• APRES LA VAGUE ... REFLEXIONS SUR UNE RECENTE POUSSEE COMMUNAUTAIRE ET SECURITAIRE

    Après la vague... Réflexions sur une récente poussée communautaire et sécuritaire


    Beaucoup de bruit pour pas grand chose, penseront certains. L’encre a en effet abondamment coulé depuis l’émeute du 20 juin à Belleville, et les phénomènes qui y ont brutalement surgi.


    Des témoignages assez complets de ce qui s’est passé ce jour-là ont été publiés dans la foulée, accompagnés d’un certain nombre de remarques critiques plus ou moins pertinentes.
    Nous n’insisterons pas sur les commentaires des inévitables flics de service cherchant à savoir si les présumés auteurs de tel ou tel texte habitent ou non le quartier de Belleville (avec en arrière pensée la volonté de dire que ces textes n’ont pas la légitimité suffisante), ou affirmant de façon tout à fait scandaleuse que les tracts n’avaient pas été diffusés, et que les affiches n’étaient visibles nulle part dans le quartier.

    Chacun est capable de se faire un point de vue sur la question, et nous n’allons pas nous enfermer dans une petite quéguerre pour décerner la médaille d’or du meilleur "travail de terrain", que nous laissons volontiers à ceux qui tiennent encore à se définir comme militants.
    D’autres questions ont par contre été formulées, posant des problématiques bien plus intéressantes.
    Évoquons rapidement, pour commencer, la question émeutière.

    Dimanche soir, alors que les affrontements étaient en cours à Belleville et que les lynchages se poursuivaient, des messages sont apparus sur internet, disant à peu de chose près : « les Chinois ont chassé les flics et tiennent la place du métro Belleville, pour la première fois depuis longtemps, les flics ont abandonné le terrain. Venez vite ».


    Ce type d’appel était stupide pour plusieurs raisons évidentes.
    Tout d’abord, les flics n’ont pas abandonner le terrain, chose qu’ils font de façon très rare, et lorsqu’ils sont réellement débordés (en nombre, en moyen et en détermination) ce qui arrive rarement en situation émeutière.


    Les flics ont délibérément choisi de partir, non dans la panique mais dans le calme, sans charger, et appliquant une décision réfléchie de la préfecture. Si la police a alors pris la décision de partir, abandonnant au passage une voiture banalisée qui sera ensuite retournée, c’est qu’elle a jugé qu’il n’y avait pas particulièrement de débordement à contenir, pas de danger réel pour "l’ordre public". Chose étonnante au premier abord, car durant les affrontements, la police a bien été prise à partie par les émeutiers, parfois avec une violence très intense (contre-charges, jets de bouteilles, de pierres et d’œufs, lutte à main nue, blocages de voitures de flics...), et des groupes de flics en civil ont bien failli se faire dérouiller.

    Mais d’autre part, et cela a eu beaucoup plus d’importance, aucune banque n’a été attaquée, aucun commerce visé, même si la rumeur a commencé à tourner disant qu’un commissariat avait été attaqué. Certes, des voitures ont été retournées (mais pas incendiées) et des cabines téléphoniques défoncées, faits que la police tolère rarement en général. Les raisons de leur retraite volontaire sont donc à chercher ailleurs que dans la seule violence déployée.
    Clairement, les flics ont pris en considération plusieurs facteurs qu’ils jugeaient favorables, et à cause desquels il valait mieux pour eux partir que rester.

    Premièrement, les émeutes ponctuaient une manif pour la sécurité, réclamant plus d’intervention de la force publique pour réprimer les vols, qui selon les manifestants toucheraient particulièrement les « membres de la communauté chinoise », et qui seraient le fait de bandes issues d’autres communautés d’immigrés.


    Il ne s’agit pas dans ce texte de nier l’existence d’un racisme anti-asiatique, ni d’en faire un racisme particulier, car tous les racismes se valent de par leur connerie-même. C’est aussi pourquoi, même d’un point de vue anti-raciste, le fait d’organiser une manifestation contre une forme particulière de racisme pose bien des questions. Nous imaginons bien que cette maladresse n’en est pas une et qu’il s’agit clairement de monter les gens les uns contre les autres.


    Il est vrai qu’à Belleville les patrons “chinois” se font plus voler que les autres, mais il est vrai aussi que les patrons chinois se font plus voler que leurs employés, parce que l’argent ne peut être volé que là où il se trouve.


