• LES DÉPUTÉS SAUTENT SUR KABOUL

    À situation de guerre, mesures de guerre. L’ennemi était à nos portes, sévissait dans nos chaumières, il fallait réagir. Durant trois longues heures, l’Assemblée a débattu de l’arsenal martial et patriotique à développer pour repousser les légions terroristes voilées. Entre références aux talibans et invocations de Jehanne de France, les députés ont repoussé les limites de la bêtise crasse. Florilège.

    Les députés sautent sur Kaboul

    Par JBB

    À mort, la burqa ! La résolution a été votée gaiement. Presque fleur au fusil, comme un assaut résolu et courageux, Famas rhétoriques en bandoulière. Pour l’occasion, d’ailleurs, le grand jeu sécuritaro-martial était de mise : « Des mesures de sécurité renforcées avaient été mises en place tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Assemblée. Des policiers du service de déminage accompagnés de chiens ont effectué en début d’après-midi des passages dans l’hémicycle et les tribunes du public, tandis que les contrôles aux différentes entrées avaient été durcis. » C’est que l’ennemi rôdait…

    Malgré la menace islamiste, la résolution "Copé", posant que « les pratiques radicales attentatoires à la dignité et à l’égalité entre les hommes et les femmes, parmi lesquelles le port d’un voile intégral, sont contraires aux valeurs de la République », a donc été votée, au bout de trois heures de discussions parlementaires. Un débat qui n’en était pas un : l’essentiel des intervenants (hors les élus Verts, PC et Parti de gauche, qui ont quitté l’hémicycle) étaient sur la même ligne.

    Une même ligne ? De front, alors. Derrière la bêtise crasse, les effets oratoires ratés et les emphases ridicule de ceux qui ont défilé à la tribune, c’est une martiale mobilisation pour la patrie et contre ces intégristes faisant rien tant que mugir dans nos campagnes qui s’est donnée à voir. Trois heures durant, une vingtaine de parlementaires se sont succédés au micro, plus effarants les uns que les autres. Pour preuve, je te propose un petit dialogue, reconstruit à partir des différentes interventions des élus - toutes les déclarations sont tirées de l’enregistrement vidéo de la séance parlementaire que tu peux consulter ICI.

    S’en dégage, j’espère, quelque chose de révélateur sur l’air du temps, nauséabond mélange à base de choc des civilisations, d’amalgame entre l’immigration dans son ensemble et la largement minoritaire burqa, d’identité nationale, de certitude d’un affrontement à venir, de références patriotes et d’évocation du conflit afghan. Artillerie lourde.

    Jean-François Copé (UMP) : « Que vaut l’échange entre deux citoyens libres qui se rencontrent pour la première fois si l’un des deux, au seul motif qu’il est une femme, ne peut montrer ni son visage ni son sourire ? Sans sourire ni visage, le contrat social est rompu. (…) Sans sourire ni visage, quel sens pouvons-nous donner au mot de fraternité ? »

    Michèle Alliot-Marie (UMP) : Plus aucun sens ! « Le visage, c’est la partie du corps qui porte la relation directe avec l’autre ».

    Nicole Ameline (UMP) : « Madame la ministre, je voudrais en quelques mots vous dire combien votre intervention, votre courage et votre engagement sont essentiels à notre débat. Le visage de la France, c’est le visage d’une femme. »

    Jacques Myard (UMP) : Cela me d’ailleurs fait songer à une petite anecdote personnelle. Je vous raconte : « C’était une belle journée de printemps dans un parc animalier des Yvelines. Une journée paisible. Enfants, parents savouraient nonchalamment en famille la beauté du site et de la nature. Soudain, mon regard fut attiré par un spectre noir méconnaissable, entouré par quelques bambins qui virevoltaient. Devant marchait fièrement un homme à la barbe abondante et au regard sévère. A cet instant, pétri d’étonnement devant cette vision, deux images me vinrent à l’esprit. La première est celle que je garde d’une visite à Riyad (…).

    Mais en parallèle et en réponse avec force, me vinrent en mémoire les portraits des femmes qui dans notre pays qui, depuis les siècles et les siècles, ont concouru à instruire les hommes. Chacun sait identifier dans sa propre histoire familiale ces femmes courageuses - la grand-mère, paysanne, ouvrière, qui garde les enfants pendant les grandes vacances, la mère, institutrice qui veille sur les enfants pour qu’ils deviennent des hommes. Alors, oui, je vous l’avoue, je me suis senti dans ce parc animalier offensé, insulté même par cette pratique vestimentaire (…), offensé et blessé car c’est tout le monde de mon enfance qui était nié, insulté. »

    Marie-Louise Fort (UMP) : C’est connu, « priver l’enfant du visage de sa mère, et il devient orphelin, à côté du nombre ».

