• Les Amis Du Négatif 


    Rassemblement contRe



    le nouveau


    centRe feRmé


     







    A Steenokkerzeel, en bout de piste de l’aéroport de Zaventem, l’Etat fait construire
    un nouveau centre fermé pour sans-papiers.

     

    L’inauguration de ce centre spécial pour les « cas difficiles », est prévue pour l’été 2010.

     

    Ce centre, avec ses cellules individuelles à la mode carcérale, est un outil supplémentaire dont se munit l’Etat pour expulser sans accrocs son quota annuel de migrants.

     

    Ce centre, nous n’en voulons pas, des prisons, non plus :


     

    Parce que:

     

    chaque coup contre la machine à expulser nous réchauffe le cœur ; et que
    ce nouveau centre est prévu pour faciliter les expulsions et isoler et mater ceux qui
    se révoltent à l’intérieur.

     

    Comme ceux qui incendièrent le 127bis l’été passé…

     

    Tout comme les nouveaux quartiers d’isolement à Bruges et à Lantin cherchent à
    pacifier trois années de mutineries dans les prisons belges.

     

    Parce qu’il y aura toujours des hors critères, poussés à la clandestinité, que l’ombre
    des centres fermés et la crainte d’une expulsion maintiennent sous l’emprise de
    leurs exploiteurs.

     

     

    Tout comme l’ombre des cellules de la démocratie plane sur nous tous.


     

     

    Parce que:

     

    les critères de régularisations eux-mêmes révèlent que les politiques, tous partis confondus, cherchent à obtenir des individus intégrés, soumis et rentables au « pays d’accueil ».

     

    Tout comme ils cherchent à nous transformer en matières premières faciles à gérer.

     

    Parce que:

     

    les barreaux ne sont pas toujours que là où on le croit et qu’il est possible de les attaquer quotidiennement.

     

    Et enfin, parce que « nous » ce sont toutes les personnes qui se reconnaissent dans ces raisons et qui ont envie de se rencontrer, de se parler et de s’organiser pour abattre toutes les frontières en général et ce nouveau centre en particulier :


    RetRouvons-nous

     

    dimanche 22 novembRe, 13h


    sur le marché de la gare du midi, à Bruxelles

    !!!


     

     

    La réalité est ce qui s'inscrit en négatif des apparences.La publicité du négatif résidant en toute chose est un acte de sabotage salutaire, humoristique et heuristique de tout ce qui est.




    --
    http://nosotros.incontrolados.over-blog.com/"les amis du négatif à l'oeuvre".
    http://les-batisseurs-d-abimes.over-blog.com
    http://taz-network.ning.com/
    mail@taz-network.ning.com
    http://www.dazibaoueb.fr/blog.php?profil=208


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  • La jungle de Calais: Interview d'une activiste No Border

    Frank Vanaerschot et Halil Cikmazkara  

        
    "Cet endroit a été surnommé « La Jungle », parce que les lois françaises n’y sont pas appliquées dans la pratique. La police abuse de ce « vide » et débarque souvent dans la jungle pour y « compter » les réfugiés. En réalité, la police utilise les gaz lacrymogènes en tant que pesticides afin de chasser les réfugiés de leurs tentes comme s’il s’agissait d’insectes. Et, souvent aussi, des mineurs d’âge sont victimes de ces pratiques."

     


    (Photo: noborder.org)

     
    Kif kif. Que faites-vous, à Calais ?
    Lisa (1). Je suis à Calais parce que nous manifestons contre la politique européenne d’asile et d’immigration. Nous essayons d’accroître la conscience des immigrés qui sont ici et, en même temps, nous essayons d’impliquer la population locale dans la problématique des réfugiés. Nous voulons que se dégage une solution commune. Cette solution ne pourra être trouvée que si nous regardons plus loin que les frontières, qu’il s’agisse des frontières de Schengen ou de celles d’un autre territoire. Toutefois, ce n’est pas ce que veulent les hommes politiques. Ceci requiert un changement radical de politique.

    Kif kif. Comment êtes-vous arrivée à Calais ?

     
    Lisa. J’ai été impliquée dans l’organisation No Border depuis mon séjour dans un camp, près de Calais. Ç’a été une expérience intéressante et enrichissante. Nous sommes restés toute une semaine dans la « jungle » (un camp de réfugiés créé par les réfugiés eux-mêmes à Calais), en compagnie des immigrés. Nous avons organisé des ateliers qui étaient ouverts à tout le monde, hormis la police et les journalistes.

    Kif kif. Les journalistes, comme moi ?


    Lisa. (elle rit) Rassurez-vous. Vous auriez pu venir, mais uniquement accompagné par quelqu’un de chez nous et il va de soi que vous n’auriez pas pu emmener de caméra. Nous avons travaillé en compagnie des immigrés et avons tenté de chercher des solutions ensemble. Entre-temps, nous avons rédigé une charte qu’on peut trouver sur notre site Internet. À partir de No Border Camp, un nouveau mouvement est né, désormais : Calais Solidarité Migrants. Nous recevons beaucoup de réactions positives et de feedbacks d’un tas d’endroits, depuis que nous avons commencé à publier sur notre site.

    Des réfugiés en fuite devant la politique d’asile européenne

    Kif kif. Pouvez-vous nous parler de la situation des migrants à Calais ? D’où viennent-ils et comment y sont-ils arrivés ?


    Lisa. Calais est un petit village, mais a une situation stratégique pour les migrants qui veulent aller en Angleterre. L’Angleterre est à quelques 22 milles (35 km) de la frontière de la zone Schengen en France. Les réfugiés qui ne répondaient pas aux conditions pour être acceptés sur le continent européen (la zone Schengen) veulent aller en Angleterre, parce qu’on y applique une autre politique de l’immigration que le modèle européen en vigueur sur la zone Schengen. Les gens qui viennent à Calais sont originaires du monde entier.  Une grande partie vient d’Afrique : Érythrée, Soudan, Tunisie et Égypte. Un autre groupe important de migrants à Calais est originaire d’Afghanistan, Iran, Irak et Palestine.

    Il y a donc un important degré de différences et de diversités, parmi les migrants présents. Cette diversité est ce qui m’a le plus surprise. D’une part, il y a les gens originaires d’Afrique. Ils ont plus vite tendance à se réunir, à vivre en relations de groupe. Ils choisissent des immeubles abandonnés pour y vivre. D’autre part, il y a par exemple les Afghans qui viennent en groupes importants mais qui ont l’esprit individualiste. Ils s’isolent rapidement et veulent aller en Angleterre par leurs propres moyens. On ne les verra pas vite entreprendre une tentative de traversée en groupe vers l’Angleterre.
    La plupart sont débarqués ici par des passeurs d’hommes et paient beaucoup pour cela : 5.000 euros, voire 10.000 euros pour venir d’Afghanistan. La plupart des passeurs vivent aussi à Calais, mais ne passent pas tout leur temps avec les réfugiés. Ils sont surtout d’origine kurde. Il règne un climat de tension, même entre eux.

    Kif kif. Que voulez-vous dire par « même entre eux » ? Entre les divers groupes de migrants ?


    Lisa. En fait, je voulais dire entre les passeurs. Mais il y a également des frictions ethniques entre les migrants. L’Afghanistan, par exemple, est un grand pays avec une grande diversité. Tout comme en Belgique, on y parle plusieurs langues, comme le dari (une langue persane), le pachtoun ainsi que le hazaragi (également une langue persane). À l’intérieur de la « jungle », ils délimitent leur propre territoire par des camps de tentes séparés. Parfois, il y a même eu des conflits entre ces divers groupes afghans. Pendant le No Border Camp, par exemple, un conflit est également apparu entre les Kurdes et les Afghans. C’est une situation épineuse très malaisée à maîtriser.

    Kif kif. Quelles procédures (légales) ces migrants doivent-ils suivre, quand ils arrivent à Calais ?


    Lisa. S’ils veulent séjourner en France (Lisa insiste sur le fait que c’est rare) et que les directives françaises sur l’immigration suivent, alors, il n’est pas utile d’aller à Calais. Ils pourraient séjourner à Paris. Ils peuvent toutefois demander asile à Calais. Pour cela, ils doivent se rendre auprès des autorités locales (la préfecture) et y demander asile. Là, on leur dit surtout que leur demande ne sera pas traitée s’ils sont seuls. Ils doivent venir avec une organisation humanitaire ou avec une personne qui peut les assister. C’est toutefois illégal, les migrants ont le droit de demander l’asile sans accompagnement. La procédure pour les adultes diffère aussi de celle pour les enfants et les mineurs d’âge : certains mineurs d’âge sont par exemple placés dans des centres sociaux, en attente de leur procédure.

    Kif kif. La plupart de ces réfugiés ne veulent pas demander l’asile en France. Ils veulent quand même aller en Angleterre ?


    Lisa. Oui, la plupart veulent aller en Angleterre. Mais les gens qui essaient toujours d’y aller au bout de huit mois sans pouvoir entrer en Angleterre, changent parfois d’avis et demandent alors l’asile en France.

    Kif kif. Pour demander l’asile en Angleterre, ils doivent d’abord y débarquer en tant qu’illégaux. Ne peuvent-ils rien entreprendre à Calais ?


    Lisa. Malheureusement, les réfugiés n’ont généralement pas de documents sur eux. Quand ils sont arrivés en Europe, ils en avaient peut-être mais, la première fois qu’ils sont entrés en contact avec la police, leurs documents ont été confisqués et ils sont ainsi encore plus illégaux qu’ils ne l’étaient déjà avant. De ce fait, ils ne peuvent pas se rendre dans d’autres pays hors de la zone Schengen et leur liberté de mouvement à l’intérieur de la zone Schengen est restreinte elle aussi. Pour aller en Angleterre, ces personnes ont surtout encore besoin d’un visa et, du fait qu’ils ne possèdent plus les documents adéquats, ils ne peuvent donc se procurer ce visa. Comme alternative, ils passent illégalement en Angleterre.

    Kif kif. Quelle est la principale raison pour laquelle ces gens veulent demander l’asile en Angleterre ?


    Lisa. Parce la politique d’asile y diffère de celle de l’Europe. En théorie, la politique de l’UE et celle de l’Angleterre ne diffèrent pas beaucoup, car toutes deux promettent entre autres une aide financière et un lieu de séjour aux demandeurs d’asile pendant que leur procédure est en cours. Le problème, c’est qu’un certain nombre de pays européens, comme la Grèce, l’Italie et la France, ne respectent pas (suffisamment) cette procédure. Ils ne proposent un lieu de séjour que pendant deux mois et, ensuite, les autorités n’accordent plus d’aide, même si la procédure dure souvent entre deux et quatre ans. L’« aide » proposée n’est nullement efficace. Les autorités n’assument pas leurs responsabilités. En même temps, la politique d’asile interdit aux demandeurs de travailler, durant cette même période. La seule chose qu’ils peuvent faire, c’est attendre la réponse. C’est inadmissible.

    Kif kif. N’y a-t-il pas de voie légale pour obtenir un revenu ?


    Lisa. Ils ont un papier avec lequel ils peuvent réglementairement séjourner dans le pays tant que leur procédure n’est pas écoulée. On sait bien que ce papier est sans valeur, si les autorités accordent à ces personnes un lieu de séjour pour deux ou trois mois. Si ces personnes reçoivent le statut de réfugiés, elles n’ont toujours pas pour autant de moyens de survie. À Calais, il y a beaucoup de réfugiés qui ont au départ demandé « sans le vouloir » l’asile en Italie et en Grèce tout simplement parce qu’on y a enregistré leurs empreintes digitales. Mais vu que les conditions de vie sont épouvantables là-bas, ils n’ont pas attendu la fin de leur procédure et sont donc venus à Calais, en espérant rejoindre l’Angleterre.

    Kif kif. À quoi ressemble la politique française d’immigration ? Comment est-elle mise en pratique ?


    Lisa. Comparée à d’autres pays européens, la France n’a pas la pire politique d’asile, mais elle pourrait faire beaucoup mieux. La Grèce, par exemple, n’accepte que 0,006 % des demandeurs d’asile qui introduisent effectivement une demande. C’est le pays d’Europe où débarquent le plus de réfugiés. La France, par contre, a admis quelque 33.000 demandeurs d’asile en 2008. Le principal problème reste toutefois que, dans la plupart des pays européens, les procédures prennent bien trop de temps. Le délai d’une procédure peut facilement traîner quatre années. D’année en année, les procédures se compliquent davantage. Toute nouvelle proposition de la Commission européenne en matière d’asile et de migration débouche sur une procédure encore plus difficile. Un autre obstacle est le fait que la France refuse un grand nombre de demandes, parce qu’il y existe des quotas officieux selon lesquels, chaque année, un certain nombre de réfugiés est accepté sur une zone précise.

    Les lois européennes de la « jungle »

    Kif kif. Reparlons un peu de Calais. Voici quinze jours, la « jungle » a été fermée et démolie. Quel est le rôle des autorités locales et de la police ?


    Lisa. La « jungle » est née voici des années et c’est un centre à ciel ouvert. Elle n’est pas gérée par une organisation humanitaire, mais par les réfugiés eux-mêmes, avec toutes les conséquences que cela suppose. Il y a encore des milliers de migrants qui séjournent dans les environs de Calais, en dehors de la « jungle ».

    Kif kif. Les réfugiés gèrent donc la « jungle » eux-mêmes ?


    Lisa. Oui, en effet, c’est là qu’ils vivent. Cet endroit a été surnommé la « Jungle », parce que les lois françaises n’y sont pas appliquées dans la pratique. La police abuse de ce « vide » et débarque souvent dans la « jungle » pour y « compter » les réfugiés. En réalité, la police utilise les gaz lacrymogènes en tant que pesticides afin de chasser les réfugiés de leurs tentes comme s’il s’agissait d’insectes. Et, souvent aussi, des mineurs d’âge sont victimes de ces pratiques.
    Le jour qui a précédé la fermeture de la « jungle », les policiers se sont également amenés pour compter le nombre de réfugiés ; de la sorte, ils savaient combien de forgons il leur fallait prévoir.

    Kif kif. Ces pratiques étaient-elles fréquentes ?


