• Et vous subissez des pressions ?

    Sur Médiapart, Edwy Plenel couine : abonnez-vous, « Ainsi, vous soutiendrez l’émergence dans notre démocratie d’un authentique média libre, alors que tous les grands médias sont aux mains d’industriels proches du pouvoir. ». Exactement ce que disent depuis toujours les sites Internet alternatifs, contredits avec dédain par la presse qui a fait Plenel et que Plenel a faite.

    Ne reculant devant aucun artifice, Plenel, qui fut patron et licencieur avant de faire entrer Le Monde en bourse, a pris sa carte au Syndicat National des Journalistes CGT. Mais, dans sa tête, il cotise au MEDEF.

    Avant de venir s’encanailler sur la Toile, les vieux routiers du « journalisme » de papa s’aspergent d’épices pour masquer le fumet corrompu qui colle à leur costume. Regardons-les au maquillage avant qu’ils ne passent à la télévision qui les invite dans des élans de fausse audace : une once d’impertinence, un soupçon d’esprit Canard Enchaîné, un zeste de Voici, un saupoudrage d’analyse philosophique à la BHL. La casquette à l’envers, mais la calvitie en dessous, le jean troué sur un genou cagneux, la langue de bois en verlan, le slalom entre des portes, mais jamais du hors piste. Prêts à tout changer (dans leur accoutrement) pourvu que rien ne change (au Palais Brongniart), ils racolent le lecteur avec leurs appeaux, prétextant que le rejet par le public de leurs supports d’hier est dû à l’attrait d’une nouvelle technologie, mais se gardant bien de l’adopter sans des déguisements qui masqueront ce qu’ils sont, font et feront et qui ne diffère guère de ce qu’ils furent et firent naguère.

    Ce n’est pas leur talent qui est en cause, ce sont les corsets qui les enserrent et dont ils s’accommodent jusqu’à les oublier ; presque de bonne foi, ils prétendent n’en point porter, à l’instar de David Pujadas qui réfute dans un livre la question dont tout le monde connaît la vraie réponse « Et vous subissez des pressions ? ».

    Affectés du syndrome de l’âne de Buridan, ces néo-cyberjournalistes frayent, indécis, parmi les jeunes pousses d’Internet, les frais tendrons au regard franc et ils louchent vers les portes à tourniquet des médias traditionnels, en quête de reconnaissance par ceux-là même dont ils prétendent se distinguer désormais. Et qui les accueillent sans lever un sourcil, pas dupes. « Entre donc, fils prodigue, ton couvert n’a jamais été enlevé. Fais voir ta carte du SNJ-CGT. Ah, ah ! »

    Théophraste. Ici


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  • JOURNALISTES INTÈGRES, ÉDITORIALISTES VERTUEUX: BON APPÉTIT !!!

     Publié par Danielle BLEITRACH Ici


    S’il était encore besoin d’une preuve de la manière dont la presse occidentale et singulièrement française participe de ce que Chomsky appelle un système de propagande, on le trouverait dans la sécheresse de ce constat: Il y a plus d’assassinats de journalistes en Amérique latine que dans le reste du monde. Où ont lieu ces assassinats ? A Cuba, au Venezuela ? Non! Pourtant n’est-ce pas ce que notre presse nous laisse entendre tous les jours? Non: les deux pays phares en matière d’assassinat de journalistes en ce début d’année 2010,sont le Honduras et le Mexique, sous la tutelle directe du grand frère nord-américain. Vous l’ignorez si vous ne lisez que les quotidiens et les hebdomadaires de la presse dite « libre ». Dites vous bien que la blogueuse cubaine félicitée par Obama ne tiendrait pas huit jours au Honduras aujourd’hui. Si elle prétendait raconter au jour le jour la manière dont le nouveau pouvoir issu du coup d’Etat réprime à tour de bras.


    Le 7 avril la Campaña Emblema de Prensa (PEC).a dénoncé le fait que plus de la moitié des 22 assassinats de journalistes qui ont eu lieu durant le premier trimestre de 2010 dans le monde ont eu lieu en Amérique latine, et la majorité de ces derniers assassinats est intervenue au Honduras et à Mexico. Sur 22 assassinats dans le monde de janvier à mars, 5 ont eu lieu dans le seul mois de mars au Honduras.

    Passez, il n’y a rien à voir, tout est rentré dans l’ordre a déclaré madame Clinton.


    Et la presse se conduit au Honduras comme elle s’était conduite en 1989 au Panama. C’est ce mois de décembre là que personnellement j’ai compris ce qu’elle valait, ce qu’on pouvait en attendre. A ce moment là, il y eut une campagne médiatique d’une ampleur inouïe, on avait sorti les morts de mort naturelle des morgues pour monter la fiction de la découverte d’un charnier à Timisoara, en Roumanie. Au même moment, l’aviation nord-américaine bombardait Panama, y faisait 3000 morts, les Etats-Unis agissaient ainsi pour reprendre pied et chasser leur ancien stipendié Noriega. Ce dernier manifestait des velléités d’indépendance. Il n’y eut pas le moindre entrefilet dans la presse, pas un mot sur les 3000 morts mais les grandes orgues se déchaînèrent sur les cadavres sortis de la morgue comme preuve de l’inhumanité des communistes.

    Et bien l’affaire de Zapata, celle des « dames en blanc » soutenues à Miami par le « vertueux » Posada Carriles, une ordure qui a couvert le continent de ses meurtres et tortures, la pseudo révélation de la collusion de Chavez avec les FARC à coup d’ordinateur truqué, tout cela masque l’essentiel, la manière dont l’empire américain tente de reprendre pied dans le continent rebelle, et pour cela s’appuie sur des criminels, des assassins, des narcotrafiquants. Ceux qui veulent dire ce qui se passe, sortir de l’omerta, sont assassinés comme un vulgaire syndicaliste. Des syndicalistes qui eux aussi tombent sous les balles du factieux. Et vous vous taisez, vous faites ce que l’on vous dit : écrire des articles mensongers, construire des sujets pour le journal du soir… sur Cuba et le Venezuela…


    Parce que le plus extraordinaire est la servilité des journalistes, pas un mot, pas un doute sur la nature immonde de l’opération à laquelle ils se prêtent par leur silence et leurs aboiements sur ordre, leur absence de la moindre compassion pour ceux qui tentent encore au péril de leur vie de faire honnêtement leur métier . Partout dans le monde, le plus dangereux pour vous journalistes, les faits sont là, est une situation où les pouvoirs que vous servez tentent d’écraser des peuples qui se rebellent.


    Ils ont à leur ordre des brutes sadiques mais eux-mêmes capitalistes assoiffés de profits, grands latifundaires opprimant le paysan indigène, lui volant sa terre sont simplement et monstrueusement convaincus de leur superiorité sur le reste de l’humanité, et ce sont ces gens-là que vous servez.


    Tout ce que je vais maintenant vous dire journalistes intègres, éditorialistes vertueux est vous le savez parfaitement exact, et votre seule possibilité est de faire taire ceux qui diront la même chose, par assassinat en Amérique latine, en nous faisant glisser dans la spirale de l’oubli médiatique dans nos pays… Dans les deux cas on assassine la verité, par le sang ou l’asphyxie.


    Rien de plus sûr que d’être correspondant de votre presse, celle des ordures qui vous tiennent en laisse , à Cuba ou au Venezuela. Non seulement vous êtes en totale sécurité, vous n’êtes pas empêchés dans votre travail, mais vos articles sont écrits à l’avance et vous n’avez pas à vous fatiguer à connaître la réalité du pays, il vous suffit de fréquenter les ambassades et la section des intérêts nord américains où l’on vous donnera le calendrier des « dissidents ». De toute manière, inutile de tenter d’écrire autre chose votre journal ne passera rien d’autre.


    Surtout pas le fait qu’au Honduras, cinq journalistes ont été assassiné rien que dans le dernier mois de mars. Dans ce pays, le silence est de rigueur vous savez bien que le journal qui vous emploie qu’il s’agisse du Monde, du Figaro ou de Libération a une ligne que vous devez adopter: après un bref temps de désordre où malheureusement on a dû chasser le président élu », mais où des « élections libres » en ont aussitôt élu un autre, la situation est redevenue « tranquille ». Donc on ne parle ni du Honduras, ni des manifestations populaires qui y ont lieu malgré les risques, on laisse le silence se faire sur la révolte populaire comme sur les assassinats de syndicalistes et de journalistes.


    L’actualité, celle que vous fabriquez, c’est le défilé des « dames en blanc », leur « répression » par les méchants dictateurs que sont les frères Castro. C’est la presse libre censurée au Venezuela, et vos micros tendus pour recueillir les délires haineux de Uribe contre Chavez.


    Donc au Honduras, cinq journalistes ont été assassinés durant le seul mois de mars et vous vertueux reporters et éditorialistes vous n’en direz pas un mot. C’est ce qu’on appelle avoir le culte de la gamelle à défaut de celui de la vérité.


    Le cas du Mexique – qui vient juste derrière le Honduras- est me direz-vous différent, on y assassine les journalistes comme les femmes à Juarez… Quel rapport avec le pouvoir ami des Etats-Unis? Rien si ce n’est que dans ce pays, terre ouverte aux capitaux nord-américains et frontière fermée aux êtres humains, la situation est arrivée à un tel degré de corruption que des pans entiers du territoire national sont aux mains des trafiquants de drogue et que les cinq journalistes assassinés depuis le début de l’année l’ont été dans la guerre ouverte menée par cette mafia. On ne peut pas ignorer que ce pays est celui où la plus extrême pauvreté coexiste avec les premières fortunes mondiales et que pour garantir de telles inégalités, il faut des gangsters, des paramilitaires comme en Colombie. Notons qu’en Colombie où traditionnellement l’assassinat de journalistes et de syndicalistes, leur torture, fait partie des moeurs gouvernementales, les trafiquants de drogue, leurs paramilitaires sont directement au pouvoir.

    Parce que pour tenir l’Amérique latine, il faut promouvoir les assassins, les trafiquants , les mafias, ceux qui sont capables de vendre père et mère pour se faire du fric, pour s’en sortir aux dépens des autres. Vous le savez bien et vous n’ignorez pas que la CIA a toujours été chercher une partie de son petit personnel dans le lumpen prolétariat. Et que la déstabilisation au Venezuela, à Cuba et ailleurs a besoin de ces gens là…    «Dissidence » et délinquance font bon ménage. L’assassinat, le terrorisme, la torture font partie de la domination depuis toujours exercée sur l’Amérique latine. Cuba a été longtemps gouvernée par les gangsters vos alliés, et vous cherchez encore et toujours dans les bas fonds de quoi déstabiliser les gouvernements qui gênent votre pillage.Que vous en soyez à transformer des délinquants en héros de la liberté prouve sur qui et sur quoi repose votre système, les vais gangsters sont à Wall Street , la collaboration est ouverte depuis pas mal de temps entre la CIA, la mafia, le FBI dans la lutte contre les rouges, quitte à assassiner au passage un président des Etats-Unis indocile, comme on le ferait avec un Allende, avec la fiction d’une affaire entre chiliens, comme celle que l’on tente d’inventer à Cuba.


    Messieurs les journalistes, allez vous me faire croire que vous ignorez cette réalité là? Alors à force de vous taire que devons-nous penser de vous ? Que vous êtes prêts à sacrifier ceux des votres qui refusent de côtiser à la mafia, la votre, la seule qu’a jamais défendu votre innénarable Robert Mesnard, RSF et autres dirigeants corporatistes du fascisme auquel vous participez?


    Le reste du monde,même si la situation y est moins périlleuse obéit à la même logique, c’est dans le sillage de ceux que vous soutenez qu’il y a le plus de meurtres de journalistes. La plus critique est celle du Népal, où deux journalistes ont été assassinés durant le premier trimestre de cette années, là aussi cela va avec la volonté d’interdire aux maoïstes pourtant largement vainqueurs par les armes et les urnes de mener une politique en faveur du peuple. Par ailleurs on note que durant la même période de janvier à mars 2010, un journaliste a été assassiné en Bulgarie, à Chypre, en Afghanistan, en Angola, au Yemen, en Russie, au Pakistan.


    Le chiffre de 22 assassinats dans le premier trimestre est comparable à celui de la même période de 2008, où il y a eu 20 journalistes assassinés, il est égal à celui de 2007, mais inférieur au chiffre de 2009, où l’augmentation était due à l’offensive israélienne à Gaza, au conflit en Somalie,Irak et Pakistan. L’année passée, a rappelé la PEC, ont été assassinés 122 journalistes dans le monde entier, aucun de ces assassinats n’a eu lieu à Cuba, au Venezuela faut-il le noter? Il n’empêche vous allez continuer… Alors je vais vous dire ce que je pense de vous, vous n’êtes pas à mes yeux plus coupables que ceux qui fabriquent des armes, mais le pire chez vous est qu’en plus vous prétendez nous fourguer de vertueux discours sur la défense de la démocratie, et c’est là que vous êtes réellement écoeurants, à vomir…


    Vous fonctionnez toujours à, la manière dont jadis on faisait fonctionner les journalistes de la presse Hersant, on les envoyait dans les « colonies » où ils devaient dire le contraire de ce qu’ils voyaient sur le terrain, quand ils avaient accepté cela, ils étaient murs pour revenir en France et y couvrir les conflits sociaux, les problèmes de « politique » française…



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  • MEXIQUE : journalistes assassinés, journalisme assassin

    Jean-Pierre PETIT-GRAS

    Le 25 mars dernier, l’Unesco publiait un rapport inquiétant sur les meurtres de journalistes dans le monde. Il y apparaissait que le Mexique, depuis des années, a ravi à la Colombie la deuxième place, peu enviée, dans ces macabres décomptes. Tout juste derrière l’Irak, où, comme dirait un président bling bling, des reporters imprudents se font canarder par un tank américain, à la fenêtre de leur hôtel...

    Pour celui qui ne lit plus guère que la presse dite « alternative », il est difficile de savoir si les « grands » journaux ont beaucoup fait état de ce rapport.

    Pour celui qui suit l’actualité mexicaine et latinoaméricaine depuis des années, les choses sont assez claires : les journalistes assassinés appartiennent pratiquement toujours à de petites feuilles locales, et ils sont tués parce qu’ils ont enquêté de trop près sur les agissements d’hommes politiques mafieux, de multinationales vertueuses, porteuses d’un « progrès » détruisant le cadre de vie de communautés entières , ou de bandes dont on ne sait jamais très bien si elles appartiennent au « crime organisé », ou aux « forces de l’ordre », ou aux deux à la fois.

    Mais il est une catégorie de journalistes qui, eux, ne prennent pas beaucoup de risques. Sinon celui de manquer gravement à la déontologie du métier. Une déontologie dont on imagine que la vérification des informations que l’on livre au lecteur fait partie des devoirs élémentaires de ce que l’on appelle l’honnêteté intellectuelle.

    Deux jours après la sortie du rapport de l’Unesco, le journal mexicain Reforma offrait sur huit colonnes un pseudo reportage sur un prétendu déserteur de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN), lequel aurait révélé, en vrac, le véritable visage du sous-commandant Marcos, celui de membres de l’ETA en action dans le « camp d’entraînement zapatiste de La Garrucha », et enfin, le financement de l’EZLN par l’organisation indépendantiste basque.

    Cette « information » pourrait prêter à rire. Le Marcos de la photo est un activiste italien solidaire des communautés zapatistes, Leuccio Rizzo. Des centaines de personnes ont immédiatement reconnu le jeune homme, et celui-ci réclame en vain une rectification de la part de Reforma. Les « terroristes de l’ETA » sont de jeunes femmes, espagnoles et française, qui participaient l’été dernier à un chantier international (rassemblant paysans zapatistes et membres de la société civile mexicaine, nord-américaine et européenne) pour la construction du futur local de la Junta de Buen Gobierno (Conseil de Bon Gouvernement, dont les membres sont désignés par leur communauté pour gouverner leur région, dans un système de rotation et de non-rémunération qui ferait pâlir d’envie -ou d’effroi- plus d’un chantre de la « démocratie participative »).

    Quant au financement de l’EZLN par l’ETA, il suffirait, pour le plus débutant et mal informé des journalistes novices, de jeter un coup d’oeil sur les condamnations incendiaires exprimées par les porte-parole des zapatistes (1), pour se dire qu’il y a, au minimum, matière à prudence et à vérification des dire du soit-disant déserteur.

    Mais c’est probablement trop demander à une presse dont le rôle est précisément de mentir et de manipuler l’opinion.

    La journaliste indépendante Gloria Muñoz rappelle, dans La Jornada du 3 avril, qu’un précédent montage sur l’identité de Marcos avait été suivie de l’invasion des communautés zapatistes par des milliers de militaires mexicains.

