• Bolivie : Evo et l’USAID

    Par Sylvain

    En Bolivie, une polémique a éclaté sur le possible soutien financier par l’USAID (agence étasunienne) d’une marche indigène contre le gouvernement d’Evo Morales. Cet article rappelle que nombreuses sont les ONG, plus ou moins proches du pouvoir, au financement douteux en Bolivie. A noter, un article du même auteur écrit il y a deux ans sur le même sujet "Bolivie : entre petrolas y ONG"

    Andrés Soliz Rada

    Le Président Evo Morales a affirmé que l’USAID [1] est une “agence de pénétration idéologique et politique au sein des organisations sociales, qui cherche à consolider les intérêts spécifiques de l’impérialisme sur le territoire national” (23 juin 2010). Le vice-président Álvaro García a qualifié cette entité de “raciste, de droite et impérialiste” (19 juin 2010). Ces propos obligent les deux dirigeants à expliquer pourquoi, malgré ces jugements moraux, ils ont permis à l’USAID, à la Banque Mondiale, et aux ONG européennes de concevoir l’État Plurinational tel qu’il est aujourd’hui. L’USAID a financé, en 2004, l’“Unité de Coordination pour l’Assemblée Constituante”.

    L’ONG CIPCA, du jésuite catalan Xavier Albó, est la branche bolivienne de l’agence officielle étasunienne FIA (Fondation Inter-américaine), principal moteur du projet indigéniste et des 36 nations avec leurs justices communautaires respectives. En août 2007, la Chambre des Sénateurs [2] a décidé à l’unanimité de décorer Albó, juste après que furent signés les nouveaux contrats pétroliers qui ont dénaturé la nationalisation des hydrocarbures.

    Leonardo Tamburini, du CEJIS (Centre d’Études Juridiques et de Recherche Sociale), affirme que son ONG n’est financée que par l’Europe. Il fait remarquer que le CEJIS a été un “pilier fondamental de ce qui s’appelle maintenant l’État Plurinational” (“Página Siete”, 26 juin 2010), et s’est dit déçu que le gouvernement s’oppose à la création d’unités territoriales indigènes, qui feraient disparaitre les départements de Bolivie [3]. En ce moment, l’Union Européenne, les États-Unis, la Banque Mondiale et le FMI exigent de la Grèce qu’elle vende plusieurs îles afin de payer sa dette externe.

    Le gouvernement anglais a doté la “nation mapuche [4]” d’un siège, au 6 Lodge Street, Bristol, dirigé par l’indigène Reinaldo Maniqueo, et codirigé par un directoire intégré par les McCarthy, Stanley, Watson, Chambers, Brickley y Harvey (www.mapuche-nation.org). Le projet est lié à la future exploitation pétrolière aux Malouines. La Banque Mondiale est en train d’impulser, de manière accélérée, l’aliénation (transfert de propriété) de terres au profit de pays périphériques. Pendant ce temps, l’USAID sponsorise le référendum au Soudan, qui risque aussi de fracturer le pays (“rebelión.org”, 26-06-10) [5].

    En Bolivie, on cherche à différencier les bonnes ONG des mauvaises. Le doute peut uniquement être levé par les citoyens, grâce à une information suffisante. Il revient à la ministre de la Transparence, Nardi Suxo, d’informer sur les ressources des ONG, leur provenance et leur destination, en commençant par celles dont elle est elle-même proche. L’ex-ministre d’Evo, Juan Ramón Quintana, est membre du Réseau de Sécurité et de Défense (RESDAL), lié au milliardaire George Soros, et soutenu, de plus, par la Fondation Nationale pour la Démocratie (ou National Endowment for Democraty, NED) durant le gouvernement Bush.

    Le Conseil Andin des Producteurs de Feuille de Coca (CAPHJ) est financé par la Commission Andine de Juristes (CAF), avec des ressources de l’USAID et de Soros. Ce personnage a géré le contrat minier de "San Cristóbal” (Potosí), ce qui a permis à ses patrons de se partager un milliard de dollars l’an passé, pour un tribut de 35 millions aux impôts.

    La Fédération Autonome des Municipalités reçoit de l’aide de l’USAID et de l’OXFAM (ONG anglaise). Il est temps de publier ses comptes. Le ministre des Autonomies, Carlos Romero, est expert en mécanismes de financement des ONG. Sa contribution au rapport de Suxo sera vital. Evo a dit qu’il connait les noms des ex-dirigeants du Conseil National des Ayllus et Marcas du Qullasuyo (CONAMAQ) qui ont travaillé pour l’Ambassade des Etats-Unis.

    Il ne devrait pas les garder sous silence. Les partis politiques (surtout le MAS) sont obligés de détailler l’origine et le montant de leurs dépenses électorales, afin de rejeter les soutiens économiques des ONG, des entreprises pétrolières, et des organismes illégaux, convertis en avocats de l’État Plurinational. Cet éclaircissement devrait servir à ce que le pays avance dans l’éradication du colonialisme interne grâce à des politiques propres, et non pas en acceptant le soutien d’organisations étrangères qui cherchent à le désagréger.

    Rebelión

    Source : Andrés Soliz Rada (Ministre des hydrocarbures sous le précédent gouvernement d’Evo Morales) - Rebelión - Evo y USAID
    Traduction : Sylvain

    Notes

    [1] USAID : Agence des États-Unis pour le Développement International

    [2] à l’époque, la majorité au sénat était de droite

    [3] La Bolivie est composée de 9 départements

    [4] Peuple indigène du nord du Chili et de l’Argentine

    [5] http://www.rebelion.org/noticia.php...


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  • Nicaragua : quand Israël appuyait la dictature de Somoza...


    Avec peu de scrupules et un minimum de critique en retour, Israël s’était lancé à la rescousse du dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza Debayle, et, de Septembre 1978 à juillet 1979, l’a aidé à s’opposer à l’Histoire.

    Plus tard, il sera reproché à Israël - alors que Washington et à peu près tous les autres gouvernements dans le monde avaient décidé de boycotter Somoza - de s’être montré disposé à lui fournir des armes.

    Somoza a été initié aux armes israéliennes en 1974 lors d’une exposition spéciale arrangée pour lui à Managua. Il avait acheté des bateaux de patrouille de la classe Dabur et des avions Arava Stoi ; au moment où il a mené sa dernière bataille, il disposait de 14 Aravas pour transporter ses troupes d’un endroit à l’autre.

    Peu de temps après que l’aide des États-Unis Somoza ait été bloquée, l’insurrection a éclaté. En Septcmbre 1978 se déroulaient des combats dans la plupart des villes du Nicaragua et une grève générale massive avait lieu à Managua, soutenue par la quasi-totalité des milieux d’affaires. Somoza imagina le moyen de s’en sortir. Sa Garde nationale [Guardia] [1]utilisa 1000 mitraillettes Uzi et fusils Galil venus d’Israël, et Somoza attendait « des milliers de plus » de Galils. Bien que la plupart des dirigeants latino-américains espéraient sa chute, Somoza a surmonté le défi de septembre. « Les armes made in Israël ont contribué à sauver la dynastie Somoza, » disait un titre de journal.

    L’automne de la même année, des fusils et des munitions israéliennes sont arrivées en grandes quantités. Certains de ces fusils Galil « ont été envoyés directement à une unité de spéciale de terreur commandée par le fils de Somoza, laquelle s’est rendue coupable d’assassinats d’opposants politiques, dont des femmes et des enfants. » La Guardia a également utilisé les nouvelles armes israéliennes lors de ses opérations de « nettoyage », qui se sont déroulées en octobre 1978 dans une demi-douzaine de villes. La majorité des victimes - beaucoup d’entre elles ont été abattues par la Guardia devant leur porte, avaient entre 14 et 21 ans et ont été exécutées simplement parce qu’elles vivaient dans des quartiers où le Front Sandiniste de Liberation Nationale (FSLN) était actif.

    Un conseiller israélien « qui s’est présenté comme un officier de l’armée israélienne », était également présent au Nicaragua et a travaillé dans le bunker de Somoza à Managua. Le conseiller aurait représenté David Marcus Katz, le marchand d’armes israélien basé au Mexique et qui est étroitement lié à l’aile la plus extrémiste du mouvement des colons israéliens, Gush Emunim.

    Les livraisons d’armes israéliennes ont continué. Plusieurs transferts venus par avion ont été livrés la nuit pendant le couvre-feu. Parmi les armes livrées de cette manière se trouvaient des missiles sol-air (malgré que les Sandinistes n’aient pas eu d’armée de l’air). Israël avait un moment donné sa parole qu’il ne serait pas envoyé d’armes à Somoza. Puis les Israéliens ont nié l’avoir fait, mais les responsables américains ont déclaré que les armes israéliennes continuaient d’arriver au Nicaragua. « Notre personnel à Managua nous dit que la Garde nationale [Guardia] va jusqu’à porter à présent des bérets israéliens », a déclaré un responsable américain.

    Le printemps suivant, Israël a envoyé à Somoza du vraiment gros matériel : neuf avions de combat armés Cessna et deux hélicoptères Sikorsky. Le FSLN a abattu sept des Cessna. Somoza a fait une meilleure utilisation des hélicoptères, qu’il a baptisés « Skyraiders. » Ses gardes les utilisaient comme plates-formes pour mitrailleuses, et d’une hauteur de 3000 pieds, les soldats balançaient des bombes par les portes des hélicoptères.

    « Le gouvernement lance des bombes de 250 kilos à partir d’hélicoptères sur les bidonvilles tenus par les révolutionnaires, et il aurait tué jusqu’à 600 personnes en une journée. Les soldats tuent systématiquement les rebelles supposés qu’ils capturent, » écrit le correspondant du New York Times à Managua dans les dernières semaines de la guerre. Après avoir détruit cinq villes et une grande partie de l’infrastructure industrielle du Nicaragua, le 17 Juillet 1979, Somoza a vidé le trésor public et a fui le pays.

