équipés de mitrailleuses ont été vus sur la route principale allant de Damas à Homs, une ville centrale qui est apparue comme le nouveau point focal de manifestations.

    Les soldats par groupes de cinq patrouillaient à pied cette nuit dans les rues de Homs. Des policiers en civil ou en tenue et des agents portant des tenues de camouflage étaient également présents, ont dit deux témoins.

    L’état d’urgence a été appliqué depuis qu’Assad [père] du parti Baas a pris le pouvoir, justifiant les arrestations arbitraires, les emprisonnements et l’interdiction de toute opposition.

    Le message de conciliation d’Assad s’engageant à lever l’état ​​d’urgence obéit à un schéma bien connu depuis que les troubles ont commencé il y a un mois : les promesses de réforme sont faites avant le vendredi, lorsque les manifestations sont les plus fortes, et celles-ci sont généralement suivies d’une intense répression.

    Les autorités ont accusé des groupes armés infiltrés et des groupes sunnites armés de provoquer la violence lors des manifestations en tirant sur ​​des civils et des forces de sécurité.

    Les pays occidentaux et les pays arabes ont pour la plupart mis en sourdine leurs critiques sur les meurtres commis en Syrie, de peur de déstabiliser le pays qui joue un rôle stratégique dans de nombreux conflits au Moyen-Orient.

    La Syrie est formellement en guerre avec Israël, mais elle a évité toute tension sur la question du plateau du Golan [occupé par l’état sioniste depuis 1967] depuis un cessez intervenu en 1974.

    La Syrie dispose de longues frontières avec l’Irak et soutient le mouvement palestinien Hamas [résistance palestinienne] et le mouvement chiite Hezbollah [résistance libanaise] dans le Liban voisin, mouvement également soutenu par l’Iran.


    22 avril 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://english.aljazeera.net/indept...
    Traduction : Info-Palestine.net


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  • Syrie : poursuite des mobilisations face à une violente répression



    Des tirs ont éclaté lors de la manifestation de milliers d’habitants de la ville de Homs en Syrie, alors que le gouvernement prétend que le pays est confronté à « une insurrection armée ».

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    Les dernières déclarations de Bachar al-Assad n’ont en rien démobilisé les Syriens qui protestent contre la corruption et la violence du pouvoir

    Des coups de feu ont éclaté pendant la nuit dans la ville syrienne de Homs où des milliers de manifestants anti-gouvernementaux s’étaient rassemblés sur la place principale, un jour après que, selon les manifestants, au moins 25 personnes aient été tuées.

    Un protestataire à déclaré à Al Jazeera que les forces de sécurité avaient ouvert le feu sur des manifestants. Au moins deux personnes ont été blessées tandis que les gaz lacrymogènes ont aussi été utilisés, rapporte Cal Perry, correspondant d’Al Jazeera à Damas.

    La ville d’Homs a été bouclée par l’armée avec trois points de contrôle sur les accès à la ville, dit notre correspondant. Les forces de sécurité avait donné aux manifestants jusqu’à 2h30 pour évacuer la place, mais des coups de feu a été signalés à 2h15.

    La plus grande partie de la place a été vidée, avec des gens se déplaçant à travers la ville, selon notre correspondant. Mais certains manifestants disaient qu’ils avaient peur d’aller à l’hôpital.

    « Ils ont peur, s’ils se rendent à l’hôpital, que des forces de sécurité les y attendent et qu’ils finissent en prison », a-t-on déclaré à notre correspondant.

    Les dernières manifestations contre le règne datant de 10 ans du président Bachar al-Assad ont lieu alors que ministère de l’Intérieur de la Syrie a déclaré dans la nuit de lundi à mardi que le pays était confronté à une « insurrection armée ».

    Le gouvernement accuse des bandes armées d’être responsables de l’agitation, et il a annoncé que plusieurs membres des forces de sécurité ont été tués ou blessés durant ces jours de violence.