    Celle-ci, au-delà de son caractère grotesque, s’inscrit parfaitement dans le cadre de la recrudescence de la guerre de basse intensité que dénoncent les zapatistes, et qui se traduit en ces premiers mois de 2010 par une multiplication sans prédédent des agressions et provocations, d’un harcèlement épuisant et meurtrier, perpétrés par des groupes paramilitaires et parapoliciers. Le rôle de ces derniers, totalement instrumentalisés par les pouvoirs fédéral et locaux, est de pousser les zapatistes à une réaction violente, qui justifierait une intervention militaire massive, visant à exterminer les communautés en résistance, à liquider toute forme d’autonomie et à mettre la main sur les ressources naturelles et humaines de la région.

    Il appartient aux individus qui composons ce que l’on appelle, un peu niaisement, « l’opinion publique internationale », de nous tenir informés, vigilants et prêts à réagir à une nouvelle escalade. Car elle se prépare.

    Une des réactions possibles, et pas des moins salutaires, est de nous défier clairement de médias qui, comme le Monde et des centaines d’autres organes de la presse internationale, se sont empressés de reproduire tout ou partie de cette manipulation, sans daigner publier les indispensables rectificatifs.

    Une réflexion en vue de préparer un appel large au boycott du tourisme vers le Mexique (si madame Alliot- Marie veut bien accepter de comprendre qu’un tel appel n’a rien de raciste, ni d’antisémite, et qu’il ne vise ni les blancs, ni les métis, ni les indigènes) en serait une autre.

    Jean-Pierre Petit-Gras Ici

    (1) Lire par exemple La Jornada du 15 janvier 2003. Les textes sont accessibles sur l’internet. Ici


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  • Comment se faire embaucher par i>TELE ?

    (Mode opératoire pour journalistes en recherche d’emploi).

    Vous écourtez des études peu brillantes pour faire le manœuvre, puis pour vendre des Assurances au porte à porte, puis du miel, puis vous travaillez dans une radio locale, vous adhérez à la LCR, puis au PS, puis vous votez pour Sarkozy, puis pour les Verts après avoir louché vers le Modem.

    Vous vous présentez ainsi : « Robert Ménard, journaliste humanitaire » (sic).

    Vous dites que les homosexuels, vous n’en voudriez pas dans votre famille, que vous ne sauriez condamner la torture de la famille innocente d’un preneur d’otage (d’ailleurs, si votre fille était otage, il « n’y aurait pas de limite ») et que la peine de mort « n’est pas un problème ».

    Vous arrachez à Sarkozy, grâce à l’insistance de Bernard Kouchner, époux de Christine Ockrent, membre du C.A. de RSF, la médaille de la Légion d’honneur.

    Vous perturbez le passage de la flamme olympique à Paris et, si vous traitez Sarkozy de lâche parce qu’il fait un voyage éclair à Pékin lors de la cérémonie inaugurale des jeux, vous épargnez Bush qui s’y pavane une semaine.

    Recruté par la favorite de l’Emir du Qatar, vous partez travailler dans cette dictature misogyne esclavagiste où la presse n’a pas le droit de critiquer la politique du tyran et encore moins sa famille. Vous en revenez, lesté de dollars, en jurant (ô visionnaire in rétroviseur !) que la presse n’est pas libre dans ce pays.

    Vous exprimez crûment votre opinion sur le syndicalisme : « Après mon départ [de RSF], ils ont élu un délégué du personnel. Moi, ça ne me serait jamais venu à l’idée »

    Vous laissez Rony Brauman, qui vous connaît bien car il vous a aidé à créer RSF, dire que vous êtes un « dictateur villageois ». Vous ne bronchez pas (car vous craignez le face à face) quand il dénonce le « climat pourri » qui régnait à RSF du fait de la « dictature domestique » que vous y imposiez. Vous comptez sur la presse pour ne pas trop divulguer qu’il voit en vous « une brute qui parle des droits de l’homme » avant d’ajouter : « Jouer sur la fibre émotionnelle comme il le fait sur la peine de mort en se posant en père de famille, c’est doubler Le Pen par sa droite. »

    Vous balayez d’un cri médiatisé (sans contradicteur) les accusations pourtant prouvées sur l’origine douteuse de fonds états-uniens qui contribuent à faire tourner RSF.

    Vous avez marqué RSF d’une ligne politique claire :
    - taper à bras raccourcis sur tous les pays qui gênent les USA, épargner ces derniers et leurs alliés, autant que possible en prenant garde que cela ne se voit pas trop.
    - ne jamais s’en prendre aux patrons de presse français et à la concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires.

    Dès lors, le DRH d’i>TELE s’abstient de remarquer sur votre crâne de piaf ce halo de sujets qui fâchent : torture, dictature, censure, peine de mort, CIA, armée US, atlantisme, homophobie, droit des travailleurs, immunité des patrons de presse, Le Pen... Vous réussissez votre examen d’embauche(1).

    Saluons sportivement votre talent pour faire entrer plein de sous-sous dans la po-poche sans rien avoir dans la caboche.

    Théophraste. Ici


    (1) Dans quelques semaines celui qui, dans un fulgurant éclair d’afflux neuronal, se définit lui-même comme un « beauf absolu » devrait animer une émission sur i>TELE. Le monde en sera meilleur et le génie français magnifié.


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  • Disparition d’un grand monsieur de la télévision.

    (nécrologie anticipée, sait-on jamais).

    Né en 1937 en Algérie Jean-Pierre Elkabbach fut d’abord journaliste à Oran, Alger et Constantine puis à l’ORTF. En mai 1968 croyant que la Révolution triomphait, il fit grève et fut brièvement placardisé. Puis, on le vit partout : sur la une, sur la deux, sur la trois, sur France Inter, Europe 1, etc.

    Il fut également président de la chaîne Public Sénat, conseiller spécial pour la stratégie des médias du groupe de Jean-Luc Lagardère, président de Lagardère Media et administrateur de Lagardère Active Broadcast. A ces moments perdus, cet homme infatigable écrivait. On lui doit, signé avec son épouse Nicole Avril, un ouvrage intitulé « Taisez-vous Elkabbach », phrase attribuée à Georges Marchais qui ne l’a jamais prononcée. En 1996, il sera victime d’une vaine polémique sur les contrats exorbitants qu’il avait offerts à certains animateurs-producteurs, comme Jean-Luc Delarue.

    Il résistera également avec le flegme d’un grand professionnel à une contestation partisane et mesquine au sein de sa rédaction, d’Europe 1, pour avoir demandé conseil à Nicolas Sarkozy sur le choix d’un journaliste politique à embaucher.

    Ses détracteurs accusaient Jean-Pierre Elkabbach d’être trop proche du pouvoir, mais pas le moindre élément probant ne vient étayer leur thèse. Journaliste exemplaire qui sut se tenir à l’écart des puissances économiques et politiques, il commit dans sa vie une seule erreur qui interdit peut-être toute comparaison entre lui et Albert Londres : en avril 2008, il laissa un animateur d’Europe 1 annoncer par erreur la mort de Pascal Sevran. Cette tache énorme dans un parcours sans faute au service exclusif de l’information, de la vérité et de l’objectivité lui valut une cruelle « mise en demeure » du CSA.

    Par bonheur, il fut en quelque sorte lavé de cette trop sévère sanction par l’attribution du grade d’officier de la Légion d’honneur. Travailleur infatigable, érudit, élégant avec son écharpe dont les caricaturistes outranciers disaient qu’elle était assez longue pour lui permettre de « cirer les pompes de ses invités », il portait ses charges professionnelles multiples et écrasantes comme un sacerdoce sacré, rien n’étant à ses yeux plus important que l’information libre et indépendante sans laquelle il n’y a pas de démocratie.

    Il va nous manquer. Le Paysage Audiovisuel Français (PAF) perd un exemple et un père.

    Et tous les empafés perdent un frère.

    Théophraste . Ici

    PS. Le 1er avril, notez bien.


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  • L'Islande, futur paradis de la liberté de la presse?


    liberte_de_la_presseVoilà une info qui fait réagir les médias commerciaux : l’Islande deviendrait un paradis de la liberté d’expression. Comme d’autres sont des paradis fiscaux en protégeant les spéculateurs, l’Islande ambitionne devenir un havre pour les journalistes d’investigation qui, certes, se font rares en ces temps de poursuites intempestives pour diffamation. Ca la fout mal : si l’Islande veut devenir le paradis des journalistes qui veulent enfoncer les clous, ça veut dire qu’ailleurs c’est pas le top. 


    C’est marrant, rares sont ceux qui soulèvent le débat à ce sujet. Pourtant nous qui vivons en sarkoland depuis bientôt trois ans devrions nous sentir concernés. L’Islande, en effet, se démarque totalement du bal de somnambules auquel nous a habitués l’industrie médiatico militaire1] de notre bonne vieille France. De quoi s’agit-il exactement ?

