• S'IL VOUS PLAIT, MONSIEUR LE PRÉSIDENT CHAVEZ ...

     

    Attendre les conditions favorables...(?)
    S’il vous plait, Monsieur le Président Chávez…




    Esteban G.

    Comment Hugo Chávez, Président du Venezuela, a-t-il pu pour la seconde fois laisser échapper sur les chaînes satellites : « Je crois que les conditions n’existent pas pour que les guérillas (en Colombie) puissent prendre le pouvoir dans un avenir prévisible » ? Ses proches conseillers seraient-ils perméables à la stratégie de l’oligarchie colombo-vénézuélienne ? Et Chávez, qui de nature ne s’en laisse pas conter, se laisserait-il influencer par la propagande distillée par les Yankees ?

    Ce message adressé aux guérillas colombiennes est reçu comme une gifle par tous les révolutionnaires du monde : Attendre les conditions favorables ( ?) et pour une durée indéterminée pour engager ou poursuivre la lutte ! Inconcevable de la part d’un homme respecté pour son courage et son franc-parler comme le Président Hugo Chávez.
     
    « …Le monde d’aujourd’hui n’est pas le même que celui des années soixante », assène t-il dans son discours. Faut-il dresser une liste pour détailler et dater les luttes armées révolutionnaires qui se sont déroulées depuis des siècles dans les mondes de notre monde ? Cette phrase porte le message qu’aujourd’hui la seule voie à emprunter serait celle du « politiquement correct », comme si la correction était une vertu de la politique.
     
    Que dire alors des Bolcheviks, des Maquisards et des Barbus, pour ne citer qu’eux, lorsqu’ils ont engagé leur combat ? Personne à ce moment n’aurait parié sur le dénouement victorieux de ces groupuscules révolutionnaires courageux qui à leur période ne se sont pas constitués par caprice mais en réponse à des agressions et conscients de cette nécessité sans penser aux conditions favorables. L’objectif du gouvernement colombien n’a pas changé depuis 1960, piloté aujourd’hui par les nord-américains il est devenu le bourreau de son peuple. La guérilla colombienne (qui a un programme politique socialiste de société) répond à cette situation à la manière qu’elle juge « adaptée », n’en déplaise à Chávez.
     
    « …Ils sont devenus le principal prétexte de l'empire pour pénétrer complètement la Colombie et à partir de là, agresser le Venezuela, l'Equateur, le Nicaragua, et Cuba » poursuit-il. Une si grossière « erreur » de communication ne peut être issue de l’esprit d’un militaire comme Chávez qui sait fort bien que les USA n’ont pas besoin d’utiliser le prétexte d’une guérilla - qui lutte depuis plus de 45 ans- pour envahir et occuper une région dans le monde, il leur suffit de fabriquer un prétexte sans attendre ou d’y aller sans prétexte. La guerre (méthode ne datant pas des années soixante) engagée par les forces armées qui ont disloqué l’Irak, la Palestine ; le renversement du gouvernent au Honduras ; le pilonnage médiatique qui formate en ce moment les consciences internationales pour normaliser une agression contre l’Iran et la Corée du Nord, ont-ils eu ou ont-ils besoin du prétexte de guérillas « terroristes » ? Les exemples qui attestent la manière de fabriquer les prétextes sont malheureusement nombreux. Le président Hugo Chávez a déjà, par le passé, « conseillé » aux guérillas d’arrêter ce type de lutte « inadaptée », à cette période les USA n’étaient pas en possession des bases militaires colombiennes et les campements de guérillas supposés être implantés sur le territoire vénézuélien n’étaient pas encore le prétexte des Yankees.
     
    Certes, Chávez est soucieux de paix et de prospérité pour son pays mais l’argument des FARC comme prétexte déclencheur d’une invasion US du territoire vénézuélien ou un danger pour la sécurité des pays de l’ALBA est totalement erroné, l’autorisation aux Yankees - donnée par le gouvernement d’Uribe - d’utiliser cinq bases militaires colombiennes, leur remettant ainsi les clés de la nation et leur permettant d’occuper à volonté cette région stratégique de l’Amérique latine est l’intérêt principal des USA. Ce message démontre un recul dans ses discours offensifs contre l’Empire US auxquels il nous avait habitués. Lui, est arrivé au pouvoir à la façon qui a été la sienne et aucun révolutionnaire ne l’a contesté, d’autres qui y sont arrivés par une voie plus radicale travaillent à s’améliorer, leur idéal et la façon de se protéger seraient-elles donc devenues archaïques ?
     
    Et enfin « Elles (les guérillas) doivent reconsidérer leur stratégie (de lutte) armée… ». Pour ne pas mettre en danger le Venezuela « qui ne s’est jamais immiscé et n’a jamais violé la souveraineté d’autres pays ». Chávez conseille avec respect aux guérillas en Colombie de rendre les armes et donc, d'oublier leur idéal et leurs morts, de laisser croupir leurs camarades prisonniers dans les geôles colombiennes, de rentrer dans les rangs « acceptables » pour de nouveau se laisser assassiner comme l’ont été les 5000 membres de l’UP à partir de 1985 et comme le sont les syndicalistes, aujourd’hui, qui défendent sans arme les travailleurs colombiens face à un gouvernement et une assemblée gangrénés par la corruption et le narcotrafic, utilisant les paramilitaires et les faux-positifs contre la contestation. « La Colombie et le Venezuela sont des nations sœurs », a dit Chávez, et elles font partie de « la Patria Grande » « comme le voulait le Libertador Simón Bolivar », oui mais pour l’instant si le peuple vénézuélien vit une expérience positive, les Colombiens doivent encore se battre contre le démon qui les asservit.
     
    Que voulait dire Hugo Chávez ?
     
    Que si les FARC et l’ELN sont « sages », la Colombie ne sera plus occupée par les USA, et les pays de l’ALBA pourront dormir tranquilles ? La réalité de la politique extérieure des USA dément cette analyse.
     
    Avec tout le respect et l’honneur qui vous reviennent, s’il vous plaît, Président Chávez…
     
    Esteban





    Merci à Esteban G.
    Date de parution de l'article original: 29/07/2010
    URL de cet article: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=767

     



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