• Ou pourquoi le mouvement contre la réforme des retraites peut cristalliser un rejet des élites

    Les grèves se multiplient, on parle de larges mouvements ouvriers et sans doute de jeunes, tous mobilisés contre la réforme des retraites.

    Comme si, d'un seul coup, pas mal de français réalisaient qu'ils payent encore une fois l'addition de la crise.

    En 2008, la finance mondiale s'est effondrée parce qu'elle avait grossi des bonnes affaires menées sur l'endettement des ménages américains et européens.

    Piégés, les politiciens ont renfloué les banques avec de l'argent public, ont emprunté et creusé les déficits. Leurs cris de victoire ont fait illusion un court instant.

    Aujourd'hui, il faut payer la note en comblant les déficits.

    Ce sont donc ceux qui ont le plus besoin d'une retraite pour vivre à la fin de leur vie de labeur qui payent. Ceux qui ont ont pu s'offrir un patrimoine ou en ont hérité d'un, grâce à la fin de droits de succession, n'ont pas le même intérêt pour leur retraite que les autres. Ils savent qu'ils pourront compter sur les revenus de ce patrimoine pour vivre, leur retraite n'étant qu'un complément, à moins qu'elle soit "maison" et donc élevée, comme pour les cadres supérieurs des grandes entreprises.

    Les chefs d'entreprises, les professions libérales, les commerçants sont eux aussi touchés par la réforme des retraites mais, la majorité a eu le temps de préparer cet avenir. Dans ces milieux-là, cela fait longtemps qu'on sait que le système des retraites par répartition risquait de péricliter avec un chômage endémique et des avantages sociaux aux entreprises qui empêchent la rentrée de cotisations.

    Il faut connaître les aménagements et les dispositifs qui existent pour permettre à un de ces professionnels de toucher le jackpot sur son patrimoine professionnel. Par exemple, un médecin peut changer de statut en abandonnant celui de travailleur indépendant, se mettre en société en revendant la valeur de son patrimoine professionnel à cette société dont il est l'unique propriétaire et le salarié à la fois, placer l'argent obtenu, puis par de savants calculs, faire la balance entre ce que lui coûte son salaire en cotisations sociales et ce que lui coûte sa société en impot sur les sociétés dont il a déduit la valeur amortissable du rachat de sa clientèle.

    La limite se situe donc là.

    La crise et la configuration de la société française la divise en cinq classes:

    - Une élite qui a un très gros patrimoine et des compétences internationales.

    - Une classe aisée encore assez large qui bénéficie d'aménagements sociaux et fiscaux commodes pour prospérer.

    - Une classe moyenne qui voit ses revenus peu progresser et s'en sort grâce à un endettement qui la fragilise.

    - Une classe pauvre qui court après allocations, CDD, stages et RSA.

    - Un sous prolétariat, c'est à dire les exclus du système qui a recourt à une débrouillardise aux frontières de la légalité pour survivre.

    Les 30% qui continuent à soutenir Sarkozy sont donc ceux qui appartiennent principalement à l'élite et aux classes aisées.

    La contestation de la réforme des retraites peut donc rassembler les 70% restant ou du moins une bonne partie...

    Ils auront en mémoire la collusion entre le président de la république, son gouvernement et cette élite à travers la mise en oeuvre d'une politique fiscale et sociale très favorable, à travers aussi la fête de la victoire électorale au Fouquet's, l'augmentation du salaire présidentiel de 220%, le scandale de la nomination de Jean Sarkozy à l'EPAD, les privilèges de certains ministres, l'affaire Woerth-Bétencourt, le peu de cas pour les salariés licenciés, rappelez-vous Gandrange, les promesses non tenues, le double discours populaire voire populiste pour des actes qui divisent les français et favorisent les puissances d'argent.

    Les quelques concessions accordées récemment pour les femmes mères de trois enfants et les travailleurs invalides du fait de la pénibilité ou handicapés relèvent de l'aumône faite au gueux et aux vilains, mendiant une pièce à la sortie de la messe.