    Le racisme, c’est lorsqu’on va s’imaginer que n’importe quel “asiatique” va se balader avec des liasses de billets sur lui. Ce genre de cliché n’est pas sans rappeler celui du “juif” forcément blindé aux as (voir par exemple l’affaire Ilan Halimi).
    D’autre part, et ce dans la pure tradition coloniale française, on entend régulièrement sur des terrasses de bar des réflexions du type « à nous les p’tites chinoises » qui font échos aux regards affamés reflétant le sexisme teinté de racisme à l’égard des femmes “asiatiques” et tous les fantasmes de domination qui vont avec. Ces choses existent bel et bien et il faut les combattre.

    Une manifestation bien rance donc, soutenue au départ par la mairie socialiste du XXème arrondissement, socialos qui regretteront a posteriori le caractère trop "communautariste" pris par la manifestation, dans un mélange d’hypocrisie et de mensonge opportuniste propres à tous les charognards politiciens. Si il est paradoxal de parler d’ "émeutes pour l’ordre", il faut bien admettre que celles qui ont eu lieu ce 20 juin en étaient incontestablement.

    On se demande pourquoi diable irait-on manifester pour la sécurité ; sécurité de quoi, sécurité pour qui, et contre quoi ? Sécurité pour les flics, pour les commerçants “bienfaiteurs”, qui disent nous rendre service alors qu’ils ne font que nous vendre des marchandises, pour les banques et autres profiteurs de l’exploitation ? Sécurité contre des gamins qui s’amusent en scooter et qui font exploser trois pétards ?


    On se demande aussi à qui s’adresse cette revendication et ce qu’elle signifie. Ici la réponse est claire, elle s’adresse directement à l’État, à la mairie, à leurs flics et autres agents du contrôle. Elle relaye aussi toute la propagande sécuritaire qu’on nous fait bouffer dans les médias, surtout lorsqu’une quelconque élection pointe le bout de sa sale gueule, créant la menace permanente de l’ennemi posté à chaque coin de rue, du grand criminel au petit délinquant, rêvant tous de s’attaquer au premier venu, créant aussi la nécessité de regarder derrière son épaule, de se méfier de tout le monde, de se trouver des protecteurs, les flics en premier lieu, alors qu’il y a plus de chances de crever sous les balles et les coups des policiers dans la rue comme en garde à vue, que de se faire agresser en pleine rue.


    Il n’est pas question de nier les comportements prédateurs de certaines personnes (car la domination n’est pas le seul fait de l’État, et ne se mesure pas à l’aune d’un code pénal), mais bien de discuter de la question des relations humaines, et ce en d’autres termes que ceux de sécurité, de répression, de prison, d’éducation. De s’intéresser aux causes plutôt que de se focaliser sur tel ou tel phénomène spectaculaire, telle conséquence, de rappeler les liens entre les valeurs, les types de comportements engendrés et encouragés par cette société, et la prédation qui n’en est que le reflet.

    De fait, même s’il peut-être toujours plaisant de voir des gendarmes mobiles se faire canarder, il est évident, et il était évident alors, qu’il n’y avait rien à faire dans cette émeute, à part pour ceux qui parviendraient à se convaincre qu’il y a quelque chose d’intéressant à tenter d’engrainer des réactionnaires et des lyncheurs de gamins contre les keufs, l’ennemi contre lequel tout le monde pourrait se mettre d’accord.

    Les émeutiers, radicalisant les mots d’ordre d’une manifestation officiellement pacifique, se sont organisés pour chasser des groupes de gamins du quartier, qualifiés de voleurs, attaquant au passage la flicaille en lui reprochant de ne pas faire son boulot, d’une part, et d’autre part, d’en être venue à arrêter des manifestants et à les gazer. Dans leur traque aux prétendus voleurs, ces policiers informels, s’organisant en petites milices privées, ont essentiellement visé des gamins étiquetés "africains", "noirs" et "arabes".


