© Giorgio Trucchi - Rel-UITA
« DDT », « Paraquat »... Ces noms barbares font partie du panel de pesticides abondamment déversés chaque année sur les plantations nicaraguayennes de canne à sucre, dans la région de Chichigalpa, à l’ouest du pays. Les 3.000 ouvriers qui y travaillent - jusqu’à 7.000 au moment de la récolte - ne prennent évidemment aucune précaution pour épandre ces produits miraculeux, qui tuent les mauvaises herbes, les insectes ravageurs, et font pousser la canne plus vite. Ils boivent l’eau des rivières, complètement infectée, se lavent dedans, cuisinent avec... sans s’inquiéter.
« Je me souviens simplement que maman nous disait de rentrer dans la maison quand ils épandaient les pesticides par avion », témoigne Carmen Rios, porte-parole d’anciens travailleurs de la canne à sucre, aujourd’hui atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC). De passage en Aquitaine, à l’occasion de l’université d’été du CRID (Centre de recherche et d’information sur le développement) , elle rappelle que les victimes ne sont pas toutes d’anciens travailleurs : « Moi, par exemple, je souffre d’IRC alors que je n’ai jamais mis les pieds dans la plantation. C’est par l’eau, que j’ai été contaminée. »
Une douleur insupportable
C’est la variation du taux de créatinine, une molécule normalement éliminée par les reins et sur laquelle les pesticides ont une influence certaine, qui définit l’état d’IRC. Silencieuse pendant longtemps, cette maladie a des effets de plus en plus ravageurs. « Au début, il y a la fièvre, les maux de ventre, l’hypertension, les maux de tête, des douleurs intenses dans les os, les oublis, explique Carmen Rios. Et puis les douleurs deviennent de plus en plus insistantes et intolérables. » Une personne malade, citée par Peuples solidaires dans son appel à la solidarité avec ces anciens travailleurs, rapporte qu’en phase terminale, « la douleur est si intense, c’est comme si tous les os de votre corps étaient brisés. C’est une mort horrible, une douleur insupportable. » Depuis que le recensement des personnes atteintes d’IRC a commencé en 2000, plus de 3.000 personnes sont mortes. 8.000 ont été déclarées malades.
A force de combat, le mouvement emmené par Carmen Rios obtient en 2004 l’inscription dans le code du travail de l’IRC comme maladie professionnelle. Grâce à quoi 5.400 personnes touchent aujourd’hui 80 euros de pension par mois. « Pour les autres, nous avons diverses tracasseries administratives, notamment avec la sécurité sociale, détaille Carmen Rios. Mais cela devrait se résoudre. Nous souhaitons, en plus, percevoir une indemnisation de l’entreprise qui exploite la canne à sucre et qui est l’une des plus puissantes et des plus riches du pays. » C’est la « Sugar Estates Ltd. » qui gère la sucrerie de Chichigalpa, propriété du Groupe Pellas, qui possède des banques, des usines ou des plantations dans toute l’Amérique centrale et en Floride.
« On ne connaît les ouvriers que par leur numéro »
Pour faire pression sur Pellas, les anciens travailleurs ont marché sur Managua en mars 2009. Et ont décidé d’y rester. Ils sont plus de 300 à camper depuis plus d’un an au pied de la cathédrale, à 600 mètres du siège de l’entreprise. « Nous y allons tous les jours, poursuit Carmen Rios. Tous les matins, nous restons une à deux heures devant le siège, puis nous repartons. Un compagnon égrène les noms de ceux et celles qui sont décédés, en rappelant, à chaque fois, le numéro sous lequel ils étaient enregistrés par l’entreprise. Parce que, chez Pellas, on ne connaît les ouvriers que par leur numéro. »
Jusqu’à quand tiendront-ils le coup ? Dans les rues de Managua, recouvertes de poussière les jours de grande chaleur, les pieds dans la boue quand la pluie se met à tomber, régulièrement harcelés, voire frappés, par la police... « Nous resterons tant que nous n’aurons pas obtenu gain de cause, assure Carmen Rios. Nous voulons être, chacun, indemnisés. Nous réclamons aussi la fin de la consommation de pesticides et la plantation d’arbres dans nos régions désolées par les plantations de canne à sucre. » Un mouvement de boycott du Rhum national produit par Pellas, Flor de cana, a été lancé par un groupe d’étudiants. S’il est suivi, cela pourrait encourager la multinationale à prendre enfin en compte la santé des ouvriers qu’elle emploie.
Nolwenn Weiler
Cette campagne est basée sur l'hypothèse que la centrale sucriere San Antonio (ISA) est responsable, par ses mauvaises pratiques productives, de la maladie d’insuffisance rénale chronique qu’affecterait à un groupe d’anciens travailleurs de cette entreprise.
ANAIRC est une organisation peu connue au Nicaragua et leurs points de vue n'ont pas d’écho dans notre pays tant par leur manque de preuves comme parce que ils ne gardent pas des liens avec ce que c’est la réalité. Il faut prendre en compte que l’entreprise objet de ses attaques est une des plus prestigieuses du Nicaragua, soit pour son système de production, soit par ses pratiques de responsabilité sociale.
