• Malaisie : décision historique contre les joint-ventures de palmier à huile

    La Haute Cour de Kuching, capitale de l’État malais de Sarawak, dans l’île de Bornéo vient de statuer que tout accord de joint-venture entre une entreprise nationale et une entreprise étrangère de plantation de palmier à huile est en contravention au Code foncier qui prévoit qu' “une personne non native du Sarawak ne peut pas acquérir de droits ni de privilèges contraire au droit coutumier local”.

    Cette décision est une victoire pour les Ibans, un peuple ethnique natif du Sarawak qui habite le district de Pantu Land : en leur nom et au nom de 90 autres, ils avaient intenté un procès contre la LCDA (organisme responsable du territoire et du développement), contre Pelita Holdings Sdn Bhd, contre Tetangga Arkab et contre le gouvernement de l’État du Sarawak.

    Les plaignants affirment qu’ils détiennent des droits coutumiers sur la terre que les accusés ont envahie pour y établir une plantation de palmier à huile dans le cadre d’un accord de joint-venture.
    La Cour a déclaré que les Ibans avaient le droit de réclamer ces terres, car “les autochtones ont été privés de leurs droits coutumiers sur une terre qui est la source de leurs moyens d’existence, et du droit à la propriété de cette terre, ce qui constitue une violation des articles 5 et 13 de la Constitution”
    .


    En outre, la Cour a réafirmé que “peu importe que les propriétaires aient été payés la somme discutable de 120 RM par hectare, une somme dérisoire si l’on considère que les palmiers à huile plantés dans leur terre ont déjà été mis à profit pendant plus de trois ans”.


    La décision de la Cour a de vastes implications pour la vingtaine d’accords de joint-venture passés entre des natifs et des non-natifs dans le secteur des plantations de palmier à huile, et pour les dizaines de procès qui sont en instance devant les tribunaux du Sarawak, intentés par des autochtones qui réclament des terres utilisées pour la plantation de palmiers et pour l’extraction de bois. Ce qui est très important aussi est que cette décision empêche les entreprises d' “entrer, d'occuper,de défricher, de récolter ou de faire une quelconque activité sur des terres relevant du droit coutumier”.

    Dans l’État de Sarawak, autrefois couvert de forêt tropicale, l’exploitation forestière d’abord aujourd'hui les plantations de palmier à huile ont éliminé les forêts et déplacé des milliers d’habitants, dont certains avaient vécu des siècles durant de la pêche, la chasse et l’agriculture dans la forêt.
    Pour beaucoup d’indigènes qui souhaitent préserver leur style de vie traditionnelle dans des villages de maisons longues, chacun habité par près de 400 personnes, il est nécessaire de défendre les forêts qui les font vivre.

    Un groupe d’Ibans qui vit au bord de la rivière est décidé à défendre sa terre et vient de refuser l’offre d’une entreprise de palmier à huile qui proposait de payer à chaque famille environ 66 USD, une somme qui, même pour des gens aux ressources aussi modestes, est insignifiante.
    Le chef du village a dit que le problème n’était pas l’argent : “Nous dépendons tellement de la forêt... Nous ne voulons pas vendre, la forêt n’est pas à vendre”.
    wrm
    “Malaysian tribes fight to protect rainforests”, Azhar Sukri, Al Jazeera's
    lien


    votre commentaire
  • Une deuxième baffe pour Berlusconi



    Gorka Larrabeiti

    Traduit par  Fausto Giudice

    Les Italiens ont rejeté massivement  le retour  à l'énergie nucléaire, la privatisation de l'eau et des services publics et l'empêchement de juger  Berlusconi et ses ministres

    Grande joie en Italie, hier, quand il est apparu que le quota requis (50% plus un des électeurs inscrits) était atteint   pour valider les résultats  des quatre référendums abrogatifs  sur la gestion des services publics (eau, transports, déchets), les taux de service de l'eau, l'énergie nucléaire et les entraves légales à la possibilité de  juger le Président et les membres du  Conseil des ministres. Environ 95% des 26.900.000 électeurs  (57% du total) qui s'étaient rendus aux urnes ont voté quatre fois oui. Un résultat  écrasant.
     
    Il est très difficile d'atteindre le quota  lors d'un référendum abrogatif. Cela faisait 15 ans que cela ne s’était pas passé.  On dit que Fukushima a été la clé qui explique l'énorme participation des électeurs. On dit  aussi qu’il s’est agi d’un vote politique contre Berlusconi. En deux semaines, Il  Cavaliere a essuyé deux défaites électorales spectaculaires. Tout d'abord, lors des élections locales quand il a perdu des villes symboliques comme Milan et Naples.

    Et voilà que les Italiens lui désobéissent en masse en allant aux urnes alors qu’il les avait invités «aller à la plage » dimanche. Les ruses de Berlusconi  pour que la participation aux référendums n’atteigne pas le quota requis n’ont servi à rien. «Nous en avons marre de prendre des baffes. Maintenant, c’est nous qui allons dicter  l'ordre du jour », a averti Roberto Calderoli, ministre de la Ligue du Nord, le parti sans lequel  Berlusconii ne pourrait pas continuer à gouverner. Le gouvernement Berlusconi est chancelant, et, logiquement, les partis d'opposition exigent en bloc la démission de l'actuel président du Conseil et la convocation immédiate d’élections politiques.


    Mais la signification de cette victoire va au-delà de l’immédiateté et de l’actualité  politiques de la baffe à Berlusconi ou ou du déclin du berlusconisme, et cela  pour deux raisons. Premièrement, parce que c'est un triomphe d'un référendum promu par le bas, sans autre moyen que la mobilisation populaire dans les réseaux sociaux et dans les rues.

    Il est vrai que le parti  Italie des Valeurs s’était fait le promoteur de la collecte des signatures nécessaires pour obtenir un référendum, mais ce sont  les mouvement pour l'eau publique et contre l'énergie nucléaire qui se sont mobilisés les premiers. Deuxièmement, parce que ce qui était en jeu, à savoir l'eau, l'énergie, l'environnement et la justice sont des biens publics qui appartiennent à tout le monde car ils ne sont à personne, et une majorité transversale a décidé qu’ils devaient le rester. Ce référendum révèle le désir de participer, d’échapper à l'égoïsme, et de revenir au commun. Nichi Vendola, chef de file du parti Gauche, écologie et liberté, (SEL) résume ainsi la situation actuelle: «Aujourd'hui, c’est l'Italie des biens communs qui gagne et celle des lobbys qui perd .»
     
    Selon Giuseppe di Rita (1), président de CENSIS (Centre d'Études en Investissement Social), une fondation qui publie un rapport annuel socio-économique sur l'Etat italien, 'un cycle politique fondé sur la subjectivité qui a commencé dans les années 60 et a atteint son apogée avec Berlusconi est en train de se refermer. Un cycle qui a produit un «malaise social» dans cette dernière phase, parce que la société s’éloigne du modèle  "tout est à moi" et recommence à se réunir, à s’agréger. Le « je », axe du libéralisme qui prétend encore dominer le monde, est en train de cesser d’être le centre du monde car il ne fait que conduire à " des formes d’agressivité diffuse ou automutilante (anorexie, boulimie, consommation de drogues). Et à des situations familiales exaspérante, à des crimes et délits violents."
     
    Di Rita dit: «Aujourd'hui, on commence à percevoir que solitude et l'individualisme ne sont pas une aventure de puissance, mais de dépression. Le dérèglement des pulsions est un produit de l'égocentrisme, d’une culture qui fait du moi le principe du monde, et de plus dans la une phase où la reconnaissance sociale se raréfie."
     
    Et tandis que Berlusconi, qui a reçu hier Nétanyahou, continuait à faire des blagues sur le Bunga Bunga, pour essayer de détourner l'attention de la défaite et la centrer à nouveau sur sa personne, l'Italie nous a donné une grande joie. L’ère du « moi-moi-moi » prend fin. Le « nous » est de retour.

    Note
     
    1. Ida Dominijanni, entretien avec Giuseppe di Rita. "Il lento sipario sulla Seconda Repubblica", Il Manifesto, 8-6-2011, p.7.
     



    Merci à Tlaxcala
    Source: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=5048
    Date de parution de l'article original: 14/06/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=5053


    votre commentaire
  • L’accaparement des terres : l’Inde en guerre contre ses paysans



    Vandana Shiva

    Traduit par Michèle Mialane

    Notre terre, avec ses mers, ses rivières et ses eaux dormantes, qui fournit leur nourriture aux groupes humains divers à qui elle a donné naissance, qui porte toute cette vie qui respire et foisonne, nous offre en premier lieu la joie d’étancher notre soif.

    Prithvi Sukta, Atharva Veda.

     

    En Inde, l’État arrache par la force leurs terres aux paysans et les remet aux spéculateurs, aux grosses sociétés foncières et minières et à l’industrie du divertissement.


    La terre, c’est la vie. Pour les paysans et les peuples autochtones de tout le Tiers Monde, c’est le fondement de leur subsistance. Mais c’est aussi désormais le premier investissement au  sein l’économie mondialisée. Comme la mondialisation exige de plus en plus de ressources, la terre devient un enjeu majeur des conflits. En Inde  65%  de la population dépend de la terre. Parallèlement l’économie mondialisée, poussée par la spéculation financière et le consumérisme effréné, exige de plus en plus de terre pour ses mines et son industrie, ses villes, ses autoroutes et ses plantations pour les agrocarburants. Le montant des spéculations financières représente cent fois la valeur totale des biens et services réels.

    Le capital financier est avide d’investissements et de retour sur investissement.  Il lui faut changer en profit toute la planète - l’air et l’eau, les plantes et les gènes, les microbes et les mammifères. La transformation en marchandise pousse les entreprises à s’accaparer les terres de l’Inde, aussi bien par la création de zones spéciales qu’au moyen d’investissements étrangers directs  dans les  biens fonciers.

    La terre, pour la plus grande partie de l’humanité, c’est la Tierra Madre, Mother Earth, Bhoomi, Dharti Ma.La terre, c’est l’identité même des peuples, la base de leur culture et de leur économie. Le lien avec la terre est un lien avec Bhoomi, notre terre ; 75% de l’humanité vit de la terre et la terre est son berceau. La terre est le premier employeur au monde : elle représente 75% de la richesse du Sud mondialisé.

    Le fondement de la  colonisation , c’était l’appropriation des terres par la violence. Et maintenant la mondialisation et le néocolonialisme induisent un accaparement massif des terres indiennes, africaines et latino-américaines. On s’accapare la terre en vue d’investissements spéculatifs, de l’extension des villes, de l’extraction minière et des autres industries, de la construction de routes et d’autoroutes. On vole leur terre aux paysans après les avoir pris au piège de l’endettement et poussés au suicide.

    Les problèmes de la terre en Inde

    En Inde, un mélange empoisonné  des lois coloniales 1894 régissant les acquisitions foncières et de la dérèglementation néolibérale des investissements et transactions commerciales favorise  l’accaparement des terres - et avec lui le règne de la cupidité et de l‘exploitation sans frein. L’avènement d’un État policier et l’utilisation de lois coloniales réprimant les révoltes, et rendant antinationale la protection des intérêts de l’État et de la nation joue aussi son rôle.

    Il y a des années que la Banque mondiale s’efforce de transforme la terre en marchandise. En 1991, son programme d’ajustement structurel a stoppé la réforme agraire et dérèglementé l’industrie minière, les routes et les ports. Alors que les lois postérieures à l’indépendance, prévoyant de laisser les terres aux paysans qui l’exploitaient, étaient abolies, la loi de 1894 est restée.

    Ainsi l’État a pu contraindre les paysans et peuples autochtones à lui céder leurs terres, revendues ensuite à des spéculateurs ou à des entreprises immobilières, industrielles et  minières.

    Dans toute l’Inde, depuis  Bhatta dans l’Uttar Pradesh à Jagasingphur dans l’Orissa et Jaitapur dans le Maharashtra, le gouvernement a déclaré la guerre à nos paysans, nos annadatas (paysan en telugu) pour les dépouiller de leurs terres fertiles.

    L’instrument de ce vol a été la loi coloniale sur les acquisitions foncières, utilisée par les dominateurs étrangers contre les paysans indiens.  Le gouvernement se comporte comme ces étrangers lorsqu’ils instaurèrent en 1894 cette fameuse loi, afin de s’approprier la terre au profit des entreprises : JayPee Infratec dans l’Uttar Pradesh pour l’autoroute Yamuna, POSCO dans l’Orissa et AREVA à Jaitapur - le tout au bénéfice d’intérêts privés et non de l’intérêt public, aussi débridée que soit notre imagination. C’est aujourd’hui monnaie courante chez nous.

    Les guerres pour la terre sont lourdes de conséquences pour notre démocratie, la paix sociale et l’écologie, notre sécurité alimentaire et l’alimentation de la population rurale. Ces guerres doivent cesser, ou c’en est fait en Inde de l’écologie et de la démocratie.

    Pendant que le gouvernement de l’Orissa s’apprête à arracher leurs terres aux gens deJagasingphur, qui luttent démocratiquement contre cette spoliation depuis 2005,Rahul Gandhia fait savoir qu’il était opposé à la réquisition des terres à Bhatta dans l’Uttar Pradesh dans un cas similaire. Jairam Ramesh,Ministre de l’Environnement, a concédé qu’il avait donné le feu vert au projet de POSCO « à la suite de fortes pressions.» On peut se demander : « Qui fait pression ? » Il faut en finir avec ce « deux poids, deux mesures » dans la question des terres.

    Un pays méprisé

    À Bhatta Parsual, Greater Noida (UP), la société Jaiprakash Associates (infrastructures) a acquis 2400 ha de terre pour y construire des résidences de luxe et des installations sportives, dont un circuit de formule 1, sous prétexte de construire l’autoroute Yamuna. Longue de 165 km, elle enlèvera des terres à 1225 villages. Les paysans ont protesté contre cette  injuste spoliation et le 7 mai 2011 des heurts entre manifestants et policiers ont causé la mort de quatre personnes et fait de nombreux blessés. Si le gouvernement poursuit ses guerres pour la terre au cœur du grenier à céréales indien, la paix n’a aucune chance.

    En tout cas l’argent ne peut  compenser l’aliénation du pays. Comme l’a dit Parshuram, 80 ans, qui a perdu sa terre à cause de Yamuna :  « Tu ne sauras jamais ce que l’on ressent quand on vous enlève votre terre. »

    Alors que le gouvernement verse 300 roupies (6 dollars US) aux paysans pour 1 m2 de terre - sur la base de la loi de 1894-  , il la revend 600 000 roupies (13 450 dollars) à celui qui porte le projet de « développement ». C’est à dire qu’il multiplie la valeur et donc le profit  par 200 000 . Cet accaparement des terres et ces profits alimentent la pauvreté, l’expropriation  et les conflits.

    De la même manière, à Jaitapur (Maharashtra), la police a ouvert le feu sur des manifestants pacifiques contre la centrale nucléaire projetée dans une cité près de  cette petite ville portuaire. Une personne a été tuée et au moins huit autres ont été grièvement blessées. La centrale de Jaitapur, la plus grande du monde, sera construite par la société française AREVA. Après la catastrophe de Fukushima la contestation s’est accrue - l’entêtement du gouvernement a fait de même.

    Aujourd’hui une situation analogue se prépare à Jagasingphur, Orissa, où 20 bataillons ont été envoyés pour soutenir l’acquisition anticonstitutionnelle de terres et protéger le plus gros investissement étranger en Inde, l’aciérie POSCO. Le gouvernement se propose de détruire 40 plantations de bétel pour pouvoir prendre leurs terres. Le bétel rapporte aux paysans 400 000 roupies (9000 dollars) par an pour 0,4 ha cultivés. Le mouvement contre POSCO s’est heurté un nombre incalculable de fois à la violence étatique au cours de ses 5 ans de lutte pacifique. Il entreprend une nouvelle action démocratique et non-violente - peut-être la dernière - de résistance à un État qui cherche à le spolier de sa terre de manière antidémocratique en usant de violence et se place au-dessus des lois et des droits constitutionnels.

    La « plus grande démocratie du monde» détruit les bases de sa démocratie en menant ses guerres pour la terre. La Constitution reconnaît aux individus et aux panchayats (Conseils de village) le droit de décider démocratiquement en matière  de  terre et de développement, mais le gouvernement ignore leurs décisions, ce qui est apparu clairement dans l’affaire POSCO, lorsque trois panchayats ont refusé de céder leurs terres.

