• Une révolution invisibilisée par les grands médias et... par une part croissante de la gauche occidentale

    Elias Jaua "Il ne peut y avoir de changements sociaux sans confrontation avec le capital".

    mercredi 4 mai 2011

    Les deux dernières semaines ont vu une accélération sans précédent de la démocratie et de la révolution au Venezuela. Augmentation du salaire minimum de 25%, augmentation des salaires des universitaires et travailleurs du secteur public de 40 à 45%, financement par l’état d’un "new deal" en matière de logement qui va permettre la construction d’un logement décent pour chaque famille pauvre. Plan national de création d’ emploi pour 3,5 millions de chômeurs sur les 8 prochaines années. Le parlement discute actuellement de nombreuses lois structurantes : sur les droits du travail, sur la protection du pouvoir d’achat, contre la spéculation et les hausses de prix illégales, ou sur la démocratisation - à la suite de l’Argentine - du spectre radio et TV jusqu’ici monopolisé comme partout ailleurs par de grands groupes économiques. Cette loi équilibrera le patrimoine public des ondes - 33% pour le public, 33% pour le privé et 33% pour le secteur associatif, participatif.

    Dotés de plusieurs milliards de dollars ces trois dernières années, 42000 conseils communaux appliquent le budget participatif que la gauche altermondialiste avait découvert à Porto alegre (Brésil) et mobilisent les citoyens dans la reconstruction de leurs services publics et d’un nouveau type d’état.

    La Mision Agrovenezuela vient de financer 34.000 producteurs agricoles à hauteur de 1,4 milliards de bolivars, pour ancrer définitivement le pays dans une souveraineté alimentaire qui refuse les biocarburants ou les OGM. De la CEPAL à l’UNESCO, de l’ONG indépendante chilienne Latinobarometro a la firme privée Gallup, les rapports publics récents indiquent que le Venezuela est devenu le pays le plus égalitaire de la région mais aussi celui où les citoyen(ne)s croient le plus dans la démocratie.

    Ces transformations en profondeur passionnent, mobilisent les vénézuéliens mais sont invisibles à l’extérieur. La gauche occidentale, qui vit un fort désamour des secteurs populaires, impuissante face à la montée de l’extrême-droite, semble ignorer, voire mépriser, ces douze années d’une vaste construction du socialisme bolivarien et sa forte dose de démocratie participative. Une partie croissante d’entre elle préfère mettre son énergie dans des prises de distance médiatiques vis-à-vis de Chavez.

    Au moment où la réalisation du programme historique de la gauche s’accélère au Venezuela, il nous a paru utile de rencontrer un personnage peu connu de la nouvelle génération révolutionnaire, et actuel vice-président de la République bolivarienne, Elias Jaua. Né à Caucagua, état de Miranda, il y a 41 ans, il est licencié en sociologie de l’Université Centrale du Venezuela (UCV). Avant d’être nommé au poste de vice-président de la république, il fut ministre de l’Agriculture et des Terres, ministre de l’Économie Populaire et chef du cabinet présidentiel.

    Q/ Certains dirigeants de l’opposition viennent de dévoiler ce que sera leur programme électoral. Un thème qui, jusqu’ici, était entouré du plus grand mystère : il s’agit de privatiser tout ce qu’il y a à privatiser. Que vous inspire ce soudain élan de transparence ?

    R/ Ceci met en évidence les contradictions internes de l’opposition. D’un coté, ceux qui se présentent comme sociaux-démocrates se sont lancés dans la promotion d’un programme électoral démagogique en prétendant faire croire au peuple qu’il est possible de construire un état social de droit et de justice avec un gouvernement de droite et sans confrontation avec le capital. Mensonge ! Le peuple sait bien que tout ce qui a été acquis au niveau de l’inclusion sociale, des pensions, de l’éducation et de la santé le fut à travers une confrontation avec le capital. Il est impossible d’y arriver autrement. (1) D’un autre coté, Le patronat, qui finance l’opposition, trouve le programme électoral présenté par ce secteur, pour le moins indigeste. C’est donc sous la pression du patronat qu’un autre secteur de l’opposition exprime plus ouvertement l’objectif réel de leur projet à savoir la restauration du système de domination du capital sur l’État et les politiques publiques.

    Q/ Et dans le camp révolutionnaire ? Il y a des dirigeants qui devraient croitre mais dont l’évolution semble limitée par le leadership d’Hugo Chavez. Cela n’engendre-t-il pas une pression interne dangereuse pour le camp bolivarien ?

    R/ Non. Nous qui accompagnons Chavez, avons la maturité politique nécessaire et un idéal commun. Ceci nous permet de comprendre que cette période est marquée par le leadership d’Hugo Chavez. En tant que dirigeants issus de la révolution, désignés, formés et stimulés par Chavez, notre rôle est d’accompagner le leader que le peuple s’est choisi. Chavez n’est ni le fruit d’une imposition , ni issu de primaires , ni d’aucun décret. La légitimité de son pouvoir est née des espérances et des aspirations de notre peuple. Aucun de nous n’éprouve de complexes à cet égard.

    Q/ De fait, le président a déclaré que l’actuel cabinet ministériel est le meilleur qu’il est eu en 12 ans. Quel est le secret de ce succès ?

    R/ Il faudrait le lui demander. Je dirais cependant qu’aussi bien dans la direction du parti (PSUV) qu’au gouvernement, après tant de remaniements, de trahisons et de déceptions, le président est parvenu à conformer une équipe homogène politique et idéologiquement.

    Q/ Les spécialistes du PSUV assurent que vous êtes à la tête d’un courant interne. Existe-t-il un « jauisme », à qui s’opposerait-il ?

    R/ Non, cela n’existe pas. Je peux le nier et ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas partisan de ce genre de choses. Je suis bolivarien, socialiste et chaviste. C’est le seul courant auquel j’appartienne. Je me suis efforcé de contribuer à ce que les positions se basant sur des tendances personnalistes ne fassent pas partie de la révolution. Je crois au débat d’idées au sein de notre parti et de notre projet, à la lutte contre les déviations et le réformisme mais ceci ne saurait être personnalisé.

    Q/ Mais en tant que jeune et ex-membre de Bandera Roja (1), comment vous traite la droite endogène, à l’intérieur du camp bolivarien ?

    R/ Je me demanderais tour d’abord, s’il existe vraiment une droite endogène. Ce concept est utilisé comme une accusation par certains secteurs du chavisme. Je n’y souscris pas car ce concept n’a pas d’existence organique. Les idées de droite seront toujours présentes dans une révolution aussi ample et démocratique que la nôtre, mais l’orientation stratégique claire, courageuse et décidée du président Chavez élimine de fait toute possibilité qu’auraient ces idées de devenir hégémoniques au sein du parti ou de la révolution.

    Q/ Que vous inspire la présence de Bandera Roja (BR) dans la Mesa de Unidad Democratica (MUD, regroupement de la droite vénézuélienne) ?

    R/ Ceci a été digéré il y a longtemps car nous fumes expulsés de Bandera Roja (1) en 1991 à l’issu d’une rupture interne. Maintenant, tous ces mauvais exemples de dirigeants de gauche se retrouvant dans les rangs de la droite ne font que renforcer notre éthique mais aussi la conviction que ce triste rôle de traitre est exactement celui que nous ne voulons pas jouer.

    Q/ Vous faites partie de l’équipe opérationnelle de ce gouvernement. Qui de mieux placé que vous pour nous dire quelle serait le problème interne le plus grave ? Le bureaucratisme, le manque d’efficience, la corruption, la culture capitaliste ?

    R/ Ce qui nous a manqué jusqu’ici, c’est la capacité de suivi et de contrôle dans notre gestion. C’est cette défaillance qui nous rend vulnérable à tous ces maux. Quand nous aurons réussi à exercer un suivi et un contrôle sur notre gestion, aucun de ces fléaux ne pourra prospérer. Pour sur, cette faiblesse démontre que nous n’avons pas un État omnipotent contrôlant le moindre détail. Il faut une consolidation des institutions afin que ce contrôle soit possible.

    Q/ Si on suit les analyses les plus pessimistes postérieures à l’intervention militaire en Libye, quand cela sera-t-il le tour du Vénézuéla ?

    R/Une des grandes vertus du président et de la révolution bolivarienne est d’avoir empêché ce scénario avec beaucoup d’audace, une diplomatie courageuse, une capacité de nouer des relations avec différents pôles de pouvoir dans le monde et par le renforcement de l’organisation et de la conscience de notre peuple. L’impérialisme nous habitue depuis le Vietnam à agresser les peuples qu’il sait organisés et assez dignes pour défendre leur territoire et leur souveraineté. Nous allons continuer à lutter pour que notre pays ne soit jamais agressé.

    L’effort de renouer des relations avec la Colombie par exemple a neutralisé les plans impériaux d’attaquer à travers un pays voisin et frère. Cela reste possible, en particulier vu la rareté du pétrole dans le monde, et c’est pourquoi nous devons nous préparer mieux chaque jour. C’est la meilleure barrière contre l’impérialisme.

