• ÉCOUTER FIDEL : POUR QUI TRAVAILLENT LES "CONSEILLERS" ?

     

    Ecouter Fidel : Pour qui travaillent les "conseillers"? par Iroel Sánchez

    Joaquin Villalobos
    Joaquín Villalobos, responsable de la mort du poète salvadorien Roque Dalton.

    Dans ce texte paru dans Cubadebate, l’auteur de l’article reprend des propos apparement « anodins » de Fidel aux journalistes vénézuéliens   conversación que sostuviera Fidel con periodistas venezolanos, le dimanche 8 août. Nous sommes là devant la specificité du discours de fidel qui peut toujours être pris à plusieurs niveaux, un message clair sur les dangers et les tâches de l’heure, mais aussi laisser filtrer une information sur qui sont les protagonistes . L’idée d’un chef d’Etat recruté par la CIA a été avancée à propos de Sarkozy, mais qu’en est-il de la gauche ? Quand on lit en particulier le rôle de felipe Gonzales et celui de Javier Solana, comment ils ont fait passer les socialistes du « NOn à l’Entrée dans l’OTAN » à la direction de la dite OTAN, et à l’offensive contre la Yougoslavie autant qu’aux campagnes contre Cuba et le venezuela, on ne peut pas ne pas s’interroger sur l’évolution non seulement du PS mais celle du PCF dans ce domaine…

    Est-ce qu’on peut se contenter d’attribuer l’absence d’intervention sur l’OTAN, voir les faibles réactions aux campagnes anti-cubaines, pondérées par des « tribunes libres » qui ne mangent pas de pain,  à la simple soumission au PS ou faut-il aller plus loin, et penser que le même travail accompli sur un Felipe Gonzales l’a été sur le PCF et la CGT ? est-il concevable que la CIA n’ait pas profité de la grande débâcle post-soviétique pour détruire le PCF et la CGT de l’interieur ? ce sont des questions auxquelles l’histoire et les archives apporteront un jour une réponse, ce qui est sûr est qu’il est difficile s’attribuer cette destruction à la seule incompétence… Ou comment j’ai vu les garde-rouges de Georges marchais se transformer en tenant d’une ligne « molle » de soutien de fait à l’Europe, refusant de protester contre l’intervention en Yougoslavie et la suite… note et traduction de danielle Bleitrach


    Par deux fois est apparu le mot « conseiller » dans la conversation que Fidel a eu avec les journalistes vénézuéliens, le dimanche 8 août.  Les noms de Joaquín Villalobos et Felipe González, ex Comandante de la guerrilla salvadorienne et l’ex-secrétaire Général du Parti Socialiste Ouvrier espagnol, respectivement, furent ceux qui surgirent comme par hasard durant le dialogue. Et cela ne pouvait être autrement, étant donné que l’objectif central de la dite entrevue était de mobiliser l’opinion publique devant les périls qui peuvent conduire à une guerre nucléaire.

    Sur le salvadorien, le dirigeant historique de la révolution cubaine a affirmé : “Je me souviens très bien de Tarek William Saab, qui venait d’Anzoátegui,  qui a été au Pakistan, qui y a visité notre brigade, et j’avais lu son indignation comment il se plaignait de la manière dont les yankees lui avaient envoyé Villalobos, qui a étudié à l’Université d’Oxford, il était le révolutionnaire. Tout cela en liaison avec la mort d’un poète, d’un grand poète là-bas  à la suite de calomnies,  de mensonges de la part de ceux qui l’ont dit  », pour ajouter peu plus loin : » mon étonnement ne fut pas moindre  quand j’ai vu qu’ils  l’envoyaient au Venezuela, à la Révolution Vénézuélienne, à un gouverneur de l’un des états les plus riches du Venezuela, un conseiller pour qu’il lui dise comment il fallait gouverner « .

    Dans son livre autobiographique – récemment publié à Cuba -  la vie est écrite avec les rêves, l’actuel vice-président du Salvador, Salvador Sanchez Cerén (Commandant Leonel du FMLN) se rappelle avec douleur le meurtre du poète Roque Dalton, le 10 mai 1975. Sanchez Cerén raconte : « Le grand poète avait la vision non militariste de construire un grand mouvement populaire et il fut de ceux qui ont impulsé l’ERP (une Armée Révolutionnaire du Peuple) la nécessité de lever un front de masses, de cette façon il s’est  heurté à  ceux qui  défendaient la nécessité d’un point de vue militariste à l’intérieur de l’ERP.

    Dans FPL (les Forces Populaires de Libération Farabundo Martí) on évaluait que c’était le groupe dirigé par Joaquín Villalobos  qui s’était opposé à la pensée de Roque et a mené bataille à l’intérieur de l’ERP en  considéraient la position du poète incorrecte et déviationniste, et comment tous ceux qui ne partageaient pas la vision militariste étaient alors  objet de persécution et de meurtre […]nous ne pouvons comprendre ni concevoir que les différences des idées se résolvent par l’exécution de ceux qui ne pensaient pas de la même manière ».Un des fils de Roque Dalton, dans des récentes déclarations à un journal mexicain a affirmé « Joaquin Villalobos non seulement est l’assassin de mon père, mais celui qui l’executa de sa main à l’heure de réaliser l’assassinat et participa lui-même à l’exécution ».

    Terminée la guerre dans son pays, loin de travailler à la reconstruction, Villalobos a reçu une bourse à Oxford – comme Fidel  le mentionne – et avec cet aval il est aujourd’hui un « expert en solution de conflits internationaux » et a conseillé des gouvernements de droite au Mexique, en Colombie et au Salvador sur des « sujets de sécurité ». Conformément à sa trajectoire d’assassin et de complice de la répression des mouvements populaires, l’ex-guérillero apparaît d’habitude dans le journal espagnol PaÏs, où il attaque les processus révolutionnaires en Amérique latine, spécialement Cuba et le Venezuela. Son opinion, publiée dans ce journal, sur le coup militaire au Honduras est un bijou : « Le Gouvernement de fait représente une société apeurée, ce n’est pas une dictature réelle, ni une dictature potentielle. »

    Le centre de l’intrigue que Villalobos a tissée  contre l’auteur de Taverne et d’autres lieux, était de l’accuser d’être un agent de la CIA. Trente-cinq ans après, on s’aperçoit que peu de personnes  ont mieux contribué aux objectifs de l’agence nord-américaine  en Amérique latine que l’extrémiste de 1975. La tentative ratée de le placer dans une position éminente à l’intérieur d’un pays allié stratégique de  Cuba, comme le Venezuela, ne rend pas plus transparent ce curriculum.
    Par ailleurs, le travail de conseiller de Felipe González visait  rien moins que Mijáil Gorbachev, président de l’Union soviétique. González a été mieux accueilli en URSS que Villalobos dans le Venezuela bolivarien : « et Gorbachev disait dans l’une des lettres que Felipe González lui avait rendu visite; bon, je me représentais Felipe comme le moins  ultra des socialistes. Je le respecte beaucoup, mais je ne le vois pas ainsi. Et voilà qu’il disait : ¨ il Vient  nous conseiller sur ce que nous devons faire. ¨ », a rappelé Fidel.


    L’un des aspects les plus inquiétants du film  « l’écrivain », de Romain Polanski, concerne l’idée que les décisions du premier ministre d’une nation importante occidentale puisse  être déterminée par le fait qu’il ait été été recruté par la CIA dès ses années d’étudiant universitaire. Comme cela passe toujours avec l’art véritable, le film de Polanski laisse en  nous des questions et des réflexions qui dureront bien longtemps après que nous l’ayons vu. Ce sont celles qui nous ont effleurées à l’écoute des déclarations  faites par Fidel aux journalistes vénézuéliens, à propos du rôle de « conseiller » du dernier président soviétique Mijáil Gorbachev, tenu par l’ex-chef du gouvernement espagnol.