    Jean-François Copé : Le nombre ? « Peu importe le nombre de femmes concernées. Zéro hier, 2 000 aujourd’hui. Devons-nous attendre qu’elles soient 20 000, 60 000, 100 000 pour réagir ? »

    Véronique Besse (MPF) : Non, nous ne le devons pas ! « Le danger qui nous guette aujourd’hui, c’est de voir la France, qui a été pendant des siècles un phare pour des millions de femmes et d’hommes, se désagréger sous les coups de l’intégration. »

    Jean-Claude Bouchet (UMP) : L’heure est grave. « Notre société connaît aujourd’hui une crise profonde, liée à des problèmes de coexistence. »

    Jean-Claude Guibal (UMP) : C’est évident ! « La France est une République, en même temps qu’elle est depuis longtemps - et plus encore qu’auparavant - une terre d’immigration. Elle est de ce fait confrontée à ce qui paraît aujourd’hui comme un véritable défi, faire partager ses valeurs par une partie de ceux qui ont acquis sa nationalité. Il s’agit bien là d’un défi, tant les symboles de notre nation font depuis quelques années déjà l’objet d’outrages répétés. Marseillaise sifflée, drapeaux souillés… pour ne citer que quelques-uns des exemples les plus scandaleux. »

    Véronique Besse : « La France vit une crise identitaire sans précédent. (…) Tandis que l’on décroche le drapeau français du fronton de nos mairies et que l’on siffle l’hymne national dans les stades, des quartiers entiers vivent en sécession, dans la haine de la France et de ses valeurs. »

    Lionnel Luca (UMP) : « Dans ce pays, il faut une loi pour indiquer à ceux qui veulent mettre à bas ses institutions, sa façon de vivre, ses mœurs (…) ce que nous croyons. »

    André Gérin (PCF) : « Il est temps, il est grand temps de réagir aux dérives, voire à la décomposition politique et sociale de la société française. L’électrochoc des présidentielles de 2002, les émeutes de novembre 2005… combien de symboles de la République ont été visés dans les 800 communes touchées ? Le bilan reste à faire. »

    Jean-Claude Guibal : Qui pour faire ce bilan ? En attendant, « il n’est que temps d’affirmer notre identité par un geste politique fort et symbolique. L’interdiction du port du voile intégral nous en donne l’occasion. (…) Je rajouterais volontiers que nous le ferions d’autant plus facilement si les Français aimaient un peu plus leur patrie. (…) Alain Finkielkraut ne disait pas autre chose quand il disait : "Il sera difficile d’intégrer des gens qui n’aiment pas la France dans une France qui ne s’aime pas" ».

    Jacques Myard : Difficile de les intégrer ? C’est même impossible. « Le voile intégral est l’expression-même d’une démarche politique dangereuse, qui porte en elle-même tous les ingrédients d’un affrontement inéluctable. (…) Il relève d’une logique politique inadmissible que nous ne pouvons pas admettre au risque d’aller tout droit vers des affrontements, voire demain à la guerre civile. »

    André Gérin : Oui, « la gangrène a commencé, avec des poches talibanes dans notre pays, qui combattent la République, qui développent un racisme anti-France et anti-blanc ».

    Nicole Ameline : Nous devons réagir ! « On ne survit pas dans le renoncement, c’est le courage qui fait l’histoire. »

    Jacques Myard : Oui, l’histoire ! Ayons « en mémoire toutes les femmes de notre histoire qui ont fait ce pays. (…) Avec Jeanne Hachette, défendant Paris contre les vikings, avec Jeanne la Lorraine, boutant l’ennemi hors de France, avec les munitionnettes de la guerre de 14, avec les femmes de la résistance et les Françaises décharnées de Ravensbruck, je voterai avec conviction le bannissement de cette pratique politique dégradante ».

    André Gérin : Exactement, non à Munich ! « Avec le fondamentalisme, il y a une idéologie barbare, de même nature que la bête immonde et féconde des années 30, qui se développe, avec ce que j’appelle des talibans français. »

    Jean-Claude Bouchet : Et « ne rien faire, ce serait trahir nos soldats français qui se battent en Afghanistan pour mettre un terme à la tyrannie des talibans et qui le payent de leur vie. »


    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    1
    baykeur
    Vendredi 14 Mai 2010 à 14:54
    merci roro ;;; j'ajoute ceci qui pose problème ,et que, si cette loi est votée alors s'en est fini de ce que l'on nomme liberté individuelle
    Article 18
    Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
    article 19
    Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
    Article 20
    1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.
    2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association
    déclaration universelle des droits de l'homme 1948.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :