• Là le petit 'léon est chez "Papa Omar".
    Les TV de partout cirent toutes les pompes passant à leur portée:
    la valetaille y taille tout ce qui se taille en plus des crayons.

    Le Gabon tranquille, le Gabon paisible, le Gabon bon, la Gabon Bongo, le Gabon fort comme un fromage du Larzac, le Gabon serin, le Gabon recueilli, le Gabon fleury-mérogis, Le Gabonné à France télécom, le Gabon France-Af', le bon gros Gabon, le Gabon nickel, le Gabon d'argent, le Gabon des sans pap', le Gabon de l'ivoire, le Gabon bastillonné...

    Ne cherchez pas ici ou là dans les info un mot, une allusion à un Gabon en révolte contre la misère et les autocrates, contre la corruption, contre la toute puissance flico-militaire, des Gabonais indignés, outragés, des Gabonais piétinés, emprisonnés, des Gabonais humiliés, torturés, des Gabonais en colère, insubordonnés...Non il n'y aurait selon nos média que des Gabonais en deuil reconnaissants à Chi-chi et Sarkoléon d'avoir fait le déplacement pour les obsèques obscènes de "Papa Omar" ...

    S.KLas Amis Du Négatif A L'Oeuvre 


    votre commentaire
  • Une trentaine de  militants anarchistes et libertaires ayant directement été acteurs et témoins de la révolution sociale libertaire et autogestionnaire espagnole de 1936 raconte l'autre société: les usines et terres expropriées et collectivisées, la liquidation de l'Etat et de la propriété privée...




    votre commentaire
  • Affiche trouvée sur les murs du Nord-Est de Paris, juin 2009 No Fides 



    votre commentaire
  • Vivre avec son temps. Se soumettre ou résister ?

    « Vivre avec son temps » implique l’idée d’une inscription, et plus encore d’un ancrage dans une époque donnée, qui se manifesterait par l’adhésion aux « valeurs », aux pratiques et aux « vérités du moment ». Or, que faut-il entendre par ces « valeurs » ou ces « vérités » qui constituent en propre une époque et la singularise de manière diachronique dans le processus synchronique de l’histoire humaine ? Quelles sont ces valeurs auxquelles il s’agit de consentir pour nous déterminer à « vivre avec » notre temps ?

    La question qui nous est posée renferme implicitement l’idée d’un possible acte de liberté qui nous porterait à faire nôtres ces « vérités » d’un temps donné, celles de notre époque. Cette appropriation est-elle vraiment libre ? N’y a-t-il pas au contraire comme une contrainte à « vivre avec son temps », c’est-à-dire à accepter les modalités d’un temps qui nous rassemble, nous fait se ressembler aussi, nous impose de simplement « vivre avec », un mode du vivre qui serait dès lors la condition sine qua non d’un « être avec » ?

    Bref, « vivre avec son temps », serait-ce alors vivre en accord avec ses contemporains, dans une même temporalité créatrice de valeurs et de comportements, et où le temps deviendrait un lieu, celui de mêmes pratiques sociales identitaires ?


    Pour répondre, il faut d’abord s’interroger sur la légitimité de la question, c’est-à-dire se demander si l’adhésion aux valeurs qui sont « dans l’air du temps » s’offre à l’individu socialisé comme le terme d’un choix auquel il pourrait consentir ou non. Autrement dit, a-t-on réellement la liberté de vouloir ou non « vivre avec son temps », ou bien, les idées et les pratiques d’une époque à laquelle on appartient ne s’imposent-elles pas à nous avec une certaine nécessité, sans même qu’on s’en aperçoive ?

    Représentations collectives et représentations individuelles

    Ce qui fonde les « valeurs » d’une époque donnée c’est, selon Durkheim, l’ensemble des « représentations collectives » qui la constitue. Ces représentations désignent la totalité des idées propres à une société donnée, qui formeraient la « conscience collective » ou « conscience commune » de celle-ci.

    Dans un célèbre article de la Revue de métaphysique et de morale, publié en 1898, Durkheim définit ces « représentations collectives » comme le substrat de tous les faits sociaux que sont « les croyances, les tendances, les pratiques du groupe pris collectivement 1 ». « Vivre avec son temps » serait adopter ces représentations collectives qui déterminent, de manière durable, nos modes de penser, d’agir, de sentir, et sont déposées dans nos mœurs, nos dogmes, nos lois, nos règles, et, dans une certaine mesure aussi, dans notre langage.

    Cette idée suppose que la vie collective, comme la vie mentale, soit faite de représentations, mais, pour le sociologue – s’écartant par là des thèses de la psychologie épiphénoméniste –, les représentations collectives présentent une « dualité de nature » avec les représentations individuelles. En d’autres termes, la « conscience collective », définie par Durkheim comme la « synthèse sui generis » des consciences individuelles, est, en tant que telle, – comme la cellule vivante est différente des éléments qui la compose –, autre chose que ce qui la constitue. Cette conscience est ainsi extérieure aux individus dont pourtant elle dérive.

    Les représentations collectives débordent celles de chaque conscience solitaire « comme le tout déborde la partie » ; et si la conscience commune contient quelque chose de chaque esprit individuel, ou plutôt si « chacun en contient quelque chose [...] elle n’est entière chez aucun  2 ». La conscience collective serait donc l’Autre de la conscience individuelle, de par son extériorité et sa différence de nature 3. Ainsi, les manières d’agir et de faire qui appartiennent à notre temps auraient leur forme sensible propre, très distincte de celle des faits individuels qui la manifestent. Cette extériorité et cette différence de nature s’appliquent aussi bien, selon Durkheim, aux règles juridiques et morales, qu’aux aphorismes, dictons populaires, articles de foi ou codes de goût que dressent les écoles littéraires, les modes, etc.

    Bref, toute représentation relevant du collectif et déterminant les « valeurs » d’une époque appartiennent à l’individu et ne lui appartiennent pas en même temps, lui ressemblent et pourtant lui sont étrangères. La question qui nous est posée contient en elle ce paradoxe lié à la nature ambivalente du fait social : faut-il adhérer à des manières de faire et de penser dont la nature est d’être à la fois même et autre que nos comportements individuels ?

    Extériorité, transcendance, contrainte
    « Vivre avec son temps », ce serait donc s’approprier ou plutôt se réapproprier ce dont on est l’auteur, et qui pourtant ne nous appartient pas (ou plus, puisqu’il relève du collectif). Cette dépossession se fait dans la mesure où l’ordre social constitue une réalité sui generis, et non pas un simple épiphénomène de la conscience individuelle, ce qui, en outre, exclut toute possibilité de comprendre le social par la méthode introspective, comme le fait Gabriel Tarde, ou encore Henri Bergson 4.