    Dans ce cas, les exactions de manifestants ulcérés par l'autisme du gouvernement et son mépris pour les manants que nous sommes, pourraient recevoir une approbation ou au moins bénéficier d'un courant de sympathie, si elles évitent d'être inutilement violentes.

    Imaginez la tête d'Hortefeux au JT de 20h expliquant qu'il a envoyé ses CRS robocopisés "nettoyer" une manif juste pour des oeufs balancés sur ses flics. Avec son humour de porte de prison et sa bonhommie pince sans rire coutumière, il nous expliquera sûrement que certains de ces oeufs étaient piégés pour casser du flic, qu'il retrouvera les coupables mais ne s'en prendra pas aux poules.

    Milton ici


    1 commentaire
  • organiser la dépendance

    Posté par calebirri

    il n'y a pas à dire, les choses bougent vite au royaume de France. Les députés ont du travail, et on ne peut plus dire qu'ils ne méritent pas leurs émoluments ! Bon, il est vrai qu'une petite moitié ne sert à rien d'autre que de paravent démocratique, mais le reste fait du beau boulot : ils votent tout ce que leur demande le roi.

    Mais trêve de plaisanterie, nous avons quand même changé de régime sans nous en apercevoir !

    Et ce régime, comme tout régime autoritaire qui se respecte, doit se voir affublé d'une cour servile, du pouvoir sur la justice, sur les médias, sur l'économie, et surtout sur son peuple. Avoir le pouvoir, cela signifie avoir le contrôle sur la masse des individus, une sorte de lien invisible qu'il conviendrait d'appeler « dépendance ». Car c'est bien de cela qu'il s'agit : à travers la paupérisation et le conditionnement (physique et psychologique) continus de la population, le gouvernement entraîne petit à petit ce dernier sur la voie de sa dépendance envers l'Etat, et ce par l'intermédiaire des moyens qui vont suivre.

    Parmi les techniques employées par les têtes pensantes de notre belle monarchie, il y a bien sûr l'alliance sans cesse plus solide entre le public et le privé, c'est à dire entre l'Etat et les grands patrons. Cette alliance, appelée « partenariat économique », permet à l'Etat de se séparer tout doucement du contrôle des services publics à travers la privatisation de certaines entreprises, engrangeant ainsi monnaies sonnantes et trébuchantes, tout en gardant sur ces dernières une participation suffisante au maintien de son poids décisionnaire, et par cet intermédiaire également le contrôle et la surveillance des individus. En échange, les entreprises privées concernées par le rachat de ces services se mettent en situation quasi monopolistique, ou au moins oligopolistique. La concurrence faussée qui résulte de leur position dominante et aidés par une législation qui arrange aussi bien les intérêts de l'Etat que les ceux des autres actionnaires, cette alliance les satisfait tous deux pleinement.

    Même avec les allocations familiales qui vont baisser, les remboursements de la sécurité sociale qui seront peu à peu remplacés par la hausse des assurances privées, l'allongement de la retraite qui va faire augmenter les tarifs des assurances-vie, la montée du chômage qui va faire baisser les indemnisations… l'Etat continuera de ficher, classer, radier, contraindre son peuple en l'obligeant à toujours plus de démarches administratives, toujours plus de justifications, toujours plus de surveillance.

    De plus, par son action en faveur des puissants, le gouvernement entraîne peu à peu la population vers la misère, ce qui la pousse à rechercher le soutien et la protection de l'Etat, qui en retour en profitera pour étendre son pouvoir. L'idéal d'un régime autoritaire étant un peuple juste assez misérable pour être dépendant, et pas assez pour se révolter, il est fort probable que la crise actuelle ne soit que le moyen le plus sûr d'étendre la dépendance du peuple envers le pouvoir. Que ce soit par l'intermédiaire de la santé, des aides sociales ou des transports publics, le fait de devoir payer plus cher un service tout en devant se satisfaire d'un dégrèvement social (même faible) incitera donc les pauvres à s'appauvrir tout en réclament l'aide de l'Etat, et les riches à s'en passer.

    Mais ce ne sont pas les riches qui font peur à l'Etat, car seuls les pauvres, mécontents de leur sort, sont susceptibles de se révolter. Par conséquent, ils ne doivent pas être libres. D'ailleurs, les exemples sont légion pour corroborer cette affirmation : alors que la loi Hadopi (aux dires mêmes de certains « hauts placés ») va « sensibiliser la population » au crime qu'elle est en train de commettre, les riches et les véritables délinquants ne paieront rien ou si peu. Alors que la justice est aussi lente pour défendre le peuple qu'à attaquer les « grands », les petits délinquants passent en comparution immédiate, et les grands payent des amendes moins grandes que les gains permis par leurs délits.

    Et en parallèle on apprend que désormais, le préfet pourra garder enfermée une personne que les médecins considèrent guérie, et que les « français précaires » pourront perdre leur nationalité (et leurs droits!) si, par exemple, ils se battent contre la police lors des manifestations…

    les riches amis du roi achètent des journaux, l'AFP arrive sous contrôle de l'Etat, et le service public audiovisuel a déjà été purgé. La démonétisation permet le traçage de toutes les transactions, les lois permettent toutes les écoutes, la technologie la surveillance de tous les instants, en attendant la puce RFID…tout cela sans compter l'éducation qui refait l'histoire, la philosophie qui disparaît. Et pire encore, les OGM qui vont bientôt abolir l'agriculture traditionnelle, et internet qui deviendra notre seul lien vers l'extérieur, ouvert sur les seules images que voudront bien nous laisser voir nos dirigeants, réelles ou pas….

    Nos enfants vont devenir des idiots incapables de réfléchir, de se nourrir sans semences transgéniques et de se loger, comme les gros chats domestiques que l'on voit aujourd'hui, incapables d'un quelconque retour à leur état sauvage. Dépendants. Comme aux produits qu'on nous vend pour dormir, maigrir, avoir l'air beau ou heureux. Et tout cela s'organise là-haut, presque en plein jour… sommes-nous déjà les esclaves que nous redoutons de devenir, pour que nous ne soyons pas capables de nous prendre en main ?

    Mais si nous sommes trop lâches pour le faire pour notre propre bien, aurions-nous le droit de l'être aussi pour nos enfants ?

    Caleb Irri

    http://calebirri.unblog.fr


    votre commentaire

  • Théoriquement, l'outrage est une injure non publique adressée à un représentant de l'autorité publique. Un jeune automobiliste éméché prié de rentrer chez lui à pied après un contrôle alcootest positif vient de faire l'expérience que certains juges ne sont pas très regardants avec le code de procédure pénale. Ce jeune Brestois, qui s'était défoulé une fois rentré chez lui en insultant les pandores sur son mur Facebook, a été condamné par le tribunal de Brest à trois mois de prison ferme et à 1.200 euros de dommages-intérêts aux gendarmes.

    votre commentaire
  • De la fabrication de bon français

    img294.jpg

    « Si la conclusion de cet entretien est que mon ministère doit être une fabrique à bons Français, j'y souscris bien volontiers …Qu'est ce qui serait gênant à ce que le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale…soit une usine à production de bons Français ? C'est très bien ! »

    N’étant pas tout à fait nigaud et conscient que cette déclaration putassière du sinistre Besson est un enième os à ronger, épaulé jeté, afin de nourrir et canaliser notre indignation blogueuse en jouant de la diversion et du leurre°, je me permets quand même de rappeler au « fabricateur » ministre que sous Pétain, vrai français de boue de France qui ne ment pas, était considéré comme bon français, tout citoyen dénonçant fort civiquement un juif à la milice.