    Israël et les Contras

    Certains faits font remonter l’aide israélienne aux contras [2] dès leur apparition en 1979. Il est même possible que Israël ait fait une transition sans heurt de Somoza aux contras à travers ses contacts avec certains d’entre eux dans le réseau privé qui a été dévoilé lors du scandale Iran-Contra, ou Irangate [3] qui a éclaté en novembre 1986. Une partie de ce réseau « a commencé à canaliser l’aide à Somoza via Israël et EATSCO », une compagnie de transport créé par d’autres membres du réseau pour tirer parti des armes que l’Egypte devait recevoir des États-Unis à la suite des accords de Camp David, après que l’administration Carter ait coupé l’aide au Nicaragua.

    Lorsque le dictateur a été renversé, le réseau associé à l’ancien agent de la CIA Edwin Wilson - qui purge actuellement une peine de prison pour une vente d’explosifs à la Libye, entre autres faits - et l’ancien agent de la CIA Thomas Clines ont transféré un « programme d’assistance à la sécurité » qu’ils avaient mis en place pour Somoza, directement aux contras. Ceci impliquait de pourvoir la lie de la police secrète de Somoza au Honduras, une opération cynique qui s’est poursuivie jusqu’en janvier 1981, lorsque l’administration Reagan a pris ses fonctions.

    Un des premiers gestes de l’administration Reagan a été de mettre sur pied des formateurs, avec l’aide de l’Argentine, pour les contras. Des anciens combattants de « la sale guerre » [4] en Argentine ont été enthousiastes à l’idée d’exporter leurs compétences et leurs pratiques. Ils ont formé les contras jusqu’à ce que Washington et Buenos Aires soient arrivés à une croisée des chemins, après que l’administration Reagan se soit alignée sur la Grande-Bretagne au cours de la guerre des Malouines [5].

    Au cours de la période argentine, l’ambassadeur d’Israël au Costa Rica a fourni les contras avec des passeports et des faux noms pour qu’ils puissent voyager à travers l’Amérique centrale. En plus de voyager pour « leurs propres affaires », au moins un contra a été impliqué dans un assassinat de l’Amérique centrale : celui du vénérable archevêque de San Salvador, Oscar Arnulfo Romero [6].

    Dans le même temps, l’administration a proposé à Israël de s’engager dans la guerre contre le Nicaragua : selon un schéma qui allait apparaître comme « la raison d’être » [en français dans le texte - N.d.T] du scandale Iran-Contra, peu de temps avant juin 1981, Israël a reçu des images satellite du réacteur nucléaire d’Osirak en Irak « dans le cadre d’un appel à Israël pour l’aide aux contras ». Israël a utilisé ces images pour détruire le réacteur. On ne sait pas dans quelle mesure, le cas échéant, Tel-Aviv a répondu à l’appel de l’administration.

    A la fin de 1982, cependant, le Nicaragua a accusé Israël d’armer et d’aider les bandes de délinquants de la Garde nationale [somoziste] au Honduras.

    Le fait le plus marquant dans l’entrée en guerre d’Israël contre le Nicaragua est son accord avec la CIA en 1981 ou 1982, pour fournir des armes du bloc de l’Est [pays du pacte de Varsovie] à l’opération alors secrète de mercenaires. Après avoir été un peu « « restreint » par le Congrès dans les années 1970, la CIA a eu des difficultés à procurer des armes « intraçables » aux contras et se trouvait embarrassée lorsque certains des mercenaires brandissaient des armes venant des Etats-Unis à la télévision au début de l’année 1982. Dans un souci de prudence qui a marqué l’ensemble de ses relations avec les contras, le gouvernement israélien a fait semblant de refuser les demandes des États-Unis pour de telles armes « à travers les voies diplomatiques normales », alors que certains anciens fonctionnaires du renseignement israélien prenaient contact avec la CIA avec une offre de fournir des armes venant du bloc de l’Est, dont Israël disposait en abondance. La CIA supposait que l’offre avait l’appui, l’accord ou le parrainage du gouvernement israélien.

    Subsiste la question de savoir si la CIA a accepté cette offre particulière, mais un arrangement a bien été fait dans le début des années 1980 pour fournir les contras avec des armes légères venant de l’Est et de petits missiles portables, bouclant la vente à travers la CIA, qui à son tour a fourni les contras et les rebelles afghans. Cette disposition particulière a apparemment continué jusqu’en 1986. « Lorsque les Israéliens ont présenté leur projet de contrat pour un montant de 50 millions de dollars [...] la CIA a prétendue être pauvre, payant 30 millions de dollars en armes, et pas en cash » [ce qui revient à payer des armes par d’autres armes - N.d.T].

    L’ancien chef du FDN [7] Edgar Chamorro a déclaré que les contras parlaient d’Israël en 1982 comme d’un de leurs partisans au niveau international. Le 7 décembre de cette même année, la direction du FDN a rencontré Ariel Sharon, alors ministre de la défense d’Israël, pendant que celui-ci était en visite au Honduras. Un arrangement a été trouvé à ce moment-là pour canaliser via le Honduras les armes fournis aux contras par les Israéliens.

    Notes :

    [1] La Garde nationale somoziste était le fer de lance de la dictature. Ses enlèvements, assassinats, actes de torture sont indénombrables et le summum de la violence répressive a été atteint lorsque la population nicaraguyenne s’est massivement insurgée avec l’aide du FSLN [Frente Sandinista de Liberación Nacional].

    [2] Opposition armée anti-sandiniste financée et soutenue par les Etats-Unis, avec la complicité directe ou indirecte des dictatures qui sévissaient en Amérique Centrale et en Amérique du Sud (Honduras, Guatemala, Argentine, Chili). Le tant démocratique et tant vanté Costa-Rica prêtait également la main... Les contras avaient une sinistre réputation de violence, de meurtres et exactions diverses à l’encontre des civils des provinces du nord du Nicaragua.

    [3] L’administration du président des États-Unis d’alors, Ronald Reagan, a vendu des armes à l’Iran, (un ennemi avoué de ce pays) par l’intermédiaire d’Israël (un autre pays ennemi de l’Iran) . L’argent ainsi collecté servait à financer les contras.

    [4] Une junte militaire gouverne l’Argentine de 1976 à 1983, généralisant les disparitions forcées [desaparecidos], ainsi que les emprisonnements arbitraires et l’usage de la torture contre les opposants politiques, leurs familles (y compris les enfants), les amis, les voisins, etc..., avec un réseau de plus de 500 centres clandestins de détention. On estime le nombre de disparus à plus de 30 000. Toute une génération intellectuelle, militante, politique a été décimée dans ces années-là.

    [5] Le 2 avril 1982, la dictature en Argentine, issue du coup d’État militaire de mars 1976 fait envahir les îles Falkland (Malvinas en espagnol et Malouines en français), colonie britannique depuis 1833. L’objectif était manifestement de tirer un bénéfice politique d’une revendication historique sur les Malouines. Le gouvernement britannique [sous la direction de Margaret Tatcher] a réagi avec une extrême violence et a reconquis les îles, exploitant sans vergogne un délire nationaliste, profondément chauvin.

    [6] Le 24 mars 1980, Monseigneur Oscar A. Romero, archevêque de San Salvador, capitale du El Salvador, est assassiné en pleine église à cause de son opposition à la violence et de son appel à un compromis dans la guerre insurrectionnelle qui frappe le pays. Romero s’était préalablement attiré la haine des groupes paramilitaires d’extrême droite en faisant connaître son opposition aux arrestations arbitraires.

    [7] Fuerza Democrática Nicaragüense, une des organisations anti-sandinistes basées au Honduras et soutenues par les Etats-Unis

    Third World Traveler - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://www.thirdworldtraveler.com/M...
    Traduction : Claude Zurbach Source ici

     

     


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  • VENEZUELA : FRANCISCO CHÁVEZ ABARCA, LE BRAS DROIT DE POSADA CARRILES, ARRÊTÉ AU VENEZUELA

    Surnommé “El Panzón” [Gros Bide], l’homme est également inscrit sur la liste rouge des terroristes recherchés par Interpol pour son implication dans plusieurs attentats à l’explosif à Cuba dans les années 90.

    CUBADEBATE
    Auteur : CUBADEBATE

    Le Président vénézuélien Hugo Chávez a annoncé ce vendredi 2 juillet l’arrestation du Salvadorien Francisco Chávez Abarca, accusé d’être le bras droit du terroriste Luis Posada Carriles et l’auteur de plusieurs attentats à l’explosif à Cuba. L’arrestation a eu lieu suite à une opération des services secrets dans la nuit de jeudi alors qu’il tentait d’entrer au Venezuela.

    Dans un discours depuis le Palais de Miraflores (siège du gouvernement), le président a expliqué qu’Abarca avait été arrêté à l’aéroport de Maiquetía (nord) et transféré au siège des Services Secrets Bolivariens (Sebin) pour y être interrogé.

    Francisco_Chavez_AbarcaSurnommé “El Panzón” [Gros Bide], l’homme est également inscrit sur la liste rouge des terroristes recherchés par Interpol pour son implication dans plusieurs attentats à l’explosif à Cuba dans les années 90.

    Suite à cette arrestation, le Président vénézuélien s’est demandé pour quelle raison le Salvadorien a voulu entrer dans le pays et il a ordonné d’enquêter sur qui devait l’accueillir.« Que cherchait Chávez Abarca au Venezuela ? Qui devait l’accueillir ? », s’est demandé le Président, avant d’informer que le détenu serait remis à Interpol pour qu’il soit transféré à Cuba, pays qui avait sollicité son arrestation.

    Il était certain que « ce monsieur était venu, ici, pour me tuer (…) c’est mon cœur qui me le dit », et il lui a demandé de parler pour expliquer la « mission spéciale qu’il était venu accomplir au Venezuela ».