    Par ailleurs, le corollaire de cette extériorité et de cette différence de nature de la conscience collective en est la transcendance qui, de fait, la hisse dans la doctrine durkheimienne au rang d’une « hyperspiritualité  5» qui déterminerait la « propriété distinctive » de toute vie sociale.
    Est-ce à dire qu’il faudrait « vivre avec son temps » pour finalement saisir (ou ressaisir) cette spiritualité qui nous dépasse, nous « déconcerte » même, du fait de son extériorité et de sa différence ontologique, bref, du fait qu’elle est quelque chose d’entièrement nouveau pour notre conscience et dont cependant elle dérive ? Cet acte de réappropriation semble être pourtant rendu nécessaire par la nature même de sa finalité : nous déterminer en tant qu’être social, nous rendre apte à « vivre avec ». Il faut donc « vivre avec son temps » dans cette mesure extrême où le refus de son temps impliquerait l’exclusion, voire la mort sociale de l’individu.

    En réalité, la contrainte exercée par la conscience collective ne semble pas nous donner le libre choix d’accepter ou non de vivre avec son temps. En effet, l’ultime caractéristique du fait social qui est la matière de toute conscience collective, est d’être « susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure 6 », selon Durkheim, qui, à l’encontre de Tarde qui attribue une influence prépondérante à l’imitation dans la genèse des faits sociaux, définit le fait social par sa force coercitive. Dès lors, il semble illégitime aux yeux de Durkheim de se demander s’il faut vivre avec son temps, dans la mesure où les représentations collectives caractérisant une société, et donc une époque donnée, s’imposent nécessairement du dehors à l’individu, lui laissant peu de chance de pouvoir s’y dérober.

    Je peux bien vouloir échapper aux conventions de ce monde, en m’habillant sans tenir compte des usages suivis dans mon pays, en parlant avec mes compatriotes une langue qui n’a plus cours, en utilisant une monnaie qui n’est plus légale, en recourant dans mon travail à des méthodes obsolètes et des procédés d’un autre temps, en refusant les technologies modernes, mais alors l’éloignement dans lequel on me tiendrait, et la ruine que j’encourrais m’obligent à renoncer à une attitude qui relèverait de la rébellion, de l’innovation ou de la simple volonté de se marginaliser.

    Ce n’est pas que le fait social soit réfractaire à toute modification, mais l’effort nécessaire pour parvenir à le modifier est proportionnel à la résistance qu’il nous oppose. Les faits sociaux ne sont pas un effet de notre volonté pour Durkheim, mais ils la déterminent bien plutôt du dehors : « Ils consistent comme en des moules en lesquels nous sommes nécessités à couler nos actions 7. »

    Il ne dépend donc pas de nous de faire nôtres les valeurs, les vérités ou les manières d’être de notre temps, mais celles-ci s’imposent à nous, malgré nous, de par leur extériorité, leur transcendance et leur influence coercitive.
    Refuser ces manières d’agir, de penser et de sentir, c’est-à-dire « vivre hors de son temps », ne serait dès lors rendu possible qu’à la condition ultime de refuser ces expressions du fait social, refuser le principe qui fait de nous un individu social, et ne pas craindre d’être l’objet de sanctions. Celles-ci, « positives » ou « négatives », selon Durkheim, peuvent prendre divers aspects allant des formes les plus organisées de la contrainte sociale (le droit pénal ou les règles morales) aux formes les plus impalpables (le rire, la moquerie ou le mépris).

    De fait, « vivre hors de son temps » se pose comme une sorte de violation d’une règle qui, même vaincue, n’en fait pas moins sentir sa puissance contraignante. Certes, pour le sociologue, il s’agit avant tout des règles juridiques, morales ou religieuses, mais elles peuvent aussi désigner d’autres instances qui, elles, ne présentent pas forcément ces formes cristallisées, mais ont pourtant la même objectivité et le même ascendant sur l’individu. C’est ce que Durkheim appelle les « courants sociaux ».

    C’est ainsi que l’on peut vouloir vivre « hors de son temps », en refusant les manifestations collectives telles que les « grands mouvements d’enthousiasme, d’indignation, de pitié », mais ceux-ci  viennent à nous du dehors et sont susceptibles de nous entraîner malgré nous 8 », à tel point que l’être social a intériorisé cette force contraignante, sans s’en apercevoir, et ne la sent donc plus.

    Il y a dès lors une nécessité à vivre avec son temps et cette nécessité tient à l’essence même du fait social ; là où l’individu pense résister aux modes de penser et d’agir de son temps, il s’illusionne. « Vivre avec son temps », c’est posséder un temps qui ne nous appartient plus ; le social dépossède, dénature. Cette dépossession et cette dénaturation peuvent atteindre l’extrême, selon Durkheim, lorsqu’un individu, ayant collaboré à une émotion ou à des idées communes peut, une fois revenu à sa solitude, et que l’influence sociale de ses propres idées n’est plus ressentie, se sentir étranger à ses propres représentations et aux effets sociaux qu’elles ont pu produire.

    C’est ainsi que peut s’expliquer le comportement des individus parfaitement inoffensifs, qui, réunis en foule, se laissent entraîner à des actes d’atrocité.
    Vivre avec son temps, c’est donc accepter d’être dépossédé de ce qui fait la singularité de notre être profond. Cette dépossession est pourtant la condition même de notre socialisation. Et, pour Durkheim, ce qui justifie cette nécessité de « vivre avec son temps » c’est une raison d’ordre moral : assurer la cohésion sociale.

    Conformisme, progrès, éternité

    Vivre avec son temps, c’est vivre dans le même temps que d’autres, c’est-à-dire accepter de se situer dans la même position historique, dans la même « sécularité », bref, c’est faire du temps le lieu d’exercice de l’identique, dans nos manières d’être, d’agir et de penser. Mais si l’on se réfère à la doctrine durkheimienne qui définit le fait social par les critères d’extériorité, de généralité et de contrainte, la question de savoir si l’on doit « vivre avec son temps » s’inscrit en porte-à-faux avec la réalité, puisqu’une nécessité incontournable préside à l’adhésion de l’individu aux représentations collectives de son temps.

    Il les trouve, pour ainsi dire, toutes faites en naissant, existant indépendamment de lui, et il n’a plus qu’à s’y conformer. Vivre avec son temps est un acte à peine conscient, car l’individu ne sent plus cette force coercitive du social qu’il a intériorisée malgré lui, comme « l’air [qui] ne laisse pas d’être pesant quoique nous n’en sentions plus le poids » 9. La seule alternative à ce qui, finalement, se donne à voir comme une exigence de conformité, de ressemblance, à la limite, d’identité des consciences individuelles entre elles, serait de rompre cette « solidarité organique » qui préside au collectif, selon Durkheim, et d’affirmer son individualité, sans risquer cependant sa désocialisation.

    Pour Bergson, comme il le montre dans Les Deux Sources de la morale et de la religion, c’est la figure du mystique, « âme privilégiée » qui vient rompre le statisme des « sociétés closes » et leur exigence de conformisme, et qui par un saltus hors du social vient précisément le « diviniser ». Il y a bien pour Bergson une nécessité vitale du « vivre avec », qui porte en lui la soumission à une même obligation, celle de la « morale de pression », mais s’oppose à elle la « morale d’appel », porteuse d’une force « d’attraction », et non plus de « pression ».