    Les 320.000 Islandais, qui viennent de dire (à 93%2]) qu’ils ne veulent pas filer leurs sous aux spéculateurs anglais et hollandais qui se sont fait avoir par la banque spécialiste des subprime pourris Icesave, considèrent aujourd’hui qu’il faut une vraie liberté de la presse pour avoir une chance d’éviter une crise comme celle qui a littéralement ruiné l’Islande.

    Du coup, le 16 février le Parlement a commencé à étudier une proposition de loi, plus ou moins poussée par le Icelandic Modern Media Initiative (IMMI), et destinée à rendre maximale les libertés d’information et d’expression. Depuis, les députés sont occupés à recenser ce qui se fait de mieux en la matière.

    A l’origine du projet, un groupe qui publie des documents officiels censurés, Wikileaks, et qui est victime de moult3] poursuites de la part de ceux qui sont dérangés par ces infos. Wikileaks aurait choisi l’Islande pour mener le combat, parce que c’est le pays qui a fini n°1 du classement Reporters Sans frontières sur la liberté de la presse de 20084].

    Au final, si l’Islande parvient à regrouper les lois les plus protectrices de la liberté d’expression, certains craignent que les journalistes et même d’autres citoyens ne se lâchent un peu trop. Je reviendrai plus bas sur le droit de la presse en France et en Belgique, où les différences sont déjà notables, pour qu’on comprenne mieux l’intérêt d’un paradis de la liberté d’expression. Contre lequel, évidemment, on peut s’attendre à une levée de boucliers.

    Mais qu’est donc Wikileaks5]? Un site créé en 2006 par, semble-t-il, des dissidents Chinois, des journalistes et mathématiciens US, Européens et Taïwanais, et qui a eu l’intelligence d’implanter ses serveurs dans des pays où la liberté de la presse est importante, comme la Suède, afin de bloquer les poursuites éventuelles à la suite de la publication de documents censurés. Du coup, aucun de la centaine de procès intentés n’a encore été perdu par le groupe. Alors forcément, ça énerve : le Pentagone a de déclaré le site « menace pour l’armée » et a pensé à bloquer Wikileaksdès mars 2008. Diantre. Autrement dit, c’est la guerre.

    En tout cas, ça y ressemble : en février, le site a du suspendre ses activités, officiellement pour des raisons de finances. timbreIl faut 600.000$ à Wikileaks pour payer ses employés, et il n’a pu en récolter que 130.000 en 2009.

    Aujourd’hui, quasiment aucun du bon million de documents publiés par Wikileaks n’est accessible sur Internet. Même le site qui avait repris les documents publiés par Wikileaks n’est plus accessible, ni aucun autre. Et puis, une plainte d’une banque Suisse auprès de la justice californienne a obtenu la fermeture du sitefin février 20086]. Maintenant, l’original n’émet plus en raison –officiellement- de problèmes financiers, mais à force de poursuites judiciaires, aucun double7] de ce site n’est plus accessible : aucun des dizainesde sites miroirs créés depuis ces derniers mois. Le seul moyen de trouver des documents de Wikileaks aujourd’hui est de passer par des torrentset de télécharger les fichiers via un site intermédiaire.

    Le fait d’être hébergé en Suède, où le secret des sources est protégé, n’a pas empêché une bonne dizaine de flics allemands de perquisitionner chez le propriétairedu nom de domaine allemand de Wikileaks en mars 2009. Soi-disant pour rechercher des fichiers pédophiles.

    Bref, on peut dire qu’il y a eu comme un nettoyage, au même moment d’ailleurs où la censure devienttotalement décomplexée sur Dailymotion.

    Alors évidemment, si Wikileaks veut continuer à publier ces documents –que le Pentagone accuse d’être de la propagande- il faut que le site soit hébergé dans un pays qui garantit le plus de liberté possible. Accessoirement, cela permettrait aussi de contourner ce que certains appellent le « tourisme de la diffamation», qui consiste à porter plainte pour diffamation dans le pays le plus répressif qu’on peut trouver et qui a hélas, en ces temps répressifs, tendance à se développer rapidement8].

    En effet, si jamais l’Islande parvient à mettre en œuvre la loi qui est sur les rails, un journaliste accusé de diffamation injustement pourra intenter lui-même un procès à celui qui l’attaque. Car un journaliste qui écrirait cela en Islande ne pourrait pas être poursuivi par un pays étranger qui aurait de moins bonnes protections de la liberté d’expression et des sources. Ce qui vaudrait aussi pour des sites hébergeurs ou des éditeurs.

    Là où cela va rapporter à l’Islande, c’est quand les médias et hébergeurs de sites polémiques –ou à scandales, c’est le risque- viendront y installer leur siège. Au final, tous ceux qui risquent des poursuites pour diffamation (ce qui, on va le voir, devient banal un peu partout), viendront probablement se domicilier en Islande, quitte à y payer leurs impôts. 

    Via cette « initiative de modernisation des médias islandais », les députés islandais affirment vouloir protéger le journalisme d’investigation qui, il faut bien le dire, se fait rare. Il ne s’agit pas de protéger la presse people ou les sites purement diffamatoires.



    sarkonapolk9En France, protection des sources : 0

    On l’a vu, la liberté de la presse et la liberté d’expression défendues par l’Islande reposent essentiellement sur la protection des sources. Ce que ne veulent pas les journalistes, c’est devoir balancer leurs sources –à qui ils ont garanti l’anonymat comme la déontologie l’impose- à un flic ou à un juge s’il n’y a pas une raison sérieuse.

    Ladite protection des sources est, selon la cour européenne des droits de l'homme, la «pierre angulaire de la liberté de la presse » nécessaire dans une société démocratique. Ca a l’air de rien, mais si les sources ne sont pas protégées, elles ne peuvent risquer de divulguer quoi que ce soit. Et un journaliste n’a pas le droit de faire risquer à ses sources des poursuites pénales (violation du secret professionnel etc.).

    La Belgique, après un non droit total en la matière, a aujourd’hui une des lois les plus protectrices au monde. En France, ce n’était déjà pas la panacée avant l’entrée en sarkoland. Mais, depuis les choses se sont largement dégradées.

    A priori, la loi permet à un journaliste français de ne pas divulguer ses sources bien qu’un journaliste n’ait pas le droit au secret professionnel. Ca c’est la théorie. Car en pratique, alinéa après alinéa, les députés ont crée moult brèches dans ce système. Comme le dénoncele Syndicat National des Journalistes, il suffit à un juge de poursuivre le journaliste pour « violation d’un secret professionnel », « violation du secret de l’instruction », recel de documents volés etc. pour l’obliger à balancer ses sources. On a souvent ce genre de cas dans les grosses affaires politico judiciaires.

    Plus récemment, on a inventé la « lutte contre le terrorisme », notion floue s’il en est, pour réclamer l’accès aux sources des journalistes. Quand on sait que tout ce qui ressemble à des anarchistes (« anarcho autonomes », aujourd’hui), est assimilé à un terroriste, on comprend que certains sujets sont risqués à aborder ne serait-ce que pour protéger les éventuels informateurs.

    Chez nous, les juges ont parfois tendance à considérer les journalistes comme des informateurs et n’hésitent pas longtemps avant de mener des perquisitions dans les rédactions ou chez les journalistes. Il suffit d’une plainte d’un industriel, comme Renault, pour recel de documents internes ou « violation du secret professionnel », par exemple contre Auto Plus9], et le juge sera pressé d’aller vérifier d’où vient la fuite, c’est-à-dire la source du journaliste qui a balancé l’info.

    En principe, les perquisitions dans les rédactions ne doivent pas gêner la diffusion de l’information (art 56-2 du code de procédure pénale). Alors les magistrats se pointent tôt le matin pour saisir les ordinateurs et les notes des journaleux et mettre certains bureaux sous scellés10]. Le mieux, c’est que personne ne sait ce qu’ils recherchent, ce qui leur permet de saisir un maximum d’éléments.

    Et les garde à vue de journalistes sur des plaintes de multinationales ou de personnalités, pour diffamation ou autre, sontsarkozymedias_influence_marronnier_L_1 également monnaie courante dans la France des droits de l’homme. Le journaliste Denis Robert qui a enquêté sur les comptes non publiés de Clearstream en sait quelque chose. Ou sinon, les juges n’hésitent pas à demander à l’opérateur téléphonique d’un journaliste (qui a refusé de balancer ses sources au sujet d’un meurtre dans le milieu nantais) le relevé complet de ses appels, sans qu’il n’en soit informé11].