    “J’ai traité des vaches... et semé de la yucca”

    Q/Le président a défié les grands propriétaires à un moment très difficile. Comment avez vous relevé le défi d’assumer le ministère de l’agriculture sans avoir trait des vaches ?

    R/ Si, j’ai trait des vaches lorsque je suis allé me réunir avec les paysans de Mérida. J’ai coupé des bananes à Barlovento. Et j’ai aussi semé de la yucca (rires). Le thème de l’agriculture requiert beaucoup de directionnalité politique et de compréhension du phénomène social. Tout le reste, les aspects techniques, sont déjà élaborés et nous avons l’appui de puissances en la matière telles que la Chine, l’Argentine et le Brésil. Nous sommes arrivés dans ce secteur pour nouer un grand débat dans lequel ont participé tant la droite récalcitrante que les mouvements paysans. Les dirigeants patronaux du secteur privé n’ont pas voulu l’admettre publiquement mais ils savent que nous avons fait un grand effort pour arriver à des accords.

    Q/Les avancées de la révolution agraire ont coûté beaucoup de sang. Pourquoi n’a-t-on pu faire justice dans les cas de paysans assassinés par des mercenaires des grands propriétaires ?

    R/ Les cas de "sicaires" ne sont pas faciles, mais les assassins professionnels ne laissent pas de trace et dans la majorité des cas, ce sont des personnes qui viennent de l’étranger, commettent le crime et repartent. Sur ordre du commandant Chávez, on a cherché à garantir la sécurité sociale des survivants des victimes d ces assassinats. dans les dernières années il y a eu moins de cas et ce sont des cas résolus par la police, certains auteurs matériels et parfois intellectuels ont été arrêtés. Deux grands propriétaires ont été arrêtés et un autre a fui du pays, un avis de recherche a été lancé contre lui.

    Traduction : Yerko Ivan.

    URL de la version FR de cet article : http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article1525&lang=fr

    Source : http://www.minci.gob.ve/entrevistas...

    (1) ("Drapeau rouge". Organisation stalinienne des années 70, passée peu à peu à droite et qui a participé au coup d’état contre Chavez en 2002)


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  • Rapport sur les violations israéliennes des droits humains



    Les Forces d’occupation israéliennes (FOI) poursuivent leurs agressions méthodiques contre les Palestiniens et leurs biens dans les Territoires palestiniens occupés (TPO).

    Pendant cette semaine du 28 avril au 4 mai :

    • 2 enfants palestiniens ont été blessés par les FOI entrées dans le village de Bil’in, à l’ouest de Ramallah ;
    • les FOI ont poursuivi leurs tirs d’artillerie sur les zones frontalières à l’intérieur de la bande de Gaza :
      • 4 civils palestiniens, dont 2 enfants et une femme, ont été blessés dans l’est de Gaza Valley ;
      • une maison a été endommagée ;
    • les FOI ont continué d’user de la force contre les manifestations pacifiques en Cisjordanie :
      • un enfant a été blessé lors de la manifestation de Bil’in ;
      • 8 militants des droits de l’homme ont été arrêtés ;
    • les FOI ont conduit 39 incursions dans les communautés palestiniennes en Cisjordanie :
      • 10 civils palestiniens ont été arrêtés, dont 4 enfants ;
      • parmi les Palestiniens arrêtés : un député du CLP et un ancien ministre du Hamas ;
      • un civil palestinien de Gaza a été arrêté dans des circonstances mystérieuses ;
    • les FOI ont continué la colonisation et les colons leurs attaques en Cisjordanie :
      • les FOI ont remis de nouveaux ordres de démolitions de maisons ;
    • Israël a maintenu un siège total sur la bande de Gaza et a resserré le siège de la Cisjordanie :
      • les FOI ont arrêté au moins un Palestinien sur un check-point militaire en Cisjordanie ;
      • elles ont commis des sévices contre un travailleur palestinien et ont lâché un chien dressé sur lui.

    (JPG)

    Un canon à eau israélien envoie un liquide nauséabond sur les manifestants non violents contre la construction du mur d’annexion à Nabi Saleh, près de Ramallah.


    Violations israéliennes recensées durant la semaine du 28 avril au 4 mai 2011

    1 - Incursions dans les zones palestiniennes et attaques contre les civils palestiniens et leurs biens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza

    Jeudi 28 avril

    10 h 30, les FOI entrent dans Arraba, au sud-ouest de Jénine, elles patrouillent dans les rues quelques temps et se retirent.

    12 h 30, incursion dans Itra et dans Ejja, au sud de Jénine.

    13 h 30, les FOI entrent dans Bil’in, à l’ouest de Ramallah. Elles conduisent leurs véhicules en provoquant les Palestiniens dans les rues. Des garçons se rassemblent et leur lancent des pierres ; aussitôt les soldats de l’occupation répliquent en tirant à balles caoutchouc, des grenades lacrymogènes et sonores sur les enfants. Deux des enfants sont blessés, et beaucoup respirent les lacrymogènes. Les FOI se retirent par la suite. Les enfants blessés sont :

    • Jamal ATef Al-Khatib, 15 ans, atteint par deux balles dans la bouche et dans le ventre ;
    • Nasmi Mohammed Abu Rahmeh, 16 ans, atteint par une balle au pied droit.

    14 h, incursion dans Kharabtha al-Mesbah, à l’ouest de Ramallah.

    21 h 10, depuis la frontière à la hauteur de Gaza valley village au sud de Gaza ville, les FOI tirent 6 obus sur la maison de Jaber Ismail Abu Saïd, 66 ans. 4 d’entre eux touchent la maison de plein fouet. La surface visée est de 100 m². Deux familles composées de 10 membres dont 5 enfants vivent là, à environ 400 mètres de la frontière. Sanaa Ahmed Abu Said, 25 ans, est blessée aux jambes ; Alaa Addin Naser Abu Said, 10 ans, au cou et à l’abdomen ; Mohammed Jaber Abu Said, 27 ans, à la face. Il faut noter que les ambulances prévues pour avoir accès sur les lieux n’ont pu arriver qu’une demi-heure plus tard après concertation entre la Croix-Rouge internationale et la partie israélienne. Les ambulances ont évacué les blessés. Cette attaque fait suite à une précédente attaque du 13 juillet 2010 où la femme de Abu Saïd et un de ses fils avaient été tués et 3 autres personnes dont 2 femmes et le propriétaire de la maison, blessées.

    20 h 30, incursion dans Jéricho.

    Vendredi 29 avril

    9 h 30, les FOI entrent dans la zone située entre Azzoun et Izbat al-Tabib, à l’est de Qalqilya. Après avoir patrouillé dans le secteur, elles se retirent.

    10 h, incursion dans Jefna, au nord de Ramallah.

    12 h 15, les FOI reviennent entre Azzoun et Izbat al-Tabib.

    17 h 30, retour dans ce secteur. Les FOI patrouillent un moment et avant de se retirer, elles arrêtent un jeune Palestinien :

    • Abdul Aziz Shaher Salim, 17 ans,

    alors qu’il conduit son tracteur. Un Palestinien a assisté à l’arrestation d’Abdul.

    21 h, les FOI entrent dans Beit Leqia, à l’ouest de Ramallah, se comportant là aussi de façon provocante, avec comme résultat, les jeunes qui se regroupent et leur lancent des pierres ; et les soldats qui répliquent en tirant sur eux. Nombreux d’entre eux inhalent les lacrymogènes.

    Samedi 30 avril

    Minuit et demi, les FOI entrent dans Ya’bad, au sud-ouest de Jénine.

    2 h 30, dans Qabatya, au sud de Jénine.

    10 h 30, dans Arraba, au sud-ouest de Jénine.

    11 h 20, dans Jayyous, au sud-est de Qalqilya.

    21 h 10, dans Azzoun, à l’est de Qalqilya. L’armée opère sur deux maisons, celle de Hamza Abdul Halim Hussein, 49 ans, et celle d’Ayman Khaled Abu Hina, 40 ans. Elle se retire vers 22 h 40.

    23 h, dans Fahma, au sud de Jénine.

    23 h 30, dans Bitonia, à l’ouest de Ramallah.

    Dimanche 1er mai

    Minuit, les FOI pénètrent dans Ematin, au nord-est de Qalqylia.

    2 h, dans Bir Zeit, au nord de Ramallah.

    10 h, dans Deir Ghazala, au nord de Tulkarem.

    10 h 45, dans Habla, au sud de Qalqilya.

    13 h 40, dans Azzoun, à l’est de Qalqilya.

    14 h 40, dans Izbat al-Tabib, même secteur. Elles fouillent deux maisons appartenant à Zeyad Yasser Mohammed Tabib et à son frère Shadi Tabib, et leur remettent deux avis pour démolir leurs deux maisons ; motif : manque du permis de construire israélien.

