• GAZA : LES BOMBES QUI RESTENT ...

    Gaza : les bombes qui restent


    « Quand le phosphore blanc se répand sur la peau, il brûle profondément jusqu’aux muscles puis aux os, continuant à brûler jusqu’à ce qu’il soit privé d’oxygène, » explique Amnesty International.
     
     
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    A 12 heures précises ce jeudi, dans les collines sablonneuses du sud de Gaza, une explosion commandée à distance a détruit un autre tas d’obus au phosphore blanc laissés dans Gaza après la guerre israélienne de 2008-2009.

    Les experts en explosifs du groupe consultatif Mines Advisory Group (MAG) et de l’équipe des Nations Unies United Nations Mine Action Team (UNMAT) travaillent de concert pour éliminer les restes de la mortelle attaque israélienne. Les bombardements israéliens depuis la terre, la mer et les airs ont laissés un grand nombre de munitions non explosées (UXO, ou unexploded ordnance) dans les zones d’habitations.

    Dans une routine précise et technique qui tient compte de tous les dangers possibles pour les employés du MAG et de l’UNMAT, aussi bien que pour les Palestiniens habitant à Gaza, les experts en explosifs, détonation après détonation, sont en train de débarrasser Gaza des obus au phosphore blanc qui sont restés.

    Afin de les priver d’oxygène, les obus sont d’abord moulés dans du plâtre, puis placés dans de grands récipients remplis de sable jusqu’au jour de leur destruction.

    Les détonations télécommandées se produisent deux fois par semaine, en coordination avec le gouvernement du Hamas et l’armée israélienne dont les avions de guerre survolent les lieux de mise à feu cet l’après-midi.

    Le jour où la septième série d’UXOs doit exploser, il y a huit obus à détruire. Deux sont totalement pleins et les six autres sont brisés mais sans avoir explosé. À l’intérieur de chaque obus se trouvent 122 éléments spongieux imbibés du produit chimique mortel conçu pour se disperser au loin au moment de l’explosion.

    « Quelques obus de phosphore peuvent ne contenir que du liquide, » explique Mark Russel, le directeur technique du MAG. « Mais la sorte utilisée à Gaza contenait des éponges, dont il est plus difficiles de se débarrasser. »

    L’utilisation des obus de phosphore avec des éponges par Israël dans son attaque sur Gaza il y a 18 mois, faisait aussi que la probabilité de blesser des civils était plus grande.

    Les destructions commandées font en sorte que ces obus ne nuisent pas à l’avenir à des civils et permettent que l’arme chimique mortelle se consume dans des puits creusés dans la terre, suffisamment loin des maisons les plus proches pour ne pas causer de dégâts.

    Vingt minutes après la première détonation, lorsque l’essentiel de la fumée épaisse et blanche s’est consumée et s’est dissipée, les techniciens du MAG cherchent les éponges qui ont pu se disperser et les amènent au puits où elles sont brûlées.

    Un débris isolé brûle en cinq à dix minutes, mais s’il est couvert de sable il peut rester en veille pendant des jours, se rallumant avec la poussée du bâton d’un enfant ou le contact d’une chaussure.

    Jim Hill, un médecin canadien travaillant pour le MAG à Gaza, explique son travail. « Nous sommes ici au cas où il y aurait des blessures dues au phosphore blanc, par inhalation de fumée ou par des explosions inattendues causant des blessures. »

    Hill et d’autres médecins accompagnent l’équipe pendant que celle-ci contrôle avec précaution les emplacements où le dégagement de décombres a finalement pu commencer, plus d’une année après les destructions.

    Avec plus de 4000 maisons complètement détruites et 16 000 maisons partiellement ou gravement endommagées, le risque avec les munitions non explosées (UXO) est énorme. Buswell explique que leur travail ne fait que commencer.

    La guerre de 23 jours lancée par Israël sur Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 a tué plus de 1500 Palestiniens, et a fait plus de 5320 blessés. Parmi tous ces morts et blessés se trouvent ceux qui ont été touchés par les bombardements au phosphore blanc.

    « Quand le phosphore blanc se répand sur la peau, il brûle profondément jusqu’aux muscles puis aux os, continuant à brûler jusqu’à ce qu’il soit privé d’oxygène, » explique Amnesty International.

    Le Docteur Nafez Abu Shaban, responsable de l’unité pour le traitement des brûlures à l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, a dit au Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR), avoir vu des patients « avec de très graves brûlures où les muscles et des parties du corps sont complètement détruits. »

    Parmi les cibles des soldats israéliens se trouvaient les maisons, les écoles où des milliers de Palestiniens s’étaient réfugiés, les bâtiments des Nations Unies stockant de l’aide humanitaire, et les hôpitaux. Plus de la moitié des 27 hôpitaux et des 44 centres médicaux de Gaza ont été soit détruits soit endommagés.

    L’hôpital Al-Quds dans la ville de Gaza et le centre de réadaptation Al-Wafa à l’est de Sheyjayee, héberge plus de 50 patients, la majorité d’entre eux étant invalides et dépendant de mécanismes de support, et qui ont souffert plusieurs bombardements dont directement ceux au phosphore blanc.

    Les dirigeants israéliens ont tout d’abord nié l’emploi du phosphore blanc, puis ils l’ont admis, tentant de justifier son emploi comme écran de fumée pour les soldats. Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) estime que son utilisation dans des zones civiles « est simplement interdite », et relève que le phosphore blanc peut se répandre jusqu’à plusieurs centaines de mètres carrés, avec « une capacité à provoquer des blessures particulièrement terrifiantes et douloureuses ou à provoquer une mort lente et douloureuse. »

    Une année après la guerre israélienne contre Gaza, le risque d’UXO constitue une menace aussi réelle que les bombardements directs.

    Ces UXOs peuvent exploser même des décennies plus tard, note le MAG. Dans des zones rurales, le labourage ou les activités d’agriculteurs enlevant des pierres et des débris d’acier, peuvent par inadvertance faire exploser ces munitions. Les mines antichar employées par les soldats israéliens pour démolir des maisons et dont il reste un grand nombre, représentent un risque pour les personnes enlevant la décombres ou pour les familles retournant à leurs maisons afin de récupérer quelques biens.

    En août 2009, l’ONU a fait savoir que 12 personnes ont été tuées par des explosions d’UXO, six étant des enfants. Vingt-trois personnes ont été blessées avec parmi elles quatre enfants.

    En mars 2010, l’UNMAT et le MAG ont commencé à détruire les 343 UXOs déjà rassemblés, dont les obus contenant du phosphore blanc.

    Mark Buswell a comparé la menace d’une explosion à Gaza « à une explosion qui pourrait endommager un secteur de la ville la taille de la City de Londres (soit 2,6 kilomètres carrés) »


     
     

    7 juillet 2010 - InGaza - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://ingaza.wordpress.com/2010/07...
    Traduction de l’anglais : Claude Zurbach ici

     

     


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