    Il a dit qu’à mi-chemin de la révolution et à l’approche des élections parlementaires en septembre « il était bizarre qu’un terroriste de ce calibre vienne sur le territoire ».« Posada Carriles doit être très nerveux car nous avons attrapé un des siens », a-t-il ajouté.

    Chávez Abarca a été détenu pendant deux ans au Salvador pour avoir été le chef d’un réseau spécialisé dans le vol de voitures dans ce pays, mais la justice ne s’est pas embarrassée de le juger pour les autres crimes internationaux dont il était accusé.

    Abarca et 21 autres membres de sa bande avaient été arrêtés pour vol de voitures et escroquerie. Les autorités avaient alors assuré qu’il s’agissait « d’une des filières principales du crime organisé, spécialisée dans le vol de voitures et l’escroquerie au niveau national et en Amérique centrale ».

    Le 28 octobre 2007, un juge complaisant libérait Chávez Abarca malgré ses activités délictueuses. Sans qu’il n'ait jamais eu à répondre sur son rôle de principal complice de Luis Posada Carriles pour une campagne de terreur qui n’a jamais été mentionnée devant les tribunaux salvadoriens malgré les plaintes répétées.

    Dans les années 90, il a été signalé comme narcotrafiquant ainsi que comme trafiquant d’armes et de fausse monnaie au Guatemala.

    Il a usé des alias Manuel González, Roberto Solórzano et William González, et a effectué trois brefs séjours à Cuba, en avril et mai 97 pour commettre plusieurs attentats.

    Le 12 avril 1997, il avait armé une bombe chargée de 600 grammes de C-4 causant d’importants dégâts matériels dans la piscine de la discothèque Aché de l’Hôtel Meliá Cohíba.

    Le 30 du même mois, un engin explosif de 401 grammes de C-4 était désactivé. C’était le Salvadorien qui l’avait placé dans un vase d’ornement dans la chambre 15 du même hôtel.

    Le 24 mai de la même année, alors que Chávez Abarca se trouve au Mexique, une bombe explose à l’entrée des bureaux de la compagnie Cubanacán située dans la capitale.

    Le président vénézuélien a rappelé que cela fait cinq ans que son gouvernement réitère sa demande officielle à Washington pour l’extradition de Posada Carriles, 82 ans, ex-agent de la CIA, responsable, parmi d’autres crimes, de l’attentat du 6 octobre 1976 contre le vol 455 de la compagnie Cubana de Aviación, faisant exploser l’avion et tuant la totalité des 73 passagers.

    Posada Carriles se déplace librement aux USA, gêné seulement par les autorités d’immigration qui lui reprochent d’être entré illégalement sur le territoire usaméricain. Ce pays n’a jamais répondu aux sollicitations du Venezuela.

    Sa recrue a posé la bombe qui a tué Fabio di Celmo

    En 1997, sur directives de Posada Carriles, c’est « Panzón » Chávez Abarca qui a passé un contrat avec le mercenaire Ernesto Cruz León pour que celui-ci exécute des missions terroristes à Cuba, en lui disant que lui-même l’avait déjà fait, et en l’instruisant rapidement sur le maniement et la confection d’engins explosifs.

    C’est ainsi que Cruz León a réalisé deux voyages à Cuba, au cours desquels il a posé des bombes dans des hôtels de la Havane, dont une a tué le jeune touriste italien Fabio di Celmo, le 4 septembre 1997 ; ce fut le moment le plus tragique de la campagne criminelle de terreur que Posada avait lancé pour le compte d’une création de la CIA, la Fondation Nationale Cubano-Américaine.

    (avec des informations de Telesur)

    Traduction : Esteban

    Révision : Fausto Giudice

    Source Tlaxcala


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  • Retraites, finance... et Bolivie

    A l’heure où chez nous, en France, le gouvernement s’apprête à repousser l’âge de départ à la retraite à plus de 60 ans et à augmenter le nombre d’annuités pour bénéficier d’une retraite à taux plein, et cela sans toucher sérieusement aux revenus du capital, en Bolivie, le gouvernement socialiste anti-libéral de Evo Morales s’apprête à faire voter une nouvelle Loi sur les retraites, discutée avec la principale centrale ouvrière du pays (la COB), qui abaisse l’âge de départ à la retraite de 65 à 58 ans, avec les mêmes avantages.

    Cet âge sera même rabaissée à 56 ans pour les ouvriers du secteur minier, avec possibilité de baisser encore cet âge selon certains travailleurs, dans ce cas un an travaillé à l’intérieur de la mine comptera pour deux années.

    Tout cela s’inscrit dans le cadre de la reconstruction du système Bolivien de retraite par répartition mis à sac par des décénnies de libéralisme économique...

    Début février 2008, le président Morales avait déja instauré une pension "dignité" destinée aux retraités vivants sous le seuil de pauvreté, dans un pays où deux habitants sur cinq vivent avec moins de 2 dollars par jour. ..Pour financer cette allocation, le gouvernement de Morales avait instauré une redistribution des richesses liée aux hydrocarbures (Gaz et pétrole), mettant ainsi à contribution les riches régions de l’est Bolivien qui s’étaient arrangées jusque là pour bénéficier de la quasi-totalité de ces revenus.

    Refusant de partager le gâteau, l’oligarchie Bolivienne avait, avec à la complicité de l’ambassade américaine, tenté de déclencher une guerre civile destinée à renverser le président Morales.

    La France n’est évidemment pas la Bolivie, ses niveaux de revenus, de pensions de retraites et de vie sont très éloignés certes, mais n’y a t-il pas là encore, matière à s’inspirer d’un gouvernement progressiste qui élabore et vote des lois qui ne séparent pas l’aspect humain de l’aspect économique.

    N’y a t-il pas intérêt à s’inspirer une fois de plus de ces gouvernements progressistes latino-américains qui ont choisis leur camps entre les requins de la finance, les affameurs du FMI et de la Banque Mondiale d’un côté, et le bien-être du peuple de l’autre.

    La Bolivie, comme le Venezuela et l’Equateur, ainsi que les pays membres de l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les Amériques) ont décidé depuis quelques années déja de renvoyer les technocrates du FMI dans leurs bureaux New-yorkais, et de gérer eux-mêmes leurs pays, leur économie, et leurs systèmes de retraites.

    Contrairement à nos gouvernements Européens, celui de Evo Morales, estime que l’humain passe avant les considérations économiques, il estime aussi que ce sont ceux qui ont le plus et qui provoquent les crises financières qui doivent mettre la main à la poche..

    Il estime que les ressources de son pays ne doivent plus servir à garnir les comptes des multinationales étrangères et des oligarques locaux, mais au contraire à développer économiquement et socialement une nation désormais libre du diktat des marchés financiers et de ses alliés.

    Une belle source d’inspiration que cette Amérique Latine rebelle et progressiste n’est-ce pas ? Ne devrait-on pas avoir les yeux rivés sur ces nations et ses peuples qui remettent en cause ce que l’on a commencé à nous faire subir ici : à savoir la dégradation de nos conditions de vies et la destruction de nos acquis sociaux, résultants d’années de luttes, tout cela au nom de la course au profit des plus riches et du libre-marché "sacré"..

    Sarkozy n’est pas Morales, et nous le regrettons bien.

    Frédéric André Ici


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  • Manuel Antonio Noriega, le soldat déchu de l'Empire américain

    L'ancien chef de l'État panaméen a été condamné à sept ans de prison et à la saisie de 2,3 millions d'euros pour blanchiment d'argent de la drogue par le tribunal correctionnel de Paris, mercredi. Retour sur le parcours d'un pilier de la politique des États-Unis en Amérique Latine.

    Un surnom à tomber par terre – cara de piña (« face d’ananas ») –, qui lui vient de son visage grêlé. Un look de petite frappe hispano – cheveux en arrière et regard dur – prête à tout pour se faire une place au soleil noir des cartels. Une attitude à la Michael Corleone, le chef mafieux joué par Al Pacino dans Le Parrain, tantôt comique, tantôt effrayant, mais toujours fascinant… La vie de Manuel Antonio Noriega, ex-gamin des bidonvilles de la cité de Panamá devenu informateur, manipulateur, puis dictateur, avant d’échouer dans des geôles étrangères, ferait un excellent scénario hollywoodien. En 1992, le Washington Post n’écrivait-il pas que « ce personnage infâme est une créature américaine » ?

    Extradé des États-Unis le 26 avril après vingt ans passés à la prison de Miami, c’est à Paris que l’ancien homme fort du Panamá, accusé par la justice française de blanchiment d’argent, pourrait finir ses jours. Au cours des trois journées de son procès, fin juin, le vieil homme (76 ans) est apparu usé, fébrile. Condamné par contumace en 1999 à dix ans de réclusion et 13,5 millions d’euros d’amende, Noriega avait fait appel – d’où ce second procès. À l’issue d’un débat peu instructif, le procureur a requis la même peine.

    Malgré des conditions de détention à la prison de la Santé qualifiées d’indignes par ses avocats – sans comparaison, en tout cas, avec la « suite » de trois cellules, avec bureau et fax, que lui avaient allouée les Américains en tant que prisonnier de guerre –, Noriega, costume sombre, chemise blanche et cravate rouge, a d’abord retrouvé la fougue de sa jeunesse : « Je suis victime du même complot que celui orchestré contre moi par les États-Unis. Ils m’ont accusé d’être un voleur, un assassin, un corrompu, un tyran et, pour finir, un narcotrafiquant. » Et puis, quand la présidente du tribunal est entrée dans les détails de ce qui lui est reproché – le blanchiment, via la France, en 1988 et 1989, de plusieurs millions d’euros tirés du trafic de drogue –, il s’est tassé sur sa chaise. Son visage taillé à la serpe a disparu derrière le muret de son box…

    Qualifié de « Néron tropical » lors de sa chute, Noriega cumulait beaucoup de tares. Un rapport de l’administration américaine le juge alcoolique, sanguinaire, violent, ambitieux, mais aussi « intelligent ». Des monstres, l’Amérique latine en a produit beaucoup. Et Washington les a toujours soutenus jusqu’au bout. Pourquoi pas lui ? Bonne question.

