• NOUVELLE INITIATIVE POLITIQUE DES FARC-EP

    Les FARC-EP s’adressent aux chefs d’état de l’Amérique latine et de la Caraibe réunis à Cancun

    COMAGUER

    Le sommet des Etats de l’Amérique Latine et de la Caraïbe qui s’est réuni à Cancun (Mexique) le 22 Février a jeté les bases d’une nouvelle organisation politique régionale excluant les Etats-Unis et le Canada.

    Appelée CELAC (Communauté des Etats de l’Amérique latine et de la Caraïbe), elle sera constituée officiellement en 2011 et constitue un tournant très important dans la vie du continent : le refus de voir les Etats-Unis faire plus longtemps la loi dans leur arrière cour.

    Un journaliste brésilien a remarquablement résumé cet évènement en disant que la CELAC est LA REVANCHE DE BOLIVAR SUR MONROE

    Les Farc-EP, démontrant une nouvelle fois leur capacité d’analyse et d’intervention politique se sont adressées aux 33 Etats et aux 22 Présidents réunis à Cancun et ont tiré profit de la marginalisation d’URIBE qui selon le témoignage public d’EVO MORALES n’a participé qu’aux repas et aux photos officielles. Nous reproduisons le document des FARC tel qu’il a été publié en Colombie par un quotidien et une agence de presse.

    Traduction COMAGUER ici

    Dans un communiqué du Secrétariat de l’état-major central des FARC, en date du 22 février, les commandants de la guérilla la plus ancienne et la plus importante d’Amérique latine, ont demandé aux participants au sommet de Cancun « de proposer leurs bons offices pour promouvoir leur reconnaissance en tant que force belligérante » comme une première étape vers une solution politique au conflit armé interne qui ensanglante la Colombie depuis 46 ans.

    Dans leur message, les FARC ont réitéré leur proposition pour un échange humanitaire de prisonniers (NDT : dans la suite du texte le terme « échange » fait toujours référence à l’échange de prisonniers) contre des guérilleros emprisonnés. Cela « permettrait, non seulement la libération des prisonniers de guerre des deux côtés, mais aussi de progresser dans l’humanisation du conflit, et certainement d’avancer dans la voie d’accords définitifs, » ont-ils ajouté.

    Suit la déclaration complète qui a été rendue publique le mardi Mars 2 sur internet :

    Mémorandum pour un échange sur le conflit colombien

    Point 1 - Nous avons toujours cru à une solution politique au conflit. Même avant l’attaque de Marquetalia et pendant ces 46 années, nous l’avons exprimé à plusieurs reprises et lutté.

    Point 2. Nous ne sommes pas bellicistes, ni ne combattons pour des vengeances personnelles, nous n’avons ni biens matériels ni privilèges à défendre, nous sommes depuis l’origine des révolutionnaires engagés, à la recherche d’une société juste et souveraine ; profondément humanistes, dépourvus de tout intérêt personnel mesquin, qui aimons notre pays par-dessus tout et sommes contraints de faire la guerre à une classe dirigeante à genoux devant l’Empire, qui a systématiquement utilisé la violence et les attentats individuels comme arme politique pour s’accrocher au pouvoir depuis le 25 Septembre 1828, quand elle tenta d’assassiner le Libérateur Simon Bolívar, jusqu’à aujourd’hui, où elle pratique le terrorisme d’État pour maintenir le statu quo.

    Point 3. La difficulté qu’a eue la Colombie pour parvenir à la réconciliation par le dialogue et les accords a été le concept de paix oligarchique du régime, qui n’accepte que la soumission absolue de l’insurrection au soi-disant « ordre établi », ou comme alternative « la paix des tombes ».

    Point 4. Nous n’avons pas lutté toute notre vie contre un régime d’exclusion, violent, corrompu, injuste et antipatriotique, pour maintenant revenir à lui, sans changements dans sa structure.

    Point 5. En Colombie, beaucoup d’hommes bons, compétents, qui souhaitaient un pays meilleur et qui ont combattu par des moyens pacifiques, y compris Jaime Pardo Leal, Bernardo Jaramillo, Manuel Cepeda et d’autres, ont été tué avec préméditation, de façon ignoble et lâche par les services de renseignements de l’État alliés aux paramilitaires et aux gangsters, ennemis du peuple dans un génocide sans précédent qui a liquidé physiquement une dynamique d’ensemble du mouvement politique en pleine croissance : l’Union Patriotique.