    Lisa. Oh que oui ! D’après les réfugiés, les policiers sont venus au moins deux fois par semaine depuis la naissance de la « jungle ». Mais la police grecque est en fait encore plus grave : elle poursuit les réfugiés dans les rues et les maltraite. Elle m’a également poursuivie quand j’y suis allée avec No Border. Tel est le pouvoir effectif exercé là-bas par les autorités !
    Enfin, revenons-en à la « jungle ». Les libertés fondamentales comme les droits de l’homme ne sont tout simplement pas respectées. Les gens vivent dans des conditions épouvantables. Il y a certes des organisations qui apportent de l’aide, comme Médecins sans frontières (MSF). Ils ont offert de l’aide via des programmes, afin de couvrir certains besoins de base. Les autorités ne veulent toutefois pas que ces organisations fassent leur travail, elles veulent que ces gens vivent dans des conditions les plus misérables qui soient.

    Les autorités utilisent cela comme argument pour fermer ces endroits. Cela a eu lieu effectivement. Ainsi, MSF avait mis sur pied un programme visant à aider les réfugiés pour combattre la gale, une sale maladie de la peau. Bien des réfugiés en souffrent en raison du manque d’hygiène. Deux jours avant le lancement du programme, les autorités ont demandé à MSF d’annuler leur programme parce qu’elles allaient installer des douches dans la « jungle » et que, de la sorte, le problème d’hygiène allait être résolu. Là-dessus, MSF a arrêté son programme mais les autorités avaient fait une fausse promesse et il n’y a jamais eu de douches.


    De cette façon, les autorités ont donc contribué à créer les conditions misérables de la « jungle ». Eric Besson (l’actuel ministre français de l’Immigration) a justifié la fermeture de la « jungle » en disant que les épidémies, la criminalité et les passeurs d’hommes constituaient un problème pour la société. C’est hypocrite.

    Primo, le problème des épidémies pouvait être facilement résolu en installant des douches.

    Secundo, l’utilisation de l’argument de la criminalité est exagérée : environ 80 % des habitants de Calais n’ont jamais entendu parler de la « jungle » et y ont donc encore moins mis les pieds. En outre, les migrants préfèrent ne pas aller à Calais afin d’éviter les confrontations avec la police. Et s’ils ont quand même décidé d’aller en ville pour y faire des courses, ils préfèrent aller dans les supermarchés bon marché les plus proches.

    Tertio, selon Besson, les passeurs vivent dans la « jungle ». Il déforme la vérité. Les passeurs amènent les réfugiés dans la « jungle » et exigent ensuite 5.000 euros de plus pour les amener en Grande-Bretagne. Au contraire des réfugiés, ces passeurs ont assez d’argent pour vivre à Calais même. Ils ne se pointent que la nuit ; certains passeurs y séjournent effectivement, mais c’est afin de tenir un groupe de réfugiés sous leur contrôle.  Si Besson a pensé qu’il contribuait à résoudre la problématique en fermant la « jungle », il s’est mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Les passeurs étaient au courant de la fermeture et ils étaient déjà partis depuis longtemps avant la démolition de la « jungle ». Besson déforme la vérité et essaie de justifier ses actes avec de faux arguments.


    N’oublions pas non plus le rôle social et politique joué par les organisations présentes, comme MSF. Un rôle social au vu de leur présence accrue dans la société durant toutes les années de présence ici. Ils donnent de la nourriture, un toit et satisfont aussi d’autres besoins fondamentaux. Leur rôle politique consiste en ce qu’elles confèrent un caractère visible à l’aide humanitaire à Calais et qu’elles reçoivent de l’argent pour des problèmes dont le pouvoir ne s’occupe pas.

    Le rôle des ONG : de Salaam à La belle étoile

    Kif kif. Vous parlez d’ONG. Quelles sont celles qui sont impliquées, ici ?


    Lisa. Salaam est la plus grosse ONG sur place. Ils se sont investis dès le tout premier jour, dans la « jungle ». Une autre ONG est La belle étoile. Ces deux organisations importantes se chargent deux fois par jour de la distribution de nourriture dans la « jungle », mais en dehors aussi, aux Érythréens, aux Somaliens et à d’autres encore. Ils s’occupent parfois aussi des procédures d’asile. C’est pourquoi les réfugiés qui, de leur propre initiative, se rendent auprès des autorités locales pour une demande d’asile, s’entendent souvent dire de revenir avec quelqu’un de Salaam.

    Kif kif. Les ONG institutionnalisent donc plus ou moins leur fonctionnement local. Comment se comporte la politique, telle que vous la décrivez, à l’égard des droits des réfugiés repris dans la Convention de Genève (CG) ?


    Lisa. En fait, la question, ça revient à demander si l’Europe respecte la CG, vu que la France est membre de l’Union européenne. Tous les États membres sont donc censés suivre la même politique et les mêmes procédures. La CG définit les critères permettant d’entrer en ligne de compte pour le statut de réfugié. Les personnes qui sont poursuivies sur base de la race, du groupe social, de la pensée politique et d’autres discriminations mentales et physiques sont donc considérées comme des réfugiés. L’Europe unie a appliqué plus tard une procédure complexe pour redéfinir le statut de réfugié, mais elle s’appuie toutefois sur la CG. Avec les nouveaux protocoles de la Convention européenne des droits de l’homme, on tente d’intégrer la CG dans les normes de l’UE. L’UE respecte donc la CG.

    Kif kif. Ici, on parle de théorie, mais comment cela se traduit-il dans la pratique ?


    Lisa. Dans la pratique, en effet, il en va tout autrement. Quand une personne est réellement poursuivie en raison de ses choix politiques mais ne peut en apporter la preuve concrète, bien qu’elle présente des séquelles et qu’elle soit malade mentalement à force d’être poursuivie par l’armée de son pays, cela ne suffit pas, selon les normes européennes. L’Europe veut voir de plus en plus de preuves, alors que les réfugiés, souvent, n’en ont pas.
     
    Kif kif. Vous parliez tantôt de quotas. Ne sont-ils toutefois pas en contradiction avec la CG, vu qu’il y a potentiellement plus de gens qui fuient pour des raisons légitimes que n’en acceptent les quotas ?


    Lisa. Effectivement. Ces quotas ont été lancés dans des périodes de grand afflux de migrants. Maintenant, si un État membre ne veut pas accepter quelqu’un, il ne le fera tout simplement pas, même s’il existe une preuve formelle que cette personne est pourchassée. Un autre problème, c’est que les travailleurs qui doivent décider de l’acceptation ou non d’une personne, ne sont pas suffisamment formés sur les pays d’origine, les poursuites qui y ont lieu et les véritables problèmes auxquelles ces personnes sont confrontées.

    L’UNHCR. Une commission supérieure au profil « bas »

    Kif kif. Il y a encore une organisation que nous n’avons pas citée, l’United Nations Higher Commission for Refugees (UNHCR – Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), qui est également présent à Calais. Quel est son impact sur la situation ?


    Lisa. Quand, après le 7 juillet, la France et l’Angleterre se sont mises d’accord pour accroître le nombre de contrôles aux frontières, j’ai été sidérée de voir que l’UNHCR avait décidé d’ouvrir un bureau dans la « jungle ». En raison de la complexité des problèmes de Calais, a-t-il expliqué, il a été jugé nécessaire d’être sur place afin de protéger les réfugiés. Leur véritable attitude, telle que j’ai pu la constater, a été celle-ci : « Êtes-vous un réfugié ? Oui ? Dans ce cas, je discute avec vous. Vous voulez demander l’asile ? Alors, je ne discute pas. » Il a vraiment sélectionné les gens. Sans chercher une solution adaptée à la situation dans la « jungle ». À l’instar d’ l’IOM (International Organisation of Migration), l’UNHCR a tenté d’accroître le nombre de rapatriements forcés. Ils consacrent plus d’attention à stimuler le rapatriement forcé qu’à exercer des pressions sur le gouvernement français pour qu’il se penche sur les procédures individuelles.


    D’autre part, la France et l’Angleterre ont hélas déclaré qu’elles allaient organiser des vols de charters pour organiser ce retour forcé, même si, dans la Convention européenne des droits de l’homme, figure un paragraphe qui réprouve le recours à des vols collectifs de rapatriement (l’Angleterre n’a pas signé cette convention). Sans examiner les dossiers cas par cas. C’est une procédure illégale.

    Kif kif. Cela signifie-t-il que, lorsqu’une personne est arrêtée sans papiers en rue mais qu’elle désire demander l’asile, elle ne bénéficie pas d’une procédure et est embarquée dans un avion ?


    Lisa. En effet, une personne peut être placée dans un centre de détention pour ensuite être expulsée 48 heures plus tard.

    Kif kif. Sans procédure ?


    Lisa. Hélas, il arrive souvent que la personne ne soit même pas entendue. C’est pourquoi tant d’immigrés pensent qu’en Angleterre, au moins, ils seront entendus. D’ailleurs, le jour de la fermeture de la « jungle », l’UNHCR n’était pas présent. Par contre, la veille et le lendemain, il y avait bien quelqu’un. En Grèce, cet été, l’UNHCR a recouru à des pratiques similaires quand, à Patras, une autre « jungle » a été démantelée. Bien que, là, les choses se soient déroulées différemment. L’UNHCR a emmené quelques migrants, y compris des mineurs, qui n’avaient pas demandé de procédure d’asile, et les a transférés dans des centres de détention. Il allait exercer plus de pressions sur les autorités mais ils ne l’ont finalement pas fait. Il a pourtant beaucoup d’influence, c’est l’une des plus importantes institutions, en ce qui concerne l’asile et la migration. Aujourd’hui, il exerce des pressions pour que soit fermé le centre de détention grec de Pagani, parce qu’il a été reconnu que les réfugiés y vivaient dans des conditions lamentables.

    L’euro-répression : un traitement des symptômes pour un problème de structures



    Kif kif. La « jungle » a été fermée et démantelée voici une quinzaine. Qu’est-il advenu des gens qui y vivaient ?

    Lisa. La « jungle » et un autre bâtiment squatté ont été démolis, mais ce n’est pas une solution. On peut comparer cela à essayer de contenir un cours d’eau qui veut aller à la mer. D’autres « jungles » apparaissent dans les environs de Calais, à Dunkerque et Grande-Synthe. Le jour de la fermeture, il y a eu en ces endroits des chasses à l’homme contre les immigrés et elles ont entraîné de nombreuses arrestations. Cela s’est produit également en d’autres endroits, comme à Ostende, en Belgique. Toutes ces personnes ont été arrêtées parce qu’elles essayaient de rallier l’Angleterre. Je pense que les passeurs continueront. Et ils imposeront même des prix plus élevés, vu le danger. Les réfugiés vont devoir payer plus pour aller à Calais ou en Angleterre.


    Bref, la fermeture de la « jungle » ne résout rien. Ce qui me choque, en outre, c’est que l’opinion publique en France ou dans d’autres pays européens n’adopte pas un point de vue critique à l’égard de cette problématique. J’estime toutefois que c’est une bonne chose que, dans ces pays européens, il y ait toutefois des gens qui manifestent pour s’opposer à ces situations déplorables. Ces manifestations ne devraient d’ailleurs pas concerner les droits de l’homme de ces réfugiés. Bien sûr, je suis pour les droits de l’homme, mais nous devrions diriger nos critiques sur la mauvaise politique européenne en matière de migration  et sur le non-respect des règles par certains États membres. La migration ne peut être empêchée par des appareils high-tech ni par des contrôles dans les ports et les camions par la police anglaise sur le territoire français.

    La migration ne peut être arrêtée par le « délit de solidarité ». On risque une amende de 500 euros et une peine de prison de trois ans pour avoir prêté assistance à un réfugié, en France. Mais cela va plus loin que cela : il y a des propositions de l’UE pour appliquer la convention de Dublin. Cette convention et le système Eurodac constituent les raisons principales pour lesquelles les demandeurs d’asile veulent quitter la zone Schengen. Ils ont déjà demandé asile plus tôt dans d’autres pays comme la Grèce et l’Italie, mais ils ne veulent pas retourner dans ces pays en raison des conditions pénibles qu’ils vont y connaître.

    Kif kif. Après la fermeture et le démantèlement de la « jungle », certains ont été arrêtés et les autres se sont enfuis. Y a-t-il une route le long de la côte par laquelle les migrants tentent d’atteindre l’Angleterre ?


    Lisa. Récemment, j’ai vu une carte de nouveaux camps de tentes. Ils se trouvent le long de la côte entre Calais et Knokke et ils sont concentrés autour de Calais, Dunkerke, Ostende et Knokke. Une fois encore, la réponse à cela n’a pas été un changement de politique, mais un accroissement des contrôles par Frontex.

    Kif kif. Vous pouvez m’en dire plus, sur Frontex ?


    Lisa. Frontex est un organe de l’Union européenne qui est chargé de la surveillance des frontières de l’Union européenne et est composé de la police des frontières de chaque État membre. L’Italie a désiré une collaboration avec la Libye, via Frontex et, aujourd’hui, ils tirent sur les migrants qui tentent de rallier l’Italie.


    La veille de la fermeture de la « jungle », Eric Besson, le ministre français de l’Immigration, s’est rendu à Bruxelles pour lancer la proposition au Conseil des ministres européens de l’Intérieur d’engager Frontex dans le territoire frontalier entre la France, la Belgique et l’Angleterre. C’est effrayant, parce que l’Angleterre n’est pas la Libye et que, géographiquement parlant, elle fait partie de l’Europe. Jusqu’à présent, la Commission européenne et le Parlement européen ne sont pas sur la même longueur d’onde en ce qui concerne cette proposition. Cela éloignerait encore plus l’Angleterre de l’Union européenne, au lieu de contribuer à l’intégrer un peu plus.

    Kif kif. Nous avons parlé d’aujourd’hui et du passé. Que pensez-vous que l’avenir apportera à ces réfugiés ?


    Lisa. L’Angleterre a officiellement déclaré qu’elle ne reconnaîtrait aucun réfugié en provenance de Calais. Les migrants vont toutefois continuer à essayer d’y arriver coup sur coup. L’Angleterre dit que s’ils sont des demandeurs d’asile légitimes, ils peuvent recevoir l’asile dans le pays où ils arrivent. Mais l’Angleterre nie les diverses circonstances dans les divers États membres et leurs procédures d’asile respectives.