    Le mystique chrétien – seul « vrai » mystique pour Bergson –, qui incarne cette « morale ouverte », et qui se définit par l’action, la création et l’amour, offre ainsi cette possibilité de vivre hors du temps statique social. Par son action dans le monde, il permet à la société de progresser moralement, mais aussi techniquement, et à la conscience individuelle de s’ouvrir « à une durée qui se tend, se resserre, s'intensifie de plus en plus : à la limite serait l'éternité 10 ».

    Si l’intuition philosophique nous permet de coïncider avec cette « éternité vivante » qui désigne l’Absolu, l’intuition mystique pourrait en être « l’auxiliaire », dans la mesure où elle est une expérience immédiate de Dieu, et nous replace ainsi, selon Bergson, dans le mouvement même de la vie. Il faut donc au regard du mystique, comme du philosophe, non plus vivre avec son temps, qui serait celui du statisme social, mais dans un temps « dynamisé » où « le raidi se détend, l’assoupi se réveille, le mort ressuscite dans notre perception galvanisée 11 » ; bref, il faut vivre et penser sub specie durationis.


    Brigitte Sitbon-Peillon

    ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

     

     


    votre commentaire
  • Exécution sommaire des aboyeuses sous-fascistes.

     

    Depuis quelques années, une coalition d’énergumènes identitaires tente laborieusement d’engrainer les plus crédules issus des classes opprimées (sous-prolétariat, prolétariat, petite bourgeoisie) pour escorter les exactions ad nauseam de l’ultra réaction institutionnalisée. La posture offensive de ces guignols, caractérisée par une hargne sans limite doublée d’une stupidité crasse, renvoie à des marottes idéologiques par trop éculées d’avoir pourries dans la gueule du fascisme. Ceci dit, leur mode d’action peut impressionner au premier abord. Tranchant avec la docilité d’une gauche et d’une extrême gauche putréfiées, le ton colérique d’un Alain Bonnet de Soral, les assertions tonitruantes de Thierry Meyssan ou le verbiage comminatoire d’un Stellio Gilles Robert Capochichi (dit « Kemi Seba »), sont autant d’apparats séducteurs pour qui se trouve légitimement submergé par les motifs de révolte sociale.

    Mais, alors que cet assemblage bricolé de pourfendeurs du sionisme mondialiste s’épanche dans un tapage très médiatisé, on pourrait croire qu’une énième résurgence du fascisme est en marche. Pourtant, loin de constituer des forces anciennes sous des apparences nouvelles, ce secteur d’agitateurs est, en vérité, un agglomérat mal agencé de groupuscules politico-religieux guidés par d’arrivistes transfuges venus ramasser la matraque d’une extrême-droite dissoute dans la dictature en construction. Le vieux fascisme est vaincu et ne reviendra plus, mais il n’en constitue pas moins une base idéologique et organique du présent capitalisme suicidaire.

    En 60 ans, jamais l’appareil d’Etat n’a été aussi répressif, omnipotent et doté d’institutions anti-démocratiques. Jamais les organisations patronales n’ont été autant articulées sur des principes et méthodes réactionnaires. Jamais l’ensemble des représentations ouvrières n’a été aussi intégré à la gestion de la déroute du prolétariat. La dictature à l’œuvre, fille de tous les fascismes, n’a plus besoin de formules politiques jadis nécessaires à d’aventuristes dévalorisations du coût du travail qui ne pouvaient reposer que sur l’embrigadement massif.

    Pour autant, les gesticulations de ce nationalisme bigarré sont bel et bien dangereuses, sa fonction objective étant de semer des frontières ethniques, religieuses et communautaires à l’intérieur du camp des exploités afin de participer à leur pacification, exigence permanente de la gouvernance globale. Les dégâts potentiels de tels saboteurs sont d’autant plus graves que la culture et la mémoire prolétariennes ont subi ces 5 dernières décennies les assauts les plus violents d’une société spectaculaire marchande à la force de pénétration inédite.

    La régression de la conscience de classe au profit de l’individualisme consumériste est le creuset d’une réceptivité populaire aussi désemparée que naïve face aux charlatans du conservatisme contestataire. Incomparables avec les vieilles formations d’extrême droite, tant dans leurs moyens (une capacité d’enrégimentement relativement faible au regard des ligues fascistes), leur forme d’expression (un charabia pauvre comparé à l’intellectualisme des vieilles élites fascistes) et d’organisation (des réseaux souples, peu exigeants avec leur membres, attirés par le coup d’éclat et non par l’action séditieuse) que dans leur but réel (accompagner le pouvoir et non le prendre), ces formations d’appui aux frappes bourgeoises peuvent donc revêtir, par soucis de clarification, le qualificatif de sous-fascistes.

    Le combat révolutionnaire ne saurait ainsi se priver de conceptualiser des réalités nouvelles contre lesquelles le pouvoir de classe espère le voir inadapté et donc désarmé. Par conséquent, il convient de procéder méticuleusement à une exécution sommaire de ces bouffons criards qui, affublés d’attributs propres à notre classe, croient pouvoir substituer leur chauvinisme capitulard à la révolution prolétarienne salvatrice.

    Dissection d’une pensée sous-fasciste : le cas Alain Soral

     Analyser la pensée d’Alain Bonnet de Soral, plus connu sous le nom d’Alain Soral, est important dans ce contexte de crise économique propice à la propagation de discours fascistes. Ce genre de discours a d’autant plus de risques de gagner en influence que ladite crise a révélé la lâcheté, la veulerie, la trahison des partis de gauche et d’extrême-gauche. En outre, Soral est suffisamment habile pour saupoudrer ses diatribes de réflexions apparemment progressistes et de critiques relativement pertinentes de divers groupements politiques (le NPA, Bertrand Delanoë et son équipe municipale…) ou phénomènes de société (le communautarisme, le « féminisme » de la bourgeoisie…). Ce faisant, il espère endormir la vigilance de son auditoire et, ainsi, faire passer « en fraude » sa camelote d’extrême-droite.

    Nous avons divisé notre analyse visant à démont(r)er  l’imposture soralienne en 7 thèmes :

    1°) Doubles discours et contradictions ;

    2°) Récupération au profit de l’extrême-droite d’auteurs, de pratiques et de combats qui ne sont pas les siens ;

    3°) Fascisme et poujadisme ;

    4°) Antisémitisme ;

    5°) Stalinisme ;

    6°) Apologie de régimes répressifs ;

    7°) Arrivisme et haine de classe.

     Cette division est en partie arbitraire puisque certaines déclarations d’Alain Soral peuvent avoir leur place dans plusieurs des thèmes ci-dessous développés.

     1°) Doubles discours et contradictions

     Soral a compris que, s’il veut « ratisser large », il doit avoir un discours flou et changeant, et savoir « s’adapter à son public ». Cette faculté d’adaptation lui permet, certes, d’espérer rencontrer du succès au-delà des seuls nostalgiques du IIIè Reich… mais c’est au prix de ridicules pirouettes théoriques et pratiques.