    Cette stratégie de terrorisme d’État a échoué dans la recherche de solution politique à La Uribe sous les gouvernements de Belisario Betancur et de Virgilio Barco et, à Caracas et au Mexique, pendant le gouvernement de M. César Gaviria.

    Point 6. Dans le Caguan, comme l’a reconnu dans son livre et dans ses déclarations publiques le Président Pastrana, le régime ne cherchait qu’à gagner du temps pour reconstituer une force militaire en difficulté avec un calendrier, des directives, des instructions et des fonds de la Maison Blanche, intégrés dans le Plan Colombie et imposés par l’administration de Bill Clinton pour faire avorter une solution politique démocratique au conflit en Colombie et pour commencer leur campagne pour contrecarrer les changements progressistes entamés sur le continent. Le processus de diabolisation Caguan était condamné avant qu’il ne commence, comme l’a confirmé l’ancien président Pastrana car son gouvernement n’a jamais cherché à ouvrir la voie vers la paix, mais à renforcer et à affiner son appareil de domination pour continuer la guerre.

    Point 7. Ces précédents n’éliminent pas les possibilités d’une solution politique au conflit colombien. Ils démontrent bien sûr l’intention quasi nulle de l’élite colombienne de mettre un terme à son hégémonie et son intolérance envers les autres courants ou options de l’opposition politique qui remettent en question son système politique et son alignement international sans réserve sur les intérêts impériaux des États-Unis , au détriment de notre souveraineté et à l’encontre des intérêts les plus chers de la nation et la patrie.

    Sa conception de l’exercice du pouvoir est marquée et soutenue par la violence, la corruption et la cupidité et ceci rend très difficile une issue sans effusion de sang, qui de toute manière continuera à demeurer la bannière des FARC - EP et certainement de vastes secteurs de la population qui, finalement, sont ceux qui ressentent sur leur humanité les effets de l’hégémonie oligarchique.

    Point 8. Les intérêts des différents secteurs sociaux sont contrecarrés en permanence. Dans certaines circonstances et dans des périodes particulières l’oligarchie exerce à fond sa dictature, par l’oppression , la répression et la guerre sale qui se développe disqualification depuis l’État sur eux de différentes manières, sans ripostes de la majorité d’entre eux , à d’autres périodes, les réactions sont importante, mais non suffisantes, dans d’ autres enfin , l’ énorme accumulation de facteurs de mécontentement conduit à une réponse populaire puissante. Nous comprenons que les intérêts des différents secteurs dans une société comme la nôtre, sont constamment en conflit. Mais parler en Colombie de post-conflit n’est que propagande.

    Point 9. Cette réflexion est pertinente car les causes profondes de l’insurrection armée dans notre pays sont encore plus fortes et plus pressantes qu’il y a 46 ans, ce qui requiert, si nous voulons bâtir un avenir sûr de gouvernement démocratique, de plus grands efforts plus, de la générosité, des concessions, de la largeur de vues et une d’imagination réaliste pour s’attaquer à la racine des problèmes et non aux effets de ceux-ci.

    Point 10. Après 12 ans d’offensive totale contre les FARC - EP par le gouvernement des États-Unis et l’Etat colombien, les assassinats officiels, de véritables crimes contre l’humanité, faussement présentés aujourd’hui sous un jour positif, la terreur croissante des bandes criminelles sous le nouveau masque du narco paramilitarisme, la truculence nauséabonde du président pour se maintenir au pouvoir par la tricherie, la corruption effrénée de gouvernement et des entreprises privées qui en échange de la même corruption soutiennent le gouvernement avec des milliards de dessous de table, l’invasion éhontée de la Colombie par l’armée des gringos et l’injustice sociale croissante avec un chômage élevé, pas de santé pour la majorité, avec d’énormes déplacements internes, avec un salaire minimum ridicule par rapport aux énormes profits des banquiers, des propriétaires fonciers et des compagnies multinationales et après avoir raboté, avec une réforme du code du travail, les plus importantes conquêtes sociales des travailleurs de la campagne et la ville, tout a été fait pour créer un terrain fertile pour la croissance de l’insurrection révolutionnaire.