    Le recours à la violence et la privation des moyens d’existence, caractéristiques de la tendance actuelle, met en danger non seulement l’avenir de la démocratie indienne, mais aussi pour la survie de l’Inde en tant que nation. L’Inde, qui  affirme avoir une économie prospère et une forte croissance, est incapable de nourrir 40% de sa population ; n’est-ce pas là une honte nationale ?

    La terre n’est pas destinée à se couvrir de forêts de béton, qui seraient la preuve qu’un pays se développe et bénéficie d’une forte croissance ; elle fournit l’eau et la nourriture, les fondements mêmes de la vie humaine. Donc c’est clair : l’Inde a besoin, non d’une politique d’accaparement des terres fondées sur une loi coloniale améliorée, mais d’une politique de maintien de nos sols, qui respectera notre écosystème, si important: par exemple la fertile plaine du Gange et les régions côtières, en raison de leur  rôle écologique et de contribution à la sécurité alimentaire.

    Donner une terre fertile à des entreprises privées qui forment désormais une nouvelle caste zamindar (noblesse héréditaire) ne peut être d’intérêt public. Les autoroutes privées et routes à grande vitesse ne sont pas des infrastructures indispensables. La véritable infrastructure dont l’Inde a besoin, c’est une infrastructure écologique garantissant l’eau potable et une alimentation correcte. Couvrir de béton et d’usines notre terre  fertile, d’où nous tirons notre nourriture, signifie enterrer l’avenir de notre pays.

     



    Merci à Vandan Shiva
    Source: http://english.aljazeera.net/indepth/opinion/2011/06/20116711756667987.html?utm_source=Al+Jazeera+English+List&utm_campaign=f238e19811-Newsletter&utm_medium=email
    Date de parution de l'article original: 07/06/2011

    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=5028


    votre commentaire
  • Ce n’est pas tout de le dire


    assemblée dimanche 29/5 Madrid

    « Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des banquiers et des politiques », dit la pancarte principale de la #spanishrevolution. Certes, mais ce n’est pas tout de le dire ! Ce n’est pas tout de prôner la non-violence absolue en se réclamant de Gandhi et en oubliant que ce dernier avait pris les coloniaux Britanniques par la bourse en demandant à son peuple de boycotter le sel et, même de manière violente et tragique en certains moments. Ni la révolution espagnole ni les arabes et musulmanes (que l’on voit d’ores et déjà, comme prévu, récupérées ou édulcorées) ne parviendront à leur fin sans toucher la bête (ici appelée banquiers et politiciens) à l’endroit où cela lui fait le plus mal : l’indépendance !

    Au risque de me répéter, on ne se façonne pas une révolution pacifique si celle-ci n’est pas supportée par l’immense majorité du peuple et donc, si les revendications ne sont pas susceptibles d’être acceptées comme propres par cette immense majorité. Tant que les « acampados » ne s’allieront pas, d’une manière ou d’une autre, les travailleurs, les petits indépendants et les paysans les plus pauvres autour d’un programme minimal mais crédible et porteur, le mouvement est condamné à disparaître plus ou moins rapidement. Or, qu’est-ce qui fait mal aux politiciens et aux banquiers ? C’est que les premiers n’ont plus aucun pouvoir sur les seconds et que les seconds ont besoin du bras armé des premiers pour continuer leur accumulation. S’attaquer au dieu Marché et à ses contradictions réelles et concrètes ! Bien sûr, l’Espagne n’est pas l’Islande, mais justement, et là-bas, c’est ce qu’ils ont fait : refuser de rembourser la dette, ne plus répondre aux banquiers, etc.

    C’est à démonter cet engrenage que les assemblées et le mouvement tout entier doit s’atteler ; à en faire un mot d’ordre général qui fasse prendre la mèche, réellement, objectivement, dans l’ensemble du pays et, en dehors, dans l’ensemble de l’Europe en crise. Je ne sais ce qui va sortir des assemblées qui ont lieu en ce moment même –je sais que l’épisode enthousiasmant de la Bastille, a été stoppé net, par une charge musclée de CRS sans état d’âme- mais, j’espère que les résultats n’en resteront pas à de vagues déclarations sur la méthode et la forme plus que sur le fond de revendications qui, quoi qu’on y fasse, sont des revendications politiques. S’attaquer aux politiciens véreux, critiquer la démocratie formelle et combattre les privilèges, ne peut, en aucune façon, vouloir dire renier la politique, se battre pour plus de démocratie et mettre en place des manières, une manière, de vie en commun qui soit autre, certes, mais ailleurs que dans les places occupées : dans les usines, les villages, les régions, le pays tout entier, les facultés, etc.

    Loin de moi l’idée de vouloir faire plaisir à tout le monde –que du contraire. Il me semble qu’un des pièges de mes amis de Sol et d’ailleurs (qui savent très bien ce que je suis en train d’écrire puisque le mouvement s’appelle Démocratie REELLE, tout de suite) réside, précisément, dans un vouloir contenter tout le monde qui, en bout de course, ne contentera personne si ce n’est le pouvoir en place qui verra comment l’illusion s’effrite et le danger, par eux ressenti, s’éloigne ou disparaît. Me propos pourraient sembler contradictoires : d’un côté chercher à rassembler l’immense majorité autour d’un ou deux thèmes d’un programme capable de rassembler le plus grand nombre et, de l’autre, l’appel à ne pas chercher à contenter tout le monde.

    La contradiction disparaît, dès lors que l’on touche à la politisation obligée du mouvement –il ne peut en aucun cas en rester à l’état de mouvement spontanné. Politiser la lutte, faire pression, s’organiser et organiser des contre-pouvoirs réels, des actions d’envergure qui visent le centre nerveux de ce qu’il faut bien nommer par son nom : le système capitaliste, pour qu’il flanche et qu’à terme il menace de « révolutionner ». La lutte sera longue, on le savait ; il ne faut pas qu’elle s’arrête avant d’avoir été menée, avant d’avoir été au-delà des prémisses de l’espoir et du courage intelligent qui rassemble au départ du concret. Il faut tenir dans la distance et les politiques le savent qui, tous, de la gauche institutionnalisée aux écolos bon teint, en passant par les idéologues sectaires, les sociaux-démocrates et les libéraux, se tiennent en retrait. Je n’ai lu ni entendu aucun appui convaincu et fort, aucun geste fort qui appuie les revendications ni le mouvement de la part de cette clique ! Aucun renoncement à la pension à vie en tant que parlementaire, aucune proposition de projet de loi contre les privilèges basiques repris dans le manifeste de la plate-forme : rien !

    Certains se méfient du spontanné, d’autres pensent à leur propre jeunesse soixante-huitarde et replongent dans des dilemmes d’avant la chute du mur, d’autres, enfin, craignent pour leur carrière, leurs privilèges, leur fortune… On n’a pas besoin d’eux : ils ont besoin de nous ; mais, de « nous » qui veut dire le peuple et non pas dix mille, même cent mille personnes, même un million : le peuple ! Et, pour le moment, le peuple continue, comme si de rien –même si les élections italiennes confirment la tendance de l’Espagne, la semaine dernière, l’abstention continue de croître jusqu’à des sommets difficilement soutenables, même en démocratie formelle : terreau pour l’extrême-droite. D’ailleurs, à noter que, pour la première fois depuis des décennies, un partie xénophobe et allié de le Pen, a émergé en Catalogne dimanche dernier… Il en va et en ira de même dans toute l’Europe si personne n’est capable de redonner sens au désespoir, de mettre des mots sur des douleurs et des maux, de redonner ses lettres de noblesse à la politique et à l’Utopie.

    Je sais et je suis certain que c’est cela qui sortira des débats épuisants menés dans le plus grand respect de la parole de tous et avec des manières de faire, tellement organisées, qu’il était impossible qu’un petit (ou un grand) leader apparût. Déjà Barcelone a décidé de prendre deux jours de plus afin de « se structurer et pouvoir dé »centraliser le mouvement vers la périphérie » ; Madrid, Séville et Valence viennent, à l’instant (minuit) de décider la même chose. Après, il s’agira d’unifier tous ces petits laboratoires, de les relier autrement que par le Net et les réseaux sociaux.

    Ces laboratoires portent le germe d’un autre possible, d’une véritable révolution (la première) qui met en avant et l’internationalisme et le pacifisme et la protection de la Nature ! L’Utopie vaut la peine t les gens y adhèrent pour peu qu’elle se montre de face, sans chichis. Le grand écrivain Galeano, disait l’autre jour, sur une chaîne catalane, alors qu’il était interrogé sur ce qu’il venait de voir à Madrid, à peu près ceci que je cite de mémoire : « Un ami cinéaste et moi étions en Colombie, devant un parterre d’étudiants et tout se passait bien jusqu’à ce que quelqu’un nous demande ce qu’est l’Utopie. Je regarde, perdu, mon ami et lui passe la parole en me disant « le pauvre » et, à ma grande surprise, il répond tranquillement cette phrase merveilleuse : l’Utopie, c’est comme l’horizon, toujours visible et toujours inaccessible, tu avances de dix pas et il recule de dix pas, mais tu avances ; l’Utopie, c’est cela, ce qui te permet et qui te fait avancer. »

    Sans cela, le risque est grand de tomber dans ce qui, malheureusement, est devenu l’alternatives du Maghreb et du Makrech : démocratie réelle, réformisme mou ou recul et répression. Aucune révolution –et encore moins en ces temps où le pouvoir est tout aussi globalisé que les oppositions et aussi rapidement interconnecté- ne peut se faire sans l’appui des classes populaires et des intellectuels –je l’ai déjà dit- mais sans celui, également, de la petite bourgeoisie et des indépendants, eux aussi victimes du système. En fin de compte, les bénéficiaires du capitalisme sont très peu nombreux, alors pourquoi ses sbires tiennent-ils les rênes si fortement qu’on dirait des laisses invisibles au cou des citoyens avachis, abrutis, manipulés, aliénés ? C’est une des questions auxquelles il faudra répondre et qui n’est pas la plus difficile, afin de mettre en place des contre-pouvoirs efficaces (qui touchent et éveillent la conscience des peuples, au-delà de l’indignation).

    Pour les pays de l’hiver jasmin, sur la rive méridionale de la Grande Bleue, se défaire des multinationales et des puissances « alliées » encore à la tête des politiques et des militaires aujourd’hui démocrates, afin d’en terminer avec une réelle démocratisation, une réelle indépendance économique et politique, une réelle négociation avec Israël d’égal à égal et se sortir des bourbiers Syrien, Libyen, Yéménite, du Bahreïn, etc. Pour l’Espagne, se défaire du poids des restes du franquisme, récupérer la mémoire historique, et se trouver des alliances autres que celles des politiques aux ordres des agences de notation et de l’empire du marché des armes et de la drogue (le tourisme, pour ne citer que lui, repose sur le grand banditisme et la corruption généralisée, sur la péninsule). Pour tous, viser le FMI, la BM, le G8 et le G20… Parenthèse : Galeano disait aussi, dans la même interview que DSK, avant de violer l’employée de l’hôtel, avait violé impunément des pays et des continents entiers –ce qui peut donner une certaine idée de toute-puissance et il devrait être jugé pour les deux types de viols commis. Fin de la parenthèse.

    Je ne vais pas revenir sur mes articles précédents concernant le mouvement Democracia Real Ya (DRY). J’y crois, je veux y croire et nous devrions, nous tous qui sommes pour un monde autre, être solidaires et y croire. La #spanishrevolution a les pieds bien sur terre et a fait preuve d’indépendance, de courage, de ténacité, de lucidité et d’énergies vitales qui la rendent capable non seulement de durer, mais d’aller jusqu’au bout. Il lui faut, à présent, avancer : l’horizon ! La graine semée a d’ores et déjà pris, il s’agit d’en récolter les fruits, en prenant soin, auparavant, et cela durera le temps que cela doit durer, de veiller jalousement à la santé des pousses ! Plus rien ne sera jamais plus comme avant (au Sud de la Méditerranée non plus) : cela a déjà touché le cœur ou l’estomac des partis de la gauche, quoi qu’ils disent, parce que les revendications sont réalistes et que l’analyse de départ est sans failles et inattaquable –raison pour laquelle l’effort doit porter sur l’enracinement de celles-ci parmi les couches les plus larges et de la manière la plus fertile possibles.

    Il n’est pas inutile de le rappeler : le mouvement est contre le système, mais pas apolitique, il vise à un changement de système, clairement progressiste –même s’ils n’aiment pas qu’on les compare à ce qui existe car ils veulent autre chose de complètement nouveau. Ils ont raison, raison pour laquelle c’est révolutionnaire. Ce contre quoi je les mets en garde c’est précisément cela : des demandes si réalistes au départ d’analyses si évidentes peuvent, si le processus n’est pas huilé et très bien structuré, aboutir à l’inverse de l’effet escompté : renforcer la social-démocratie dont les thèses pourraient se voir enrichies par le travail effectué tout au long de ces semaines par les jeunes et les moins jeunes « acampados ». Car, comme le souligne un politicien de Barcelone : « tout cela met en évidence, le manque de politique au niveau Européen susceptible de donner des réponses aux problèmes de la Société » (repris par le journal publico.es du 29/5)

    En fait, le politique que l’on croyait mort, les idéologies et l’histoire finis, reviennent en force –et de quelle manière- sur le devant de la scène, avec des citoyens protagonistes, anxieux de redevenir sujets de leur destin et solidaires des affaires du monde. Jusqu’ici, la révolution cherche à se définir comme révolution sociale : représentation réellement démocratique, lutte contre la corruption et les privilèges, séparation effective et réelle des pouvoirs, contrôle citoyen sur les responsables et les responsabilités des politiques. Un des porte-parole de Sol a pu même déclarer que toutes ces revendications « a minima » se trouvaient déjà dans les textes de Loi et la Constitution, mais sans être respectées ni appliquées

    En somme, une évolution plus qu’une révolution au sens classique du terme. Une évolution qui, sans s’en rendre vraiment compte, de se mettre en place, pousserait le système à s’embourber dans ses contradictions car, en l’état actuel du fonctionnement des affaires du monde, pouvoir et corruption, manipulation et mensonge, non respect des Constitutions et inégalités, maintien des privilèges et politiciens aux ordres du fantôme tout-puissant surnommé « communauté internationale » sont tout bonnement indispensables à sa survie !

    Je terminerai cet article par les paroles de Natalia Muñoz, une des instigatrices du mouvement DRY : « il est logique que certaines choses que nous disons ne soit pas suffisamment rigoureuses car elles ne sont que l’expression d’un mal-être. C’est pour cette raison que nous avons besoin de l’appui de spécialistes et l’aide de tous ceux qui s’y connaissent dans chacun des points abordés. » (in publico.es, idem supra) en somme une espèce de deuxième transition –véritablement consensuelle et partie du peuple, cette fois- contrairement à celle, peureuse, qui suivit la mort du dictateur, l’instauration de la Monarchie et la rédaction d’une Constitution à la Belge, sous la pression des pouvoirs factieux encore en place, le souvenir des horreurs et, en même temps leur déni de fait, de la mémoire historique, le début des années de crise qui annonçaient les Thatcher-Reagan dont on connaît les méthodes, les objectifs et les limites imposées en des temps dits de Guerre Froide. Aujourd’hui, la rue redevient Agora, et l’on ne se contente plus d’abattre des murs, mais on emploie toute son énergie à construire des ponts. La Parole retrouvée –une Parole vraie tant au sens marxien qu’au sens lacanien du terme : quelle, belle et grande, révolution en ces temps d’uniformité et de replis frileux !

    José Camarena 290511 ici 

    © Hozé 5/2011
    Tous les articles ici publiés peuvent en partie ou en totalité être repris et partagés pour autant qu’un lien renvoie vers l’original et que la source soit explicitement présente dans le média de reprise ou de partage


    votre commentaire
  • 300 agents de police catalane et de la police municipale de Barcelone ont procédé ce vendredi matin, à partir de 6h50, à l'évacuation de la Place de Catalogne de Barcelone, où campaient les "Indignés" , depuis le 16 mai. Des milliers de jeunes, qui protestaient contre les difficultés économiques et sociales actuelles, ont quitté les lieux, mais environ 200 d'entre eux, très déterminés, s'y sont refusés. Les forces de police ont procédé à plusieurs charges, assorties de tirs de balles en caoutchouc, coups de matraque et expulsions manu militari, officiellement vouées à laisser la voie libre aux véhicules de nettoiement municipal. Le mouvement, qui a occasionné de nombreux tirs de projectiles et slogans hostiles de la part des manifestants envers la police, s'est déplacé à quelques dizaines de mètres, où des coupures de circulation se sont produites.


