• SARKOZY en cure de désintox


    Force est de constater que la dépression post-électorale qui a succédé à l’euphorie de ses premiers shoots médiatiques et qui dure maintenant depuis quatre ans lui impose de poursuivre son traitement jusqu’au printemps 2012. Ses chances de retrouver un semblant de stabilité mentale après cette échéance fatidique s’amenuisent de jour en jour. Il semblerait d'ailleurs d’après les récentes analyses que son état de santé s’agrave de manière très inquiétante.

    Les causes précises de sa pathologie n’ont, à ce jour, pas encore pu être déterminées. Et ses multiples rechutes ne laissent, d’après les spécialistes, planer que peu de doute sur le caractère irréversible des lésions cérébrales dont il est victime. « Sa guérison relèverait du miracle », affirment même certains illustres professeurs qui veillent à tour de rôle à son chevet. Les effets post-traumatiques de sa dernière crise semblent similaires à ceux observés chez certains de ses homologues : spasmes incontrôlés, confusions identitaires, humeurs belliqueuses, fabulations, tentatives de manipulation, exhibitionnisme, etc.

    De nombreux citoyens à travers le monde ont tenu à lui manifester leur soutien ainsi que leur souhait de prompt rétablissement. En effet, bon nombre d’entre eux sont très inquiets quant aux conséquences que pourraient avoir son état mental sur l’humanité et surtout son incapacité à accepter l’idée qu’il est souffrant. Il est inutile de rappeler que les traitements psychologiques n’ont quasiment aucune chance de mener à la guérison des sujets refusant d’admettre leurs maladies et/ou leurs dépendances. Car bien que de nombreuses voix tentent de se faire entendre et de le ramener à la raison, son inconscience et son esprit frondeur y demeurent tragiquement insensibles.

    Une longue série de spectacles burlesques est d’ailleurs prévue au programme des douze prochains mois sur toutes les chaînes de télévision traditionnelles, afin d’encadrer et de soutenir les rêves de guérison partagée par l'ensemble de la nation, qui a malheureusement la malchance d’être gouvernée par un homme, certes courageux, mais souffrant de maux dont les remèdes disponibles aujourd’hui s’avèrent malheureusement inefficaces.

    Je tiens par ce billet à saluer l’extraordinaire enthousiasme, ainsi que les innombrables témoignages d’encouragements – tant explicites que tacites - dont font preuve les citoyens de métropole et d'outre-mer dans leur grande majorité. Ce qui nous pousse évidemment à réaffirmer notre soutien inconditionnel et notre empathie pour toutes celles et tous ceux qui de près ou de loin se sentiraient affectés par l’état critique de notre vénéré chef d’Etat-major de la Paix. Sans omettre bien évidemment de souligner notre éternelle reconnaissance pour l’impartialité et l’humanisme profond dont il n’a de cesse de nous abreuver.

    Le secrétariat de l'Elysée étant, vous l’aurez deviné, complètement débordé, nous vous invitons à tempérer - s’il est encore temps - votre élan de générosité et à verser vos dons ou contributions quels qu’ils soient sur votre compte épargne, ce qui vous permettra par la même occasion de rendre hommage à votre bienfaiteur, tout en optimisant l'aspect de votre quotidien qui lui tient le plus à coeur, à savoir votre pouvoir d’achat.

    La rédaction du Buvard Bavard se joint à l'émoi de la Communauté Internationale pour lui souhaiter, certes avec une pointe de défaitisme, que son sevrage soit une réussite et qu'il retrouve au plus vite sa joie de vivre légendaire.
     

    Nous ne manquerons pas de vous tenir informé.

    Badi Baltazar

    Cet article est également publié sur :
    http://www.legrandsoir.info/Sarkozy-en-cure-de-desintox.html

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  • Terrorisme islamiste: la France en trompe l’oeil

    Le rapport d'Europol sur le terrorisme dans l'UE montre que la France est le pays qui arrête le plus d'islamistes présumés. Mais les apparences peuvent être trompeuses...