    Deuxième partie :

    1. Le Conflit armé en Colombie a de profondes racines historiques, sociales et politiques. Il n’a été ni l’invention d’un démagogue, ni le produit d’esprits sectaires, ni une conséquence de certaines spéculations théoriques, mais le résultat et la réaction à certaines formes de domination imposées par les classes dominantes dès l’origine de l’Etat nation dont l’axe a été la violence terroriste systématique, organisée par l’État, particulièrement au cours des 60 dernières années.

    2. Le dépasser par des moyens pacifiques, suppose qu’il y ait une volonté totale préalable pour aborder les questions de pouvoir et de système politique, si la volonté est d’aboutir à des solutions solides et durables.

    3. Nous avons affirmé le besoin, pour commencer, de parler pour parvenir à des accords d’échange (de prisonniers), qui ne seraient pas seulement la liberté des prisonniers de guerre des deux côtés, mais des progrès dans l’humanisation du conflit et certainement un pas vers des accords définitifs.

    4. Parler et chercher ensemble des solutions aux problèmes majeurs du pays ne doit pas être considéré comme une concession de quiconque, mais comme un scénario réaliste et praticable pour tenter, encore une fois, d’arrêter la guerre entre Colombiens dans la civilité des dialogues.

    5. Se réunir pour des entretiens sur les échanges (de prisonniers) et sur f le règlement politique suppose des garanties entières pour le faire sans aucune pression, en tenant pour acquis que ceux qui peuvent le garantir sont exclusivement le gouvernement en place, s’il a la volonté de trouver les chemins du dialogue.

    6. Notre volonté historique et permanente de trouver des scénarios de convergence à travers le dialogue et la recherche collective d’accords de coexistence démocratique ne dépend pas de circonstances particulières ou de la corrélation des forces politiques, elle est simplement une partie ferme de notre programme.

    7. Au cours des 45 dernières années, nous avons été soumis à toutes sortes d’offensives politiques, propagandistes et militaires, avec la présence ouverte ou souterraine du Pentagone, à toutes sortes d’ultimatums et de menaces des autorités civiles et militaires, à une agression terroriste permanente sur la population civile des zones dans lesquelles nous opérons, etc., qui n’ont pas aucunement ébranlé notre détermination et notre volonté de combattre, par tous les moyens qui nous restent , pour une Colombie souveraine, démocratique et de justice sociale.

    8. Nous comprenons les dialogues, la recherche des voies vers la paix, non comme une négociation, parce qu’elle n’en est pas une, mais comme un vaste effort collectif pour parvenir à des accords qui rendent possible de s’attaquer aux causes profondes du conflit colombien.

    Troisième partie :

    Nous FARC, sommes une riposte à la violence et à l’injustice de l’Etat. Notre insurrection est un acte légitime, un exercice du droit universel donné à tous les peuples du monde à se révolter contre l’oppression. Nous avons appris De nos libérateurs que « lorsque le pouvoir est oppressif, la vertu a le droit d’anéantir » et que « l’homme social peut comploter contre toute loi positive qui tient son cerveau enchainé

    Comme le proclame le programme agraire de la guérilla, les FARC "Nous sommes une organisation politique militaire qui recueille les drapeaux bolivariens et les traditions libertaires de notre peuple de lutter pour le pouvoir et de permettre à la Colombie d’exercer pleinement sa souveraineté nationale et de rendre effective la souveraineté populaire. Nous nous battons pour l’établissement d’un régime démocratique qui garantisse la paix et la justice sociale, le respect des droits de l’homme et le développement économique et le bien être pour tous ceux qui vivent en Colombie. "

    Une organisation avec de tels buts, qui recherche la réalisation du projet social et politique du père de la République, le Libérateur Simon Bolívar, rayonne dans sa tactique et sa stratégie un caractère politique impossible à réfuter. Seul le gouvernement de Bogota, qui agit comme une colonie de Washington, nie le caractère politique du conflit. Il le Fait dans le cadre de sa stratégie de guerre sans fin pour refuser la solution politique que revendique plus de 70% de la population. Cette stratégie vise notamment à imposer par la force une sécurité pour l’investisseur antipatriotique concept imaginé par les stratèges du Commandement militaire Sud des États-Unis, qui relègue au second plan la dignité de la nation.

