• Quand Paris-Match envoie Fillon au Front…

    Par Olivier Beuvelet Ici


    Heureux qui comme Fillon va retrouver Pénélope…

    Montrer le premier ministre en tenue printanière (photo de mai 2007), se promenant tranquillement dans la douceur du clos de son manoir angevin, aux côtés de sa fidèle épouse anglaise et de son fidèle setter irlandais, voilà qui est donner une belle image de la retraite telle qu’on la rêve en France… Après une dure vie de labeur, revenir, encore jeune, vivre entre ses proches le reste de son âge… Beau pied de nez à la réforme !

    Depuis jeudi 14 octobre, l’image fleurit sur les kiosques et sur les murs de la capitale et de tout le pays qui s’apprête à vivre une grande journée de manifestations demain et probablement une seconde mardi encore… Alors que les lycéens se font entendre tous les jours… et que le ton monte de part et d’autre… De quoi attiser la colère et offrir une belle effigie à la créativité contestataire… On imagine les paroles et les moqueries que cette Une déployée dans l’espace urbain va s’attirer… Voilà la cible ! nous dit Paris-Match. Cet homme qui affiche son bonheur de futur jeune retraité …

    Car ce n’est pas qu’au niveau du feuilletage du magazine, comme seuil de la lecture distraite des nouvelles légères qu’il distille, que cette Une a une efficacité, c’est au niveau de la rue. La Une est une image qui agit comme une affiche, elle constitue en soi un message, et un message public qui inonde l’espace public de la rue. Comme ces publicités que certains détournent ou abîment, les Unes sont affirmatives et intrusives, elles délivrent parfois un message très différent de celui qui est présent dans les pages du magazine, comme nous l’a montré André Gunthert ici. Elles constituent, indépendamment du magazine lui-même, une entité autonome dont le pouvoir s’exerce sur des regards involontairement saisis, elles saturent l’espace urbain et font naître un discours intérieur chez le badaud… Tiens encore lui ! Ah, il a l’air malin la tête en bas ce crétin ! Oh, la ils y sont allés un peu fort !

    Au moment où il se fait discret et attend que l’orage passe, alors que la réforme des retraites est surtout portée par Sarkozy et sa garde rapprochée, François Fillon se retrouve placardé en Une d’un  magazine qui appartient au groupe Lagardère, proche de la présidence comme on le sait, dans une posture people insouciante et pour le moins provoquante. Libération. fr, un blog du monde.fr, et le post.fr s’interrogent à juste titre sur l’oportunité et les vraies raisons de cette Une qui reprend une photographie de mai 2007 que les conseillers de Matignon considéraient comme la seule concession faite par le premier ministre aux exigences bling bling de la vie politique de l’ère Sarkozy… Matignon s’indigne d’ailleurs de cette utilisation anachronique et particulièrement malvenue… Surtout que le sous-titre “sereins en pleine tourmente” au-dessus de cette image ancienne est particulièrement trompeur et ressemble à une vraie provocation…

    De là à y voir un coup illustrant parfaitement la manière dont fonctionne l’imaginaire Sarkozyste, il n’ y a qu’un pas… que je franchis allègrement.

    (Il ne s’agit pas de dire que cette Une est le fruit d’une demande d’un conseiller de l’Elysée… on ne le saura jamais et ce n’est pas important de le savoir… Il est évident qu’elle sert les intérêts de la présidence et comme elle relève d’une manipulation d’image ancienne et gêne Matignon qui communique négativement à son sujet, il est clair que cette opération, venant d’une entreprise proche de Sarkozy, peut raisonnablement être considérée comme un coup médiatique contre Fillon.)

    Cette manipulation avérée de l’image de François Fillon à des fins politiciennes, témoigne d’une sorte de principe d’équivalence de l’image et de la réalité qu’elle représente, qui est selon moi au coeur des croyances qui fondent le sarkozysme. Comme on a pu le constater en diverses occasions, et André Gunthert le rappelait encore au sujet de la visite faite au pape récemment, Sarkozy fait de la politique par l’image, essentiellement, le principal étant non pas d’intervenir sur la réalité des problèmes mais sur la perception que les français en ont… Son conseiller Laurent Solly avait déjà théorisé ce point dans une célèbre formule rapportée par Yasmina Réza et reprise sur sa fiche Wikipédia : “La réalité n’a aucune importance, il n’y a que la perception qui compte”. Précisions au passage que ce profond penseur est à la direction de TF1 où il peut chaque jour contribuer à mettre en pratique son aphorisme préféré.

    Dans cette perspective réjouissante, le story telling ou l’art de produire du récit, c’est-à-dire de donner une certaine image de… est un horizon indépassable… et la finalité de toute action politique s’apparente à celle d’une démarche de branding ciblée (persécution des Roms, visite au Vatican)… Dans le même temps, puisqu’elle est la seule réalité sur laquelle peut agir le pouvoir (les chiffres sont ici a considérer eux aussi comme une sorte d’image, une représentation de la réalité), l’image se dote d’une aura particulière. La distinction entre la chose et sa représentation, l’idée qu’il puisse y avoir un hiatus entre les deux, semble faire défaut à Nicolas Sarkozy (qui a lui-même épousé une image), ainsi qu’à son entourage proche, ceux qu’on peut qualifier de sarkozystes. Poursuites judiciaires contre une poupée de chiffon, lutte contre la retouche pour préserver une pureté photographique, maîtrise scientifique de la taille des ouvriers rencontrés par le président dans ses déplacements, sorties diverses et variées pour la photo, représentation de la France en Disneyland constitué d’images américaines… On voit bien que le pouvoir en place tourne un film auquel il s’évertue à faire croire plus qu’il ne gouverne un pays dont la réalité vécue s’écarte de plus en plus des images ou trop violentes ou trop roses qu’on lui sert au vingt heures pour lui faire percevoir ce que l’on veut.

    Ainsi donc, ici, Fillon devenant trop indépendant, Fillon devenant trop menaçant au sein de l’UMP, devant la radicalisation de la contestation de la réforme qui doit redorer le blason réformateur du président, Fillon est envoyé au front, sur des affiches, en retraité heureux et surtout encore bien vert ! L’homme réel échappe encore à la vindicte populaire et ne semble pas prompt à soutenir une réforme qui pourrait bien constituer le tombeau politique de Sarkozy, ce n’est pas grave ! Envoyons son image !

    Et Paris-Match, dont la Une avait jadis blessé le président, lui  fait ce petit cadeau ; envoyer son désormais rival au front, dans les rues, sous l’oeil énervé des manifestants… Reste à voir ce que ces Unes deviendront pendant les prochaines manifestations… et comment le peuple se saisira de ces effigies que lui offrent les amis du président.

    Olivier Beuvelet


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  • Les joyeux drilles des compagnies républicaines de sécurité devraient pourtant le savoir : on peut matraquer n’importe qui - femme, enfant ou passant quelconque - , mais il ne faut surtout pas toucher aux journalistes. Au risque de susciter, sinon, une réaction outragée du reste des porteurs de carte de presse, affligés d’être traité comme le tout-venant. Cas pratique.

    « On est de la presse ! Nous tapez pas dessus, on est pas comme les autres ! »

    Par JBB

    Mardi soir - fin de manif agitée à Bastille.