    L’Europe veut une politique d’asile commune mais il n’empêche que chaque État membre a une autre manière bien à lui d’appliquer la procédure commune. Ce sont surtout les conséquences des procédures qui diffèrent fortement dans divers États membres. Que va-t-il advenir des migrants ? Ils seront fourrés dans des centres de détention. C’est pourquoi l’Union européenne en construit de plus en plus, surtout au nord de Paris. Heureusement, une partie de la société s’y oppose. Sur le plan juridique, on a également enregistré des progrès. Un certain nombre de juges ont déclaré irrégulières une grande partie des arrestations qui ont eu lieu dans le sillage de la fermeture de la « jungle ».


    Toutefois, je suis sûre que les migrants continueront d’aller en Angleterre tant que la politique d’asile dans la zone Schengen ne sera pas réformée. Par contre, je ne suis pas convaincue qu’une procédure d’asile commune serait d’une grande utilité. Ainsi, il y a par exemple un plan pour ouvrir en 2010 des bureaux d’asile en guise de soutien général. De ce fait, nous aurons les mêmes bureaux d’asile dans chaque État membre de la zone Schengen. Et ainsi, cela n’aurait plus d’importance que vous demandiez l’asile en Belgique ou en Grèce, les gens pourraient travailler partout selon les mêmes normes. S’il y a une base pour ce faire, les quotas au niveau européen pourraient être rapidement supprimés, ce qui faciliterait la situation pour les réfugiés. Mais, pour mettre ce système sur ses rails, il va falloir vraisemblablement patienter pas mal d’années encore.


    J’espère de tout cœur que la société et, en particulier, le monde associatif dans son ensemble, va se positionner autrement et exercer plus de pression sur les autorités afin que nous puissions assister les demandeurs d’asile dans leur combat. Nous devons adopter une position dans ce débat et chercher une meilleure solution.


    J’ai déjà discuté de cela avec bien des réfugiés et ils disent tous la même chose : « Nous ne voulons pas forcer la société ou les gens de Calais à se battre contre nous. C’est un problème entre nous et les autorités. Ce sont les autorités qui sont responsables de notre situation. » Je suis toutefois convaincue que, si les gens de Calais reconnaissent que la cause se trouve du côté des autorités et que ces autorités sont au pouvoir parce que ce sont eux qui les y ont élues, ils auront une plus grande conscience de ce problème, y réfléchiront et chercheront peut-être une autre solution. Sarkozy a été élu par les Français, Berlusconi par les Italiens. Si nous pouvions conscientiser les gens autour de ce problème, leur voix pourrait leur permettra d’exercer une influence sur la politique !
     
    Traduit par Jean-Marie Flémal pour Investig'Action.
     
    Source: Kif Kif  et Michel Collon 


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    Rassemblement anti-Rroms ... La gauche n’est-elle que maladroite ?


    L’auteur, lui même habitant d’un quartier pauvre de la ville où se côtoient mille nationalités et origines différentes, dit sa colère après une drôle de manifestation

    En son temps Rocard avait déclaré : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde ». Besson (issu lui aussi du PS) et d’autres ont fait leur cette formule. Il est de bon ton de stigmatiser l’étranger. Surtout quand il est pauvre. La gauche marseillaise, hélas, leur emboîte le pas.

    Les CIQ (Comités d’intérêts de quartier) du XVe arrondissement ont appelé à manifester le samedi 17 octobre, pour protester contre la décision de la Préfecture de transformer la bastide de la Guillermy (laissée à l’abandon depuis le départ des gendarmes) en une aire d’accueil pour les "gens du voyage”. Drapés dans leurs écharpes républicaines, de nombreux élus ouvraient la marche. On pouvait reconnaître entre autres, Samia Ghali, maire PS de la mairie des 15e/16e arrondissement (quartiers Nord) de Marseille née dans la cité pauvre de Bassens, la milliardaire Sylvie Andrieux, PS, actuellement en délicatesse avec la justice qui enquête sur des versements douteux au profit de diverses associations, le député PS du coin Henri Jibrayel et… Jean-Marc Coppola, ancien secrétaire de la fédération du Parti Communiste et actuellement vice président du conseil régional ! La main sur le cœur, ils affirment tous qu’ils n’ont rien contre ces populations, mais qu’il ne faut pas “ajouter de la misère à la misère”.

    "Ne nous trompons pas de cible dans ce combat, déclare ainsi Henri Jibrayel. Les Rroms sont victimes d’un choix du Maire et de l’Etat. Oui nous voulons trouver un site pour cette population mais pas dans nos quartiers qui sont déjà touchés par de nombreux problèmes". Samia Ghali ajoutant dans son langage fleuri : "J’en ai ras le bol que dès que l’Etat intervient sur ces quartiers c’est pour s’y débarrasser de questions encombrantes, ne rajoutons pas de la misère à la misère". _ « Ce n’est pas un combat contre les Roms, une population déjà discriminée. Mais s’ils s’installent ici, on va rajouter de la misère sur la misère. On a déjà notre quota (sic !) », estime Gérard Marletti, président de la confédération générale des comités d’intérêts de quartiers (CIQ) du 15e arrondissement

    Bref, que ces populations indésirables soient envoyées au Roucas Blanc [1]ou à Cassis !

    Cette rhétorique est en fait récurrente et cela depuis de nombreuses années. Pour mémoire, citons la l’action de la municipalité [2] de Vitry sur Seine qui empêche, à l’aide d’un bulldozer, le 24 décembre 1980, la construction d’un foyer de travailleurs devant abriter 300 maliens, le coup d’éclat de Robert Hue en février 1981 qui organise une manifestation contre une famille marocaine à Montigny les Cormeilles, suite à une lettre de dénonciation d’une voisine de la famille l’accusant sans preuve de trafic de drogue, ou les gesticulations de Jean-Pierre Brard qui refuse en mars 1985, la construction d’un nouveau foyer de travailleurs immigrés sur la commune de Montreuil.

    Plus près de nous, Frédéric Dutoit [3] n’a eu de cesse de s’opposer à la construction d’une grande mosquée sur l’emplacement des anciens abattoirs : il a été balayé lors des dernières élections municipales. Les communistes de la Belle de Mai, après l’organisation d’un rassemblement contre les nuisances d’une boucherie hallal ont vu le Front National s’implanter dans ce quartier populaire.
    L’alliance Rouge-Rose-Brun


    Cet aréopage nauséabond réunissait près de 700 manifestants dans le quartier des Aygalades, cité HLM de “13 habitat” (anciennement Opac Sud, dirigée par le Conseil Général) qui comporte une forte communauté gitane. Outre les élus, le Président de 13 habitat, le Président des CIQ du XVe arrondissement et le Président des associations des copropriétaires avaient fait le déplacement. Affirmant que cette manifestation n’était ni de droite, ni de gauche —je les engage à lire les aphorismes du philosophe Alain que tous les bacheliers ont étudié [4] —, ils se présentaient comme des “citoyens”, outrés de ne pas avoir été consultés, alors que des associations (Fondation Abbé Pierre, Ligue des droits de l’homme, Rencontres Tsiganes) “étrangères au quartier” avaient bénéficié d’une écoute favorable.

    Les mêmes qui inaugurent un musée de la déportation aux Milles, ancien camp où transitèrent de nombreux Tsiganes, se retrouvent pour stigmatiser leurs petits enfants errant d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un sqat à l’autre…
    Les Rroms seraient de 2 à 3 000 à Marseille, venus principalement de Roumanie ou de Bulgarie, deux pays de l’Union Européenne, et bénéficiant en cela de la libre circulation voulue par les accords de Schengen.

    Une précédente vague d’immigration eut lieu en 1995, après les accords de Dayton, mettant fin au conflit dans l’ex-Yougoslavie. Bosniaques, ils furent accusés d’avoir été des agents du pouvoir Serbe par les musulmans, alors que nombre d’entre eux furent exécutés par les Serbes pour être musulmans. L’accueil qui leur fut réservé à “Félix Pyat” [5]est comparable à la générosité affichée par les élus de gauche du XVe arrondissement.
    Au moment où la droite, labourant sur les terres du Front National, relance le débat sur l’identité nationale et que Nicolas Sarkozy reprend la phraséologie pétainiste, une telle manifestation n’est pas seulement honteuse.

    Elle est un acte participant à la fascisation de la société et doit être combattu comme telle. Contre les fascistes, les mots ne suffisent pas. Nous devons nous organiser pour faire barrage à cette banalisation de l’exclusion de populations stigmatisées et encore aujourd’hui présentées comme des “voleurs de poule” et envisager des contre manifestations.
    Les autorités préfectorales semblent avoir cédé aux sirènes des manifestants racistes honteux de la gauche institutionnelle marseillaise, en renonçant à leur projet. La question demeure cependant et nous devons envisager les prochains terrains d’affrontement. Le fascisme ne passera pas, dusse-t-il se colorer de rose ou de rouge !
     
    [1] quartier réputé huppé de Marseille
    [2] à direction PCF
    [3] ex maire PCF de ces mêmes quartiers Nord
    [4] Lorsqu’on me demande si la rupture entre les partis de droite et les partis de gauche, les hommes de droite et les hommes de gauche, a encore un sens, la première idée qui me vient est que celui qui le demande n’est pas un homme de gauche. Alain (de son vrai nom Emile Auguste Chartier 1868-1951) Propos sur les pouvoirs
    [5] autre quartier pauvre de la ville en bordure des quartiers Nord NDR
    du site rouge midiRassemblement anti-Rroms La gauche n’est-elle que maladroite ?

     

    SOURCE 


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  • La Cimade soulève le voile sur le vrai bilan d'Eric Besson

    Publié le 01 novembre 2009 par Juan

    La Cimade publie son 9ème rapport annuel sur les centres et locaux de rétention administrative. L'association humanitaire, qui assiste les sans-papiers dans les centres de rétention, a pu témoigner de la situation nationale: "Ce rapport est une nouvelle fois l’occasion pour nous d’exercer ce devoir de témoignage." Depuis 18 mois, les ministres de l'identité nationale, hier Brice Hortefeux, aujourd'hui Eric Besson, ont cherché à exclure la Cimade de ce rôle national, en divisant l'assistance en lots géographiques bien distincts. Ces tentatives ont échoué, pour le moment.

    La Cimade dresse plusieurs constats :

    - Près de 230 enfants ont été placés en rétention en 2008. La pratique perdure, même si elle est contraire à la Convention Internationale de protection des droits de l'enfant. Elle a été institutionalisée par les décrets du 30 mai 2005 et l'arrêté du 29 août 2005, qui autorisaient les centres de rétention à "recevoir des familles". La Cimade relève que les mineurs sont "soumis à des formes multiples de violence : violence de l’interpellation très souvent réalisée à domicile, violence de l’enfermement, violence présente dans ces lieux où les tensions sont très importantes, violence faite à leurs parents interpellés, menottés, privés de toute autonomie, violence de l’expulsion enfin." Ces excès génèrent divers traumatismes, comme des troubles du sommeil, du mutisme, des troubles de l'alimentation.

    - Le coût des expulsions s'élève à 533 millions d'euros en 2008. L’Etat consacre en effet environ 394 millions d’euros à la garde et l'escorte dans les centres de rétention par les services de police et de gendarmerie. Le ministère de l'immigration dépense 81 millions d'euros pour le fonctionnement des CRA : "28,8 pour les frais de restauration, blanchisserie, etc., 42 millions pour les billets d’avion, de train ou de bateau et 15 millions pour la prise en charge sanitaire et sociale ainsi que l’aide à l’exercice des droits des étrangers." Par ailleurs, le gouvernement a prévu de dépenser 174 millions d'euros d'investissement pour créer ou étendre ses capacités de rétention entre 2006 et 2009, soit 58 millions d'euros par an.

    Cette évaluation, réalisée par un sénateur et reprise par la Cimade, n'est pas exhaustive. Elle ne tient pas compte des "frais de fonctionnement des services des préfectures, le coût des contentieux liés à la rétention administrative et aux reconduites à la frontière devant les tribunaux, pas plus que les coûts correspondant au temps consacré par la police aux interpellations, gardes à vues, etc. infligées aux étrangers".

    Rapporté au nombre d'expulsions forcées réalisées en 2008, soit 20 000, le coût d'une expulsion ressort ainsi à 27 000 euros !

    La Cimade soulève le voile sur le vrai bilan d'Eric Besson- Malgré tous les efforts déployés, les expulsions en métropole restent peu nombreuses : sur les 30 000 éloignements recensés par les services d'Eric Besson en 2008, quelques 15 000 d'entre eux avaient été réalisés à Mayotte. Un territoire où les certifications de nationalités sont mal établis et où, comme le rappelle la Cimade, près de 90% de la population fait l'objet de contrôles d'identité réguliers.

    Mediapart relaye un autre rapport, publié la semaine dernière par Human Right Watch sur le cas des mineurs sans-papiers perdus dans les zones d'attentes de Roissy-Charles de Gaulle.

    "Entre janvier 2008 et juillet 2009 environ 1 500 mineurs étrangers non accompagnés d’un adulte assumant la charge parentale ou d’un parent sont arrivés à l'aéroport de Paris Roissy-Charles de Gaulle et se sont vu refuser l’entrée en France. Ces mineurs qui se trouvent physiquement à l’intérieur des frontières géographiques de la France sans pour autant être « en » France au regard du droit français, ont été détenus par la police dans la « zone d'attente » de l’aéroport. "


    HRW critique

    Vendredi,
    Nicolas Sarkozy a estimé que des vols groupés de migrants en situation irrégulière étaient un "progrès considérable": Jamais personne n'aurait imaginé il y a quelques années que des gouvernements de gauche et de droite, du Sud et du Nord, se mettent d'accord sur le principe que quand quelqu'un n'a pas de papiers en règle, il doit être ramené chez lui, par avion, par train ou par tout autre moyen". La France a demandé à l'Union Européenne qu'elle les finance. C'est à l'ordre du jour du prochain Conseil Européen.