    Aujourd’hui, c’est à tel point que les étudiants en journalisme apprennent différentes façons de planquer leurs sources, notamment en en détruisant certaines malgré les risques en cas de procès.

    Bref, ce n’est pas la fête. En 2008, Rachida Dati avait fait passer une loi qui, disait-elle, constituait une avancée « considérable » en matière de protection des sources. Mais ce n’était que la transposition d’un texte européen.

    Et la France a évidemment un peu biaisé : en réalité, comme on pouvait s’en douter, il s’agissait surtout de garantir aux juges un accès aisé aux sources en question. C’est simple : il suffit d’entretenir un flou artistiquesur les motifs qu’un juge peut invoquer. De fait, le texte dit que les juges ont accès aux sources en cas « d’impératif prépondérant d’intérêt public ». Comprenne qui pourra, mais en tout cas c’est encore plus pratique que la notion de « terrorisme », qui n’a toujours pas de définition juridique. Toutefois, le texte précise que le journaliste n’a pas, malgré tout, l’obligation de divulguer ses sources. Ce qui peut être contourné facilement en lui mettant la pression lors d’une garde à vue.

    En outre, de nombreuses catégories de journalistes ne sont pas couvertes par cette pseudo « protection des sources », les écoutes téléphoniques, largement utilisées par les flics, ne sont pas concernées et le journaliste ne peut refuser de mentionner ses sources que s’il est entendu comme témoin12].

    Au final, ce texte est très flouet n’aborde pas tous les éléments qui constituent des atteintes au secret des sources. Mais, il faut reconnaître que les perquisitions dans les rédactions ont fortement diminué.

    Les sénateurs l’ont donc remanié en novembre 2009, pour enlever le caractère « exceptionnel » de la demande d’accès aux sources et ajouter que cette demande doit être « nécessaire et proportionnée » au but poursuivi par le juge. Ils ont aussi ajouté quelques exceptions au principe général de la protection des sources. Toutefois, comme l’a souligné le SNJ, une perquisition comme celle qui a eu lieu par exemple à la rédaction d’Auto Plus en juillet 2008 (à la suite d’une plainte de Renault pour violation du secret industriel) n’aurait pas été légale si le texte avait été en vigueur, car il ne s’agit pas d’un « impératif prépondérant d’intérêt public » mais d’une affaire privée.

    Mais, il y a d'autres moyens formidables pour brider la presse, aussi efficaces que la question de la protection des sources, parmi lesquels la plainte pour diffamation. A la différence de la calomnie, les propos diffamatoires peuvent être vrais, il suffit en France de prouver que l’auteur a cherché à nuire à l’ « honneur » ou à la réputation d’une personne, d’une entreprise, d’une association etc.

    En cas de plainte, le journaliste doit prouver que ce qu’il dit est vrai, c’est-à-dire qu’il doit livrer ses sources et ses documents au juge. Une des marottes de sarkoléon est d’ailleurs de faire passer les procès pour diffamation au civil, ce qui enlèverait l’instruction menée au pénal (enfin, tant qu’on a encore des juges d’instruction). Le SNJ considère quemettre la diffamation au civil reviendrait à considérer qu’elle relève d’une affaire privée, avec réparation du préjudice, sans aucune considération pour les libertés publiques et le droit à l’information.

    sarkozy_medias_tele_sarkostique_6Les politiques, Sarkozy en tête, n’hésitent pas à recourir à la diffamation dès qu’un journaliste les attaque sans trop de détours, mais les entreprises et les particuliers aussi. En décembre, « pour l’exemple»13], Bolloré a porté plaintepour diffamation contre deux journalistes de France Inter : ils avaient évoqué les méthodes du groupeau Cameroun. Accessoirement, on en déduit que les médias appartenant à Bolloré ne risquent pas d’aborder ce sujet.

    Au cas où cet arsenal ne suffit pas, il reste les plaintes pour « vol, recel et contrefaçon», comme lorsque sarko a fait convoquer par la police des journalistes de France 3, pour la diffusion de propos « off » tenus avant une émission, et dans lesquels sarko menaçait journalistes en leur disant que « ça va changer ».

    Enfin, il reste les atteintes à l’image ou à la vie privées, pratiques pour condamner la presse quand elle dérange une star ou un homme politique. En France, nous avons, paradoxalement, l’une des législations les plus restrictives en la matière. Ce qui nous a valu quelques condamnationsde la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui considère que le droit à l’image et à la vie privée ne doit pas empiéter sur la liberté d’expression. Mais la CEDH avait déjà pointé le recours abusifà la « diffamation », ou le problème de la protection des sources.

    Et puis, il faut noter que la super loi de 2008 sur la protection des sources n’est manifestement pas respectée : dans le cadre de l’affaire Treiber, des journalistes ont encore une fois été pris pour des auxiliaires de police et interrogés14]durant plus de 7 heures par la brigade de recherche des fugitifs. En outre, au cours de ces interrogatoires, les journalistes ont appris qu’ils étaient suivis et mis sur écoute depuis quelques semaines.

    Pour terminer, on peut encore souligner le fait que l’Elysée a aussi tendance à confondre les médias avec une agence de presse privée, et qu’il est toujours prompt à dire que les médias ne relatent pas suffisammentses multiples gesticulations. Il ne faut pas non plus oublier l’ingérence constante de sarkoléon dans la vie des médias, que ce soit en enlevant la pub sur la télé publique, en annonçant le nom de leur futur patron aux journalistes des Echos, en mettant ses pions à TF1 et à France Inter…


    La Belgique

    La loi actuellesur le secret des sources date seulement de 2005, après une décennie de perquisitions et d’interrogatoires arton1358de journalistes pour tout et n’importe quoi. C’était même à tel point que la cour Européenne des Droits de l’Homme avait condamné la Belgique.

    La loi belge est aujourd’hui l’une des plus protectrices au monde, et le journaliste (y compris les collaborateurs indépendants des rédactions) se voit reconnaître le droit de ne pas donner ses sources à un juge quand il est entendu comme témoin. On ne peut pas perquisitionner chez lui, ni mettre en place d’écoutes, ni saisir son matériel dans le but d’obtenir ses sources.

    En Belgique, la seule raison sérieuse qui peut être invoquée par un juge uniquement pour obtenir les sources d’un journaliste est une menace sur la vie humaine15]. Mais en plus il faut qu’il n’y ait pas d’autre moyen d’obtenir ces informations, et il faut que ce soit le seul moyen de prévenir le crime. Il faut donc un risque soit d’attentat, soit d’assassinat. En dehors de cela, le juge et encore moins un flic, ne peut pas demander à un journaliste de lui communiquer ses sources. Mais de toute manière, la déontologie des journalistes Belges leur impose de communiquer l’information dans ces cas-là.

    Le juge ne peut donc pas invoquer des raisons telles que la « sécurité nationale », l’atteinte au « secret défense », la préservation de l’ordre public, de l’économie nationale etc. Et si un journaliste porte plainte pour atteinte au secret des sources, on ne peut pas le poursuivre pour obstruction, un outil fort prisé des magistrats français.

    Quant à la diffamation, elle est également plus restrictive en Belgique qu’en France. On se rappelle qu’en France, un journaliste peut être poursuivi pour diffamation même si ce qu’il dit est vrai. Il faut prouver l’intention de nuire seulement. En Belgique, la diffamation consiste à « imputer méchamment » (donc avec intention de nuire) à quelqu’un un « fait précis » qui puisse nuire à son honneur ou à sa réputation de manière publique (au moins une autre personne a été mise au courant des faits en question). Mais il faut en plus qu’on ne puisse pas avancer légalement la preuve des faits. Par exemple si on reproche à quelqu’un d’avoir commis un délit et que le délai de prescription est passé, ça devient de la diffamation. La calomnie, c’est quand on ne peut rien prouver du tout.

    Et depuis longtemps en Belgique, l’ensemble des « délits de presse » est jugé par un jury populaire aux assises16] car on considère que c’est la population qui doit juger ceux qui l’informant. Le huis-clos est exclu, et la délibération au civil aussi. En outre, ces délits de presse sont prescrits trois mois après la publication, et la détention préventive est proscrite.


    sarkozy_police_journal_20h_Bref…

    Que ce soit en Belgique ou en France, les journalistes sont heureusement obligés de s’auto censurer. Il leur faut donc « bétonner les sujets », et en Belgique ils peuvent parfois mener une enquête jusqu’au bout sans risquer la diffamation, si les preuves qu’ils avancent sont admissibles légalement. En France, c’est plus compliqué.