    15 h, les autorités de l’occupation israélienne informe Khalil Mousa Issa al-Silwai, 41 ans, que son fils, Khaled Khalil al-Silawi, 21 ans, est détenu dans la prison d’Ashkelon, à Beersheba, en Israël. Al-Silawi dit que son fils était absent depuis la veille, samedi 30 avril, et qu’il le recherchait jusqu’à ce qu’il reçoive cette information comme quoi il était prisonnier des Israéliens. Il indique aussi que les autorités de l’occupation israélienne lui ont demandé de prendre un avocat pour son fils. Elles lui ont indiqué aussi que son fils n’avait pas droit à visites jusqu’au 8 mai prochain. Silawi indique qu’il ignorait les circonstances précises de l’arrestation de son fils par les Israéliens.

    16 h, les FOI entrent dans Jeet, au nord-est de Qalqilya.

    17 h 40, dans Azzoun, à l’est de Qalqilya.

    19 h, dans Zabbouba, au nord-ouest de Jénine.

    21 h, dans Bala’a, au nord-est de Tulkarem.

    Lundi 2 mai

    1 h, incursion dans al-Oja, au nord-est de Jéricho. L’armée pénètre chez un député du Conseil législatif palestinien, Ali Salim Suleiman Rumanin, 39 ans, et fouille son domicile. Elle se retire vers vers 1 h 25 et arrête Rumanin.

    1 h, dans Arraba, au sud-ouest de Jénine. L’armée patrouille dans les rues, tirant des grenades sonores, et se retire.

    2 h, dans Housan, à l’ouest de Bethléhem. L’occupant opère sur de nombreuses maisons, et, avant de se retirer, arrête 4 Palestiniens et les transfèrent au centre de détention de Kfar Etzion, au sud-ouest de Bethléhem :

    • Ragheb Taha Sabatin, 17 ans ;
    • Mohammed Khaled Hamamra, 22 ans ;
    • Alaa Khaled Shousha, 22 ans, et
    • Mohammed Khaled Sabatin, 23 ans.

    4 h, dans Izbat al-Tabib, à l’est de Qalqilya, avec fouille de la maison de Bayan al-Tabib, président du conseil du village. Al-Tabib a déclaré au PCHR que les FOI avaient volé 1000 dinars jordaniens (environ 960 €) :

    « Vers 4 h, lundi 2 mai, l’armée a fait irruption chez moi. Les soldats ont obligé mon épouse et mes enfants à sortir. Ils sont restés dans la maison jusqu’à 6 h. Ils ont fouillé la maison et malmené ce qui s’y trouvait. Ils ont brisé la télévision, les ordinateurs et les toilettes. Ils sont partis en volant 1000 dinars jordaniens. »

    8 h 30, incursion dans Ramin, au nord-est de Tulkarem.

    11 h, dans al-Zababda, au sud-est de Jénine. L’armée patrouille dans les rues du village et reste en position quelques temps près du foyer al-Dalah pour femmes.

    16 h 50, dans Jayyous, au nord-est de Qalqilya. L’armée pose un check-point à une entrée de Jayyous. L’officier arrête les Palestiniens et leur demande leur opinion sur « l’Intifada du 15 mai 2011 », mais les Palestiniens ne lui répondent pas, et leur balancent des pierres sur leurs véhicules. L’occupant finit par se retirer.

    20 h 50, dans Azzoun, à l’est de Qalqilya.

    Mardi 3 mai

    2 h, incursion dans le camp de réfugiés d’Aïda, au nord-ouest de Bethlhéhem. L’armée opère sur le domicile de Feras Aqel Mustafa Dar Haj, 22 ans. Avant son retrait, elle arrête Dar Haj et le transfère au centre de détention de Kfar Etzion.

    2 h 35, les FOI entrent dans la ville de Qalqilya. Patrouilles dans les rues, interpellation Saleh Hassanin, membre de la Sécurité nationale palestinienne, qui faisait une ronde dans le secteur. L’armée se retire par la suite.

    6 h, des colons israéliens soutenus par les FOI entrent dans le secteur de Naplouse. Ils se livrent à des rites religieux sur le Tombeau du prophète Joseph, près de Balata, à l’est de Naplouse. Pendant ce temps, des jeunes Palestiniens se regroupent et lancent des pierres sur les véhicules de l’occupant. Les FOI répliquent aussitôt en tirant sur les enfants pour les disperser, et leur font la chasse. Elles en arrêtent deux :

    • Ahmed Reyadh al-Saheli, 16 ans,
    • Khaled al-Bouhi, 16 ans.

    Mercredi 4 mai

    1 h, incursion dans plusieurs quartiers d’Hébron. L’armée opère sur le domicile d’un ancien ministre palestinien, Issa Khalil al-Jabaari, 51 ans, et l’arrête.


    2 - Usage d’une force démesurée contre les manifestations non violentes protestant contre la colonisation et la construction du mur d’annexion

    Durant la semaine écoulée, les FOI ont continué d’utiliser la force contre les manifestants non violents : Palestiniens et militants internationaux et israéliens, qui protestent contre la colonisation et le mur d’annexion. Un enfant palestinien a été blessé, des dizaines de Palestiniens et de militants étrangers ont souffert de l’inhalation des lacrymogènes, d’autres ont pris des coups par les soldats de l’occupation.

    En outre, les FOI ont arrêté 8 internationaux : 3 ont été arrêtés le 29 avril lors de la manifestation hebdomadaire de Nabi Saleh, et les 5 autres, le 1er mai, lors de l’attaque des FOI contre le sit-in organisé à Izbat al-Tabib, à l’est de Qalqilya.

    Bil’in, à l’ouest de Ramallah : le vendredi 29 avril, après la prière, la manifestation non violente hebdomadaire de Palestiniens et militants internationaux et israéliens se dirige vers le mur en construction sur les terres du village. Les soldats postés au mur les attendent et les attaquent toujours avec la même violence.

    Un enfant palestinien, Mohammed Iyad Bernat, 8 ans, reçoit le corps d’une grenade lacrymogène dans le dos.

    Ni’lin, à l’ouest de Ramallah : au même moment, la même manifestation contre le mur est agressée par les troupes d’occupation. De nombreux manifestants inhalent les lacrymogènes.

    Nabi Saleh, au nord-ouest de Ramallah : une autre manifestation non violente hebdomadaire, ce vendredi, subit la même violence de l’occupant, alors que les manifestants s’approchent des terres volées par les Israéliens au profit de leurs colons de Halmish. De nombreux manifestants respirent les gaz.

    De plus, l’occupant arrête 3 militants internationaux, et les emmène vers une destination inconnue.

    Izbat al-Tabib, à l’est de Qalqilya : le dimanche 1er mai, les FOI, accompagnées de 20 véhicules et d’un bulldozer, entrent de force dans Izbat al-Tabib. Elles passent au bulldozer des terrains dans l’est du village afin d’y poser une clôture de barbelés. Elles démontent aussi une tente qui servait à un sit-in et agressent 5 militants internationaux.

    D’après l’enquête conduite par le PCHR, et le témoignage de Bayan al-Tabib, le président du conseil local d’Izbat al-Tabib, vers midi et demi, ce jour-là, les FOI, escortées par 20 véhicules militaires et un bulldozer, et accompagnée d’un officier de l’Administration civile, ont attaqué le village d’Izbat al-Tabib.

    Immédiatement, elles demandent aux civils et aux militants internationaux d’évacuer la tente du sit-in, montée à l’entrée du village le 29 avril, pour protester contre la décision israélienne de confisquer de la terre dans le nord du village afin d’y monter une clôture militaire.

    Des discussions ont lieu entre l’officier de l’Administration civile, son adjoint et le commandant israélien pendant deux heures. Elles décident qu’il faut démonter la tente et conduire les militants internationaux hors du secteur.

    Après que les civils et les internationaux aient refusé d’évacuer les lieux, vers 14 h 30, les FOI leur déclarent qu’un détachement va se rendre dans un quartier d’‘Azzoun, village voisin, et qu’ils pourraient garder la tente dans le cas où personne n’intercepterait ce détachement. Des soldats commencent à partir, la tente se trouve sur leur gauche. Quand ils s’en approchent, un soldat israélien se met à cogner sur une femme et l’a projette au sol. D’autres soldats repoussent plus loin les internationaux et encerclent la tente. Plus tard, le bulldozer commence son travail dans l’est du village, vers la porte jaune, sur la route qui conduit à ‘Azzoun. Quand le bulldozer s’approche des oliveraies, un groupe de femmes tenté d’en dissuader les soldats. Ensuite, quand il se rapproche de la tente, les 4 internationaux se mettent devant la tente pour la protéger du bulldozer. Les soldats israéliens leur tombent dessus, à coups de crosse de fusil, et les arrêtent. Les FOI restent sur les lieux jusqu’à 18 h.

    Les internationaux qui ont été attaqués sont :

    • Trapi et Olivos, de Grande-Bretagne ;
    • Rachel, de Suède, et
    • Sandi et un autre (nom inconnu), des USA.

    Ces deux derniers ont été emmenés en Israël.


    3 - Maintien du bouclage des TPO

    Israël maintient un bouclage serré sur les TPO et ses mesures limitant la liberté de déplacement des Palestiniens, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est occupée.

