• L'IMPERATIF ACTUEL DES SYNDICATS ET L'EXEMPLE D'AUTOGESTION DE BRUCKMAN

    Les salaires sont passés de 5 à 150 pesos par semaine, mais la protection sociale reste lacunaire dans les entreprises autogérées.

    L’impératif actuel des syndicats et l’exemple d’autogestion à Bruckman

    Bruckman est une des nombreuses entreprises autogérées existant aujourd’hui en Argentine. Ce mouvement de réappropriation débuté dans les années 90 à pris de l’ampleur avec la succession des crises économiques.

    La défection des patrons sur-endettés a amené à la récupération, par les ouvriers, des moyens de production.

    Cependant, la lutte pour obtenir l’autorisation légale de reprendre le travail sans patron est un combat quotidien dont l’issue est hautement incertaine.

    En effet même si le gouvernement actuel qui est, selon Bruckman, en faveur de ces mouvements, la création d’îlots d’entreprises “anarcho-communistes” pourrait être vue comme une menace à l’orthodoxie capitaliste. Les ouvriers se sont retrouvés de nombreuses fois sous les attaques de la police voire de l’armée.

    Dans un pays économiquement et socialement dévasté par les réformes menées par Menem sous la tutelle du Fmi, ces poches de résistances catalysent les luttes. Car Bruckman comme toutes les autres entreprises récupérées (Zanon...) applique des règles de “management” qui sont à l’opposé du dogme actuel. Ici l’individu n’est pas compris comme faisant parti de la hiérarchie verticale et unilatérale (a quelque place que ce soit) mais comme un rouage indispensable d’une machine où aucun élément n’est plus important que l’autre. Ainsi personne ne choisit pour les autres, Tous travaillent ensemble afin de pouvoir vivre et travailler le plus librement possible.

    Récupérée en 2001 cette factura tomada (entreprise récupérée) fonctionne de manière à ce que chacun participe à la production en fonction de ses compétences. Elle suit le principe zapatiste : “commander en obéissant”.

    Ainsi chaque mois, les travailleurs se réunissent pour décider, à la majorité, du présent et de l’avenir de leur entreprise. Ces réunions sont souvent longues et très spécifiques mais sont la condition de l’égalité des travailleurs.

    Néanmoins les différences de connaissances et d’engagement militant empêche d’avoir une égalité totale entre les voix, certaines personnes en influençant d’autres.

    La non formation des travailleurs aux spécificités de l’entreprise ainsi qu’a la vision politique qu’elle implique sont à la base de ces différences. Toutes les sociétés “reprises” devrait donc donner une véritable éducation populaire et militante aux nouveaux arrivants. Lors de la récupération les travailleurs restés pour lutter ont du faire preuve de leur détermination à toute épreuve en enfreignant les lois, bravant la police et mettant leur vies en danger sans jamais être sûrs du résultat.

    Mais cette lutte à permis, à ceux qui se sont investis, de prendre un recul considérable sur leur condition et d’acquérir un esprit militant, une raison de vivre.

    Ainsi, qu’ils le veuillent ou non les travailleurs donnent leur vie à l’avancement d’une cause et d’une communauté, contrairement aux salariés du système capitaliste.

    Mais cette lutte sur le long terme se heurte paradoxalement à une précarité accrue pour les salariés comme pour l’entreprise.

    Tout d’abord l’entreprise (spécialisée dans la confection textile) doit faire face à la concurrence des entreprises capitalistes qui peuvent d’une part se permettre d’augmenter fortement la durée et l’intensité du travail et d’autre part de licencier plus facilement.

    En outre, malgré l’augmentation des salaires après la reprise par les ouvriers (passés de 5 à 150 pesos par semaine), le manque voire l’absence dans certains cas d’une véritable protection sociale est un problème majeur pour les salariés des entreprises autogérées.

    Ces nombreux problèmes se posent car Bruckman aspire à être garantie par l’Etat, seul à avoir les fonds nécessaires, puis gérée sous contrôle ouvrier.

    Un autre exemple plus connu est celui de l’entreprise Zanon, dans le sud de l’Argentine, où les travailleurs, après des années de luttes contre l’Etat et la police, ont réussi à atteindre une production stable et à garantir des revenus pour tous les employés. Ils ont ensuite voté pour construire un hôpital et des infrastructures sociales et communautaires pour le quartier pauvre de la Nueva Espana.

    Le rôle du patron étant devenu superficiel, (même dans le cas de l’innovation où ceux qui connaissent le mieux les machines sont finalement ceux qui les manient), son salaire ( en général le plus important quantitativement ) peut être redistribué entre les travailleurs.

    Le contrôle ouvrier devrait être la première revendication des syndicats, révolutionnaires et réformistes.

    Hadrien Basch

    http://www.legrandsoir.info/L-imperatif-actuel-des-syndicats-et-l-exemple-d-autogestion-a-Bruckman.html

    A voir Les Femmes De La Bruckman
     

    Un film réalisé par Isaac Isitan et co-produit avec Carole Poliquin.C’est dans le contexte de la crise économique terrible de 2001 que les employées de la firme Bruckman se sont retrouvés sans patrons et sans leur paye, les propriétaires ayant pris la fuite avec leur argent. Plutôt que de s’en aller chez elle et chômer, elles ont décidé de prendre charge de l’usine et de continuer à travailler. Elles sont devenues leurs propres patronnes. Mais avec l’amélioration de la sitution économique, les patrons ont voulu revenir et reprendre l’usine. Le film documente la lutte qui s’ensuit, sur une période de cinq ans. On a l’impression d’assister à un leçon d’auto-organisation tout à fait exemplaire, selon les principes défendues par la gauche anti-autoritaire.

    J’ai  aimé ce film, entre autre parce que le réalisateur n’a pas peur de parler des nombreuses contradictions et conflits internes qui sont inévitables dans de telles luttes.

     

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