Les promoteurs de cette campagne sont bien conscients de cela, raison pour laquelle ils concentrent ses attaques dans l'Internet et ces dernières semaines ils ont adopté une nouvelle modalité d’action, organisant la visite de la présidente d’ANAIRC en France pour y chercher des appuis avec le soutien d’activistes non nicaraguayens d’une trajectoire politique bien connue.
Les porte-paroles d’ANAIRC peuvent trouver facile de chercher dans certains milieux internationaux les supports qu’ils n’obtiennent pas au Nicaragua. Ils utilisent un discours dramatique où ils apparaissent comme des «victimes des abus commis par une entreprise égoïste, insensible et prédatrice». Peu importe s'ils n'ont pas des preuves ou des études qui puissent supporter ses affirmations. En même temps, les données dont ils parlent ne sont pas avalisées par aucune institution publique ou privée du Nicaragua et leur seule source de référence sont eux-mêmes. Pour ANAIRC l'essentiel ne sont pas les arguments bien fondés sinon développer un discours émotionnel qui puisse lui proportionner d’appuis en provenance de secteurs avec lesquelles elle a des affinités idéologiques.
Quelques exemples:
• L’Insuffisance Rénale Chronique est une maladie multi-causale qu’existe dans le monde entier. Ses causes plus connues sont le diabète et l'hypertension artérielle. Il n'existe pas à ce jour aucune étude scientifique qu’établisse des liens de causalité entre le travail dans les plantations de sucre et l'IRC.
• ANAIRC affirme que le DDT, le Paraquat, font partie du panel de pesticides qui sont déversés abondamment chaque année dans les plantations de canne à sucre dans la région de Chichigalpa à l'ouest du pays.
Cette affirmation est complètement mensongère étant donné que la centrale sucrière San Antonio n’utilise pas ce type de produits. Comme on connait, les agrochimiques qu’elle applique sont les mêmes qu’emploi l’industrie sucrière de par le monde. Ceux ci ne causent pas de pollution et leurs noms peuvent être consultés avec l’entreprise par toute personne intéressée.
D’un autre coté il faut prendre en compte qu’à San Antonio on pratique le contrôle mécanique et biologique des ravageurs, ce qui lui a permis d’éliminer presque dans sa totalité l’utilisation de pesticides.
Le contrôle des ravageurs et des maladies est fait naturellement avec des méthodes que n’affectent pas l'environnement.
Les produits chimiques qu’y sont utilisés sont inscrits au Ministère Agricole et Forestier (MAGFOR), ils reçoivent les avals toxicologiques et écotoxicologiques du Ministère de la Santé et du Ministère de l'Environnement et des Ressources Naturelles (MARENA) et sont à leur tour enregistrés auprès de l'Environmental Protection Agency des Etats Unis (EPA).
Dans la centrale sucrière les travailleurs ont des équipements de protection individuelle et on y observe des strictes mesures de sécurité nécessaires pour l'application et l'utilisation des produits agrochimiques. L'équipement de protection se compose d'un uniforme de travail, chemise à manches longues, un chapeau, un masque de protection, un masque avec des filtres, des gants en caoutchouc, bottes et imperméable.
• ANAIRC parle de la pollution massive des eaux dans l'occident du Nicaragua par l'utilisation inconsidérée des pesticides de la part de l’ISA.
Il n'existe pas d'étude, de recherche scientifique même pas des déclarations d’une quelconque institution publique ou privée de notre pays que puisse supporter cette affirmation.
Tout au contraire, les tests qu’ont été faits par différentes entreprises spécialisées aussi bien du Nicaragua que d’ailleurs ont conclus que les eaux analysés dans cette région sont aptes pour la consommation humaine, conformément aux normes établies par l'Organisation Mondiale de la Santé.
• ANAIRC dit que de 2002 à ce jour plus de 3000 personnes sont mortes de la maladie et 8000 autres ont été déclarés malades.
Vraiment c’est incroyable cette affirmation d’ANAIRC car elle n’a jamais présenté les sources de son information et parce que ses chiffres ne coïncident pas avec les statistiques officielles que sur la maladie et ses effets existent au Nicaragua de même que de telles données ne sont pas attestées par aucune institution du pays.
Récemment le Secrétaire Général du Ministère de la Santé du gouvernement nicaraguayen, Enrique Beteta, a déclaré qu’au Nicaragua meurent jusqu’a trois personnes par mois a cause de l'insuffisance rénale chronique (Source: http://www.laprensa.com.ni/2010/04/17/nacionales/22024). Ce chiffre est d’autant plus remarquable si on considère que la maladie est de nature multi causale et illustre une fois de plus la vraie nature de la campagne de dénigrement qu’ANAIRC a entrepris a l’étranger.
Finalement, encore faut-il remarquer que toutes les organisations syndicales de la centrale sucrière San Antonio, inclus celles révolutionnaires et de gauche, ont rejetée la campagne d’ANAIRC.