    Nous tenons à préciser que si pour nous ces catégories n’ont aucune réalité en tant que telles ("chinois", "noirs", "blancs" ou "beurs"), les personnes ayant participé aux lynchages se sont organisées comme membres de la "communauté chinoise", et ont poursuivi des gens en fonction de leur apparence (vêtements, couleur de peau) et donc de leur supposée "communauté" jugée hostile dans ce cas-là. D’où le double caractère de ces "lynchages-ratonnades", à la fois réactionnaires, puisque voulant punir physiquement et directement des gens qualifiés de voleurs, et racistes, puisque visant des personnes en fonction de la couleur de leur peau. Au-delà de ce qui a été entendu sur place, lors de cette manifestation, on pouvait lire dans une interview à France Soir, des organisateurs affirmer qu’« il y a toujours eu des agressions contre nous. Aujourd’hui, elles sont le fait d’un groupe d’une trentaine ou d’une quarantaine de jeunes, la plupart des mineurs, derrière lesquels se cachent évidemment des adultes. Des jeunes originaires du Maghreb ou d’Afrique noire que la police arrête, quelquefois, et relâche aussitôt ».

    Il a été avancé suite aux émeutes, que la manifestation (donc les émeutes) a été organisée par des groupes influents de l’immigration chinoise, notamment par la "petite bourgeoisie" du quartier, et d’autres coins de Paris (notamment des commerçants du 3ème arrondissement), ramenant au passage et sous la pression collective, tout ce que la dite "communauté" pourrait trouver en soutien. On a effectivement vu des personnes, avant la manifestation, faire le tour des bars et des restaurants, pour inciter les gens à venir à la manif, pour faire du nombre et montrer une image d’ "unité dans la communauté".

    Si cela a marché pour la manifestation, l’émeute et les lynchages n’étaient pas aussi consensuels, même si on a beaucoup entendu sur place des remarques du type « Eh ben oui, si c’est des voleurs, c’est normal que les gens se défendent et veulent punir eux-mêmes si les flics ne le font pas ».


    Du reste, très peu de gens sont concrètement intervenus physiquement pour empêcher les lynchages, même lorsque cela était possible. Peur de se manger des coups au passage, ou caution tacite aux jugements expéditifs contre les "voleurs", il est difficile de répondre sans verser dans la généralité, mais tout cela fut bien dégueulasse à constater.
    On a vu par contre des citoyens tenter de s’interposer entre les flics et les émeutiers, ou essayant d’empêcher les incendies de palettes dans la rue et le renversement des voitures. Comme quoi, la vie de la marchandise a souvent plus de prix que celle des humains...

    Il aurait peut-être été possible de porter un message antagoniste à celui avancé par les manifestants, de dire d’une façon ou d’une autre que nous avons nous aussi nos raisons pour haïr tous les dispositifs de sécurité (police, milices, caméras de surveillance, punitions juridiques...) qui visent indifféremment tous ceux que le pouvoir nomme « délinquants ».
    Mais ce type de réponse, pour être un minimum réalisable et conséquente, n’est pas facile à organiser, et encore, dans le cas où on estime que la question est importante...

    Et la question est grave, que l’on pense que cette émeute est un simple fait isolé, ou qu’elle traduise des phénomènes plus profonds et se développant de façon moins spectaculaire.
    Parce que le lynchage collectif nous répugne, que le racisme est une saloperie idéologique dangereuse, tout comme le communautarisme et les revendications sécuritaires.
    Aussi parce que le racisme, s’il est clairement une arme de l’ennemi étatique (qu’il utilise souvent lui-même, mais en veillant à être "respectable"), n’est pas son monopole, et que ce genre de lynchage ciblé se solde souvent par des représailles tout aussi ciblées et nauséabondes.

    Beaucoup de critiques ont insisté, au-delà de la nécessaire prudence à adopter dans le choix des termes utilisés, pour dire que la situation à Belleville n’était ni celle d’une guerre civile, ni d’une guerre inter-communautaire larvée ; que la haine et le racisme n’étaient pas palpables dans le quartier, et que ces thèses étaient couramment développées par les réactionnaires de tout poil, des identitaires à Zemmour, de Finkielkraut aux divers théoriciens du choc des civilisations, qui prônent au choix l’union nationale, la civilisation occidentale, la souveraineté républicaine, son école, ses valeurs, sa laïcité et sa police, entre autres horreurs.


    Il va sans dire que nous n’avons rien en commun avec ces raclures de chiottes. Des intellos du genre de Finkielkraut peuvent très bien critiquer les conséquences sociales de l’utilisation massive du téléphone portable, en terme d’abrutissement généralisé, et nous aussi, sans que cela constitue un "commun". Il en va de même pour le communautarisme, puisque nous le critiquons dans la perspective d’une libération totale de l’individu vis-à-vis de toutes les normes imposées par la collectivité (qu’elle soit sociale, communautaire, familiale...), alors que des mange-merde à la Zemmour ne font que critiquer une sorte de communautarisme, celle qui remet en cause le socle du républicanisme et son intégration.

    Il nous semble que c’est un mauvais procès contre les textes publiés à chaud sur ce qu’il s’est passé, notamment contre le tract-affiche intitulé A Belleville comme ailleurs...Sur un air de guerre civile, qui fut largement boycotté, et parfois qualifié d’"infâme", voir accusé de relayer la "pensée dominante", même s’il fut tout de même diffusé par des compagnons dans la rue.
    Même si ce texte dépeignait de façon quelque peu "catastrophiste" et peu nuancée la situation, et ne prenait la peine de mettre des guillemets autour de chaque terme problématique, il partait d’une réalité vécue et en proposait une critique assez claire, avec un point de vue antiautoritaire et dans le but de réagir (et oui !) le plus rapidement possible.

    Il n’y a pas besoin de sociologues pour savoir que Belleville est un de ces rares quartiers en France où cohabitent de si nombreuses communautés et confessions, l’histoire du quartier est d’ailleurs forgée par les vagues d’immigration, d’abord polonaise, arménienne et turque, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, puis kabyle d’Algérie et juive séfarade dans les années 50 et 60. Les décennies suivantes verront l’installation d’immigrés asiatiques, de majorité chinoise de la région de Wenzhou, et plus minoritairement, d’Afrique Sub-Saharienne dans les années 80. Il parait clair que de façon générale, l’entente "inter-communautaire" ne sort que très rarement de sa paisibilité, que l’on peut attribuer à un repli tel qu’on peut le constater à peu prés partout dans les grandes métropoles du monde (Londres, NYC, Berlin etc.).

    Il nous parait clair que sans ce repli, des tensions ponctuelles n’apparaitraient pas, comme celles de ce 20 juin, ou encore, aujourd’hui oubliées, celles de juin 1968 qui ont vu éclater un déchainement de violences racistes entre jeunes immigrés "musulmans du Maghreb" et jeunes immigrés "juifs tunisiens". Ces émeutes racistes, parties d’une dispute quelconque autour d’une partie de carte, aboutirent à la destruction ciblée (selon des critères racialistes) d’une cinquantaine de commerces, et la tentative d’incendie d’un lieu de culte (la synagogue Julien Lacroix), il y aurait eu un mort, ce qui n’a finalement jamais été confirmé.

    Dans un quartier où le cosmopolitisme et l’entente inter-communautaire ont été élevés au stade de la mythologie, au point qu’il en est devenu un « élément de décors » pour de nombreux artistes branchés (et la population plus massive dite "bobo", à leur remorque) se livrant à un tourisme social en faisant de Belleville, LE nouveau quartier à la mode, ces deux évènements, aussi rares soient-ils, questionnent ce « mythe de Belleville ». Aussi, il nous parait étonnant que dans les milieux gauchistes, le même engouement soit présent. Il est d’usage de percevoir le quartier comme exceptionnellement tolérant et cosmopolite, mais s’agit-il d’un cosmopolitisme « vrai » où la mixité et le métissage deviennent la réalité, ou plutôt d’un cosmopolitisme de façade, où les communautés distinctes se côtoient et en général se tolèrent, mais ne se mélangent pas ? C’est une des questions que nous voulions poser.

    Les arguments avancés pour dire que Belleville est un quartier "métissé", où les gens se mélangent sans distinction d’"origine", de couleur de peau, ou de religion, consistaient à évoquer quelques endroits précis : bars, PMU, marchés ouverts et autres lieux commerciaux, de circulation de la marchandise. C’est peut-être vrai. Tout le monde ne se retrouve pas "entre renois", entre "bobos branchés" ou entre "juifs" dans la rue, dans les bars, et encore moins sur les marchés, certes. Mais c’est souvent le cas, et ensuite on peut en effet se demander si cela est vécu ou non comme repli, comme regroupement communautaire.


    D’un côté, on se fout de savoir si tel ou tel bar est "métissé" ou non, ou si le fait que les gens sont mélangés au marché en dit beaucoup sur les relations sociales en général. Les gens vont au marché pour acheter des marchandises, pas pour "montrer qu’ils aiment tout le monde sans discrimination d’aucune sorte". On se mélange bien aussi dans le métro, et alors ?