    Bande de Gaza

    Mouvements des personnes et des biens aux postes frontière

    Rafah International

    Date  :
     :
    Palestiniens
    sortant
     :
     :
    Palestiniens
    entrant
    27 avril  : 293  : 206 ; 125 sont refoulés
    28 avril  : 496  : 338 ; 3 refoulés
    29 avril  : fermé  :
    30 avril  : fermé  :
    1er mai  : "  : 1
    2 mai  : 358  : 405 ; 63 refoulés
    3 mai  : 474  : 342 ; 73 refoulés

    Karm Abu Salem (Kerem Shalom)

    Date  : Importations Qté  : Exportations Qté
    27 avril  : denrées alimentaires 1686 tonnes  :


     : matériel agricole 1743 tonnes  :


     : denrées diverses 1309 tonnes  :


     : gaz domestique 199,31 tonnes  :


     : ciment pour l’UNRWA 640 tonnes  :


     : fers à béton pour l’UNRWA 134 tonnes  :


     : aliments pour animaux 1560 tonnes  :


     : fioul industriel
     :


     : aide humanitaire 1580 tonnes  :


     :

     :

    28 avril  : denrées alimentaires 1612 tonnes  : fleurs 42 000

     : matériel agricole 1755 tonnes  :


     : denrées diverses 1280 tonnes  :


     : gaz domestique 195,28 tonnes  :


     : fioul industriel
     :


     : fers à béton pour l’UNRWA 61 tonnes  :


     : nourritures animales 1599 tonnes  :


     : aide humanitaire 697 tonnes  :


     :

     :

    1er mai  : denrées alimentaires 1293 tonnes  : fleurs 62 000

     : matériel agricole 1957 tonnes  :


     : denrées diverses 1306 tonnes  :


     : gaz domestique 205,30 tonnes  :


     : ciment pour l’UNRWA 240 tonnes  :


     : fers à béton pour l’UNRWA 91 tonnes  :


     : céréales 1638 tonnes  :


     : nourritures animales 117 tonnes  :


     : fioul industriel
     :


     : aide humanitaire 901 tonnes  :


     :

     :

    2 mai  : denrées alimentaires 1345 tonnes  :


     : matériel agricole 1795 tonnes  :


     : denrées diverses 1357 tonnes  :


     : gaz domestique 135,25 tonnes  :


     : ciment pour l’UNRWA 280 tonnes  :


     : fers à béton pour l’UNRWA 52 tonnes  :


     : céréales 1677 tonnes  :


     : fioul industriel
     :


     : aide humanitaire 1139 tonnes  :


     :

     :

    3 mai  : denrées alimentaires 1293 tonnes  :


     : matériel agricole 1925 tonnes  :


     : denrées diverses 1255 tonnes  :


     : gaz domestique 45,28 tonnes  :


     : ciment pour l’UNRWA 713 tonnes  :


     : agrégats pour l’UNRWA 69 tonnes  :


     : fers à béton pour l’UNDP 67 tonnes  :


     : nourritures animales 1755 tonnes  :


     : fioul industriel
     :


     : aide humanitaire 1548 tonnes  :

    Beit Hanoun (Erez)

    Population  : 27 avril - 28 avril - 29 avril - 30 avril - 1er mai - 2 mai - 3 mai
    Patients  : 50 41 1 0 59 41 51
    Accompagnateurs  : 48 36 1 0 54 36 47
    Palestiniens venant d’Israël  : 18 1 29 0 4 0 2
    Diplomates  : 2 8 0 0 0 0 2
    Presse  : 1 0 2 0 2 1 5
    Internationaux  : 19 63 6 0 4 15 24
    Gazaouis  : 0 1 0 0 0 0 3
    Gens d’affaires  : 56 59 0 0 58 56 62
    Réunions d’affaires  : 0 2 2 0 0 0 0
    Entretiens sécurité  : 1 1 0 0 1 0 0
    Personnalités  : 1 0 0 0 0 6 0
    Ambulances vers Israël  : 3 6 0 0 3 0 0
    Ambulances venant d’Israël  : 1 2 0 0 3 3 1


    Cisjordanie

    Jérusalem : les FOI maintiennent leurs mesures contre les déplacements des Palestiniens qui veulent entrer ou sortir de la ville. Des milliers d’entre eux n’ont toujours pas accès à Jérusalem, qu’ils soient de Cisjordanie ou de la bande de Gaza. De nombreux check-points entourent la ville, d’autres sont posés à l’intérieur. Les restrictions sont renforcées les vendredis, jours de prière où de nombreux Palestiniens voudraient aller prier à la mosquée Al-Aqsa, dans la vieille ville palestinienne, à Jérusalem-Est. Et renforcées aussi à l’occasion des fêtes chrétiennes.

    Ramallah : les restrictions renforcées sur les check-points de Jaba et Qalandya, au sud-est de Ramallah sont maintenues.

    • jeudi 28 avril, 10 h, les FOI posent un check-point volant sur la route de Beit ‘Our al-Tahta à Beit ‘Our al-Foqa, à l’ouest de la ville ;
    • 18 h, un autre sous le pont de Karbatha al-Mesbah, à l’ouest ;
    • 21 h 30, les FOI reviennent sur le check-point ‘Atarah, à l’entrée nord de Bir Zeit, au nord de Ramallah ;
    • 22 h, autre check-point près du carrefour de Surda, au nord ;
    • vendredi 29 avril, 8 h, pose d’un check-point à l’entrée de Nabi Saleh, au nord-ouest ;
    • 18 h, un autre à l’entrée de Beir ‘Our al-Foqa ;
    • 20 h, les FOI reviennent sur ‘Atarah ;
    • samedi 30 avril, 19 h 30, les FOI mettent un check-point près de l’entrée de Beit Liqya, à l’ouest ;
    • lundi 2 mai, 22 h 30, un autre à l’entrée de Nabi Saleh, et
    • mardi 3 mai, 20 h 30, les FOI reviennent à ‘Atarah, et ferment complètement le check-point.

    Naplouse :

    • jeudi 28 avril, 13 h, les FOI posent un check-point au carrefour de la colonie Yitzhar, au sud du check-point d’Huwara, dans le sud de Naplouse ;
    • en même temps, elles posent un autre check-point près de la briqueterie al-Taneeb, sur la route Naplouse/Tulkarem, et
    • mardi 3 mai, 6 h, un check-point à l’entrée est de Lubban, au sud de la ville.

    Qalqilya :

    • vendredi 29 avril, les FOI posent 7 check-points autour de la ville, et
    • dimanche, 1er mai, 5 check-points.

    Tulkarem : Les FOI ont posé de nombreux check-points sur les routes de contournements autour de la ville. Sur chaque barrage, elles arrêtent les véhicules palestiniens, les fouillent et contrôlent les identités des Palestiniens. Depuis le début de l’Intifada, la route qui va de Kafr al-Labad à Shofah, à l’est de Tulkarem, est fermée. En outre, la route qui relie Shofah à ses exploitations agricoles est fermée.

    • jeudi 29 avril, 9 h, les FOI posent un check-point à l’entrée nord de Beit Leed, à l’est de Tulkarem ;
    • vendredi matin, 29 avril, vers 9 h, autre check-point sur la route Tulkarem/Qalqilya, à l’entrée de Far’oun, au sud ;
    • 17 h, un check-point à l’entrée de de Beit Leed ;
    • samedi 30 avril, 11 h, un check-point à l’entrée nord de Beit Leed (il faut noter que ce check-point est monté presque quotidiennement et que les FOI laissent leurs véhicules dans le secteur pour surveiller la route de contournement qui relie les colonies Avni Heifetz et Ennab, à l’est de Tulkarem, avec la colonie Shavi Shomron, à l’ouest de Naplouse) ;
    • 11 h 30, les FOI sur le check-point d’Ennab sur la route Tulkarem/Naplouse, renforcent les restrictions ;
    • dimanche 1er mai, 8 h, sur le même check-point d’Ennab, restrictions renforcées ;
    • 11 h 30, les FOI posent un check-point sur la route Tulkarem/Qalqilya, dans le secteur de Mothallath, au sud de la ville ;
    • et un autre sur la même route, à l’entrée de Far’oun ;
    • lundi 2 mai, 14 h, un check-point sur la même route dans le seceur de Mothallath Jbarah, et
    • mardi 3 mai, 18 h, les FOI sur Ennab renforcent les restrictions au passage du barrage.

    Jénine : vendredi 29 avril, 19 h, pose d’un check-oint à l’entrée de Kafrit, au sud-ouest de Jénine.

    Jéricho : jeudi 28 avril, 18 h 30, pose d’un check-point à l’entrée de Fasayel, au nord de Jéricho.


    Arrestations sur les check-points militaires

    Dimanche 1er mai, 16 h 30, les soldats israéliens sur le check-point Container, sur la route qui passe à l’est de Sawahra et rejoint Wad al-Nar, arrêtent Mohammed Hashem Mohammed Ermeilat, 25 ans, de Bani Na’im, au sud-est d’Hébron. Il est retenu pendant quelques heures avant d’être emmené au centre de détention de Kfar Etzion, au sud-ouest de Bethléhem.