    Cela oblige aussi à réfléchir à la manière dont on présente les choses. Mais le problème est que bien souvent, on manque de preuves solides dans les dossiers les plus sensibles. En général, la plupart des gens témoignent anonymement, et les preuves matérielles qu’on peut obtenir sont assez limitées surtout s’il faut les obtenir sans trahir le secret professionnel, le secret industriel, le secret de l’instruction, le droit à la vie privée etc.

    Tous les journalistes ont sous le coude des enquêtes non publiées et non publiables en raison des risques légaux (et parfois autres) encourus par le journaliste, son rédacteur en chef et le directeur de publication, qui sont responsables conjointement. Du coup, chaque papier « sensible » est longuement soupesé, du moins dans les rédactions sérieuses.

    D’où l’intérêt de ce projet de loi islandais. Mais l’idéal serait que la presse à scandale ainsi que ceux qui publient des choses sans vérifier leurs sources ne puissent pas entrer dans le cadre de cette protection.

    On observe actuellement que les régimes les plus à droite ne cessent de critiquer les médias et les journalistes. De Berlusconi à sarkozy, les médias sont incriminés : en effet, ceux deux victimes seraient les victimes d’une « diabolisation », n’est-ce-pas. Eux qui sont si petits face aux médias. Qui ne possèdent aucun média ou ne connaissent aucun chef d’industrie médiatique. Et qui ne savent pas se servir de ces médias, qui n’osent pas les menacerni même leur serrer la vis pendant qu’eux sont intouchables.

    L’autocensure se banalise en France ces derniers temps, et cela s’est vu de manière flagrante lors de la campagne présidentielle de 2007. Un exemple : si la presse nationale Belge n’a pas hésité à qualifier sarkozy de candidat « populiste », puisque son programme et sa manière d’agir correspondant à la définition donnée au populisme en science politique17], en France aucun quotidien national dit « de référence », y compris Libération, n’a osé le faire. Pourquoi ? Les risques de poursuites pour diffamation ou d’être renvoyé de sa rédaction à la suite d’un coup de fil à Lagardère ou Dassault ont été plus fort que le devoir d’informer. On le voit aussi quand des vidéos18] sont diffusées dans les Journaux télévisés des chaines belges, et qu’on n’en parle en France que lorsque ça fait un buzz sur Youtube le lendemain.

    Ce n’est en effet pas dans les médias français qu’on aurait pu lire un édito intitulé « Oui, sarkozy est dangereux ». C’est image003_bispourtant ce qu’a fait le quotidien francophone Le Soirlors de la campagnede 2207, affirmant que sarkoléon avait pris « une posture résolument populiste ».

    Les collègues de La Libre Belgique, l’autre grand quotidien francophone, ont par exemple évoqué les « relents populistes» du discours de sarko alors qu’il n’était déjà que ministre de l’Intérieur, et de réitérerà moult occasions par la suite. On peut donc écrire beaucoup de choses en Belgique, qu’on ne pourrait pas dire en France, particulièrement en ce qui concerne sarkozy. Mais, le nucléaire doit arriver juste derrière19].

    Même s’il est difficile de s’en rendre compte en vivant en France et en n’étant pas dans le microcosme journalistique, même si certains collègues français le nieront avec force, l’autocensure se généralise en France. Du coup, l’innovation islandaise est plutôt à voir du bon œil.

    Une fois n'est pas coutume, je vais conclure avec cette phrase de Jacques Prévert, semble-t-il: "Si la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie".




    [1]Je dis cela parce que finalement, Dassault est proprio du Figaro et de l'Express, Lagardèrede plein de journaux, Bolloré s’y met, et tous sont surtout présents dans l’armement, bénéficiant des talents de VRP du Chef. Bouygues par contre est surtout dans le BTP. François Pinault (LVMH) est quant à lui propriétaire du Point.


    [2]Alors que bien sûr, s’il n’eut été quelques émeutes pour aller à contresens, le gouvernement aurait appliqué l’accordconclu avec l’Angleterre et les Pays-Bas. Ceci dit, cet accord passé dans les salons ministériels pend toujours au nez des islandais.


    [3]Apparemment, une centaine déjà.


    [4]On notera au passage que la France était 35è en 2008 (31è en 2007), juste derrière le Ghana, la Grèce et le Mali, tandis que la Belgique est 7è. Même le Costa Rica et la Namibie passaient devant le sarkoland. Et en 2009, elle est passée 43è, derrière le Surinam, la Namibie, le Costa Rica, le mali, l’Afrique du Sud, la Jamaïque ou encore Chypre.


    [5] Le Mondedu 18/03 expliquaitqu’un rapport de l’armée US sorti par Wikileaks de 2008 montrait que l’armée cherchait à analyser le fonctionnement et à contenir l’impact de Wikileaks au maximum, notamment en neutralisant les « taupes ». Quatre jours après, le rapport n’était plus en ligne.


    [6]Apparemment, le tribunal a même demandé à l’hébergeur US de Wikileaks de lui transmettre toutesles informations relatives aux souscripteurs, aux contacts, aux factures et aux adresses IP utilisées pour accéder au compte du site. Ce qui n’est qu’une banale violation du secret des sources.


    [7]Par exemple, le site Cryptome, qui avait repris un grand nombre de documents de Wikileaks, a été fermé après une plaintede Microsoft. Le site avait publié un document secret sur la surveillance des internautes opérée par Microsoft.


    [8]Pour une star US, mieux vaut porter plainte pour atteinte à la vie privée en France, une multinationale qui se plaint de diffamation ira en Angleterre, où c’est celui qui est accusé qui doit apporter la preuve de ce qu’il dit. Ce fut le cas pour une universitaire US (Rachel Ehrenfeld) qui a publié un livre accusant un homme d’affaires saoudien d’avoir financé des terroristes et a été condamnée en 2005 à 10.000 £ d’amende et à détruire tous les exemplaires de son livre, Funding Evil qui pourtant n’avait été vendu qu’à une vingtaine d’exemplaires en Angleterre, via Internet.


    [9]En juillet 2007, Renault a porté plainte contre X pour violation du secret industriel à la suite de la publication de photos d’un véhicule et d’informations qui devaient rester « confidentielles ». Du coup, en juillet 2008 le journal Auto Plus a eu droit à une perquisition et le chef du service Nouveauté à une garde à vue.


    [10]C’est arrivé en mai 2009 au journal L’Equipe, à la demande de l’autorité de la concurrence, ou au Pointen janvier 2007, après la transcription par le journal d’écoutes téléphoniques montrant que l’équipe de cyclisme Cofidis trafiquait des produits dopants. Le Canard Enchaîné est aussi un habitué des perquisitions, et parfois la rédaction arrive à les empêcher, comme en mai 2007 quand les juges venaient chercher des infos relatives à l’affaire Clearstream, suite à un tapage médiatique. Les quotidiens régionaux ont aussileur dose.


    [11]C’est ce qui est arrivé à un journaliste du quotidien breton Le Télégramme : en décembre 2007, le journaliste avait refusé de révéler sa source au sujet d’un article sur un assassinat, et le parquet avait demandé à orange de fournir le relevé des appels passés avec son portable. Et cela, sans que le journaliste ou sa rédaction en soient mis au courant.


    [12]Du coup, la mise en examen est fort pratique, comme dans le cas de Vittorio de Filippisen 2008.


    [13]En effet, Bolloré considère qu’il s’agit d’une « campagne de presse lancée contre le groupe », à laquelle il convient de mettre un terme. Le groupe aussi porté plainte contre une photographe indépendante qui a témoigné lors du procès.


    [14]Avec à la clé des pressions psychologiques et une insistance ferme pour qu’ils balancent leurs confrères susceptibles d’avoir des infos.


    [15]La loi dit qu’il ne peut être porté atteinte au secret des sources « qu’à la requête d’un juge et seulement si la révélation des sources en question est le seul moyen de prévenir la commission d’infractions menaçant l’intégrité physique d’une ou plusieurs personnes et si, de plus, ces informations revêtent une importance cruciale pour prévenir la commission de ces infractions et qu’il n’existe aucun autre moyen de les obtenir."


    [16]Sauf s’il s’agit de propos racistes ou xénophobes.


    [17]Les grandes caractéristiques du populisme, qu’il soit de droite ou de gauche, sont l’appel direct au peuple et la figure charismatique du chef qui concentre tous les espoirs et tend à concentrer aussi tous les pouvoirs puisqu’il considère qu’il n’y a pas lieu d’avoir des intermédiaires entre lui et le peuple. Accessoirement, il y a aussi souvent un caractère anti parlementariste qu’on voit très bien chez Berlusconi, un peu moins chez sarko qui se contente de défaire toutes les institutions sans rien demander à personne.