     Soral, qui n’hésite pas à se dire « marxiste », considère pourtant qu’il existe un « intérêt général des citoyens du monde »… Une négation en paroles de l’existence de la lutte des classes… Mais aussi et surtout un propos bien dans l’air du temps qui, n’en doutons pas, plaira aussi bien aux citoyennistes d’ATTAC qu’aux fachos partisans de l’association Capital/Travail !

    C’est sans doute en qualité de « marxiste » que Soral qualifie le FN de « mouvement qui évolue vers la vraie gauche, la gauche sérieuse, la gauche économique ». Dans la foulée de cette affirmation hasardeuse, Soral conseille de lire « le programme économique » du Front National. Merci du conseil, Alain ! Une petite visite sur le site du FN peut toujours servir, effectivement ! Même si – crise économique oblige – le FN passe désormais sous silence ses propositions les plus ouvertement pro-patronales (sur <st1:personname productid="la S←curit←" w:st="on">la Sécurité</st1:personname> sociale, notamment), il reste encore largement assez de « matière » sur leur site pour voir que ce parti est à 100% au service de la bourgeoisie.

    En vrac : « libérer au maximum l’entreprise des contraintes de toute nature qu’elle subit », « libérer le travail et l’entreprise de l’étatisme, du fiscalisme et du réglementarisme », « renégociation de la durée hebdomadaire du temps de travail par branches d’activité. Permettre en particulier de ‘gagner plus à ceux qui travaillent plus’ », « simplification du Code du travail », « créer un cadre favorable à l’entreprise, notamment aux PME », « baisser la pression fiscale » et notamment l’impôt sur la fortune et l’impôt sur les sociétés, développer les « régimes de retraite complémentaire par capitalisation », « assurer un service minimum dans les services publics », « obtenir des économies budgétaires en réorganisant <st1:personname productid="la Fonction" w:st="on">la Fonction</st1:personname> publique, par l’introduction du principe de mobilité et le non-remplacement d’une partie des départs en retraite ». Ah ! c’est donc ça la  « vraie gauche » ! ‘fallait« société d’assistanat » tout en continuant à se prétendre « marxiste »… y penser… Avec une telle conception de la « gauche économique », il n’est pas étonnant que Soral puisse dénoncer la

     Soral affirme, à propos de la police et de l’armée : « il y a très longtemps que ces gens-là n’ont plus aucun pouvoir en France, on peut leur cracher à la gueule tant qu’on veut » et qualifie les flics de  « pauvres fonctionnaires qu’ont le plus haut taux de suicide de France ». Mais il affirme par ailleurs « nous sommes dans un régime totalement policier et totalitaire […] on est dans une société intégralement policière et dégueulasse ». <st1:personname productid="la France" w:st="on">La France</st1:personname>, « régime totalement policier et totalitaire »… où les flics « n’ont plus aucun pouvoir » depuis « très longtemps » ?  La contradiction est évidente, mais Soral espère probablement séduire les jeunes de banlieue et une partie de l’extrême-gauche avec sa rhétorique pseudo-libertaire et anti-keuf, tout en rassurant ses soutiens (et souteneurs) d’extrême-droite avec un discours plus traditionnel sur le thème de l’autorité qui n’est plus respectée. (Au passage, nous ne saurions trop conseiller aux partisans d’Alain Soral de tester la validité des assertions de leur Grand Chef en « crachant à la gueule » de tous les flics qu’ils croisent. Avec un peu de chance, à force de coups de tonfa et de GAV, ils deviendront d’authentiques révolutionnaires.)

     Il y a quelques années, Soral évoquait « l’inculte – et désormais pas drôle – Dieudonné » (Alain Soral, Abécédaire de la bêtise ambiante, Jusqu’où va-t-on descendre ?, Pocket, Paris, 2003, p. 112). Il lui reprochait notamment de ne pas oser montrer du doigt cette « ‘communauté invisible’ certes surreprésentée dans le show-biz en termes de quotas, mais à laquelle il doit aussi son doux statut de rigolo » (Ibid., p. 114). « Communauté invisible », comprendre : les Juifs. Soral fait désormais liste commune avec « l’inculte » Dieudonné aux élections européennes de 2009… L’humoriste ( ?) est pourtant au moins aussi con aujourd’hui qu’en 2002, lorsque Soral écrivait ces lignes… en revanche, il est vrai qu’en matière d’antisémitisme, Dieudonné a accompli d’immenses « progrès » ces derniers temps !

      Même type de revirement concernant les Arabes et/ou musulmans. Soral affirmait l’année dernière : « Aujourd’hui, on voit très bien que le Système diabolise les maghrébins. […] Vous Français arabo-musulmans et nous Français du Front National sommes diabolisés par le même système […] Toutes les saloperies qu’on raconte aujourd’hui sur les maghrébins de banlieue, sur les ‘kärchérisables’, c’est les mêmes qu’on a racontées sur Le Pen et les gens du Front National… et elles sont aussi fausses ! »

    Soral souffre sans doute d’amnésie, il nous faut donc lui rappeler ses positions antérieures sur le sujet : « Leur seul espoir [aux Algériens], c’est qu’on y retourne [en Algérie]. » (Ibid., p. 15) ou « celui qui se comporte en colon, de plus en plus c’est le Beur »Ibid., p. 99) ou : <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> devient « un pays d’Anglo-Saxons névrosés envahis de Maghrébins hostiles » (Ibid., p. 124) ou encore, à propos de la situation en banlieue populaire dans les années 60 : « Les seuls qui posaient problème, déjà, c’étaient les Algériens qui se tenaient à l’écart dans la solitude, la peur, l’islam et <st1:personname productid="la Sonacotra" w:st="on">la Sonacotra</st1:personname>, et dont les jeunes, peu nombreux encore, foutaient déjà la merde » (Ibid., p. 40). (

    Soral est démasqué par ses propres écrits : il fait partie de ce Système qui « diabolise les maghrébins », qui « raconte des saloperies sur eux » ! …Il est vrai qu’il a, depuis, changé radicalement de stratégie à leur égard : il espère même les incorporer à l’ « avant-garde » des bataillons d’extrême-droite : « Les premiers qui devraient se battre pour la préférence nationale, ça devrait être les Français d’origine immigrée, parce que c’est eux que [l’immigration] met le plus en danger. » Soral se plaît à répéter que le Système « divise pour mieux régner » : c’est indéniable… Tout aussi indéniable que le fait que lui-même divise pour mieux régner ! Après avoir fait des maghrébins des boucs-émissaires, il leur conseille de se retourner contre les nouveaux arrivants en France et, au passage, il se dédouane de ses propres responsabilités en accusant un « Système » (impersonnel) d’être à l’origine de leur stigmatisation.