    Harcèlement sur les check-points militaires

    -  Dimanche matin, 1er mai, le « Jour international du Travail », les troupes israéliennes postées dans la zone d’al-Kassarah, au sud-ouest d’al-Ramadeen, près du mur d’annexion, font la chasse à des travailleurs palestiniens qui passent en territoire israélien pour aller chercher du travail à Beersheba. Nombre d’entre eux se font tabasser et l’un d’eux est attaqué et mordu par un chien renifleur.

    Deux Palestiniens souffrent de blessures légères ou moyennes :

    • Mohammed Nasser Mohammed Tmaizi, 22 ans, d’Ethna, au nord-ouest d’Hébron, blessé au front et à la jambe droite, souffre d’ecchymoses sur tout le corps et d’éraflures aux jambes, et
    • Na’im Mohammed Hosheiyah, 45 ans, de Yatta, au sud d’Hébron, souffre de blessures superficielles à la jambe gauche, d’égratignures sur les membres et d’ecchymoses sur tout le corps.

    Selon les informations recueillies par le PCHR, et le témoignage de Mohammed Nasser Mohammed Tmaizi, vers 2 h 30, le 1er mai, Tmaizy et 4 autres travailleurs se rendaient en taxi dans la zone d’al-Dhaheriyah. Le véhicule était un Mitsubishi Magnum, qui les emmène à la frontière avec Israël.

    Vers 4 h, ils arrivent dans le secteur d’al-Kassarah, au sud-ouest d’al-Ramadeen. Ils se dirigent à pied vers la frontière où il y a une brèche dans le mur d’annexion. A 3 m du mur, un travailleur aperçoit un groupe de 4 ou 5 soldats israéliens, avec un énorme chien renifleur. Les Palestiniens se mettent à courir et aussitôt, les FOI lâchent le chien sur les eux, et le chien fait tomber Tmaizi au sol, à près de 50 m de la clôture. Le chien l’attaque et commence à lui mordre les jambes. En même temps, les soldats se mettent autour de lui alors qu’il est étendu au sol. Ils restent là à regarder le chien attaquer pendant quelques minutes. Les soldats lui donnent des coups de pieds et des coups de crosse, surtout dans la tête et dans les jambes. Il est blessé au front, à la jambe de droite, il porte des égratignures aux jambes et des ecchymoses à travers tout le corps.

    Dans son témoignage au PCHR, il déclare :

    « Après avoir subi l’attaque, j’ai été obligé par les FOI à marcher vers la clôture, mais j’étais épuisé et mon front saignait après un coup de crosse de fusil. Ils m’ont gardé prisonnier sans me proposer le moindre soin. J’ai été obligé de m’allonger à terre, sur le ventre, pendant 4 h, puis ils m’ont dit de me lever et de partir. Ce que j’ai fait tout de suite en prenant entre les vallées et les collines, vers l’est, pendant 3 km, jusqu’à ce que je tombe sur le village d’al-Ramadeen. Là j’ai demandé de l’aide et ils ont appelé une ambulance qui m’a transporté à l’hôpital d’Hébron où j’ai reçu les soins nécessaires. »

    -  Dimanche 1er mai, 16 h 20, les FOI posent un check-point à l’entrée est de Qalqilya. Elles se lancent à la poursuite de Saleh Wajeeh al-Qur’an, 20 ans, alors qu’il rentre chez lui en empruntant un chemin de terre.

    Dans son témoignage au PCHR, Al-Qur’an indique :

    « J’étais à Nabi Elias. Comme j’avais été empêché d’entrer dans Qalqilya, j’ai pris une autre route. Avec comme résultat, des soldats israéliens qui m’ont vu et qui m’ont couru après. Je suis tombé de cheval, ce qui m’a causé des ecchymoses, et j’ai été transporté aux urgences à l’hôpital de la ville pour recevoir les soins nécessaires ».

    4 - Colonisation et agressions des colons contre les Palestiniens

    Israël poursuit la colonisation des TPO, en violation du droit humanitaire international, et les colons leurs agressions contre les civils palestiniens et leurs biens.

    -  Dimanche 1er mai, 14 h 40, les troupes israéliennes, accompagnées de nombreux véhicules, entrent de force dans Izbat al-Tabib, à l’est de Qalqilya. Elles pénètrent dans deux maisons qui appartiennent à Zeidan et Shadi Yasser Mohammed Tabib. Avant de se retirer, les soldats donnent aux deux Tabib un avis leur commandant de démolir leurs maisons sous le prétexte qu’ils n’avaient obtenu le permis de construire par Israël.

    -  Lundi matin, 2 mai, les FOI remettent à des Palestiniens de Beit Ummar, au nord d’Hébron, des avis de démolition pour trois bâtiments industriels et agricoles qui touchent à la grande route, au sud et à l’est de la ville.

    Selon l’enquête du PCHR, et le témoignage de Mohammed ‘Ayyad ‘Awad, porte-parole du Comité populaire contre le mur d’annexion, des officiers de l’Administration civile, accompagnés de soldats, ont remis 3 avis de démolition aux propriétaires des 3 bâtiments concernés.

    Ces bâtiments ont été montés sur des terrains appartenant à leurs propriétaires, et sur la route qui relie Hébron à Bethléhem. Les bâtiments, qui appartiennent à Saber Zamel Abu Maria et Ahmed Hmeid Abu Maria, sont : un atelier pour des travaux de construction, un hangar agricole et un atelier pour la vente de pièces détachées automobiles. Les avis de démolition ont été publiés sous le prétexte que les bâtiments sont proches de la route, laquelle route est utilisée par des véhicules israéliens. Les avis militaires leur donnent une semaine pour faire appel contre cette décision.

    -  Également lundi, 2 mai, les FOI donnent 8 avis pour l’évacuation de dizaines de dunums (10 dunum = 1 ha) à des Palestiniens du camp de réfugiés d’al-Fawwar, au sud d’Hébron, sous le prétexte que ces exploitations agricoles, qui sont situées au sud-est du camp, sont « propriété de l’État ».

    D’après l’enquête du PCHR, et les témoignages des résidents du camp, un officier israélien de l’Administration civile et des soldats ont distribué ces avis autour des terrains concernés et les ont soumis à certains des agriculteurs qui sont sur ou proches de ces terres, dans la zone de Khalayel al-Tobasi. Les avis d’évacuation prévoient notamment l’interdiction de pénétrer sur ces terres et de les utiliser. Elles représentent environ 80 dunums (8 ha), avec 13 puits pour usage agricole. Les terres appartiennent à des Palestiniens, et notamment à :

    • Khaled Hassan Sarhanah ;
    • Jebril Mostafa Sarhanah ;
    • Nezar Abdul Ra’ouf Janazrah ;
    • Amjad Jaber Shadafan ;
    • Abdul Ra’ouf Sha’ban Janazrah, et
    • Samir Mohammed al-Hleiqawi.


      (JPG) Document public

    Pour plus d’informations, merci de vous rendre sur le site du PCHR, ou de le contacter à son bureau à Gaza ville par courriel : pchr@pchrgaza.org, ou par téléphone : (+972 (0)8 2824776 - 2825893).


    Rapport hebdomadaire pour la période du 28 avril au 4 mai 2011 : PCHR
    traduction pour ce qui concerne Gaza : Jacques Salles, et la Cisjordanie : JPP


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  • Opposons-nous aux rafles ici et maintenant

     

    Depuis de nombreuses années, l’Etat orchestre un battage médiatique au service de sa politique contre l’immigration. Suite aux révoltes au Maghreb et au Moyen-Orient, il augmente les contrôles aux frontières et les interpellations au faciès. La préfecture et ses chiens de garde ciblent les abords des associations d’aide aux sans-papiers, des administrations, des gares et galeries marchandes ...

    À Strasbourg, ceux qui n’ont pas de papiers sont emprisonnés au Centre de Rétention Administratif de Geispolsheim puis expulsés le plus souvent depuis l’aéroport d’Entzheim. Cette traque, en plus d’ancrer chez certains la peur d’un retour forcé (synonyme parfois de torture, prison ou mort ; le plus souvent de misère), participe ici à banaliser le contrôle de l’Etat sur nos vies par le fichage au moyen des papiers d’identité.

    Être sans papiers pousse à accepter des boulots dans la restauration, le bâtiment, le nettoyage et autres secteurs où l’exploitation est à son comble (salaires et conditions de merde). Les patrons sont friands d’une main-d’oeuvre corvéable à merci qui ferme sa gueule sous peine d’être dénoncée aux flics. Le capitalisme a besoin de l’immigration, légale ou non.

    L’enfermement, la gestion et les expulsions des sans-papiers sont un marché juteux que se disputent les charognards tels Vinci, Eiffage, Bouygues, Air France, Accor, la Croix Rouge, Sodexho, etc, au moyen de contrats passé avec l’Etat.

    À Geispolsheim, l’Alsacienne de Restauration et Véolia se font leur beurre sur le cantinage et le nettoyage. Dans la même logique de profit mais sous couvert de bonne conscience humanitaire, l’Ordre de Malte y cogère l’enfermement et collabore à la répression en réduisant la vie à des dossiers administratifs.

    Menant la bataille juridique de la régularisation, des associations telles que RESF trient les bons et les mauvais sans papiers sur des critères d’intégration. Ils créent ainsi la séparation entre ceux qui « mériteraient » de vivre ici et les autres, là où il pourrait y avoir de la solidarité et des luttes hors du moule légaliste et citoyenniste.

    Mais certains n’ont pas choisi la voie de la résignation ou de l’indignation. Dans de nombreux centres de rétention (à Paris, à Marseille, en Italie, en Belgique et ailleurs), des détenus se révoltent et s’évadent à coup d’incendies, d’émeutes, sans concession avec l’Etat et ses flics. Contre les centres de rétention, de multiples étincelles de rage ont surgi en solidarité, et surgissent encore.

    Que chacun déploie ses forces contre les rafles, les CRA, les expulsions, et contre tous ceux à qui cela profite.

    Pour un monde sans Etat ni frontières
    Détruisons toutes les prisons

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    Trouvé sur Indymedia Grenoble


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  • L’Égypte remet de l’ordre au Proche-Orient

    M. K. Bhadrakumar
    Asia Times Online

     

    La thèse consistait juste à avancer que le lourd héritage du printemps arabe sera le réveil du monstre brutal du sectarisme au Proche-Orient musulman. Les conflits sectaires, était-il prophétisé, conduiraient à une confrontation entre les Sunnites et les Chiites, impliquant l’Arabie Saoudite et l’Iran.

    Ce spectre a aidé à détourner momentanément l’attention de la menace existentielle que pose le printemps arabe aux régimes autoritaires du Proche-Orient. Il a également aidé les États-Unis à distraire la rue arabe pendant qu’une intervention occidentale se déroule dans un autre pays musulman, riche en pétrole, et à réinventer une stratégie d’isolement pour l’Iran. Plus important, cet argument a fourni à l’administration de Barack Obama, à Washington, de quoi masquer l’échec total du processus de paix au Proche-Orient.

    Le printemps arabe est pour de vrai

    Cependant, Riyad et Washington n’avaient pas pris en compte que dans l’ombre des pyramides égyptiennes le Sphinx s’agitait, exposant sa vision de la réorganisation radicale de l’ordre établi au Proche-Orient. Le gouvernement provisoire entre les groupes palestiniens, négocié par la « nouvelle Égypte » en collaboration tacite avec l’Iran et la Syrie, menace de devenir le leitmotiv du printemps arabe.

    En principe, l’Arabie Saoudite devrait célébrer l’unité que ses frères palestiniens forgent à un moment historique, mais, à la place, elle est figée dans le silence. Le Président Obama a rapidement ajourné son discours « historique » sur la politique au Proche-Orient, programmé à l’origine cette semaine, afin de lire dans le marc de café.

    Telles que sont les choses, les factions rivales palestiniennes, le Fatah et le Hamas, signeront un accord au Caire ce mercredi, en vue de former un gouvernement provisoire qui conduira à de nouvelles élections au sein d’un accord de réconciliation négocié par le commandement militaire égyptien. Cet accord prévoit un gouvernement provisoire constitué de [personnalités] « neutres » et approuvé par les factions rivales, lequel préparera les élections dans les douze mois, afin de former un gouvernement « d’unité » [nationale].

    Cet accord a apparemment trouvé une façon de contourner les cinq points de friction qui empêchaient jusqu’à présent l’unité politique entre Gaza et la Cisjordanie - une date pour les élections, un organisme acceptable qui supervisera le scrutin, la formation d’un gouvernement d’unité, la reprise des pourparlers sur la réforme de l’OLP et les questions de sécurité.

    Les élections présidentielles et législatives se tiendront simultanément et le Fatah et le Hamas formeront [ensemble] une commission pour les surveiller.

    Le gouvernement d’unité devrait inclure des technocrates et sera dirigé par un Premier ministre qui sera acceptable à la fois pour le Fatah et pour le Hamas. Les prisonniers politiques à Gaza et en Cisjordanie seront libérés et un programme de « réconciliation sociale » sera initié. La réforme de l’OLP était une exigence clé du Hamas, que le Fatah accepte désormais. Une commission intérimaire dirigera l’OLP jusqu’à ce que celle-ci soit « réformée » et ses décisions seront exécutoires. Les questions de sécurité, un autre point délicat, devraient également être résolues par une commission conjointe du Fatah et du Hamas.

    Il est inutile de dire qu’il est trop tôt pour exprimer l’optimisme. Mais, ainsi que Massimo Calabresi l’a écrit dans Time Magazine, « Le mariage le plus important de la semaine a eu lieu en Palestine, pas à Londres. Il est vrai que les chances d’une relation durable entre les dirigeants internationalement reconnus des Palestiniens, le Fatah, et le groupe internationalement désigné comme terroriste, le Hamas, ne sont pas très grandes - on ne sait pas très bien [à ce stade] si cette union sera véritablement consommée. Mais même un petit flirt a le potentiel de retourner les affaires arabo-israéliennes, d’affecter les intérêts étasuniens au Proche-Orient et de jouer un rôle dans l’élection [présidentielle américaine] de 2012 ».

    Le Sphinx s’agite

    Le soulèvement au Proche-Orient a fourni la toile de fond nécessaire à cette réconciliation et il est évident que quelque chose a changé dans la situation d’ensemble. Le Fatah et le Hamas ont tous deux compris la nécessité d’être réceptifs à l’opinion publique qui privilégie l’unité palestinienne. L’Autorité Nationale Palestinienne (ANP) du Président Mahmoud Abbas, en particulier, a vu l’imminence d’une foule de jeunes gens en Cisjordanie empruntant les slogans de la révolution égyptienne pour exiger l’unité palestinienne.

    Le 17 février, Obama a exercé une forte pression sur Abbas, durant un appel téléphonique de 55 minutes, pour qu’il retire sa résolution à l’Assemblée Générale des Nations-Unies exigeant qu’Israël stoppe ses activités de colonisation. Obama a dit que cette mesure compromettait les 475 millions de dollars d’aide américaine à l’ANP. Mais cela n’a pas dissuadé Abbas et, dans une interview qui a donnée à Newsweek dans la foulée, il a violemment critiqué la vulnérabilité et l’impuissance de la politique d’Obama.

    Quant au Hamas, pour le dire simplement, les développements en Syrie sont extrêmement préoccupants. En même temps, il place sa confiance dans la « nouvelle Égypte ». Un dirigeant du Hamas de premier plan, Ezzat al-Rashq, a déclaré à l’agence de presse allemande, Deutsche Presse-Agentur, « L’effondrement du régime de Moubarak a replacé l’Égypte au cœur de la région et ravivé l’esprit régional qui aide la réconciliation palestinienne à se produire. »

    Dans un geste qui était beaucoup plus que symbolique, les dirigeants du Hamas ont été reçus au ministère égyptien des Affaires étrangères, plutôt que dans les « maisons sûres » des services secrets - comme c’était l’habitude durant le régime d’Hosni Moubarak. Le chef d’État intérimaire égyptien, le maréchal Mohamed Tantawi (qui est également le chef du Conseil suprême des Forces armées) a reçu les dirigeants du Hamas [en personne]. Parmi eux, Taher Nounou aurait dit, «  Lorsque j’ai été invité à cette réunion au ministère des Affaires étrangères, c’était quelque chose de différent et c’est de là que cet accord est né ».

    Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil el-Araby, a dit aux dirigeants palestiniens qu’il ne voulait pas parler du « processus de paix » mais qu’il voulait à la place parler « de la paix ». De façon assez évidente, la thèse révisionniste selon laquelle l’héritage légitime - ou la « nouvelle grande partie » - du printemps arabe, serait une guerre des Sunnites contre les Chiites, ne s’applique pas à l’Égypte. Le réchauffement simultané de l’Égypte vis-à-vis de l’Iran (chiite) et du Hamas (sunnite) représente un changement tectonique indéniablement « séculier » : il traverse le grand schisme sectaire du monde de l’Islam et il est à des lieues de la géopolitique archaïque construite autour de « l’isolement » de l’Iran dans la région que l’Arabie Saoudite et les États-Unis espéraient perpétuer.

    Fini le bon toutou...

    Ce qui devient visible est que l’Égypte est en train de reconquérir l’influence régionale qu’elle a abjectement abandonnée lorsqu’elle est devenue le caniche des États-Unis et la collaboratrice d’Israël, après le traité de paix de 1979. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères a déclaré au New York Times, « Nous ouvrons une nouvelle page. L’Égypte retrouve le rôle dont elle avait autrefois abdiqué ».

    La profondeur du changement de la politique égyptienne est que l’armée conduit ce processus en comprenant parfaitement que c’est également le souhait collectif de la société égyptienne, tant de ses élites et de ses professionnels que de la classe ouvrière, et tant des laïcs que des masses musulmanes pratiquantes. Même la communauté stratégique, en tant que praticiens de la realpolitik, se sent captivée qu’une voie indépendante octroie de la flexibilité aux politiques égyptiennes et gagne le respect pour le pays, en tant que puissance régionale, lorsque le Caire s’exprime ou agit.

    Le New York Times a fait remarquer que «  Les changements en Égypte modifieront probablement l’équilibre du pouvoir dans la région, en permettant à l’Iran d’accéder à nouveau à un ancien ennemi implacable et en créant de la distance entre elle-même et Israël ». L’information relative à l’accord entre le Fatah et le Hamas était à peine connue que Téhéran a tout fait pour lui donner un écho favorable. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akhbar Salehi, a déclaré que cet accord est la « première grande réalisation de la grande nation égyptienne sur la scène internationale ».

    Téhéran estime que la direction égyptienne cherche à obtenir un levier sur Israël. L’Égypte semble s’être coordonnée avec l’Iran dans les efforts visant à amener le Fatah et le Hamas à se réconcilier. Selon l’analyste spécialiste du Proche-Orient du think tank étasunien Stratfor, le soutien de Téhéran à cet accord et le fait que le Hamas ait son siège à Damas impliquent que « la Syrie a également décidé de permettre à la réconciliation d’aboutir ».

    Le rapprochement entre l’Égypte et l’Iran est certainement monté en puissance. D’abord, en accordant l’autorisation sans précédent, en février, à deux navires de guerre iraniens (sans tenir compte des protestations étasuniennes et israéliennes) d’emprunter le Canal de Suez, le Caire a manœuvré intentionnellement et, dès le début du mois d’avril, le ministre égyptien des affaires étrangères cherchait déjà à établir des liens diplomatiques plus étroits avec l’Iran.

    Les pires craintes d’Israël quant à la signification de la révolution égyptienne semblent se réaliser.

    La dernière annonce de l’Égypte, dans le sillage de l’accord Fatah/Hamas, qu’elle rouvrira de façon permanente le passage frontalier de Rafah avec Gaza, a sonné l’alarme en Israël. (Une équipe de sécurité égyptienne se prépare à visiter Gaza.) Vendredi dernier, un haut-fonctionnaire israélien, dont le nom n’a pas été divulgué, a dit au Wall Street Journal que les récents développements en Égypte pourraient affecter la « sécurité d’Israël à un niveau stratégique ». Le chef d’état-major des forces armées égyptiennes, le général Sami Anan, a mis en garde sur-le-champ Israël de ne pas interférer avec le plan du Caire d’ouvrir le passage frontalier de Rafah avec Gaza, disant que ce n’était pas un sujet d’inquiétude pour Israël.

    Une fois encore, la décision des dirigeants militaires égyptiens concernant Rafah reflète le souhait collectif de l’opinion publique intérieure qui s’identifie aux souffrances et aux privations rencontrées par le peuple de Gaza. (Un sondage récent du Pew Research Center, basé aux USA, montre que 54% des Égyptiens veulent que le traité de paix entre l’Égypte et Israël soit annulé.) Dans ces circonstances, ce qui préoccupera le plus Israël (et les États-Unis) sera de savoir si l’accord surprise entre le Fatah et le Hamas négocié par l’Égypte est lié d’une façon ou d’une autre au plan palestinien de pousser l’assemblée générale des Nations-Unies, à New York en septembre prochain, à reconnaître un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza.

    Une telle appréhension n’est pas injustifiée. La semaine dernière, le Wall Street Journal faisait le commentaire suivant : « Au cours des deux mois et un peu plus que [...] Moubarak a abdiqué [...] l’Égypte a tendu le bras à l’Iran, a remis en cause le prix d’un contrat d’exportation de gaz naturel qui est crucial pour les besoins énergétiques d’Israël et a remporté une victoire diplomatique majeure avec le Hamas ».

    Pour s’en assurer, la réaction israélienne à l’accord Fatah/Hamas a été particulièrement vive. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a déclaré : « L’Autorité Palestinienne doit choisir entre la paix avec Israël ou la paix avec le Hamas. Elle ne peut pas avoir les deux, parce que le Hamas a pour objectif la destruction de l’État d’Israël et ils le disent ouvertement ». Un groupe de parlementaires américains a également mis en garde contre le plan de réconciliation. La présidente de la commission aux affaires étrangères de la Chambre des Représentants étasunienne, Ileana Ros-Lehtinen, a déclaré que l’argent des contribuables américains ne peut servir à financer des terroristes qui menacent les États-Unis et son allié Israël. On dit que Netanyahou aurait approuvé ce point de vue.

    ...finis les accords en coulisses

    Toutefois, Obama garde ses pensées pour lui-même. Il est visible que tandis que le printemps arabe ne montre aucune trace « d’antiaméricanisme » en tant que tel, les nouveaux régimes qui succèderont seront très certainement à l’écoute des souhaits et des aspirations populaires, et cela affaiblira les stratégies des États-Unis dans cette région.

    Au strict minimum, ainsi que Helena Cobban, auteure et experte de longue date sur cette région, l’a publié sur son blog, « La règle générale qui se confirme dans cette région est que ce type d’accords sordides passés autrefois en coulisses avec Israël par des régimes, comme celui de Moubarak, ceux des monarchies jordaniennes successives ou autres - c’est-à-dire, des arrangements pour réprimer les mouvements palestiniens qui vont bien au-delà des conditions officielles des traités de paix - sont devenus considérablement plus difficiles à tenir pour ces partis arabes, étant donné l’émergence de mouvements forts qui auraient dû se manifester depuis longtemps et qui ont été très bien accueillis, appelant à la transparence et à la responsabilité des gouvernements arabes ».

    Cela revient à dire que toute digression dans la nature d’alimenter le feu des passions sectaires sunnites/chiites ne peut fonctionner que momentanément dans ce milieu régional en évolution. C’est devenu parfaitement clair lorsque le Premier ministre égyptien Essam Abdulaziz Sharaf a choisi l’occasion d’une réunion la semaine dernière avec l’émir koweïtien, le Cheikh Sabah el-Ahmed el-Jabir el-Sabah, pour ignorer la paranoïa vis-à-vis de l’Iran et stimulée par l’Arabie Saoudite. Il a fermement réaffirmé la détermination du Caire à étendre ses liens avec l’Iran. Il a déclaré : « L’Égypte essaye d’entamer un nouveau chapitre dans ses liens avec l’Iran, qui est l’un des pays les plus importants au monde ».

    Simultanément, le porte-parole du gouvernement égyptien, Ahmed el-Saman, a dit que le Caire était déterminé à reprendre ses relations avec l’Iran et qu’aucune tierce partie ne peut exercer de pression sur le Caire pour lui faire changer de décision. Une visite du ministre égyptien des affaires étrangères à Téhéran est bien possible.

    Les Saoudiens ont ressuscité le spectre d’un croissant chiite sous leadership iranien. Mais tous les torts ne peuvent pas être du même côté. L’Iran préfère fixer les yeux sur des objectifs bien plus élevés que le leadership du monde chiite. Damas, le Caire et Bagdad - le cœur, l’esprit et l’âme de la politique arabe - ne se laissent pas non plus prendre à l’appel à l’action des Saoudiens, selon lequel le Salafisme est en danger de mort à cause du chiisme militant.

    En attendant, non seulement pour les Saoudiens, mais aussi pour tous les gouvernements arabes, le moment de vérité approche et on verra si et quand ils seront appelés à reconnaître un État palestinien unifié sous un gouvernement « d’unité » [nationale], ce qui voudrait dire un certain nombre de choses - reconnaître le Hamas, s’ajuster à un changement majeur dans les relations israélo-égyptiennes et à la nouvelle proximité entre l’Égypte, l’Iran et la Syrie, et oser défier stratégiquement les États-Unis. La réalité géopolitique étonnante du « nouveau Proche-Orient » est que les services de renseignements égyptiens ont négocié la réconciliation palestinienne sans avoir consulté ni les États-Unis ni Israël - ni l’Arabie Saoudite.

    M K Bhadrakumar a servi en tant que diplomate de carrière dans les services extérieurs indiens pendant plus de 29 ans. Ses affectations incluent l’Union soviétique, la Corée du Sud, le Sri Lanka, l’Allemagne, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Ouzbékistan, le Koweït et la Turquie.

    Du même auteur :

    -  L’odyssée d’Obama au Yémen vise la Chine
    -  Le pari de Rafsanjani se retourne contre lui
    -  La porte s’ouvre en grand sur le pétrole irakien
    -  La chimère de la solidarité arabe


    3 mai 2011 - article original : Egypt shakes up Middle Eastern order - publié et traduit en français par : Questions Critiques


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    Mort de Ben Laden: dans les médias le doute est interdit

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Hallucination. Ils voient des conspirationnistes partout et des conspirations nulle part. A l’annonce de la mort de Ben Laden, ils relativisent les zones d’ombre et caricaturent les sceptiques. Diagnostic d’un mal insidieux qui atteint particulièrement journalistes et experts en benladenologie. 

    « Théorie du complot, conspirationnisme, adeptes du complot, négationnistes » : quiconque usant de son droit au doute se verra aussitôt taxé du qualificatif péjoratif de « complotiste ». Depuis l’annonce de la mort de Ben Laden, nombreux sont les journalistes et autres spécialistes de l’islamisme à mettre en garde le citoyen contre toute forme de scepticisme à l’endroit de la version officielle.

    Etrange époque : depuis les années 70 et l’essor du journalisme d’investigation, il était légitime -sinon nécessaire- de remettre en question tout récit gouvernemental au sujet d’un évènement politique de grande ampleur. Sans ce réflexe, des affaires aussi différentes que celles du Watergate, du Rainbow Warrior ou de la BCCI n’auraient jamais pu émerger. Mais depuis le 11 septembre 2001, l’exercice de l’esprit critique est désormais assimilé à une nouvelle pathologie : le « conspirationnisme », sorte de tumeur maligne consistant à se poser des questions sur la crédibilité d’une déclaration officielle. A la suite des attentats du World Trade Center et du Pentagone, cette sémantique de diabolisation a notamment été introduite en France par Guillaume Dasquié à l’occasion d’un duel à distance et caricatural –de part et d’autre- avec son adversaire Thierry Meyssan.

    Cette technique d’intimidation a porté ses fruits : désormais, dans les rédactions, le moindre journaliste émettant à voix haute des doutes sur tel attentat ou telle capture d’un criminel se verra rapidement taxé de « théoricien du complot » par un collègue ricaneur et généralement ignorant de la complexité de l’affaire en question. Cette réaction, à la fois hautaine et sarcastique, était récurrente hier sur les antennes audiovisuelles, notamment les chaînes info.

    Ainsi, sur France 24, le journaliste Sylvain Attal, commentateur régulier tout au long des heures suivant l’annonce du décès de Ben Laden, n’a cessé, à l’instar de certains collègues sur les chaînes concurrentes, de soupirer en évoquant, à propos des zones d’ombre, ces « inévitables théories du complot » qui ne vont pas manquer de surgir. L’homme est coutumier du sujet puisque son débat sur le 11-Septembre, organisé en 2008 sans respecter d’ailleurs les règles du débat contradictoire et de l’impartialité de l’animateur, avait provoqué une crise interne : à la suite d’un appel –révélé par le Canard enchaîné- de Nicolas Sarkozy qui avait sermonné le Pdg Alain de Pouzilhac pour avoir laissé passer l’émission, le directeur de la rédaction, Grégoire Deniau, a été licencié.

    Depuis hier, les questions légitimes relatives à l’élimination de Ben Laden, notamment sur la cause de son immersion précipitée en mer d’Oman et sur l’identification du corps, sont promptement relativisées. La plupart des commentateurs, comme sur I Télé, ont expliqué la disparition brutale du corps par un seul motif : la crainte des Etats-Unis de voir se constituer un lieu de pèlerinage sur sa tombe.

    Toute autre hypothèse, comme la volonté d’éliminer directement le leader terroriste afin qu’un procès ne puisse pas se tenir ou que son corps ne soit pas identifié par des parties indépendantes, n’est pas évoquée sinon pour donner un exemple de réflexe dit « complotiste ». Au lieu de rechercher –en les argumentant- les motifs potentiels des Etats-Unis dans cette évacuation soudaine, on disserte et l’on spécule sur les états d’âme des « conspirationnistes » comme l’a fait hier, par exemple, le Nouvel Obs avec Bruno Fay, auteur d’un livre uniquement consacré à ce thème.

    Quand de brillants intellectuels, comme Noam Chomsky et Michel Collon, considèrent pourtant que le 11-Septembre n’a pas vraiment d’importance, ils consentent de facto, en entérinant la version officielle par leur indifférence, au triomphe du mensonge d’Etat à propos de cet évènement. La même désinvolture parcourt le champ de l’islamologie.

    Interrogé aujourd’hui par Oumma au sujet de la responsabilité du 11-Septembre, le chercheur Dominique Thomas est catégorique : « Si l’on se réfère aux documents diffusés par la vitrine médiatique d’al-Qaida, al-Sahab, depuis plusieurs années, ils montrent qu’al-Qaïda a organisé et planifié ces attaques. Les documents sur les prisonniers de Guantanamo, rendus publics par Wikileaks et dont font partie plusieurs responsables de ces attaques, montrent et confirment la complexité des réseaux et des connexions qui ont servi à mener cette opération.

    Ces documents battent d’ailleurs en brèche la version des complotistes qui ne croient pas en une implication d’al-Qaïda, à moins de penser que toute l’organisation ait pu être infiltrée. Cet élément ne ressort dans aucun des dossiers de Wikileaks (câbles diplomatiques et Guantanamo Files) »

    A nouveau, les citoyens s’interrogeant sur l’étendue et les complicités du réseau d’Al Qaida sont qualifiés par le terme simpliste et réducteur de « complotiste ». Le spécialiste omet de préciser qu’une controverse subsiste sur la nature exacte de al-Sahab, « vitrine médiatique d’al-Qaida », notamment depuis qu’un expert en informatique, Neal Krawetz, avait démontré en 2007 que le logo d’al-Sahab avait été rajouté en même temps que celui d’IntelCenter, organisation proche du Pentagone qui avait prétendu avoir découvert –sans le retoucher- le film produit par les terroristes.

    De plus, déployer l’argument quelque peu sommaire selon lequel les « complotistes » ont tort de douter car les documents Wikileaks ne révèleraient rien dans leur sens peut prêter à sourire. Enfin, sur la question de l’infiltration de réseau d’Al Qaida, il est de notoriété publique que la plupart des services secrets –notamment américains, français, allemands, égyptiens, marocains- ont, au moins, tenté de le pénétrer. Seule la question de l’instrumentalisation peut encore se poser. Comme l’avait rapporté le premier hebdomadaire indien en février 2000, même le Mossad avait tenté –en vain- de recruter une dizaine d’Afghans pour infiltrer le groupe d’Oussama Ben Laden.

    Au vu de l’argumentation parfois confuse des défenseurs de la version officielle, les « complotistes » sont assurés de pouvoir continuer à douter et, pour les plus audacieux, élaborer des hypothèses à partir des multiples faits qui contredisent le discours gouvernemental. En 2009, j’avais interrogé pour la Télé Libre le partisan le plus zélé du récit de l’Administration Bush : Jean-Charles Brisard. A ma question portant sur les preuves de l’implication d’Al Qaida dans les attentats, sa réponse s’est avérée fort laborieuse pour un expert du sujet.

    Présenté comme un « spécialiste du terrorisme » par I Télé, Jean-Charles Brisard a d’ailleurs provoqué aujourd’hui une vive altercation sur l’antenne avec Tariq Ramadan, dénoncé comme étant « proche du camp des conspirationnistes ». L’islamologue suisse lui a rétorqué qu’il était dans une « volonté de clarification ». L’ancien ministre socialiste Paul Quilès, présent sur le plateau, est alors intervenu pour fustiger le regret de Tariq Ramadan à propos de l’impossibilité entérinée d’un procès de Ben Laden.

    Malgré les injonctions ou les sarcasmes, le droit au doute doit être assumé, formulé, revendiqué. Si l’époque est visiblement propice à l’acceptation de toute narration gouvernementale, des bastions de résistance à l’intoxication politico-médiatique sont possibles, notamment sur Internet. Et, parfois, même sur les chaînes info, une dissonance peut surgir : ainsi en va-t-il des témoins interrogés par hasard et en direct pour commenter tel ou tel évènement. Hier, Al Jazeera English a donné la parole à un résident de la ville d’Abbottabad.

    Provoquant l’embarras perceptible du journaliste qui l’interviewait, l’homme a affirmé qu’il ne croyait pas du tout en la domiciliation passée de Ben Laden dans le secteur, insistant sur la présence militaire environnante et les contrôles d’identité incontournables pour l’accès au territoire. Malgré la relativisation du journaliste quant aux « suspicions » du voisinage, le badaud a réitéré son incrédulité sur une quelconque présence d’Oussama Ben Laden. C’est alors qu’est survenu un incident plutôt rare lors d’un direct : à 3’12, alors qu’il insistait sur son scepticisme, la retransmission semble interrompue avant de reprendre aussitôt, donnant l’impression d’une coupure de montage.

    L’interview prend alors fin. Une erreur technique, probablement, même si l’ « adepte du complot » le plus excessif voudra sans doute y voir autre chose : la censure maladroite d’un régisseur d’Al Jazeera English voulant mettre fin à un propos véridique qui irait à l’encontre du discours sur le « puissant réseau d’Al Qaida ». Une propagande menée –entre autres- par les Etats-Unis et le Qatar dont l’émir est le propriétaire de la chaîne.

    Au-delà de cet incident, un test pour jauger de la neutralité journalistique est aisément réalisable. A l’instar de ce témoin crucial, vivant sur le terrain, comptez dans les prochains jours le nombre d’intervenants qui, sur les antennes françaises, remettront en cause la nouvelle légende d’un Ben Laden dissimulé durant six ans aux yeux de tous. L’inéquité du traitement médiatique est déjà patente.

    Hicham Hamza

    Source : Alter Info


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