    Au total, 121 personnes, dont 37 Mossos d'Esquadra, agents de police catalan, ont été blessées, lors de cette opération, qui n'a pas mis fin à la fronde protestataire, qui concerne l'ensemble de l'Espagne. En effet, peu après 13h, 3000 manifestants ont repris possession de la Place de Catalogne, dès que celle-ci a été quittée par les forces de police, engins de nettoiement et camions, qui ont saisi le matériel de protestation et les tentes de camping installés sur place depuis près de deux semaines. Cette matinée mouvementée a également comporté un blocage de l'avenue Diagonal, tandis que le porte-parole du gouvernement catalan, Francesc Homs, communiquait la version officielle de l'évacuation. La Generalitat de Catalogne souhaite en effet libérer l'espace de la Place de Catalogne, afin d'éviter d'éventuels heurts consécutifs d'une possible victoire du barça face à Manchester United , ce samedi soir, dans le cadre de la Ligue des Champions.


    1 commentaire
  • Le Jour d’après…

    Je l’écrivais déjà dans mon article du jour d’avant : la #spanishrevolution est le reflet d’une société espagnole en crise d’un point de vue politique, institutionnel et social. On se tromperait à croire que c’est le taux de chômage élevé qui a mis le feu aux poudres. Ce dernier n’a pas joué d’autre rôle que celui d’être le terreau sur lequel à poussé de manière vertigineuse un malaise beaucoup plus large : la crise globale d’un système global dans lequel des citoyens réduits à l’état d’objets aux mains de pouvoirs inhumains (an-humains) cherchent comment redevenir sujets et protagonistes de leur existence. Il n’est plus seulement question d’un monde autre possible, mais de la nécessité et de l’urgence de le mettre en place.

    Personne ne sait ce qu’il en sera des campements (acampadas), ni quelle sera la réaction des pouvoirs judiciaire, politique ou de la police ; de la même manière que personne ne sait, à l’heure actuelle, la manière dont les organisateurs arriveront à garder allumée la flamme de l’illusion et d’une Utopie retrouvée (en même temps que la mémoire historique) si d’aventure les places venaient à être délogées. C’est de cela –et de bien d’autres choses- que discutent en ce moment les différentes Assemblées du mouvement ; il s’agit, ni plus ni moins, que de passer à une deuxième phase, sans laquelle la fleur présente, en puissance, dans l’esprit Sol, tardera à s’ouvrir. Il s’agit, ni plus ni moins, d’organiser le mouvement et de lui offrir les moyens qui lui permettent de continuer à produire ses effets au-delà de l’implacabilité de l’actualité la plus immédiate.

    Ceux qui vont très rapidement se rendre compte de l’urgence d’un changement par ailleurs nécessaire, ce sont ceux-là même qui dimanche soir se montraient exultant pour ce qui, en fin de compte, n’est pas autre chose qu’une victoire à la Pyrrhus, une « écrasante » majorité issue d’urnes aussi en manque d’illusion qu’orphelines de près de 40% de tous ceux qui n’ont pas daigné s’en approcher. Et de fait, voilà bien le parti majoritaire : le parti de l’abstention et des votes blancs et nuls. Il n’est pas inutile de rappeler, à ce stade, que le PP, le parti le plus voté hier, a obtenu quelque 37% des voix de l’ensemble des à peine 60% d’inscrits ayant introduit leurs bulletins dans les urnes. L’abstention reste, encore et toujours le problème… L’abstention et le manque de culture politique d’une Société dont les racines Romaines poussent vers un toujours plus de Panem et Circem.

    Mais l’urgence est réelle, évidente et je ne vais pas m’y étendre (d’autres le font et l’ont fait beaucoup mieux que moi), comme je ne m’étendrai pas non plus sur un système électoral injuste au point qu’un parti –tel IU- avec plus de 1.5 millions de voix, ne soit pas en mesure de constituer son propre Groupe parlementaire, cependant que des partis Régionalistes, ultra minoritaires dans l’ensemble de l’électorat, vont jusqu’à peser le double d’un point de vue politique, tout en ne représentant qu’un demi million de voix environ.

    Simplement souligner que le plus voté hier (celui qui a « écrasé » les autres), le PP, a obtenu un peu plus de 8 millions de votes, soit un peu plus de cinq fois ceux de IU –ce qui, si les élections avaient été législatives aurait permis aux uns une majorité absolue au Parlement et, aux autres, quelques 7 ou 8 députés tout au plus… Système appelé de Loi d’Hondt, effectivement, imprésentable et par rapport auquel on peut se poser la question des raisons « obscures » qui poussèrent les Pères de la Constitution à opter pour lui, dès la fin de la dictature.

    La crise généralisée qui tient le pays (comme la majeure partie de la Planète) au bord du gouffre, pieds et poings liés aux banques internationales et à de « généreux » pays émergeants acheteurs de dettes publiques, pousse, depuis plus de deux ans, les municipalités et les régions vers la banqueroute : il n’y a plus d’argent, les caisses sont vides et les moyens manquent… Je suis impatient de voir de quelle manière les partis aux commandes vont affronter ces vérités indigestes et les faire passer auprès de ce peuple « souverain » sans que les mesures à venir (qui ne seront pas autres que les diktats de la BCE, du FMI et de la BM) ne le heurtent et le blessent au point de lancer la révolte, la vraie.

    En Espagne, comme en Grèce, comme en France, aux USA, etc. l’enjeu pour les alternatives (et donc, aussi, pour le mouvement de la #spanishrevolution) réside dans le comment articuler toutes ces énergies, parfois si diverses, jusqu’à les élever au niveau d’une force politique commune. Force, politique, commune –chaque mot sur le même plan et identiquement signifiant.

    Toute fois que l’enjeu, essentiel, pour les pouvoirs réellement existants –quels qu’ils soient- (et j’ai déjà martelé comment on a l’impression qu’il n’y aurait d’autre alternative possible, aujourd’hui, quà choisir entre le capitalisme dur ou celui « à visage humain »), leur enjeu n’est autre que de trouver les meilleurs outils, les plus efficaces qui empêchent ces mouvements contestataires dispersés et divers de se trouver une commune articulation, que jeunes, alternatifs, ouvriers, chômeurs, minorités, employés de grands groupes, fonctionnaires, etc. réussissent à avancer unis ; c’est à cette entreprise qu’ils consacrent le plus gros de leurs efforts, sur cela qu’ils axent leurs campagnes de manipulation médiatique, qu’ils restructurent et désocialisent, etc.

    Car, nous en sommes tous conscients –les jeunes des places d’Espagne, aussi bien que les détenteurs des rênes du Pouvoir ou que les Grands Argentiers – la véritable alternative n’est pas autre que celle que je rappelais dans mon article du jour d’avant, à savoir : changer le système dans le sens d’une démocratie réelle, non formelle, tout de suite, ou sombrer dans une barbarie qui s’approche à grands pas, un peu plus chaque jour.

    José Camarena 230511
    (article traduit de l’original, en espagnol, par l’auteur)

    © Hozé 5/2011
    Tous les articles ici publiés peuvent en partie ou en totalité être repris et partagés pour autant qu’un lien renvoie vers l’original et que la source soit explicitement présente dans le média de reprise ou de partage


    votre commentaire
  • Comprendre la révolution espagnole

    Alors que l'Espagne fait sa révolution sous nos yeux, Enrique Dans, professeur et blogueur reconnu, nous donne les clefs pour comprendre ce soulèvement massif du peuple espagnol.

    par Enrique Dans Le 21 mai 2011



    [tous les liens de ce billet sont en espagnol, sauf mention contraire]

    Enrique Dans est professeur des systèmes de l’information à la IE Business School et blogueur reconnu en Espagne. Il s’intéresse notamment aux effets des nouvelles technologies sur les populations et les entreprises. Dans ce billet publié sur son blog le 18 mai, il explique en sept points les causes de ce soulèvement.

    Vous entendez toutes sortes de bêtises sur les mobilisations à Sol1 et dans de nombreuses villes d’Espagne : des théories conspirationistes absurdes [émission de radio] de ceux qui voient des ombres derrière toutes choses, jusqu’à la simplification grossière2 de ceux qui mettent l’étiquette “anti-système” alors même qu’ils ont la réponse sous les yeux. Ou encore la stupidité de de ceux3 qui prétendent être d’accord avec les manifestants [pdf], alors que ceux-ci protestent précisément contre eux, ce qu’ils ont fait et contre ceux qu’ils représentent.

    Je suis totalement d’accord avec Periodismo Humano : quelque chose de grand est en train de se passer ici. Le rejet des théories conspirationnistes stupides est absolu et radical, l’interprétation est claire et convaincante : les gens descendent dans la rue parce qu’ils réclament un changement. Un changement sur le fond dans la manière de faire de la politique et d’exercer la démocratie.

    Analyser les demandes des uns et des autres est un exercice vain : parmi les gens que je vois manifester dans la rue, très peu soutiendraient explicitement ces demandes. Beaucoup arrêtent de les lire parce qu’elles n’en valent tout simplement pas la peine : les citoyens descendent dans la rue avec une contre-pétition, appelant à un changement radical, parce que les partis politiques et le système ne les représentent déjà plus. Ils en représentent d’autres.

    En ce qui concerne les demandes concrètes… cela viendra plus tard, pour le moment, nous sommes dans un processus de changement. De quoi ? Il est trop tôt pour le savoir, et il possible d’espérer que, quel qu’il soit, ce changement soit pacifique, ordonné et civilisé. Je suis entièrement d’accord avec le billet d’Antonio Ortiz à cet égard.


    Voici les clefs du mouvement que nous sommes en train de vivre :

    L’origine, le déclenchement

    C’est le moment où les trois grands partis, PSOE, PP et CiU, forment un pacte pour faire passer la ley Sinde4 , en contradiction flagrante avec la volonté d’une grande majorité de citoyens, pour faire plaisir à un lobby. Attention, ceci n’est que le début, le détonateur : à l’heure actuelle, cela n’a déjà plus d’intérêt ou de pertinence dans les manifestations. Mais en voyant l’acharnement pathétique à “faire passer cette loi à tout prix” alors que l’ensemble du réseau s’était soulevé contre elle, le relayer en direct a eu le même effet – avec tout le respect dû aux tunisiens et en demandant pardon d’avance pour la comparaison tragique – que le suicide de Mohammed Bouazizi s’immolant en Tunisie. De l’activisme contre la ley Sinde est né le mouvement #nolesvotes (ne votez pas pour eux), en plus de la cristallisation d’un climat de mécontentement évident contre toute une manière de faire de la politique.

    Les motifs réels

    Les véritables raisons sont, et cela n’a échappé à personne, des sujets tels que la gestion de la crise économique, la corruption, le chômage (en particulier le taux de  plus de 40% de chômage pour les jeunes) et surtout, la désaffection envers une classe politique, identifiée comme l’un des problèmes majeur de la citoyenneté dans les enquêtes du CIS5. Egalement, le désenchantement que l’on peut ressentir face à cette manière de faire de la politique qui fait de l’électeur un être sans importance, juste bon à déposer un bulletin dans une urne et qui, par cet acte, donne à un parti politique toute la légitimité de faire ce que bon lui chante pendant quatre ans6. Un parti qui est devenu une grande entreprise inefficace et corrompue répondant aux intérêts des lobbies et pas à ceux des citoyens.

    Place Sol à Madrid : Nous ne nous tairons pas ! La démocratie, maintenant !

    Le témoignage est recueilli par d’autres associations

    D’abord JuventudSinFuturo (Jeunesse sans futur) et ensuite DemocraciaRealYA (Une vraie démocratie maintenant !) ont été capables de s’organiser brillamment, avec civilité et pacifiquement pour transposer ce mouvement dans la rue. Ce fut l’épreuve du feu, le “moment de vérité” :  avant que les protestations ne prennent vie dans la rue, le réseau bouillonnait de dizaines de tweets par minute, de groupes Facebook et de posts de blogs, mais personne n’avait encore sauté le pas. Après les protestations, les gens se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas les seuls à partager cet opinion, et que si l’organisation et l’action sont possibles, ils sont aussi une réalité concrète. C’est comme cela qu’est tombée la barrière que beaucoup se mettaient pour descendre dans la rue.

    La décision de descendre dans la rue répond à un sentiment général

    Et non pas à une revendication particulière comme une série de points d’un programme. Dans la rue, vous pouvez voir des personnes de tous les âges, opinions politiques, de toutes les conditions sociales. Des étudiants en chemises jaunes, des chômeurs, des punks, des retraités, des entrepreneurs, des enseignants … J’étais là, concrètement, et j’ai rencontré tous ces profils, un par un, et plus encore. Un qui salue une connaissance, et j’ai pu moi-même saluer plusieurs anciens élèves, des collègues, des gens que je connais qui ont créé des start-up, des cinéastes, des avocats, des journalistes … On trouve de tout. Littéralement tout.

    Ne vous attendez pas à un accord sur les mesures à prendre, c’est impossible. Mais s’il y a une chose sur laquelle il existe bien un accord c’est la nécessité d’un CHANGEMENT. Et un retour en arrière n’est pas envisageable.

    La démocratie, maintenant !

    La simplification est mauvaise

    Que les jeunes de gauche soient les plus susceptibles de descendre dans la rue ne veut rien dire, et prétendre inscrire ce soulèvement dans une idéologie ou un parti spécifique est tout simplement absurde. C’est normal et inévitable. Tenter de se placer devant les gens pour faire croire qu’ils vous suivent est encore plus pathétique : dans un mouvement aussi connecté, la personne qui tente de “diriger” en appliquant des techniques pastorales comme on le ferait pour un troupeau de bêtes se fait immédiatement régler son compte sur les réseaux sociaux.

    En Égypte, il avait eu des moments où il semblait que les Frères musulmans monopolisaient la protestation, et d’autres qui montraient clairement la diversité et la pluralité au sein du mouvement. Ici il n’y a pas de leader, il y a des gens. Personne ne suit personne réellement, il ne s’agit même pas de savoir si c’est bien comme ça ou pas. Le désir de changement continue d’être présent, et c’est tout.

    Attribuer ces manifestations à des mouvements organisés, à une stratégie concrète ou a des personnes spécifiques est une vieille interprétation, typique de ceux qui ne comprennent rien à ce qui se passe. Chercher à mieux organiser le mouvement, prétendre que des demandes concrètes sont en cours, demander un leadership plus clair et incarné ou chercher sous les pierres son origine alambiquée est absurde : cela ne peut pas être, et plus que tout, c’est impossible.

    Et maintenant ? Maintenant nous voulons plus !

    Une fois la mèche allumée, il est très difficile de l’éteindre. La manifestation du 15M (15 mai) à Madrid a rassemblé des dizaines de milliers de personnes ; un événement autorisé et organisé depuis des semaines. Cependant celui d’hier, le 17 mai à Sol, a été organisé en quelques heures, en utilisant uniquement Twitter et Facebook. La place de 10000 m2 fut presque entièrement remplie, jusqu’à la rendre impraticable.

    L’exemple s’est également largement étendu à d’autres villes. Le contrôle de tous ces mouvements est tout bonnement impossible. Il faut absolument, et par tous les moyens, que tout se déroule de façon civilisée et pacifique, mais ne nous ne sommes pas sûrs d’éviter des mouvements incontrôlés d’une part ou des réactions excessives d’autre part.  L’ordre malheureux d’expulsion du camp de la place Sol dans la nuit de dimanche a déclenché le rassemblement de mardi après-midi, et ce phénomène pourrait se produire plus souvent.

    L'avarice nique la liberté

    Il est important de comprendre que nous avons passé une étape

    Une étape vers un modèle que les partis politiques devront comprendre, de gré ou de force. Ils ne peuvent plus ignorer les citoyens et défendre d’autres intérêts. La politique ne peut pas continuer à être menée de cette manière là.

    Nous ne sommes pas dans le cas de la Tunisie ou de l’Égypte : en Espagne il y a un gouvernement démocratiquement constitué et personne ne descend dans la rue pour le renverser, mais des changements importants sont nécessaires, des changements en profondeur et drastiques que les partis devront mettre en place maintenant.

    Pour l’instant, les partis politiques sont en train de minimiser l’importance de cette question, et pensent : « ça va leur passer ». Mais nous ne sommes pas dans cette dynamique. Probablement l’ampleur du changement nécessaire est telle que nous devrons faire des modifications depuis le code électoral jusqu’à la Constitution elle-même. Mais si cela ne se fait pas, si des avancées dans ce sens ne se font pas sentir, le mouvement continuera, et a de fortes chances de s’étendre.

    Si nous tenons jusqu’au dimanche 22 mai et que les élections nous ressortent le même scénario et toujours les mêmes messages, j’ai le sentiment que le mouvement va s’intensifier. Mais en qui concerne ces mouvements de société, personne n’en possède le contrôle ou le pouvoir de prédire ce qu’il en adviendra.
    La seule certitude est que l’Espagne a déjà sa révolution.


    Publié initialement sur le blog de Enrique Dans, sous le titre “Entiendo la #spanishrevolution”

    Traduction : Ophelia Noor

    Crédits photos :
    via Flickr : Amayita [cc-by-nc-nd] ; Garcia Villaraco [cc-by-nc-sa] ; Brocco Lee [cc-by-sa]
    via le wiki de #nolesvotes, logo sur fond noir nolesvotes

    1. la place Sol est au centre de Madrid, elle serait l’équivalent de notre place de la République ou de la Bastille []
    2. ndlr : l’auteur parle ici d’Esperanza Aguirre, présidente actuelle de la communauté de Madrid et membre du PP, parti de droite espagnol []
    3. ndlr : le PSOE, parti socialiste espagnol []
    4. ndlr : la Hadopi espagnole au goût de Loppsi []
    5. Centre des enquêtes sociologiques []
    6. durée du mandat en Espagne []

    ---


    votre commentaire
  • Le mouvement du 15 mai en Espagne continue par l’occupation permanente de l’espace public :

    desobeissant

    Violentes répressions policières à Madrid, silence de plomb dans les médias

    Violentes répressions policière à Madrid lors de la manifestation contre les plans d’austérité le 15 mai. Ces manifestations organisées par juventud sin futuro, (jeunesse sans futur) entre autre, un collectif de précaires et d’étudiants espagnols ne trouvent aucun écho dans la presse française.

    Un entrefilet, très succinct, qui ne décrit rien d’autre que des heurts entre police et manifestants.

    La répression s’intensifie en Espagne, en France et partout en Europe, contre une jeunesse et une population qu’on abandonne sous des prétextes fallacieux d’économie budgétaires.

    Et celà pendant la célébration de l’année internationale de la jeunesse, quel cynisme. En France le mouvement Uncut démarre , quelques actions menés dans l’Ouest , nettoyage de banques.

    En Angleterre le mouvement UKuncut, déjà bien implanté partout dans le pays a été assimilé à un mouvement terroriste dans le businessghana.

    Anti-government groups have also gained strength in Britain, where a North London group called UK Uncut has advocated for civil disobedience to protest government spending cuts.

    Les citoyens dès qu’il lèvent le poing et refusent la mise à sac totale, le vol organisé de notre société par le système néolibéral est aussitôt assimilés à un terroriste sig !!

    En réalité, brimer et sommer de se taire à coup de tonfa, de bombes lacrymo tout les moyens sont bon pour réprimer ces révoltes populaires pour complaire à un système libéral malade. Le capitalisme est malade qu’il crève. La révolte gronde en Europe.

    Mais ils semblent oublier que l’on se construit que sur ce que l’on nous lègue : des « dettes », des dêchets nucléaires, une précarisation grandissante, voilà l’héritage du capitalisme à sa descendance.

    C’est le massacre organisé et programmé de toute une population, pour préserver les dividendes de quelques actionnaires .

    L’idéologie libérale est criminelle par essence tenter de la sauver ou de le moraliser reviendrait à apprivoiser un requin. Partout en Europe et dans le monde on nous chante le même air.

    Pour eux le fric et la bonbance, pour nous restriction et privation. Les assistés ne sont pas à chercher dans le rangs des miséreux et des immigrés mais chez les actionnaires qui sans rien foutre ramassent des centaines de milliers d’euros de traites mensuelles.

    Et depuis 30 ans la situation n’a cessé d’évoluer en faveur de ces parasites.

    En France, en Angleterre, en Espagne, dans le monde arabe et partout ailleurs solidarité avec les insurgés

    Vidéos de la répression policière à Madrid transmises par @CNTvision

    http://lechatnoiremeutier.wordpress...

    Cinq mois après le mouvement tunisien, au tour de l’Espagne ? Publié le 16 mai 2011 par Julien M.

    Cette information ne semble pas avoir passé les Pyrénées. Alors que la folie médiatique semble s’emparer d’un certain directeur du FMI, la crise perdure en Europe. Et c’est en Espagne hier, que la contestation pourrait avoir pris une tournure inédite.

    Ce dimanche a été marqué par un mouvement sorti de nul part. Des dizaines de milliers de jeunes, dans une cinquantaine de ville espagnoles, ont manifesté durant l’après-midi. A l’appel de deux collectifs –

    Democracia real ya

    http://www.facebook.com/democraciarealya

    et

    Juventud sin futuro

    http://www.facebook.com/juventudsin...

    – ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui se sont retrouvées, suite à un appel lancé via les réseaux sociaux, et particulièrement Facebook

    A Madrid, les manifestants se sont retrouvés sur la place de Cibeles, et ont parcouru la rue d’Alcala jusqu’à atteindre le point central de la capitale espagnole, la Puerta del Sol. Une centaine de personnes a décidé de camper sur place, et de rester ainsi de manière continue jusqu’au 22 mai, date des prochaines élections.

    Les revendications portées par les cortèges ont largement tourné autour des problèmes de précarité, de chômage et de manque de perspectives personnelles et professionnelles. Au centre des mécontentements, la gestion de la crise, dont les contestataires jettent la faute aux hommes politiques et aux banquiers.

    « Sin casa, sin curro, sin pensiòn, sin miedo » littéralement « sans toit, sans boulot, sans allocation, sans peur » pouvait-on lire dans le texte d’appel. Internet a emboité le pas à ce nouveau type de contestation. Sur le site twitter, des hashtag se sont créés pour suivre le déroulé des événements (#15m #15mayo #spanishrevolution), ainsi que l’occupation de la Puerta del Sol jour et nuit (#acampadasol).

    Est-on en train de connaître une nouvelle ère dans la contestation de la jeunesse ? A l’image des printemps du monde arabe, largement poussés par toute une classe d’âge et son utilisation du web, l’histoire récente nous apprend qu’il suffit d’une étincelle, dans certaines circonstances, pour embraser un système entier, et le faire vaciller.

    http://evry91.mondoblog.org/2011/05...

    Le mouvement du 15 mai en Espagne continue par l’occupation permanente de l’espace public,places rues,etc :

    Le dimanche 15 mai, à 18 heures, tous les citoyens sont appelés à manifester de manière pacifique et simultanée au niveau national, sous le slogan « Une démocratie pour de vrai, maintenant ! Nous ne sommes pas des marchandises à la merci de l’état et des banquiers ! », pour dénoncer la gestion économique irresponsable du pays par les pouvoirs politiques et économiques, et afin d’exiger qu’ils assument leurs responsabilités.

    Dépourvu de signe politique ou syndical, cet appel a été promu par les chômeurs, les désespérés, les autonomes, les travailleurs, les femmes au foyer, les étudiants et les retraités, tous unis contre les abus que la classe politique se permet et qui font obstacle à l’amélioration de la situation de crise. Tous ces citoyens tenteront de démontrer leurs responsabilités civiques en laissant de côté leurs divergences idéologiques et culturelles.

    Nombreux sont les motifs qui amènent les citoyens à exiger un tournant radical dans la gestion politique et financière de l’Etat espagnol : le chômage, la corruption, le niveau élevé de paupérisation de la société qui oblige des familles à vivre dans le dénuement, la perte des droits sociaux, la précarité de l’emploi et l’inquiétude au sujet de l’avenir de nos enfants ne sont qu’une partie du problème !

    Pour le moment, 34 villes espagnoles ont adhéré à cette convocation, parmi elles les 8 plus grosses villes d’Andalousie : Almería, Cádiz, Córdoba, Granada, Huelva, Jaén, Málaga y Sevilla. A Séville, nous ne manquons pas de motivation pour nous indigner et adhérer à la « Democracia Real Ya ». La manifestation commencera Plaza de Espana à 18 heures, pour finir Plaza Nueva par la lecture du manifeste.

    Les personnes qui participeront à ce mouvement exigent la réorientation des politiques publiques pour qu’elles se préoccupent dorénavant de l’intérêt général. Les manifestants exigent des changements de la Loi Electorale pour qu’il existe une véritable participation des citoyens vis-à-vis des décisions publiques. Ils exigent aussi la fin des privilèges de la classe politique. Ils exigent des moyens drastiques contre la fraude fiscale et la fuite des grandes fortunes vers les paradis fiscaux.

    Ils exigent la fin des hausses discriminatoires des impôts et de la privatisation du secteur public. Ils exigent, en définitive, « Une démocratie pour de vrai, maintenant ! »

    Web :

    http://democraciarealya.es/

    URL de cet article 13735
    http://www.legrandsoir.info/Le-mouvement-du-15-mai-en-Espagne-continue-par-l-occupation-permanente-de-l-espace-public.html

    votre commentaire
  • États de non-droit



    German-Foreign-Policy.com

    Après l’assassinat ciblé d’Oussama Ben Laden, célébré à son de trompe, des juristes critiquent sévèrement les exécutions extra-judiciaires des armées occidentales.

    Des exécutions hors du cadre légal relèvent de l’État de non-droit et sont en contradiction avec les droits humains fondamentaux, affirme Kai Ambos, professeur de droit international, dans une déclaration récente. Et cela, même quand la victime est un terroriste. Selon lui les exécutions hors du cadre légal sont lourdes de conséquences pour les États qui les pratiquent.
     
    Ce n’est pas seulement parce que la Chancelière et son Ministre des Affaires étrangères ont explicitement approuvé la mise à mort de ben Laden que le gouvernement fédéral est la cible de cette critique.
     
    Berlin considère, ainsi que le Ministre de la Défense l’a déjà souligné l’an dernier, que des assassinats ciblés en l’absence de toute procédure judiciaire sont admissibles dans certains cas. En outre Berlin accepte sans la moindre protestation l’exécution extra-légale de citoyens allemands au Pakistan. En définitive, des soldats allemands sont eux aussi impliqués dans des assassinats ciblés: puisqu’ils participent aux commandos exécutifs états-uniens. Des conseillers ont depuis quelque temps mis en garde le gouvernement fédéral: en participant à la « guerre contre le terrorisme », on frôle «les limites de l’État de droit ». Une formulation diplomatique pour « être dans l’illégalité. »
     

    Du gibier pour militaires

    Comme l’a récemment déclaré Kai Ambos, juge et professeur de droit à l’Université de Göttingen, rien ne peut justifier l’assassinat ciblé de Ben Laden. Même les terroristes ont droit à un procès régulier ; s’ils sont reconnus coupables, ils seront condamnés, et aux USA ils peuvent l’être à la peine capitale. Mais, souligne Ambos, « être mis à mort sans procès » est une « exécution hors du cadre légal », pour laquelle «des États de non-droit sont cités devant des commissions pour les droits humains»1. L’Occident doit se demander s’il «entend dénier à ses ennemis terroristes tout droit humain et même le droit de vivre, faisant d’eux un gibier pour militaires». Ambos considère que c’est indiscutable. Et si l’Occident dénie à ses ennemis même les droits humains fondamentaux, il se place pratiquement « sur leur terrain.» Les conséquences pour la vie dans les pays occidentaux en seraient incalculables.
     

    « Opération réussie »

    La critique d’Ambos concerne à plusieurs titres le gouvernement fédéral. D’abord parce que la Chancelière et son Ministre des Affaires étrangères ont approuvé d’une seule voix la mise à mort de ben Laden. Angela Merkel a déclaré qu’elle avait « exprimé au Président Barack Obama son respect et le nôtre pour ce succès et cette opération commando réussie.» L’annonce de l’exécution était « tout simplement une excellente nouvelle »2. Plus précisément interrogée, Merkel déclara qu’elle était « très satisfaite ». Le Ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a déclaré que l’annonce de la mort de Ben Laden était « une bonne nouvelle pour tous les hommes de ce monde qui aiment la paix et la liberté. »3. Personne au gouvernement fédéral n’a exprimé de scrupules analogues à ceux qu’Ambos a exposés et fondés.
     

    Une évolution qui se poursuit

    De fait le gouvernement fédéral a adopté au plus tard en 2010 une position juridique favorable à l’autorisation d’assassinats ciblés dans certaines circonstances. Quelques années auparavant cette façon de voir aurait paru pour le moins hautement problématique aux conseillers juridiques de Berlin. L’an dernier le Ministère de la Défense déclarait à ce propos « avoir évolué sur bien des points.» En particulier au sujet de l’interdiction de tuer des rebelles en-dehors de situations de combat. Une note du Ministère de la Défense laisse entendre que les soldats de la Bundeswehr auraient le droit « de s’attaquer de façon ciblée à des combattants ennemis, même en-dehors de situations d’hostilités effectives, ce qui peut inclure le recours à la violence létale». 4 Ce décret légitimerait l’assassinat ciblé de ben Laden.
     

    Aucune contradiction

    S’y ajoute la non-intervention du gouvernement fédéral en cas d’assassinat ciblé de citoyens allemands. Un cas qui s’est produit au moins une fois, le 4 octobre 2010, quand Bünyamin E. zu E. , âgé de 20 ans, a été tué au Pakistan par un tir effectué à partir d’un drone états-unien. L’attaque de ce drone n’avait été directement précédée d’aucun engagement militaire. En outre, le Pakistan n’est en guerre contre personne.
     
    Le gouvernement fédéral, qui accepte d’une manière générale sans faire d’histoires les attaques de drone américaines, bien que beaucoup d’entre elles aient lieu en-dehors des théâtres de combat afghans et fassent de nombreuses victimes civiles, ne s’est jusqu’à présent jamais élevé contre cette exécution ; et pourtant il est tenu de protéger les ressortissants allemands à l’étranger. Les observateurs estiment bien plutôt que seuls des renseignements détenus par les autorités allemandes au sujet de E. et transmis par les services allemands à leurs partenaires états-uniens pour les aider à préparer des attaques5 ont permis cette exécution .
     

    Des listes noires

    En Afghanistan aussi les Allemands collaborent à des commandos d’exécution. L’an dernier, déjà, la « Joint Prioritized Effects List »   (JPEL) utilisée par les forces armées dans l’Hindoukouch a fait l’objet de vives critiques. Elle comporte des centaines de personnes recherchées par l’Occident, dont les noms sont suivis de « faire prisonnier» (« c », pour « capture ») ou de « tuer » (« k » pour « kill »).6 Des soldats allemands transmettent eux aussi des informations permettant de choisir entre « capture » et « kill » - sans procès, bien sûr.
     

    En toute illégalité

    Les conseillers auprès du gouvernement de Berlin l’ont déjà dit en février dernier : il n’est pas rare que les manœuvres de l’UE « en matière de collaboration avec les USA dans la guerre contre le terrorisme»  frôlent « les limites admises dans un État de droit.»7 Une formulation diplomatique pour des pratiques qui depuis longtemps ne se situent plus dans le cadre de l’État de droit et ne peuvent plus être considérées que comme illégales. De fait, en pratiquant l’assassinat ciblé, les nations occidentales font justement ce qu’elles reprochent à leurs ennemis : tuer des adversaires en-dehors du cadre légal et de ses normes. Il devient difficile, dans ces conditions, de parler d’État de droit ; c’est ce que souligne la déclaration du Professeur Kai Ambos. L’Occident se place sur le même terrain que ses ennemis.
     

    1 Kai Ambos: Auch Terroristen haben Rechte (Même les terroristes ont des droits); Frankfurter Allgemeine Zeitung du 05.05.11
    2 Déclaration de la Chancelière Angela Merkel à la presse relativement à la mort d’Oussama ben Laden, Berlin, le 02.05.2011
    3 Déclaration du Ministre Guido Westerwelle relativement à la mort d’Oussama ben Laden www.auswaertiges-amt.de 02.05.2011.
    4 Voir « Gezielte Tötungen“ (Assassinats ciblés)
    5 La mort de Bünyamin ; www.zeit.de 20.01.2011
    6 Voir « Gezielte Tötungen“ (Assassinats ciblés)
    7 Annegret Bendiek: «An den Grenzen des Rechtsstaates: EU-USA-Terrorismusbekämpfung» (Aux limites de l’État de droit : la « guerre contre le terrorisme » des USA et de l’UE) SWP-Studie S3, février 2011. Voir An den Grenzen des Rechtsstaats





    Merci à German Foreign Policy
    Source: http://www.german-foreign-policy.com/de/fulltext/58057
    Date de parution de l'article original: 06/05/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=4701

     


    votre commentaire
  • Attaque brutale d’une tribu en danger 6 Mai

    La route illégale qui traverse la réserve des Jarawa favorise l'invasion des braconniers et des touristes.
    La route illégale qui traverse la réserve des Jarawa favorise l'invasion des braconniers et des touristes.
    © Survival

    Des braconniers ont agressé et blessé grièvement un membre d’une tribu andamane qui tentait de les empêcher de chasser dans sa réserve. La police, qui a qualifié cette attaque de tentative de meurtre, a appréhendé trois individus.