     Dans cette même optique, lors d’une conférence à Fréjus en 2008, Soral a affirmé à propos des exactions commises aux Invalides lors d’une manifestation le 23 mars 2006 : « Moi j’étais très content de voir, effectivement, le ‘bolossage’ des petits cons du CPE… Tout ça est quelque part bon signe. » Le plus amusant est que les fafs présents dans la salle ont applaudi ces propos d’Alain Soral! Les mêmes qui, en d’autres circonstances, mettent en avant l’existence d’un racisme anti-blanc pour convaincre les électeurs d’accorder leurs suffrages à l’extrême-droite… Bonjour l’hypocrisie…

     Ultime contradiction, à propos de ses opposants, Soral affirme : « ces gens-là ne vous sortent que des références des années 30 »… Or, lui-même ne se gêne pas pour « sortir des références des années 30 », en se réclamant notamment des pacifistes de cette période qui, se plaint-il, ont eu de gros problèmes après la guerre. De deux choses l’une. Ou bien les connaissances historiques de Soral sont très limitées (ce qui, après tout, n’est pas à exclure)... Ou bien il n’ose pas se réclamer trop explicitement de Jacques Doriot, Marcel Déat, Fernand de Brinon et autres « pacifistes des années 30 » qui ont été inquiétés à <st1:personname productid="la Lib←ration" w:st="on">la Libération</st1:personname>, non pas pour pacifisme mais… pour collaboration avec les nazis ! Soral fait parfois preuve d’un peu plus de discrétion et brouille les cartes en se faisant passer pour un « homme de progrès »…

     2°) Récupération au profit de l’extrême-droite d’auteurs, de pratiques et de combats qui ne sont pas les siens

     Les diatribes de Soral sont truffées de références, parfois explicites, à des auteurs qui ne sont pas d’extrême-droite. C’est bien connu : la culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale. Soral tient donc à nous faire savoir qu’il a lu Guy Debord (tout en affirmant par ailleurs qu’il est « la partie de l’œuvre de Marx accessible aux publicitaires », Ibid., p. 96 ), Jean-Claude Michéa, Michel Clouscard (référence à « l’idéologie du désir » ou dénonciation de la récupération de Nietzsche par des intellectuels de gauche), Pier Paolo Pasolini («  codes intégralement fascistes de la mode »), Pierre Clastres…

     De là où ils sont, Debord, Pasolini et Clastres ne risquent pas de protester… Concernant Michéa : les thèses qu’il développe dans ses essais sont contestables, mais il n’en reste pas moins évident que c’est de manière abusive que Soral se sert d’elles comme caution à sa prose d’extrême-droite. Nous ne pouvons que vous inviter à vous faire votre propre opinion en lisant L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes, Impasse Adam Smith, L’empire du moindre mal, etcetera.

    Quant à Michel Clouscard (dont les thèses sont, là aussi, contestables – mais, présentement, là n’est pas la question), dans une tribune libre dans L’Humanité (30 mars 2007), il a tenu à préciser qu’ « associer […] d’une manière quelconque nos deux noms [le sien et celui de Soral] s’apparente à un détournement de fonds. Il s’avère qu’Alain Soral croit bon de dériver vers l’extrême droite (campagne pour le FN). Il veut y associer ma personne, y compris en utilisant mes photos à ma totale stupéfaction. Je n’ai en aucun cas autorisé Alain Soral à se prévaloir de mon soutien dans ses menées prolepénistes. Le Pen est aux antipodes de ma pensée. » Clouscard étant décédé le 21 février 2009, gageons que le fossoyeur Soral va pouvoir reprendre tranquillement son « détournement de fonds »…

     

    Soral se plaît également à affirmer que « Marx voterait aujourd’hui Le Pen. » Sans doute conscient que cet « argument » est trop visiblement spécieux, il prétend aussi que votent pour le FN « des branchés, des marginaux, […] des anciens d’Action Directe » A défaut de correspondre à une quelconque réalité, cette façon de présenter l’électorat FN est bien plus sympatoche que celle qui dépeindrait les partisans de Le Pen sous les traits de bourges de la région PACA, de vieilles rentières, de boneheads alcooliques (ah ouais mais nan… eux, ‘faudrait déjà qu’ils trouvent le bureau de veaute) ou encore de petits patrons/commerçants/artisans (qui ont eu l’occasion de montrer, tout au long du XXe siècle, qu’ils constituaient le terreau de toutes les réactions).

    Dans la même veine, Soral reprend à son compte le concept de décroissance, se dit « assez proche de certains écologistes ». Il évoque aussi « un processus de domination par l’intégration du flic ». Ce qui est juste, seulement voilà : ça sonne très « Mai 68 » (cf. les slogans du style « Tue le flic qui est dans ta tête. ») dont Soral est, comme chacun sait, un contempteur ! Plus fort encore, il s’imagine même rejoindre un jour « les anti-système radicaux qui vivent uniquement de récup’ dans les poubelles, et dans des endroits squattés » et il n’hésite pas à prendre la défense de Julien Coupat. Et puis quoi, ensuite ? Une apologie des black-block ? A un tel stade d’opportunisme et de démagogie, tout est possible…

     

    Démagogie toujours, lorsque Soral justifie son soutien aux PME en disant que des « économistes marxistes » prônaient un tel soutien dès les années 90. « Économistes marxistes » que, bien sûr, il ne cite pas… Et pour cause puisque soit ils n’existent pas, soit ils ne sont pas marxistes !   

     

    Alain Soral se réclame abusivement de la « dialectique. » En fait, il ne s’agit que d’un artifice rhétorique bien commode dont il use à chaque fois que son arrivisme ou sa médiocrité intellectuelle menacent d’éclater au grand jour. Ainsi, à ceux qui s’étonnent de sa trajectoire politique, Soral répond qu’elle est « dialectique ». Et sa fâcheuse tendance à faire de Karl Marx un apôtre de l’extrême-droite est – devinez quoi ? – « dialectique » ! 

     

    Notons que cette tendance à la récupération de tout et n’importe quoi va au-delà du seul Alain Soral : c’est une véritable mode à l’extrême-droite depuis quelques temps. Presque tous se disent maintenant « révolutionnaires » (en période de crise économique, ça passe mieux que « contre-révolutionnaires » ou « royalistes »… mais il s’agit de « révolutionnaires » bien particuliers : des « révolutionnaires » qui sont anticommunistes primaires, qui soutiennent les contre-réformes du gouvernement et qui agressent les grévistes). Et pendant que certains fachos se réclament de Che Guevara, d’autres découvrent les situationnistes… Des identitaires se prétendent même « enfants de <st1:personname productid="la Commune" w:st="on">la Commune</st1:personname> et du 6 février 1934 ». Comme s’il était possible d’établir une filiation entre le premier gouvernement prolétarien de l’Histoire et une tentative de coup d’Etat fasciste ! Cela étant dit, le 6 février 34, on leur le laisse et on confirme : ils en sont bien les héritiers !