    [18]Ce fut le cas du fameux « off »de sarko à France 3, mais aussi de sa sortie aprèsun rendez vous avec Poutine, ou de la fois où on a appris qu’en bon mégalo, il avait exigé que tous les ouvriersd’une usine présents pour sa visite soient plus petits que lui…


    [19]On se rappelle qu’en France le nuage de Tchernobyl est censé s’être arrêté pile aux frontières, tandis qu’en Belgique on a interdit aux gens de manger leurs légumes et de chercher des champignons. D’où le paradoxe qu’à Dunkerque où Lille il n’y avait officiellement pas de radioactivité, et 10 kilomètres plus loin on avait pris des mesures d’urgence. Mais ce n’est qu’un exemple de l’obstruction du lobbie nucléaire typiquement française.

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    Source ici


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  • Le macaque vous salue bien.

    Eric Zemmour ayant eu des propos déplacés et sommaires sur le lien entre la délinquance, les arabes et les noirs dans une émission télévisée de Laurent Ruquier, ce dernier a pris des timides et tardives distances. Le CSA s’émeut. Des sanctions sont en vue. Elles ne compromettront pas la carrière de Zemmour ni la réputation de la chaîne.

    La bourgeoise vénézuélienne qualifie de « macaques » et de « negritos » Hugo Chávez et les pauvres des bidonvilles qui surplombent Caracas. Les médias vénézuéliens ne sont pas en reste. Sur l’écran de la télévision RCTV (dont on nous fait croire depuis mai 2007 qu’elle a été fermée par le gouvernement bolivarien) on a pu lire au bas de l’écran des choses subtiles comme : « Ce nègre macaque communiste doit quitter le gouvernement » et : « Ce nègre communiste doit mourir ». Les sites des médias vénézuéliens laissent les bloggeurs en faire impunément leur miel.

    La presse du monde entier est un relais complaisant qui rapporte le surnom animalier, sans rien y trouver à redire. Parfois, les sites Internet français non « modérés » y ajoutent l’injure scato comme sur Agora-vox : « Eh bien oui Chávez est une grosse merde, ici en bolivie son surnom est le macaque majeur, Morales étant le macaque mineur » (par georges21, le 13 septembre 2008).

    Hugo Chávez en plaisante dans son émission dominicale en direct « Aló presidente » : « Evo me dit : « Ils m’appellent le macaque ». Je lui réponds : « Mais moi aussi, ils m’appellent le macaque. Nous sommes deux macaques, ha ! ha ! »

    C’est à ce rire satanique et à ce culot de parler en direct avec le peuple qu’on voit que la république bolivarienne est une dictature (ou pas loin, lisez notre presse).

    A l’opposé, la France, patrie des droits de l’Homme, adopte une position équilibrée. Prête à condamner Chavez s’il appliquait la loi sur les injures à chef d’Etat, elle compense cette rudesse potentielle par l’absolution d’une classe politico-médiatique vénézuélienne (et blanche) qui crache en permanence contre un peuple et son gouvernement légitime des injures que Zemmour n’oserait pas proférer chez nous.

    Théophraste. ici


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  •  Quand l’honneur de la presse est en jeu, on peut toujours compter sur quelques chevaliers blancs pour valeureusement monter au créneau. Ainsi du boss de Libération qui, dans un récent édito, annonce sa ferme intention de rester à l’écart de LaRumeur. Parole de barbichu. Des mots très dignes… que contredit aussitôt l’irruption de ladite Rumeur sur Libération.fr. Grand écart.

    Ah mais ! Joffrin ne parle pas de "LaRumeur" ! Pour Libération, c’est autre chose…


    Je ne suis pas comme toi, ricaneur perpétuel n’ayant de cesse de mettre en doute tous les pouvoirs établis, de soupçonner tous les hommes arrivés, de critiquer ceux qui font la pluie et la pluie.

    Je ne suis pas comme toi, disais-je, et j’apprécie Laurent Joffrin.

    Beaucoup.

    C’est ainsi, je ne goûte rien tant que ses éditoriaux, courageuses prises de position autant que fines analyses.

    Et j’aime à nourrir ma compréhension du monde et mes engagements de ses envolées à l’élégance littéraire proverbiale.

    Je me suis donc précipité sur la dernière livraison - tu vas être surpris, mais Laurent écrit un édito par jour ; si, si… - du pontifiant apôtre de Libération.

    Et j’ai lu avec enthousiasme ce texte titré Pourquoi Libération ne reproduit pas les rumeurs sur la vie privée de Nicolas Sarkozy.

    J’ai pris acte de cette position franche et claire.

    Et j’ai apprécié ce refus d’énoncer de quoi LaRumeur est le nom, engagement audacieux faisant honneur à la presse française et prouvant combien la déontologie journalistique n’est pas un vain mot.

    Ainsi, écrit Laurent Joffrin :

    Libération a refusé de reproduire la rumeur en question. La vie privée des hommes politiques n’est pas pour nous un objet d’investigation, sauf si elle est dévoilée par les intéressés ou si elle a des conséquences claires sur le jeu politique ou sur la symbolique des institutions (ce qui était le cas, par exemple, pour le divorce et le remariage de Nicolas Sarkozy).

    Bravo !

    -

    Je ne doute pas qu’il s’en trouvera - toi, peut-être - pour pointer ce que cette position peut avoir de ridicule ; produire un édito pour annoncer solennellement que LaRumeur ne sera pas mentionnée n’est qu’un moyen de l’évoquer tout en se parant hypocritement des habits du père-la-vertu.

    Et je suis sûr qu’il y en aura - toi, sans doute - pour s’esbaudir des précautions pathétiques de Laurent Joffrin, lui qui débarque toujours après la bataille et ne craint pas de prendre position sur le sujet alors que LaRumeur a déjà fait trois fois le tour de la planète ; à tel point qu’un journaliste du Monde vient d’interroger LePrésident sur le sujet.

    Mais je préfère te prévenir : je ne mange pas de ce pain-là.

    Et je ne tolérerai pas que quiconque - même toi ! - manque de respect en ces lieux au boss barbichu du quotidien de la rue Béranger.

    Ne serait-ce que parce que (moi aussi) je porte (haut) le poil capillaire…

    -

    Ceci posé, tu ne t’étonneras pas que je ne mentionne pas céans cet article de 20Minutes.fr, titré Chantal Jouanno dénonce une « une rumeur ignoble » sur sa vie privée.

    Tu comprendras que je me refuse à relayer le contenu de ce papier, qui fait état de la réaction de la secrétaire d’État à l’Écologie à LaRumeur lui prêtant quelques crapuleuses galipettes avec Leprésident.

    Et tu me sauras gré de ne pas reproduire ici cette phrase plutôt instructive : « La secrétaire d’Etat à l’Ecologie a déploré ce vendredi les bruits ayant circulé ces derniers jours sur Internet et dans la presse britannique concernant sa vie privée, au cours d’un chat avec des internautes sur le site liberation.fr. »

    C’est cela : « Au cours d’un chat avec des internautes sur le site liberation.fr. ».

    Précisément :

    « Coccinelle. Quels commentaires pouvez-vous faire sur les rumeurs qui circulent dans la presse anglaise concernant votre vie privée ? »

    « C’est une rumeur absurde qui vient encore de twitter, c’est même d’ailleurs une rumeur ignoble parce qu’elle porte atteinte, non seulement à mon honneur, mais aussi à celui de ma famille. »

    Comment disait Laurent, déjà ?

    Ah oui : « Libération a refusé de reproduire la rumeur en question. La vie privée des hommes politiques n’est pas pour nous un objet d’investigation. »

    Sans déconner…

    -

    À celui qui s’étonnerait de ce que Libération aborde (plutôt frontalement) LaRumeur que - déontologie oblige - le quotidien n’évoquera pas, je suis sûr que Joffrin ne manquerait pas de répondre avec un juste mélange de candeur et d’indignation.

    Expliquant notamment que cette mention n’est pas le fait de journalistes, mais qu’elle émane d’un internaute.

    Ce n’est - bien entendu - rien d’autre qu’un foutage de gueule d’ampleur cosmique.

    Tant nul n’imagine que les questions posées en chat à une secrétaire d’État ne sont pas visées et validées auparavant par la rédaction.

    Personne ne sera dupe, donc : Libération, en l’espèce, fait exactement le contraire de ce dont se gargarise Laurent Joffrin.

    -

    Ce n’est là qu’un amusant point de détail.

    Mais je crois bien que c’est une parfaite illustration du comportement des médias officiels quant à LaRumeur.