    L’homme s’agitait beaucoup. Et brandissait sa carte de presse. Sésame supposé, face aux CRS alignés.
    Je l’ai regardé un moment - il continuait à montrer haut son passe officiel, criant qu’il en était, de la presse. Ça m’énervait, je suis allé le voir. Pour lui dire : « Mec, on s’en fout que tu sois de la presse. Arrête d’afficher ta carte comme ça, c’est de très mauvais effet. Les gens n’aiment déjà pas beaucoup les journalistes, alors si tu leur donnes en plus l’impression que tu demandes un traitement de faveur... ça craint, quoi. »

    Sincèrement, ça m’embêtait. Parce que j’ai eu une carte de presse, trois ans durant, et que je me sens encore à moitié de la profession, un petit pied dedans, un grand pas dehors. Que je pense que tout n’est pas à jeter dans le monde des médias, qu’il reste encore des gens sincères, faisant leur travail avec humilité et respect (c’est le cas de tous les journaux dit alternatifs, évidemment ; mais pas que). Et que je n’apprécie pas plus que ça l’automatisme débile de certains camarades de manif, mettant flics et journalistes sur le même pied. Bref, je ne goûte guère les comportements tendant à accentuer - ou simplement souligner - une fracture déjà très prononcée.
    Je lui dis ça, le mec m’envoie chier. Avant de revenir me voir, quelques minutes après : « En fait, t’as raison ; désolé, je me suis énervé. Mais tu comprends, moi, je fais ça pour protéger les manifestants. C’est pour vous protéger que je brandis ma carte de presse. »
    Mouais... Fin de l’échange.

    Le mec en question est celui qui a été filmé par une caméra en train de se prendre quelques coups de matraque de la part des CRS [1]. Cette vidéo-ci :

    On y entend aussi l’homme, ainsi qu’un collègue à lui, protester contre le traitement qui leur est fait :

    Le second : « On est de la presse ! Nous tapez pas dessus, on est pas comme les autres ! »
    Le premier : « J’ai pris des coups de matraque ! Alors que je suis de la presse ! »

    Il n’est guère de profession mettant autant d’obstination à scier la branche sur laquelle elle était assise que le journalisme. Ses membres n’apprennent pas, ne comprennent rien. Le cul entre deux chaises, souvent le cœur (un peu) à gauche et les privilèges à droite, les quelques survivants de la corporation s’entêtent à se croire encore trente ans en arrière, quand personne ne s’étonnait qu’ils bénéficient d’un traitement de faveur, quand le prestige attaché à leur caste ouvrait toutes les portes et justifiait tous les passes-droits. Mais voilà : c’est terminé. Fini, rauss. Et c’est très bien ainsi.

    Le plus choquant n’est pas dans cette vidéo. Il ne s’agit pas de cette carte de presse ridiculement brandie comme un bouclier symbolique - d’autant plus ridicule que son porteur, venu manifester, n’était pas en train de travailler. Ni de ces protestations inadmissibles des deux journaleux - « On est pas comme les autres » ? Et mon cul, il a une carte de presse ?

    Non, le plus choquant, ce sont les réactions des autres membres de la corporation, tous ceux qui montent au créneau parce que - ô drame, ô violences ennemies - un journaliste s’est pris trois coups de matraque. Ceux-là mêmes qui n’auraient même pas consacré une brève aux violences policières advenues après la manifestation - des gens qui se sont pris des coups de matraque ce soir-là, il y en a eu un (petit) paquet, et beaucoup ne cherchaient pas l’affrontement ; mais voilà : eux étaient comme les autres [2]... - en font d’un seul coup des gorges chaudes. Ceux-là aussi qui n’auraient jamais spécialement pointé l’agressivité et l’animosité des rangées de CRS - comme s’ils étaient doux, parfois ? - en tartinent à l’envi sur le sujet. Avec une mention spéciale à Rue89, dont le papier sur la question est resté en Une du site pendant plus de 36 heures. Manif pour les retraites : les CRS matraquent des journalistes, titre son auteur, Augustin Scalbert. Lequel ne se rend sans doute même pas compte de ce qu’il donne à lire, en filigrane : vivement qu’on en revienne à une situation normale, hein, quand les policiers ne matraquent que des gens ordinaires....

    À ce petit jeu corporatiste, la palme revient à Bruno Roger-Petit, journaliste et chroniqueur sur Le Post. Lui conclut ainsi son billet : « Cette agression d’un journaliste est inquiétante, et révélatrice d’un drôle de climat.(...) Après avoir vu ces sinistres images, et assuré notre confrère de la solidarité nécessaire, on en est réduit à se demander s’il ne va pas falloir ressusciter ce bon vieux slogan des années 68 et suivantes, moqueur et outrancier, très politiquement incorrect, j’en conviens, mais si efficace question com’ : "CRS SS" ? »
    C’est toujours émouvant, la prise de conscience d’un journaliste... Oui-Oui découvre le monde. Façon : Oh, je ne me doutais pas qu’il en allait ainsi dans notre société, mais depuis qu’un collègue - ô mon semblable, ô mon frère - s’est fait un brin matraquer, j’ai vu la lumière. Il serait temps...

    Rien de neuf sous le soleil, évidemment. Il suffit de remonter à l’interpellation et à la garde-à-vue de Vittorio de Filippis, ancien PDG et directeur de la publication de Libération, à la fin du mois de novembre 2008 : le traitement (banalement indigne) par lui subi avait été l’occasion pour la presse de pousser une belle clameur de protestation. Et la profession de prendre (brièvement) conscience de l’urgence de dénoncer la toute-puissance policière et les inacceptables conditions de la garde-à-vue. Ensuite ? Un soufflé qui retombe. Comme ça : pscchhhiiiittttt.

    En ce qui concerne le journaliste-martyr de mardi soir, l’IGS a été saisie. Et - à défaut de pointer un responsable - l’enquête de cette dernière aboutira sans doute à une consigne de bon sens : défense sera faite aux CRS de frapper les ceusses qui brandissent une carte de presse. Ouf...
    Il est peu de chances, par contre, que l’IGS se saisisse du cas de ce jeune homme de 19 ans, blessé à Caen mardi d’un tir tendu de grenade lacrymogène. La photo de la victime est pourtant édifiante :

     [3]

    Le petit con n’avait pas de carte de presse. Sinon, tu penses bien que Bruno Roger-Petit aurait fait un billet...

    Notes

    [1] Un épisode que j’ai raté ; je ne sais pas si je lui ai parlé avant ou après qu’il se soit fait un brin taper dessus.

     

     

    [2] À l’image de ce jeune homme :

    Montage-photo by Lémi, qui tenait absolument à ce que je le place dans le billet. Dont acte.

    [3] Photo AFP/Kenzo Tribouillard.


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  • Jean-Michel Apathie : obsessionnel et poujadiste

    Bernard GENSANE

    Il y a une cinquantaine d’années, un sociologue britannique des médias, dressant une typologie des éditorialistes en fonction du lieu d’où ils s’exprimaient, distinguait trois positions :

    - celle de “Sirius” (comme Hubert Beuve-Méry) : le journaliste parle d’un point imaginaire éloigné de la terre, du personnel politique, des lecteurs ; il est “objectif” parce que sans liens avec la contingence,

    - celle de l’initié, l’insider, celui qui connaît les choses de l’intérieur, qui est dans la place, et fait donc profiter ses lecteurs de sa proximité avec les gens d’en haut dont il partage le style, les bonnes manières, les valeurs (les journalistes du Times, du Figaro),

    - celui qui perçoit de l’extérieur, l’outsider, qui “sait”, parce qu’il est au parfum, parce qu’on ne la lui fait pas, qui a ses entrées dans le grand monde mais qui s’exprime au niveau de ses lecteurs en répondant à leurs attentes et en exprimant (prétendument) leur point de vue.