    La victime, un Jarawa du nom d’Alomole, a reçu de nombreuses blessures au cou. Il est parvenu à donner l’alarme et a été transporté à l’hôpital où il a subi une intervention chirurgicale. Il est maintenant hors de danger. La tribu jarawa compte environ 365 membres et n’est en contact pacifique avec le monde extérieur que depuis 1998.

    Deux jeunes filles jarawa portant des habits que leur ont donné des étrangers. L'invasion de leur réserve expose les Jarawa à des maladies contre lesquelles ils n'ont pas d'immunité.
    Deux jeunes filles jarawa portant des habits que leur ont donné des étrangers. L'invasion de leur réserve expose les Jarawa à des maladies contre lesquelles ils n'ont pas d'immunité.
    © Survival

    Les agresseurs sont des braconniers établis dans un campement voisin. Ils pénètrent régulièrement dans la réserve en empruntant la route illégale qui la traverse pour chasser le gibier dont dépendent les Jarawa. Ces derniers disent que la présence incessante des braconniers rend la chasse au sanglier de plus en plus difficile.

    L’invasion des braconniers expose par ailleurs les Jarawa à de nombreux dangers : violence, abus sexuels et maladies ainsi qu’addiction à l’alcool et à la drogue qui risque de provoquer une dépendance catastrophique vis-à-vis du monde extérieur. Sans la ressource essentielle que constitue pour eux le gibier, les Jarawa ne peuvent pas maintenir leur mode de vie autosuffisant. De plus, les braconniers, comme les touristes, exposent les Jarawa à des maladies contre lesquelles ils n’ont aucune immunité.

    On estime que les Jarawa vivent sur les îles Andaman depuis environ 55 000 ans.
    On estime que les Jarawa vivent sur les îles Andaman depuis environ 55 000 ans.
    © Salomé/Survival

    En 2008, un précédent affrontement dans la réserve avait fait deux morts, un Jarawa et un braconnier. Survival International appelle depuis plusieurs années le gouvernement indien à fermer la route et à prendre les mesures nécessaires pour empêcher l’invasion de la réserve jarawa.

    La suite ici


    votre commentaire
  • Le chaos arabe : un printemps ou un mirage ?

    Chems Eddine CHITOUR

    Depuis plus de quatre mois, les peuples arabes connaissent, à des degrés divers, l’instabilité. Les révoltés se battent pour la liberté. Les révoltes dans chacun des pays ont des singularités, mais elles ont un dénominateur commun. Ce sont les jeunes qui en sont les moteurs. S’il est vrai que des dynamiques souterraines existaient pour se soulever contre les pouvoirs en place et les motifs sont légion, on ne peut pas cependant, exclure les manipulations occidentales qui, à des niveaux divers guident ou canalisent ces révoltes.

    Nous allons examiner la situation actuelle de ces révoltes qui jouent les prolongations. Ainsi et comme l’écrit Ahmed Al Zorqa à propos du Yémen protégé par les Américains : « Le président Ali Abdallah Saleh a donné son accord à un projet du Conseil de coopération du Golfe prévoyant sa démission à moyen terme. Si les partis d’opposition semblent favorables à ce plan, les manifestants exigent toujours le départ immédiat du dirigeant yéménite.

    Le plan de sortie de crise présenté le 23 avril par les monarchies du Golfe est en réalité destiné à empêcher la transition démocratique au Yémen. (...) Car c’est l’Arabie Saoudite qui fait barrage aux demandes de chute du régime. Elle ne veut pas que les Yéménites réussissent leur transition démocratique, de peur de perdre son influence sur le pays voisin, qu’elle considère comme son arrière-cour. (1)

    Mieux encore, les dépêches en provenance de Bahreïn [ où il y eut une répression avec l’aide de l’Arabie Saoudite] révèlent que les forces de sécurité continuent de violer la Convention de Genève en torturant les protestataires qui participent aux manifestations. »

    Humanitaire à géométrie variable

    On est en droit de se demander pourquoi l’Occident (les Etats-Unis et leurs alliés français et anglais) ont une conception de l’ingérence humanitaire à géométrie variable. Les Bahreinis ne sont-ils pas des humains au même titre que les Libyens ? Quarante-deux ans d’un pouvoir exécrable ne tolèrent, écrit René Naba, certes, nulle indulgence. Mais l’argumentaire occidental, « la protection des populations », une version réactualisée de l’ingérence humanitaire, gagnerait toutefois en crédibilité si une telle mesure s’était appliquée également aux pays en proie à la même contestation populaire, périphérique de l’Arabie Saoudite, particulièrement Bahreïn et le Yémen, où la répression a atteint le même degré de férocité qu’en Libye.

    L’imposition de cette mesure, le 18 mars 2011, révèle la duplicité de la diplomatie occidentale dans le traitement des grands problèmes internationaux, particulièrement en ce qui concerne la gestion des conflits du tiers-monde. Les tergiversations occidentales à l’égard de cette mesure masquent mal les compromissions de l’Europe avec le gouvernement du colonel El Gueddafi et s’expliquent par l’importance que revêt le marché libyen aux yeux des divers protagonistes, notamment au niveau des transactions militaires : quatorze des vingt-sept pays membres de l’Union européenne exportent des armes vers la Libye, pour un montant de 844 millions de dollars, alors qu’un embargo « de facto » sur les livraisons d’armes est désormais en vigueur.

    L’empressement de la France de prendre la tête de cette nouvelle « croisade », selon l’expression de son ministre de l’Intérieur Claude Guéant, répond au souci de Nicolas Sarkozy de gommer de la mémoire l’accueil triomphal réservé à El Gueddafi, en décembre 2007, avec l’installation de sa tente dans le périmètre de l’Elysée, en même temps que de se dédouaner de sa complaisance ancienne avec les dictateurs arabes. (2)

    Pour Manlio Dinucci, l’objectif de la guerre en Libye est double. « Il n’est pas seulement le pétrole, dont les réserves (estimées à 60 milliards de barils) ni le gaz naturel dont les réserves sont estimées à environ 1500 milliards de m3. Dans le viseur des « volontaires » de l’opération « Protecteur unifié » il y a aussi les fonds souverains, les capitaux que l’Etat libyen a investi à l’étranger. Les fonds souverains gérés par la Libyan Investment Authority (Lia) sont estimés à environ 70 milliards de dollars, qui grimpent à plus de 150 si l’on inclut les investissements étrangers de la Banque centrale et d’autres organismes. (...)

    Selon les déclarations officielles, c’est « la plus grosse somme d’argent jamais bloquée aux Etats-Unis », que Washington garde « en dépôt pour l’avenir de la Libye ». Elle servira en réalité pour une injection de capitaux dans l’économie étasunienne toujours plus endettée. Quelques jours plus tard, l’Union européenne a « gelé » 45 milliards d’euros de fonds libyens ». (3)

    Abdelatif Kerzabi explique cela par l’autoritarisme. Ecoutons-le : « L’autoritarisme (G. Hermet, 1985) est un rapport gouvernants-gouvernés reposant de manière suffisamment permanente sur la force plutôt que sur la persuasion. L’autoritarisme se manifeste par : l’absence de respect des droits de l’homme, l’embrigadement de la société par la réglementation de tous les aspects de la vie sociale, la persécution de l’opposition, la restriction des libertés d’association, d’expression et d’opinion, le recrutement de l’élite politique relève de la cooptation, enfin, les élections ne sont qu’une apparence démocratique et visent à légitimer le système politique aux yeux du monde.

    Voilà ce qui s’apparente aux régimes politiques dans le Monde arabe ». C’est contre ces régimes que la rue arabe explose. (...) Ils se font appeler Zaïms (leaders charismatiques) après les indépendances des pays arabes, et centralisent tout le pouvoir politique. C’est l’euphorie des peuples arabes qui viennent de se libérer du colonialisme. (...) » (4)

    « Armés de leur légitimité historique, les Etats arabes ont imposé leur domination sur la société par la concentration des pouvoirs. Les pouvoirs en place n’admettent pas les voix discordantes. Ils se considèrent investis d’un message divin que les autres n’ont pas le droit de discuter. Ici et là, l’opposition est considérée comme une agression au Watan (la nation). Les opposants sont des Khaouana (traîtres à la nation). Dans les années quatre-vingt, alors que la démocratie se met en place en Europe de l’Est, les pays arabes font foi d’une certaine réticence dans un monde où la liberté des peuples apparaît comme une norme universelle (...)

    La démocratie libérale et le libre marché constituent désormais l’horizon indépassable pour toutes les sociétés nous dit le philosophe américain F. Fukuyama. Les Constitutions sont révisées pour ouvrir le champ politique à la société mais surtout pour pérenniser les pouvoirs en place. Les pays arabes ont réussi à mettre en place des institutions « démocratiques » tout en les vidant de leur substance. Invoquant l’ordre sécuritaire et l’ordre public, le législateur arabe privilégie le contrôle sur toute la société. Ainsi, les médias se transforment en porte-parole du régime, les libertés violées, le Parlement ligoté, etc. » (4)

    « Depuis la chute de l’Empire ottoman, l’économie de rente dans les pays arabes est restée prépondérante même si elle a changé de forme. On ne peut pas dire que le Monde arabe a réussi son développement. Selon le Pnud, environ 40% de la population des pays arabes, soit 140 millions de personnes, vit en dessous du seuil de pauvreté. (...)Nous pensons que le calme qui a régné dans la rue arabe est dû en grande partie à la fermeture des espaces publics qui n’a pas permis le passage de l’indignation individuelle poussée jusqu’au suicide, à l’indignation collective.

    Ce sont les télévisions satellitaires et l’Internet qui vont faire ce que l’imprimerie (encore une découverte arabe) a fait pour la révolution française. Internet avec ses réseaux sociaux ainsi que les chaînes satellitaires (Al Jazeera, Al Arabia, BBC, France24...) ont bouleversé le paysage médiatique dans le Monde arabe. L’enfermement médiatique et culturel des pays arabes ne résiste pas à ce déferlement des médias portés par les nouvelles technologies. » (4)

    « Désormais, on informe et on s’informe, on sait ce qui se passe ailleurs, on lit les ouvrages interdits, on discute...Bref, le peuple arabe s’émancipe et saute les verrous de la censure. Face aux intellectuels nationalisés qui courtisent le prince, des jeunes internautes animent le débat public. A défaut d’espaces publics, la génération « Facebook et Sms » a créé un espace virtuel où chacun profiterait de sa liberté. L’alibi culturel qui fait que les peuples arabes sont réfractaires à la démocratie et aux valeurs universelles, est contredit par la rue arabe. Pis encore, c’est le manque de liberté qui les a conduits à se réfugier dans l’Islam pour l’utiliser à des fins libératrices. La radicalisation de cet islamisme dans sa forme violente au nom de la « guerre sainte » a donné aux pouvoirs totalitaires une raison de plus pour maintenir sous contrôle les sociétés arabes. » (4)

    Pour l’universitaire, Olivier Roy Directeur du programme méditerranéen de l’Institut universitaire européen de Florence. « L’avenir du mouvement démocratique dans le Monde arabe se jouera sur une longue durée, comme les révolutions du XIXe siècle Ce mouvement des Jeunes, un mouvement générationnel de jeunes modernistes, à la fois par leur technique de communication, leur comportement et leurs demandes : démocratie, liberté, fin de la corruption, dignité, respect.

    Ce sont des révoltes indigènes dans un espace politique où la dimension idéologique est absente. Les référents idéologiques qui ont dominé le Monde arabe pendant soixante ans - nationalisme, panarabisme, panislamisme, antisionisme, anti-impérialisme - sont taris. On demande la liberté de créer des partis politiques, un Parlement, une Constitution. En ce sens, du point de vue politique, c’est une révolte libérale. Les acteurs politiques traditionnels (les Frères musulmans et l’armée) ont compris que les règles du jeu avaient changé et admis la nécessité des réformes. (...) Le mouvement somme les acteurs politiques traditionnels de mettre en place un espace politique démocratique ». (5)

    Quel est le logiciel occidental de redécoupage du Monde arabe ?

    Après l’échec de la démocratie aéroportée en Irak et dans le bourbier afghan, les puissances occidentales essaient d’arriver à la même finalité en mettant en oeuvre une autre tactique celle de miner le Monde arabe de l’intérieur. il faut dire qu’ils ont la partie facile tant les gouvernants qui cultivent le culte de la personnalité voire du sauveur « El Mahdi » ont tout fait pour installer leur peuple dans les temps morts, chacun utilisant une légitimité soit révolutionnaire, soit religieuse, soit divine...L’essentiel est de garder le pouvoir même au prix du désespoir de chacun (harraga, kamikaze...).

    Selon une étude de la Rand Corporation de 2005 on apprend que l’Amérique essaie de subdiviser l’Oumma musulmane en divers camps. Elle donne la recette à adopter ou adapter selon qu’elle a affaire aux fondamentalistes, aux traditionalistes, aux modernistes, et carrément aux séculiers. Dans le même esprit, Gilles Munier cite nommément Israël et les Etats-Unis comme des catalyseurs de la fitna syro-syrienne. « Les manifestations qui ont lieu en Syrie font le bonheur des dirigeants israéliens. Bien que les contestataires syriens affirment être tous attachés à l’unité de la Syrie, le vieux rêve sioniste de partition du pays en quatre Etats -sunnite, druze, alaouite, kurde - leur semble à portée de main. Invité aux Etats-Unis par le Centre S. Daniel Abraham pour la paix au Moyen-Orient, Shimon Peres a été reçu, le 5 avril dernier, à l’USIP - United States Institute for Peace - un think tank créé par le Congrès américain en 1984 pour « prévenir et résoudre les conflits dans le monde ».

    Il a appelé la « Communauté internationale » a soutenir la « transition en Syrie » (...) Il a offert de restituer à la Syrie le Golan, occupé en 1967 puis annexé en 1981. (...) Shimon Peres a posé trois conditions : que la Syrie « divorce » d’avec l’Iran et le Hezbollah, que le plateau soit démilitarisé, que le retrait israélien s’effectue dans le cadre d’un traité de paix. Il s’en est ensuite pris aux Frères musulmans égyptiens, incapables, selon lui, de faire reculer la pauvreté (« Le problème de l’Egypte », a-t-il déclaré, « n’est pas de prier dix fois par jour... »). » (6)

    En définitive, est-ce que ce qui se passe dans les pays arabes augure d’un printemps ou est- ce un mirage ? Pour Kurtz « Les révolutions suscitent l’étonnement, l’admiration, l’espoir mais aussi la compassion quant à la férocité de la répression des régimes en place. La Tunisie, l’Egypte, le Yemen, la Libye et la Syrie vivent avec plus ou moins de violence ces ´´printemps arabes´´. Je crains que dans ces deux pays [Tunisie et Egypte], la révolution ait été confisquée par les caciques des régimes antérieurement en place sous l’influence de l’ami états-unien et français.

    Il en ira probablement de même du Yémen. Quant à la Libye, détentrice de richesses pétrolières, c’est une autre paire de manches. L’impérialisme n’est pas mort et pourrait instaurer le chaos. La Syrie ne présente aucun intérêt sauf pour le complexe militaro-industriel des EU, mais un enjeu géopolitique. Son alliance avec l’Iran et le Hezbollah libanais, ses frontières avec Israël en font un enjeu non négligeable si l’on considère que l’Irak conquise, la Jordanie et la Turquie pro-occidentales font de ce pays enclavé une proie que l’impérialisme EU cherchera par tous les moyens à domestiquer. Je le dis, ces printemps arabes ne doivent pas faire illusion, noyautés par des pays étrangers aux intérêts des justes revendications de ces peuples, participent à la mise en place d’une stratégie du chaos dont les objectifs visés ne sont pas la démocratie mais l’accaparement des richesses des uns et l’instauration d’une pax américaine dans le croissant fertile au profit d’Israël ». (7)

    Les peuples arabes ne veulent plus se situer « ni contre l’Occident ni à son service Ils veulent être libres et aspirent à la paix. Les gouvernants doivent comprendre la nécessité rapide de mutations pour qu’elles ne soient pas imposées de l’extérieur ». L’Occident continue sa rapine et propose une démocratie du ´´panem et circens´´, pain et jeux de la Rome antique. C’est une politique sûre et ancienne que d’y laisser le peuple s’endormir dans les fêtes et dans les spectacles, dans le luxe et dans le faste, dans les plaisirs, dans la vanité et la mollesse ce que nous appelons les soporifiques au lieu de le conduire sur le dur chemin du travail, de la sueur et du mérite. Pour cela, les chefs doivent donner l’exemple...

    Pr Chems Eddine CHITOUR
    Ecole Polytechnique enp-edu.dz

    1. Ahmad Al-Zorqa. Un plan saoudien loin des revendications populaires. Mareb Press 26.04.2011

    2. http://www.renenaba.com/libye-le-ze... 25.04.201.

    3. Manlio Dinucci. La rapine financière du siècle Mondialisation 25 avril 2011

    4. Abdelatif Kerzabi http://www.alterinfo. net/La-fin-de-l-autoritarisme-dans-le-monde-arabe_a56744.html 26 Mars 2011

    5. François d’Alançon Olivier Roy : « Une révolte moderniste » La Croix 13/04/2011, 18

    6. Gilles Munier. Syrie : Israël et les Etats-Unis jettent de l’huile sur le feu. Mondialisation.ca, 21.04.2011

    7. Kurts : Le destin des printemps arabes http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar... 11

    URL de cet article 13546
    http://www.legrandsoir.info/Le-chaos-arabe-un-printemps-ou-un-mirage.html

    votre commentaire
  • Mariage princier et divorce de la raison…

    Du narcissisme mignard et faraud de la mentalité petite-bourgeoise fortement dominante en notre société passablement maniérée, naît la fascination médiatique envahissante, polluante pour les vanités débiles, les vétilles délirantes dans l’espace public.

    Le prince machin britannique se marie, ô quel sublime évènement cosmique pour les populaces spectatrices ! Le monde entier doit être en branle car la presse l’impose comme un ban publié urbi et orbi pour les gueux, les fonctionnaires, les employés, les chômeurs, les gonflés, les bouffis, les niais et les minables soudain intégrés dans la royauté par procuration !

    C’est aussi là, l’injonction de la belle société qui admire les princes de sang, êtres humains seulement par la morphologie mais divinité visible de la mythologie politique et médiatique pour la multitude surexcitée, idolâtre sans oser le dire ! Pour les badauds du monde entier inaptes à jouir des grâces de cour, l’hyménée princier est gage de participation par intention à la vie et aux fastes palatins selon la magie de l’image télévisée. Certes pour la plèbe sans éducation, plus ou moins analphabète fonctionnelle et menée au bout du doigt par la télé, je comprends que comme aux élections stupides, on l’amène à croire que cela la concerne !

    Mais pour toute cette cohue médiophile, accroc aux papotages médiatiques, depuis le défaut de la robe d’une première dame à la mise à l’encan des vieilles lingeries de Marie Antoinette, cela est carrément sidérant de voir à quels points les hommes sont des jouets entre les mains des lecteurs et lectrices souriants de bulletins à l’écran, eux-mêmes choses des patrons de presse. L’on comprend la chute libre de la vraie culture élévatrice des mentalités dans la grande presse. La culture vraie aurait banalisé ou plutôt simplement mis à sa place, un fait tellement insignifiant que le mariage de deux jeunes gens très ordinaires sinon que par les stupides privilèges dudit prince fiancé. Mais par le populisme culturel, ici et ailleurs les jeunes rêvant d’être princes d’un soir, les vieux saluant jeunesse et richesse du couple-star - car tout monarque est aujourd’hui plus ou moins star people - les jet-setters, les journaleux, les parvenus adulescents et tutti quanti jettent leur peu de rationalité à la fourrière des émotions molles.

    Axiologie Décomposée.

    Le pouvoir de transsubstantiation séculier de la télévision (étatique ou commerciale, soi disant d’information), c’est d’être la fée technologique de notre temps, qui transforme pour le populo, toute banalité en évènement, tout olibrius stupide en seigneur par l’œil magique de la caméra et l’image fascinatoire diffusée à l’écran.

    La mollesse est sans doute le meilleur corollaire de l’insipidité d’une société privée de sens qui bricole des postiches de significations par manière d’axiologie en plein vide. Et quand on nous dit que les droits de télévision, le tourisme (tentative vaine de rapprochement en l’occurrence, car ces touristes n’auront aucune latitude d’approcher les époux que ceux qui regarderont la télé verront certainement mieux qu’eux) et aussi chose non dite, l’exaltation de l’image de l’Angleterre en grande crise économique et sociale avec des manifestations à peine montrées par la presse, çà et là menées contre les austérités économiques, les restrictions et coupures budgétaires frappant divers secteurs-clés comme l’éducation, nous pouvons aisément comprendre la portée idéologique et mercantile de cette banalité faite évènement.

    Le plus ridicule dans tout ça, est que même la « république du Québec », terre du rejet paroxystique de la monarchie britannique, semble malheureusement mobilisée par les excentricités baragouines d’une certaine presse à cette insulte à l’intelligence vu les proportions qu’on fait prendre à ce mariage dans ce qui est nommé l’information sur certaines grandes chaînes. De quoi faire se remuer René Lévesque ou Falardeau dans leur tombe ! L’ovation « people » des conneries du monde, efface hélas, tout recul et esprit critique dans la saisie des grands et véritables évènements du monde reconstruits et dénaturés au gré des barons de la presse et de leurs intérêts idéologiques.

    À la fin de ce billet, je me dois aussi d’être de la fête, afin de ne pas rompre les rêvasseries des masses que sont ici, aussi bien le haut fonctionnaire, le toubib, le politicien que le plouc, le bougnat ou le prolo uniformisés par la standardisation médiatique. Alors messieurs et dames, nobles sujets de leur majesté, qui n’avez en vous, rien de roturier, je vous souhaite joies et bombance au mariage du prince !

    Quant aux chers illustres époux, je dis humblement :

    Que, dans leurs ardeurs royales, vos majestés copulent et jouissent pour tous vos adorateurs, car déjà, par leur voyeurisme télévisuel et virtuel, vos sujets frissonnent et frémissent de frénésie orgastique, goûtant, par anticipation et procuration, vos indicibles nobles et régaliens ébats !

    CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

    URL de cet article 13509
    http://www.legrandsoir.info/Mariage-princier-et-divorce-de-la-raison.html

    2 commentaires
  • Crise nucléaire japonaise : qui croire ?



    Tomi Mori トミ森

    Traduit par  Pedro da Nóbrega

    La plus grande crise actuelle au Japon est d’abord la crise de confiance. Il n’est déjà plus possible de croire en aucun des communiqués de la Tepco (Tokyo Electric Power Company), ni non plus dans ce qu’affirme le gouvernement japonais. Comment croire aux déclarations du gouvernement japonais ? Nul ne sait sur quel critère scientifique le gouvernement a déterminé ce périmètre de 30 km d’évacuation. Mais il est indubitable que ce périmètre n’est pas élargi car cela représenterait des milliards de yens d’indemnisations.

    À l’orée de la quatrième semaine après le début de la tragédie, sachant qu’elle est bien loin de sa conclusion, nous disposons maintenant de quelques données relativement stabilisées. Le bilan officiel des victimes s’élève à 11.620 tués, 16.444 disparus (il y a peu de probabilités que puissent encore trouvés des survivants après tant de jours), 2.877 blessés et 191.625 édifices détruits ou endommagés. Ces chiffres peuvent être considérés comme le premier volet de la tragédie. L’autre partie concerne les maisons, les cultures et les vies désorganisées par la tragédie nucléaire, qui se poursuit sans que nous puissions déterminer à quel stade de la crise nous nous situons. Les estimations pour réparer les dommages causés se chiffrent à 300 milliards de dollars. Sommes-nous au début, au milieu ou proches de la fin de cette crise?

    Manque de crédibilité

    La plus grande crise actuelle au Japon est d’abord la crise de confiance. Cette phénoménale crise de confiance, dans l’acception la plus large du terme, procède de l’attitude des autorités impliquées dans la crise nucléaire, à savoir la Tepco et le gouvernement du Premier ministre Naoto Kan.
     
    La Tepco, gestionnaire de la centrale nucléaire Fukushima 1, depuis le début de la tragédie, s’est comportée de telle façon qu’il n’est déjà plus possible de croire en aucun des communiqués qu’elle rend publics. Le Premier-Ministre japonais lui-même avait du, dès le début de la crise, se rendre au siège de l’entreprise à Tokyo pour se plaindre de la façon dont elle communiquait. Il avait été le dernier informé, l’entreprise ayant en premier lieu communiqué avec les média. Les premiers rejets, que le gestionnaire prétendait "inoffensifs", ont engendré, entre autres conséquences, une situation telle que les populations riveraines ne pourront plus retourner chez eux. Plusieurs travailleurs ont été irradiés, du fait de manquements à la sécurité sur les lieux, d’informations erronées ou, qui sait, de mensonges avérés.

    Depuis le début de cette catastrophe nucléaire, le gestionnaire fournit des données de mesure de la radioactivité mais sans que personne ne soit en capacité de connaître les critères qui ont été utilisés. Ces critères sont-ils pertinents, les équipements sont-ils appropriés, personne n’est à même de l’évaluer. Malgré tous les artifices utilisés pour minimiser la gravité d’une situation de crise, les actions de l’entreprise ont plongé. Et si elles ne sont pas encore devenues poussière, comme on peut le dire dans le langage des initiés, c’est parce qu’elle continue à dissimuler la vérité, sans dire clairement ce qui devrait être dit dans une situation aussi grave que celle-là. Il n’y a aucun doute que ce sont les considérations économiques qui priment sur toutes autres, les questions sociales relatives à la sécurité et à la vie des personnes étant reléguées au second plan. Les semaines passent mais aucune information concrète sur les issues possibles à cette crise ne filtre.
     
    La désactivation des quatre réacteurs a été annoncée cette semaine. Dans tous les cas de figure, cette opération prendra plusieurs décennies. C’était l’évidence même, après la décision désespérée de déverser des masses d’eau salée afin de réfrigérer les réacteurs. Mais plutôt que de lever les doutes, nous nous trouvons aujourd’hui face à une quantité encore plus grande d’interrogations sans réponses. Combien de temps faudra-t-il pour que la situation soit sous contrôle ? De quels moyens dispose le gestionnaire pour colmater les fuites qui mettent en péril la vie des personnes ? Maintenant que le printemps arrive et que la température augmente, comment remplacer l’eau de mer ? L’armée va-t-elle utiliser ses hélicoptères pour inonder les réacteurs de sorbet ?
     
    À l’heure actuelle, la température aux abords de Fukushima 1 est encore assez basse se situant à environ 5 degrés. Mais, qu’adviendra-t-il lorsque la température ambiante dépassera les 30 degrés ? Le gouvernement a évoqué la possibilité de recourir à de la résine mais dans quel but et de quelle façon ?
     
    Comment croire aux déclarations du gouvernement japonais ? Nul ne sait sur quel critère scientifique le gouvernement a déterminé ce périmètre de 30 km d’évacuation. Mais il est indubitable que ce périmètre n’est pas élargi car cela représenterait des milliards de yens d’indemnisations. Plus grand sera le périmètre, plus importantes seront les indemnisations à verser et le gouvernement fait à l’évidence ce calcul, quel que soit le risque encouru par des milliers de personnes. Le gouvernement, comme tout gouvernement, se doit de communiquer sur le sujet, mais il s’est montré incapable de trouver une solution rapide pour que la tragédie ne prenne pas de plus amples proportions. En l’absence d’explications fiables, j’en suis réduit à spéculer et tout semble indiquer que la situation est aujourd’hui pire et plus dramatique que le 11 mars, date du séisme.

    L’impact économique du manque de confiance

    La visite du Président Sarkozy au Japon ne fait qu’illustrer la crainte existant, dans le monde entier, que la crise japonaise puisse être la source de problèmes encore plus graves dans une situation déjà passablement compliquée. Les optimistes affirment que le monde était en train de sortir de la crise de 2008. D’autres, plus sceptiques, prétendaient que nous étions sur la voie, non d’une récession, mais d’une dépression. Quelle que soit l’opinion pour laquelle on penche, la crise actuelle japonaise, sans aucun doute, ne fait qu’assombrir la situation mondiale. La dépendance à l’énergie nucléaire de certains pays est criante, à l’image de la France de Sarkozy. La France, qui projetait de vendre des centrales nucléaires même aux Martiens, si possible, a vu son rêve s’écrouler. Mais plus encore, pourrait émerger un puissant mais redouté mouvement anti-nucléaire, facteur que le Président français cherche à éviter, en anticipant les évènements et en essayant de se présenter comme le paladin de la sécurité nucléaire, comme si c’était possible...
     
    Le manque de positions claires de la part du gouvernement entraîne une paralysie dans tous les domaines de l’activité sociale. Il est encore trop tôt pour pouvoir fournir des chiffres précis, mais, au-delà du fait que plusieurs entreprises aient été touchées, en raison du manque de pièces détachées et de composants, nous n’en sommes qu’au début de problèmes encore plus grands pour l’économie japonaise. Lors de l’été prochain, il est d’ores et déjà clair que le manque d’énergie va causer de graves problèmes. Le plus grand se posera à Tokyo, cœur de l’économie japonaise. Comment résoudre ce problème ?
     
    Cette année, les Japonais vont pouvoir grandement mettre à contribution leur créativité, mais il est hélas peu probable que cela nous épargne d’une récession. Les secteurs de la bourgeoisie impérialiste japonaise espèrent que cette tragédie engendre des opportunités d’engranger de vastes profits. Voilà qui n’est pas dénué de sens dans la mesure où les gens vont devoir acheter des réfrigérateurs, des télévisions, des lits, construire des maisons, etc... Mais nous ne pouvons pas pour autant prétendre que l’économie japonaise va s’en trouver revitalisée. Étant donné la crise nucléaire actuelle, sa durée éventuelle et ses implications possibles, le mot qui synthétise le mieux la situation japonaise aujourd’hui est "volatile". Quelle que puisse être la prochaine tragédie, elle ne sera déjà plus une surprise.





    Merci à Tlaxcala
    Source: http://www.esquerda.net/artigo/crise-nuclear-japonesa-acreditar-em-qu%C3%AA
    Date de parution de l'article original: 03/04/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=4513


    votre commentaire
  • Security made in Germany



    German-Foreign-Policy.com

    Traduit par  Michèle Mialane
    Edité par  Fausto Giudice

     

    BERLIN/ DUBAÏ / RIYAD-En dépit de la contestation qui se poursuit dans les pays arabes, des entreprises allemandes continuent à vendre aux régimes en place des moyens techniques de répression. Fin février, plusieurs firmes de République fédérale ont exposé à une foire de Dubaï destinée à la police et aux services secrets moyen-orientaux et africains lesdernières techniques de contrôle d’Internet. On y trouvait également des matériels pour localiser les téléphones mobiles et pour s’introduire dans les disques durs des ordinateurs. Les « techniques de sécurité » comptent parmi les exportations fort lucratives des entreprises allemandes.

    Selon les estimations du Ministère de l’Économie, le marché mondial de la sécurité représente largement 100 milliards par an, et la tendance est à la hausse. Le Ministère a donc créé en novembre 2010 une « Initiative pour l’exportation des techniques de sécurité » destinée à soutenir l’industrie allemande de la répression. En janvier dernier, le Secrétaire d’État parlementaire au Ministère de l’Économie, Hans-Joachim Otto, était aux Émirats Arabes Unis pour des entretiens relatifs aux dispositifs de sécurité. Quelques exportations allemandes finirent par éveiller une certaine grogne, par exemple l’offre d’un logiciel d’espionnage à la Sécurité d’État égyptienne [Amn Daoula, police politique, NdE].

    Surveiller Internet

    Parmi les nouveautés proposées fin février par les entreprises allemandes à la foire à la sécurité à Dubaï « ISS-World Middle East and Africa », on comptait entre autres divers matériels appartenant au « Deep Packet Inspection». Ainsi que nous l’apprend un compte-rendu de la manifestation, « Deep Packet Inspection » vise la filtration et le classement de tout le trafic Internet. Couplé à un pare-feu national, il permettrait « de contrôler toutes les communications sur le territoire national », échanges téléphoniques via Internet inclus. Parallèlement on pourrait « bloquer de manière ciblée »1 la transmission de données, par exemple via Skype.
     
