• IDENTITE SEXUELLE FRANçAISE, LE DEBAT

    Identité sexuelle française, le débat

     

    Vous savez que je suis secrètement une émissaire du gouvernement actuel, dont je révère les choix et les parties génitales. Aussi, je tiens à apporter ma pierre au débat initié par Eric Besson (sachant qu’entre une pierre et une lapidation, ce n’est qu’affaire de quantité, par exemple on pourrait tous s’y mettre).

    Alors voilà. Je voyage beaucoup, en circuit finalement assez fermé : Allemagne – France – Danemark (parce que les pays chauds sont bourrés de gens qui te pillent ton identité nationale en charter, pas question que je m’encanaille). Et je ne me suis jamais sentie aussi française que depuis que je vis dans ma valise, au milieu de mes culottes sales, au milieu aussi de gens qui ne sont pas Français.

    - Etre Française c’est rayonner cultuellement. Tu transpires le sexe quand tu arrives quelque part, et ça marche aussi pour les garçons. Le bonus “France” te fait automatiquement gagner douze points en charisme et trente en technique sexuelle. En Allemagne je suis plus féminine que n’importe quelle autre fille, forcément ça se remarque. Au Danemark je suis beaucoup moins féminine que la caissière du Netto, mais c’est quand même moi que les mecs viendront draguer. Parce que je suis Française. Seule l’Italienne m’arrive à la cheville mais, hé, c’est l’élégance tranquille contre la superficialité berlusconienne (je parle d’imaginaire collectif, hein, je n’ai rien contre les Italiennes, pourvu qu’elles ne me jettent pas des pizzas quatre fromages au visage).

    A part si j’étais Suédoise, je ne vois pas comment faire mieux pour la drague qu’être Française. Sachant que les Suédois, jusqu’à présent, ne me draguent pas. Les enfoirés.

    - Etre Française c’est incarner la proie et la chasseresse ultime. La séduction est un jeu, on l’a appris dans les Liaisons Dangereuses et un peu dans Sade. C’est un des rares trucs que mes parents m’aient enseigné (à part lire et compter mais ça, c’était autrement plus important). Aiguiller le désir, lâcher un peu pour reculer beaucoup, feindre l’indifférence, envoyer le juste signal : je ne dis pas que ça marche à tous les coups, mais je dis qu’en subtilité on s’y prend vachement mieux que les Danoises (”salut on rentre ensemble ?”). Certes, ça veut souvent dire laisser l’homme avancer ses pions. Mais sur un échiquier qu’on maîtrise parfaitement. La femme dispose les pièces, l’homme propose, la femme dispose de l’homme. Inégalitaire mais très français : on n’attend pas tout de l’homme mais on lui laisse croire qu’il mène le jeu. Et lui fait semblant d’y croire. Et allez, ça nous va plutôt très bien, puisque le moment qu’on préfère de toute façon, c’est quand on monte les escaliers.

    - Etre Française c’est rester sur le marché très longtemps. Je n’ai pas observé dans beaucoup de pays notre spécialité locale : la femme de cinquante ans encore parfaitement désirable. Les Françaises n’arrêtent pas de séduire sous prétexte qu’elles sont mariées avec douze enfants – du moins, pas toutes, et ceux qui fantasment sur les Russes devraient jeter un coup d’oeil sur ce qu’elles deviennent après trente ans. Les Américains s’enflamment pour les Milf (mothers i’d like to fuck) et les cougars (les quadras en quête de chair fraîche) : leur révélation récente ressemble chez nous à un gros cliché.

    - Etre Française c’est les montagnes russes. Honnêtement, on est plus associées à des sentiments forts qu’à des séances de sexe incroyables. On n’ouvre pas de canettes de Coca avec notre vagin et les mecs sont censés être sales. Nous sommes des amoureux plus que des amants. Notre porno n’est pas super reconnu. On n’a pas de sextoys emblématiques. On doit aux Anglais les joies de la canne. Ce qui nous reste c’est de la lingerie fine et un caractère bien trempé. Personnellement, je mise sur les deux. La langue bien pendue, aussi, ça sert toujours. Il faut que ça aille vite, et fort. On est râleuses, pas patientes. Surtout moi. Mais les étrangers pensent souvent qu’avec une Française tout sera permis, que la relation sera drôle et libre. Qu’une petite infidélité passera. Et qu’en même temps, rien ne sera acquis.

    Les Françaises ont une sacrée réputation, de séductrices et d’amoureuses. On la mérite. Je crois que notre culture sexuelle culmine dans le désir et pas dans le plaisir, et qu’être Française, c’est répandre ce désir autour de soi. Erotiser un peu le monde. Etre des joueuses-nées. Des allumeuses, sans doute.

    Maïa Mazaurette ICI 


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