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  • Ils se pencheront encore sur nous, les pauvres

    La Cimade poursuit son initiative Migrantscene, un festival qui cherche à sensibiliser sur les migrations. Dans ce cadre, une journée sur les Rroms est prévue le 29 novembre 2009 à La Parole Errante, une structure partenaire de La voix des Rroms. Entre autres, au programme de cette journée:

    16h00 : Rencontre – Discussions : Les rroms

    En France comme ailleurs nous entretenons avec les Tsiganes un rapport ambigu d'attrait et de rejet. On applaudit debout un manouche joueur de jazz et le lendemain on appelle le maire pour s'indigner du stationnement de caravanes à proximité de chez soi, parce que ces gens là …

    Si bien dit! Tout est vrai. C'est vrai à un tel point que, lors des préparatifs de cette journée (ni La voix des Rroms ni aucune autre association rrom n'y était conviée), la proposition d'un participant d'associer La voix des Rroms a été rejetée. Parce que le représentant d'une association qui s'occupe de mineurs isolés n'en voulait pas. Le fameux "rapport ambigu d'attrait et de rejet" dans son paroxysme, dans un événement qui cherche à le démasquer. L'hypocrisie incarnée!

    Vous pouvez lire un peu plus loin dans la présentation:

    "Cette journée sera l’occasion de nous pencher sur la définition même du peuple rrom, sur son identité, sur son histoire souvent et encore déchirante, sur sa culture et sur les idées reçues et les préjugés à son égard, tenaces, obstinés."
    En présence de :
    Martin Olivera, coordinateur de l’association Rues et Cités et ethnologue, spécialiste de la population Tsiganes et de la Roumanie.
    Alexandre Le Clève. Il est le directeur de Hors La Rue. Cette association s’est donnée pour mission de sortir de la rue les mineurs étrangers livrés à eux-mêmes.
    Stéphane Lévêque est l’ex président le l’ASAV, Association pour l’Accueil des Voyageurs, qui défend les droits des gens du voyage et les aident dans leurs démarches administratives.
     

    Avec tout le respect qu'on doit aux membres du panel pour leurs connaissances respectives, on voit mal en quoi ils se pencheraient mieux sur notre identité, sur notre histoire et sur notre culture sans nous. Peut-être pour éviter de se faire mal au dos en s'y penchant?

    Rassurez-vous quand même, vous y verrez aussi des Rroms (ou des tsiganes, comme vous voulez). Et ils seront bien en scène et danseront pour vous! Vous pouvez même se joindre à eux pour apprendre quelques pas de danse, ils ne vous mangeront pas.

    Quant à nous, pauvres Rroms qui maîtrisons mieux la parole que le rythme des danses, nous irons peut-être partager un stand associatif avec quelqu'un qui voudra de nous et surtout, qui n'aura pas peur de nous.

    Programme:
    La Cimade - Festival migrant'scène 2009 - L'Île de France ici 

    SOURCE ICI 


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  • Sans-papiers : Les Restos du Coeur pris pour cible...

    Affamés, ils étaient venus manger. Ils sont repartis menottés dans un fourgon de police. Mercredi dernier, une dizaine de sans-papiers ont été interpellés sur un site de distribution des Restos du Coeur, à Rouen.

    Arrestation de sans-papiers dans un centre des Restos du Coeur

    Des Afghans renvoyés par avion dans leur pays, en guerre. Des Français (de parents français) déchus de leur nationalité. Des sans-papiers arrêtés par leur banquier. Des enfants enfermés par dizaines. Des citoyens poursuivis pour "aide au séjour irrégulier". La saga continue...

    Selon un communiqué des Restos du Coeur, mercredi 14 octobre 2009 à 20h45, place des Emmurés à Rouen, alors que les bénévoles de l'association commençaient à distribuer repas et autres produits d'hygiène et de protection contre le froid, les forces de police ont débarqué. Elles ont procédé au contrôle et à l'arrestation d'une dizaine de bénéficiaires sans-papiers.

    L'aide humanitaire en question

    "L'intervention de la police sur des sites humanitaires risque de briser le lien avec les personnes les plus vulnérables en les éloignant de l'aide humanitaire [...] Cinq jours après les faits, les Restaurants du Coeur regrettent vivement le silence du Ministre de l'Immigration auquel ils ont fait part de leurs doléances" a déclaré l'association, qui en appelle "une nouvelle fois au Gouvernement pour qu'il respecte définitivement ses engagements afin de sanctuariser les lieux d'aide humanitaire sur le territoire national". Car ce n'est malheureusement pas la première fois que des sites d'aide humanitaire sont pris pour cible (aux Restos du Coeur ou chez les compagnons d'Emmaüs).

    Promesses non respectées

    "Les lieux dans lesquels est apportée l'aide humanitaire doivent être en quelque sorte sanctuarisés, afin de bien marquer le caractère inconditionnel de cette aide. Les lieux où sont soignés, alimentés, hébergés les personnes en situation de détresse, ne sauraient être les cibles d'une politique de contrôle et d'interpellation pour les forces de police et de gendarmerie" avait pourtant solennellement affirmé le 17 juillet 2009 le ministre de l'immigration, Eric Besson.

    L'humanisme attendra...

    "Aujourd'hui, c'est la chasse à l'ours. Où cours-tu le lapin ? Tu ne risques rien ! - Eh, t'es con ! J'ai pas mes papiers !" Coluche, reviens ! Ils sont devenus fous...

    SOURCE 


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  • RSA : grâce à Martin Hirsch, Hortefeux, toujours Ministre des Affaires Sociales ?

    jeudi 15 octobre 2009 par Réseau Solidaire d’Allocataires

    Le racisme institutionnel est le plus souvent ambigu, rarement les " preuves" sont-elles suffisamment flagrantes pour susciter l’indignation médiatique. On est en face d’un système ou les responsabilités sont tellement diluées, qu’il n’y pas besoin d’un « acte » raciste, la multiplication des « dysfonctionnements », et des « exigences réglementaires « suffit amplement à détruire l’égalité des droits garantie formellement par les textes.

    Ainsi le RSA ,en soi, est une inégalité : il faut prouver cinq années continues de titres de séjour avec autorisation de travail pour y accéder. Il ne faut pourtant pas cinq ans pour être astreints à payer des impôts directs et indirects, ni même être en situation « régulière ».

    Cette inégalité nouvelle a été dénoncée dès l’annonce du projet de loi, et la HALDE saisie par le GISTI, groupe d’information et de soutien des immigrés, a jugé cette mesure discriminatoire ( délibération à lire ici, ce qui n’a pas empêchée qu’elle soit inscrite dans la loi.

    Mais cette condition, la seule légale suffit-elle pour que le précaire qui la remplisse accède au RSA, comme un « national » ? Non.

     

    Pour nombre d’étrangers, une condition supplémentaire est désormais ajoutée par la CAF de Paris, pour établir les cinq années de séjour.  

    Concrètement elle se traduit par l’intervention de la Préfecture de Police dans l’instruction des dossiers.

     

    En exigeant non seulement la production des titres de séjours antérieurs du demandeur, mais aussi des documents officiels concernant la période intercalaire entre deux titres, période ou l’étranger attend le rendez-vous de renouvellement, la Caf trouve ainsi un prétexte pour la saisine directe de la Préfecture : concrètement, le droit au RSA dépend ainsi du bon vouloir du Ministère de l’Intérieur. Si celui-ci « tarde » à fournir les documents ou ne les fournit pas à la CAF, le RSA n’est pas attribué.

    Exemple concret, issu d’une intervention collective à la CAF Jaurès ( 75019) pour un allocataire.

     

    Mr T . a demandé l’allocation le 25 août, suite à l’épuisement de ses droits au chômage. Ce jour là, il a fourni ses cinq titres de séjours antérieurs d’une durée d’un an.

    Il a attendu plusieurs semaines, puis s’est rendu de lui-même à la CAF Jaurès, pour avoir des nouvelles de son dossier.

    C’est à cette occasion qu’il a appris que celui-ci était bloqué pour « pièces manquantes ».

    Premier « dysfonctionnement » : aucun courrier n’a été envoyé à Mr T. pour l’informer de ce blocage, et lui demander des documents complémentaires. Il n’aura aucune explication à ce sujet.

    Quel est le problème ?

    La CAF estime que la preuve de la continuité du droit au séjour n’est pas établie.

    Pourquoi ?

    Second « dysfonctionnement » :

    Comme tous les titulaires de cartes d’un an, Mr T. chaque année, fait sa demande de renouvellement bien en avance. Mais la Préfecture de Police se prétend « débordée » et depuis trois ans, le rendez-vous pour le renouvellement est toujours postérieur d’un mois à la date de validité du titre de séjour.

    Pendant un mois, c’est un document avec la date du prochain rendez-vous qui fait office de titre de séjour. Et, forcément, il y a toujours un décalage d’un mois entre la date de fin du titre de séjour précédent et le début du suivant.

    Ce sont ce genre de « dysfonctionnements » qui occasionnent à de nombreux précaires des embauches manquées, des allocations familiales bloquées, l’impossibilité de signer le bail d’un logement qu’on a galéré pour trouver. Car ces fiches de rendez-vous permettent tout juste de ne pas être expulsé mais ne sont pas considérées comme valables pour le reste des démarches, dans de nombreuses administrations.

    Qui a eu la riche idée d’utiliser ce « dysfonctionnement » de la Préfecture de Police pour retarder l’accès au RSA ? Un juriste très malin dans les hauteurs de la CAF.

    En comptant sur le fait que bien des étrangers gardent précieusement la copie de tous leurs titres de séjours antérieurs mais pas ces papiers de rendez-vous, qui seuls attestent de la régularité du séjour pendant UN mois entre chaque titre d’un an.

    Ceci permet à la CAF de faire intervenir la Préfecture de Police dans le versement du RSA ! Car l’on explique à Mr T, que la demande de vérification va être adressée à la Préfecture qui a l’historique du séjour de Mr T et pourra attester de la « continuité » du droit au séjour.

    Troisième "dysfonctionnement" :

    Cette même Préfecture de Police, capable de traiter en temps réel la vérification des titres de séjour produits lors du dépôt du dossier à Pôle Emploi, pour traquer les « faux papiers », met malheureusement longtemps, très longtemps à répondre à la CAF pour l’ouverture des droits au RSA.

    C’est ce qu’apprend Mr T. lors de sa deuxième visite à la CAF, de la bouche d’un salarié « qui n’y peut rien et c’est comme ça ». Mais Mr T., qui connaît bien le fonctionnement de son pays d’ « accueil » a conservé ses fameux papiers de rendez-vous. Il les rapporte le jour même à la CAF.

    Mais plusieurs semaines s’écoulent encore. Mr T vient et revient, « dossier en cours de traitement ». Et puis lors d’une énième visite, on l’informe qu’on est toujours en attente de …la Préfecture de Police.

    Quatrième « dysfonctionnement » : pas de trace des papiers déposés par Mr T., qui attestent de la régularité de son séjour sur les périodes demandées, et rendaient inutile l’attente de la réponse de la Préfecture.

    C’est ordinaire pour tout le monde à la CAF, ce genre de mésaventures, . Mais pour Mr T., cela s’ajoute à d’autres choses qui ne concernent que les étrangers.

    Nous distribuons des tracts sur les suspensions dues à l’application du RSA devant la CAF Jaurès lorsque nous rencontrons Mr T. Il est venu redéposer ses papiers quarante huit heures auparavant, et est revenu aujourd’hui simplement pour demander dans combien de temps le RSA lui serait versé.

    On lui a répondu avec dédain qu’on n’avait pas à lui répondre, que le dossier serait traité comme les autres, point barre.

     

    Mais cette fois, derrière le guichet, nous sommes une dizaine.

    Le racisme ordinaire, conscient ou pas, se reconnaît souvent par ce qu’on peut appeler « l’effet de contraste avantageux ».

     

    Ce moment, ou l’on devient d’un blanc resplendissant dans l’œil de son interlocuteur parce qu’on est à côté d’un Noir.

    A la CAF Jaurès, nous autres, précaires du Réseau Solidaires d’Allocataires sommes ouvertement et fréquemment qualifiés d’ « emmerdeurs de première », de «  trouble à l’ordre public perpétuel », d’ «  ignares qui n’y connaissent rien, la ramènent sans arrêt avec des droits qui n’existent pas et feraient mieux d’aller bosser ».

    Généralement, l’allocataire que nous accompagnons a droit à tous les égards et l’on ne manque jamais de lui faire savoir qu’il n’avait nul besoin de venir avec « ces gens » pour être entendu.

    Mais aujourd’hui, nous voici élevés au rang d’interlocuteurs respectables.

    « Je ne comprends pas que votre association accompagne précisément ce monsieur, j’en suis même très étonnée vu son comportement », nous dit aimablement une adjointe de la direction.

    Evidemment cela ne dure pas.

    Face à des interlocuteurs qui nous répondent que « la situation de ce monsieur est parfaitement normale et qu’il n’y a rien à en dire », le ton monte très vite.

    Notamment, parce que Mr T. fait remarquer que c’est la première fois qu’il peut s’exprimer sans être interrompu, la première fois qu’on l’appelle par son nom de famille, qu’on ne lui dit pas aujourd’hui ce qu’on lui a dit la dernière fois «  Vous n’avez qu’à aller travailler ».

    «  Vous êtes un menteur , rien qu’un menteur »., hurle une des salariEs présentes devant ces remarques

    On nous reproche habituellement de hurler et de déranger tout le monde, mais là c’est en face qu’on s’énerve. D’ailleurs, plusieurs salariEes quittent leur box, et viennent tous témoigner de l’arrogance prétendue de Mr T., « qui vient ici une fois par jour demander ou en est son dossier ».

    « C’est pas de notre faute, on n’est pas la Préfecture de Police ici, ». Précision utile, car ce n’était pas du tout évident pour un observateur extérieur. Ainsi, il semble que le délit de solidarité ait aussi une certaine réalité à la CAF.

    L’adjointe de la direction revient ainsi brusquement à notre visite précédente, ou nous avions obtenu une avance sur droits supposés pour un autre allocataire. « Ca je peux vous dire que c’est terminé, plus jamais on ne vous cèdera, finie la compréhension et les acomptes ».

    Ben oui, c’est bien connu, les allocataires, on leur tend la main, ils vous bouffent le bras et vous ramènent toute la misère du monde et les revendications délirantes qui vont avec !

    Nous attendons paisiblement que ces petites minutes d’hystérie vengeresse et collective se calment d’elles même.

    Nous comprenons d’ailleurs qu’il doit être difficile de perdre sa dignité devant un allocataire qui a fait collectivement respecter la sienne.

    Nous exigeons que la date du versement du RSA de Mr T lui soit indiquée voilà tout, et finalement du bout des lèvres, on nous parle de quinze jours à trois semaines « maximum », à cause du retard de douze jours dans le traitement des dossiers , « le même pour tous les allocataires », mais que tout sera fait cependant pour que ça aille le plus vite possible.