      3°) Fascisme et poujadisme

     Dans sa préface à Jusqu’où va-t-on descendre ?, Soral supposait que le « libéral libertaire bourgeois bohème »  trouverait ses écrits « poujadistes » ou encore « fascistes » (Ibid., p.12). Eh bien, si tel a vraiment été le cas en 2002 lorsque cet essai est sorti, force est de constater que le « li-li bo-bo » – que pourtant nous n’apprécions pas – aura cette fois-là eu raison. Puisque, quelques années plus tard, Soral se vantera d’avoir écrit certains discours de Jean-Marie Le Pen. Rien d’étonnant quand on voit à quel point les thématiques fascistes et poujadistes sont au cœur de la « pensée » soralienne.

      Dans une conférence de mars 2009, entre une référence à la propagandiste du IIIe Reich Leni Riefenstahl et une dénonciation de l’ « idéologie maçonnique », Soral trouve quand même le temps de se montrer choqué par le tribunal de Nuremberg (« On tue tous les nazis, parce que c’était le Mal donc on les raye de la planète terre.») et par l’épuration à <st1:personname productid="la Lib←ration" w:st="on">la Libération</st1:personname>… Cette conférence se déroulait pourtant à l’initiative du Parti Populiste (extrême-droite), dont le programme mentionne le rétablissement de la peine de mort pour les auteurs de « crimes de guerre, […] assassinats, actes de barbarie, tortures d’innocents », donc on ne voit pas trop pourquoi Soral s’indigne des exécutions de nazis et de collabos (à moins qu’il ne  considère pas les Juifs, les Tsiganes et autres communistes qui ont été massacrés comme de « vrais » innocents ?). Soral estime aussi que « de toute façon, le métissage c’est la violence » … Assertion guère compatible avec celle-ci, également de son « cru » : « On [le peuple français ?] est un métissage réussi puisque cohérent, lent, accepté, etcetera. » Alors, le métissage c’est la violence, oui ou non ? Comme nous l’avons vu précédemment, Soral se fiche pas mal de s’empêtrer dans ses contradictions puisqu’elles sont « dialectiques ».

    Soral nous offre encore un magnifique exemple de « dialectique » quand il déclare :  « quand on est marxiste, on doit fonctionner sur des concepts marxistes, quand on abandonne tout ces concepts pour se fonder sur des concepts petits-bourgeois, on se casse la gueule » avant d’affirmer que « pour faire quoi que ce soit de subversif en politique », il a plus confiance dans les « patrons de bistrot, les chauffeurs de taxi et ce qu’on appelle la petite-bourgeoisie » que dans les profs et les étudiants. Karl Marx voyait-il dans ces catégories de population une force révolutionnaire ? A-t-il prôné la dictature des patrons de bistrot ? Ou bien écrit « petits-bourgeois de tous les pays, unissez-vous » ? Soit Alain Soral a accès à des textes cachés de Marx, soit – c’est plus probable – il se sert, pour appuyer ses théories bancales, de ces mêmes « concepts petits-bourgeois » qu’il reproche à d’autres d’utiliser.

     Typiquement poujadiste est la défense soralienne du « petit patron »,  prétendue victime de la « persécution fiscale » et de la « méchanceté des prudhommes ». Soral se livre à cet exercice en se réclamant notamment de « Michéa »… On le comprend : pour réussir la prouesse de défendre ouvertement une fraction du patronat tout en restant « marxiste-compatible », il fallait au moins la caution d’un intellectuel qui se réclame du Socialisme (et pas de la « gauche » : dans l’esprit de Michéa, ce n’est pas la même chose… c’est même antinomique)…  Au passage, Soral se livre à des reproches (malheureusement !!) infondés concernant Arlette Laguiller : selon lui, dans ses discours, elle ne ferait pas de différence entre petit patronat et grand patronat… En réalité, dans ses interventions, cette réformiste patentée de Laguiller flétrit presque uniquement le « grand patronat »… comme si les autres patrons étaient plus respectables !

     Soral ressort également une ruse habituelle du fascisme pour servir de « paratonnerre » à la bourgeoisie en temps de crise économique : il dénonce régulièrement et avec insistance le « capitalisme financier spéculatif » et la « finance mondiale spéculative », espérant que les exploités ne s’apercevront pas que le problème est plus global et que c’est toute la société de classe (Alain Soral compris) dont ils doivent se débarrasser. Dans « Qu’est-ce que le national-socialisme ? », texte daté de juin 1933, Trotsky remarquait déjà que « tout en se prosternant devant le capitalisme dans son entier, le petit bourgeois déclare la guerre à l'esprit mauvais de lucre. »

    Cette autre sentence soralienne participe de la même logique du « paratonnerre » : « Ce monde [du marché] est porté par les élites blanches occidentales judéo-protestantes » Il s’agit ici, en réduisant le capitalisme à ses seuls partisans juifs ou protestants, d’épargner le catholicisme (dont Soral se réclame – entre mille autres « étiquettes », il est vrai !) ainsi que les Arabes et/ou musulmans dont Soral veut se faire de nouveaux alliés, convaincu qu’il est que « dans l’imaginaire politique africain ou maghrébin, c’est un type de gauche Le Pen, hein… et même d’extrême-gauche parce que c’est pas des régimes très cools là-bas. »

     Au cas où vous en auriez douté, Soral manie fort bien la théorie du complot et a des talents certains en matière de réécriture de l’Histoire : « [Les Noirs] étaient issus de l’empire colonial qu’ils ne détestaient pas particulièrement d’ailleurs, en dehors de certaines élites financées souvent on sait pas trop par qui… »  Comme dirait un chanteur sarkozyste : « Ah ! Le temps béni des colonies… » Eh oui, Soral, c’est bien connu : les colonisés ne détestaient pas particulièrement la puissance coloniale, cette dernière a décidé d’elle-même, spontanément et sans pression d’aucune sorte, de quitter le continent africain et, d’ailleurs, depuis la décolonisation, <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> a totalement cessé de s’immiscer dans les affaires intérieures du Gabon, de <st1:personname productid="la C￴te" w:st="on">la Côte</st1:personname> d’Ivoire, du Tchad ou du Togo…

      Enfin, dans la rubrique « comment, par la calomnie, l’extrême-droite assassine Jaurès une seconde fois », cette citation : « La position de Le Pen est très respectable et très cohérente, même sur le plan de l’immigration, du racisme, etcetera, elle est très saine, c’est une position de patriote français de gauche du début du siècle, c’est la position… il serait même à la gauche de Jaurès aujourd’hui ! »  … Sûrement, oui !! Le Pen est à peu près autant à la gauche de Jaurès que l’était l’homme qui l’a abattu, Raoul Villain, qui fut membre du mouvement catholique du Sillon et du groupe d’étudiants « nationalistes » de la « Ligue des jeunes amis de l’Alsace-Lorraine »…


     4°) Antisémitisme

     L’antisémitisme, ce socialisme des imbéciles, est très apprécié d’Alain Soral. Il s’agit, là encore, de détourner la colère populaire vers des boucs-émissaires. Mais ce brave Soral, décidemment très prévoyant, n’a pas attendu la crise économique pour distiller son poison. En 2004, déjà, il déclarait : « Quand avec un Français, Juif sioniste, tu commences à dire ‘y a peut être des problèmes qui viennent de chez vous. Vous avez peut-être fait quelques erreurs. Ce n'est pas systématiquement la faute de l'autre, totalement, si personne ne peut vous blairer partout où vous mettez les pieds.’ Parce qu'en gros c'est à peu près ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand même 2500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans ils se font dérouiller. Il faut se dire, c'est bizarre ! C'est que tout le monde a toujours tort, sauf eux.

    Le mec, il se met à aboyer, à hurler, à devenir dingue, tu vois. Tu ne peux pas dialoguer. C'est à dire, je pense, c'est qu'il y a une psychopathologie, tu vois, du judaïsme sionisme (sic !) qui confine à la maladie mentale. » …Puis, cette année : «Il y a quand même un milliard de chrétiens qui s’excusent face à 15 millions de Juifs… C’est quand même bizarre, il a dû se passer quelque chose pour qu’on soit obligés de s’humilier à ce point là, que notre pape soit obligé de demander pardon parce qu’il y a un évêque ultra-marginal qui a dit trois conneries » Les « conneries » de Richard Williamson étant « juste », pour rappel, ses déclarations selon lesquelles « 200 000 à 300 000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz. »

     Intéressante également, cette déclaration de Soral qui reprend le stéréotype, popularisé par le Protocole des Sages de Sion, du Juif fauteur de guerre : « M. Finkielkraut était pro-croate, M. Bernard Kouchner… euh… M. Cohn-Bendit… euh nan pas Cohn-Bendit… C’était Bernard-Henri Lévy, il était pro-bosniaque, ils ont chacun choisi leur camp afin d’attiser la haine et la violence. On ne sait pas trop pourquoi, ils ont dû tirer ça à pile ou face... » Au risque de décevoir Soral et ses groupies, il est important de souligner que l’anéantissement de <st1:personname productid="la R←publique" w:st="on">la République</st1:personname> fédérale socialiste de Yougoslavie a des causes multiples et complexes, n’ayant rien à voir ni avec Finkielkraut ni avec BHL. Pire encore : Finkielkraut et BHL n’auraient jamais existé que cela n’aurait strictement rien changé au sort des peuples des Balkans.

     Courageux mais pas téméraire, Soral, peut-être lassé des agressions physiques et des décisions de justice défavorables, se replie la plupart du temps sur des propos plus allusifs visant « l’autre d’une telle communauté que je ne nommerai pas », stigmatisant Daniel Cohn-Bendit en tant que « parasite de la société française… qu’il insulte ! » ou affirmant : « <st1:personname productid="la France" w:st="on">La France</st1:personname> [que les mecs de banlieue] n’aiment pas, je ne l’aime pas non plus… C’est <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> de Bernard-Henri Lévy, je ne l’aime pas non plus. » Que l’on soit bien clairs : les personnalités auxquelles Soral s’en prend sont souvent méprisables. Seulement, bien d’autres le sont tout autant et dont Soral ne pipe pourtant pas un mot.

    Et il n’est pas compliqué de comprendre quel est sans doute le but – et quel sera assurément le résultat – des envolées soraliennes visant Bernard Kouchner, Alexandre Adler, BHL, Jacques Attali, Laurent Fabius, Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, etcetera. Ces diatribes permettent à Soral de passer pour un type qui ose s’en prendre aux « puissants » alors qu’elles ont pour fonction objective, en ne visant que des personnalités à l’origine ethnico-religieuse (supposée !) commune, d’épargner la bourgeoisie dans son ensemble en détournant le prolétariat des approches strictement classistes.

    5°) Stalinisme

     Soral a gardé de graves séquelles de son passage par le Parti dit « Communiste ». Il n’hésite pas à qualifier <st1:personname productid="la CGT" w:st="on">la CGT</st1:personname> de « réseau de résistance ou d’opposition traditionnelle » alors que cela fait au moins sept bonnes décennies que <st1:personname productid="la Conf←d←ration G←n←rale" w:st="on"><st1:personname productid="la Conf←d←ration" w:st="on">la Confédération</st1:personname> Générale</st1:personname> de <st1:personname productid="la Trahison" w:st="on">la Trahison</st1:personname> est un obstacle aux tentatives d’émancipation des prolétaires.  Pour Soral, « tout ce qui est de l’ordre de la violence […] et de la guerre civile, c’est forcément un truc qui affaiblit <st1:personname productid="la France." w:st="on">la France.</st1:personname> » Ce Soral qui s’oppose à la violence et à la guerre civile au nom du salut de <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> n’a, contrairement à ses prétentions, rien d’un marxiste… mais c’est un parfait stalinien !  C’est avec ce même type d’arguments, avec cette même dévotion envers l’unité nationale que le P « C » F a, à trois reprises, saboté des situations révolutionnaires : en 1936 (Maurice Thorez, secrétaire général du P « C » F : « il faut savoir terminer une grève »), à <st1:personname productid="la Lib←ration" w:st="on">la Libération</st1:personname>« produire, produire, encore produire, faire du charbon c’est aujourd’hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français » et « La grève, c’est l’arme des trusts. »), en Mai 68 (Georges Séguy, secrétaire général de <st1:personname productid="la CGT" w:st="on">la CGT</st1:personname> :  « …ce mouvement lancé à grand renfort de publicité qui, à nos yeux, n'a pas d'autre objectif que d'entraîner la classe ouvrière dans des aventures en s'appuyant sur le mouvement des étudiants. »). (Thorez, toujours :

     Il arrive aussi à Soral de s’attaquer au « Capital apatride » et au « Capital nomade ». C’est cette même idée qu’il développe lorsqu’il affirme dans une interview que « tous les internationalistes aujourd’hui sont des gens de droite, par essence, tu vois… » Notons en passant que, trois minutes plus tôt, dans cette même interview, il affirmait : « Je ne crois pas à l’essentialisme, les gauchistes essentialistes m’emmerdent, ce sont des crétins et des petits cons ».  Pour en venir à ce que révèle, sur le fond, cette citation, Soral – ce « crétin » et ce « petit con » d’essentialiste (ce sont ses termes)  – reprend à son compte la vieille antienne stalinienne qui affirme que, par opposition au Capital qui n’a pas de frontières, qui est « cosmopolite », les travailleurs se doivent d’être nationalistes. C’est ballot : Soral le stal’ a oublié que le Manifeste du parti communiste se termine par un appel à l’union des prolétaires de tous les pays…

      6°) Apologie de régimes répressifs

     Il n’y a pas besoin de creuser bien longtemps pour s’apercevoir que Soral est contre-révolutionnaire : il suffit de regarder quels régimes et quels chefs d’Etat il admire ! Saddam Hussein (entre autres) est rangé par ses soins dans la catégorie des « chefs d’Etat locaux de puissances alternatives ». Alternatives à quoi ? Sûrement pas au capitalisme, en tout cas ! Le premier fait d’armes de Saddam Hussein est la participation à une tentative d’assassinat, en 1959, du général et Premier ministre marxisant Abdul Karim Qasim qui, l’année précédente, avec d’autres militaires, avait renversé la monarchie iraquienne.  Une fois arrivé au pouvoir (avec le soutien des Etats-Unis), à la tête du parti Baas, Saddam Hussein a réprimé férocement ses opposants, notamment les membres du Parti Communiste Irakien (ce qui n’a pas empêché Moscou de continuer à soutenir le régime baasiste… ça en dit long sur la teneur en socialisme de la bureaucratie stalinienne).