    En prétendant ne pas y toucher et en se bouchant le nez, ils l’ont enfantée [1], entretenue et cultivée.

    Et ils en font aujourd’hui leurs choux gras, tout heureux de pouvoir en faire porter la responsabilité sur ce net irresponsable où les nazis-pédophiles se ramassent à la pelle.

    Tu sais quoi ?

    Ça m’énerve.

    Grave…

    Notes

    [1] À commencer par Johan Hufnagel, rédacteur en chef de ce site sans intérêt qu’est Slate : par un twitt plein de sous-entendus, "Benjamin Biolay c’est bien le mec qui…", l’homme a beaucoup fait pour l’essor de LaRumeur ; nul doute, pourtant, qu’il s’en défendrait avec conviction.

    JBB ici


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  • ESPAGNE : Jusqu'où peut aller l'effronterie du trucage médiatique ? Un enfant-soldat asiatique chez les FARC...


    AUTEUR:  Pascual SERRANO پاسکوال سرانو

    Traduit par  Esteban G.


    Le 9 janvier El Mundo* publiait un article titré « Pourquoi jouer avec des poupées alors qu’on a un AK 47 » et surtitré : « Les FARC recrutent des enfants de 10 à 13 ans », . Et pour démontrer ces affirmations, une photo grand format d’un enfant posant avec un fusil accompagnait le texte.

     


    Ce qui est sûr, c’est que le fusil que l’enfant tient entre les mains n’est pas un AK (soviétique) mais bien un M16 (US), et que l’enfant est bien asiatique. Mais ce qu’ils oublient de préciser c’est qu’il s’agit d’une photo émanant de l’Agence Reuters d’un enfant probablement cambodgien et selon ce que l’agence m’a dit, ce n’était ni un fusil russe de guérilla ni un enfant colombien. Quoique, s’ils voulaient des photos d’enfants avec des armes de gros calibres, il n’était nul besoin d’aller si loin. On avait pu en voir en Espagne au cours d’une journée scolaire, le 23 mai, dans la caserne du Régiment d’infanterie « Soria 9 », à Puerto del Rosario (Fuerteventura).

    De plus, dans l’article d’El Mundo il est écrit qu’en Colombie  « 17 000 enfants portent un fusil ». Mais en janvier 2008, le ministre colombien de la Défense affirmait que les FARC avaient entre 6000 et 8000 combattants (El País*, 28/1/2008). De quel camp font donc partie les enfants avec les fusils ?

    Ce qu’il y a de certain en Colombie, c’est que deux millions d’enfants sont obligés de travailler, selon Liliana Obregón, directrice du Programme international pour l’éradication du travail des enfants à l’OIT. Et que 4457 enfants vivent dans les rues des 16 villes principales du pays, selon une étude de l’Institut Colombien du Bien-être Familial en coopération avec l’Union Européenne. Et ceux qui travaillent ne le font pas pour des entreprises de la guérilla, pas plus  que les grandes villes dans lesquelles les enfants sans abri trainent ne sont  contrôlées par la guérilla. Mais de ces enfants-là? le quotidien espagnol n’en a pas parlé.

    * El Mundo et El País sont deux quotidiens publiés en Espagne.

    Note de la rédaction de Tlaxcala

    Une rapide enquête de nos services de recherche a permis d'identifier l'enfant comme étant "Samboo, 12 ans, combattant de l'armée rebelle Karen en Birmanie". Cette photo a été prise le 31 janvier 2000 dans un camp de jungle près de la frontière birmano-thaïlandaise. C'est en tout cas ce que dit cette légende du journal The Tribune, de Chandigarh en Inde, du 31/10/2002. Et nous avons plus de raisons de croire The Tribune qu'El Mundo. Et le petit Samboo, s'il vit encore, a aujourd'hui 22 ans...



    Samboo, a 12-year-old soldier in the Karen rebel army fighting against Myanmar's military, poses with his rifle in a jungle camp on the border with Thailand in this January 31, 2000 file photo. The United Nations Children's Fund (UNICEF) on October 30 called for the demobilisation of 70,000 child soldiers, some as young as seven, fighting in armies across East Asia.
    — Reuters file pho

    Source : Niño soldado asiático en las FARC

    Article original publié le 24/2/2010

    Sur l’auteur

    Pascual Serrano est un auteur associé à Tlaxcala, le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique dont Esteban G. est membre. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

    URL de cet article sur Tlaxcala :
    http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=10116&lg=fr



    1 commentaire
  • Que la presse meure!

     



    Le système médiatique ne cesse de fonctionner sur ce fond de duplicité: l’interaction de la vérité et du mensonge quand tout le reste échappe à ce filtre. Parce que le monde n’est ni l’un ni l’autre et que l’actualité n’est qu’un flux tamisé par ceux qui sont désignés « professionnels de l’information » par les financiers qui les payent.

    Il y a quelques jours je m’amusais à regarder sur la télévision espagnole une réunion de Chefs d’Etat. Parmi eux, Sarkozy apparaissait tout petit et ridiculement maladroit dans son sourire grimaçant. Une image d’actualité « normale » comme on voit sur les télévisions étrangères. Une de celles que s’interdisent toutes les bien nommées « chaînes » françaises. S’il est minable d’attaquer un Président pour sa taille, il est ignoble de trafiquer servilement l’image à son profit. C’est pourtant à ce filtrage, à cette manipulation de l’image que nous condamnent nos médias donneurs de leçons. Les mêmes qui ne cesseront de faire écho au pouvoir quand ils dénoncent les dangers et l’irresponsabilité d’Internet !

    Mais on n’a pas même besoin de mentir, on peut exhiber ses mains propres quand on se contentera de la fabrication de cette réalité par le rejet de ce qui met en péril toute « version officielle »

    Chaque jour la bien pensance médiatique en rajoute une louche.

    Ainsi , cette « affaire » Marie-Luce Penchard, Ministre de l’Outre Mer, qui avait déclaré ouvertement : « Ca me ferait mal au cœur de partager avec la Martinique, avec la Guyane, une manne de 500 millions d’Euros ». On peut lire dans un organe de désinformation « La dépêche du Midi » non cet aveu mais un autre extrait : « envie de ne servir qu’une population, la population guadeloupéenne » ce qui justifie le titre « Sa fibre guadeloupéenne déclenche un tollé », de même que la réaction de Fillon qui peut alors dénoncer cette polémique « contraire à l’esprit de la République ».

    Il faut bien relire cet enchaînement logique – le même qui sera repris par les journaux télévisés – pour comprendre le degré de manipulation atteint par la presse française : on rejette un fragment de réel, on en donne un autre plus présentable qui gomme le précédent ce qui permet de transformer le bourreau en victime.

    Ah, l’éthique de la Presse !

    Messieurs les journalistes qui n’avez de compte à rendre à personne même quand vous êtes pris toujours et encore le doigt dans le pot à confiture… Mais c’est vrai qui aide à la suvie de vos journaux ? L’Etat ! Qui subventionne des pages et des pages de publicité ? Le gouvernement ! Qui paye le reste ? La publicité encore. Et de toute façon personne ne dira rien car, après tout, la presse on peut en avoir besoin, non ?

    Son pouvoir c’est de créer un événement, de faire qu'il soit blanc ou noir. Pas besoin de mentir, juste de traficoter, de jouer sur les mots ou les émotions, d’avoir les yeux ailleurs quand il le faut, de nous conjuguer la fiction à la réalité ou de faire silence pour plaire au maître.

    Qui a le pouvoir de les dénoncer tous ces journalistes serviles ? Les politiques ? D’autres journalistes ? Les associations, les syndicats… ? Mais tous en ont besoin, tous les craignent.
    Le seul contre pouvoir c’est désormais le Net ! En particulier sur nos blogs car nous y sommes libres. Nous ne sommes dominés par aucun des partis auxquels nous pouvons pourtant appartenir, nous ne sommes liés à aucune hiérarchie, nous ne dépendons d’aucun pouvoir financier.

    Quel média peut en dire autant ? Quand un politicien ou un journaliste vous attaquera, posez-lui cette simple question.

    Il vous répondra certainement « professionnalisme », « objectivité », « recherche de l’information ». Or, tout ceci est faux : tout est information, il suffit de trier. Professionnalisme parce qu’on touche son chèque en fin de mois ? Objectivité quand on sait bien qu’on peut dire tout et son contraire ?

    Arrêtons cette hypocrisie de la « liberté de la Presse » ! Elle n’est jamais libre et nous asservit. Que la presse meure ! Le remède serait-il pire que le mal? Sans doute. Mais alors qu’elle renaisse, autrement.

    Source ici


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