    De l’autre, ce n’est pas la guerre civile à Belleville, et d’ailleurs personne ne prétend que c’est le cas. Ce qui était simplement dit, c’est d’une part que les lynchages (qui n’étaient apparemment pas le fait de personnes "membres de la classe moyenne chinoise", ni de riches commerçants) de par leurs cibles, reflétaient une image de ce qui se passe lors d’une guerre civile, dans laquelle le pouvoir s’en sort toujours indemne, contrairement aux dominés, qui s’y affrontent mutuellement. Et d’autre part, qu’une émeute pareille n’est jamais un fait isolé, même lorsqu’elle est préméditée et ouvertement organisée.
    Et donc, qu’au-delà de cette soudaine poussée de haine et de violence à caractère communautariste, une certaine ambiance existait peut-être déjà, pouvant mener à ces lynchages, et rendant des actes similaires possibles à l’avenir, sans pour autant que le phénomène ne se généralise, ni qu’à plus forte mesure, tout le monde y participe, et c’est heureux.

    Encore une fois, la guerre civile n’est pas faite que de haine raciale et de communautarisme. Elle est aussi guerre de tous contre tous, en fonction de différents facteurs. Et de voir une telle haine exploser contre de supposés voleurs en dit long et ne devrait pas être négligé. On pourrait penser que ces lynchages ont été orchestrés par des groupes de commerçants souhaitant exercer leur main-mise sur une partie du quartier comme sur la main-d’œuvre récemment immigrée de Chine ou d’ailleurs, et que dans ce but, le bouc-émissaire est souvent l’arme communément utilisée pour renforcer un groupe social particulier et ses intérêts. C’est plausible, puisqu’exploiteurs et pouvoir politique sont généralement en bonne entente. Mais personne ne peut nier que les riches ne sont pas les seuls à détester les "voleurs" et à vouloir les corriger.

    Des pauvres mettent des bâtons dans les roues d’autres pauvres, c’est un fait historique, qui suffirait presque à réfuter la notion de classe sociale dans son acceptation la plus primitive intellectuellement, cette autre communauté qu’on oppose si souvent aux "fausses communautés". Il serait donc facile d’avancer que ce jour-là, ce sont les riches commerçants, poussant de force leurs esclaves salariés pour aller au carton, qui ont contrôlé tant la manifestation que les lynchages et les affrontements avec les keufs. Mais ceci n’est que pure hypothèse, déterminée par des schémas idéologiques. Ce n’est pas en niant arbitrairement les conflits qui existent entre pauvres que ceux-ci cessent miraculeusement d’exister, malheureusement.

    Il est évidemment intéressant d’analyser les rapports d’exploitation, et les rapports mafieux qui peuvent exister dans d’innombrables quartiers, comme il serait intéressant de passer au crible la récupération politique de ces évènements, qu’elle vienne des républicains ou des fachos, ou de dire deux mots sur la pacification/gentrification menée par les artistes, entre autres.
    Cela est une entreprise d’ampleur, auquel ce texte n’a pas de réponse.

    Habitant ou non d’un quartier, il y a toujours une différence entre l’image publique, son discours officiel, et ce que les gens peuvent vivre à l’ombre des murs, au boulot, et personne n’est dans chaque discussion "privée", ni dans la tête des individus. D’ailleurs seuls les flics, les juges, les sociologues et les journaleux rêvent de cela. Détestant toutes les crevures pré-citées, nous n’allons évidemment pas mener une enquête pour tirer au clair le pourquoi et le comment.

    Mais nous pouvons provoquer des discussions dans la rue, en portant un message clair, contre les rapports mafieux, les lynchages, la religion, le racisme, le communautarisme, l’exploitation, les rafles, la police, l’État, contre tout ce qui nous rend la vie si insupportable, et la liberté hors de portée, à Belleville comme ailleurs, et c’est ce que nous avons commencé à faire.

    Il reste tant à faire, à faire, à faire...

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    El Sins
    Lundi 13 Septembre 2010 à 00:35
    A propos de réflexion ... A lire me semble t il ...

    " Le discours idéologique républicain a anesthésié toute culture de la révolte " :

    Partie I : http://www.article11.info/spip/spip.php?article889
    Partie II : http://www.article11.info/spip/spip.php?article890

    Cré-@ctivement votre

    Sinsé
    2
    reineroro Profil de reineroro
    Lundi 13 Septembre 2010 à 08:23
    Oui lu dès la parution ^^
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