    Jean-Michel Apathie appartient, bien sûr, à la troisième catégorie des observateurs politiques.

    Il faut s’arrêter un instant sur son itinéraire peu banal. Issu d’un milieu modeste, il quitte l’école à quatorze ans et travaille comme garçon de café ou vendeur de voitures (sa page Wikipédia). Il reprend des études à vingt-quatre ans. Il obtient des diplômes en journalisme et en droit public. Ce parcours méritant le situe et le constitue. Apathie est différent des autres (il n’a pas fait Sciences Po en compagnie des responsables politiques de sa génération) et s’autorise à parler au nom de ceux qui en ont bavé. Avec Apathie, on est dans le personnel, les fibres, le réactif, l’émotion. En septembre 2008, il expliquait sa passion pour la politique : «  J’ai le virus, je ne connais pas de lassitude.

    L’actualité m’intéresse toujours autant, il se passe toujours quelque chose de passionnant. Dans la politique, il y a des snipers, des trahisons, des complots, du danger partout. On y trouve de l’irrationnel, du charme, de la solitude, des drames. La politique prête à la tragédie ». Telle est sa passion : la politique ressentie comme un film à suspense, avec des larmes, des destins croisés. On ne s’étonne pas qu’il avoue venir de la gauche (il fut membre du Parti socialiste de 1982 à 1986, donc quand ce parti était au pouvoir) sans jamais avoir été de droite. Il quitte le PS lorsqu’il apprend l’existence de la fille cachée de Mitterrand (sacrément dialectique !) et va se consacrer au “ mensonge ” en politique. Il fera également une fixation sur le sonotone (lui aussi caché) de Chirac, autre preuve que le mensonge est consubstantiel à ceux qui nous gouvernent, surtout s’ils ont, à cause de leur surdité, une perception déformée du monde. En bon outsider, il indique avoir voté blanc à tous les scrutins depuis 1988, sauf lors du référendum sur le Traité de Maastricht, où on serait surpris qu’il ait rejoint le camp du Non.

    De fait, il va travailler deux ans pour Politis (qui ne recrute pas ses collaborateurs au hasard), dont il sera chef du service politique, puis dans divers quotidiens et hebdomadaires nationaux avant d’exercer dans les médias radiophoniques et télévisuels. Toujours à un haut niveau : chef du service politique à France Inter (qu’il quittera, vexé de ne pas pouvoir présenter l’éditorial du matin), intervieweur à RTL, responsable du “ Grand Jury ” RTL-Le Figaro-LCI. Dans le même temps, il donnera des chroniques à Marc-Olivier Fogiel pour son émission “ On ne peut pas plaire à tout le monde ” et au “ Grand Journal ” de Michel Denisot (Canal+).

    De Politis à Fogiel et aux bobos de Canal+, Apathie est donc passé d’une conception en profondeur de la politique au degré zéro des coups de gueule, des “évidences ”, de la simplification à outrance. Chez Denisot, il est parfois aidé – et c’est alors désastreux de médiocrité et de lâcheté – par Ariane, l’arrière-arrière-arrière-petite-nièce du compositeur Jules Massenet. On les verra s’en prendre à Guillon et à Porte, KO debout après leur éviction de France Inter, sans que ces derniers puissent se défendre, ou à leur tête de Turc actuelle, Jean-Luc Mélenchon, qui a la langue bien pendue lorsqu’il s’agit de dénoncer les journalistes carpettes.

    Dans un récent article, Marianne2.fr, exposait les obsessions politiques du journaliste. Peu nombreuses, ces marottes. Lorsque l’on chronique avec l’aide d’Ariane Massenet, il faut faire simple, formaté. Mélenchon est violent lorsqu’il traite Pujadas (systématiquement non gréviste, comme tous les présentateurs de Canal+, d’ailleurs) de laquais. Point final. Pujadas, et d’autres, sont-ils effectivement des laquais ? Peut-on s’interroger, sans basse polémique, sur les relations entre les journalistes et le personnel politique, sur celles qui unissent les journalistes à leurs employeurs, marchands d’armes, membres du CAC 40 ? Non, bien sûr. Dans ses interviews pour RTL, Apathie assène qu’une grève est systématiquement inutile, sans jamais s’interroger sur le sens des mouvements sociaux, sur l’inévitabilité des crises.

    Comme il réduit l’essence des problèmes à une peau de chagrin, Apathie use, jusqu’à la corde, un discours clos renfermant deux ou trois concepts ressassés presque quotidiennement : la dette est trop importante, les fonctionnaires sont trop nombreux, critiquer les médias est démagogique, les manifestations sociales sont inefficaces en démocratie.

    Celui qui ne vient pas du moule mais qui est parvenu à faire sa place au soleil s’en prend avec jouissance aux marginaux de la politique. Arnaud Montebourg est vilipendé à plusieurs reprises pour avoir dénoncé la « tradition délinquante » de TF1, cette entreprise pourtant respectable qui vend du cerveau vide à Coca Cola.

    Selon Marianne2.fr, au moindre surgissement d’une contestation (un droit en démocratie), «  le cerveau apathien se met en mode automatique ». Il peut s’agiter devant son micro, à l’extérieur rien ne doit bouger. Le Parlement fait la loi, donc « on » ne « comprend » pas « l’agitation sociale ». Pourtant, si un p’tit gars comme Apathie a pu reprendre des études, c’est bien grâce aux mouvements sociaux, en particulier à Mai 68 qui a facilité l’accès à l’enseignement supérieur de travailleurs déjà entrés dans la vie active (et vive l’examen spécial d’entrée à l’université !). Pour Apathie, la démocratie est un état de fait, une congélation, un instant parfait, sûrement pas un rapport de forces, des luttes, des avancées, des brèches. Et il n’a pas son pareil pour surréagir en poujadiste. Voyons-le se gausser du care, cher à Martine Aubry.

    La responsable du Parti socialiste souhaite, selon Le Monde, "redynamiser la pensée sociale progressiste". "Nunucherie", explose Apathie, en lançant un exocet au Monde : " Déjà, le titre. Qui a imaginé ce fabuleux titre ? Le rédacteur du papier, Olivier Schmitt ? Son rédac’ chef ? Un secrétaire de rédaction ? Le directeur du Monde soi-même ? On voudrait savoir. « Redynamiser » situe déjà l’action à un certain niveau d’exigence. Mais quand en plus on apprend qu’il s’agit de la « pensée sociale progressiste », alors là mes amis et mes aïeux, on prend son Monde solidement dans ses mains et on s’assoit parce qu’on sait que ça sera du lourd ".

    Pour Apathie, le journalisme politique se résume à un questionnement d’autorité entre un journaliste qui se met au même niveau de responsabilité que l’élu qui doit lui rendre des comptes (d’où le mot “ Jury ”, très bien trouvé).

    Apathie est hargneux parce qu’en maverick (en franc-tireur qui vient de loin et se veut non conformiste), il n’a pas l’aisance naturelle des journalistes qui appartiennent – ou croient appartenir – au grand monde : les Barbier, les Giesbert, les Mougeotte.

    Bernard GENSANE

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  • Ah ! les s…, les l…, les l… ! (Ne sont pas désignés ici Pujadas, Mougeotte, Apathie, Revel).