    Soral fait également l’apologie de Poutine, ex-membre du KGB et bourreau du peuple tchétchène qui, en fait d’« alternative », a surtout parachevé le rétablissement du capitalisme privé en Russie (ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, baisse du taux d’imposition sur les sociétés…) et restreint les déjà peu nombreuses libertés démocratiques dont bénéficiaient les Russes ( journalistes assassinés, opposants emprisonnés, désignation par le Président et non plus élection des gouverneurs des sujets de <st1:personname productid="la F←d←ration" w:st="on">la Fédération</st1:personname> de Russie, grande impunité accordée aux membres des groupes fascistes/néonazis qui commettent de nombreuses exactions).

     Autre objet d’admiration de Soral : <st1:personname productid="la R←publique" w:st="on">la République</st1:personname> islamique d’Iran, régime théocratique où les militants des organisations de gauche ont été exécutés par milliers suite à la contre-révolution islamique et où les minorités (kurdes, arabes) sont soumises à de multiples brimades. Ce régime qui tente de fédérer sa population autour de discours hostiles à l’Occident, aux Etats-Unis, à Israël, sait pourtant miser sur plusieurs lièvres à la fois : dans les années 80, il n’a pas hésité à acheter des armes aux Etats-Unis (qui se sont servis de l’argent récolté grâce à ces ventes pour financer une guérilla d’extrême-droite au Nicaragua : c’est la fameuse affaire Iran-Contra) et à Israël. Les dirigeants iraniens sont également ravis de la décision des Etats-Unis et de la dictature européiste de classer comme organisation terroriste l’Organisation des Moudjahiddines du Peuple Iranien (OMPI), et ils ont sûrement vu d’un bon œil les perquisitions visant l’OMPI opérées en France en 2003. La « lutte contre le terrorisme » (c’est-à-dire, en réalité : le terrorisme d’État) est décidemment sans frontières…

       7°) Arrivisme et haine de classe

    Soral qui reproche à BHL, Finkielkraut, Cohn-Bendit, etcetera (voir 4°)) leur capacité à retourner leur veste n’a peut-être pas tort sur le fond… Mais il est très mal placé pour parler, sa propre trajectoire politique étant marquée par de nombreux retournements de veste. Après avoir adhéré au mouvement punk, il rejoint le P « C » F. Il finit par quitter ce parti dans les années 90, une fois que l’Union Soviétique s’est cassé la gueule et qu’il s’est rendu compte – soixante ans après tout le monde, mais mieux vaut tard que jamais –  que le P  « C » F n’est pas révolutionnaire. Il qualifie son Abécédaire de la bêtise ambiante, paru en 2002, de « national-républicain » et paraît alors proche de Jean-Pierre Chevènement. Passade de courte durée puisqu’il se rapproche ensuite à grandes enjambées de l’extrême-droite, jusqu’à rejoindre l’équipe de campagne de Jean-Marie Le Pen en vue des présidentielles de 2007.

    Mais il est vrai que, dans l’interview où il annonçait son rapprochement avec le FN, Soral affirmait que, faisant cela, il rejoignait un parti « qui pèsera demain 25%  minimum » (forcément, puisque « Le Pen, c’est le plus grand résistant au Système de France » !!). Quelle déception au soir du premier tour des présidentielles quand Le Pen, doublé sur sa droite (extrême) par un Sarkozy vraiment très décomplexé, n’obtient « que » 10,44% des voix. Pas grave, Soral a l’explication : « Le Pen mérite <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname>, mais je ne suis pas sûr que <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname> et les Français tels qu’ils sont aujourd’hui méritent Le Pen. » Dit plus clairement : les Français sont des cons. Venant de quelqu’un qui passe son temps à glorifier démagogiquement le « Peuple » et la « Nation », c’est plutôt cocasse… A l’échec du FN aux présidentielles vient s’ajouter l’échec, plus net encore, des municipales en 2008, ce qui fait que Soral doit commencer à se demander s’il a misé sur le bon cheval (blanc).

    Soral annonce finalement son départ du FN le 1er février 2009, le parti n’ayant daigné lui proposer, en vue des élections européennes, qu’une place d’honneur sur la liste en Ile-de-France. Une simple place d’honneur à lui, Alain Soral, lui qui est « rebelle depuis l’âge de seize ans », vous vous rendez compte ?!?  Comme l’aurait dit une de ses défuntes icônes staliniennes : c’est un scandÂÂÂÂle ! Mais puisqu’il ne veut surtout pas sombrer dans l’oubli et qu’il tient à faire parler de lui à tout prix, Soral se contente finalement d’une place de numéro 5 sur la liste antisém… pardon… « antisioniste » de Dieudonné. On ne sait jamais, dès fois que…  Après tout, « les gens sont tellement cons, ils en redemandent… » et puis « un salarié, c’est comme un enfant ». Alors, qui sait ? Ces ânes-là iront peut-être voter…

    Le grandissime Soral qui, lui, n’est ni un con ni un salarié, chie sur <st1:personname productid="la Star Academy" w:st="on">la Star Academy</st1:personname>, les émissions d’Arthur, celles de Stéphane Bern… Le hic c’est que Soral n’a jamais hésité à aller faire la promo de ses bouquins de merde chez Thierry Ardisson ou Evelyne Thomas ! Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais… Soral semble paniqué à l’idée de retomber dans l’anonymat : « Si vous ne faites pas ce qui faut, vous êtes progressivement marginalisés, c’est-à-dire vous ne passez plus dans les grands médias, vous êtes un peu mal vus […]

    On voit bien ceux qui peuvent se maintenir et ceux qui sont marginalisés, et pourquoi […] Et cette marginalisation elle est bon… au niveau des médias évidemment, c’est-à-dire on est disqualifiés, on n’est plus invités, etcetera... Moi on voit très bien que j’passais beaucoup dans les émissions mais à un moment donné on n’m’a plus vu […] d’ailleurs les gens ne se posent même pas la question ‘tiens, on ne vous voit plus !’ » C’est qu’il doit également se demander comment il va faire pour écouler ses daubes fascistoïdes si, par malheur, il se voit privé de l’accès aux principaux médias et de la notoriété qui va de pair… Aiguillé par son ambition sans scrupules, Soral saura, s’il le faut, changer une énième fois son fusil d’épaule, trouver de nouveaux compagnons de route et de nouvelles tribunes d’où il pourra dégueuler sa prose pseudo contestataire qui, en fait, nuit exclusivement au prolétariat. A moins que ce dernier ne lui en laisse pas l’occasion…

    Source 

     


    votre commentaire