    « Certains de ces groupes ont appelé à l’insurrection armée en vertu du Jihad pour mettre en place un état salafiste », a indiqué le ministère dans un communiqué. « Ce qu’ils ont fait est un crime affreux, sévèrement puni par la loi. Leur objectif est de répandre la terreur à travers la Syrie. »

    Un manifestant qui s’est identifié comme Rami, avait auparavant indiqué à Al Jazeera que les gens étaient des milliers à participer à un sit-in dans le centre de Homs et « qu’ils continueront à protester jusqu’à ce que le régime soit renversé ».

    Suhair Atassi, un militant connu des droits de l’Homme, a déclaré que 10 000 personnes se trouvaient sur la place centrale lundi soir.

    Quelques tentes ont été montées et les manifestants ont dit avoir rebaptisé la place Al-Saa [de l’horloge] « Tahrir Square », en référence au point central de l’insurrection en Égypte qui a abouti à l’éviction de l’ancien président Hosni Moubarak.

    Plus tôt dans la journée, des milliers de personnes ont assisté aux obsèques des manifestants tués à Homs, en criant des slogans contre Assad - qui a succédé à son père comme président en 2000, maintenant le pouvoir du parti Baas, lequel remonte à un coup d’Etat en 1963.

    Selon des témoins, les gens qui participaient aux cortèges funéraires scandaient : « de ruelle en ruelle, de maison en maison, nous voulons te renverser, Bashar », et « la liberté ou la mort ! Le peuple veut renverser ce régime ».

    Les manifestations de lundi ont été les plus importantes qui aient touché la troisième plus grande ville syrienne, depuis que les protestations ont commencé dans le pays il y a un mois.

    « Je suis âgé de 45 ans. C’est la première fois dans ma vie que je brise la barrière du silence, la première fois que je sens la liberté », a dit à Al Jazeera un manifestant qui s’est nommé comme Abou Omar.

    « Le régime ne veut pas que nous jouissions de la liberté ni de la dignité. Pendant des décennies, nous avons été gouvernés par une main de fer, par la force des armes. »

    Des manifestations ont également été signalées dans la ville méridionale de Daraa, dans le quartier Barzeh de la capitale, Damas, et à Ain al-Arab, dans le nord à majorité kurde. Environ 1500 personnes se sont rassemblées sur le pont Shaghour entre Alep et Lattaquié dans la matinée.

    Violence à Homs

    Un protestatire à Homs a déclaré à Al Jazeera que des manifestants ont été tués après la prière du soir le dimanche, quand un groupe d’environ 40 manifestants s’est rassemblé devant la mosquée de Bab al-Sibaa, scandant « liberté ».

    Le manifestant, qui s’est nommé comme Abou Haider, a raconté que plusieurs voitures sont rentrées dans les manifestants et que des hommes en civil en sont sortis et ont ouvert le feu sur la foule, sans sommation.

    « D’abord nous étions en faveur de réformes, maintenant, nous lançons un appel pour un changement de régime », a-t-il dit. « Nul n’acceptera la mort de martyrs. »

    La ville voisine de Talbiseh, où selon des protestataires cinq personnes ont été tuées dimanche, a été bouclée par les forces gouvernementales le lundi.

    Walid al-Mouallem, ministre syrien des Affaires étrangères, a rencontré les ambassadeurs étrangers tôt dans la journée et leur a dit que des réformes sont en cours et que les protestations pacifiques seront tolérées, mais pas les destructions de propriétés du gouvernement ni autres comportements perturbateurs.

    Les derniers développements surviennent deux jours après qu’Assad ait demandé que la loi d’état d’urgence - imposée depuis des décennies - soit levée d’ici une semaine. Il a également promis un certain nombre d’autres réformes.

    Malgré les apparentes concessions, des manifestations à l’échelle nationale ont eu lieu ce dimanche, qui était jour de commémoration de l’indépendance de la Syrie depuis le départ du dernier soldat français il y a 65 ans.

    19 avril 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://english.aljazeera.net/news/m...
    Traduction : Info-Palestine.net


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