    Vladimir MARCIAC
    Le 30 juin 2010, alors que le présentateur du JT de France 2 David Pujadas quittait les bureaux de France Télévisions, une délégation l’attendait sur le trottoir pour lui remettre le trophée le plus convoité du Parti de la presse et de l’argent (PPA) : « la Laisse d’or ». L’objet, composé d’un collier en métal doré avec lanière lui fut offert avec une boîte de cirage, une brosse et un plumeau.

    Les organisateurs récompensaient le « journaliste le plus servile ». Selon eux, Pujadas mérite la Laisse d’or pour son amour des euros (12 000 par mois) sa haine des syndicalistes et son dévouement pour les puissants, réaffirmé dans le film culte de Denis Jeambar, Huit journalistes en colère (Arte, 9.2.10), qui le montrait fustigeant la surmédiatisation des humbles : « Le journalisme des bons sentiments, c’est aussi une bien-pensance. C’est l’idée que, par définition, le faible a toujours raison contre le fort, le salarié contre l’entreprise, l’administré contre l’État, le pays pauvre contre le pays riche, la liberté individuelle contre la morale collective. En fait, c’est une sorte de dérive mal digérée de la défense de la veuve et de l’orphelin. »

    Au moment où Pujadas sortant des studios s’apprêtait à enfourcher son scooter, un groupe surgit pour l’acclamer, le couvrir de confettis et lui enrouler sa laisse autour du cou avant de dorer son deux-roues avec de la peinture aérosol (lavable) aux cris de « Vive le laquais du Siècle ! Vive le roi des laquais ! ». J’emprunte cette information au Plan B. J’ai même fait un peu de copié-collé, sachant qu’il n’y trouvera pas à redire.

    Le Plan B assure que les images de la scène figureront dans le prochain film de Pierre Carles, "Fin de concessions" qui sort en salles le 27 octobre prochain.

    Pierre Carles y a également filmé Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche et député européen, réagissant à un extrait du journal de 20 heures présenté par David Pujadas : « Larbin », « salaud ». Plus tard, il ajoutera : « Laquais ».

    Et tout ça parce que David Pujadas titillait Xavier Mathieu, responsable CGT de l’usine Continental de Clairoix (Oise) en essayant de lui faire condamner les violences (sur du matériel) de ses petits camarades, alors que par étourderie, il n’avait jamais pensé à demander à Laurence Parisot si ce n’est pas se livrer à des violences physiques que de fermer des usines qui marchent, de tout prendre aux pauvres, de ruiner les familles, de les faire se disloquer dans leur malheur, d’hypothéquer l’avenir des enfants, de sinistrer une ville ou une région au profit de ceux qui ont assez d’argent mais qui pourront dès lors en gagner plus ailleurs.

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    Journaliste

    Pas davantage, il n’interrogea des patrons sur le fait qu’ils soient obligés de se déguiser en « entrepreneurs », sur le foutage de gueule qui consiste à proposer à un Continental un job en Tunisie pour 137 euros brut par mois, sur la violence exercée par les CRS sur des crânes prolétariens en révolte contre leur malheur volontairement déclenché par des « entrepreneurs ».

    Invité dimanche 10 octobre 2010 au « Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro » Jean-Luc Mélenchon a comparu devant le tribunal formé par Etienne Mougeotte, Jean-Michel Apathie et Eric Revel, scandalisés par ce qu’il avait dit de Pujadas, vieux routier des médias, s’échinant (en vain) à essayer de rouler dans la farine un prolo qui parle au micro et à qui il semblait d’abord facile, puis possible (en s’y prenant à quatre fois) de lui arracher une condamnation des violences, faites aux vitres innocentes d’une sous-préfecture, par des individus jetés à la rue : ses frères, ses compagnons de résistance, même pas masqués.

    Pujadas : Est-ce que ça ne va pas trop loin ? Est-ce que vous regrettez ces violences ? Pour vous la fin justifie les moyens ? Est-ce que vous lancez un appel au calme ce soir ?

    En 1911, à Paris, Georges Clemenceau avait réussit à piéger Marcellin Albert, héros de la révolte des vignerons du Languedoc. A son retour au pays, le malheureux au coeur pur fut accueilli par une foule qui voulait le lyncher. Il mourut dans le désespoir et la misère.

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    révolte des vignerons

    Clemenceau, quel « salaud » quel « larbin », quel « laquais » du grand capital ! Si la télé avait existé et s’il avait rasé sa moustache, il pouvait présenter le JT sur n’importe quelle chaîne.

    Vous le saviez, vous, que les salariés de Continental avaient renoncé depuis deux ans à leur prime de fin d’année et aux 35 heures pour sauver l’emploi ?

    Que les dégâts qu’ils ont causés dans les bureaux de la sous-préfecture à Compiègne sont estimés à 12 000 euros ?

    Vous le saviez, vous, que la direction de l’usine Continental de Foix (Ariège) exige des salariés leur accord pour une baisse de salaires 8 %, sinon l’usine (bénéfice : 38 millions d’euros en 2009) n’ira pas loin ?

    Vous le saviez que Continental a demandé exactement la même chose dans ses filiales en Espagne et en Allemagne ?

    Vous savez ce qu’ils sont devenus, les ex-salariés de Continental Clairoix ?

    Vous savez que Jean-Michel Apathie a plus passé de temps à reprocher à J.L. Mélenchon son propos sur David Pujadas qu’à parler du sort des « Continental » ?

    Vous saviez que Jean-Michel Apathie travaille pour RTL, France 3, Canal + ?

    Vous saviez que son compère, Étienne Mougeotte, a dépassé depuis plus de dix ans l’âge légal de départ à la retraite et qu’il cumule des jobs à TF1, au Figaro, à RTL ?

    Vous saviez qu’Eric Revel travaille pour RTL et est directeur de LCI ?

    Vous saviez que toutes les chaînes de télés sur lesquelles vous zappez sont de droite ?

    Vous savez si Pujadas, Mougeotte, Apathie trouvent que les ouvriers de Clairoix sont plus violents, Mélenchon plus grossier que les patrons de Continental ?

    Vous savez qu’il est possible, dans un article, en guise de conclusion, de répéter un paragraphe remarquable ? Tenez : Pujadas fustigeant la surmédiatisation des humbles : «  Le journalisme des bons sentiments, c’est aussi une bien-pensance. C’est l’idée que, par définition, le faible a toujours raison contre le fort, le salarié contre l’entreprise, l’administré contre l’État, le pays pauvre contre le pays riche, la liberté individuelle contre la morale collective. En fait, c’est une sorte de dérive mal digérée de la défense de la veuve et de l’orphelin. »

    Vladimir Marciac.

    PS. Au cours du Grand Jury, Apathie, faisant flèche de tout bois, révéla que le véhicule de Pujadas avait été vandalisé. Il en conclut à demi-mot que ceux qui le critiquent ouvrent la bonde des violences. Mélenchon, par exemple. Celui-ci lui répliqua que, critiqué par les médias, il avait été frappé la veille dans la rue par un énergumène lui reprochant sa vulgarité. Le silence d’Apathie et de Mougeotte fit la démonstration qu’ils avaient épuisé tout leur réservoir d’indignation pour « le véhicule vandalisé » (le scooter repeinturluré ?) de leur complice de France 2.

    Ah ! les s…, non, rien.

    Voir aussi sur le site d’Acrimed une analyse détaillée du traitement de l’information sociale par nos télés :

    http://www.acrimed.org/article3132.html

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Ah-les-s-les-l-les-l-Ne-sont-pas-designes-ici-Pujadas-Mougeotte-Apathie-Revel.html

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  • Question « banco » pour Jean-Marie Colombani.