    Pilier de la politique américaine

    Né de père inconnu, le jeune Noriega s’est construit dans l’adversité. « La pauvreté m’a appris à me battre », dit-il. À se vendre aussi – ou plutôt à se louer. Aux Américains, d’abord ; puis aux Cubains ; peut-être aussi aux Russes. Au cours de ses années d’études à l’école militaire de Lima, au Pérou, la CIA l’utilise comme informateur, avant d’en faire l’un des piliers de la politique américaine en Amérique centrale.

    À son retour du Pérou, il est repéré par Omar Torrijos, un nationaliste qui prendra le pouvoir en 1968 et le placera à la tête du service de renseignement de l’armée. Son mentor était-il au courant de sa double vie ? Mystère. En 1981, Torrijos meurt dans un curieux accident d’avion. Deux ans plus tard, Noriega prend la tête de l’armée. Jusqu’en 1989, les présidents fantoches se succèdent, mais c’est lui qui décide. Il rêve de poursuivre l’œuvre de Torrijos, l’homme qui, en 1977, arracha aux États-Unis un accord transférant le contrôle du canal de Panamá aux autorités locales. Hélas, il n’en a pas la stature.

    Après sa prise du pouvoir, Noriega reste l’homme des Américains. En 1982, pendant la guerre des Malouines, il vend, à la demande de la CIA, des missiles à l’Argentine. Plus tard, il servira de médiateur entre Ronald Reagan et Fidel Castro. « Les États-Unis ont cru en moi », a-t-il rappelé, à Paris. Pourquoi, dès lors, ont-ils envoyé des milliers de soldats pour le renverser ? Est-ce parce que, depuis plusieurs mois, il jouait sur le sentiment « antigringos » afin d’amadouer le peuple ? Parce qu’il était soupçonné d’avoir livré des secrets aux Russes et aux Cubains ? Ou parce qu’il refusait d’être « un béni-oui-oui », comme il l’assure depuis vingt ans ?

    Les bonnes relations avec Paris

    Sa descente aux enfers aura lieu en deux étapes. En décembre 1989, l’opération Juste cause le renverse, tuant au passage entre 3 000 et 5 000 Panaméens ; puis, en 1992, la justice américaine le condamne à quarante ans de réclusion pour trafic de drogue (ramenés à dix-sept ans pour bonne conduite). Mais les ennuis de Noriega avec « l’Empire » ont commencé dès 1986. Il fraye alors un peu trop avec le cartel de Medellín, tandis que le Panamá devient une plaque tournante du trafic de cocaïne. Noriega s’est toujours défendu d’y avoir trempé, mais les justices américaine et française n’en croient rien. Au début des années 1980, Noriega s’achète trois appartements de grande valeur à Paris. Sa femme et ses trois filles font le bonheur des magasins de luxe. Mais Noriega fréquente aussi des militaires de haut rang, des responsables socialistes, et est en contact avec François Mitterrand. « Depuis 1977, j’ai été en relation avec la France à tous les niveaux : politique, militaire, économique et culturel », soutient-il.

    Le premier jour de son procès, le vieil homme a arboré la Légion d’honneur qui lui a été décernée en 1987. Ses avocats ont rappelé que le statut de prisonnier de guerre accordé par Washington devrait interdire qu’il soit jugé en France. Me Metzner, l’un de ses avocats, a demandé aux juges de tenir compte de « ce qu’il a fait pour les États-Unis et la France », et de l’autoriser à rentrer dans son pays, où il a été condamné pour l’assassinat de deux opposants. Mais rien à faire : pour le procureur, il n’est qu’un « délinquant de droit commun ». Un délinquant à qui la France avait quand même jugé bon de remettre sa plus haute distinction.

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  • Colombie : La victoire de Santos est le triomphe illégitime des partisans de la continuité de régime


    AUTEUR:   FARC-EP

    Traduit par  Esteban G., révisé par Michèle Mialane. Édité par Fausto Giudice


    Avec le triomphe illégitime du continuisme rejeté par l’abstention citoyenne, le pays est entré dans un processus de radicalisation de la lutte politique, dans lequel le peuple sera protagoniste en première ligne.

    Toute la machinerie étatique, toutes les ressources mafieuses du gouvernement, ses manœuvres délictueuses de fraude et de corruption, de chantage et d’intimidation, ont été mises au service de la victoire du continuisme cherchant ainsi désespérément à créer un  bouclier pour éviter à Uribe d’avoir à répondre devant le peuple et de la justice d’une accusation imminente de gestion criminelle et de haute trahison.
     
    Le régime d’Uribe a été la plus importante tentative d’imposer par la violence un projet politique ultralibéral d’extrême-droite fondé sur le para-militarisme. Son gouvernement restera dans l’histoire comme l’un des plus honteux de ces dernières décennies, le pire assassin de sa population civile, le plus à la botte des USA, et de ce fait, le plus grand générateur d’instabilité dans les relations avec les pays voisins.
     
    Pendant ces huit années, c’est le mensonge et l’imposture, la manipulation et la tromperie qui ont gouverné. Uribe et les partisans de la continuité de son régime ont fait croire que sa politique garantissait la sécurité de tous les citoyens, alors qu’en réalité elle protégeait, par la répression, les profits des secteurs d’investissements privilégiés, qui ont accru le chômage et la pauvreté. Ils ont fait croire que défendre la souveraineté voulait dire remettre les clés de la nation au gouvernement de Washington et transformer la Colombie en un pays occupé par l’armée d’une puissance étrangère.

    Ils se sont débrouillés pour annoncer qu’ils mèneraient avec acharnement la lutte contre le narcotrafic alors que le président Uribe lui-même, le DAS [Département administratif de sécurité, service de renseignement, NdE] et le général Naranjo, ont un long passé de liens avec la mafia du narcotrafic. Ils disent au pays qu’il n’y a pas de guerre ni de conflit armé, mais il y a le Plan Patriote et l’invasion yankee…
     
    La réalité de la  sécurité démocratique, ce sont les faux positifs et l’impunité. Elle est ce qui permet d’élire un Président qui a été le ministre de la Défense le plus actif à promouvoir ces crimes contre l’humanité, et de distribuer les terres à l’agro-industrie paramilitaire, car celle-ci, bien sûr, a financièrement les reins solides, ce qui n’est pas le cas des paysans pauvres. La sécurité démocratique, c’est aussi allouer l’argent public -ou être assuré d’en faire cadeau  - aux chefs d’entreprises de l’agro-industrie qui ont financé les campagnes électorales.

    La sécurité démocratique, ce sont les fosses communes contenant plus de 2000 cadavres, comme celle qui se trouve près de la base militaire de la Macarena, ainsi que les 4 millions de paysans déplacés par la violence de l’État. C’est le mensonge qui proclame la fin de la guérilla bolivarienne des FARC-EP alors que la vitalité de cette organisation l’inquiète et qu’elle mène un farouche combat pour une Colombie nouvelle comme elle l’a bien dit dans ses communiqués militaires du mois de mai. La sécurité démocratique, c’est modifier la Constitution pour l’adapter à des intérêts particuliers lorsque c’est nécessaire, c’est disposer d’une majorité factice dans le Congrès et fragiliser l’autorité du Parlement grâce à la claque des inconditionnels. C’est aussi distribuer des postes, des charges et des contrats, et profiter de son passage au gouvernement pour s’enrichir sans aucun état d’âme.
     


    Ambition sans frontières, par Vladdo: Juan Manuel Santos, debout sur une montagne de  cercueils de victimes d'exécutions extrajudiciaires: "Pour arriver à la présidence, je suis prêt à tout"

    La défense abjecte du militarisme à laquelle s’est livré Uribe et son appel à créer de nouvelles lois qui garantiraient l’impunité aux militaires, annoncent ce que va être la présidence de Juan Manuel Santos. Ses lamentations cyniques et ses gémissements hypocrites en faveur d’un tortionnaire-assassin comme Plazas Vega, des grands chefs militaires et de l’ex-président Belisario Betancur, tous responsables du massacre du Palais de Justice, prouvent avec une évidence pathétique qu’il cherche dès maintenant à se protéger contre de futures accusations portées contre lui.

    Et c’est évidemment une façon d’arrimer le narco-paramilitarisme à la tête de l’État, avec les garanties légales de pouvoir continuer à faire disparaître, torturer et assassiner les opposants au régime. Le « code militaire » réclamé par Uribe est une patente à l’impunité des criminels comme le démontre l’histoire récente de la Colombie.
     
    Le Président, en prenant ardemment la défense de l’ex-directeur de la DIAN [Direction Nationale des Impôts et des Douanes] et de « l’UIAF » [Unité d’Information et d’Analyse financière], M. Mario Aranguren, qui avait commis des délits en faveur d’Uribe et certainement sur ses ordres, montre bien la nature de celui qui tient toujours à occulter, non seulement son passé criminel, mais aussi les bassesses honteuses auxquelles il s’est livré en tant que gouvernant.
     
    Nous entamons une nouvelle période de quatre ans dans laquelle va se poursuivre une offensive oligarchique tous azimuts  contre le peuple, drapée dans de douces mais trompeuses promesses officielles de victoire militaire [contre la guérilla], sans cesse répétées pendant 46 ans, sans se soucier des causes qui génèrent le conflit et encore moins s’engager à les combattre.
     
