• LES GUARANI

     

    À l’arrivée des Européens en Amérique du Sud il y a plus de 500 ans, les Guarani furent parmi les premiers peuples à être contactés.

    Ils sont aujourd’hui environ 30 000 au Brésil, ce qui fait d’eux la plus nombreuse population indigène du pays. (De nombreuses autres communautés Guarani vivent sur les terres voisines du Paraguay, d’Argentine et de Bolivie).

    Mais alors qu’ils occupaient autrefois un territoire de près de 350 000 km2 de forêts et de plaines, ils s’entassent aujourd’hui sur de petites parcelles de terres encerclées par les fermes d’élevage et les vastes plantations de soja et de canne à sucre destinées au marché brésilien de biocarburant (le Brésil est l’un des premiers producteurs de biocarburant au monde).

    De nombreux Guarani ont été regroupés dans de petites réserves qui sont aujourd’hui surpeuplées de manière chronique. Dans la réserve de Dourados par exemple, 12 000 Guarani vivent sur moins de 3 000 hectares. La destruction de la forêt a rendu impossible leur pratique de la chasse et de la pêche et il n’y a pas assez de terres pour y cultiver des plantes comestibles. La malnutrition représente un grave problème.

    De nombreuses communautés guarani ont tenté de récupérer de petites parcelles de leurs territoires ancestraux. Ces "retomadas "( des " re-possessions ") se sont heurtées à la réaction violente des puissants fermiers qui occupent la région.

    Les fermiers emploient souvent des hommes de main armés pour défendre "leurs"  propriétés et de nombreux Guarani ont été tués au cours de retomadas. Le cas de la petite communauté de Nanderu Marangatu est exemplaire. Bien que le groupe ait légalement le droit d’occuper une réserve d’environ 9 000 hectares, ils ont été expulsés en 2005 par des fermiers armés.

    Animés d’un grand courage, les membres de la communauté y sont retournés. Ils vivent aujourd’hui sur une petite fraction du territoire qui leur a été officiellement reconnu, encerclés par les hommes de main armés des fermiers qui exercent toutes sortes de violences et abus sexuels à l’encontre des Indiens.

    Certains n’ont aucun territoire et vivent dans des campements de fortune le long des routes.

    Les Guarani sont profondément spiritualistes. De nombreuses communautés ont une maison de prières et un leader religieux dont l’autorité est fondée sur le prestige plutôt que sur le pouvoir.

    Depuis des temps immémoriaux, les Guarani sont en quête de la "Terre sans mal ", un lieu révélé par leurs ancêtres où ils pourront vivre sans douleurs ni souffrances.

    Au cours des siècles, les Guarani ont parcouru de grandes distances à la recherche de la " Terre sans mal " – un chroniqueur du XVIe siècle notait leur "volonté permanente de chercher de nouveaux territoires où ils imaginent trouver l’immortalité et le repos éternel ".

    Cette quête permanente est une caractéristique de la personnalité unique des Guarani, une "différence " souvent remarquée par les étrangers.

    Aujourd’hui, cela se manifeste de manière bien plus tragique : profondément affectés par la perte de la presque totalité de leurs terres, les Guarani connaissent une vague de suicides sans équivalent en Amérique du Sud.

    Depuis 1986, plus de 517 Guarani se sont donné la mort, le plus jeune n’avait que neuf ans.


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