    Nous voilà rassurés, l’égalité des droits qu’on n’a pas, au moins, elle, est respectée.

    Mr T. a même droit à la prise de son numéro de téléphone portable, et à l’assurance qu’il sera appelé pour être tenu au courant de l’avancée du dossier.

    « Tous des racistes », pourrait-on en conclure.

    Ce serait faux. En réalité, parmi tous ces gens qui ont eu en main le dossier de Mr T., qui ont mécaniquement fait ce qu’ils font pour tous les autres dossiers de ce type, il y en a même sûrement qui sont révoltés par le racisme ouvert et brutal.

    Si ceux qui l’ont reçu, ce jour là et les autres d’avant, ont eu un regard excédé sur sa personne, l’ont envoyé paître ou lui ont parlé comme à un chien, la plupart seraient ulcérés qu’on l’attribue à un sentiment raciste, la plupart répondraient qu’ils auraient fait la même chose avec un Français dans les mêmes circonstances.

    Et ce n’est pas forcément faux. Simplement, aucun Français n’a besoin de montrer ses cartes d’identité précédentes pour obtenir le RSA. Aucun Français ne dépend du bon vouloir de la Préfecture de Police pour son versement.

    Lorsque la discrimination est légale, alors le racisme au quotidien n’exige aucune adhésion particulière des fonctionnaires, juste qu’ils fassent leur travail « normalement », et surtout sans y penser.

    Et si l’étranger est détesté plus que les autres, et rejeté, et perçu comme un agresseur permanent, ce n’est pas tant parce les salariéEs sont racistes en soi, mais parce qu’en exigeant simplement ses droits, il leur rappelle que le travail bien fait n’est rien d’autre que la perpétuation passive d’une injustice sans cesse répétée.

    Le problème n’est pas l’image qu’ils ont des immigrées, mais l’image d’eux même qui leur est renvoyée en pleine figure. Et bien, souvent la réaction est d’autant plus violente chez ceux qui se vivent au quotidien comme antiracistes. Quel autre sens donner à ce cri sincère, à ce « Menteurs » hurlé brusquement et contre toute vraisemblance ?

     

    En tout cas, la Préfecture de Police à Paris intervient bien dans l’attribution du RSA à une partie des allocataires.

     

    Et ce, qu’ils soient sans activité ou travailleurs à temps partiel. Au minimum, cette intervention retarde de deux mois le versement de l’allocation mais aussi tous les droits connexes qui vont avec.

    Mécaniquement, cela augmente le nombre de précaires exclus de fait , temporairement ou définitivement du RSA, déjà plus restrictif que le RMI pour les étrangers , et d’autres catégories. Et donc la proportion de précaires contraints d’accepter n’importe quel boulot, à n’importe quel salaire, pour ne pas se retrouver sans ressources.

    Et les conditions de travail sont tirées vers le bas pour tous !

    Lutter pour l’égalité des droits sociaux pour tous, c’est de l’auto défense pour l’ensemble des précaires !

    Ne laissons pas des pratiques discriminatoires s’installer !

    Si vous êtes étranger, qu’on exige de vous des documents autres que vos titres de séjour, que votre dossier est bloqué ou retardé, contactez nous, pour organiser ensemble la riposte !

     

    RESEAU SOLIDAIRE D’ALLOCATAIRES

     

    Retrouvez-nous à nos permanences

    Tous les mardis de 18h à 19h à la Maison des Associations, 15, passage Ramey - 75018 Paris – Métro Marcadet Poissonniers – Bureau « Les vignes » au 1er étage

     

     Tous les mercredis de 13h à 14h, devant la CAF, 67, avenue Jaurès – Métro Laumière

    Réseau Solidaire d’Allocataires- ctc.rsa@gmail.com


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  • Les « doigts brûlés » de Calais

    Le ministre français de l’immigration, M. Eric Besson, a confirmé jeudi qu’il y aurait bien des expulsions de migrants arrêtés lors du démantèlement de la « jungle » de Calais, mardi 22 septembre. A cette annonce, les associations d’assistance aux réfugiés ont fait part de leur inquiétude, car la plupart d’entre eux sont originaires d’un pays en guerre, l’Afghanistan. Elles alertent aussi sur le fait que parmi ces dernières figurent des mineurs, déclarés majeurs au terme d’expertises médicales discutées. Quelque cent vingt-cinq mineurs officiellement reconnus comme tels ont également été interpellés et placés dans des foyers.

    Un fait lié à la situation des migrants demeure cependant peu connu et peu commenté : les pratiques d’automutilation auxquelles pousse le fichage européen.

    Un tiers des demandeurs d’asile reçus aux permanences de la sous-préfecture de Calais se mutilent les doigts afin d’y « effacer » leurs empreintes digitales. L’information, passée inaperçue cet été, émane de Gérard Gavory, sous-préfet de Calais, interrogé en juillet dernier par LibéLille :

    « Depuis le 5 mai, cent soixante-dix personnes ont été reçues aux permanences de la sous-préfecture, à raison de deux jours par semaine. Cinquante et une ont été identifiées par leurs empreintes digitales comme étant passées par les bornes Eurodac en Grèce et en Italie.

    Cinquante-sept ont des empreintes effacées. Trente et une ont reçu une autorisation provisoire de séjour, vingt-neuf sont déjà en Centre d’accueil pour demandeur d’asile (1). »

    Eurodac est un système automatisé de reconnaissance d’empreintes décadactylaires (les dix doigts plus la paume) répertoriant, au 31 décembre 2007, 1 005 323 demandeurs d’asile et immigrants clandestins âgés de 14 ans au moins. Objectif : identifier le pays par où ils sont entrés afin de pouvoir les y refouler, en vertu de la Convention de Dublin. Mis en application en 2007, le règlement Dublin II a comme objectif de limiter les demandes d’asile multiples dans l’Europe de Schengen.

    Ainsi, les autorités françaises ou britanniques expulsent régulièrement vers l’Italie ou la Grèce des réfugiés qui y avaient préalablement été fichés, pour que leurs demandes d’asile soient étudiées dans ces pays, ou qu’ils soient « refoulés » dans leur pays d’origine. Depuis deux ans, un nombre croissant de migrants font ainsi le choix de se mutiler les doigts afin d’en effacer les empreintes, espérant ainsi échapper au fichage d’Eurodac et au système de « réadmission » de Dublin II.

    Le fait est peu documenté. Et pourtant. En août 2008, Julie Rebouillat, du collectif de photo-reporters Contre-faits, publiait cette photographie :

    JPEG - 101.7 ko
    Photo : Julie Rebouillat (CC).

    « Continuellement, précisait la légende, un feu est gardé allumé. Il permet de chauffer l’eau (pour le thé, la lessive ou la toilette), mais également d’y faire brûler des barres en fer avec lesquelles les migrants se mutilent le bout des doigts pour effacer leurs empreintes digitales. »

    Toujours en 2008, Nathalie Loubeyre et Joël Labat réalisaient un documentaire, No comment (Grand prix du documentaire au Festival international du film des droits de l’homme en 2009). Deux séquences montrent comment des migrants se mutilent les doigts, au fer rouge, et au papier de verre (2).

    Aussi étonnant que cela puisse paraître, explique Nathalie Loubeyre, ce type de mutilations est largement connu de ceux qui aident ces migrants, non seulement parce qu’ils se mutilent devant eux, mais aussi parce qu’ils le font avant même d’entrer en Europe :

    « Tous les gens qui travaillent là-bas le savent depuis des années : ça se pratique depuis fort longtemps, et pas seulement à Calais… [Les migrants] veulent pouvoir demander l’asile dans le pays de leur choix, mais, à cause des accords de Dublin, leur but est d’être “vierges” aux frontières. Et donc, certains se coupent ou se brûlent les doigts avant même d’arriver dans l’espace Schengen, car ceux qui sont déjà fichés n’obtiendront pas l’asile. »

    Dans son rapport « La loi des “jungles” », consacré à l’après-Sangatte et publié en septembre 2008, la Coordination française pour le droit d’asile (CFDA) évoquait elle aussi, en note de bas de page, les propos de Lili Boyer, militante à Norrent-Fontes (un village du Pas de Calais), qui parle de « mutilations », décrit l’odeur de « cochon grillé » dégagée par les doigts brûlés et évoque le fait qu’avec Dublin, « les exilés ont vu leur corps se transformer en un élément qui joue en leur défaveur ».

    En juillet 2009, le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU constatait également qu’« afin d’éviter d’être renvoyés en Grèce ou ailleurs, des migrants et des demandeurs d’asile vont jusqu’à brûler le bout de leurs doigts avec des clous chauffés à blanc ou de l’acide sulfurique pour qu’ils ne puissent plus être identifiés via leurs empreintes digitales (3) ».

    En mars, Matthieu Millecamps, journaliste à Nord Eclair, relevait que les militants de Terre d’Errance, l’association de Lili Boyer, en étaient arrivés à surnommer « doigts brûlés » ceux qui décident ainsi de se mutiler pour éviter d’être fichés. L’article comparait également les destins de trois jeunes Erythréens qui avaient réussi à traverser l’Italie, la France, puis la Manche, pour atteindre Londres, et les problèmes kafkaïens auxquels ils étaient confrontés.

    Le premier avait été fiché en Italie ; il travaille avec un faux passeport, « parce que c’est la seule solution » ; ses doigts, brûlés, sont scarifiés, et ses empreintes le font « trembler à la vue d’un policier » : elles lui ont valu, par deux fois déjà, d’être renvoyé en Italie. Le second a vu ses empreintes fichées en Grande-Bretagne, il ne risque donc pas d’être refoulé dans un autre pays. Le troisième, lui, n’a même pas été fiché. Il a juste perdu un œil, d’un coup de barre de fer, lors d’une ratonnade à Calais…

    Sylvie Copyans, de l’association Salam, qui œuvre aux côtés des migrants de Calais, confirme que « de nombreux migrants, principalement les Africains, se mutilent les doigts pour éviter d’être identifiés en se brûlant les doigts sur un bout de fer chauffé à rouge, avec de l’acide, avec du papier de toile émeri ». Un autre témoin de ces mutilations, qui préfère garder l’anonymat, précise que d’autres utilisent des rasoirs jetables pour se râper les empreintes — « peut-être moins douloureux que de se faire brûler les doigts, mais beaucoup plus long (il avait bien dû y passer l’après midi) ».

    Un fichage peu utile

    Ces mutilations entraînent-elles des complications sanitaires ? Mansour, un jeune réfugié afghan qui travaille comme traducteur pour le service de santé des migrants de Calais (PASS), explique que certains ont effectivement des problèmes avec leurs mains, du fait des conditions d’hygiène difficiles, voire déplorables, qu’ils rencontrent dans les « jungles » où ils se réfugient. Sylvie Copyans relativise : « Il m’est très rarement arrivé de devoir soigner des brûlures de ce type. »

    Triste ironie, ces mutilations ne serviraient pas à grand chose : « les empreintes se reforment de toute façon. Cela ne fait qu’allonger des délais qui sont déjà importants dans la procédure de demande d’asile ». Cela amène certains migrants à renouveler la mutilation « environ une fois par mois »… De plus, précise Mansour, non seulement la police arrive souvent à retrouver leurs empreintes digitales, mais la Grèce a également commencé à ficher les empreintes de leurs mains. Ce qui amène certains réfugiés à se brûler désormais les paumes…

    Ce fichage est-il utile aux autorités ? Le rapport d’évaluation du système Dublin, publié en juin 2007 et portant sur les années 2003-2005 (4), permet d’en douter : non seulement le « décalage important » entre les informations transmises et reçues ne permettait pas de mesurer précisément l’efficacité du système, mais celles qui pouvaient être mesurées montrent que 42% des réfugiés fichés parviennent à échapper à la procédure de « réadmission » :

    « Plus de 55 300 requêtes ont été envoyées (soit 11,5% du nombre total de demandes d’asile - 589 499 - dans l’ensemble des Etats membres pour la même période). 72% de ces requêtes ont été acceptées, ce qui signifie que dans 40 180 cas, un autre Etat-membre a accepté d’assumer la responsabilité d’un demandeur d’asile. Toutefois, les Etats membres n’ont en réalité effectué que 16 842 transferts de demandeurs d’asile. »

    La faiblesse des taux de transferts de demandeurs d’asile effectués par rapport à celui des transferts acceptés nuit considérablement à l’efficacité du système. Les Etats membres expliquent ce phénomène par le fait que les demandeurs d’asile disparaissent souvent après la notification d’une décision de transfert.

    Non contents de se mutiler les doigts pour ne pas être fichés, et ainsi espérer rester « invisibles » aux yeux des autorités, les réfugiés n’hésitent pas à disparaître, physiquement, dans la nature…

    Dernier point, et non des moindres : « Faute de données précises, il n’a pas été possible d’évaluer un élément important du système Dublin, à savoir son coût. »

    Jean-Marc Manach

    (1) « A Calais, les Afghans menacés de “retours forcés” », LibéLille, 20 juillet 2009.

    (2) Un extrait est visible sur le site YouTube.

    (3) « France : Le HCR cherche une solution pour les migrants échoués à Calais », Centre d’actualités de l’ONU, 20 juillet 2009.

    (4) Disponible sur le site de Forum Réfugiés.

    SOURCE ICI 


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  • Nous sommes un groupe de personnes investies auprès des migrants depuis plusieurs mois et engagées dans le réseau No Border. Si nous sommes allés mardi 22 au matin soutenir les migrants de la jungle au moment de leur expulsion par la police, c’est avant tout parce que nous avions parmi eux de véritables amis.


    Nous étions témoins depuis des mois de l’arbitraire policier à Calais, de l’usage systématique de l’intimidation, du gaz et des matraques. Nous avons constaté l’absurdité du système Dublin II qui balance les migrants d’un pays à l’autre comme des balles de ping-pong parce qu’aucun d’entre ces pays n’est en mesure d’assumer leurs demandes d’asile.

    Nous avons noté à quel point le danger incarné par les passeurs n’est qu’un épouvantail agité pour légitimer la répression à l’égard des migrants. Nous avons surtout vu combien ces migrants nous ressemblent et ne cherchent qu’à se construire, n’importe où, un avenir décent et paisible, combien les clichés véhiculés contre eux tombent comme des feuilles à leur contact, lorsqu’on prend la peine de leur serrer la main, d’échanger avec eux un thé et de comprendre les causes et les conditions terribles de leur exil. Lorsque nous avons appris la décision du gouvernement de fermer la jungle de Sangatte (Éric Besson, le 16 septembre 2009), nous étions donc légitimement en colère.