    Comme chaque année, Europol, l’office de police européen, a mis en ligne son rapport [PDF] [EN] sur le risque terroriste dans l’Union. Quelques mois après les déclarations tonitruantes de Bernard Squarcini, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) – il affirmait que la menace d’une attaque kamikaze “[n'avait] jamais été aussi grande” – la situation a-t-elle évolué ? “La France championne des arrestations antiterroristes”, titrait Le Figaro mercredi 20 avril, sur une tonalité résolument moins alarmiste :

    La France a réalisé à elle seule plus de la moitié des arrestations d’islamistes radicaux en Europe en 2010: 94 interpellations sur 179 au total. Ce qui en fait, en quelque sorte, le premier rempart contre cette menace sur le territoire de l’Union.

    Dans les faits, c’est une réalité confirmée par les chiffres. Mais le nombre d’interpellations est-il le meilleur référent pour évaluer l’efficience des moyens mis en œuvre par les autorités françaises ? Sur les tableaux fournis par Europol, on constate que la France mène la danse, avec pas moins de 219 arrestations en 2010. L’Espagne arrive en deuxième position, avec 118 cas, et l’Irlande, troisième du classement, n’a arrêté “que” 62 terroristes présumés, soit 3,5 fois moins que la France.

     

     

     

    Dans le tableau ci-dessus, on réalise le poids des islamistes dans le total français, puisqu’ils représentent le deuxième contingent, derrière les séparatistes. On peut en tirer deux enseignements:

    • Comme le montrent les premières analyses du rapport, il faut prendre en considération la part de l’extrême-gauche et des mouvements indépendantistes ou autonomistes dans le terrorisme européen. Et il s’agit même du fait le plus saillant. L’année dernière, en recensant les terroristes incarcérés sur le sol français pour Slate.fr, j’avais déjà remarqué le poids des groupuscules régionaux, très éloigné de la typologie monomaniaque du “risque islamiste”.
    • Qu’en est-il du nombre de poursuites effectives? C’est ce que j’ai essayé de regarder en construisant l’histogramme ci-dessous, qui confronte le nombre d’interpellations, mis en avant dans les médias, au nombre de dossiers instruits par la justice. Pour plus de lisibilité, j’ai circonscrit le champ de l’analyse aux cinq pays “leaders” en la matière : l’Espagne, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Irlande.

    En regardant de plus près ce graphique, on voit tout de suite émerger le particularisme français. Si nous sommes effectivement les premiers à arrêter les islamistes radicaux présumés, nous sommes aussi le pays qui les remet le plus en liberté. Sur 94 arrestations en 2010, seuls 14 cas ont fini devant les tribunaux. Le chiffre est d’autant plus significatif que les données fournies par Europol comptabilisent les condamnations et les acquittements. Par ailleurs, la valeur absolue est parfois supérieure au nombre d’arrestations (c’est le cas pour l’Espagne), car certains individus sont poursuivis dans plusieurs dossiers.

    Les terroristes séparatistes (notamment corses ou basques) affichent un ratio tout aussi contrasté, mais il faut prendre en compte le fait que de nombreux membres d’ETA arrêtés en France sont jugés en Espagne (123/26 pour la France, 104/155 pour l’Espagne). De là à penser que les autorités françaises font du zèle avec l’islamisme ?


    Crédits photo: Flickr CC sunnyUK

    Article publié initialement sur le Datablog OWNI


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    P A C O

    Action Directe. Un incroyable acharnement contre Georges Cipriani

     

    En semi-liberté depuis avril 2010 (travail à la Banque alimentaire près de Strasbourg en journée, emprisonnement le soir et le week-end), Georges Cipriani pouvait espérer bénéficier d’une liberté conditionnelle à partir du 15 avril. Il a finalement été réincarcéré à plein temps…

    Entre rage et dégoût, les mots manquent pour commenter la nouvelle torture infligée à Georges Cipriani. Depuis un an, cet homme emprisonné depuis près d’un quart de siècle pour son engagement dans le groupe Action Directe travaillait sans faire de vagues à la Banque alimentaire en Alsace. Un boulot qu’il laissait le soir et le week-end pour aller se faire enfermer en prison. Au moment où le bout du bout du tunnel semblait approcher, une libération conditionnelle, un nouveau mur s’est subitement dressé devant lui.