    Il ne nous surprendra pas que le haut délégué à la question étrangère, l’aspirant veule et zélé au poste de Xavier Vallat, futur directeur de camp de rééducation hexagonale, rajoute une ligne infâme à son copieux CV, encore faudrait-il qu’il nous définisse précisément ce qu’il entend par "bon français".

    Commençant à cerner le personnage et la politique de bar-tabac à laquelle il collabore activement, je veux bien tenter ici et pour l’aider une ébauche de définition :

    En Sarkozie centrale est considéré comme bon français tout citoyen de plus de 65 ans souscrivant avec allégresse à la dénonciation motivée de métèques, prêt à renvoyer crever chez eux les étrangers qui forcément grèvent la sécurité sociale, à priver par pur ressentiment les plus jeunes de retraite, de rémunération décente et de protection sociale et enthousiaste à l’idée, dans ce fort climat d’insécurité islamiste, à mettre en prison les parents de délinquants pauvres, sauf le chef de la police, père privilégié de sale petit con riche et arrogant.

    Quelques têtes exemplaires de « bons français » répondant plus ou moins à cette définition :

    Dominique Paillé

    dominique-paill2-190x190.jpg

    Condamné en 2004 par le tribunal correctionnel de Paris à une peine de dix mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende, pour « abus de confiance » : 40 000 euros d’argent public, prélevés pour ses voyages privés et des dépenses personnelles .

    Patrick Balkany

    400px-patrick_balkany.jpg

    Condamné en 96 par la 9e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre, à quinze mois de prison avec sursis, 200 000 francs d'amende et deux ans d'inéligibilité pour rémunération aux frais du contribuable, d’employés municipaux, s'occupant de son appartement et de sa résidence secondaire.

    Gérard Longuet

    gerard_longuet.jpg

    Condamné en 67 à 1 000 francs d'amende pour complicité de « violence et voies de fait avec armes et préméditation », en même temps que douze autres militants d'extrême droite, dont Alain Madelin et Patrick Devedjian. (autres bons français)

    Bernard Tapie

    148407-bernard-tapie-637x0-1.jpg

    Condamné en 97 par la cour d'appel de Paris à 18 mois de prison dont 6 mois ferme pour fraude fiscale et à 30 mois de prison avec sursis pour abus de biens sociaux et banqueroute.

    Brice Hortefeux

     
    brice-hortefeux-cout-depense.jpg

    Condamné en 2010 par le tribunal correctionnel de Paris à 750 euros d'amende pour injures à caractère raciste, 2 000 euros de dommages et intérêts et à publier le jugement dans un journal.



    je vous laisse imaginer ce que sont, en revanche, les mauvais français…

    tgb Ici

    ° Je visualise assez bien le ministre et ses collaborateurs assis sous les ors de la république à se demander quelle nouvelle saloperie ils pourraient bien balancer à la meute pour occuper la journée.


    votre commentaire
  •  

    Sans preuves matérielles, sans aveux, les charges retenues contre les "10 de Tarnac" reposent essentiellement sur l'enquête des services de sécurité français qui surveillaient la bande d'amis depuis plusieurs mois.

    Les avocats de la défense ont alors épluché ces rapports et témoignages policiers. Ils ont d'abord mis en lumière une série d'incohérences et d'invraisemblances parfois grossières dans le récit des filatures censées confondre les suspects (elles n'ont jamais été clarifiées). Ensuite, et c'est ce qui motive la requête en annulation examinée ces jours ci. Les avocats dénoncent l'utilisation illégale de caméras vidéos et d'écoutes téléphoniques lors de l'enquête préliminaire.

    Le château de cartes s'écroulera-t-il avant la tenue d'un procès devant une cour d'assises spéciale? Alors que la rue recommence à contester le pouvoir, ça me paraît improbable. La figure d'un ennemi intérieur d'ultra gauche n'est pas inutile pour calmer les ardeurs du mouvement social. A moins que la menace islamiste réactivée depuis quelques jours soit jugée suffisante... 

    La décision de la cour, mise en délibéré, devrait être rendue le 22 octobre.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique