• 6 MAI 2007 - 6 NOVEMBRE 2009 : COMMENT SARKOZY A PERDU SES VALEURS

    6 mai 2007 - 6 novembre 2009 : comment Sarkozy a perdu ses valeurs


    Les commentaires sont durs ou complaisants, les sondages sont désastreux. A mi-mandat, Nicolas Sarkozy ne convainc pas grand monde, sauf son carré de fidèles. Et à droite, le soutien est par défaut, et non par adhésion. Les récentes frondes au sein de sa majorité expriment un désarroi certain qui est avant tout politique: Sarkozy déçoit, mais reste seul crédible à droite. L'UMP avance un chiffre invérifiable : 90 réformes auraient été mises en oeuvre depuis mai 2007. Elle radote. L'argument date de mai dernier. "bling bling, mensonges et nervosité", tel pourrait être le résumé de cette mi-mandature. Sarkozy a perdu la bataille des valeurs. Il lui reste trente autres mois pour rebondir.

    Les valeurs bafouées de Sarkofrance


    A mi-mandat, on pourrait établir un bref rappel des promesses non tenues, et des réformes votées (à défaut d'être mises en oeuvre). On devrait surtout revenir sur le socle du programme électoral de Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale de 2007: Sarkozy avait gagné sur les valeurs. Trente mois plus, ces dernières sont bafouées.

    "Contre mai 1968" : en 2007, Nicolas Sarkozy a fait campagne contre "l'esprit de Mai 1968", responsable à ses yeux de la dégradation du respect pour l'autorité et le travail, et notre fierté nationale. A cause des évènements de mai 1968, la France restait restait rebelle et sans repère, honteuse de son passé (ah ! La repentance !) et paresseuse au travail. Depuis mai 2007, Sarkozy s'est couché. Il a fait preuve d'une tolérance, troublante pour son socle électoral, en matière de moeurs: les affaires Polanski puis Mitterrand ont laissé des traces. On oubliera qu'il s'est remarié quelques semaines après après son second divorce. Côté repentance, son discours de Dakar, rédigé par l'obscur Henri Guaino, sur le "retard de l'homme africain" a choqué un continent. Autre désastreux symbole, Sarkozy lui-même part souvent en vacances, prolongeant notamment nombre de voyages "officiels", ou accumulant les allers et retours avec le Cap Nègre. Il se montre paresseux.

    Pour l'identité Nationale Française : cheval de Troie auprès de l'électorat frontiste, l'identité nationale fut la seconde valeur porteuse de la droite décomplexée de mai 2007. Un ministère éponyme fut même créé. En quoi a -t-il redoré le blason national et la fierté d'être Français ? Ce ministère, géré par Brice Hortefeux puis Eric Besson n'a existé que par les polémiques récurrentes et honteuses qu'il a généré : rafles aux sorties d'écoles, expulsions couteuses et inefficaces, métiers réservés aux étrangers, tests ADN pour le regroupement familiale, politique du chiffre, harcèlement des migrants, déstabilisation des associations d'aide aux sans-papier, etc... Trente mois après sa création, ce ministère est plutôt celui de la honte. Suprême aveu involontaire, Eric Besson lance un débat sur la fierté nationale. La Sarkofrance est-elle si perdue que cela ?

    Pour le travail : une valeur revendiquée haut et fort par le terrifiant slogan "travailler plus pour gagner plus". Nicolas Sarkozy louait la récompense du mérite et de l'effort. le Monarque avait promis de chasser les 35heures hors de France, de débusquer les paresseurx, de remettre les vieux au travail, de casser les retraites trop généreuses. Trente mois plus, les Français cherchent à travailler... tout court. La crise a rattrapé l'idéologie. Sarkozy s'est transformé en gauchiste de circonstance et de verbe. Il doit stigmatiser les patrons-voyous, les méchants traders, les horribles banquiers. Pourtant, ses proches sont des banquiers, des patrons, parfois des traders. Lui-même, avocat, a conseillé des placements dans les paradis fiscaux. Sarkozy déroute. Les Français retiennent son obstination à conserver un bouclier fiscal qui ne profite qu'aux riches. Les bonus bancaires ne sont pas plafonnés.

