• ASSASSINAT DE LA PRESIDENTE DU SITRAIHSS

    San Pedro Sula

    Juana Bustillo, présidente de l'Union des travailleurs sociaux (SITRAIHSS), à été abattu de 3 balles dans la poitrine vendredi 17 septembre vers 17h30.

    Cet assassinat fait suite aux repressions menées par la police et l'armée contre les civils, militants et sympathisants du FNRP qui étaient descendus massivement dans les rues 2 jours avant.

     

     

    Video y Fotografías: Represión en San Pedro, 15 de Septiembre

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    Asesinan a presidenta regional del SITRAIHSS

    Hace unos minutos asesinaron a Juana Bustillo, presidenta del Sindicato de Trabajadores del Instituto Hondureño de Seguridad Social (SITRAIHSS) regional de San Pedro Sula, en la entrada a la colonia El Roble.


    Los asesinos le dispararon cuando la dirigente sindical se conducía en su vehículo hacia la mencionada colonia. Tres impactos de bala le arrebataron la vida y a apesar de que fue trasladada a la sala de emergancia del IHSS, en donde los profesionales de la medicina intentaron salvarle la vida, faclleció unos minutos después de haberla ingresado.

    El atentado criminal fue pepetrado  viernes 17 de septiembre, dos días después del ataque represivo que, la policía nacional preventiva acompañada de elementos del ejército, desató en contra de la población civil, militantes y simpatizantes del Frente Nacional de Resistencia Popular (FNRP). que marchó masivamente por las calles de esta ciudad.

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  • Uribe Vélez, encore un qui a essayé…


    Lors de sa première campagne électorale, Uribe Velez avait promis d’en finir avec la guérilla au bout de six mois s’il était élu. Malgré la mort de plusieurs dirigeants et cadres, particulièrement en 2008, deux mandats présidentiels – soit huit ans – se sont écoulés, et l’insurrection bat son plein : ses structures sont intactes et elle a conservé sa présence à échelle nationale, comme l’assure la Croix Rouge Internationale dans son rapport de cette année.

    En finir militairement avec les guérillas, c’est ce que se sont proposé tous les présidents depuis 1964, date à laquelle on a essayé pour la première fois d’anéantir un petit groupe de 50 paysans et paysannes qui demandaient la paix et des terres. A cette occasion, le président Guillermo Leon Valencia déclara : « Bien avant la fin de mon mandat, le pays sera totalement pacifié. C’est une décision que rien ne pourra remettre en cause. » (1) Cela fut baptisé l’Opération Marquetalia : les Etats-Unis envoyèrent à cette occasion des conseillers, des troupes venues du Vietnam et l’armement le plus moderne, pendant que le gouvernement colombien mobilisait quelque 16 000 soldats, dont une bonne partie était des vétérans de la guerre de Corée.

    L’oligarchie, l’Eglise catholique et la grande presse exprimaient chaque jour leur confiance et leur bonheur d’en finir avec ce « repaire de bandits » (2)

    Ce groupe de paysans ne fut pas vaincu. Au beau milieu d’un combat si déséquilibré, le jour même de la fête nationale, le 20 juillet 1964, ils proclamèrent le Programme Agraire Guérillero. Le triomphalisme de l’oligarchie commença à s’atténuer quand le 7 janvier 1965, un groupe de paysans et d’intellectuels prirent le petit village de Simacota, à l’autre bout du pays. Ils diffusèrent une Proclamation qui disait : « Nous sommes en lutte pour la libération nationale de la Colombie. » Ainsi naissait la guérilla de l’Armée de Libération Nationale, ELN, qui mêlait déjà le marxisme et la Théologie de la Libération dans ses bases idéologiques.

    L’optimisme des élites fut au plus bas lorsque les paysans de Marquetalia organisèrent, fin 1965, la Première Conférence Guérillera. Quelques mois après, en avril, ils créèrent les FARC lors de la Deuxième Conférence Guérillera .

    Depuis lors, tous les gouvernements ont donné la priorité aux moyens militaires – mais sans jamais pouvoir atteindre ne serait-ce qu’un dixième de leur objectif stratégique – pour venir à bout d’un conflit qui avait, et continue d’avoir, de profondes racines politiques et sociales. L’intransigeance politique des élites leur a fait croire que tout pouvait se résoudre en faisant couler le sang. (3)

    Malheureusement pour nous qui voulons une paix avec dignité en Colombie, cet Etat fou de rage et de pouvoir ne veut rien savoir : à chaque fin de mandat d’un président, les guérillas sont encore plus fortes, car en fait la violence d’Etat vise surtout la population civile. C’est cela, ainsi que l’augmentation de la misère, qui pousse les jeunes dans les bras de la guérilla. L’Etat ne leur laisse pas le choix : se faire assassiner par les Forces Armées ou par ses paramilitaires, mourir de faim ou prendre les armes. Bon, ils peuvent aussi devenir des maillons du trafic de drogue…

    C’est pourquoi la « Sécurité démocratique » d’Uribe n’a fait qu’accentuer la violence et les inégalités sociales. Et fournir davantage de militants aux guérillas…

    Juan Manuel Santos, le nouveau président, suivra à coup sûr la même voie. Lorsqu’il était ministre de la Défense (juillet 2006- mai 2009), il a prouvé qu’il pouvait être pire qu’Uribe Velez lui-même. Pendant cette période, les assassinats de civils, que l’on faisait passer pour des guérilleros morts au combat, se sont multipliés : c’est ce qu’on a appelé les « faux positifs ». Santos vient de la grande oligarchie traditionnelle, celle-là même qui a commencé la violence politique dans les années cinquante et a imposé la pauvreté à grande échelle dans les campagnes, en volant leurs terres aux paysans producteurs de café. Sans oublier que c’est à partir du principal journal du pays, El Tiempo, que la violence a été cruellement entretenue, et que Santos en était l’un des propriétaires.

    Il est important de rappeler l’urgence qu’il y avait pour Santos d’arriver à la présidence, car en tant que civil, il était plus que certain qu’il se serait retrouvé, comme cela commence à être le cas pour Uribe Velez, face à la possibilité de devoir comparaître devant les tribunaux pour crimes de guerres et de Lèse Humanité.