    Dans le livre La CIA en Espagne, de l’enquêteur Alfred Grimaldos, on retrouve des  faits concernant  la trajectoire d’un des principaux  bénéficiaires  de la dite « transition »  espagnole. Il rapporte son assistance au congrès du parti socialiste espagnol de 1974 à Suresnes, en France, avec un passeport confectionné par le SECED (Service d’Information franquiste) et comment il était escorté par des employés de cette institution. A  cet évènement où – comme il est démontré par la recherche – il y avait plus d’employés franquistes que de participants, un  jeune avocat sévillan fut élu secrétaire général. Un capitaine du CESED raconte dans le livre que, après que González soit revenu de France, un commissaire de Séville qui l’a arrêté « s’est pris une engueulade terrible  et a dû le lâcher tout de suite ». Un autre ex-employé franquiste raconte : « la dictature a favorisé la résurrection du parti socialiste espagnol pour nuire au PCE » (Parti communiste de l’Espagne). Le Congrès de Suresnes avait seulement eu lieu six mois après qu’ait eu éclaté  éclaté, la « Révolution des Oeillets » au Portugal, avec un rôle principal remarqué du Parti communiste, qui avait alarmé les Nord-Américains, qui n’étaient pas disposés à permettre une situation similaire en Espagne.

    González, déjà dans la direction du parti socialiste espagnol, avec l’appui des Nord-Américains et de la social-démocratie allemande a réussi à isoler les communistes dans les négociations de la « transition ». Dans le XXVII congrès de 1979, ila  imposé q que soit éliminé la référence au « marxisme » des statuts du parti. En 1983 – après avoir été élu en 1982  chef du gouvernement – il appuie la stratégie de déploiement de missiles en Europe impulsée par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, et en 1986 ilil promeut l’adhésion espagnole à l’OTAN. ce qui constituait un changement radical dans les positions du parti socialiste espagnol que, dans son XVII Congrès de 1976,  avait proclamé « Non à l’entrée dans  l’OTAN « .

    En relation avec l’OTAN, Javier Solana, un collaborateur proche de González, qui a été, le Ministre de la Culture, le porte-parole du gouvernement et Ministre des Affaires Etrangères, opère le plus spectaculaire des revirements .Solana pase du « non à l’entrée dans l’OTAN » au fait de devenir le secrétaire général de  l’Alliance Atlantique durant l’agression en Yougoslavie, pour lequel il a été unanimement déclaré par le parlement russe, en 1997, un « criminel de guerre ». En 2006, il devient le haut représentant pour la politique extérieure et de sécurité de l’Union Européenne, il a justifiés plus de mille vols illégaux de la CIA en Europe comme faisant partie  de la « guerre contre le terrorisme » – associés aux tortures et à des exécutions extrajudiciaires – avec ces mots :  » Avec nos alliés nord-américains nous partageons la conviction de ce que l’on a besoin d’une action dure « . C’était Javier Solana celui qui a coordonné à son origine l’une des opérations de  propagande anticubaine auxquelles le gouvernement nord-américain a consacré plus de fonds : (elle) a dédié le gouvernement nord-américain, la revue Encuentro de la cultura cubana; la présidente de la fondation du même nom , Anabelle Rodríguez, a raconté dans une interview comment Javier Solana l’a appelée depuis son bureau pour lui proposer le »travail ».

    En résumé, avec des actes aussi éclatants, l’ancien ministre  de la Culture a été à la hauteur de son chef, au moins en ce qui concerne sa capacité à favoriser les intérêts des États-Unis.

    Avec des états de services pareils et des amis comme Javier Solana, Felipe González a été nommé « un ambassadeur pour la célébration des bicentenaires de l’indépendance des républiques latino-américaines », espérons qu’il ne va pas essayer de nous  conseiller …


    Felipe González y Ronald Reagan. Foto: El País
    Felipe González y Ronald Reagan. Foto: El País
     

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