    « Aujourd’hui, 15 avril, Georges Cipriani a été réincarcéré à temps plein dans la prison d’Ensisheim, a annoncé le collectif Ne laissons pas faire. Pourtant, aujourd’hui, Georges aurait dû vivre son premier jour de liberté conditionnelle depuis 24 ans. Il avait en effet obtenu, le 24 mars dernier, cette mesure de libération conditionnelle, qui devait prendre effet au bout de ses douze mois de semi-liberté. Mais le parquet a immédiatement fait appel de cette décision, suspendant ainsi sa sortie prévue, dans l’attente de l’audience qui n’aura lieu que le 28 avril. Nous sommes révoltés par ce retour en prison, qui porte un coup très dur à Georges Cipriani.

    Cette mesure perverse déstabilise son projet de vie après la prison, le coupe de nouveau de ses proches et rend plus précaire encore sa situation de travailleur. Jusqu’où l’État ira-t-il dans son acharnement à détruire les militants d’Action directe ? Jusqu’à quand, six ans après la fin de leur période de sûreté, seront-ils soumis à des procédures arbitraires qui retardent toujours leur libération ? Nous savons nos camarades forts de la résistance qu’ils ont su opposer pendant près d’un quart de siècle à l’entreprise systématique d’anéantissement carcéral. Nous dénonçons avec la plus grande fermeté l’iniquité de la mesure qui frappe aujourd’hui Georges Cipriani et, plus que jamais, nous l’assurons de notre totale solidarité. »

    Sur le blog Linter, la nouvelle ne passe pas non plus. « Le retour en prison tous les soirs après le travail était déjà difficile. Le contrôle sur sa vie, son temps. Cependant et malgré un travail physiquement exigeant, le lien avec la vie libre, avec le monde du travail, - sa sortie en toute dignité lui permettant une vie cohérente, gardant son sens personnel et politique - ce contact avec la vie libre était inestimable. Ceci est brusquement interrompu et pour des raisons purement formelles.

    L'appel du parquet contre la décision favorable pour une libération conditionnelle, la fin de la période de semi-liberté, entraîne paradoxalement la situation la plus défavorable pour Georges Cipriani, son réenfermement. Les raisons sont purement formelles, mais elles sont aussi le témoignage de cet invraisemblable acharnement de l'Etat, qui par l'intermédiaire du parquet, s'oppose jusqu'au bout et par tous les moyens à la libération des militants d'Action directe. Le dernier message de Georges Cipriani, avant de redisparaître derrière les murs était cependant optimiste et digne. Il soulignait le fait qu'il voyait comme positif, que son affaire soit examinée dès le 28 avril et il n'accordait aucun mot à cette décision totalement  brutale et inouïe de le réincarcérer dans cette prison où il vient de passer ses interminables années d'emprisonnement. »


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  • Après le débat, on leur dit quoi aux musulmans ?

    Caleb IRRI

    Il y a ceux qui sont pour, et puis il y a ceux qui sont contre. Et puis il y a le reste, c’est à dire la majorité des citoyens, qui s’en foutent éperdument. Mais le débat sur l’Islam, renommé ’débat sur la laïcité’, aura bien lieu, et ce malgré tous les ’débats’ justement lancés sur sa tenue- ou pas. Une chose est sûre cependant, c’est qu’à cette occasion les masques sont tombés, comme je l’avais déjà fait remarquer à l’occasion des cantonales. Au sein de la majorité présidentielle des voix se font discordantes, et c’est tant mieux : le pouvoir du président sur la majorité s’effrite, et on commence enfin à trouver qu’il va trop loin.

    Car ce débat sur l’Islam, susceptible de remettre en cause la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, fait aujourd’hui peur à ceux-là mêmes qui ont compris où le chef de l’Etat voulait les conduire : c’est-à-dire la stigmatisation des Musulmans, avec comme objectif la création d’un ’bouc-émissaire’ économique, à travers l’utilisation des évènements actuels pour détourner l’attention du peuple des véritables responsables de l’état du monde : les gouvernants eux-mêmes.

    En mettant en place ce débat, il sera donc question de l’Islam, afin de savoir si cette religion convient ou non à la définition qu’on voudrait faire de la laïcité, et par conséquent si cette religion pose ou non un problème vis à vis des valeurs que prétend défendre la France.

    Je ne reviendrai pas ici sur les définitions de la laïcité, ni même sur l’interprétation que l’on peut faire de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, je n’en ai pas les compétences, et d’autres le font bien mieux que moi. Mais je voudrais m’intéresser à ce que ce débat pourrait entraîner comme conséquences : car s’il y a débat, il y a conclusion du débat, et théoriquement réponse à la question : y a-t-il un problème musulman en France ?

    Si la réponse est ’non’, alors nous rentrerons tous chez nous fiers et contents, le score du FN devrait mathématiquement baisser, et tout retournera dans l’ordre rapidement.

    Mais si l’on considère, à la fin du débat, qu’il y a bel et bien un ’problème musulman’ en France, que fait-on ?

    On interdit la religion musulmane ? On retire la nationalité aux Musulmans, ou leur colle-t-on un croissant rouge sur le corps ? Est-ce qu’on les torture, est-ce qu’on les réduit en esclavage, ou leur supprime-t-on simplement des droits sociaux ? Doit-on les mettre dans des camps pour les exterminer, ou arrête-t-on juste de commercer avec eux ? Va-t-on leur déclarer la guerre, les envahir ou seulement les expulser ?

    Et puis ensuite, faut-il considérer tous les Arabes comme des Musulmans ? Peut-on les qualifier de « race » au même titre que les Juifs autrefois, ou comme des adeptes d’une religion ? C’est quoi le problème exactement, les étrangers ou leur religion ? Et les enfants de Musulmans seront-ils alors « automatiquement » Musulmans eux-aussi ?

    A partir du moment où l’on juge qu’il y a problème, il faudra bien admettre qu’il y faut trouver des solutions... Y êtes-vous prêts ? Est-ce vraiment cela que vous voulez ? Que voulez-vous à la fin ? que les Musulmans ’périssent’ par vos mains, ou seulement qu’ils s’intègrent ? Dans le premier cas, imaginez ce que cela signifie. Et dans le second cas, il vous faudra alors regarder en face le véritable responsable des situations qui vous mettent mal à l’aise, le gouvernement lui-même, et nous tous à travers lui. Car quels sont les reproches que l’on entend à propos des Musulmans ?-Ils prient dans la rue ? offrez leur des lieux de culte, et ils disparaîtront.

    -Vous ne voulez plus voir de burqas ? donnez-leur l’exemple, et ôtez-vos propres lunettes ’écran-total’. Si ces femmes apprenaient à lire et lisaient le Coran, elles verraient que cette pratique n’est pas obligatoire.
    -Vous trouvez qu’ils reçoivent trop d’aides sociales ? donnez leur du travail !
    -Des jeunes des cités vendent de la drogue et des armes ? Légalisez le cannabis et offrez-leur d’autres perspectives d’insertion.
    -Il y a trop de travail au noir, et vous voulez qu’ils payent des impôts ? Donnez-leur des papiers.
    -Vous ne comprenez pas qu’ils se réunissent tous ensemble dans des cités ghettos ? Offrez leurs des logements décents et moins chers, ils ne refuseront pas
    -Ils vous regardent de travers ? changez votre propre regard sur eux, et les leurs suivront.

    Lorsque vous arrivez dans un lieu que vous ne connaissez pas, vous aimez à ce que ceux qui sont déjà là, et qui se connaissent tous, vous accueillent avec gentillesse pour vous présenter, pour vous apprendre les règles et traditions locales, pour vous intégrer. Si personne ne vous parle et qu’on vous laisse de côté, vous vous renfermerez sur vous, et ne chercherez que la compagnie des autres exclus, qui eux vous comprennent et vous accueillent. En acceptant de croire qu’il existe un « problème musulman », nous rendons nous-mêmes possible l’existence de celui-ci. Nous excluons ceux-là mêmes à qui nous reprochons de ne pas s’intégrer... Que feriez-vous à leur place ? 

    Réfléchissez bien à ce que vous voulez, mais aussi aux conséquences que vos opinions impliquent dans la réalité. Car admettre que les Musulmans sont un problème pour la France conduira à l’adoption de solutions concrètes. Le voulez-vous vraiment ?

    Alors soyez sérieux, et stoppez-là la discussion : il n’y a pas d’autre alternative envisageable que l’intégration, un point c’est tout. 

    Caleb Irri

    http://calebirri.unblog.fr

    URL de cet article 13386
    http://www.legrandsoir.info/Apres-le-debat-on-leur-dit-quoi-aux-musulmans.html

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  • Débat sur la laïcité : un musulman répond à Copé
    Marwan Muhammad

    Cher Jean-François, j’ai lu avec grand intérêt la lettre que tu m’as adressée dans l’Express et, puisque nous sommes désormais amis, permets-moi de te tutoyer et de te dire les choses en toute franchise.

    D’abord je dois te confier que chez moi (en France avant que tu demandes), ce n’est pas comme ça que l’on traite ses amis. On ne fait pas un débat pour savoir comment nos amis devraient s’habiller ou s’exprimer. On ne se mêle pas de leur vie religieuse et on ne se permet pas de dire à leur fille que sa robe est trop longue. Ce serait très déplacé, tu en conviendras.

    On ne se sert pas non plus de ses amis pour gagner des élections. On ne salit pas leur dignité et on ne leur porte pas préjudice, même si ça fait monter l’audimat au radio-crochet du coin…

    Tu dis vouloir m’aider à combattre les préjugés à mon sujet, mais c’est toi qui les alimentes à chaque fois que tu prononces les mots islam, menace et laïcité dans la même phrase.

    Je ne t’ai rien demandé et je n’ai pas besoin de ton aide. Je veux juste que tu me laisses en paix. Le jour où tu auras vraiment envie d’avoir une conversation avec moi, retrouve moi autour d’un bon repas, sans caméras si possible, comme ça tu pourras me regarder dans les yeux te dire le fond de ma pensée. D’ici là, si vraiment tu t’ennuies et qu’il te reste de l’énergie, je peux t’indiquer un certain nombre de problèmes qui requièrent toute ton attention dans le pays : à commencer par le fait qu’il manque du travail à beaucoup de nos concitoyens et que les gens ne se parlent quasiment plus depuis que toi et ton équipe tenez le micro.

    J’aimerais aussi répondre point par point à un certain nombre de remarques que tu fais dans ta lettre et qui, si l’un de nos amis la lisait, risqueraient de l’induire quelque peu en erreur.

    Quand tu dis que notre foi, l’islam, est « défigurée dans l’opinion par des comportements ultraminoritaires », ce serait bien de rappeler que cette « opinion » se construit moins à partir de la réalité que du discours politique et médiatique auquel, il me semble, tu participes un peu (note ce doux euphémisme que l’amitié t’offre en privilège).

    Toi qui as depuis fort longtemps renoncé à la langue de bois et à la stratégie politique, tu devrais savoir qu’il ne convient pas de dire une chose et son contraire d’une interview à la suivante. On pourrait t’accuser de tenir un double discours ce qui, par les temps qui courent, reviendrait à te bannir de la sphère publique où tu sembles t’épanouir.

    Plus loin dans ta lettre, tu parles de mon grand père mais tu confonds probablement, c’est celui d’un autre qui est mort à Verdun. Le mien a combattu à Al Alamein en Egypte, dans une guerre qui n’était pas la sienne. Du côté de maman, ils étaient plutôt vers Alger, où ils ont pu découvrir les joies de l’électricité dans les années 50’. C’est vrai que tout ça fait partie du passé… mais je suis bien content que tu fasses avec moi ce devoir de mémoire qui nous rappelle d’où nous venons et ce qui nous unis, tout en nous permettant de tirer des enseignements qui nous éviterons de répéter les mêmes erreurs. Comme par exemple de stigmatiser une partie de nos concitoyens pour des objectifs politiques.

    Tu voudras bien m’expliquer aussi pourquoi dès que tu parles d’islam, tu te sens obligé d’invoquer la laïcité pour dire quelque chose de pas sympa juste après. Si tu n’aimes pas les barbes et les foulards, libre à toi d’exprimer ton opinion. Nul besoin de faire comme tous ceux qui, pour légitimer leur rejet des formes visibles de l’islam, se drapent sous la cape de la laïcité en espérant y trouver une respectabilité à leur racisme d’autrefois. Je sais bien que tu n’en fais pas partie, toi qui poursuit des objectifs « emprunts de paix et de respect », mais c’est tout de même dans ton camp qu’on entend des gens parler de « croisades », de la « France [qui] doit rester la France », et du jeune musulman dont on veut « qu’il travaille, qu’il ne parle pas verlan et qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers ». Si c’est toi le chef de cette belle équipe d’esprits éclairés, je te souhaite bien du courage.

    C’est bien d’avoir une opinion. C’est mieux d’avoir la vérité. Or notre vérité commune est dictée par la loi de notre pays et il se trouve justement qu’en 1905, une loi a été votée pour établir le principe de laïcité que les polémistes (contre lesquels tu fais bien de t’insurger) ressassent à tort mais surtout à travers sans vraiment l’avoir lue.

    Et que dit-elle cette loi ?

    Elle dit que nous sommes libres.

    Libres de choisir en conscience notre religion et de la vivre comme bon nous semble, sans faire de prosélytisme et sans devoir la cacher ou la renier dans la sphère publique.

    Libres de s’habiller comme il nous plait, de porter une barbe ou de se couvrir la tête si on le souhaite.

    Libres de prendre notre place au sein de la république comme nous l’avons fait jusqu’ici en l’enrichissant de notre travail, de nos idées et de nos espoirs.

    Aucune instance musulmane n’a réclamé le changement de cette loi. Aucun musulman n’a demandé un privilège dont serait exclu l’un de ses concitoyens. Nous demandons, et la majorité de nos concitoyens avec nous, le strict respect de la loi de 1905. Sans cadres ni contraintes supplémentaires et sans polémiques pour venir, chaque jour un peu plus, restreindre nos libertés et nos droits fondamentaux.

    Mon cher Jean-François, à trop vouloir nous aider, tu risques de nous causer du tort en faisant croire qu’il y a une spécificité islamique qu’on aurait jusque là ignorée. Il n’en est rien. Nous sommes des citoyens comme les autres, acteurs anonymes des changements et des sacrifices que doit concéder notre pays aujourd’hui. Ta famille politique n’est pas étrangère à cette situation (mais bon, on ne choisit pas sa famille…). Ce serait malheureux de donner ainsi raison à ces mauvaises langues que j’entends déjà dire qu’avec des amis comme toi …on n’a pas besoin d’ennemis.

    Pour ces raisons, tu comprendras que je ne souhaite pas venir à ta petite fête du 5 avril. Je préfère vous laisser laver votre linge sale en famille. Fais-moi signe quand tu auras repris tes esprits et que les choses se seront un peu calmées vers chez toi.

    Je termine en te rappelant que le respect, c’est d’accepter l’autre tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit, avec ses différences. Il serait bon que tu t’en souviennes désormais, avant d’invoquer une idée de fraternité que tu piétines chaque jour.

    Ton ami,

    Marwan Muhammad

    Source : FoulExpress


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