    Nous étions une petite dizaine à partir à trois heures pour tenter l’impossible, à savoir protéger les migrants de la violence attendue des policiers. Nous avons constaté à notre arrivée que plus de 150 migrants étaient rassemblés autour de feux de camps, avec des banderoles en anglais et en pachto, exprimant leur envie de rester et d’être respectés, soutenus par de nombreux militants, dans une atmosphère pesante, dans l’attente de la destruction.


     


    Panique et encerclement

    À 7h30, nous avons vu les premiers fourgons arriver puis les policiers prendre position autour de la jungle pour bloquer tous les accès, au point que de nombreux Calaisiens ne pouvaient plus circuler à proximité de la zone des Dunes. Lorsque les policiers ont commencé à investir les lieux, une véritable panique s’est emparée des migrants. Après que certains ont essayé de fuir, la plupart s’est alors rassemblée. Notre premier réflexe, avec les autres militants présents, a été d’encercler les migrants avec des cordes et des banderoles afin de les protéger, ce qui n’était que symbolique face à l’horrible et implacable détermination de l’État.

    Nous avons tous des souvenirs en commun avec ces migrants, nous avions à ce moment à l’esprit les moments passés avec eux. Nous avions dans notre dos des gosses de quinze ou seize ans accrochés à nous, effrayés et en larmes, pendant que les policiers essayaient de nous désolidariser. Après qu’ils ont arraché notre corde, nous avons formé une chaine humaine que les policiers ont rompu en nous tirant par les bras, les épaules, la tête, tout ce qu’ils pouvaient attraper.

    Face à la violence toujours plus appuyée des policiers, la détresse des migrants allait crescendo et nous ressentions face à ça un sentiment de haine et de rage nous faisant oublier toute crainte des risques physiques ou juridiques, ce qui nous a permis à peu de tenir tête durant près de vingt-cinq minutes face à la répression, ceux de nous qui étaient dégagés revenant pour continuer de résister.





    C’est l’Europe qui les insulte

    Les policiers arrachaient les migrants au groupe, trainant certains d’entre eux sur le sol, qui nous regardaient implorant et apeurés. Ces regards étaient insoutenables pour nous qui auparavant y avions vu l’espoir, lorsque ces mêmes garçons nous racontaient leurs rêves et ambitions pour l’avenir. Dans cette rafle, les migrants ont été considérés et traités comme du gibier, déshumanisés et humiliés pour longtemps. Eux aussi ne risquent pas d’oublier ce qu’on leur a infligé ce matin. C’est l’Europe qui les a insultés dans leur dignité.

    Tandis que la population du quartier se réjouit du «succès» de l’opération, nous déplorons que migrants et militants aient été l’objet d’un spectacle organisé pour les médias et l’opinion, dans le but de mettre en scène une mascarade politique visant à faire croire à une résolution du problème, alors qu’il ne s’agit que d’une triste opération de communication du gouvernement et de l’Union européenne.

    Les journalistes ont été expulsés avec la même violence et une caméra a été détruite lorsque les policiers ont commencé à perdre patience face à l’opposition soutenue des migrants et militants. Les migrants essayaient eux aussi de résister, mais étaient davantage la cible des policiers lorsqu’ils tentaient de maintenir les lignes avec nous.

    Nous posons la question : qu’est-ce que les autorités ont à craindre de la présence des journalistes ? Pourquoi les ont-ils éloignés ? Nous soupçonnons l’État de chercher à cacher au public sa façon d’agir et ses méthodes pour «résoudre» la question des migrants.

    Nous tenons à dire que nous n’oublierons pas certaines images de violences et de détresse, qui renforcent notre détermination et notre mépris pour ce système qui génère chaque jour plus d’injustice. Ce que nous ressentons désormais, c’est l’étendue de notre impuissance et un dégoût prononcé pour les politiques actuelles.

    Il est plus que temps de poser autrement la question des frontières, afin que chacun comprenne que la fermeture n’est ni une solution, ni un moyen démocratique de résoudre la catastrophe économique que nous vivons tous à cause du capitalisme. La crise n’est pas le fait des étrangers, légaux ou non, elle est partie intégrante d’un système qui se sert du chômage et des licenciements comme d’une variable d’ajustement pour une machine bancale.

    Nous nous battons quotidiennement contre les politiques d’immigration actuelles, car elles ne sont que l’expression d’un individualisme insupportable et malheureusement ordinaire qui tend à faire de l’étranger un intrus responsable de tous les maux du capitalisme. La stigmatisation d’une population, si elle est suivie de mesures législatives et policières à son encontre (prise d’empreintes, fichage systématique, contrôle au faciès, dénis de droits élémentaires, mise en place de polices spécifiques, arrestations groupées et rafles…) ne peut aboutir qu’à la barbarie.

    Ce qu’il s’est passé à Calais ce matin n’est pas une conséquence, mais un précédent. L’Europe n’en est ni à son premier ni à son dernier coup-bas ..



    LE JURA LIBERTAIRE  


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  • Ric la Jungle salue la “délicatesse des CRS”…

    L'élégant Eric Besson s'est rendu dans la jungle près de Calais quelques heures après l'intervention des forces de l'ordre visant à démanteler le dernier quartier de migrants. 276 personnes ont été interpellés dont 135 mineurs. Une fois de plus, la nature humaine a été bafouée mais le sinistre ministre de l'Immigration s'est félicité de la bonne marche de l'opération. Il a même remercié les CRS pour avoir agi « avec délicatesse ». A ce niveau de cynisme, on ne sait si l'on doit rire ou pleurer.  Une chose est sûre, après avoir fait douter ses comparses de l'UMP lors de l'affaire des tests ADN, il a réussi brillamment hier à passer son brevet de droite… extrême. Quelle jolie trajectoire depuis son départ du PS ! Et dire qu'il devait arrêter définitivement la politique après sa trahison de 2007. C'eut été vraiment une immense perte que de se passer des services de celui qui, à force de flatteries et de servilités, est devenu le chouchou de l'Elysée. Les dernières rumeurs l'annoncent même comme futur locataire de Matignon. Ça s'arrose… A l'eau non potable !

    RUMINANCES ICI 


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  • En Italie, le 8 août, est entré en vigueur le «Paquet Sécurité», nouvelle série de lois et mesures sécuritaires. Parmi ces mesures il y a l’augmentation de la durée de rétention des personnes dites sans-papiers : 6 mois d’enfermement contre 2 auparavant. Immédiatement, dans plusieurs CIE (centres d’identification et d’expulsion), les retenus se sont révoltés : émeutes, incendies, organisations de tentatives d’évasions collectives, grèves de la faim et de la soif.


    À leur révolte ont fait écho toutes celles et ceux qui à l’extérieur luttent pour la fermeture des CIE et la liberté de circulation et d’installation en général. Ainsi, de nombreux retenus mettant en accusation le rôle des employés de la Croix Rouge dans les centres, plusieurs personnes ont occupé il y a quelques jours le siège de cet organisme à Turin. Des témoignages de personnes enfermées (entre autres un témoignage où un retenu parle du comportement de la Croix Rouge à Ponte Galleria, centre de rétention situé à Rome) ont été lus et distribués aux employés et aux passants.

    Suite à cela, la CGIL-Fonction publique de Turin (pour ceux qui ne le sauraient pas la CGIL est la grosse confédération syndicale … de gôche en Italie) a pondu un communiqué condamnant l’occupation. Voici ci-dessous ce court communiqué puis la réaction des camarades qui, en Italie, luttent contre les centres de rétention :

    On ne tire pas sur la Croix Rouge
    Dans la soirée d’hier un petit groupe de 16 anarchistes a occupé le siège de la Croix Rouge italienne de Turin pour contester la fonction d’assistance confiée à la Croix Rouge internationale auprès des centres d’identification et d’expulsion (ex-CPT).
    Être contre la politique raciste et xénophobe du gouvernement ne peut en aucune façon remettre en cause et accuser le travail des salariés de la Croix Rouge, qui, dans des conditions extrêmement difficiles garantissent l’assistance sanitaire aux centaines d’êtres humains reclus, dans des conditions insupportables, dans des centres qui ressemblent toujours plus à des camps de concentration.
    Cela vaut la peine de rappeler que les salariés de la Croix Rouge n’appartiennent à aucun corps militaire ou armé. Au contraire, pour la majeure partie, ce sont des travailleurs précaires qui accomplissent leur devoir, luttent pour maintenir l’assistance civile et et publique à toutes les personnes en difficulté. Pour le reste il suffit de rappeler la fonction humanitaire que la Croix Rouge internationale exerce en situation de frontières comme Lampedusa pour comprendre que l’esprit qui anime les salariés de la Croix Rouge n’est certainement pas celui des prisons de Guantanamo.


    Suite à cela, un texte de mise au point a été fait, accompagné d’une vidéo à faire circuler sur le rôle de la Croix Rouge dans les centres d’expulsion et d’identification italiens. Les voici :


    Les clefs

    Quelques faits survenus ces derniers jours nous laissent supposer qu’il y a des choses équivoques sur le rôle exact que jouent à l’intérieur de la «machine à expulser» toute une série d’organisations «humanitaires» ou «d’assistance» qui détiennent la gestion des 13 centres d’identification et d’expulsion qui sont disseminés sur le territoire. Nous parlons de la Croix Rouge bien sûr mais aussi de la Misericordia, des consortiums des coopératives Connecting People et Self pour parler des premiers noms qui nous viennent à l’esprit. À chaque fois que cette question revient sur le tapis, il y a toujours quelqu’un pour dire «Mais pourquoi vous vous attaquez à eux ?», «Si ce n’était pas eux qui soignaient les retenus ?, qui le ferait ?» Avant tout, quand on parle de la Croix Rouge on a presque l’impression que son rôle dans les centres se limite à organiser les gardes à l’infirmerie, à contrôler la date de péremption des médicaments et à veiller au rigoureux respect des «droits humains» dans les cages. Ce n’est pas comme ça.

    Gérer un centre ça signifie avoir en adjudication la gestion complète. Ça signifie recevoir de l’argent du ministère et avec eux organiser la vie à l’intérieur — en dehors de la surveillance, confiée aux forces armées et à la police. La Croix Rouge qui gère les centres est responsablede tout et ce qu’elle ne fait pas directement de ses propres mains, elle l’adjuge aux autres, gardant toujours la responsabilité principale. C’est la Croix Rouge qui doit se plaindre auprès de la Camst et de la Sodeho si dans la soupe des retenus il y a des cafards ou si les épinards qui sont servis sont périmés, pas la préfecture. Pareil pour la qualité des draps et de la propreté, c’est la Croix Rouge qui est responsable. La Croix Rouge choisit comment dépenser l’argent des préfectures, comment organiser les services, opère certains choix en autonomie et d’autres en commun accord avec les responsables de la préfecture de police. Dans les centres en  fait, la Croix Rouge est tellement affairée qu’elle n’a pas le temps de soigner l’infirmerie qui de fait est réduite à un distributeur automatique de psychotropes et calmants. Voilà en quoi consiste la fameuse «supervision humanitaire».

    Expliquons-nous avec une image précise : dans deux des trois centres gérés actuellement par la Croix Rouge en Italie, les salariés ont en main les clefs des cages. Ils les ouvrent les cages, quand il faut, et quand il faut, ils les ferment. À Ponte Galeria à Rome et à via Corelli à Milan, chaque jour et à chaque heure, à séparer un sans-papier de la liberté il y a un salarié de la Croix Rouge avec des clefs dans les mains. Et aussi au centre Brunelleschi à Turin, même si le trousseau de clefs ce sont les policiers qui matériellement le tiennent, le rôle des salraiés de la Croix Rouge dans les CIE est celui de gardiens de prison.

    Et même si ce n’était pas vrai que les salariés de la Croix Rouge ferment les yeux sur les passages à tabac ou quils y participent ; si ce n’était pas vrai qu’ils rient quand des retenus désespérés se mutilent et hurlent de douleur ; si également ils n’étaient pascomplices des abus sexuels contre les détenues et négligeants face aux problèmes de santé même graves des prisonniers ;

    si tout cela n’était jamais arrivé, si Hassan nétait pas mort sous leurs yeux indifférents et Salah et Mabruka non plus — même si tout cela n’était jamais arrivé, les salariés de la Croix Rouge travaillant dans les centres restent de toute façon des matons.

    L’«impartialité», l’«équidistance» de la Croix Rouge entre l’État et les reclus est entièrement déséquilibrée par la fidélité aux lois de l’État qui enferme. Être équidistant et impartial, si on est logique, cela veut dire évaluer la possibilité de violer les lois, douvrir les cages. Il est évident que ça ne peut être comme ça et et que cette «équidistance», cette «impartialité» ne sont que de vides artifices réthoriques.

    Quelqu’un affilié à la Croix Rouge qui voudrait donner de la substance à ces qualificatifs doit avoir la prétention que l’institution qu’il sert sorte des centres. Et la même chose vaut pour les salariés de la Misericordia de Modène ou Bologne, des coopérants de la «Connecting People» à Gorizia ou de ceux du consortium Self, de la cooperativa Albatros, de «Malgrado tutto», de Sisifo, de la Blucoop…

    Notre discours n’est pas nouveau. Mais il est important de le clarifier vraiment maintenant, surtout envers ceux qui définissent les nouvelles lois sur limmigration «lois raciales» et «camps de concentration» les CIE. Il ne doit plus y avoir d’excuses ni d’équivoques : si les CIE sont vraiment toujours plus similaires aux camps de concentration, vouloir les gérer est une chose infâme et il faut le dire haut et fort. Face à un camp de concentration, la non collaboration est le minimum et il faut savoir la revendiquer, il faut lutter pour l’élargir et aller au-delà. Et si les nouvelles lois sont vraiment des «lois raciales» les pétitions et les cortèges ne servent à rien si en plus le gouvernement applique ces lois grâce à notre propre travail.

    Ou on choisit la non collaboration et puis l’opposition active, pratique et déterminée ou on finit dans un guépier fait de déclarations ronflantes et compromises, de beaux principes et de pratiques collabos, de discours aiguisés et d’équivoques intéressés. Un guépier dans lequel chaque tension éthique se perd et avec elle aussi le sens même des mots et de notre humanité.


    (Tous les enregistrements et vidéo que nous vous joignons sont des enregistrements de coups de téléphone éffectués les 5 derniers mois avec les retenus des CIE de via Corelli, Ponte Galeria e corso Brunelleschi — tous les trois gérés par la Croix Rouge. Les conversations téléphoniques ont été retransmises en direct sur Radio Blackout de Turin et sur Radiocane de Milan, ou archivées sur le site Macerie su macerie.)


    Pour lire quelques témoignages de retenus traduits en français, voilà les liens (les témoignages sont d’abord en italien puis en français) :

    Qui est la poule mouillée ?
    Grève de la faim et de la soif à Ponte Galeria
    Théorie et pratique de la détention administrative


    Pour finir, rappelons qu’en France, les employés de la Croix Rouge sont présents dans la zone d’attente de Roissy, une prison pour les étrangers auxquels l’accès au territoire français est refusé. Plusieurs milliers de personnes y sont enfermées chaque année. Une journaliste, Anne de Loisy, après avoir passé six mois comme médiatrice dans cette zone d’attente a écrit un livre : Bienvenue en France. Vous y trouverez quelques renseignements sur le rôle de la Croix Rouge dans ces lieux.

    Vous y apprendrez aussi qu’une note de la direction de la Croix Rouge, qui a d’ailleurs porté plainte contre l’auteure du livre, demande expressément et officiellement à ses employés qui ont parfois du mal à supporter en silence toutes les horreurs dont ils sont témoins, de ne pas faire de vagues : «Nous vous demandons dans le respect du principe de neutralité de la Croix Rouge de cesser tout commentaire sarcastique à l’encontre [de la police aux frontières] dans le cahier de liaison.»

    Infozone, 16 septembre 2009
    Liste d’information pour la France sauvage.


    Voir aussi Quand la Croix-Rouge part en croisade…
    tract du 24 mai

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  • Casseurs de têtes


    Vous vous souvenez de l’affaire Abou Bakari Tandia ? Ce Malien mort en 2005 à la suite d’une garde à vue à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine…

    Photo: Abou Bakari Tandia

    Il y a du nouveau, et ce n’est pas joli, joli :

    «Un complément d’expertise de l’Institut médico-légal dans l’enquête sur la mort d’un sans-papiers malien après sa garde à vue contredit complètement la version policière.»

    Cause de la mort: «un ébranlement cérébral par violente(s) secousse(s) de la victime»… Un scénario qui rappelle sinistrement le «syndrome du bébé secoué» (mais les adultes ne sont pas à l’abri, à partir d’un certain niveau de violence…) – et qui est incompatible avec la version policière des éternelles «blessures auto-infligées» par le prévenu. Oups. Faut-il s’étonner que des pièces du dossier se soient pendant un moment «égarées»?

    Tiens, vous vous souvenez de la chanson de Montant, «Casse-têtes»? Le poète aurait aurait pu ajouter «chez les flics de France» à la liste des lieux dangereux…

    «Est-ce que je rêve de vengeance,
    De têtes policières éclatées,
    De tête de chasseurs sanglantes,
    De têtes de racistes en purée? [...]
    Je suis mort, répondez pour moi!»

    Un rassemblement est prévu le 12 septembre devant le Ministère de la justice pour demander la vérité et la justice. Et la fin de ce genre de drames.

    IRENE DESLE 

     

    *

    un enchaînement scandaleux de dysfonctionnements des services publics :

    • Classement “sans suite” par le procureur de Nanterre en poste en 2005 avant les conclusions définitives d’autopsie !
    • Disparition pendant 4 ans des principaux éléments du dossier médical
    • Caméra “en panne” dans la cellule de garde à vue où Abou Bakari est tombé dans le coma
    • Disparition de certains vêtements de la victime
    • Les autres vêtements n’ont pas été conservés dans des conditions permettant l’exploitation d’indices scientifiques

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  • Italie : chronologie détaillée des révoltes et émeutes dans les centres de rétention et les prisons (6-23 août)
    (Le 23 août 2009)


    La nouvelle loi sur la « Sécurité » du ministre de l’Intérieur Maroni qui prolongé la durée de rétention de 2 à 6 mois est entrée en vigueur le 8 août dernier. Il y a actuellement sept centres de rétention, tous ultra surpeuplés (à Naples ou Florence, les sans-papiers sont souvent relâchés vu que le centre proche avec un peu de places est à Bari, à mille kilomètres de là). Depuis l’an dernier dans une dizaine de villes, ce sont par ailleurs des soldats qui patrouillent dans les villes avec la police (à Gênes où ils sont présents depuis peu, les Chasseurs-Alpins ont par exemple été harcelés les 8, 10 et 15 août, ce qui a conduit à une enquête contre 19 anarchistes du coin). Mais ce sont aussi des soldats qui sont chargés de la surveillance des centres de rétention. Enfin, le sigle des centres de rétention a changé, de CPT il est devenu CIE ( centro di identificazione ed espulsione : centre d’identification et d’expulsion).

    Nous avons aussi inclus dans cette chronologie les révoltes dans les « prisons classiques », vu que nous laissons volontiers les distinctions entre les différents types de cages aux démocrates et aux degôche.


     

    4 août, Rome : Un groupe d’une quinzaine de sans-papiers algériens du CIE de Ponte Galeria qui protestait contre le tabassage d’un retenu (un malade du coeur tabassé parce qu’il souffrait trop sans médicaments) est mis à l’isolement. Des témoins de la scène seront expulsés le lendemain.

    6 août, Ancône : les détenus de la prison de Montacuto (391 prisonniers pour 172 places) commencent un mouvement de révolte qui durera trois jours, notamment en battant les barreaux et en brûlant leurs tee-shirts.

    6 août, Milan : Vers 17h, début de la grève de la faim des retenus du CIE de via Corelli, très suivie, également par la section « femmes ».

    7 août, Rome : Les retenus du CIE de Ponte Galeria entament à leur tour une grève de la faim.

    8 août, Gradisca d’Isonzo : une centaine de sans-papiers montent sur le toit vers 22h et résistent aux flics jusqu’à 2h : objets variés, bouteilles et morceaux de portes contre lacrymogènes. Les dégâts contre le centre sont importants, faisant passer ses capacités de 248 a 194 places. Une trentaine de retenus seront transférés par la suite à Milan, et 40 soldats de la brigade « Pozzuolo del Friuli » viendront renforcer les 40 autres de l’unité « Genova Cavalleria » pour remplacer les flics à l’intérieur...

    9 août, Rome : Manifestation sauvage d’une vingtaine de personnes sous les murs de la section « femmes » du CIE.

    12 août, Milan : les sans-papiers du CIE sont au cinquième jour de grève de la faim, dont trois de grève de la soif. 34 retenus du CIE de Gradisca viennent d’arriver. Un rassemblement s’est tenu devant le centre, et plusieurs sans-papiers ont battu longtemps les barreaux, mais sont aussi parvenus à dégonder plusieurs portes.

    13 août, Milan : Le soir éclate une dure émeute, où tout ce qui peut l’être est brûlé, la police et les militaires interviennent et ont besoin de deux charges successives pour mater tout le monde. Deux modules sur cinq sont détruits. Nombreux tabassages et nombreuses fractures (têtes, jambes, etc.). 14 sans-papiers, 5 nigérianes et 7 hommes de diverses nationalité, sont incarcérés pour « incendie volontaire » : Joy Omorui, Florence Peter, Helen Erauyi, Priscilla Lorence, Debby Pishans, Said Ennohi, Lacine Kone, Abdelaziz Mahfoudi, Luis Miguel Pereira, Ibrahim Sharaki, Jaxad Zueniu, Fatah Kalem, Mohamed Elabbouby, Hassan Allali. Les compagnons qui tentaient d’empêcher dehors le transfert au commissariat sont repoussés part les flics en nombre.

    13 août, Turin : les sans-papiers du CIE de corso brunelleschi (capacité de 60 hommes et 30 femmes) commencent une grève de la faim. La police est intervenue en force pour tenter de les dissuader, et parce qu’elle craignait un début d’émeute.

    14 août, Turin : rassemblement devant le CIE, vite cerné de flics et de Chasseurs-Alpins. A l’intérieur, les retenus dégondent les portes et résisteront à trois charges avant d’être tabassés. Vers 22h30, un retenu monte seul sur le toit et y restera une demie-heure.

    15 août, Turin : La nuit dernière vers 2h30, une vingtaine de retenus du CIE de corso Brunelleschi sont montés sur le toit, et n’y sont redescendus qu’une heure-et-demie après sous la menace. Les premiers grévistes de la faim commencent à interrompre la grève.

    16 août, Bari : Dans la nuit a explosé une révolte à l’intérieur du CIE par des retenus marocains et tunisiens qui ont mené une guerilla pendant cinq heures, provoquant des dizaines de milliers d’euros de dégâts. Cette fois encore, ils ont dévasté les lits, brisé les robinets et les conduites d’eau, les utilisant comme des barres pour dévaster tout ce qu’ils ont pu, avant de grimper aux murs et sur les toits. Deux immigrés ont été incarcérés à cause des caméras, un tunisien de 25 ans et un marocain de 30 ans. Les soldats du « Bataillon San Marco » chargés de garder le centre n’ont rien pu faire.

    18 août, Bari : Plus d’informations sortent petit à petit du CIE. Les deux immigrés ont été incarcérés en rétorsion de la protestation de la nuit dernière, et sont accusés de « dévastation » et « saccage ». Selon la police, la protestation de la nuit du 15/16 août aurait causé des milliers d’euros de dégâts et aurait été une tentative d’évasion collective.

    18 août, Milan : Après les manifestations de protestation et le battage des barreaux du 12 août dans le CIE, puis la révolte du lendemain contre la décision punitive de prolonger la rétention de 60 jours supplémentaires contre les sans-papiers en grève de la faim, la répression policière et judiciaire s’est abattue avec violence. Ses effets se résument avec ces chiffres : 14 incarcérés (9 hommes et 5 femmes), 29 sans-papiers transférés dans le centre de Bari-Palese (un des plus grands du pays), 19 transférés à Brindisi (où vient d’ouvrir un nouveau centre).

    18 août, Modène : Après les révoltes dans les CIE de Gorizia, Milan, Turin, Lamezia Terme et Bari, c’est au tour de celui situé via Lamarmora à Modène. La protestation a commencé hier après-midi par une grève de la faim lancée par une trentaine de nords-africains. Le soir, certains reclus ont mis le feu à plusieurs matelas, provoquant un incendie que les pompiers ont mis près de trois heures à éteindre. Le feu de rage des révoltés a sérieusement endommagé quatre chambrées, et 12 femmes ont été transférées dans un autre centre. La police a du libérer 4 chinois, ne sachant plus où les mettre.

    18 août, Turin : Des tags (“Cie lager” et “No Cie”) sont apparus entre hier après-midi et la nuit.Ce sont les murs extérieur du siège de l’entreprise Camst qui ont été pris pour cible, soit « la plus grande entreprise à capital italien de restauration collective » qui fournit les repas à l’intérieur.

    18 août, Sollicciano (Toscane) : Dans cette prison, au moins 500 prisonniers se sont révoltés (ils sont 950 pour 400 places). Tout ce qui pouvait être incendié dans les cellules l’a été et lancé à travers les barreaux et dans les couloirs, tandis que les voix des détenus faisaient entendre un seul cri : « Liberté ». Cela a duré de 23h hier à 1h ce matin, puis a repris ce matin vers 10h30. A l’extérieur, un gros cordon de carabiniers et de flics a entouré la prison, prêt à intervenir en cas d’évasion.

    18 août, Bologne : deux jeunes se sont évadés hier de la prison pour mineurs de Pratello. Ils ont agttaqué un maton lors de la promenade puis se sont enfuis. 18 août, prisons de Rome, Como, Pérouse : A Rome, draps incendié, battages de barreaux sans fin et slogans depuis plusieurs jours. A Como, les prisonniers de « Bassone » battent les barreaux depuis trois jours. A Pérouse, un prisonnier a bouté le feu à un matelas dans la cellule, et les autres ont fait un refus de remonter de promenade.

    19 août, Bari : « Solidarité avec les immigrés enfermés dans le CIE. Solidarité avec les révoltés. Liberté pour tous » est ce qu’il y avait écrit sur une gigantesque banderole fixée avec des chaînes entre deux feux rouges de la ville, bloquant la circulation corso Benedetto Croce.

    20 août, Rome : Toujours avec des chaleurs supérieures à 40°, les détenus de la prison romaine de Regina Coeli ont recomencé après le repas de midi à battre les barreaux tandis que des bonbonnes de camping-gaz [autorisées en Italie pour cuisiner] explosaient vers l’extérieur. Les femmes de la prison de Rebibbia ont obtenu l’ouverture des cellules du matin au soir, et le libre accès aux douches. La veille, elles avaient refusé de rentrer en cellules de 23h à 3h du matin.

    21 août, Gradisca di Isonzo : Ce matin, malgré le régime de sécurité maximale imposé par le préfet de Gorizia suite à la révolte de samedi dernier, 7 reclus du CIE ont réussi à s’évader en forçant les barreaux des cellules. Deux autres ont été capturés sur les toits.

    21 août, Milan : Début du procès des 14 incarcérés suite à la révolte du CIE de via Corelli. Beaucoup de personnes solidaires au tribunal, et un grand bordel entre les protestations des reclus et les cris du public. Prochaine audience le 25 août.

    22 août, Monza : Après Bologne et Voghera, un prisonnier a réussi à s’évader de la prison de Monza. Le troisième en quelques jours.Ce détenu libérable en 2012 et incarcéré pour braquage était affecté au transport des poubelles, et il a réussi à fausser compagnie au maton de garde puis à grimper le grillage.

    23 août, Turin : nouveau rassemblement sous le CIE.

    Brèves du désordre 

    Infos traduites de l’italien :
    http://www.autistici.org/macerie/
    http://informa-azione.info


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  • Depuis le 25 mai, les étrangers détenteurs d'un titre de séjour provisoire (APS) ne peuvent plus quitter sans problème le territoire français, parce qu'il leur sera demandé au retour un visa pour rentrer en France. Cette nouvelle tracasserie administrative, destinée à limiter la circulation des immigrés et à restreindre leurs droits, est passée complètement inaperçue, le ministère n'ayant pas jugé bon d'en informer les principaux intéressés. Résultat : de nombreux immigrés se retrouvent bloqués à la frontière en rentrant de vacances ou en revenant d'un séjour dans leur pays d'origine, sans comprendre ce qui leur arrive.

    Ainsi une femme d'origine algérienne, traitée en France depuis six mois pour un cancer du pancréas, a dû attendre deux mois pour pouvoir continuer à suivre son traitement, entraînant une aggravation de son état de santé. Elle faisait pourtant le trajet régulièrement depuis plusieurs mois, mais la circulaire administrative ne lui a jamais été communiquée. Heureusement, cette personne a été aidée par les associations d'aide aux immigrés. Mais combien d'autres vont rester à la frontière sans aucun recours !

    Aline URBAIN

    SOURCE 


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  •  

    Une centaine d’enfants manqueront à l’appel à la prochaine rentrée dans le bassin de Béziers

    Alors que le collectif Roms de Béziers avait, ... quelle folie !, espéré une solution bienfaisante, sensible à la condition desespérée et pitoyable des intéressés, bref une solution humaine, l’expulsion du camp de roms de Servian (situé à environ 15 km de Béziers dans l’Hérault) a été décidée.

    Que vont devenir la centaine d’enfants du camp ?

    Qui s’en soucie ?

    Je vous livre le rapport final du président de l’ABCR (association bitérroise contre le racisme), membre du collectif Roms.

    "Fin d’un épisode ( au 1 er août)

    Les … comment dire … les habitants, les personnes, « les sauvages » … qui se sont « installés » route du Golf à Servian, ont refusé les solutions qui leur ont été proposées par la ville de Béziers, de Servian, la Sous Préfecture … qui s’occupent d’eux, cherchent des solutions depuis longtemps …

    Même un Procureur de la République qui énonce des mensonges en audience publique.

    Non pas qu’il soit un menteur, il rapporte les informations qu’il reçoit, auxquelles il fait confiance, m’a-t-il dit quand je l’ai interpellé en fin d’audience.

    Vive altercation où j’ai même décelé sous des propos sibyllins que « nous » ( ?) serions responsables de cette situation …

    Passons sur les stéréotypes de gens sans documents d’identité parce qu’ainsi ils ne seraient pas reconductibles, non ne passons pas : ces gens sans documents d’identité (quelques uns certes) ont fui la guerre, les spoliations, les crimes et les viols.

    Comment oublier que la migration des Roms d’ex Yougoslavie est une migration récente, que ces personnes se revendiquent toujours Yougoslaves parce que telle est leur unique identité administrative, ni Monténégrins, ni Kosovars ni Serbes … qu’elles n’avaient jamais songé à quitter leur terre, celle où ils sont arrivés dix siècles en arrière, où ils avaient leur maison, leur bout d’espace, où ils vivaient à leur manière, mais où du temps de Tito ils vivaient en paix.

    L’éclatement de l’ex Yougoslavie et la constitution de 6 états indépendants, au prix de dizaines de milliers de victimes, états à base ethnique, religieuse ou nationale a brutalement fait d’eux des indésirables.

    Pourquoi ?

    Inlassablement désignés comme indésirables, nuisibles, le fruit était mûr en 1940 pour qu’on les extermine sans trop de réprobation dans l’Allemagne nazie et ses pays satellites, solution radicale pour en finir avec eux.

    Objets d’un constant dénigrement, les Roms sont les nouveaux juifs. Mais nul ne songera aujourd’hui à les gazer une deuxième fois même si la Bosnie (Srebrenica), la Serbie, le Kosovo (camps de réfugiés Roms sur des terrils de mine de plomb) … eux aussi ont eu recours à l’extermination de musulmans, de Roms … d’indésirables, parce que musulmans ou Roms.

    Roms mais non moins humains, Roms mais non moins animés du même instinct de survie que n’importe lequel d’entre nous, tous ceux à qui malgré tout il restait assez de forces et de dignité pour refuser les mauvais traitements ont fui l’ex Yougoslavie.

    Auraient-ils dû rester et se faire allègrement massacrer sur place, spolier sans rien dire, voir leurs maisons détruites et cohabiter quand même avec ces voisins ou « amis » qui tout à coup se sont retournés contre eux ?

    Ces familles ne reviendront pas en Ex Yougoslavie, plutôt crever. Quand aux Roumains et autres Bulgares, Roms aussi, au « camp de la Baume » aussi, « affranchis » il y a cent ans à peine, méprisés et rejetés, les plus pauvres des pauvres ont tenté leur chance ailleurs lors de l’adhésion de leur pays à l’Europe.

    Ils ont vite compris qu’ici ce serait difficile, très difficile de vivre, mais survivre c’est ici plus facile que chez eux, ici la ferraille avec abnégation et huile de coude peut permettre de manger un peu tous les jours, ceux qui ont des enfants le plus souvent restent.

    D’autres partent (22 départs volontaires (prise en charge OFII) sur ce site), faudrait voir leur joie quand ils embarquent au TGV de 7h37 direct Roissy puis vol direct Bucharest ; ici c’est raté mais il rentrent chez eux, chez eux depuis des siècles aussi.

    Au moins là bas même s’ils retrouvent intacte la misère qu’ils ont laissée ils retrouvent aussi père mère, enfants parfois, famille et lieux habituels, même s’ils sont « parqués » entr’eux, même si les enfants n’iront pas à l’école (très peu d’enfants Roms y sont scolarisés), même s’ils vont mourir avant 55 ans, leur espérance de vie conséquence de la misère chronique, du manque de soins … de tout ce que subissent partout tous les parias.

    Roms d’Europe centrale ou des Balkans, pour les uns comme pour les autres partout le même dénigrement, pas seulement en Italie, pas seulement en Allemagne, pas seulement en Autriche, en France aussi, à Béziers notamment.

    Déchaînement de la presse régionale, pas un jour sans que des informations (mais qui donc les « informe » ?) à propos du « camp de la Baume » ne les présentent comme de dangereux asociaux.

    Pas un jour sans qu’ils ne soient collectivement et sans ménagement livrés à la vindicte populaire.

    Quelques récents exemples seulement :

    - « un bon nombre de Roms appartenant à un réseau de cambrioleurs (opération barillet 34 ) », Midi Libre 30 juillet.

    Est-ce que 1 ou 2 constitue « un bon nombre », parce que la dite opération s’il elle a conduit à 10 interpellations sur le site s’est adressée à 4 personnes dont 3 conduites en centre de rétention pour séjour irrégulier (et comme d’habitude relâchées au bout des 15 jours règlementaires de rétention, faute de laisserpasser consulaire) , et la quatrième, une mère de 6 enfants relâchée le jour même, à 4 personnes relâchées le lendemain sans qu’aucune charge ne soient retenue contre elles, et enfin à 2 personnes, placées sous mandat de dépôt (l’une des deux est toujours incarcérée) .

    - Interpellations du 27 juillet Midi Libre … « présomption de vols », entr’autres accusations, … sauf que de cela il n’en a jamais été question à l’audience.

    - Un lieu où il serait difficile d’entrer toujours Midi Libre : inconscient cet enseignant qui, avec l’accord de sa hiérarchie, a fait travailler ses élèves avec les enfants du site.

    Quelle frayeur rétrospective pour les parents …

    Quelle inconscience chez ceux qui, comme nous, sont quotidiennement sur le site.

    Nous qui pouvons affirmer que mensonges et calomnies orchestrées sont le lot commun de ce que nous lisons et entendons.

    101 enfants et jeunes adolescents plus leurs parents et quelques personnes isolées, telle était la composition du groupe qui vivait là, faute de mieux.

    Ils auraient bien voulu vivre ailleurs, éviter la promiscuité, retrouver des conditions d’hygiène acceptables, quitter ce « camp pourri », éviter à leurs enfants la présence et les morsures de rats, mais aller où ?

    Que les élus et autres décideurs se rassurent, le « camp de la Baume » n’existe plus ou presque ; seuls ceux qui n’ont pas encore trouvé l’ailleurs sont encore là, mais ils trouveront. Pauvres et têtus, obstinés à survivre ils n’auront pas le mauvais goût de se suicider sur place, même si un vent de panique a soufflé cette semaine sur le site : les familles se sont éparpillées dans la nature, n’importe où, n’importe comment, caravanes qui cassent dans la précipitation, tension …

    Et désolation : harcelés quotidiennement, humiliés, désemparés, faut voir … quelle tristesse !

    Le sentiment de n’être que du bétail, des animaux qui n’auraient ni conscience ni états d’âme, ni émotions, ni joies ni peines, ni amour les uns pour les autres, les enfants pour leurs parents les parents pour leurs enfants, honte de ne pouvoir faire mieux, plus, autrement …

    Qui peut encore imaginer l’humiliation d’un père ou d’une mère rudoyé, verbalement certes, que psychologiquement certes, mais ainsi maltraité sous les yeux de leurs enfants, éteints depuis quelque temps …

    qui peut encore imaginer la douleur de tous, parce que même les animaux souffrent des mauvais traitements.

    Ils s’en remettront, ils ont l’habitude.

    Certes ils ne seront plus sur la commune de Servian mais ils restent autour de Béziers ( déjà se profilent de nouveaux ghettos) : n’en déplaise aux imbéciles ils ont le souci de la scolarisation de leurs enfants, ils ont le souci de poursuivre aussi leur travail, et oui ils travaillent, la ferraille, nos déchets, faut voir ce qu’ils en tirent encore de ce que nous jetons, faut voir ces adolescents(es) qui retirent le cuivre des alternateurs (2€ le kg – 1 kg à l’heure à peu près – 10 heures, 20 euros, on mange, même à 5 ou 6 ou plus), non ils ne vivent pas d’aide sociale même s’ils perçoivent dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance une aide du Département (90 euros pour 1 enfant, 135 pour deux, plafonnée à 500 pour 6 enfants et plus, aide qui n’est pas mensuelle parce que soumise à conditions comme celle d’un entretien préalable qu’ils manquent parfois comme ils manquent d’autres rendez-vous, véhicule indisponible, pas d’essence ... ou simplement oubli, du jour, de l’heure).

    Au passage n’oublions pas les travailleurs sociaux du Département, les seuls qui se soient préoccupés du sort de ces enfants, les seuls qui avec constance se soient intéressés à eux, enfants et enfants seulement, ni origine ethnique qui vaille, ni religion ou comportement des parents qui vaille, tous enfants d’abord.

    Songez que l’agglo a refusé de leur porter de l’eau, même non potable avions-nous demandé, pour rafraîchir et/ou laver les gosses.

    Ils ont refusé !

    Inutile de revenir sur l’attitude du maire de Béziers et de son premier cercle, technique, administratif, politique, hermétique à toute considération pour ces personnes, affichant ostensiblement leur seul et unique souhait : ailleurs !

    Inutile de revenir sur le député, il n’a même pas eu la courtoisie de répondre à notre demande d’entrevue, il est vrai que nous n’avions pas d’inauguration à lui proposer, pas de photo à prendre pour l’afficher dans la presse locale, juste lui exposer la situation au cas où il ne la connaîtrait pas et lui demander son appui dans la recherche de solutions : une incroyable audace de notre part !

    Mais revenons sur l’agglo : pas un seul maire ou autre élu qui se soit préoccupé du sort de ces familles et en particulier de ces 101 enfants ou adolescents, pas un !

    Comment est-ce possible que pas un seul ne s’en soit soucié ?

    Revenons aussi sur le comportement de l’Etat en la personne du Sous Préfet et de ses services : en eux nous avions un brin de confiance, depuis février ils étaient les seuls à affirmer une volonté, que nous avions fini par croire sincère, de régler ce « problème » humainement (dixit le S Préfet) malgré l’opposition affichée aux deux réunions où nous avons participé de cet aréopage de gens importants, tous affublés de titres de chef de ceci ou de cela … tous hostiles, mis à part les représentants du CG et de l’Education Nationale.

    Brutalement changement de cap : tout le monde dehors avant le 5 août et pour cela mettre la pression sur les familles !

    Sans que solution ne soit apportée, retour un an en arrière, retour aux mêmes méthodes de harcèlement (violentes parfois comme cette menace, s’ils ne partaient pas, d’incarcérer les parents et placer les enfants à la DASS … Résultat, dans la précipitation des enfants « partaient » chez des parents ou amis, jusqu’à St Etienne !) .

    Une dernière chose, le comportement des gendarmes de base, je ne parle pas ici de la hiérarchie, zélée parce qu’ambitieuse, mais du commun, comme tout employé commun des services de l’Etat, dans leur immense majorité ils respectaient les personnes, savaient rester courtois … jusqu’à ces derniers jours et l’ordre de les faire partir impérativement avant le 5 août, là le ton a changé, les méthodes aussi.

    Les ordres, le résultat !

    La hiérarchie ?

    C’est pas la peine d’en parler, c’est vraisemblablement elle qui « informe » la presse régionale, presse qui ne prend pas la peine de vérifier ce qui lui est rapporté, ou bien source qu’il ne faut pas contrarier parce qu’alimentant quotidiennement en faits divers.

    Nous nous en tiendrons là, mais nous aurions encore tant à dire.

    Si, pour finir :

    Qu’il y ait des imbéciles parmi eux aussi, des gens peu sympathiques, des ivrognes, des délinquants autres qu’alimentaires … évidemment ; comptez les sur les doigts de deux mains si vous voulez, mais ni plus ni moins que dans nos villages ou nos rues.

    Depuis que nous les fréquentons (bientôt trois ans pour certains) nous avons fini par apprécier l’immense majorité de ces personnes.

    Oui nous les estimons ces va-nu pieds, c’est aussi la raison de l’interpellation véhémente du Procureur, parce qu’il n’est pas acceptable de laisser « rapporter » , quelle qu’en soit la source, des mensonges tendant encore et toujours à les discréditer et à ne donner d’eux que l’image d’une bande de sauvages sans foi ni loi qui est à nos portes, prête à nous envahir si nous n’y prenons garde.

    Ce ne sont que des gens communs qui aspirent à vivre paisiblement, pas très loin de nous, parce qu’ils savent que parmi nous c’est pas demain la veille."

    Mohamed BOUJADDI

    Source 



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