• HAÏTI : L'ONU RÉPRIME UNE MANIFESTATION

    Port au Prince 26 mai 2010

    Les forces de l’ONU en Haïti ont eu recours cette semaine aux balles en caoutchouc et aux gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation d’étudiants. La répression s’est étendue jusqu’au camp de réfugiés suite au tremblement de terre. Il y a eu plus de mobilisations jeudi.

    Lundi, les troubles, à proximité du Palais National, la résidence présidentielle, ont fait que des personnes âgées, des femmes et des enfants ont fui épouvantés.

    Des milliers de familles sont entassées dans les rues de la zone du Champs de Mars, voisine du Palais National, depuis le séisme du 12 janvier qui a fait 200 000 morts et près de deux millions de déplacées des quartiers détruits de Port au Prince.

    Au moins six personnes sont arrivées à l’Hôpital Général  présentant des blessures par balle de caoutchouc, ont fait remarquer 3 médecins volontaires de l’organisation Partners in Health qui travaillent aux urgences. "Un enfant avait une blessure grave au visage", à déploré Joël Junior, un jeune homme qui était avec des amis devant le Palais National, encore en ruine. "C’était un supplice, ils lançaient des gaz partout", a-t-il ajouté.

    " Du sang", a déclaré le Dr Americain Sarah McMillan. "Une petite petite fille est arrivée avec une  blessure grave  au visage. Il a fallu lui faire 10 points de suture. Une cicatrice qui probablement lui restera à vie", a-t-elle ajouté.

    La coalition de Tet Kolé (les têtes jointes en créole) a protesté le mois dernier dans la même zone exigeant la démission du président René Préval pour sa mauvaise gestion de la crise après le séisme.

    Les manifestants accusent le président de vouloir s’accrocher au pouvoir après avoir étendu son temps de mandat. Initiative approuvée par le  parlement.

    Les murs de la faculté d’Ethnologie sont couverts de graffitis contre Préval et les Nations Unies. Les étudiants ont fait des gestes obscènes aux casques bleux Bresiliens postés dans leurs véhicules tout-terrain en dehors de l’enceinte universitaire.

    Quand les militaires irrités ont tenté de rentrer sur le campus, en traitant les étudiants de voleurs et de vagabonds, ces derniers ont répondu avec des pierres. En se repliant, les soldats ont tiré des coups de feu en l’air et une balle a touché le bâtiment de la faculté.

    Les troupes sont revenues  en renfort dans des véhicules plus lourds. Frantz Mathieu Junior a couru se cacher dans les toilettes, mais les soldats l’ont poursuivi et ont ouvert d’un coup de pied la fine porte en bois, ils l’ont jeté au sol, frappé à plusieurs reprises et l’ont emmené. Arrivé au centre de détention, ils l’ont fait manger de force.

    Après la détention de Junior lundi, les étudiants sont sortis pour protester et ont jeté plus de pierres. Mardi le correspondant d’IPS a pu voir la porte éclatée et les trous de balles dans l’une des fenêtres du 3ème étage.

    Le chef de la Mission de l’ONU pour la Stabilisation d'Haïti (Minustah), Edmond Mulet, a publié un communiqué accusant 1 étudiant non identifié "de provocation" pour avoir lancé des pierres contre une patrouille. Mais il s’est excusé de l’intrusion des troupes sur le campus et de l’arrestation . De son côté David Wimhurst, porte-parole de la Minustah a indiqué que les soldats n’avaient ni tiré, ni lancé de gaz lundi. D’après lui seul des aérosols poivrés et des balles de caoutchouc ont été utilisés pour disperser les gens hors de contrôle.

    Les correspondants de la chaîne CNN disent quant à eux avoir entendu des coups de feu, ils ont senti des gaz lacrymogènes et ils ont vu des nuages de fumée autour du Palais National.

    "Tout le monde courrait. Personne ne veut rester là quand il y a beaucoup de gaz", a dit à l'IPS Joseph Marie-Ange, 24 ans et père de quatre enfants. "Ils sont grossiers. Les enfants et les personnes âgées du campement tombaient à cause du gaz", a-t-il ajouté.

    Quelques heures après, le calme revenu et le gaz dissipé, Levita Mondésir marchait péniblement avec son bébé de trois mois vers l’Hôpital Général. "Nous vivons sur la Place Pétion, face à la faculté d’Ethnologie", a-t-elle raconté . "Les étudiants sont venus et peu après la Minustah a lancé les gaz. Quand je suis arrivé au campement, tout le monde courait et j’ai fait de même", ajoute-t-elle. "J’ai essayé de couvrir le bébé et j’ai dit aux autres enfants de se cacher sous le lit".

    "Il y avait de la fumée, tout le monde tombait. Le petit ne réagissait plus, j’ai eu peur qu’il soit mort et je me suis mis à pleurer. Des personnes m’ont aidé à le conduire à l’hôpital en moto-taxi". Les médecins lui ont donné un laissez-passer pour faire une radiographie le lendemain. Son mari, Tinès Clergé, ne veut plus vivre là. "Je ne peux plus rester à Chanmas".

    Les protestations ont continué à Chanmas  mardi après midi. De nombreuses troupes de l’ONU et  la police haïtienne ont entouré le Palais National avec des barricades. De plus, la population est contrariée de la Commission Intérimaire de Récupération d'Haïti, chargée de gérer un programme d'aide de 10.000 millions de dollars. La majorité de ses membres sont étrangers, mais Préval a un droit de  veto.

    "S’ils voulaient réprimer la protestation : pourquoi n’ont-ils  pas lancé le gaz contre les professeurs ou les étudaints?", a demandé Malia Villa, de l’organisation féminine Konfaviv, qui a dû aussi fuir Chanmas la nuit de lundi.

    "Comment  peuvent-ils tirer sur le campement, où il y a des familles avec enfants !", s’est-elle plaint. "Ils sont censés garantir la sécurité, mais comment le gouvernement va pouvoir travailler avec eux après cela ?", "Nous ne pouvons plus les tolérer. Nous sommes dégoûtés.

    La Minustah a été cible d’accusations d’abus depuis sa création en 2004, après le renversement du président Jean-Bertrand Aristide. Il y a eu d’autres épisodes similaires en 2008 et 2009 quand des troupes de l’ONU ont tiré au hasard tuant et blessant des civils. Mais les enquêtes internes les ont acquittés de toute responsabilité.

    Traduc RLB

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    ONU reprime protestas en Haití
    Por Ansel Herz

    PUERTO PRÍNCIPE, 26 may (IPS) - Fuerzas de la misión de paz de la ONU en Haití apelaron esta semana a balas de goma y gases lacrimógenos para dispersar una protesta de estudiantes universitarios. La represión se extendió hasta un campamento de personas desplazadas por el terremoto. Habrá más movilizaciones este jueves.

    Los disturbios del lunes, cerca del Palacio Nacional --residencia presidencial-- hicieron que ancianos, mujeres, niños y niñas huyeran despavoridos.

    Miles de familias están hacinadas en las plazas de la zona de Champs de Marz, vecina al Palacio Nacional, desde el terremoto del 12 de enero que dejó 200.000 personas muertas y casi dos millones de desplazadas de los barrios destruidos de Puerto Príncipe.

    Al menos seis personas llegaron al Hospital General con heridas de bala de goma, señalaron tres médicos voluntarios de la organización Partners in Health (socios en salud) que trabajaban en la emergencia. "Un niño tenía una herida grave en la cara", se lamentó Junior Joel, un joven que estaba con amigos fuera del Palacio Nacional, con partes todavía derruidas por el sismo. "Fue un suplicio, lanzaban gases por todas partes", añadió.

    "Sangraban", dijo a IPS la médica estadounidense Sarah McMillan. "Una niña pequeña llegó con una gran lastimadura en la cara. Hubo que darle 10 puntos. Probablemente le quede una cicatriz", añadió.

    La coalición de organizaciones Tet Kolé (cabezas juntas en creole) protestó el mes pasado en la misma zona pidiendo la renuncia del presidente René Préval por la gestión de la crisis tras el terremoto.

    Los manifestantes acusan al mandatario de querer aferrarse al poder al extender su mandato. La iniciativa contó con la aprobación del parlamento.

    Las paredes de la Facultad de Etnología están tapadas de pintadas contra Préval y las Naciones Unidas. Los estudiantes hicieron gestos obscenos a los efectivos brasileños de la misión de paz apostados en sus vehículos todoterreno fuera del recinto universitario el lunes de tarde.