    Santos a déjà annoncé qu’il dialoguerait avec les guérillas, mais en posant ses propres conditions. C’est à dire qu’il exige un désarmement en échange de quelques postes dans la bureaucratie et quelques bourses, et l’intégration du plus gros des combattants dans les Forces Armées et les groupes paramilitaires. Sinon, qu’ils meurent de faim, ou aillent grossir les rangs de la délinquance commune. Et sans que les structures de cet Etat ne changent d’un iota.

    Cela nous rappelle une histoire peu ancienne et suffisamment éloquente : il y a quelques années, d’autres guérillas ont déposé les armes, sans que cela fasse reculer d’un millimètre le problème de la pauvreté et de la violence politique. Elles se sont rendues pour faire un geste en faveur de la paix, celle-là même à laquelle nous aspirons tous, mais la seule paix fut celle des cimetières. Tandis que la plupart des ex-dirigeants s’empiffraient et buvaient dans des clubs, ceux qui n’étaient pas d’accord avec une telle capitulation étaient assassinés… dans le silence et avec la complicité de leurs anciens compagnons.

    Il n’y a qu’une vérité : si Washington et les élites colombiennes ne comprennent pas que tant que la violence et l’intransigeance politique contre l’opposition et un grand secteur du peuple colombien sans défense ne cessent pas, tant que la majorité des gens ne peut profiter des incalculables richesses que possèdent le sol et les deux mers de Colombie, la guérilla existera.

    Une solution politique négociée du conflit est nécessaire et urgente. Ce serait le premier et véritable pas vers une paix véritable.

    Sans cela, et c’est ce que nous dit l’histoire, ces élites ne pourront pas profiter tranquillement de tous leurs millions, car malheureusement pour elles, leur système ne cesse de fabriquer leurs propres ennemis qui ne les laisseront pas dormir en paix.

    Notes :

    1) El Tiempo, Bogota, 8 mai 1964

    2) Editorial de El Tiempo, 22 mai 1964.

    3) Hernando Calvo Ospina, Colombie, derrière le rideau de fumée. Histoire du Terrorisme d’Etat, Le Temps des Cerises, Paris, 2008.

    Hernando Calvo Ospina ici


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  • Mapuches, les Chiliens dont on ne parle pas



    Alain Devalpo


    Ils sont chiliens. Ils sont une trentaine. Ils sont privés de liberté et en danger de mort, mais ce ne sont pas les mineurs bloqués dans une mine du nord du Chili dont les médias relatent le calvaire. Ce sont les « PPM » – les « prisonniers politiques mapuches », tels qu’ils se définissent eux-mêmes –, en grève de la faim depuis le 12 juillet dans les pénitenciers du sud du pays.
     

    Le Chili renâcle à reconnaître sa composition multiculturelle et laisse peu d’espace d’expression à ses huit peuples autochtones. La convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), seul accord international relatif aux peuples indigènes, n’est entrée en vigueur qu’en septembre 2009. Le fait que Mme Michèle Bachelet, présidente du pays de 2006 à 2010, ait tenu cet engagement de campagne, ne peut occulter qu’elle en a oublié un autre : celui de ne plus appliquer la législation antiterroriste aux militants mapuches. A la veille de trois procès les concernant, les PPM ont lancé le plus important mouvement collectif de grève de la faim que ce pays ait connu. Ils dénoncent l’acharnement des autorités à qualifier de « terroristes [1] » des pratiques communes au reste du continent — occupations de propriétés d’entreprises ou de grands propriétaires par des groupes ethniques paupérisés [2].

    Du zapatisme mexicain à l’indigénisme de M. Evo Morales en Bolivie, depuis les années 1990, les revendications des peuples autochtones gagnent du terrain dans toute l’Amérique latine. Reconnaissance, dignité et volonté de s’émanciper sont les points communs à toutes ces luttes qui privilégient une relation à la « terre-mère » inconcevable pour la pensée libérale. Cette philosophie, partagée par les « mapu-che » (« gens de la terre »), s’oppose souvent aux intérêts économiques des classes dirigeantes. C’est le cas au Chili.

    La première grande bataille débute au tournant du millénaire. Dans la région du Haut Bio-bio, au cœur des Andes chiliennes, des Pehuenches (Mapuches de la Cordillère) contestent la construction du barrage hydroélectrique El Ralco par la compagnie espagnole ENDESA. Durant des années, Mmes Nicolasa et Berta Quintremán vont tenir tête à un mastodonte de la globalisation et au gouvernement chilien pour sauver leur territoire. Le combat des sœurs Quintremán a un retentissement national et international. Malgré le soutien de nombreux secteurs de la « société civile », les communautés Pehuenches ne parviennent pas à arrêter le projet. Elles obtiendront un dédommagement.

    Cette lutte réveille le sentiment d’injustice au sein des communautés confrontées à la voracité de grands propriétaires, d’entreprises forestières ou d’industriels de la salmoniculture. Dans le sillon des deux « anciennes », les jeunes, victimes de discriminations quotidiennes, se mobilisent… de façon pacifique [3].

    Pour enrayer cette menace, l’oligarchie chilienne sort casques, boucliers et matraques : la violence se fait étatique, à la hauteur des intérêts financiers en jeu. Elle profite d’un arsenal législatif qui provient directement de la dictature… et qui fut réactivé par la Concertation (coalition de centre-gauche qui s’installe au Palais de la Moneda, le palais présidentiel chilien, de 1989 à l’élection de M. Sebastián Piñera, en décembre 2009). Alors que certains de ses membres avaient fait les frais de cette législation anti-terroriste instaurée sous Pinochet, la coalition fait usage des mêmes lois pour bâillonner les populations indigènes, au grand dam des défenseurs des droits humains [4].

    Depuis des années, ces derniers dénoncent des lois d’exceptions qui valident des détentions préventives à rallonge, le recours à des témoins « sans visages », anonymes, payés par la police pour dénoncer les militants les plus actifs, et qui condamnent à de lourdes peines des Mapuches accusés de banals incendies de véhicules. Ces protestations ont été relayées par l’Organisation des Nations unies (ONU). En 2007, le Comité des droits de l’homme, puis, en 2009, le rapporteur spécial sur la situation des droits et des libertés des autochtones, M. James Anaya [5], ont dénoncé les politiques de discrimination raciale en vigueur.

    Mais l’impasse est d’autant plus avérée que, sur le plan politique, les Mapuches se heurtent au blocage des élites de Santiago, lesquelles verrouillent tous les chemins débouchant sur un espace de décision. L’arrivée au pouvoir d’une droite sans complexe, alliée aux barons de « l’ère Pinochet », ne pacifie pas la situation.

    M. Piñera, le « Berlusconi chilien », ne se préoccupe pas plus du sort du peuple mapuche que ses prédécesseurs. En témoignent les suites du violent tremblement de terre de décembre 2009, dont l’épicentre se situe à la limite nord du pays mapuche. Alors que les communautés côtières ont été ravagées par les tsunamis postérieurs à la secousse tellurique, l’Observatoire citoyen [6], une organisation non gouvernementale (ONG) basée dans la ville de Temuco, observe qu’elles figurent au nombre des grands oubliés de la reconstruction.

    Parallèlement, le gouvernement Piñera intensifie la répression. Les descentes musclées de bataillons de carabineros se multiplient dans les communautés. Depuis 2002, trois jeunes militants ont été tués par la police. Les arrestations sont légions et les autorités évoquent une « internationale du terrorisme » : le mouvement mapuche se voit mis sur le même plan que la guérilla colombienne.

    De tout ceci, les grands médias – proches du pouvoir économique – ne parlent pas. Ni de la grève de la faim des militants mapuche. Seuls certains sites Internet [7] acquis à la cause mapuche relaient leurs témoignages et revendications.

    Les semaines passant, la volonté des détenus ne faiblit pas. Leur santé, si. Des organisations reconnues ont fait part de leur inquiétude. Amnesty International a dénoncé le recours à la force pour nourrir les détenus : M. Piñera n’eut d’autre choix que de réagir.

    Il appelle désormais à la « réouverture » d’un dialogue qui n’a jamais été engagé. Il promet une réforme imprécise des vestiges de la dictature. Les prisonniers, eux, souhaitent l’abrogation de la loi antiterroristes. Ils ont été rejoints, début septembre, par deux autres prisonniers. Tous se souviennent qu’en 2008, la Chepa [8] (« la lionne »), militante mapuche, avait jeûné 112 jours avant d’obtenir quelque avancée.

    Notes

    1. « Communiqué public des prisonniers politiques mapuche en grève de la faim à la prison d’El Manzano à Concepcion », Réseau d’information et de soutien au peuple mapuche.

    2. Voir le photoreportage de Fred Jacquemot et Alain Devalpo, «Résistance mapuche».

    3. Lire Alain Devalpo, « Opposition pacifique des Mapuches chiliens », Le Monde diplomatique, février 2006.

    4. « Chile : Terror Law Violates Due Process for Mapuche », Human Rights Watch (HRW), 27 octobre 2004.

    5. « Informe del Relator Especial sobre la situación de los derechos humanos y las libertades fundamentales de los indígenas, James Anaya » (PDF), Assemblée générale des Nations Unies, Conseil des droits de l’homme, 5 octobre 2009.

    6. http://www.observatorio.cl

    7. Voir le site Mapuexpress

    8. Lire « Portraits de femmes mapuches, prisonnières politiques », Réseau d’information et de soutien au peuple mapuche, décembre 2003.

     





    Merci à Le Monde diplomatique
    Source: http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-09-15-Mapuches
    Date de parution de l'article original: 15/09/2010
    URL de cet article: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=1396


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  • « Non, non, non Saint-Eloi n’est pas mort… » (Ou : quand Chavez pense à Fernande).

    Dans le dénigrement systématique, le mensonge, la haine, contre la « révolution bolivarienne » au Venezuela et le président HUGO CHAVEZ, satanisé par Washington.... il est difficile de faire plus que le quotidien socialiste espagnol « El Pais » et notre champion de l’objectivité : « Le Monde » et son inimitable Pablo P.Paranagua.

    On vote pour des législatives au Venezuela le 26 septembre. Depuis des mois, le matraquage médiatique annonçait Chavez battu : insécurité, pénuries, violence, trafic de drogue, risque de guerre avec la Colombie, censure... Le peuple en avait marre ! Et voilà que dans un édito du 28 août, « El Pais » devance le camouflet et le déshonneur...

    Il écrit, dans un océan de mauvaise foi (risque de fraude, « croissante colonisation des médias pour faire obstacle à la campagne de l’opposition », etc.) que « l’appui populaire à Chavez est très large ».

    Tiens, tiens, on le croyait politiquement moribond ! L’édito concède aussi « l’amélioration du niveau de vie de la plus grande partie de la population ». Peut-on en dire autant à propos de la France et de l’Espagne zapatériste ?

    Chavez est vraiment un sacré dictateur qui affame son peuple ! Il est grand temps que le peuple vénézuélien, instruit par les médias d’opposition (plus de 80% du spectre) et par la bienpensance occidentale, ouvre les yeux ! Sinon, que restera-t-il à ces médias : changer de peuple ?

    Théophraste R. (legrandsoir.info).

    PS. Je ne sais pas pourquoi, Hugo Chavez me fait penser à une chanson estudiantine dont le couplet dit « Non, non, non Saint Eloi n’est pas mort… » et dont le refrain me renvoie à « Quand je pense à Fernande » de Georges Brassens.

    URL de cette brève
    http://www.legrandsoir.info/+Non-non-non-Saint-Eloi-n-est-pas-mort-Ou-quand-Chavez-pense-a-Fernande+.html

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  • Pour renverser un président
    Atilio Boron

    Pourvu que soient créées les conditions conduisant à « un coup d’État institutionnel » comme celui qui, au Honduras, a renversé le président Mel Zelaya, les parlementaires du Paraguay semblent totalement prêts à devenir la risée de toute l’Amérique lorsqu’ils s’entêtent à accuser le ministre de la Défense Nationale, Luis Bareiro Spaini, d’être responsable de la disparition de… trois fusils dans les locaux de la caserne du Commando de l’État Major de l’Armée, à Campo Grande !

    L’accusation et l’éventuel procès politique à venir — lequel doit être approuvé par le Sénat qui, déjà, doit en étudier la demande — ignore royalement quelque chose que les députés devraient tout de même savoir : au Paraguay, le ministre de la Défense ne détient aucune autorité de commandement sur la troupe, de sorte qu’il ne dispose d’aucun moyen pour s’ingérer dans ce qui se passe au sein des casernes ou des détachements militaires.
     
    Ce qui peut se passer là est hors de ses attributions. Mais ce petit détail n’a pas dissuadé les conspirateurs qui ont besoin de n’importe quel prétexte pour écarter du président Fernando Lugo l’un de ses plus loyaux collaborateurs et pour, ainsi, ouvrir la porte au processus qui conduira à sa destitution et, dans l’éventualité où l’ex-évêque catholique ferait de la résistance, pour faire appel aux forces armées pour faire exécuter la résolution du Parlement et conclure ainsi leur offensive destituante.
     
     
     
     
     
    En d’autres termes, rééditer la partition écrite par Washington et exécutée avec le succès qu’on connaît à Tegucigalpa et faire avancer d’un pas supplémentaire la normalisation de la situation dans les récalcitrantes régions du sud du Rio Grande.

    Malgré les incohérences et les hésitations de la politique appliquée par le Président Lugo, sa présence seule — produit d’une imposante mobilisation populaire jamais vue auparavant comme rejet de l’étouffante situation héritée du stroessnerisme— est une gêne inacceptable pour les plans des États-Unis dans la région. Bien que jusqu’à ce jour Lugo se soit soucié de maintenir de très amicales relations avec la Maison Blanche et qu’il ait enduré l’irritant rôle tenu par l’Ambassade des États-Unis dans les affaires intérieures du Paraguay, un large éventail de l’establishment étatsunien le perçoit avec grande appréhension et le diabolise comme le dangereux bienfaiteur qui, malgré lui, peut devenir le catalyseur de processus politiques beaucoup plus radicaux à l’image de ce qui se passe dans la Bolivie voisine ou, bien plus au Nord, en Équateur.
     
    Dans les fiévreuses hallucinations des faucons du Pentagone et de Département d’État, Lugo apparaît comme une espèce de kérensky des tropiques qui, comme son prédécesseur russe, finira par ouvrir la porte à une révolte de la plèbe aux incalculables conséquences et lourde de sérieuses répercussions dans la géopolitique régionale.

    Il en est ainsi parce que le Paraguay occupe une situation privilégiée pour fermer, depuis le Sud, le cercle de bases militaires qui entoure le grand bassin amazonien, riche de toutes sortes de ressources énergétiques, en biodiversité, de gisements miniers stratégiques et d’eau douce, surtout d’eau. C’est la raison pour laquelle, en profitant de l’incroyable distraction du Ministère des Affaires Étrangères et du Haut Commandement militaire du Brésil, deux bases ont déjà été installées dans le pays, à Pedro Juan Caballero et à Mariscal Estigarribia.
     
    Si le Paraguay regorge de quelque chose c’est d’eau, cet « or bleu », de jour en jour plus rare et qui, selon les experts, occasionnera les principales guerres qui seront déclenchées durant ce siècle. Et pas seulement l’eau qui court en surface, aussi celle qui circule ou gît sous terre, dans l’imposante nappe phréatiquedu Guarani. Si on ajoute à cela les bonnes relations que Lugo entretient avec Chávez, avec Morales et Correa, le rôle de certains projets communs de coopération internationale qui irritent outre mesure l’Empire, par exemple celui de l’ALBA Culturelle ou celui du troc de pétrole contre denrées alimentaires entre PDVSA et le Paraguay, sans parler de sa collaboration avec d’autres gouvernements progressistes de la région et son appui à l’UNASUR, on comprend l’empressement de Washington et des ses pions narcofascistes paraguayens à se défaire au plus vite de sa présence non désirée.

    L’éventuel procès politique fait à Bareiro Spaini sera le préambule à la destitution de Lugo. C’est pourquoi il est nécessaire d’unir les forces dans toute l’Amérique Latine pour déjouer les plans putschistes de l’impérialisme et de ses alliés.

    Si le processus destituant mis en place au Honduras se répète une fois encore, l’avenir des gouvernements démocratiques et populaires de la région sera très sérieusement menacé. Destituer Lugo même au prix des arguties juridiques, c’est une attaque non seulement contre le peuple du Paraguay qui l’a élu président, mais contre tous les gouvernements de la région dont la solidarité agissante envers le Paraguay est aujourd’hui plus urgente que jamais.

    Source originale : atilioboron.com
    Traduction : Manuel Colinas pour Investig'Action

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    La bataille Venezuela par Ignacio Ramonet

    Le monde diplomatique. septembre 2010.

    Dans la dispute pour l’hégémonie idéologique en Amérique latine, deux épreuves décisives se déroulent les prochaines semaines : élections législatives au Venezuela, le 26 septembre, et scrutin présidentiel au Brésil, le 3 octobre. Si la gauche démocratique ne venait pas à l’emporter dans ce pays-géant, le pendule politique s’inclinerait, à l’échelle continentale, vers la droite qui gouverne déjà dans sept pays : Chili, Colombie, Costa Rica, Honduras, Mexique, Panama et Pérou. Mais une telle éventualité semble peu probable ; José Serra, candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), pourra difficilement s’imposer face à Dilma Rousseff, du Parti des travailleurs (PT), candidate soutenue par le très populaire président sortant Luiz Inacio Lula da Silva, qui, si la Constitution l’avait permis, eût été facilement réélu pour un troisième mandat.

    L’affaire étant pour ainsi dire réglée au Brésil, les forces conservatrices internationales concentrent leurs attaques sur l’autre front, le Venezuela, dans l’espoir d’affaiblir le président Hugo Chavez et la Révolution bolivarienne. Ce qui s’y joue, c’est la désignation des 165 députés à l’Assemblée nationale (il n’y a pas de Sénat). Avec une particularité : les élus sortants sont presque tous « chavistes », l’opposition ayant refusé de participer au précédent scrutin de 2005. Cette fois, elle n’a pas commis la même erreur ; un assemblage hétéroclite de partis et d’organisations [1], agrégés par la haine anti-Chavez, se présente sous le sigle commun du MUD (Mesa de la Unidad Democrática, Table de l’unité démocratique) contre le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) [2] du président.