    La profonde crise structurelle dont souffre la Colombie n’a pas de solution dans le continuisme. L’extrême-droite néolibérale, qui croit encore qu’elle peut la résoudre d’en haut, a réalisé une union nationale sans peuple, où seules règnent les ambitions des mêmes personnes, celles qui s’enrichissent grâce à l’investissement garanti : les groupes financiers, le secteur patronal, les éleveurs et latifundiaires, les paramilitaires, les partis politiques qui se battent comme des chiens pour se disputer les prébendes du pouvoir, les grands médias qui applaudissent les succès, mesurés en litres de sang, de la politique guerrière… Là, le peuple est oublié car la prospérité de tous ceux-là se nourrit de la misère et de l’exploitation de ceux d’en bas, des exclus.
     
    Ce bicentenaire du cri de l’indépendance doit ouvrir la voie à la lutte du peuple pour ses droits, pour la patrie, pour la souveraineté, la justice sociale et la paix. Il est possible de changer les structures injustes si tout le peuple se mobilise et lutte pour sa dignité. On ne peut rien attendre des assassins incrustés à la tête de l’État. Seule la lutte unitaire peut nous conduire à une Colombie nouvelle. Comme nous l’avons dit depuis Marquetalia en 1964, nous sommes toujours disposés à chercher des issues au conflit, en rappelant en même temps, que notre décision de tout donner pour le changement et l’intérêt du peuple est inébranlable, quelles que soient les circonstances, les obstacles et les difficultés qui nous seront imposés. La justice sociale triomphera grâce à la mobilisation du peuple.
     
    Secrétariat de l’État-major central des FARC-EP
     
    Montagnes de Colombie, le 21 juin 2010

     


    Source : FARC-EP-Colombia: la victoria de Santos es el triunfo ilegítimo del continuismo

    Article original publié le

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  • Costa Rica : le ton monte autour de la présidente

    Par Primitivi

    Le Parlement du Costa Rica a approuvé vendredi la proposition gouvernementale de permettre à 46 navires de guerre étasuniens de patrouiller dans les eaux territoriales costaricaines, sous couvert de guerre contre le nacrotrafic.

    Dans le pays, que ce soit du côté de la société civile ou dans les partis d’opposition, personne ne croit à une réelle volonté de lutte contre le narcotrafic avec un tel déploiement de force. Tous optent plus pour un renforcement de la présence militaire US dans les Caraïbes et a une pression accrue mise sur les gouvernements de Cuba et du Venezuela, mais également sur tous les pays ayant intégré l’ALBA.

    Laura Chinchilla, présidente du Costa Rica
    (photo : Prensa Latina)

    Les critiques redoublent contre la présence militaire américaine au Costa Rica
    par Yeanny González Rocher

    La présidente du Costa Rica, Laura Chinchilla, fait aujourd’hui face à de fortes critiques contre son gouvernement pour un accord permettant aux États-Unis de déployer 46 bâtiments de guerre sur les côtes costaricaines sous prétexte de lutte anti-narcos.

    Face aux craintes et aux remises en question en provenance de divers secteurs sociaux, la présidente a affirmé sur sa page Facebook que l’administration actuelle ne cherche pas à militariser la lutte contre la drogue, mais qu’il s’agit d’une opération conjointe des services garde-côtiers des deux nations [1].

    La semaine dernière l’Assemblée Parlementaire a approuvé par 31 voix contre 8 l’octroie à la Maison Blanche d’une autorisation d’entrée dans des eaux territoriales costaricaines pour 46 navires, 200 hélicoptères, 7000 hommes et 10 avions de combat Harriet, pour une période allant du 1 juillet au 31 décembre 2010.

    Mais la décision du Congrès a entraîné un rejet immédiat des secteurs sociaux et des partis d’opposition, qui ont qualifié cette autorisation d’illégale et de viol de la souveraineté costaricaine.

    La présence jusqu’en décembre de cette flotte dans la zone économique des eaux costaricaines de l’Océan Pacifique et de la Mer des Caraïbes compromet sévèrement le pays, au moment où il adhère au programme de guerre de Washington et transforme le territoire en objectif militaire, a fait remarquer la Commission Nationale de Liaison (CNE), du Mouvement Populaire.

    Dans des déclarations au quotidien Nation, la CNE a fait également remarquer qu’avec cette autorisation, le gouvernement de Laura Chinchilla adhère ouvertement au Plan Colombie et au programme d’agression et de guerre contre la République Bolivarienne du Venezuela et d’autres pays sud-américains ouvertement menacés par les États-Unis.

    D’autres partis d’opposition comme l’Action Citoyenne, le Front Étendu et l’Unité Sociale Chrétienne, ont exprimé leur rejet de cette décision après avoir déclarés que la force destructive des bateaux, hélicoptères et des soldats d’infanterie navale est complètement disproportionnée pour affronter le fléau du trafic de drogues.

    D’une manière égale, ils ont qualifié la mesure comme étant une occupation militaire dérivée des compromis passé dans le chapitre sécurité du Traité de libre commerce (TLC), signé par l’ex-président Oscar Arias (2006-2010), qui avait déjà transformé le Costa Rica en protectorat de la Maison Blanche.

    Source : Prensa Latina "Arrecian críticas a presencia militar estadounidense en Costa Rica"
    Traduction : Primitivi

    Notes

    [1] Ceci dit, faut-il vraiment 46 navires de guerre, 200 hélicoptères et 10 avions de combats pour faire la chasse aux vedettes (certes rapides) ou aux bateaux de pêche qui servent de transport à la cocaïne colombienne ? La plupart des acteurs du Costa Rica sont en tout cas convaincus du contraire. Cette justification paraît tout de même bien légère face à la lourdeure de l’armada US


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  • San José (elpais.cr) - El Poder Ejecutivo y el Directorio de la Asamblea Legislativa corrían este miércoles para aprobar el permiso de permanecer en el país, durante un año, a naves artilladas y 4.000 militares de la Marina de los Estados Unidos, que se alternarían para supuestamente combatir el narcotráfico en aguas costarricenses.

    El presidente del Congreso, José Luís Villanueva, exhortó a los diputados a acelerar sus intervenciones porque los permisos deben ser otorgados, ya que la primera fuerza naval estadounidense llegaría este 1 de julio a aguas nacionales, como parte de un operativo que concluiría dentro de un año.

    Debido a la oposición de legisladores de los partidos Frente Amplio y Acción Ciudadana (PAC), Villanueva, junto con los jefes de fracción acordaron votar el permiso para las naves de la Guardia Costera estadounidense, mientras que este jueves se discutiría el arribo de las fuerzas navales.

    La Guardia Costera, junto con la sección de vigilancia marítima, del Ministerio de Seguridad Pública, patrulla conjuntamente en ambas costas, desde la administración de Miguel Ángel Rodríguez Echeverría (1998-2002), con el fin de combatir el narcotráfico.

    El legislador del Frente Amplio, José María Villalta, cuestionó el monumental operativo antidrogas, que involucra a un portaviones con un centenar de helicópteros, así como un buque hospital.

    Villalta llamó la atención de que en caso de accidentes, contaminación ambiental o delitos penales cometidos por los militares estadounidenses, estos se someterían a las leyes de su país, y los perjudicados en Costa Rica deberían ir a tribunales de Estados Unidos a reclamar.

    Por su parte, Carmen Muñoz, del PAC dijo a elpais.cr que “no es que estemos en contra de estos convenios de lucha contra el narcotráfico; pero queremos que nos expliquen cuáles han sido los resultados de estos acuerdos anteriores”.

    “Pero aquí no se puede ni preguntar nada, lo mandan hoy (la solicitud de los permisos), y hay que aprobarlo porque mañana llegan. Algunos dicen “es que no van a venir todas solo como tres”, pero se le está aprobando el permiso para todas las 56 (naves)”, aseguró.

    “Aquí estamos dándole permiso realmente a un ejército completo”, denunció.

    Por ello, la legisladora dijo que “nos gustaría saber cual es la relación de cargamento de droga incautado hasta ahora, en alta mar y en tierra”.

    “Esos buques vienen a ambas costas, el permiso es para que vengan acá las 56, eso es completamente desproporcionado, eso es muy sospechoso, porque si solo vienen tres, como dicen algunos, por qué no piden permiso por tres”, cuestionó Muñoz.

    Agregó que “también nos cuestionamos por qué (vienen) buques de esta naturaleza, de ese tamaño, por ejemplo viene un buque hospital, un portaviones con gran cantidad de helicópteros artillados”.

    Aseguró que “esto realmente es contraproducente, es una ocurrencia visto desde acá pero no es una ocurrencia que se le pida al Gobierno de Costa Rica permiso para esta cantidad de flota, esto no tiene ni pies ni cabeza, no resiste análisis”.

    Los permisos solicitados por la Embajada de los Estados Unidos fueron entregados al Poder Ejecutivo el día 21 de junio.

    El siguiente es parte de uno de los documentos presentados a los diputados:




     

    La flotte étasunienne est en mouvement, le Parlement du Costa Rica est à deux doigts d’approuver un accord de gestion commune de la surveillances maritime costaricaine. Cela étendre encore la présence militaire US en Amérique Latine, renforcer les pressions sur le Venezuela et Cuba.

    Bref cela prend tout l’air d’une invasion en bonne et due forme sous couvert d’action anti-narcos. Comme on le présentait les États-Unis son en train de reprendre militairement en main le continent latino-américain. On peut également supposer que ce n’est malheureusement pas pour le meilleur.

    Le Costa Rica ouvre la voie à la marine de guerre des États-Unis

    Une quarantaine de navires de guerre, appuyés par près de 200 hélicoptères, 7000 marines et 6000 civils [1] patrouilleront les côtes costaricaines.

    l’Assemblée Législative du Costa Rica vient d’approuver le fait de risquer la souveraineté costaricaine en accueillant sur son sol plus de sept mille militaires américains, qui arriveront dans les six prochains mois à bord de 46 navires de guerre venus pour "combattre le narcotrafic".

    Le député du Parti du Front Etendu (PFA) José Marie Villalta avait tout d’abord soulevé le fait que le texte était inconstitutionnel du fait qu’il était basé sur un accord policier pour combattre le narcotrafic international, le député Luís Fishman, de l’Unité Sociale Chrétienne (PUSC) a appuyé cette approche et y a adhéré.

    À la suite de la réponse évasive des représentants des partis pro-gouvernementaux Libération National (PLN), Mouvement Libertaire (ML) et des deux partis chrétiens, il a lui-même lancé une proposition pour casser le quorum et ne pas voter le décret, il a été suivi Villalta et d’autres députés du Parti Action Citoyenne (PAC) dont le Chef de Fraction Juan Carlos, Claudio Monge et Carmen Muñoz.

    Mais quattre autres députés du PAC, Marie Eugenia Venegas, Gustavo Arias, Janette Ruiz et Manrique Oviedo, n’ont pas répondu à l’appel. Les députés du Parti Accessibilité Sans Exclusion (PASE) n’ont pas non plus donné suite à cette proposition.

    La députée du PAC, Carmen Muñoz, a indiqué “qu’il y avait eu une proposition pour tenter de rompre le quorum, mais au PAC nous nous sommes divisé, une partie d’entre nous n’a pas suivi et nous n’avons pas réussi à bloquer le décret”.

    “Nous avons décidé que chacun assumerait sa décision de façon personnelle ; naturellement nous étions dans une réunion plénière contre la décision, il n’y avait aucun doute là-dessus. C’est le mécanisme de pression qui n’a pas été partagé”, a-t-elle poursuivi.

    Le député du PFA, José Marie Villalta, a déclaré que “l’Accord de Patrouille Commune permet l’arrivée de navires du Service des Garde-côte des États-Unis dans les eaux territoriales du Costa Rica, mais non de leurs navires de guerre, qui ne sont pas préparées pour combattre le narcotrafic mais olutôt pour d’autre type de conflits et des affrontements militaires”.

    Le député Villalta Florez-Estrada affirme que l’on est en train de violer le pacte parce que le parlement a approuvé une clause dans laquelle il est dit que celui-ci s’applique “strictement aux aéronefs policiers et non pas militaires des États-Unis d’Amérique” [2].

    Le PFA remet également en question les conditions dans lesquelles la mise en place cet accord est demandé, puisque le gouvernement des États-Unis insiste pour que le personnel militaire “puisse jouir de la liberté de mouvement et du droit de réaliser les activités qu’ils considèrent nécessaires dans déroulement de leur mission” [3], ce qui signifie selon Villalta “un chèque en blanc”.

    “Nous leur donnons le droit de faire ce que bon leur semble sur le territoire du Costa Rica à chaque fois qu’ils considèrent que cela est nécessaire à l’accomplissement de leur mission. De plus le gouvernement du Costa Rica renonce à présenter toute réclamation pour dommage, perte ou destruction de propriété, ou pour les problèmes de blessures ou de mort du personnel engagé conjointement aux USA dans ces activités”, a-t-il ajouté.

    Le PFA a également demandé de réfléchir sur le contexte géopolitique qui entoure cette demande, dans une région que les États-Unis considère comme faisant partie de son “aire d’influence” et où ils appliquent une stratégie de “domination complète du spectre”, incluant des actions offensives comme le coup d’État au Honduras, l’installation de bases militaires en Colombie, “l’occupation propre” d’Haïti après le tremblement de terre ou les manoeuvres militaires dans la mer caribéenne [4].

    Villalta a instamment prié les députés de la majorité de lire les journaux, de s’informer par Internet sur ce qui se déroule dans la région, et il les a défiés à plusieurs occasions d’en débattre, mais à chaque fois la réponse a été le silence.

    Villalta leur a également offert une partie de son temps [de parole] pour qu’ils justifient le vote, mais il n’a pas obtenu de réponse ni du PLN ni du ML.

    Ensuite, le député Fishman a rappelé à l’assemblé que c’est lui qui a signé cet accord pour la lutte contre le narcotrafic quand il était Ministre de la Sécurité Publique il y a une décennie et qu’il a proposé de le modifier et de l’adapter aux nouvelles réalités.

    De plus, il a lancé un appel auprès des députés de la "majorité mécanique" afin qu’ils discutent et débattent de cela, sans succès. Au contraire il a reçu en retour des gestes et des sourires de moquerie à cause de sa position.

    Fishman a accusé le PLN et le ML “de domination et d’orgueil, car cela n’amène à rien”, et il a demandé “le respect de la Souveraineté Nationale, de la légalité”.

    Il a aussi indiqué que dans les prochains jours plusieurs députés vont poser un recours de protection, puisque la présence de navires de guerre, d’avions, d’hélicoptères et de presque 8000 militaires étrangers sur le sol costaricain viole l’accord signé il y a dix ans.

    Fishman suit lavis de Villalta, pour lequel donner cette autorisation d’entrée aux troupes américaines “c’est comme donner un chèque en blanc. Nous ne pouvons pas être les acteurs de cet acte illégal, nous ne permettrons pas que l’on casse la Constitution Politique”.

    Finalement, Villalta a accusé les députés qui voteraient cette autorisation malgré l’illégalité qu’elle entraîne “de moutons“.


    Source : "Costa Rica da vía libre a militares de la marina de Estados Unidos"
    Traduction : Primitivi

    Notes

    [1] C’est la plus grosse flotte étsunienne déployée dans les environs depuis l’indépendance du Costa Rica en 1821

    [2] Alors que l’accord signé il y a dix ans stipule bien que tout élément d’intervention étasunienne doit être civil et policier, que ce soit en hommes, en matériel ou en logistique.

    [3] Ces conditions ressemble à s’y méprendre à celles imposées à des pays comme l’Irak, le Soudan ou l’Afghanistan.

    [4] Ici il est tout à fait logique de penser à la pression que les USA mettent sur des pays à fortes ressources naturelles et aux présences politiques gênantes comme Cuba, le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur, mais également au géant brésilien qui tend à prendre son indépendance et à vouloir jouer la carte de la superpuissance régionale.


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  • Bolivie : Indigènes contre indigènes

    La Bolivie et le processus de changement

    Par Sylvain

     

    En Bolivie, un grand mouvement indigène s’élève contre le gouvernement de Evo Morales, sur fond de projet de route vers le Brésil, passant au milieu de la forêt amazonienne. Au delà du débat politique —conserver la forêt intacte, ou favoriser le développement économique— ce mouvement indigène dévoile des craquelures dans le soutien d’ordinaire sans faille des organisations indigènes au gouvernement de Evo Morales, premier indien président de Bolivie. Même si on peut toujours s’interroger sur la noblesse des motivations des dirigeants de la CIDOB (qui ont la réputation d’être corrompus et de mener un grand train, bien loin de ceux qu’ils sont censés représenter), il s’agit d’une épreuve pour le gouvernement qui se montre souvent très rigide face aux critiques, même de son propre camp.

    “Certains ministres du gouvernement indigène sont en train de faire s’affronter des indigènes contre d’autres indigènes. Ce n’est pas possible, et nous ne pouvons pas comprendre que ça arrive dans le processus de changement actuel en Bolivie”, assure Pedro Nuni Cayti, représentant du peuple mojeño et député du Mouvement Vers le Socialisme (MAS) à l’Assemblée Législative Plurinationale.

    Nuni, ainsi que d’autres dirigeants indigènes, après avoir entamé une grève de la faim durant la séance plénière de la Chambre des Députés, s’est maintenant joint à la 7e marche “Pour la Défense du Territoire, l’Autonomie et les Droits des Peuples Indigènes” qui pour son neuvième jour a déjà parcouru plus de 150 kilomètres et est arrivée dans le département de Santa Cruz.

    La marche indigène, rejointe par près de mille personnes : femmes avec bébés dans les bras, anciens, jeunes et hommes portant arcs et flèches, vêtements typiques, et la majorité pieds-nus et sans beaucoup de vivres, avance, inaltérable.

    Les indigènes demandent une plus grande représentation à l’Assemblée Plurinationale. Ils ont actuellement 7 postes et en demandent 18. Ils demandent également le droit à la consultation pour l’exploitation des ressources naturelles sur leurs territoires et l’autonomie pleine avec ressources et compétences en accord avec la nouvelle CPE (Constitution Politique de l’État).

    La marche est rejointe par les mojeños, trinitarios, guaraníes, izozeños, tacanas, mosetenes, yukis, yuracarés, guarayos, sirionós, chácobos, matacos et d’autres peuples regroupés au sein de la Confédération Indigène de l’Orient Bolivien (CIDOB).

    Les producteurs de coca, représentés par le député Julio Salazar, ont averti qu’il ne laisseront pas passer les indigènes “sur leur territoire” ; des dirigeants aymaras et quechuas dénoncent cette marche et signalent qu’elle est financée par des intérêts étrangers et par les colonisateurs [1] ; ils critiquent également les dirigeants indigènes pour avoir cassé l’unité des mouvements sociaux. Le Conseil National de Ayllus et Markas de Qollasuyo (CONAMAQ), en revanche, soutient les demandes indigènes et menace d’encercler le siège du gouvernement [2].

    Le Vice-président de l’État Plurinational, Álvaro García Linera, a averti qu’il est inacceptable que des indigènes discriminent d’autres indigènes, et a qualifié les demandes de la CIDOB d’“injustes, discriminatoires, attentatoires à la Constitution et hors de la ligne correcte”.

    “Nous n’allons pas répondre à la provocation, nous ne sommes financés par personne, nous faisons partie du processus de changement et, en tant que tels, nous voulons qu’il s’approfondisse au profit des majorités nationales et pas seulement de quelques personnes... Avec tout le respect nécessaire, je dis tout de même au Vice-président qu’il est orgueilleux, et qu’apparemment il a peur de nous et voit dans notre dos des fantômes manipulateurs. Je le regrette parce qu’au lieu d’apaiser les esprits, il met de l’huile sur le feu”, répond Nuni.