    Cuando los uniformados trataron de ingresar, enojados y llamándolos ladrones y vagabundos, ellos respondieron con piedras. Al retirarse, los soldados efectuaron disparos al aire y una bala impactó en el frente de la Facultad.

    Cuando los efectivos regresaron en vehículos más grandes, Frantz Mathieu Junior corrió a esconderse en un baño, pero los soldados abrieron de una patada la fina puerta de madera, lo tiraron al piso y lo golpearon varias veces y se lo llevaron. En el centro de detención lo hicieron comer por la fuerza.

    Tras el arresto de Junior el lunes, los estudiantes salieron a protestar y tiraron más piedras. IPS pudo ver el martes las rajaduras en la puerta y el agujero de bala en una de las ventanas del segundo piso.

    El jefe de la Misión de la Organización de las Naciones Unidas para la Estabilización de Haití (Minustah, por su acrónimo francés), Edmond Mulet, divulgó un comunicado en el que culpa a un estudiante no identificado de "provocación" por lanzar piedras contra una patrulla. Pero se disculpó por la intrusión de los efectivos y la detención.

    Los soldados de la Minustah no dispararon ni lanzaron gases el lunes, señaló su portavoz, David Wimhurst. Sólo se usó aerosol de pimienta y balas de goma para disipar a la gente fuera de control, añadió.

    Corresponsales de la cadena de noticias estadounidense CNN escucharon disparos, olieron gases lacrimógenos y vieron botes de humo alrededor del Palacio Nacional. Los efectivos de la Naciones Unidas rociaron la zona y lanzaron balas de goma, según testigos.

    "Todo el mundo corrió. Nadie quiere quedarse cerca cuando hay mucho gas", dijo a IPS Joseph Marie-Ange, de 24 años y con cuatro hijos. "Son groseros. Los niños y los ancianos del campamento se caían por el gas", añadió.

    Horas después de recuperada la calma y de que el gas se disipara, Levita Mondesir caminaba penosa con su bebé de tres meses hacia el Hospital General.

    "Vivimos en Place Pétion, enfrente a la Facultad de Etnología", contó a IPS. "Vinieron los estudiantes y luego la Minustah lanzó el gas. Cuando llegué al campamento, todo el mundo corría y yo hice lo mismo", relató.

    "Traté de cubrir al bebé y le dije a los otros niños que se escondieran abajo de la cama", apuntó. "Había humo, todo el mundo se caía. El pequeño no reaccionaba, temí que hubiera muerto y me puse a llorar. Unas personas me ayudaron a llevarlo al hospital" en un taxi motocicleta, añadió.

    Los médicos le dieron un pase para hacerle una radiografía al día siguiente.

    Su esposo, Tines Clerge, ya no quiere vivir allí. "No me puedo quedar más en Chanmas", dijo a IPS.

    Las protestas siguieron en Chanmas el martes de tarde. Numerosos efectivos de la ONU y de la policía haitiana rodearon con barricadas el Palacio Nacional.

    Además, la población está molesta con la Comisión Interina de Recuperación de Haití, encargada de gestionar un paquete de asistencia de 10.000 millones de dólares. La mayoría de sus integrantes son extranjeros, pero Préval tiene poder de veto.

    "Si querían reprimir la protesta, ¿por qué no lanzaron el gas contra la facultad, donde estaban los estudiantes?", preguntó Malia Villa, de la organización femenina Konfaviv, quien también tuvo que huir de Chanmas el lunes de noche.

    "¡Cómo van a disparar contra el campamento, donde hay familias con niños!", se quejó. "Se supone que están para garantizar la seguridad, pero cómo el gobierno va a trabajar con ellos después de esto", apuntó.

    "No podemos tolerarlo más. Nos repugna", exclamó alzando las manos.

    La Minustah ha sido blanco de acusaciones de abusos desde su creación en 2004, tras la derrocamiento del presidente Jean-Bertrand Aristide.

    Hubo otros episodios similares en 2008 y 2009 en los que efectivos de la ONU dispararon de forma indiscriminada y mataron e hirieron civiles. Pero las investigaciones internas los absolvieron de toda responsabilidad de acciones indebidas.

    (FIN/2010) ici


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