    Inévitablement, la majorité bolivarienne verra ses rangs diminuer dans la nouvelle Assemblée. De combien de députés ? Le gouvernement pourra-t-il poursuivre son programme de grandes réformes ? L’opposition aura-t-elle les moyens de freiner la révolution ?

    Tels sont les enjeux. En sachant que 60 % des parlementaires (soit 99 sièges) sont élus au scrutin uninominal, et les autres 40 % (soit 66 sièges) à la proportionnelle. La liste qui dépasse les 50 % des suffrages obtient automatiquement 75 % des sièges réservés au scrutin proportionnel. Ceci est fort important, car la Constitution prévoit que les lois organiques [3] doivent être votées par les deux tiers des députés, et que les grandes lois qui habilitent le président à légiférer par décret, doivent l’être par les trois cinquièmes des députés.

    Cela signifie que si l’opposition obtenait 56 sièges (sur 165), elle pourrait empêcher l’adoption de toute loi organique ; avec 67 sièges, elle rendrait impossible le vote de lois habilitantes. Or, jusqu’à présent, ce sont précisément les lois habilitantes qui ont permis la réalisation des principales réformes.

    Voilà pourquoi la bataille Venezuela mobilise tant d’énergies et de ressources au sein des droites internationales. Cela explique aussi la hargne et l’agressivité des nouvelles campagnes de diffamation lancées, à l’échelle mondiale, contre le président Hugo Chavez. Ces derniers mois, les accusations les plus malveillantes se sont succédées. Les médias de haine ont d’abord fait grand bruit autour des problèmes de restrictions d’eau et de coupures d’électricité (aujourd’hui résolus) dont ils rendaient coupable le gouvernement, sans mentionner la seule et vraie cause : le changement climatique responsable de la sécheresse du siècle qui a frappé l’hiver dernier le pays.

    Ils ont ensuite répété à satiété les accusations sans preuve avancées par l’ancien président de Colombie, Alvaro Uribe, à propos d’un supposé « Venezuela, sanctuaire des terroristes ». Dénonciations aujourd’hui abandonnées par le nouveau président Juan Manuel Santos après sa rencontre du 10 août avec Hugo Chavez. Celui-ci avait, une fois encore, redit que les guérillas doivent abandonner la lutte armée : « Le monde actuel n’est pas celui des années 1960. Les conditions ne se prêtent plus, en Colombie, à une prise du pouvoir. En revanche, la lutte armée est devenue le prétexte principal de l’Empire pour pénétrer à fond en Colombie et, à partir de là, agresser le Venezuela, l’Equateur, le Nicaragua et Cuba  [4]. »

    Puis il y a eu les affolantes campagnes sur l’insécurité. Comme si le problème – auquel les autorités s’attaquent avec des moyens redoublés [5] – était nouveau. Voici, par exemple, ce qu’on pouvait lire – déjà en juillet 1995 ! – dans un reportage sur la saga de l’insécurité dans capitale vénézuélienne : « Une véritable psychose de peur hante Caracas.(…) La violence a atteint un tel degré de folie que les délinquants ne se contentent plus de voler.(…) On frappe pour le plaisir de frapper, on tue pour le plaisir de tuer. On s’acharne, on se saoule de cruauté. En une semaine, plusieurs personnalités – dont un célèbre joueur de base-ball (Gustavo Polidor), un chirurgien et un avocat – ont été assassinées sous les yeux de leur famille. L’insécurité est partout. Une cinquantaine de chauffeurs d’autobus de la capitale ont été tués depuis le début de l’année… [6]« 

    Contre toute évidence, les médias de haine répètent également que les libertés politiques seraient amputées et que la censure empêcherait toute liberté d’expression. Ils oublient de signaler que 80 % des stations de radio et des chaînes de télévision appartiennent au secteur privé, alors qu’à peine 9% sont publiques [7]. Ou que, depuis 1999, quinze élections démocratiques se sont tenues, et qui n’ont jamais été contestées par aucun organisme international de supervision. Comme le souligne le journaliste José Vicente Rangel : « Chaque citoyen peut adhérer à n’importe lequel des milliers de partis politiques, syndicats, organisations sociales ou associations, et se déplacer sur l’ensemble du territoire national pour débattre de ses idées et opinions sans limitation d’aucune sorte  [8]. »

    Depuis la première élection d’Hugo Chavez, en 1999, l’investissement social a quintuplé par rapport à la moyenne de celui réalisé entre 1988 et 1998. Cela a permis d’atteindre, avec cinq ans d’avance, presque tous les Objectifs du millénaire fixés par l’ONU pour 2015 [9]. Le taux de pauvreté a chuté de 49,4 % en 1999 à 30,2 % en 2006, et celui de misère de 21,7 % à 7,2% [10].

    De résultats aussi prometteurs, méritent-ils vraiment tant de haine ?

       
    Notes


    [1]  Acción Democrática (social-démocrate), Alianza Bravo Pueblo (droite), Copei (démocrate-chrétien), Fuerza Liberal (ultralibéral), La Causa R (ex-communistes), MAS (Mouvement au socialisme, gauche conservatrice), Movimiento Republicano (néolibéral), PPT (Patrie pour tous, droite), Podemos (Pour la démocratie sociale, gauche conservatrice), Primero Justicia (ultralibéral) et Un Nuevo Tiempo (social-libéral).

    [2]  Fondé en 2007, le PSUV réunit presque toutes les forces politiques qui soutiennent la Révolution bolivarienne : Movimiento Quinta República, Movimiento Electoral del Pueblo, Movimiento Independiente Ganamos Todos, Liga Socialista, Unidad Popular Venezolana, etc. Le Parti communiste du Venezuela (PCV) n’a pas intégré le PSUV, mais il soutient la plupart de ses options et a signé avec lui un accord électoral.

    [3]  Une loi organique complète la Constitution et précise l’organisation des pouvoirs publics. Dans la hiérarchie des lois, elle se situe au-dessous de la Constitution, mais au-dessus des lois ordinaires.

    [4]  Clarín, Buenos Aires, 25 juillet 2010.

    [5]  Cf. Maurice Lemoine, « En proie à l’insécurité, Caracas brûle-t-elle ? », Le Monde diplomatique, Paris, août 2010.

    [6]  Ignacio Ramonet, « Le Venezuela, vers la guerre sociale ? », Le Monde diplomatique, juillet 1995.

    [7]  Ils « oublient » également de signaler que, au Honduras, par exemple, pendant le premier semestre de cette année, neuf journalistes ont été assassinés…

    [8]  www.abn.info.ve/node/12781

    [9]  http://news.bbc.co.uk/hi/spanish/specials/2009/chavez_10/newsid_7837000/7837964.stm

    [10]  www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php ?45387


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  • L’Amérique latine : pôle de résistance et laboratoire social


    L’Amérique Latine a longtemps été un terreau fertile pour les expériences révolutionnaires. Depuis une vingtaine d’années, elle est probablement devenue le principal foyer de résistance à la mondialisation capitaliste et à l’hégémonie de l’Empire. La richesse et la diversité de ces expériences permettent de qualifier le sous-continent de véritable laboratoire social. En janvier 1994, l’insurrection zapatiste contre l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA) montre la voie de la résistance contre les institutions internationales. Elle est suivie une décennie plus tard par la mobilisation continentale contre l’accord de libre échange des Amériques (ALCA) et sa mise en échec lors du sommet de Mar del Plata en novembre 2005. 

    La campagne « 500 ans de résistance » à l’occasion du cinquième centenaire de la colonisation espagnole en 1992 marque l’émergence des mouvements indigènes contre la domination impériale et oligarchique. Elle est probablement un des événements les plus décisifs dans l’Amérique latine contemporaine. Dès lors, en Equateur puis en Bolivie et plus largement au niveau régional, les mouvements indigènes s’affirment de plus en plus comme de véritables acteurs sociaux et politiques. L’Amérique latine est également, à bien des égards, un lieu d’innovation politique et social. La résistance au modèle de domination se traduit sous deux formes :

    d’un coté, par l’élection de nouveaux dirigeants qui se situent plus ou moins en rupture avec le dogme libéral et qui remettent en cause les institutions en place et la démocratie formelle,
    de l’autre, par le renforcement de mouvements sociaux qui réactualisent notamment la question de l’appropriation sociale.

    Loin d’être opposables, ces deux formes sont parfois complémentaires. En effet, dans plusieurs pays, l’accumulation de forces des mouvements sociaux a permis des changements de gouvernements ou de faire pression sur les pouvoirs en place. A peine élus, les dirigeants du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur convoquent des assemblées constituantes pour changer leur constitution respective et réformer fondamentalement les institutions en instaurant formellement la démocratie participative. Ils ont été précédés en cela par le Parti des travailleurs brésilien qui a innové au niveau de la démocratie locale en initiant le budget participatif dans la ville de Porto Alegre en 1990 puis dans l’Etat du Rio Grande do Sul en 1999.
     
    Cette expérience a connu un retentissement mondial, ce qui conduira tout naturellement à désigner la ville de Porto Alegre comme siège du premier forum social mondial (FSM) en 2001. Les expériences continentales impulsées par les mouvements sociaux sont diverses. Les formes d’organisation que sont le mouvement des paysans sans-terre (MST) au Brésil, la CONAIE (Confédération des mouvements indigènes) en Equateur, les piqueteros (mouvements des sans travail) et le mouvement de récupération des entreprises en Argentine, les Caracoles au Chiapas, la Marche mondiale des femmes se situent bien souvent en rupture avec les formes de luttes traditionnelles du mouvement ouvrier. Ces mouvements sont les lieux d’élaboration et de mise en œuvre de nouvelles pratiques sociales qui privilégient la démocratie active ou directe et l’émancipation.
     
    C’est probablement en Amérique latine que le mouvement altermondialiste est devenu le plus actif et le plus structuré. Indubitablement, il a permis de rompre avec la logique de la doctrine Monroe (1823), de sortir des cloisonnements nationaux et de multiplier les échanges entre les mouvements sociaux en ce début du XXIe siècle. Si au cours de son histoire récente, le sous-continent s’est révélé être un ferment d’expérimentations d’inspiration autogestionnaire, il serait réducteur de limiter la richesse des expériences aux deux dernières décennies.
     
    En effet, l’histoire du mouvement ouvrier latino-américain est parsemée de luttes qui ont posées les questions de l’appropriation sociale et pratiquées des formes d’auto organisation : de l’influence exercée par les émigrants anarchistes européens dans la conduite des luttes sociales et sur le coopérativisme dans le Cône Sud (1890 - 1930) (Ferrer - 2004) (de Gracia - 2009) aux expériences péruvienne et chilienne sous les gouvernements de Juan Velasco Alvarado et Salvador Allende au début des années 70 (Raptis - 1973) (Gaudichaud - 2004), en passant par les quatre mille tomas de fábricas en Argentine en 1964 (Mandel - 1973, Moreno - 2005), le « Cordobazo » en Argentine (1969) et l’Assemblée populaire en Bolivie (1971) (Lavaud - 1977), il existe une multitude « d’éclairs autogestionnaires » (Iturraspe - 1986).

    Pour cet ouvrage, compte tenu de la multiplicité des expériences, de leurs impacts et leurs répercussions dans cette région, et plus globalement dans le monde, nous avions l’embarras du choix. C’est donc tout naturellement que nous avons attribué une place non négligeable à l’Amérique latine. Bien évidemment, nous avons dû opérer des choix drastiques, ce qui implique des manques et des limites. Plutôt que de reprendre des expériences passées, nous avons privilégié des expériences en cours qui revendiquent la transformation du système car pour nous l’autogestion n’est pas une utopie dépassée ou un effet de mode.
     
    Le seul détour historique concerne le rôle des Cordons industriels et des pouvoirs populaires au Chili sous Allende, qui a été largement occulté par les ouvrages relatant l’histoire de l’Unité populaire. (Gaudichaud). Nous avons donc tenté de distinguer différentes formes de pratiques et aspects autogestionnaires contemporains : socialisation de l’économie, formes de participation aux institutions, concepts de pluri nationalité et indianisme, exercice du pouvoir populaire. S’ils existent des entreprises récupérées dans plusieurs pays comme au Brésil et au Venezuela, le mouvement argentin est de notre point de vue exemplaire de part son ampleur et sa vitalité. Il s’inscrit également dans un processus historique et puise largement dans la conscience profonde du mouvement ouvrier de ce pays. Le budget participatif mis en œuvre à Porto Alegre a permis de rénover une démocratie représentative largement discréditée et de remettre le peuple au cœur du processus de décisions.
     
    L’impact mondial de cette expérience « nous conforte que c’est l’une des voies de reconstruction d’un projet socialiste. » (Pont-2007). L’émergence du mouvement indigène et particulièrement andin a été décisive dans les changements opérés en Equateur mais surtout en Bolivie. L’indianisme, bien distinct de l’indigénisme, a permis de combattre le modèle de domination impériale « euro centrique » et les discriminations des états-nations. Il réaffirme des identités tout en conceptualisant « l’unité dans la diversité » comme en Bolivie où l’accumulation de forces en résistance au modèle néolibéral a contribué à l’élection d’Evo Morales et à instaurer une nouvelle conception du pouvoir. Le Mouvement vers le socialisme (MAS) se définit comme un « parti-mouvement » et une fédération de mouvements sociaux. Cet « instrument politique atypique » a retenu toute notre attention malgré des limites observées dans son fonctionnement.
     
    L’Assemblée populaire des peuples de Oaxaca (APPO) a concentré l’essentiel des paramètres d’une démocratie radicale et directe, de l’autogestion, de l’autonomie des sujets et des collectifs sociaux. Le répertoire d’actions et les traditions politiques en jeu ont permis l’émergence d’un nouveau collectif social dans un pari radical et alternatif au système hégémonique, la Commune de Oaxaca. Enfin, le processus révolutionnaire vénézuélien, souvent controversé, est traité sous l’angle de la participation populaire dans la mise en œuvre des Missions sociales, le développement endogène de l’économie sociale et la tentative d’instauration d’un double pouvoir avec les Conseils communaux. L’ensemble de ces expériences tend vers des formes d’autogestion. Bien d’autres, non décrites, tentent de pallier à l’absence de l’Etat et de se substituer au marché. L’Amérique latine est en mouvement perpétuel, elle est un « volcan » (Gaudichaud - 2008).


    Richard Neuville
    Ici
    (Membre de la commission internationale des Alternatifs)
    Source : Extrait du livre collectif Autogestion : hier, aujourd’hui, demain, Syllepse, 2010


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  • Colombie : Le poids des maux, le choc des photos.

    Vous avez oublié les photos (bidons) du faux charnier de Timisoara en Roumanie ?

    En décembre 1989, elles démontrèrent au monde entier la férocité du régime communiste roumain. La presse avança le chiffre d’une dizaine de milliers de morts. Ceausescu renversé et exécuté, on a appris que les cadavres (moins de 200) avaient été sortis de la morgue d’un hôpital pour une mise en scène politico-macabre que les médias avalèrent illico et propagèrent urbi et orbi sans chercher à vérifier.

    Et voici que nous en parviennent d’autres, authentiques, non niées par le gouvernement en place, des photos aussi atroces, sur un charnier bien plus grand. Massacres militaires contre de paisibles citoyens qui, en mourant, permettaient aux tueurs de les baptiser « terroristes » et d’obtenir primes et avancement.

    On imaginait que les médias, qui savent que l’émotion est une bonne vendeuse, que les photos valent mille discours pour dénoncer des criminels, allaient nous en horrifier au journal de 20 H, dans les pages des magazines et jusque dans les quotidiens qui les accompagneraient de bons éditoriaux humanistes.

    Déception ! Nous ne voyons rien venir. Même Paris Match, « Le poids des mots, le choc des photos » nous en prive.

    Pourquoi ? Parce que cela s’est passé dans un pays allié des USA qui forme et arme ses militaires-là ?

    Le Grand Soir, « journal militant d’information alternative », doit donc s’y coller.

    Accrochez-vous, c’est du fétide, c’est du crime à grande échelle contre des innocents. Et ça se passe en Colombie.


    (voir vidéos reportage à la fin)

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    La suite ici

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  • Mexique : Ostula, le droit de vivre

    « Ils sont entrés chez moi, mais j’ai eu le temps de détaler, par derrière. » Valentín esquisse un sourire. Il y a trois mois environ, 150 individus, armés jusqu’aux dents et se présentant comme membres de la Familia, le cartel le plus important du Michoacán, ont envahi le village de Coire. Ils n’ont pas caché leurs intentions : ils venaient pour tuer Valentín. Car le jeune homme, après s’être activement opposé il y a quelques années au programme gouvernemental PROCEDE [1], destiné à privatiser les terres collectives des populations indigènes, avait été l’un des plus fervents partisans du soutien aux habitants de la communauté voisine d’Ostula, lorsque ceux-ci ont décidé, en juin 2009, de récupérer le millier d’hectares de terres volées dans les années 1960 par les « petits propriétaires » du bourg de La Placita.

    Les pistoleros n’ont donc pas pu mettre la main sur Valentín. Ils se sont contentés de menacer ses trois enfants (trois, six et huit ans) avec leurs fusils d’assaut, « on va flinguer ton père », et ont emmené son jeune frère. Ils l’ont torturé pour essayer de lui soutirer des informations, puis l’ont relâché au bout de deux jours.

    Nous avons finalement pu rencontrer les comuneros d’Ostula. Quatorze mois après la récupération, et l’installation de plusieurs dizaines de jeunes couples sur les terrenos comunales, le bilan est lourd. Treize hommes tués, et quatre levantados, enlevés sans espoir de les retrouver vivants.

    Peu à peu, nous saisissons mieux d’autres données du conflit. La plage d’Ostula (rebaptisée Xayakalan) servait depuis des années au débarquement de mystérieux chargements, en provenance de Colombie ou d’Amérique centrale. « Tout le monde dans la communauté savait que le trafic était protégé par les militaires. » Pas seulement parce que le casernement de la Marine se trouve là, trop près pour que les allées et venues puissent lui échapper. « Souvent, les soldats descendaient sur la plage, pour surveiller les opérations, afin que les colis ne se perdent pas. »

    À côté de Valentín, le regard franc et décidé, deux commandants de la garde communale d’Ostula. Celle-ci a été créée par les habitants des villages, lassés de subir agressions et assassinats sans que les coupables ne soient inquiétés. Ils savaient que la récupération de Xayakalan ne se ferait pas sans heurts. Ils ont donc renoué avec les anciennes coutumes de l’autodéfense indigène. Et cette police-là n’est pas une force étrangère à la population, brutale et corrompue, au service des leaders politiques, des trafiquants et gros propriétaires. Elle est formée et contrôlée par les habitants de la communauté indigène.

    C’est d’ailleurs ce qui inquiète les autorités. Voilà pourquoi, quelques jours avant l’opération des pistoleros contre Coire, un millier de soldats et de policiers sont entrés dans les maisons, à la recherche d’armes, sans même un mandat de perquisition. Ils ont emmené deux des membres de la police communautaire, prétendant les avoir arrêtés lors d’un contrôle routier.

    La complicité entre militaires et pistoleros est on ne peut plus claire. Les uns désarment la population, les autres enlèvent et assassinent. Mais les médias aux ordres retiendront une tout autre version : les indigènes se livrent au trafic, et tous ces morts sont victimes de règlements de comptes. Il faut donc militariser la zone, la pacifier [2] et la livrer au développement. Comme par hasard, la région est riche en ressources minières, la construction d’un port est en projet. De plus, les paysages sont splendides. L’immense plage vierge, bordée de hauts cocotiers, attend déjà les grues et les bétonnières.

    Mais, nous l’avons déjà écrit, ces hommes et ces femmes rudes et solidaires, indigènes nahuas du Pacifique, ne sont pas à vendre. Pour eux, se séparer de la terre qui nourrit les corps, conserve la mémoire des villages, abrite les âmes des ancêtres et garantit l’avenir des enfants, c’est accepter une vie au rabais.

    Quand ils ont décidé de reprendre leurs terres, les comuneros d’Ostula, Coire et Pomaro savaient qu’ils commettaient une folie. Francisco de Asís Manuel, le président des biens communaux, le leur avait répété. C’était juste avant son enlèvement.

    Aujourd’hui, essayant de briser l’épais silence médiatique, la communauté indigène de Santa María Ostula réclame le retour de ses membres séquestrés, la vérité et la justice sur les assassinats, le démantèlement des groupes paramilitaires du narco, le châtiment des fonctionnaires gouvernementaux qui les protègent, le respect de l’intégrité de ses terres communales, le respect de sa police communautaire et sa garde communale.

    Avec ceux du Chiapas, de l’Oaxaca, du Guerrero, du Chihuahua et d’ailleurs, avec les ejidatarios de San Salvador Atenco, les Nahuas de la côte Pacifique du Michoacán nous disent que l’humanité peut rester digne et libre.

    Jean-Pierre Petit-Gras

    [1] Ce programme consiste à proposer aux indigènes titulaires d’une parcelle, dans le cadre de la propriété communale (collective), d’en devenir propriétaires. Avec un titre de propriété, leur dit-on, vous pourrez emprunter aux banques... L’objectif est double : détruire l’organisation communautaire des indigènes, en niant leur conception de la terre-mère, inaliénable et sacrée, pour ensuite s’emparer des parcelles hypothéquées.

    [2] Cette « pacification » a fait 29 000 victimes depuis la prise de fonction du président Calderon. Pour celui-ci, tous ces morts sont « la poussière que l’on fait en passant le balai ». Pour les observateurs attentifs, un grand nombre d’entre eux sont tombés pour avoir voulu défendre leur terre et leur dignité.

    Source ici


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  • Chili : un point sur la situation des 9 compagnons incarcérés le 14 août pour "terrorisme"

    August 20th, 2010 , Act For Freedom Now.

    SANTIAGO - Aucun blessé jeudi lorsqu’une bombe artisanale a été enlevée d’un garage souterrain situé sous un supermarché de la capitale chilienne, selon la police. Trois autres bombes ont été trouvées et désamorcées, selon un rapport établi par les Carabineros, la police nationale militarisée du Chili.
    Sur place, des tracts ont été laissés, faisant référence aux accusations du procureur spécial Alejandro Peña contre 15 anarchistes accusés d’avoir réalisé un nombre élevé d’explosions durant les dernières années.

    Un tribunal de Santiago a ordonné mardi dernier que huit des quinze suspects restent détenus en attente d’un procès. Six autres accusés sont remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire, de se rencontrer mutuellement, de visiter les détenus, obligation de signer une fois par semaine, et interdiction de se rendre dans les centres sociaux occupés perquisitionnés durant les arrestations.
    Le 15ème suspect, Gustavo Fuentes Aliaga, est déjà en prison, également soupçonné d’autres délits.

    Le tribunal a donné 180 jours (six mois) au procureur pour compléter l’enquête portant sur les 23 attaques explosives contenues dans l’acte d’accusation.

    Les attaques visaient des banques, les bureaux de compagnies internationales, des ambassades, des églises et des commissariats, la plupart situés à Santiago. Le seul accident mortel fut la mort d’un anarchiste, Mauricio Morales, tué par sa bombe qu’il transportait à vélo.


    La situation des compagnons :

    Rodolfo Retamales : Détenu C.A.S., prison préventive pour 180 jours, accusé d’association illégale.

    Pablo Morales : Détenu en C.A.S., prison préventive pour 180 jours, accusé d’association illégale.

    Felipe Guerra : Détenu en C.A.S., prison préventive pour 180 jours.

    Carlos Riveros : En “liberté", sous contrôle judiciaire.

    Vinicio Aguilera : Détenu en C.A.S. Prison préventive pour 180 jours.

    Mónica Caballeros : Détenue en C.O.F. Prison préventive pour 180 jours .

    Andrea Urzúa : Détenue en C.O.F. (lieu de détention pour femmes). Prison préventive pour 180 jours.

    Camilo Pérez : En “liberté", sous contrôle judiciaire.

    Cristián Cancino : En “liberté", sous contrôle judiciaire.

    Diego Morales : En “liberté”, sous contrôle judiciaire.

    Francisco Solar : Détenu en C.A.S., en détention préventive pour 180 jours.

    Omar Hermosilla : Détenu en C.A.S., en détention préventive pour 180 jours, accusé d’association illégale.

    Candelaria Cortez : En “liberté” mais sous contrôle judiciaire.

    Iván Goldenberg : En “liberté” mais sous contrôle judiciaire.

    C.O.F. : Centro de Orientación Femenina C.A.S. : Carcel de Alta Seguridad (prison de haute sécurité).

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    Source ici


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