    À Dubaï, les moyens de pratiquer ce type de contrôle figuraient parmi les offres des entreprises ipoque (Leipzig), trovicor (Munich), Utimaco (Oberursel) et ATIS systems (Bad Homburg). ipoque proposait un séminaire de formation ad hoc. ATIS systems présentait, si l’on en croit le compte-rendu, un logiciel qui « surveille parfaitement toutes les sessions www. » et à même d’intégrer « des données de localisation du système de téléphonie mobile ». Ceci permettrait par exemple une « traque précise (pour surveiller les personnes) »2. Plusieurs des firmes citées disposent de filiales commerciales dans certains pays arabes - l’Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis et l’Égypte.

    Pénétrer les boîtes mails

    L’Égypte nous fournit un exemple de possibles utilisations de ces techniques de surveillance. Récemment, des militants du mouvement démocratique égyptien avaient trouvé à la centrale d’Amn Daoula du Caire un document classé « ultra-secret » contenant une offre de vente de la firme Gamma International, à laquelle était jointe un papier de la section « technique et information » des services secrets ; on y lisait que Gamma était spécialisée dans les « programmes de sécurité et les moyens de pénétrer les boîtes à lettres électroniques.» Le service aurait déjà reçu un échantillon gratuit du programme « Finfisher » qui présente les « multiples possibilités de pénétration des boîtes mails.»3 Gamma International est un conglomérat de filiales et d’entreprises  partenaires dont certaines ont leur siège à Munich, largement ramifié et totalement opaque pour les personnes extérieures. La filiale de Munich conteste avoir soumis cette offre au Caire4. Cependant le Parquet de Munich envisage d’ouvrir une information judiciaire au sujet de Gamma, car la vente de logiciels du type précité est interdite par le Code pénal allemand.5
     

    Chappatte

    Écoutes téléphoniques

    On entend régulièrement reprocher haut et fort aux entreprises allemandes d’avoir fourni aux polices et services secrets des États ultra-répressifs du Moyen-Orient des technologies adaptées à leurs pratiques. Par exemple, le Wall Street Journal écrivait en juin 2009 qu’une joint venture de Siemens et du Finlandais Nokia aurait vendu à l’Iran des matériels du «Deep Packet Inspection» qui ont permis des écoutes à grande échelle6. Depuis, cette joint venture a été rachetée et a pris le nom de trovicor. Certes Siemens a démenti à l’époque avoir jamais livré le « Deep Packet Inspection»  à Téhéran.
    Mais la firme n’a pas nié avoir fourni, entre autres outils de télécommunication, des matériels d’écoute. Toutefois une question n’a pas été abordée : Siemens aurait permis au contre-espionnage allemand (BND) l’accès à certains des réseaux téléphoniques installés par elle - et au moins temporairement à celui de l’Iran. Par le passé les collaborateurs de firmes allemandes ayant « fourni du matériel téléphonique, voire du matériel d’écoute à des pays arabes » auraient, selon un article de presse, décrypté, pour le compte du BND, les communications échangées dans ces pays (german-foreign-policy7)

    « Une sorte d’État policier »

    Bien que les entreprises concernées nient avoir livré effectivement des matériels, personne ne conteste que les acteurs économiques allemands soient tout disposés à livrer des « technologies de sécurité » aux régimes répressifs du Proche et Moyen-Orient. L’ensemble du marché des technologies et services de sécurité « civils » est actuellement estimé à environ 100 milliards, avec une croissance de 5% par an. Ces matériels sont destinés surtout à parer aux problèmes liés aux catastrophes naturelles, mais incluent aussi diverses techniques de répression. Selon une enquête diligentée par le Ministère allemand de l’Économie « c’est avant tout le monde arabe qui représente un important potentiel de croissance pour les exportateurs allemands8.» À lui seul, le marché saoudien, où la part de marché allemande en ce domaine se situe déjà et depuis toujours autour de 10%, devrait, selon les experts, atteindre en 2018 les 90 milliards de dollars US. Dans les pays arabes il y a quelques « foyers de conflit », disait-on cet automne dans le monde de l’économie.9 Une « certaine insécurité », en particulier dans le Golfe Arabo-persique, inciterait « les organismes de sécurité (...) à édifier une sorte d’État policier ». Pour les firmes de sécurité occidentales la péninsule arabique représenterait donc un « marché lucratif et hautement solvable », bien « qu’âprement disputé.10 »
     

    Rodrigo de Matos

    La répression : un marché d’avenir

    Et pour conquérir le marché de la répression, on peut compter sur l’appui du gouvernement allemand. Le 24 novembre 2010, Rainer Brüderle (FDP), Ministre de l’Économie, a présenté une initiative de politique industrielle en faveur de «la sécurité civile, un marché d’avenir », dont le but, selon son Ministère, est de « créer des conditions cadre optimales pour assurer le succès des matériels et services de sécurité allemands sur le marché national et international.»
     À l’enseigne « Security made in Germany », le Ministère adapte « exactement aux besoins spécifiques du marché de la sécurité» divers moyens de soutien aux exportations. Il a déjà développé sous le titre « La sécurité civile, un marché d’avenir » une « conception de politique industrielle 12» détaillée.

    Un gros succès

    Le soutien pratique du Ministère de l’Économie se concentre sur cette activité. À cet effet il a sponsorisé « l’envoi d’une délégation de l’industriede sécurité » en Arabie saoudite. « Dans le domaine de l’IT-Security » disait-on alors, «  les industriels allemands ont réalisé des projets très efficaces au cours des derniers mois ».13 Le Ministre de l’Économie projetait une visite en Arabie saoudite et éventuellement au Qatar pour le premier trimestre 20011 ; il devait y être tout particulièrement question de l’industrie de sécurité. En janvier le Secrétaire parlementaire du Ministère de l’Économie, Hans-Joachim Otto (FDP), avait déjà effectué un voyage aux Émirats arabes unis. Otto a accompagné la délégation cet automne et a inauguré Intersec,  la foire de l’industrie de sécurité aux Émirats. En outre il s’est entretenu avec le chef de la police de Dubaï de « questions relevant de la collaboration effective dans le domaine de la sécurité». 14 Il y a longtemps que l’Allemagne fait de bonnes affaires à Dubaï. Voici des années, la firme allemande Siemens avait déjà équipé les services de police avec du matériel de sécurité.15
     

    1 , 2 Proche-Orient : Surveillance made in Germany ; fm4.orf.at du 8 mars 2011

    3 Un logiciel d’écoute allemand vendu aux services secrets égyptiens ? www.tagesschau .de   du 6 mars 2001

    4 On n’a pas vendu de chevaux de Troie à l’Égypte www.fr-online.de, du 11 mars 2011

    5 Des chevaux de Troie pour le Proche-Orient ; www.fr-online.de du 11 mars 2011

    6 Iran's Web Spying Aided By Western Technology; online.wsj.com du 22 juin 2009

    7 voir à ce sujet Informationsaustausch

    8 Potentiel du marché des technologies et services de sécurité , www.vdivde-it.de

    9 Les techniques IT allemandes sont très demandées dans le Golfe www.gtai.de du 11 octobre 2010

    10 Les États du Golfe investissent massivement dans la sécurité ; www.gtai.de

    12  La sécurité civile, un marché d’avenir. Une politique industrielle conçue par le Ministère de l’Économie et des Technologies, Berlin, novembre 2010

    13 Envoi d’une délégation des industries de sécurité au royaume d’Arabie saoudite ; saudiarabien.ahk.de

    14 Le secrétaire d’État parlementaire Otto en visite aux Émirats arabes unis : «Développer le partenariat stratégique dans le domaine de la stratégie !» www.bmwi.de du 20 janvier 2011.

    15 voir à ce sujet Boomdiktaturen

     





    Merci à Tlaxcala
    Source: http://www.german-foreign-policy.com/de/fulltext/58026
    Date de parution de l'article original: 14/03/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=4317


    3 commentaires
  • A observer les réactions très prudentes des occidentaux, après le soulèvement populaire en Egypte, une conclusion s’impose. La démocratie, les droits des peuples ne sont que des facteurs parmi d’autres dans la tête des dirigeants occidentaux. Seuls les gens naïfs pensent que pour faire de la politique en occident, il faut être attaché à des valeurs humanistes universelles. 

     

    Finalement, la grande leçon à tirer de la révolution égyptienne, c'est le manque d'ambition et l'incompétence de la diplomatie occidentale ces trente dernières années. Une politique qui le plus souvent se résumait à préserver par tous les moyens, l’accord signé en 1979 entre Israël et l’Egypte et ses conséquences en matière de domination de l'occident sur une partie de l'orient.

     

    1979, c’était il y a 32 ans. Un accord de paix avait été arraché par Israël et les Etats-Unis à Anouar El Saddate, le prédécesseur de Moubarak, assassiné un peu plus tard.

     

    Depuis, et c’est limpide aujourd’hui, tout avait été construit sur le plan des relations internationales pour que cet accord ne soit jamais remis en cause. La paix avec la Jordanie à l’Est, la paix avec l’Egypte à l’Ouest, ainsi Israël se voyait conforté dans ses projets d’expansion de son territoire par deux de ses voisins. Une paix qui se résumait à un blanc-seing donné à Israël. On est en paix donc on ne bougera pas!

     

    L’occident aurait donc fait de la sécurité absolue d’Israël et de sa volonté d’expansion, le pivot de ses relations avec le Proche-Orient. Et la sécurité d’Israël impliquait le contrôle de l’Egypte… Pourquoi ?

     

    Trois raisons peuvent être retenues :

     

    Le contrôle du canal de Suez

     

    Une tête de pont occidentale et forte sur le plan militaire et nucléaire qui permet de se projeter en Orient, de « tenir » les régimes arabes et leurs ressources pétrolières.

     

    La satisfaction du désir d’un peuple très important qui constitue l’occident, notamment dans ses élites ; peuple qui fut martyrisé par une partie des occidentaux. Cela fait d’ailleurs dire à certains : En 1914-1918, l’Europe a failli se suicider et à peine remise en 1939-45, elle s’est mutilée d’une partie d’elle-même en exterminant les juifs.

     

    On pourrait aller jusqu'à dire qu'à partir du moment où l'Egypte et le canal de Suez étaient sous contrôle occidental, à partir du moment où la péninsule arabique et son pétrole étaient sous contrôle occidental alors plus rien ne pouvait empêcher Israël de mener sa funeste politique vis-à-vis des palestiniens. Juste quelques garde-fous moraux pour conforter les opinions publiques. La promesse de négociation n'étant qu'une carotte bien commode pour entretenir l'espoir, c'est à dire une chimère.

     

    Tout cela explique parfaitement l’attitude des occidentaux face aux soulèvements populaires qui ont lieu dans les pays arabes.

     

    Les pays occidentaux sont quasiment sur la même ligne qu’Israël. Les Etats-Unis et l’Europe font dans le pathos démocratique juste pour leur opinion publique mais, en réalité, ils craignent de tout perdre, Israël compris.

     

    Ils ont peur non pas d’un régime islamique dur qui instaurerait la charia mais de tout régime qui remettrait en cause le contrôle du canal de Suez et l’accord de coopération avec Israël suivant l’idée simple que ce qui affaiblit Israël, affaiblit l’occident et que ce qui affaiblit le transport maritime, affaiblit le commerce international et donc les économies occidentales.

     

    Imaginons une seconde qu’un nouveau régime en Egypte s’assure une manne financière plus importante au niveau du canal de Suez. Imaginons une seconde que l’Egypte décide de faire pression sur Israël pour que celui-ci renonce à ses colonies…

     

    Les Egyptiens - et nous avec eux- , découvrent toute l’imposture de ce général-président pas plus humain que le chef de la junte birmane finalement, placé au pouvoir pour garantir le passage pour pas cher, des cargos, pétroliers et autres porte-conteneurs dans le canal de Suez et pour coopérer avec Israël afin de spolier les palestiniens.

     

    Si la révolution réussit et qu’un régime démocratique authentique et indépendant atteint le pouvoir, les égyptiens vont se poser les questions qui fâchent.

     

    Avec le canal de Suez par lequel transite un quart du commerce mondial, avec des dizaines de millions de touristes par an comment ce pays peut-il rester aussi pauvre et ne pas profiter d’un essor économique qui lui a fait défaut jusqu’ici ?

     

    Pourquoi les occidentaux qui se prétendent nos amis, nous ont laissé sous le joug d'oppresseurs et leur fournissait de quoi nous réprimer, nous emprisonner, nous torturer?

     

    La vérité anéantit les menteurs qui la dissimulaient, blesse les innocents qui l'ignoraient et brise les comparses qui se taisaient.

     

    Milton ici


    votre commentaire
  • Vedanta ne renonce pas à exploiter la montagne sacrée d’une tribu indienne 

    Vedanta tente toujours de retourner dans les collines Niyamgiri 
des Dongria Kondh.
    Vedanta tente toujours de retourner dans les collines Niyamgiri des Dongria Kondh.
    © Survival

    La compagnie minière Vedanta conteste une décision ministérielle lui interdisant d’exploiter la montagne sacrée des Dongria Kondh en Inde. La Haute cour d’Orissa instruira l’affaire le 2 février prochain.

    Les Dongria Kondh, dont la situation a été comparée à celle des Na’vi du film à succès Avatar, ont remporté une victoire historique contre Vedanta l’été dernier. Le ministre de l’Environnement indien a gelé son projet de mine de bauxite à ciel ouvert d’un potentiel de plusieurs millions de dollars sur la montagne sacrée des Dongria, arguant que la compagnie avait fait preuve ’d’un mépris flagrant des droits des peuples indigènes’.

    La suite ici


    votre commentaire
  • Entraves au retour d'Aristide en Haïti: la preuve d'un manque de respect consternant



    Mark Weisbrot

    Traduit par  Chloé Meier
    Edité par  Fausto Giudice

    L'infâme ex-dictateur "Baby Doc" Duvalier a pu rentrer en Haïti cette semaine, contrairement au premier président élu du pays, Jean-Bertrand Aristide. Voilà qui en dit long sur la politique du gouvernement américain vis-à-vis de Haïti, et sur le peu de respect dont il fait preuve envers la démocratie dans ce pays et dans cette région.

    Interrogé à propos du retour de Duvalier, sous le régime duquel des milliers de personnes ont été torturées et assassinées, le porte-parole du Département d'État des États-Unis, P.J. Crowley, a déclaré: « c'est une affaire qui regarde le gouvernement et le peuple d'Haïti »Haïti n'a pas besoin d'un fardeau supplémentaire ”. Mais interrogé sur le retour d'Aristide, il a dit : « A ce stade, Haïti n'a pas besoin d'encore plus de fardeaux. »
     
    Les câbles diplomatiques publiés la semaine dernière par WikiLeaks montrent que Washington fait pression sur le Brésil, qui assure le commandement militaire des forces des Nations Unies déployées en Haïti, pour empêcher Aristide non seulement de revenir au pays, mais également d'avoir quelque influence politique que ce soit depuis l'extérieur.
     
    Qui donc est ce dangereux personnage dont Washington a si peur? En 1996, le Washington Post le décrivait en ces termes: "Élu à une écrasante majorité, renversé par un coup d'État et réinstallé au pouvoir par l'armée américaine, cet ancien prêtre populiste a aboli une armée répressive, pratiquement mis un terme aux violations des droits de l'homme, tenu largement sa promesse de promouvoir la réconciliation, organisé des élections mouvementées certes mais régulières et tenu son engagement de quitter sa fonction au terme de son mandat. Un formidable bilan. "
     
    Tel était le ton avant le lancement par Washington d'une campagne visant à destituer Aristide une seconde fois. À partir de 2000, conjointement avec leurs alliés internationaux, notamment le Canada et la France, les États-Unis ont supprimé la quasi-totalité de l'aide destinée à Haïti et consacré des dizaines de millions de dollars à la création d'un mouvement d'opposition. En février 2004, avec l'aide de voyous armés, de meurtriers et d'anciens chefs d'escadrons de la mort, ce mouvement, qui contrôlait la plupart des médias, a renversé un gouvernement brisé et exsangue.
     
    La principale différence entre le coup d'État de 1991et celui de 2004, c'est que le président américain, George H.W. Bush, n'a pas reconnu le premier, pourtant organisé par des gens à la solde de la CIA; il fallait au moins faire semblant de ne pas avoir été impliqués. En revanche, en 2004, sous présidence de George W. Bush, on ne s'est même pas donné la peine de cacher quoi que ce soit, une attitude qui reflète la dégénérescence de la politique étrangère des États-Unis.
     
    Il y a peu, lors d'une conversation avec un membre de longue date du Congrès américain, j'ai avancé qu'en 2004, Washington avait renversé Aristide parce qu'il avait aboli l'armée haïtienne. "C'est vrai", a répondu mon interlocuteur.
     