    Pour le gouvernement d’Uribe, il n’y a pas de conflit sociopolitique en Colombie, mais une guerre de l’Etat contre le terrorisme, et avec ce présupposé, complété par la manipulation très intense de l’information, il croit avoir la justification et la carte blanche pour développer sa terreur d’État contre la population, et refuser la solution politique et le droit à la paix.

    Maintenant que la Colombie est un pays officiellement envahi, occupé par les troupes étasuniennes, cette orientation absurde se voit renforcée, ce qui entraîne l’aggravation du conflit.

    Uribe n’est mandaté par ses maîtres à Washington ni pour l’échange ni pour la paix.

    Le président de la Colombie crée des fantasmes pour justifier son immobilisme dans les échanges de prisonniers : « que l’accord implique une reconnaissance du statut de belligérant de l’adversaire et que la libération de guérilleros entrainerait une très grande démoralisation des troupes » C’est sa façon d’entraver la voie de la compréhension. Cette intransigeance inutile du gouvernement a été la cause profonde du maintien en captivité des prisonniers des deux côtés. Quand Bolivar a signé l’armistice avec Morillo en Novembre 1820, il proposa au général espagnol de profiter de l’état compréhension qui prévalait pour s’entendre sur un traité visant à stabiliser la guerre « en vertu des lois des nations civilisées et des principes libéraux et philanthropiques ». Son initiative fut acceptée, conduisant à l’échange de prisonniers, à la récupération des corps des personnes tuées dans l’action, et au respect des civils non-combattants.

    Comme Uribe est loin de ces impératifs éthiques de l’humanité !

    Sans aucun doute, Uribe associe le règlement politique à l’échec et la futilité de sa doctrine de sécurité nationale et à la triste fin de sa frénésie guerrière pour écraser, par la force des armes, le mécontentement social grandissant. Il ressemble à un soldat japonais de la Seconde Guerre mondiale seul sur une île, tirant sur des ennemis imaginaires au milieu de sa folie.

    Nous réitérons aux participants à cet échange sur le conflit colombien, les observations faites récemment aux présidents de l’UNASUR et de l’ALBA : « ... Avec un Uribe plein de frénésie de guerre et enhardi par les bases américaines, il n’y aura pas de paix en Colombie ni de stabilité dans la région. Si rien ne freine le bellicisme aujourd’hui renforcé, le drame humanitaire de Colombie va augmenter dans des proportions dantesques. Il est temps pour notre Amérique et pour le monde de tourner leur regard sur ce pays violenté par le pouvoir. la Colombie ne peut pas être condamnée éternellement à d’être le pays de « mensonges positifs », de l’assassinat des milliers de civils non combattants par la force Publique, des fosses communes , de la dépossession des terres, du déplacement forcé de millions de paysans, des arrestations massives de citoyens, de la tyrannie et de l’impunité des auteurs de ces crimes protégés par l’Etat. "

    Nous demandons aux participants à cet évènement d’offrir leurs bons offices pour promouvoir la reconnaissance du statut de belligérant aux FARC, base de la solution politique du conflit. Ce serait le début de la marche vers la paix en Colombie. Si nous voulons parler de paix, les troupes américaines doivent quitter le pays, et M. Uribe abandonner sa campagne digne de Goebbels de qualification des FARC comme terroristes. De notre côté, nous sommes prêts à affronter le débat sur l’organisation de l’Etat et de l’économie, sur la politique sociale et sur la doctrine qui guidera les nouvelles Forces armées de la nation.

    Très sincèrement vôtres

    Compatriotes,

    Secrétariat de l’état-major des FARC.

    Montagnes de Colombie , 22 Février 2010

    Original en espagnol Publié sur les sites internet

    http://www.eltiempo.com/colombia/po...

    http://www.anncol.eu/noticias-del-m...


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