    Culture de la vie

    Au lieu de chercher une solution pacifique et concertée, le gouvernement a lancé une campagne médiatique coûteuse pour essayer de discréditer la mobilisation indigène.

    Selon les représentants du gouvernement, la marche est politique et financée par l’Agence Nord-Américaine pour le Développement International (USAID) et, pour cette raison, ses exigences ne sont pas recevables [3].

    Le président de la CIDOB, Adolfo Chávez, qui a pris la tête de la marche, a lancé le gouvernement au défi d’expulser l’USAID de Bolivie.

    “Nous, les indigènes, ne sommes pas financés par l’USAID ni par aucune autre organisation internationale. Dans cette marche, nous traversons des problèmes d’alimentation et de médicaments, mais nous avons la ferme volonté de lutter pour le futur de nos enfants. Nous mettons le gouvernement au défi d’expulser l’USAID du pays, et nous verrons qui seront les plus affectés”, a-t-il assuré.

    Face à la demande indigène d’excuses pour les accusations gouvernementales sur le financement de la marche par l’USAID, le ministre des Autonomies, Carlos Romero, a déclaré : “Nous avons signalé que certaines organisations indigènes bénéficient de la protection de l’USAID et qu’au delà du soutien strictement économique, il peut y avoir de l’ingérence politique ; nous le réaffirmons et nous ne pouvons pas nous rétracter”.

    Alors que les indigènes ont montré leur prédisposition à initier un dialogue tout au long de la marche, le gouvernement a envoyé pour émissaires des représentants néolibéraux.

    Les indigènes ont expulsé Roberto Fernández Saucedo, qui ces dernières heures, au titre de “délégué gouvernemental”, s’était présenté à la marche. Ce personnage est connu comme militant des partis néolibéraux, il fut ex-militant de l’Union Civique Solidarité (UCS) de Max Fernández, de l’Action Démocratique Nationaliste (ADN) de feu le dictateur Hugo Bánzer Suárez et du Pouvoir Démocratique (PODEMOS) de l’ex-président Jorge Quiroga Ramírez. Lors des dernières élections municipales il s’est présenté pour le Mouvement vers le Socialisme (MAS) mais a perdu.

    La marche a commencé le lundi 21 de Trinidad (Beni), se trouve maintenant dans le département de Santa Cruz et il leur reste encore plus de mille kilomètres avant d’arriver à La Paz, siège du gouvernement de Bolivie.

    “Nous, les peuples indigènes, ne voulons pas nous battre contre quelque frère de quelque peuple que ce soit. Nous sommes les défenseurs de la culture de la vie, mais on dirait que certains, au pouvoir, sont en train de changer, et ça nous préoccupe”, a commenté le président de la CIDOB.


    Autonomie complète

    Le gouvernement de Evo Morales Ayma est repose et tient sa force des mouvements sociaux, surtout dans les zones rurales. La CIDOB et la CONAMAQ font partie de ce processus de changement.

    En plus de la CIDOB qui représente les terres basses et de la CONAMAQ qui représente les terres hautes, la Confédération Syndicale Unique des Travailleurs Paysans de Bolivie (CSUTCB), la Confédération des Communautés Originaires de Bolivie (CSCB) et la Fédération Nationale des Femmes de Bolivie Bartolina Sisa (FNMCB-BS) sont les trois autres bastions du processus.

    Dans la situation actuelle, au sein du mouvement populaire, deux organisations formulent des revendications contre le gouvernement et trois autres soutiennent la gestion gouvernementale. En cinq ans de gouvernement, on n’avait jamais vu ce type de division et encore moins ces menaces d’affrontement.

    Si dans le futur des solutions concertées ne sont pas trouvées, même la gestion du pays et sa gourvernabilité sont menacées. Par exemple, l’adoption des lois à l’Assemblée Plurinationale ne pourra plus avoir lieu, comme ce fut le cas ces derniers jours, puisqu’il faut les deux tiers et le MAS ne les as désormais plus.

    Huit députés indigènes, normalement sur les bancs du MAS, ont décidé de s’en éloigner. Sans eux, le MAS aura 106 votes, au lieu des 111 nécessaires.

    La Constitution Politique de l’État, dans l’incise II de l’article 271, établit que “la Loi Cadre des Autonomies et de Décentralisation sera adoptée aux deux tiers des votes des membres présents de l’Assemblée Législative Plurinationale”.

    Le MAS compte 89 des 130 députés, et 26 des 36 sénateurs. L’Assemblée Législative concentre 166 représentants, dont 115 de la majorité. Dans ce contexte, les deux tiers nécessaires à l’adoption de la norme représentent 111 votes.

    Le président de la Commission des Nations et Peuples Indigènes Originaires Paysans de la Chambre des Députés, Bienvenido Zacu, a assuré que les députés indigènes du MAS ne voteront pas pour la norme si les autorités ne prennent pas en compte leurs revendications.

    “Nous n’allons pas lever la main comme des moutons. Maintenant il existe des intérêts indigènes, nous voulons la même hiérarchie que les autres autonomies [4]. Sans notre soutien, ils n’auront pas les deux tiers, nous sommes désolés, mais ce sera comme ça s’ils n’acceptent pas les propositions indigènes”, a-t-il remarqué.

    Les autorités gouvernementales se sont dites déçues de la décision indigène. Le Président Evo Morales Ayma a affirmé : “Nous sommes très déçus que certains compagnons dirigeants de la CIDOB donnent une mauvaise image de cette glorieuse organisation. Ça me fait de la peine, mais ce n’est pas la faute du gouvernement, sinon celle de quelques dirigeants, et parfois, pour des questions d’égo ou d’intérêt personnel.”

    Alors que les autorités refusent toujours de répondre aux demandes indigènes, la marche continue, se renforce et grossit.

    En Bolivie, nous n’avons pas besoin d’un affrontement entre organisations indigènes, d’une diabolisation de certains dirigeants, ni de discréditer sans preuves, encore moins de diviser les mouvements sociaux. Il est urgent de répondre aux demandes indigènes, et surtout de sauver un pilier de ce processus de changement : la culture de la vie, de la paix, du dialogue et de la concertation sociale...

    Source : América Latina en Movimiento - "Indígenas contra indígenas"
    Traduction : Sylvain

    Alex Contreras Baspineiro est journaliste et écrivain bolivien, ex porte-parole du gouvernement de Evo Morales [5] - mail : adcb@hotmail.com

    Alex Contreras Baspineiro Alex Contreras Baspineiro

    Notes

    [1] les États-Unis

    [2] La capitale constitutionnelle étant Sucre, on désigne la ville de La Paz comme le “siège du gouvernement” et non pas comme “la capitale”.

    [3] Cette critique, accompagnée d’une menace d’expulsion de l’USAID de Bolivie, est peut être fondée, mais l’USAID finance tellement de programmes en Bolivie qu’il est délicat de dénoncer son soutien particulier à la marche. L’USAID est depuis longtemps dénoncée, par le MAS et ses soutiens, d’ingérence étasunienne en Bolivie.

    [4] Le projet d’autonomie s’applique à différents niveaux de l’État : départements (il y a 9 départements en Bolivie, chacun de la taille d’une ou deux régions françaises), communautés indigènes, ...

    [5] Et remplacé par Iván Canelas. Si son analyse est plutôt juste, son ton critique sur le gouvernement peut aussi résulter de son éviction récente.


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  • Honduras : Les démonstrations de force populaire inquiètent les putschistes

    Par Primitivi

    Cela fait un an qu’un coup d’État a eu lieu au Honduras. Les nouvelles étaient tout d’abord confuses pour qui ne connaissait pas l’histoire de ce petit pays. La plupart des journaux et des médias internationaux forçant le trait et dépeignant Manuel Zelaya comme un dictateur en puissance.

    Mais quelques semaines après, grâce à l’organisation des honduriens, aux médias alternatifs et à toutes les informations circulant sur la toile la réalité des faits était connue : Zelaya était un président progressiste et on avait affaire à un putsch oligarque.

    Mais depuis rien n’est rentré dans l’ordre, bien que la dissimulation du coup d’État ait échoué le gouvernement des États-Unis a continué son jeu machiavélique bientôt suivi par les gouvernements européens avides d’accords commerciaux, laissant avec ô combien d’aisance les droits de l’homme et l’équité de côté ils se sont précipités pour reconnaître Porfirio Lobo en tant que chef d’État légitime alors qu’il n’est qu’un pantin oligarque.

    Mais, et heureusement pour eux, les honduriens ne lâchent pas l’affaire. Ce putsch est la goutte de trop pour nombre d’entre eux, et ils désirent plus ardemment encore mettre en place une société équitable. Les assassinats et les exactions n’y changeront rien, le peuple hondurien est en marche et il semble qu’il ne s’arrêtera pas en chemin même si les puissances de l’argent et du pouvoir s’ingénient à le semer d’embûches.

    La détermination sans faille que montre actuellement la population hondurienne est un exemple de pugnacité que d’autres nations (plus occidentales) ferait bien de prendre en exemple.

    - le site voselsoberano propose deux galeries d’images sur la commémoration du coup d’État à San Pedro Sula, ainsi que quelques images des activité du comité indigène COPINH à La Esperanza, Intibucá : San Pedro Sula (jour), San Pedro Sula (nuit), La Esperanza (à la fin de l’article) -

    Ce lundi 28 juin, cela fait un an qu’a eu lieu le coup d’État au Honduras qui a expulsé du pouvoir le président Manuel Zelaya. Ce même jour, le Front National de la Résistance Populaire (FNRP), le mouvement qui s’est organisé en réponse au putsch, fête également son premier anniversaire de lutte.

    Le pays avance toujours lentement pour un retour à la normale au niveau politique, économique, sociale et démocratique. Des persécutions, des intimidations, des assassinats et diverses violations à l’encontre des droits de l’homme sont encore fréquemment enregistrés. Cela confirme que l’actuel président, Porfirio Lobo, n’a pas encore réussi, durant ses cinq mois de gouvernement, à remettre le pays vers la voie de la démocratie.