    À Washington le cynisme règne. Les principales organisations des droits de l'homme présentes dans la ville n'ont pas fait grand-chose lorsque, à la suite coup d'État de 2004, des dizaines de milliers de Haïtiens ont été tués et des représentants du gouvernement légaljetés en prison. D'ailleurs, à l'instar des organisations "pro-démocratie" de la ville, elles ne semblent pas juger digne d'attention le fait que l'ancien président ne puisse pas retourner dans son pays – ce qui constitue pourtant une violation de la Constitution haïtienne et du droit international – ni le fait que son parti, encore le plus populaire, soit interdit d'élections. Et c'est sur elles que s'alignent les principaux médias.
     
    Dans le cadre des élections qui se déroulent actuellement, l'Organisation des États d'Amérique, dont Washington tire les ficelles, cherche à imposer à Haïti les candidats au deuxième tour. Voilà à quoi ressemble la démocratie selon Washington.
     
    Or, Aristide vit toujours, en exil forcé en Afrique du Sud. Il reste le leader politique le plus populaire parmi les Haïtiens; sept ans d'absence n'ont pas suffi à l'effacer de leur mémoire. Tôt ou tard, il reviendra.

     





    Merci à Bellingham Herald
    Source: http://www.bellinghamherald.com/2011/01/20/1825636/blocking-aristides-return-to-haiti.html
    Date de parution de l'article original: 20/01/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=3455


    votre commentaire
  • Déchaînement raciste du président botswanais contre les Bushmen du Kalahari 

    Le président Khama a accusé les Bushmen de vivre 'une vie d'attardés'.
    Le président Khama a accusé les Bushmen de vivre 'une vie d'attardés'.
    © Survival

    S’exprimant sur le site de la plus importante mine de diamant du pays, le président du Botswana a qualifié dans une brusque envolée les Bushmen du Kalahari d’êtres ‘archaïques’, ‘primitifs’ et ’arriérés’.

    Le président Khama a accusé les Bushmen de vivre ‘une vie d’attardés’, ‘une vie primitive faite de privations en coexistence avec la faune sauvage’, selon ‘le mode archaïque d’un âge révolu où régnaient indigence et indignité’.

    Khama a également accusé Survival International d’avoir ‘lancé une campagne de mensonges et de désinformation’, assimilant l’organisation à une ‘bande moderne de voleurs des grands chemins’. Ses commentaires répondent au récent appel de Survival au boycott du tourisme au Botswana et de ses diamants en raison du traitement infligé aux Bushmen par le gouvernement botswanais. Le président Khama est membre du conseil de l’organisation nord-américaine Conservation International.

    En 2002, alors que Khama était vice-président, le gouvernement botswanais avait expulsé de force les Bushmen de leurs terres ancestrales, une mesure qui avait été par la suite déclarée illégale et anticonstitutionnelle par la Haute Cour du Botswana, jugeant que les Bushmen avaient le droit de vivre sur leurs terres.

    Malgré cette décision, le gouvernement Khama a continué d’empêcher les Bushmen de vivre sur leurs terres. Il leur a interdit d’accéder à un puits dont ils dépendent pour l’eau et de chasser pour se nourrir. Dans le même temps, il a foré de nouveaux puits destinés à la faune sauvage et a autorisé la compagnie touristique Wilderness Safaris à construire un luxueux lodge avec piscine en plein cœur du territoire bushman. Plus de 25 000 personnes à travers le monde ont signé la pétition de Survival appellant Wilderness Safaris à installer son campement touristique en dehors des terres bushmen.

    Au moment où les Bushmen entament une procédure juridique pour obtenir l’accès à leur puits, le gouvernement négocie avec la compagnie Gem Diamonds pour installer une mine de diamants sur leurs terres.

    Khama avait déjà insinué que les Bushmen étaient ‘une fantaisie archaïque’, un point de vue partagé par les membres de son cabinet. Le mois dernier, s’exprimant à la BBC, le ministre botswanais de l’Environnement, de la faune sauvage et du tourisme avait déclaré qu’il ne croyait pas qu’il était ‘encore possible de considérer comme un choix le fait que votre propre espèce continue à vivre à l’âge des ténèbres au milieu de nulle part, alors que le monde a évolué et est devenu si technologique’. Le vice-président s’était demandé en 2002 pourquoi les Bushmen devaient ‘continuer à communier avec la faune et la flore’ alors qu’ils pouvaient ‘jouir de choses bien meilleures dans la vie, comme de conduire des Cadillacs’.

    Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré aujourd’hui : ‘De nombreux pays disposent de lois antiracistes contre les actes et les comportements discriminatoires à l’égard de certaines minorités et de leurs modes de vie. De tels échos sinistres qui entendent démontrer une prétendue supériorité raciale n’ont pas leur place dans une démocratie moderne. C’est cette idéologie qui est ‘arriérée’, pas les Bushmen’.


    votre commentaire
  • LES CONSPIRATEURS



    « Conspirer » nous dit le petit Larousse c’est « s’entendre à plusieurs, se mettre d’accord pour renverser un dirigeant, un régime politique… ». En d’autres mots c’est se mettre d’accord à plusieurs pour modifier un ordre établi que ce soit en s’infiltrant pour en contrôler les principaux leviers ou encore en éliminant physiquement les irritants. C’est une prise de contrôle irrégulière du pouvoir d’un État ou de dirigeants.

    Dans un contexte où la démocratie représentative est de rigueur et que le néo-libéralisme est le système à travers lequel s’articulent les relations économiques des individus, des corporations et de l’État, le terrain est fertile pour la constitution de groupes pouvant contrôler tout. Ceux qui en arrivent à contrôler les partis politiques deviennent en position de pouvoir pour contrôler les divers leviers de l’État, laissant ainsi libre cours aux intérêts corporatifs des monopoles auxquelles ils appartiennent. La démocratie se résume à l’acte de voter une fois tous les quatre ans et la liberté de la grande majorité se ramène aux espaces qu’on voudra bien lui concéder dans les médias et dans les réseaux commerciaux qui sont entièrement sous leur contrôle.

    Au Québec nous atteignons un sommet dans la prise de conscience de cette présence très active de conspirateurs qui se sont glissés aux plus hauts niveaux des pouvoirs politiques, économiques et peut-être même judiciaire. Dans un excellent article que nous livre Richard LE HIR en relation au livre récent d’André Cédilot et d’André Noël au titre très évocateur MAFIA INC, grandeur et misère du clan sicilien au Québec, nous apprenons les rouages de la manipulation, de la corruption et de l’infiltration. Si dans cet ouvrage il est surtout question de la MAFIA associée au clan sicilien, n’allons pas croire qu’ils soient les seuls. Toutes ces révélations et celles à venir nous sortent de cette belle illusion d’une démocratie entièrement à notre service et de cette idée que nous en sommes les maîtres comme peuple.

    Pendant qu’au Québec nous vivons la grande désillusion, à Washington, le 17 novembre dernier, se réunissaient des représentants de l’extrême droite gouvernementale avec des représentants d’oligarchies nationales latino-américaines. L’objectif de la rencontre se résumait à ceci : « comment mettre un terme aux pays émergents réunis dans l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA)? Comment se débarrasser du Président Chavez dont l’influence sur l’ensemble du Continent est immense? Comment miner cette nouvelle alliance (Alba) qui s’interpose comme alternative au Traité de libre échange des Amériques? En plein jour et sous les aires de la plus grande normalité ces personnes complotaient pour reprendre le contrôle de ces pays par des moyens autres que ceux gérés par les lois constitutionnelles de ces pays. Pas surprenant que les institutions de ce grand pays longtemps célébré pour sa démocratie exemplaire en soit devenue une caricature. Dans un excellent dossier que nous propose le site Voltaire on ne peut que constater que ces grandes institutions n’appartiennent plus à la démocratie, au peuple, mais aux lobbyistes et à ceux que ces derniers représentent. L’argent finit par tout acheter, sauf certaines consciences, qui en paieront souvent le prix par le sacrifice de leur vie.

    Dans ce contexte, les révélations récentes que nous retrouvons dans l’ouvrage « Les Assassins économiques », de John Perkins, sont fort éloquentes. Une vidéo, animée par l’auteur, nous en fait un résumé. J’invite les lecteurs et lectrices qui ne l’auraient pas encore visionnée de le faire en se dirigeant à l’adresse suivante :

    J’avais déjà écrit un petit article sur ce sujet.

    Maintenant que nous savons, nous ne pouvons plus faire semblant que nous ne savons pas. Lorsque ces gens nous parlent de liberté, nous saurons que c’est de la leur et lorsqu’ils parlent de se serrer la ceinture nous saurons qu’ils parlent de la nôtre. Nous savons de plus qu’il ne suffit plus d’avoir lu dans le journal ou encore d’avoir entendu à la télévision ou à la radio telle ou telle chose pour que ce soit vérité d’évangile. La majorité des grands médias sont des machines bien huilées pour gérer les connaissances et les comportements de manière à les mouler aux intérêts de ces « conspirateurs » à cravate et au large sourire humanitaire.


    Oscar Fortin Ici

    Québec, le 28 novembre 2010 


    votre commentaire
  • Le Vatican a fait de Franco le « caudillo de l’Espagne par la grâce de Dieu ».

    Benoit XVI en Espagne

    En tant qu’institution, l’Église catholique est un des lobbys, politique et économique, des plus influents à l’échelle mondiale. Ses membres agissent dans toutes les structures du pouvoir et font tout pour influer sur toute décision qui, à leurs yeux, attaque les principes qui guident leur foi. Pour y parvenir, ils n’ont pas hésité à s’allier au diable lui-même. Seulement ensuite viennent les justifications et les prières.

    Sous le nazisme et le fascisme, les papes Pie XI et Pie XII, sans compter les cardinaux, évêques et prêtres, ont donné leur bénédiction à Hitler et à Mussolini et, ce faisant, ont assumé la responsabilité de régimes coupables de crimes et d’exterminations.

    En Amérique Latine, tout en excommuniant les Théologiens de la Libération, Jean Paul II se faisait le complice de crimes contre l’Humanité en justifiant l’assassinat de chrétiens, de protestants, d’athées et d’agnostiques livrés aux mains des cerbères de la religion catholique. Les Pinochet, Videla, Banzer, Somoza et d’autres ont compté parmi ses amis personnels. En Espagne, le comportement de l’Église n’a pas été différent. Durant la tyrannie franquiste, elle a élevé son assassin suprême, le général Francisco Franco, à la catégorie de « caudillo de l’Espagne par la grâce de Dieu ». De sorte que ces messagers de Jésus-Christ sur Terre ont donné leur blanc-seing aux exécutions de centaines de milliers de Républicains accusés d’athéisme, de communisme ou de franc-maçonnerie. Et nul pardon pour ces derniers. Une telle conduite n’est pas nouvelle. Il y a quelques siècles, durant les croisades et, plus tard, durant l’Inquisition, des scientifiques, des « sorciers » et des agnostiques furent torturés à mort à cause de leurs « hérésies ».

    Et c’est ainsi qu’échoit à l’Église Catholique le néfaste honneur d’avoir légué au monde des tortures appliquées avec un zèle sans égal par des Jésuites, des Dominicains et des Franciscains durant des siècles. Aujourd’hui, depuis l’État du Vatican, on protège des prêtres pédophiles et on continue la politique de demander pardon aux victimes, mais de ne jamais excommunier les coupables.

    L’État du Vatican est un propagandiste de conduites racistes, homophobes et xénophobes et, du XVIIº au XIXº siècle, de l’esclavage. C’est le Pape Pie IX qui écrivit, en 1866 : « En aucune façon l’esclavage ne contrevient à la loi naturelle et divine et on peut lui trouver de nombreuses justifications comme on peut le vérifier en consultant les théologiens et interprètes approuvés par le canon sacré.

    Parce que la domination qu’un maître exerce sur un esclave ne doit être comprise que comme le droit éternel que possède le premier, pour son profit, de disposer du travail du serf, étant entendu qu’il est légitime qu’une personne fasse don à une du droit à exercer une domination sur elle ». On déduit de ce qui précède que la « loi naturelle et divine » admet parfaitement qu’un esclave soit vendu, acheté ou donné tant que dans cette vente, cet achat, ce troc ou ce don seront respectées les conditions que ces auteurs auront convenu entre eux …

    Pour diffuser ses idées, l’Église dispose de stations de radio, de journaux, de maisons d’édition et de chaines de télévision. En tant qu’État, le Vatican jouit d’une économie saine. La crise le touche peu. Sa richesse grandit de façon exponentielle. Pour la conserver, l’Église n’a pas recours au miracle de la multiplication des poissons et des pains. De façon moins glamour, elle agit exactement comme une entreprise capitaliste ; elle se livre à la spéculation financière, investit dans les bourses de New York, Tokyo, Paris, Londres, Rome ou Madrid. L’Église est un grand propriétaire foncier. Elle possède des banques et, parmi tous ses biens, on relève des palais, des châteaux, des immeubles, des maisons, des centres de loisirs, des cliniques, des collèges, etc. L’Église accumule le plus grand patrimoine culturel du monde.

    Des oeuvres d’art, des sculptures des joyaux, des tableaux, sans compter ses lieux de culte, authentiques chefs d’oeuvre architecturaux : témoin, sans aller chercher bien loin, la Sagrada Familia de Barcelone. L’Église possède des universités, des collèges, des écoles secondaires pour endoctriner les enfants que ces centres accueillent dans la morale catholique de la famille et du mariage, leur inculquer son refus du divorce et de l’avortement, leur prêcher l’abstinence sexuelle. En Espagne, l’épiscopat organise des manifestations contre les lois promulguées et appelle les enseignants, les médecins et les pères de famille à la désobéissance civile et à l’insoumission en cautionnant des conduites anticonstitutionnelles.

    Et c’est ainsi qu’une partie non rendue publique du programme de Benoit XVI sera consacrée à l’examen des politiques et des actions programmées contre les lois concernant l’avortement et le mariage des couples homosexuels. Il est donc surprenant que le gouvernement du Parti Socialiste Espagnol rende public, précisément en plein voyage du Pape, son renoncement à présenter devant le Parlement sa loi sur la liberté religieuse parce qu’il la considère inappropriée et contraire à la tradition catholique de l’Espagne.

    L’Église catholique, pour maquiller son intolérance et afficher son engagement au sein de la société, construit des cliniques, des orphelinats et des résidences pour personnes âgées ce qui lui permet de continuer à pratiquer son prosélytisme et à accroître son patrimoine grâce aux testaments dictés sur leur lit de mort par les pensionnaires. Il n’est donc pas étonnant que Benoit XVI, lors de sa visite à Barcelone, pose la première pierre d’un centre pour handicapés mentaux comme une manifestation de charité chrétienne. Quelle délicate attention de sa part ! Par ailleurs, l’Église possède les moyens économiques suffisants pour subvenir aux frais des voyages de ses représentants. Assurément, le coût de cette visite privée n’entrainerait pas sa faillite. Et même si elle devait lui poser quelque problème de trésorerie, il resterait au Vatican la solution de demander l’aumône à ses fidèles.

    Mais au lieu de cela, pour la visite de Benoit XVI, les municipalités de Barcelone et de Saint-Jacques-de-Compostelle vont soustraire à leur budget communal la somme de six millions d’euros pour que Sa Sainteté ne connaisse pas la gêne. Mesures de sécurité, tintouin et cérémonial et retransmissions télévisuelles seront au compte des institutions publiques. La justification avancée par les autorités civiles n’est pas piquée des vers. Ils déclarent que la visite du Pape est un événement extraordinaire qui va remplir les hôtels et que des millions de personnes dans le monde pourront contempler la Sagrada Familia de Barcelone et la cathédrale de Saint-Jacques et qu’au total, la visite papale rapportera aux finances publiques plus de 10 millions d’euros.

    Chiffre nullement négligeable par ces temps de crise. Par conséquent, ce voyage financé avec de l’argent qui appartient à tous les Espagnols, est une insulte au peuple espagnol. Mais en même temps, il démontre la faiblesse des autorités « démocratiques » dans un État confessionnel. Sans peur d’être dementis, nous pouvons affirmer que l’Église espagnole, depuis ses origines, a été caractérisée par ses liens avec les forces les plus obscurantistes et inquisitoriales et qu’elle joue désormais un rôle rétrograde, conservateur et antidémocratique.

    Marcos Roitman Rosenmann. La Jornada.

    Source : http://www.jornada.unam.mx/2010/11/...

    Traduction : Manuel Colinas pour Le Grand Soir.

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Benoit-XVI-en-Espagne.html

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique