• QUI TIRE LES FICELLES DE LA "REVOLUTION" DU 7 DECEMBRE ?

    Qui tire les ficelles de la « révolution » du 7 décembre ? par Paco Qui tire les ficelles de la « révolution » du 7 décembre ?

    Les propos d’Éric Cantona sur « le pouvoir des banques » font mouche. Cette situation insupportable n’avait pas échappé aux militant-e-s révolutionnaires depuis des lustres, mais l’échec du mouvement pour la défense des retraites et la voracité des marchés financiers qui saignent la planète donnent une nouvelle vigueur à la colère. Ceci dit, attention aux faux amis. L’extrême droite avance masquée pour manipuler la révolte qui couve contre les marchés financiers.

    Au risque de passer pour un Martien, j’avoue ne rien savoir de Cantona. Anti-foot primaire, je n’ai jamais eu l’occasion de voir ce monsieur en train de courir en short derrière un ballon. Je sais juste qu’il a tourné un film avec Ken Loach, ce qui me le rendrait plutôt sympathique. De vilaines langues m’ont dit que le bonhomme a aussi fait de la pub pour L’Oréal, groupe dirigé par Liliane Bettancourt, une femme qu’on ne croise pas chez les bénéficiaires des Restos du Cœur.

    Avec sans doute un compte en banque plus que bien fourni, Éric Cantona se croit autorisé à parler pour les pauvres et à souffler des idées aux syndicats qui, c’est tristement vrai, ont torpillé le récent mouvement social en refusant de généraliser les grèves et les blocages économiques. Les anarchistes et, plus largement, pas mal de militant-e-s de la mouvance de la gauche anticapitaliste ne sont pas prêts d’oublier la trahison, une de plus, des syndicats réformistes. Pour autant, faut-il faire n’importe quoi avec n’importe qui ? C’est super de faire flipper les banquiers et les politiciens véreux, mais qu’est-ce qu’on fait ensuite ? Je ne pense pas que l’An 01 commencera le 8 décembre 2010… Et c’est bien dommage !

    Je ne dis pas que Cantona est un facho, mais notons que sa référence à Spaggiari, gangster nationaliste, est pour le moins « maladroite ». Là où l’on est en droit de se poser plus de questions, c’est quand on voit certains pans de l’extrême droite donner de l’audience à cet appel populiste du 7 décembre. Qui tire les ficelles de cette « révolution » ? Qui espère retirer les marrons du feu ? Sans doute involontairement, Éric Cantona a donné du grain à moudre à des gens peu recommandables jamais à cours d’idées pour alimenter un confusionnisme malsain. Disons clairement tout de suite qu’il n’y aura jamais aucune action commune possible avec ces sbires sur quoi que ce soit. Pour ne pas leur faire de publicité, inutile de citer ici les noms des marionnettistes et des sites malodorants qui agissent à peine masqués. Méfions-nous des faux amis… Ces gens espèrent surfer sur les rancœurs causées par l’échec du mouvement social contre la réforme des retraites et sur le profond dégoût qu’inspirent les marchés financiers.

    Faut-il revenir sur le palmarès néfaste des prédateurs de la haute finance ? Oui, ça fout la rage et, pour faire un clin d’œil à un vieux slogan anticlérical, nous savons que la planète se portera mieux quand le dernier patron de banque sera pendu avec les tripes du dernier actionnaire. Qui est le plus criminel ? Celui qui dévalise une banque ou celui qui en ouvre une ? La question était déjà posée par Bertolt Brecht (1898-1956) dans son Opéra de quat’sous.

    Pour ne pas déplaire aux supporters de foot (toutes les voix sont bonnes à prendre), certains militants de l’extrême gauche électoraliste osent trouver la « révolution » du 7 décembre « séduisante ». Manifestement la gauche anticapitaliste et les mouvements révolutionnaires, anarchistes compris, sont bien mal armés pour traverser la période périlleuse que nous vivons. Il va falloir vite inventer de nouvelles façons de vivre et de militer. Des alternatives sont déjà modestement en marche dans le domaine de la consommation, du logement, du travail, de la culture, de l’éducation, de la solidarité… Le chemin va se tracer en marchant et ce sera bien sûr plus complexe que d’aller faire la queue devant le guichet des banques pour retirer son argent (et le planquer dans des chaussettes ?).

    L’inconnu ne nous fait pas peur. Nous appelons même à de grands bouleversements pour instaurer la justice, la solidarité, l’égalité et la paix dans le monde. Sans justice sociale, pas de paix. Ce n’est pas une utopie. L’utopie, c’est de croire qu’on pourrait connaître la paix sur une planète minée par l’injustice sociale et le désordre économique.


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