    La République irréprochable : Nicolas Sarkozy a enfin bâti son discours de campagne sur son futur comportement de président. Avec lui, la République serait irréprochable, la vérité (sur l'état du pays) serait dite, les promesses de réformes seraient tenues. Sur ces terrains, Nicolas Sarkozy a fait défaut. La République sarkozyenne mérite d'abord nombre de reproches : ses penchants "Bling Bling" ont déteint sur sa gestion. Nicolas Sarkozy n'a aucune maîtrise ni retenue dans la gestion de ses dépenses élyséennes : nouvel avion (pour voyager plus, y compris à titre privé), réceptions à répétition (les 16,6 millions d'euros du Sommet pour l'union pour la Méditerranée n'étant qu'une triste illustration), augmentation de son propre salaire. Le président est également sujet au népotisme (cf. l'affaire Jean Sarkozy) et au favoritisme : les conflits d'intérêt manifestes et à répétition ont concerné jusqu'à ses plus proches collaborateurs (François Pérol, Philippe Mariani, etc).

    Ensuite, son discours s'est bien souvent éloigné de la vérité. Sarkozy a menti, et à de nombreuses reprises. Le story-telling en Sarkofrance ne parvient plus à masquer la réalité : la finance mondiale n'a pas été réformée à la hauteur des cris présidentiels. Le bouclier fiscal est justifié par de faux arguments, car il exonère les gros revenus du patrimoine, et non du travail; et de surcroît, il n'est absolument pas figé dans la Constitution allemande, contrairement à une légende tenace que Sarkozy a répété une demi-douzaine de fois.

    Plus dures, les coulisses du show sarkozyen ont enfin été dévoilées : financement occulte de sondages publiés par certains médias complaisants, casting des "Français" témoins de ses visites de terrain (par la taille et/ou leur sympathies politiques), bouclages policiers des centres-villes et des villages, neutralisation des manifestations d'opposants, la Sarkofrance s'est affichée comme un cycle de représentations médiatiques sans véracité ni sincérité. Sarkozy a été humilié de voir dévoiler que ses conseillers castaient les figurants de ses meetings en fonction de leur taille.

    Ce qu'il a fait, sans l'avoir promis


    Surtout, ces 30 premiers de mandature ont aussi révélé quelques traits de caractère du Monarque : il est nerveux. Depuis mai 2007, combien de fois a-t-il été surpris perdant ses nerfs, contre ses proches, des députés de la majorités, des journalistes trop insistants ? Sa nervosité l'a également amené à agir avec précipitation, sans la réflexion nécessaire. La crise géorgienne, en août 2008, fut un bel exemple. La Géorgie titille son gros voisin russe. Ce dernier l'envahit. Sarkozy se précipite, sans concertation, en Russie et en Géorgie. Il revient en proclamant qu'il a obtenu un accord de retrait des forces russes. On découvre, à peine une semaine plus tard, qu'il a concédé que la Russie, par la création de deux "Etats indépendants" pro-russes, deux régions de la petite Géorgie.

    Sarkozy pratique aussi l'auto-satisfaction en permanence, écoute peu les conseils, et reste persuadé d'avoir raison contre tout le monde. Ces dernières semaines, la fronde est manifeste. L'affaire Jean Sarkozy a marqué les esprits. Sarkozy n'écoutait que lui-même. Ses conseillers sont devenus des courtisans. On n'ose plus critiquer. Le phénomène est d'autant plus marquant, et déstabilisant, que Nicolas Sarkozy reste médiatiquement omniprésent. Il se substitue à Roselyne Bachelot pour présenter un plan Cancer, il efface Bruno Le Maire pour parler agriculture. Il écrase Bernard Kouchner dès qu'on traite de diplomatie.

    Au final, Nicolas Sarkozy a perdu le combat des valeurs.

    Il est inaudible, même à droite. Il reste dangereux, surtout à gauche.

    SOURCE ICI 


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