    Question « banco » au « Jeu des mille euros » de France Inter, jeudi 7 octobre 2010 : « On sait ce qui s’est passé le 11 septembre 2001 à New-York, mais que s’est-il passé ailleurs, un autre 11 septembre ? »

    Le 11 septembre 2001 ne saurait faire l’objet d’une question « banco » : tours jumelles, 2 976 morts, 6 291 blessés.

    Ce qui est terrible pour la presse française, c’est qu’une question difficile (« banco ») porte sur le coup d’Etat de Pinochet au Chili : 2 279 morts et disparus dont 641 morts « dans des conditions non élucidées » et 957 « détenus disparus ». Une autre estimation porte le nombre de morts à 3 197. Près de 150 000 personnes ont été emprisonnées et près de 27 255 ont été torturées. On compte des centaines de milliers d’exilés politiques.

    « Nous sommes tous Américains », écrivit le directeur du Monde, Jean-Marie Colombani, dans un éditorial daté du 13 septembre 2001. Il n’eut jamais l’idée d’écrire : « Nous sommes tous Chiliens ».

    Colombani sévit aujourd’hui dans un magazine en ligne qu’il a fondé. Faut-il en dire le nom et accréditer cette idée que, sur le Net, on trouve n’importe quoi ?

    Théophraste R. (ex-lecteur de l’ex-journal « de référence »).

    URL de cette brève
    http://www.legrandsoir.info/+Question-banco-pour-Jean-Marie-Colombani+.html

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  • Point mort

    Tony autoportrait à #316A69.png


    Ainsi donc le Ouebe est une poubelle, ainsi donc le blog est son ordure. Une grosse langue de pute bien baveuse qui colporte sa rumeur, infuse sa médisance, diffuse sa calomnie.

    En revanche au Point P, de chez Giesbert/Pinault, là c’est du sérieux solide. De l’investigation ‘achement rigoureuse. De l’enquête fiable et recoupée. Du déontologique de référence. Du vrai journalisme vrai avec de vrais morceaux de faits vérifiés dedans.

    De l’info bio coco, 100% nature sans adjuvants.

    Sauf qu’à force de se faire enfler par Françapeur Hebdo, ce gros journalisme qui tache, ce journalisme margarine qu’on tartine à la une, cette presse qui cachetonne aux stéroïdes toxos, aux stéréotypes raccords, les Djeunes des cités se mettent à penser. Sauf qu’à force d’observer du grand reporter de guerre sauter sur Clichy/cliché, « au cœur de l’enfer des cités » et de voir fabriquée à coups de biffetons, de la bagnole qui flambe, « le fixeur » commence à se fixer.

    Et le fixeur fixé de décrypter l’image et le fixeur fixé de déjouer le scénar et le fixeur fixé de dézinguer la machine.

    Cette machine folle et molle au totalitarisme mou à l’idéologie racoleuse, au sensationnalisme creux, au matraquage émotionnel.

    Et les manipulateurs, tout à leur paresseuse et ordinaire manipulation, de se faire manipuler par pas si con. Et les falsificateurs de l’info botoxée tout à leur angle putassier, de tomber nez dedans.

    Et faute de mieux, la presse de connivence au reportage de caniveau de dénoncer outragée l’indigne imposture, comme l’escroc s’indigne de se faire escroquer.

    Chapeau Abdel, chapeau l’artiste, à retourner la bouffonnerie, à désaper d’un simple coup de fil, la racaille médiatique.

    De la bonne soupe de femme polygame avec de gros morceaux de burqa délinquante dedans ?! t’en veux j’t’en vends et d'la bonne !! Ne reste plus qu’à fabriquer de cette bonne farine d’info pour la mangeoire aux cons.

    Et pour l’Express de Barbier de servile, c’est Sarko qu’on stigmatise 
    Et pour Arte de Leconte toc en stock c’est la femme qu’on assassine.

    Le contenu au service du contenant.
    Le témoignage à découper suivant les pointillés.

    Mais voilà que la mécanique se grippe
    Mais voilà que la machine à consentement part en vrille.

    Peillon
    d’abord et qui s’excuse
    Mélenchon ensuite et qui ne s’excuse pas
    Montebourg enfin qui ne s’excuse pas et qui accuse.

    Puis Abdel alias Bintou, vengeur masqué qui démasque l’arnaque embobinant le bidonneur.

    On connaît maintenant le mode d’emploi…

    Quant à retirer de la nationalité française, autant qu’on expulse Giesbert.

    tgb ici

    dessin - Tony - autoportrait


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  • Brève analyse comparée des grands médias français au lendemain des élections législatives vénézuéliennes

    Samuel METAIRIE

    N’étant ni vénézuélien, ni présent sur place, je clique, via mon ordinateur sur les liens des versions web des grands journaux proposés par Google Actu en ce lundi 27 septembre 2010. Et oui, nous dit-on, il faut se tenir informés. C’est important de lire la presse. Pardon, que dis-je ?! C’est important, de lire la vérité. Ça produit de l’échange, du lien social, et génère une meilleure compréhension du monde, ce qui est capital dans une société mondiale à l’avenir instable, nous dit-on même dans les amphis.

    Comme nous savons, maintenant que l’information à l’ère numérique de la communication où les idées doivent se diffuser rapidement pour qu’un organisme de presse soit rentable, nous devrions aussi savoir qu’il est possible, au demeurant, que ce qu’on lit est toujours orienté voir tronqué. Qu’un article peut être truffé de manière consciente ou inconsciente de raccourcis idéologiques ou professionnels, par soucis déontologique d’autocensure du journaliste. Alors, puisque le temps s’offre à moi en cette journée ensoleillée d’automne, voici que je me lance dans la lecture des journaux français les plus connus, pour comparer la manière dont le même sujet sera traité par tel ou tel organisme d’information (parler d’information a autant de sens que d’affirmer qu’un journaliste exerce librement sont métier en France en 2010).

    Ce, tout en se disant que derrière chaque paragraphe, se cache un mécanisme inconscient de manipulation des cerveaux. Ce rouage, latent, -apparu dès la naissance de la presse sous Napoléon Ier, dont nous sommes tous habitués dans une France apôtre d’un journalisme libre, indépendant et démocratique et qui ne formate pas l’opinion publique-, n’a jamais été aussi bien huilé que dans nos temps contemporains. L’actualité de ce jour, pour qui a décelé la brèche dans la coque de la duperie communicative, permet en beauté d’assister lamentablement au concert antisocialiste de la grande presse française, dont les plus grands industriels et marchands d’armes dirigent les entreprises si consciencieuses du journalisme d’investigation…

    Voici donc, après ces palabres introductrices numérisées sous forme de cri de gueule d’un chien enragé à qui on enlève l’os de la bouche, voilà que je déplie la couverture médiatique, et stupeur ! Que vois-je ? Les résultats des élections législatives vénézuéliennes traités par les journaux de référence. Classe, il se passe quelque chose en Amérique Latine ! Ca va plaire à la jeunesse dorée française ça, celle qui n’aime pas Chavez, mais qui pourtant est de sensibilité de gauche modérée, militante au PS contre Sarkozy mais sans savoir pourquoi parce que finalement il augmenté le salaire de papa.