    Dans ce contexte, de plus en plus de personnes ont trouvé dans les idéaux du Front de la Résistance un chemin pour une transformation positive du pays. Pour parler de cette lutte pour la refondation du Honduras, du chemin parcouru pour tenter d’implanter une Assemblée Constituante inclusive et populaire, et évaluer cette première année du Coup d’État, ADITAL a interviewé le FNRP.

    Adital - Le sentiment populaire le plus caractéristique. Est-il possible d’affirmer que la population hondurienne est sûre que le pays a besoin d’une refondation ?

    FNRP - L’histoire vécue actuellement par le Honduras est l’un de ses moments les plus agités. La vie du pays a été coupée en deux après l’apparition de la Résistance Populaire en réponse au Coup d’État du 28 juin 2009.

    Le Front National de Résistance Populaire (FNRP) est la plate-forme dans laquelle tous les secteurs politiques et sociaux du Honduras ont approuvé à la majorité le fait d’être uni pour concevoir et construire une société juste, sans discriminations, où l’exploitation des uns par les autres ne trouve simplement pas sa place.

    L’ultime finalité est la refondation de l’État, concept qui poursuit maintenant les classes oligarques patronales comme un cauchemar, elles qui ont cru qu’en sortant Manuel Zelaya de sa maison par les fusils et en envoyant au Costa Rica ils en finiraient avec un projet qui était déjà devenu un désir collectif.

    L’autre lutte est le retour avec toutes les garanties citoyennes du président Manuel Zelaya, puisque l’exil forcé viole tous les droits qu’il a en tant que citoyen hondurien.

    Adital - Le Front de Résistance est né un peu après le putsch, il approche également de son premier anniversaire. Quelle est l’évaluation qui peut être faite des actions du mouvement durant tout ce temps ? Et ensuite, est-ce que les stratégies vont être les mêmes ou est-il temps d’en changer ?

    FNRP - La Résistance est également née le 28 juin, quand les organisations Populaires et le peuple en général sont sortis massivement dans la rue pour condamner le coup d’État et pour exiger le retour à l’ordre Constitutionnel.

    La Résistance s’organise avec la marche, avec une volonté de lutte et de courage qui surpasse tout clivage social, puisque nous représentons tous les secteurs sans regarder l’idéologie et le parti politique auquel il appartient, en dépassant la peur d’être tué par la répression mise en place par la dictature.

    Au Honduras depuis le 28 juin dernier rien n’est plus le même, dans tout le pays il y a une Résistance, les gens s’organisent dans les quartiers, dans les colonies, dans les communautés, dans les départements.

    Cette décision du peuple de s’organiser et de continuer la lutte nous a permis de construire les piliers sur lesquels repose l’ardent désir de mettre en place une société nouvelle.

    D’autre part la Résistance est devenue plus forte elle est passée de l’action conjoncturelle à la structuration et à la stratégie pour prendre le pouvoir et pour changer le pays. Même les secteurs les plus réactionnaires de la droite anachronique hondurienne le reconnaissent et considèrent le surgissement d’un nouveau Pouvoir Populaire, créé et conduit par le FNRP, comme un danger imminent.

    Actuellement notre travail est de réussir à récolter plus d’un million de signatures dans la "Déclaration Souveraine" où en tant que peuple hondurien nous nous convoquons à une Assemblée Nationale Constituante, et de cette manière chercher les mécanismes pour sa mise en place.

    Adital - La Carta Magna du Honduras a été élaboré en 1982, durant une période de dictature et sans consultation populaire. Avec la convocation à une Assemblée Constituante : qu’est-ce qui serait le plus important à modifier dans la Constitution du pays ?

    FNRP - Au début des années 80, l’Amérique centrale vivait des moments très significatifs de la lutte parmi lesquels on distingue le triomphe du Front Sandiniste au Nicaragua et la guerre insurrectionnelle du Farabundo Martí au Salvador, les organisations indigènes au Guatemala et l’avance du Mouvement Populaire au Honduras.

    L’empire des États-Unis avait besoin de sauver le Honduras puisque les gouvernements militaires étaient paralysés, il fallait lui donner un "Ordre Constitutionnel" et ils ont recouru aux élections, ils ont installé une Assemblée Nationale Constituante, qui a élaboré une nouvelle Constitution pour qu’elle défende institutionnellement les intérêts géopolitiques de l’empire, dans le cadre du conflit en Amérique centrale.

    La Constitution du Honduras a été approuvée en Janvier 1982, sur trois axes fondamentaux choisis par les hommes politiques et les entrepreneurs : Vendre le Honduras, en argumentant qui était la seule manière de sortir le pays du sous-développement, réduire l’État à sa plus simple expression, pour que l’État soit un centre de corruption et de déficit fiscal, et établir les Forces Armées comme garant de cette Constitution.

    Avec la Constitution de 82 ce qui a été obtenu ce fut de donner le pouvoir aux grands entrepreneurs et de réduire le pouvoir de l’État et du peuple, en empêchant les réformes.

    Le nouveau cadre légal [que le FNRP souhaite mettre en place] aura pour objectif central les intérêts populaires, au Honduras on ne légiférera plus jamais pour les entrepreneurs et l’État de Droits existera pour le développement de l’être humain et pas celui des entreprises qui ont survécu grâce au pillage du trésor public et à l’exploitation des ressources et des personnes.

    Il sera participatif car on ne l’entend pas comme un petit groupe au pouvoir décidant en passant outre les majorités, mais comme des majorités exerçant le pouvoir à travers des structures communautaires de participation politico-sociale.

    Jusqu’à présent ce processus a été la clé du succès de la Résistance Populaire, puisqu’il n’y a pas un coin du pays qui n’a été pris en considération et les problèmes des communautés ont été défendus par les communautés elles-mêmes. Cela fait aussi partie de ce processus, différents programmes qui enrichissent le spectre politique et social du pays.

    On prend en considération les nécessités des populations indigènes et des descendants africains, les luttes ouvrières comme les luttes paysannes, la voix des étudiants retentit aussi fort que les exigences des environnementalistes et les communautés gay, lesbiens, travestis, bisexuels et transsexuels (LGTTB) exigent leurs droits à la même table où les communautés chrétiennes et religieuses invitent lutter pour la justice.

    Les femmes ont été en tête de la lutte dans la rue et aujourd’hui elles assument leur position d’égalité aux côtés des hommes pour faire avancer le processus, qui sans le dire, montre à chaque pas qu’il dispose de la force qui a rendu possibles toutes les révolutions impossibles.

    La Nouvelle Constitution est construite quotidiennement, mais ce n’est pas le but ultime des honduriens et des honduriennes. La Constitution n’est que le cadre légal qui rendra possible la construction d’une nouvelle société.

    Adital - quels sont les résultats que le FNRP attend des mobilisations pour le premier anniversaire du Coup militaire ?

    FNRP - Les mobilisations ont eu lieu depuis le 28 juin et cela continue d’être une démonstration du peuple hondurien en tant qu’acte de désobéissance et de résistance contre une dictature imposée au pays.

    Cette démonstration de force et de mécontentement d’un peuple préoccupe les putschistes, l’empire et l’oligarchie, car leur stratégie est de diviser, de soumettre la Résistance et d’éviter son développement national.

    Ce 28 juin nous ferons également un hommage à la mémoire de toutes les personnes victimes de la répression cruelle planifiée par les forces répressives de l’État conjuré (Michelleti-Lobo). Nous sommes et nous continuerons d’avancer pour cultiver une mémoire collective forte qu’ils ne pourront pas arrêter avec le pouvoir médiatique de l’oligarchie politico-patronale.

    Adital - La Résistance attend-elle encore une aide de la part des organismes internationaux pour revenir à une normalité démocratique ? Après le putsch, le comportement de ces organisations a-t-il été à un quelconque moment important et bénéfique pour le pays ?

    FNRP - A un certain moment la position adoptée par les organismes internationaux et les gouvernements a été important pour freiner l’avance de la dictature.

    Puis peu après ils ont commencé à promouvoir la signature de les accords de San José proposé par le gouvernement des États-Unis, avec le président [Oscar] Arias du Costa Rive comme médiateur. Accords qui n’ont par pris les intérêts du peuple hondurien en considération, pour lesquels la Résistance n’était pas d’accord et que le président Zelaya a considéré comme un échec.

    Les dictatures ne se mettent pas en place pour repartir si rapidement mais au contraire elles sont mises en place pour rester, c’est pourquoi la Résistance n’a été d’accord avec aucune de ces approches qui se sont déroulées dans un cadre de forte violation des Droits de l’homme de tous ceux et celles qui étaient contre le Coup d’État, et d’un autre côté tout cela s’est négocié dans une totale inégalité de conditions quand le président Zelaya s’est trouvé "pris" dans l’ambassade du Brésil.

    Maintenant on veut nous imposer un gouvernement de la vérité et de la réconciliation, résultat d’un processus électoral illégal faisant suite au coup, appuyé par les organismes putschistes et avec la bénédiction du gouvernement gringo.

    Dans le Front National de Résistance Populaire il est clair que la démocratie sous la protection du néolibéralisme n’a été qu’un mirage où ont émergé des inégalités sociales très dures, où plus de 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté. C’est pourquoi nous travaillons pour construire un État d’égalités qui soient réellement démocratiques, nous voulons transformer structurellement notre pays avec des mécanismes qui évitent le monopole politique que maintiennent actuellement les deux partis traditionnels (libéral et nationaliste) et arrêter l’injustice qu’organise les 10 familles qui croient que le Honduras leur appartient.

    interview réalisé par Natasha Pitts journaliste à Adital (Brésil)




    Source : Adital "Demostración de fuerza y descontento del pueblo preocupa a los golpistas"
    Traduction : Primitivi

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