• L'INTERDICTION D'AL-AQSA-TV PAR LA FRANCE : DU TERRORISME CONTRE L'INFORMATION

    L'interdiction d'Al-Aqsa-TV par la France: Du terrorisme contre l’information



    Abdelbari Atwan عبد الباري عطوان

    Traduit par  Esteban G.


    La décision prise par le gouvernement français d’interdire la transmission des émissions télévisées de la chaîne Al-Aqsa via le satellite Eutelstat trahit l’influence d’Israël et de ses partisans actifs dans les gouvernements occidentaux. La France, en particulier, relaie une des causes de la haine croissante dans les pays arabes et musulmans contre ces gouvernements mettant en évidence l’hypocrisie de sa liberté d’expression, de ses droits humains et de son Etat de droit, dont elle se vante en permanence. Illégale et immorale, cette décision représente la victoire des puissants contre les opprimés.

    Les prétextes invoqués par le gouvernement français pour justifier sa décision ne sont pas convaincants : ils manquent grandement de cohérence avec les valeurs de liberté. Le gouvernement français devrait agir prudemment, s’engager dans le dialogue, écouter le point de vue des autres et chercher à comprendre le contexte, mais force est de constater qu'il n'en est rien.
     
    <o:p><v:shapetype coordsize="21600,21600" filled="f" o:preferrelative="t" o:spt="75" path="m@4@5l@4@11@9@11@9@5xe" stroked="f"></v:shapetype></o:p><o:p><v:shapetype coordsize="21600,21600" filled="f" o:preferrelative="t" o:spt="75" path="m@4@5l@4@11@9@11@9@5xe" stroked="f"></v:shapetype></o:p><o:p><v:shapetype coordsize="21600,21600" filled="f" id="_x0000_t75" o:preferrelative="t" o:spt="75" path="m@4@5l@4@11@9@11@9@5xe" stroked="f"></v:shapetype></o:p>Certes, la chaîne satellite Al-Aqsa n’est pas la BBC ni CNN, mais elle n’a rien à envier non plus à Fox News. Elle s’exprime au nom d’un gouvernement élu démocratiquement et représente un mouvement de résistance qui lutte avec tous les moyens dont il dispose pour restaurer ses droits. La France accueille sur son sol des mouvements qui luttent contre les autorités légitimes du Darfour, tout comme elle avait hébergé précédemment les mouvements de résistance iraniens et l’Ayatollah Khomeiny lui-même.
     
    Que se serait-il passé, à l’époque de l’occupation nazie, si la Résistance n’avait pas pu recourir aux émissions radio pour appeler à la résistance et à la lutte contre l’occupant afin de renverser le gouvernement de Vichy ?
     
    L'interdiction injuste a été prise sous prétexte que la chaîne avait transmis une série de dessins animés montrant Mickey Mouse appeler à la résistance et inciter à combattre l’occupation. Quel mal y a-t-il à cela ? Et la France, que voudrait-elle ? Que les émissions diffusées depuis la bande de Gaza – assiégée et affamée depuis quatre ans, privée de ressources et dans l’impossibilité d’importer 4000 produits nécessaires, comme la coriandre ou les médicaments de base – pour appeler à résister contre l’occupant des terres palestiniennes qui bafoue les droits humains aient la forme de séries glamour ?
     
    On attendrait du gouvernement français qu’il promulgue un décret interdisant plutôt aux radios et télévisions israéliennes d’émettre via ce satellite, car ces médias représentent l'Etat responsable des crimes de guerre commis dans la Bande de Gaza au cours de la dernière agression et du viol du droit international par l’abordage d'un navire transportant des militants pacifistes venus livrer des fauteuils roulants destinés aux personnes mutilées par les missiles et les bombes au phosphore blanc, ainsi que des matériaux pour reconstruire les 65 000 maisons détruites.
     
    Le gouvernement français qui a pris cette décision fait semblant d’ignorer l’assassinat par le Mossad de Mahmoud al-Mabhouh à Dubaï, alors que le dirigeant du Hamas était détenteur d'un passeport français, un acte commis en violation des fondements de la souveraineté française et mettant de fait en danger la vie de ses propres citoyens.
     
    N’aurait-il pas été plus juste de s’en prendre à un Etat qui a enfreint les lois françaises, le droit et les traités internationaux, qui a poignardé dans le dos un pays ami comme la France et trahi sa confiance, plutôt que de bâillonner une chaîne de télévision qui représente les aspirations d’un peuple assiégé aspirant à la liberté et à l’indépendance ? Cette question, nous la posons au président Nicolas Sarkozy, dont la famille a souffert du nazisme et des massacres perpétrés.
     
    D’après l’Occident et la France, les gazaouis devraient tolérer d’être bombardés par des missiles israéliens qui déchiquettent le corps de leurs enfants affamés, et danser sur les décombres de leur maison détruite en poussant des cris de joie. Pourquoi veut-on étouffer les hurlements de douleur et d’injustice ? Est-ce à cette conception de la justice et de la démocratie que l’Occident est attaché ?
     
    Des chaînes de télévision comme Al-Aqsa ou Al-Manar comptent parmi les rares qui peuvent encore dénoncer la douleur d’un peuple. Elles sont « très pondérées », voire très polies, en comparaison des stations radio de la Résistance française qui combattaient l’occupation nazie, comme l'attestent les émissions conservées dans les archives françaises et britanniques ainsi que de nombreux documentaires.
     
    A cause d'un nuage de cendres émis par un volcan islandais, l’Europe a été paralysée pendant une semaine, la majorité des aéroports ayant été fermés. Les télévisions européennes ont montré la tragédie vécue par les passagers bloqués et forcés de vivre dans des abris cinq étoiles, loin de leur famille et de leur pays. Mais ni elles, ni les gouvernements européens n'ont fait preuve de solidarité pour les 2 millions de personnes vivant dans la Bande de Gaza sans médicaments pour les malades, sans lait pour les enfants et sans espoir de pouvoir se rendre à l'étranger, notamment en raison des murs d’acier érigés à chaque point de passage.
     
    Nous comprendrions mieux le jeu de la France si Al-Aqsa émettait dans la langue de Molière et qu'elle avait pour objectif d’influencer l’opinion publique française, de« contaminer » sa conscience pour tenter de réduire ou de saper son soutien à Israël. Mais le fait est que cette télévision diffuse en arabe et s’adresse à un public totalement convaincu et qui n'a pas besoin qu'on lui dise quoi penser des massacres israéliens. Il est donc stupide de la part du gouvernement français d'empêcher la diffusion des programmes.
     
    Comble de l'ironie, sous prétexte de diffusion d’idées extrémistes (Miracle! La résistance est devenue de l’extrémisme !), l’interdiction intervient alors que le processus de paix vit ses derniers moments. En effet, Israël a refusé les décisions de la Commission du Quartet International, et ses alliés d'Occident continuent, dans une attitude de défi, à participer à l’implantation de colonies illégales, à la judaïsation de lieux saints, à la destruction de maisons de la Jérusalem occupée et à la construction de murs racistes.
     
    En prenant parti de manière aussi flagrante pour la domination israélienne, la France non seulement perd beaucoup de la crédibilité acquise par De Gaulle, Mitterrand ou Chirac dans le monde arabe et islamique, mais elle ternit aussi son image et renforce même les groupes extrémistes en leur offrant des conditions opportunes pour le recrutement de nombreux jeunes qui refusent les voies légitimes et les critères juridiques et politiques.
     
    Nous espérons que le gouvernement français lira attentivement les récentes déclarations du chef du Mossad, Meir Dagan, lequel affirme qu’Israël est devenu un fardeau moral et une menace pour la sécurité de l’Occident, ou celles du commandant des forces armées US en Afghanistan, le Général McChrystal, selon qui la politique israélienne menace la vie de ses soldats en Afghanistan et en Irak. Mais il semble qu'Israël préfère perpétuer sans réfléchir ses politiques erronées et aveugles, sur cette question comme sur d'autres.
     
    Injuste et malheureuse, cette décision à laquelle on ne peut pas grand-chose favorise aussi bien le terrorisme intellectuel que la suppression de la liberté. C’est une abdication humiliante face à la domination israélienne, qui s'accompagne de calamités de plus en plus grandes.
     
    Ce n’est pas la première fois que le gouvernement français se soumet aux diktats et aux pressions israéliennes. Il y a quelques années, il a déjà exercé cette même répression intellectuelle sur le média libanais du Hezbollah, Al-Manar. Il a également trahi les valeurs de liberté et de justice en interdisant la publication et la distribution de quotidiens irakiens ou arabes opposés à la destruction de l’Irak en répression de l'invasion du Koweit en 1990, ce qu’aucun gouvernement européen n’avait fait, pas même la Grande Bretagne, pourtant bien plus engagée pour libérer le Koweit puisqu'elle collaborait activement avec les forces armées US.

    Merci à القدس العربي
    Source: http://81.144.208.20:9090/pdf/2010/06/06-16/All.pdf
    Date de parution de l'article original: 17/06/2010
    URL de cet article: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=721

    ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    **  Le français Alexis Philonenko dans "Essais sur la philosophie de la guerre " décrit ce qui ressemble à l’attitude de la France hostile aux Palestiniens de Gaza : "Le secret de la guerre c’est le silence de l’adversaire. Il ne s’agit pas seulement de silence physique, mais aussi et surtout du silence moral et psychologique. Tant que l’adversaire ne se tait pas, il n’est pas vaincu. C’est donc aussi bien l’élimination physique de l’adversaire que son élimination sur le plan du discours qui est recherché dans la guerre, peut-être l’élimination sur le plan du discours est-elle plus recherchée encore que l’élimination physique… Celui qui parle ou écrit n’est pas encore vaincu."


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :