• IL EST CONTRE-PRODUCTIF DE FAIRE UNE FIXATION SUR L'IRAN

    Il est contre-productif de faire une fixation sur l’Iran ( the independent)

    Pour ceux qui se souviennent de l’époque de Nikita Kroutchev et de Fidel Castro, il y avait quelque chose de délicieusement rétro dans le sommet sur la Non Prolifération Nucléaire de cette semaine à New York avec le président Ahmadinejad, tout en sourires et barbe, sermonnant l’Occident notamment les USA et Israël, et la sortie de l’hémicycle des membres des délégations anglaises, américaines et françaises, les fesses serrées et l’ai pincé, quand l’attaque s’est précisée.

    Ahmadinejad était ravi bien sur. Quelqu’un qui se dit porte parole du Monde en Voie de Développement ne rêve que de réprimander des puissances occidentales dans un meeting international. Et d’ailleurs son discours - si l’on ose l’admettre et si on le débarrasse de l’habillage religieux- a été assez remarquable.

    La stratégie actuelle pour empêcher la prolifération d’armes nucléaires ne marche pas, a-t-il déclaré sans ambages ; elle a été développée pour protéger le monopole des Cinq Grands du Conseil de Sécurité et n’a pas réussi à empêcher la prolifération et ceci d’autant moins que ses membres ont aidé des pays comme l’Inde et Israël à devenir des puissances nucléaires en dehors du TNP (traité de non prolifération). Cette stratégie est désormais considérée tout simplement comme le moyen pour les puissances nucléaires de garder le contrôle des pays qui n’ont pas l’arme nucléaire.

    C’est exactement ce que Washington ne voulais pas entendre, évidemment. Aux yeux de la Maison Blanche, et spécialement de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton (qui a pris soin d’arriver après le discours d’Amadinejad, bien que lui soit resté pour son discours à elle), c’est à cause de l’Iran que le programme d’Obama pour débarrasser le monde des armes nucléaires n’avance pas comme il le devrait.

    Mais ce n’est pas Téhéran le fautif, c’est l’Amérique parce qu’elle brandit Téhéran comme première menace à la paix mondiale. Si l’on met un instant de côté la question de savoir si Téhéran a vraiment le néfaste projet de suivre l’exemple de la Corée du Nord, on s’aperçoit que diaboliser l’Iran est devenu une tactique efficace pour les puissances nucléaires.

    Les USA utilisent le programme nucléaire de l’Iran pour justifier leur inébranlable soutien à Israël. Israël utilise les déclarations belliqueuses d’Ahmadinejad pour demander l’aide de Washington avec la menace voilée d’attaquer unilatéralement l’Iran si les USA ne font rien.

    Les Anglais voient en l’Iran le moyen de démontrer leur utilité aux Américains et de justifier leur programme nucléaire ainsi que la détermination des Conservateurs comme des Travaillistes à le poursuivre. Les Français, de leur côté, sont ravis que ce problème détourne l’attention de leurs propres réserves d’armes.

    Que L’Iran soit, comme on semble le croire à Washington, une réelle menace nucléaire ou non est discutable. Les Iraniens disent que non, surtout pour des raisons religieuses qui ne doivent pas être rejetées à la légère. Le Pentagone et le vieil institut des affaires étrangères disent qu’ils n’en croient pas un mot. L’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) reconnaissent qu’ils ont des inquiétudes mais aucune preuve des intentions malveillantes de Téhéran. Le réalisme politique incline à penser qu’étant donné les pressions et les menaces auxquelles l’Iran a dû faire face depuis la Révolution Islamique, ce ne serait pas étonnant qu’il souhaite développer le savoir-faire technique pour construire une bombe même s’il n’a pas l’intention de le faire.

    Mais le fait est que l’Iran a signé le traité de non prolifération (TNP) et a accepté des inspections mêmes si elle étaient restrictives, et - en dépit de ce qu’affirme Madame Clinton- la AIEA n’a relevé aucune violation aux règles. Si on étudiait raisonnablement la situation - mais en ce qui concerne l’Iran les USA pour des raisons inhérentes à leur histoire ne sont pas raisonnables - , l’Occident et l’ONU devraient utiliser le TNP pour engager des pourparlers avec l’Iran et l’amener à accepter un contrôle plus serré des échanges de matériaux nucléaires et de compétences.

    Mais nous faisons le contraire, nous essayons de vaincre ce pays et de l’acculer à se soumettre par des sanctions qui ne feront que renforcer la position de son gouvernement. Le problème que pose l’Iran est un problème intérieur et non extérieur.

    Le constat de son Président est juste. Le TNP ne marche pas. Il est trop orienté, trop hypocrite et permet trop d’exceptions. Pour le Moyen-Orient, par exemple, où les USA et l’Angleterre se trouvent dans la délicate situation de soutenir que la paix ne peut y être maintenue que grâce à l’hégémonie nucléaire d’un pays, Israël, qui n’a pas voulu signer le TNP, tout en s’acharnant sur un pays, l’Iran, qui lui l’a signé.

    Si Obama veut faire un nouveau départ il faudra qu’il élabore une nouvelle approche.

    Adrien Hamilton
    the independent, jeudi 6 mai 2010

    Texte original
    http://www.independent.co.uk/opinio...

    Traduction D. Muselet pour le Grand Soir Ici


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