    Ces journaux de références, donc, ceux qui ne sont pas taxés de désinformation subjective, et annoncés comme autant de lecture fortement conseillée pour avoir un esprit critique, à savoir Libération, Rue89, Le Figaro, L’Express, Le Monde, Nouvelobs, sont autant de canards considérés tant ici-bas comme des journaux idéologiquement différents. Après la lecture de trois ou quatre articles, (ce genre de papier sur les élections au Venezuela ne doit surtout pas être trop long, il ne faut pas en dire trop, mieux vaut occuper le temps de cerveau disponible avec un amoncellement de faits divers à fortes émotions), on jette la couverture, elle est moisie. Le vocabulaire, les recopiages intacts de paragraphes entiers, les références historiques, économiques et politiques du pays erronées, messages mensongers et insidieux, tout y est.

    Tous les journaux, même rue89, qui s’affiche journal militant pour une meilleure information, parlent de la fin  de l’hégémonie du Parti socialiste de Chavez, en décrivant une percée de l’opposition suite à cinq années où le pays fut dirigé sans opposition (normal, la droite avait boycotté les élections, comme le PS en France l’a déjà fait à l’Assemblée...). Parle-t-on de l’hégémonie sarkozyste dans la presse française ? Si un certain F. Fillon affirme que notre hyper-président n’est pas son mentor, on se demande pourquoi déclare-t-il de telles allégations, puisqu’aux yeux de la presse, et puisqu’ensemble tout est possible, la majorité UMP a été démocratiquement élue par les français (53% de 20 millions de suffrages exprimés, ce qui fait peu de français). Ah pardon, j’avais, en lisant que la gouvernance de Chavez se déroule sans parti d’opposition à l’Assemblée depuis 2005, commis la faute de remplacer les noms Chavez par Sarkozy à deux années près.

    Même si le fait que les suffrages exprimés en faveur du PSUV soient moins nombreux qu’en 2005 était vrai, c’est la manière d’aborder le sujet par les journalistes qui est critiquable.

    Depuis douze ans que Chavez est au pouvoir au Venezuela, il est très récurrent de lire que ce dernier se comporte comme un despote, un dictateur qui opprime sa population et qui nargue les économies du monde après avoir nationalisé ses entreprises, un chef militaire anti démocratique qui tente d’instaurer un pouvoir hégémonique à vie. Mitterrand, siégea à l’Élysée pendant quatorze ans…

    Simple détail à rappeler, c’est qu’il est une question d’enjeux idéologiques et politiques que de proférer des attaques contre le Venezuela (ou la Bolivie, l’Equateur), plutôt qu’une question de réflexion autour de la gestion publique de son pays et de sa population. Je ne suis jamais allé en Amérique Latine, je ne peux donc avancer l’idée que le peuple vive bien sous le régime socialiste de Chavez, ni même qu’il est un bon président. Et le jugement personnel le plus approprié que je puisse avoir à propos d’un quelconque régime ne concerne que mon pays, ou ce que j’observe de moi-même à l’étranger, non ce qu’on nous dit d’un pays étranger dans un quotidien ou je ne sais quel autre hebdomadaire à grand public.

    Mais il semble tout de même que les journaux occidentaux du monde capitaliste ont pour rôle de détourner l’information concernant chaque pays où un modèle économique différent a été mis en place, afin que l’opinion publique pense fidèlement et fermement que notre économie de marché capitaliste et libérale est la moins pire, voire la mieux. Question de séduction idéologique. D’ailleurs, contemplez la beauté cynique avec laquelle Le Figaro précise qu’il serait mieux que les vénézuéliens choisissent un président libéral, qui, lui, ferait fonctionner l’économie et la sécurité : "Le pays est régulièrement victime de pannes de courant électrique. Le Venezuela est le seul pays d’Amérique latine en récession malgré ses richesses pétrolières et il connaît une inflation de 30 %. Enfin, la violence atteint des niveaux terrifiants, avec deux morts par balle chaque heure !" L’art de réunir en une seule phrase trois problèmes différents, inhérent à chaque société, explicables par de multiples variables économiques et sociologiques, et n’ayant aucune relations étroites entres-elles pour les analyser. Mais ça marche.

    Une autre phrase est intéressante : "Les médias gouvernementaux accordent une très large place à la propagande officielle." Ça se passe de commentaires…Heureusement qu’en France, nous avons des médias privés et indépendants, nous la propagande, on ne connaît pas ! C’est quoi d’ailleurs la propagande, un truc de gauche ?

    A propos, plutôt que de parler du "score" du parti au pouvoir, les colonnes traitent de celui de l’opposition. Ce procédé rédactionnel de placer dans la phrase en premier lieu "la percée de l’opposition" et non le résultat du dépouillement de la classe politique au pouvoir, met bien en exergue quelle prédominance politique serait préférable à leur yeux, ou plutôt, les articles laissent à penser que leurs rédacteurs se féliciteraient d’un changement de couleur politique en 2012. Bref, lorsqu’il y a une élection Vénézuélienne, les journaleux se penchent sur les suffrages de l’opposition (c’est à dire, les partis néolibéraux, paillassons des États-Unis) et se félicitent d’une perte de " l’hégémonie de Chavez" qui aurait eu "une victoire en demi-teinte". Et cela se vérifie d’un journal à l’autre, du Figaro à Libération, en passant par Le Monde ou Le Nouvelobs.

    De plus, d’un torch**journal à un autre, les phrases et paragraphes sont copiés-collés, mêmes mots, mêmes phrases. Ce n’est pas difficile d’écrire et signer un article en France aujourd’hui, et d’être payé à la fin du mois. Il suffit pour ce faire, de recopier les hiéroglyphes de l’AFP. Le journalisme du 21ème siècle n’analyse plus l’information, et l’on ne s’en cache pas : « …selon l’AFP », peut-on lire à la fin des citations des dirigeants. Petit exemple parmi tant d’autres : dans la plupart des articles lus traitant du sujet, on retrouve la phrase "Le Conseil national électoral (CNE) n’a pas diffusé la proportion des voix recueillies par les différents blocs, mais des candidats ont revendiqué 52 % des voix pour l’opposition, ce qui voudrait dire qu’elle aurait perdu la majorité tout en obtenant plus de suffrages."... (Libération, Le Figaro, Le Monde) merci l’AFP, de faire gagner du temps à la circulation des informations…et donc de l’argent aux patrons de presse Dassault, Bolloré, Arnault et Lagardère !

    Le PSUV perd des sièges, avec 66% de participation, il obtient ("seulement") 90 sièges PSUV sur 165. Soit. En comparant avec nos élections ici en France, sans vouloir tomber dans le travers d’un panégyrique pro-Chavez, quand il y a plus de 66% de participation, ce qui n’arrive jamais, et que l’UMP obtient 55% des voies, les mêmes journaleux scandent le "triomphe de la démocratie", et (non pas la percée de l’opposition, mais) la confirmation par le peuple qu’il est heureux de la politique de l’UMP. Et pas un mot sur les partis dits d’opposition français muselés par le pouvoir. Lorsque les ténors du parti socialiste vénézuélien scandent que « le peuple a parlé », c’est de la propagande d’État.

    Lorsque les Copé, Bertrand, Fillon et compagnie disent la même chose au micro un soir de 2007 (la dernière fois qu’ils aient remporté une élection législative…), c’est une victoire légitime de la citoyenneté. Rappelez-vous, c’était il y a trois ans, où l’hémicycle se remplissait à 54% de costumes bleus sur la droite…Il s’agissait d’un sursaut démocratique en France, grâce à 60% de participation politique au vote. C’est bizarre, mon esprit, d’un coup, ne parvient pas à saisir pourquoi alors, un parti vénézuélien remportant 55% des suffrages exprimés avec une participation de 66.5%, est le résultat d’un plébiscite dans une dictature autoritaire. Vous, voyez-vous ? Ah oui, suis-je bête, la presse est jalouse de ne pas voir la France faire partie de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole !? Plus sérieusement, elle a intérêt, comme pendant la Guerre Froide, à ce que les régimes socialistes d’Amérique du Sud soient renversés, que des dictatures néolibérales et pourquoi pas des régimes militaires remplacent Chavez en 2012 afin que Dassault puisse continuer d’inonder en armes les pays les moins riches, et ensuite expliquer au Figaro que l’insécurité règne en Amérique Latine.

    Un événement politique à graver dans l’histoire de la propagande française ! Si l’on considère le Venezuela comme une dictature, que l’on en fasse de même pour la France !

    Voila j’ai éteins la page Google-actu, je suis rassuré, l’opposition gagne du terrain au Venezuela, belle et bien en route pour chasser par les urnes (ou la rue et l’insurrection) un hyper-président autoritaire, démagogique, populiste et harangueur de foules. Et en France ?

    Samuel Métairie
    http://sam-articles.over-blog.com.

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Breve-analyse-comparee-des-grands-medias-francais-au-lendemain-des-elections-legislatives-venezueliennes.html

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  • Exclusif : Sondages à la « Une » du Figaro d’hier et de bientôt

    Publié le 22 septembre 2010 par Gilles Balbastre, Yannick Kergoat

    Le Figaro est ce délicat quotidien qui commande et obtient des sondages taillés sur mesure dont il se hâte de mettre en « une » les résultats les plus favorables à son orientation éditoriale (et ceux-là seulement) [1]. Et d’exposer ainsi que « les français pensent », quoi qu’ils pensent et même s’ils ne pensent pas ou ne pensent pas comme Le Figaro.

    Ainsi, il y eut « Ma France » de Jean Ferrat. Grâce au Figaro, il y a désormais « Ma France » de Serge Dassault. Une France formidable qui approuve grâce à des sondages préfabriqués, les réformes, l’entreprise, le recul des droits des salariés, les sacrifices, une France qui encourage la répression contre ceux qui protestent, bref une France qui remplirait les poches… de Serge Dassault.

    Mais le vendeur de Rafales possède dans des coffres en Suisse d’autres sondages déjà prêts sur sa France idéale. Acrimed a su se les procurer et les livre en exclusivité.

    Et patience !!! Dans quelques mois, on pourra lire toujours plus de sondages dans Le Parisien que Dassault envisage d’acheter.

    - Grève ? Le Figaro « sait » ce que « les français demandent » :

    - Temps libre ? Le Figaro sait « que deux français sur trois sont favorables à… »

    - Travailler ? Le Figaro « sait » ce que « les français approuvent »

    - Subir ? Le Figaro « sait » de quel traitement « les français sont partisans »

    ... Et si Serge Dassault achète Le Parisien, ce quotidien saura peut-être comment organiser les loisirs des enfants dès la maternelle…

    Gilles Balbastre et Yannick Kergoat

    Notes

    [1] Comme le relevait, un « vite-dit » d’ « Arrêt sur images », le 6 septembre 2010, Le figaro.fr parvient titrer « Retraites : les français résignés », un article consacré un sondage dont tous les résultats sont défavorables à la réforme que le gouvernement cherche à imposer.

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  • Quand « Faites entrer l’accusé » est condamné...

    Le 17 août 2010, Ban Public dénonçait l’existence des émissions racoleuses et voyeuristes faisant état du passé judiciaire de citoyen(ne)s français(es).
     
    Cette dénonciation était relayée dans la presse et faisait l’objet de vifs débats quant aux risques encourus pour les personnes concernées, qu’elles soient encore incarcérées ou désormais libres.
     
    Si les producteurs de ces émissions et leurs distributeurs se targuent désormais de toujours faire le nécessaire pour assurer l’anonymat et de respecter la vie privée (http://www.ecrans.fr/Faites-
    <wbr></wbr>entrer-accuse,10762.html<wbr><wbr>), il est manifeste qu’ils ne le font pas ! A tel point que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a été pressé de rendre un avis suite à ses nombreuses saisines. (http://www.csa.fr/actualite/<wbr>decisions/decisions_detail.<wbr></wbr></wbr><wbr><wbr>php?id=130531<wbr><wbr>)
     
    Il est manifeste que dans cet objectif uniquement commercial que sont la production et la diffusion de ces émissions racoleuses, le défaut de protection est patent.
     
    A tel point, que par un jugement rendu le 9 septembre 2010, la 17ème chambre du TGI de Paris a condamné Patrick De Carolis à une peine d’amende pour injure publique dans « Faites entrer l’accusé » et déclaré France 2 civilement responsable.
     
    Preuve, s’il en fallait, que ces émissions qui se targuent du droit à l’information, font fi d’un travail de qualité, et ne cherchent qu’à réveiller chez le téléspectateur des sentiments de vengeance et une volonté de refaire le procès !
     
    Même si Patrick de Carolis et France 2 peuvent faire appel de cette décision, nous devions en faire état : elle est symptomatique du traitement méprisant infligé aux « personnages judiciaires ».

    Ban Public demande :

    • Que ces émissions soient boycottées ;
    • Qu’il soit enfin légiférer sur la fin du Bannissement et le droit à l’Oubli comme élément constitutif de la vie privée
    • Que les discriminations liées au passé judiciaire soient inscrites dans la loi et dans les statuts de la HALDE ;
    • Qu’il ne puisse être fait état du passé judiciaire d’une personne sans son accord
    • Que la loi de 1994 supprimant le caractère perpétuel des peines d’interdictions de droits civils, civiques, de famille et commerciaux soit rétroactive ;
    • Que dès lors les « sous-citoyen(ne)s » constituant le groupe des personnes condamnées avant 1994 soient indemnisés pour le préjudice subi.

    Ban Public exige : que les émissions, présentes ou à venir assurent l’anonymat des personnes ayant été condamnées, ainsi que le floutage de leur visage afin de leur permettre une réintégration pleine et entière.


    Contact presse
    Benoit David 06 63 08 17 39

    Référence
    Arrêt sur image - Décision de peine de mort sociale ou comment attiser la haine


    http://prison.eu.org/spip.php?
    <wbr></wbr><wbr>article13215<wbr>
    ______________________________
    <wbr>_____________________
    PRISON.EU.ORG est un site de Ban Public
    </wbr>
    </wbr></wbr></wbr></wbr></wbr></wbr></wbr></wbr>


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  • Tenter de démêler le vrai du faux, au fil de l’info…

    illustration : "Delusion Dwellers" par Laurie Lipton

    La concentration des médias dominants entre les mains de quelques groupes privés est un réel danger pour la démocratie. Et si certains citoyens commencent à le comprendre, il n’en demeure pas moins que ces médias continuent à faire la pluie et le beau temps, en fonction des intérêts qu’ils poursuivent. Intérêts économiques la plupart du temps, mais intérêt idéologique également, puisque par la pérennité de leur idéologie, les intérêts économiques poursuivis pourront se développer d’autant plus aisément.

     

    Ainsi, ces derniers mois, que ne lit-on, n’entend-on ou ne voit-on dans ces mêmes médias, à propos de la situation au Moyen-Orient !? Entre les menaces – supposées – d’un Iran nucléaire et celles – réelles – d’une déflagration majeure qu’entraînerait son attaque ; le retrait d’Irak de l’armée américaine n’y laissant plus « que » 50.000 hommes malgré la recrudescence des attentats dans un pays qu’ils ont ruiné ; le Pakistan dévasté par les inondations mais secouru par largage de colis humanitaires par ceux-là mêmes qui en poursuivent le bombardement avec leurs drones ; l’accrochage meurtrier à cause d’un arbre à la frontière libanaise, ou encore la polémique suscitée par la reprise des pourparlers directs entre un 1er ministre sioniste allié à une extrême droite profondément raciste et un président palestinien agissant sans mandat… comment s’y retrouver ?

    Devant le flot d’informations apparemment contradictoires, ces mises en scène – car, c’est bien de cela dont il s’agit – visent pourtant toutes le même objectif : asseoir et conforter encore et toujours la loi du plus fort, de la pensée dominante et tenter de brimer la voix des peuples bien que majoritaire mais privée de moyens équivalents pour se faire entendre, aux seules fins d’en tirer un maximum de profits.

    Ainsi, lorsqu’en l’espace de quelques jours sont exploitées l’image de la jeune Aisha défigurée, celle de Sakineh qui risque la lapidation, ou tout récemment celle d’Ebrahim, jeune homosexuel menacé de pendaison, afin de mobiliser l’opinion publique à l’encontre des régimes politiques qui utilisent de telles méthodes, ne devrait-on pas s’interroger sur l’absence de mobilisation de cette même opinion face aux massacres quotidiens auxquels s’adonnent nos « forces coalisées » dans ces mêmes pays qu’elles prétendent vouloir « libérer » et qui ne font l’objet que d’un entrefilet dans les médias ?

    Au-delà des drames qu’ils constituent, cette focalisation sur ces cas particuliers, scrupuleusement identifiés, n’est-elle pas une manipulation pour nous donner bonne conscience et nous indiquer ainsi que malgré nos interventions à coup d’armes de destruction massive contre des populations démunies de l’élémentaire – eau, électricité, nourriture, habitat, médicaments, soins – nous n’aurions pas perdu notre sens altruiste – et qui à vrai dire, escamote de la sorte notre mentalité toujours imprégnée d’un esprit colonial ? Nous soucier soudain de ces cas parmi des milliers d’anonymes que nous ignorons la plupart du temps nous dédouanerait-il de nos méfaits et de notre indifférence coutumière !? Nous sauverait-il notre restant d’âme !?

    La belle affaire ! Et surtout, la magistrale hypocrisie : il est effectivement plus facile de brandir ces cas particuliers et d’ignorer la loi du grand nombre que l’on continue à asservir et massacrer avec nos redoutables technologies… au point d’en rendre impossible par la suite l’exploitation des corps déchiquetés, pulvérisés, méconnaissables en Une de magazines à sensations… Nous voilà de la sorte, parvenus à stigmatiser sans sourciller, la « barbarie » de l’un ou l’autre cas… pour mieux cacher la nôtre qui poursuit ses largages de bombes à fragmentation, au phosphore, à l’uranium appauvri quand ce n’est pas ses mines antipersonnel qui continueront à tuer des innocents une fois que nos « boys » auront plié bagages et rentreront au pays en héros, fiers du « travail accompli ». Se sentir appartenir à cette société-là ne tient plus d’un mauvais rêve, mais d’un vrai cauchemar !

    L’autre évènement qui devrait retenir notre attention dans la manipulation de l‘information est la dernière attaque de la résistance palestinienne à l’encontre de quatre colons israéliens dans la région de Hébron, au sud de la Cisjordanie. Comme toujours dans pareil cas, l’information qui nous est relayée en boucle souligne la sauvagerie de l’agression face au chagrin inconsolable de la communauté endeuillée. Nulle part n’entendrez-vous que quelques heures auparavant, une poignée de colons de cette même région de Hébron a mitraillé une dizaine de Palestiniens travaillant dans leurs champs. Après tout, ce fait divers est courant sinon quotidien.

    Et que sont ces Palestiniens, autrement dit ces Arabes, face aux pieux israéliens établis là pour expier nos crimes et « parce que Dieu leur a donné cette terre » !? Et nulle part non plus, n’est signalé que Hébron est probablement la ville palestinienne où sévissent les colons les plus radicaux que l’on puisse trouver en Palestine – en vérité, de vrais timbrés ! Tous ceux qui se sont rendus dans la région peuvent en témoigner. Comme nulle part non plus n’est rappelé par ces médias tellement consciencieux que TOUTES les colonies ont été déclarées illégales par l’ONU. En revanche, il ne faut pas longtemps pour qu’ils insistent sur le soutien de cette action par les diverses organisations de résistance – traitées, cela va sans dire, de « terroristes » – et dans le même temps, sa condamnation par les autorités officielles… s’abstenant de blâmer la présence de ces colons à cet endroit !

    Et à bien lire ces condamnations répétées, que peuvent encore faire les Palestiniens ?

    - Ils ne peuvent ni fomenter des attentats kamikazes à cause du risque de tuer des civils – nous seuls y sommes autorisés avec nos armes redoutables… sous prétexte d’apporter la « civilisation » en pays barbares ;

    - Ni envoyer des roquettes à l’aveugle, lié au même risque de tuer des civils – nous seuls sommes habilités pour ce genre d’opération et à l’aide de nos drones… nous ne laissons que des « dommages collatéraux » ;

    - Ils ne peuvent pas s’opposer au vol de leurs terres par la poursuite de la construction du Mur – qu’une large majorité de pays a bien décrété comme illégale, via la Cour Internationale de Justice de La Haye en 2004… mais dont nous sommes toujours incapables d’ordonner l’arrêt ;

    - Il leur est interdit de s’armer pour se défendre d’une occupation que la Communauté internationale reconnaît pourtant comme illégale à travers de multiples Résolutions onusiennes… inappliquées ;

    - Sans parler de Gaza, ce laboratoire où ils sont encagés tels des rats, et où l’occupant y expérimente le pire, les obligeant d’ailleurs à creuser des galeries pour survivre sans qu’aucun Etat occidental n’ait le courage de condamner sans la moindre ambiguïté l’entité sioniste pour l’ignominie de ses crimes ;

    - Ils peuvent tout au plus défiler pacifiquement, et encore, en évitant le jet du moindre caillou vers l’armée d’occupation… sous peine de finir dans les geôles israéliennes pour quelques années ;

    - Et ils sont en outre, priés de garantir la sécurité de l’occupant en traquant tous ceux qui veulent lui résister – ce à quoi s’emploie très bien les représentants de l’autorité palestinienne du président non élu M. Abbas… transformés ainsi en collabos actifs.

    Et derrière les blabla d’un processus-de-paix-de-papier, à quoi assiste-t-on ? A rien d’autre que la poursuite quotidienne de la colonisation de la Palestine par l’entité sioniste avec à la clé, un énième round de négociations dont tout le monde sait que les dés sont pipés d’avance. L’âne palestinien Abbas pousse donc son vieux museau vers le bœuf Netanyahu dont il sait ne rien devoir attendre. Pourquoi l’âne, me direz-vous ? Parce qu’il n’y a qu’un âne que l’on fait avancer avec une carotte d’une main, et le bâton US de l’autre ! Et pourquoi le bœuf alors ? Parce que le 1er ministre sioniste me semble en avoir l’attitude grossière. Mais cette fois, ceux-là ne seront pas penchés sur un nouveau-né. Ils ne pourront que constater l’avortement programmé d’un Etat croupion qui ne s’établira jamais sur les quelques parcelles émiettées que lui destine l’occupant obtus du bout de ses naseaux.

    Daniel Vanhove – Observateur civil
    Auteur
    02.09.10

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