• troy_davis.jpg

    Alors que la France entière se lamente sur le système judiciaire américain à propos d'un de nos ressortissants peu prudent, il serait bon qu'elle en sache un peu plus sur les vrais problèmes.
    Troy Anthony Davis, né le 9 octobre 1968, a été condamné à mort en 1991 pour le meurtre d'un policier, commis dans la nuit du 19 août 1989.

    Troy Davis est noir et issu d'une famille pauvre. Comme près de 43% des condamnés à la peine capitale, alors que les Noirs ne représentent que 12% de la population US (EZ, petit chroniqueur mesquin et suffisant aurait sans doute son mot à dire là-dessus).


    Troy Davis a été envoyé dans le couloir de la mort sur la foi des déclarations de témoins oculaires, dont la majorité d'entre eux se sont ensuite désistés.
    Aucune preuve matérielle n'existe.
    Pas d'arme du crime. Pas d'ADN. Rien.
    Hélas.

    Car, sans cela, Davis ne peut ni être déclaré coupable de façon irréfutable. Ni être innocenté de façon définitive.

    Alors, les juges ont tranché. S'il ne peut apporter la preuve de son innocence, c'est qu'il reste coupable, même s'il y a de gros doutes, reconnaissent-ils.
    Les juges ne se déjugent pas et il vaut mieux exécuter un innocent que de relâcher un coupable au bout de 20 ans d'incarcération.
    "Sidérant", non?

    Troy ayant épuisé tous ses recours judiciaires, il est maintenant sur le fil du rasoir, et attend l'annonce très prochaine d'une 4ème date d’exécution en l’espace de 4 ans.

    Seule une mobilisation massive de l’opinion publique pourra convaincre le Comité des Grâces de l’Etat de Géorgie de commuer sa peine de mort.


    Troy-Davis-1-www.jpg
    Manifestation à Londres

    Article à ce sujet de Jen Marlowe "Our Racist Justice System: How Troy Davis Has Spent 20 Years on Death Row, With Little Evidence Against Him", pubié le 2 juin 2011

    Notre système judiciaire raciste: comment Troy Davis a passé 20 ans dans le couloir de la mort, malgré le manque de preuves formelles de sa culpabilité.

    “De’Jaun, viens par ici, il faut que je te parle".

    De’Jaun Correia, un adolescent de 13 ans, élancé, les cheveux tressés à la rasta, s'assoie près de son oncle Troy Davis dans un coin de la pièce. Troy explique à De’Jaun ce qui va se passer maintenant qu'il devient adolescent.
    "Ton corps va changer … les femmes changent et nous aussi. Il m'est arrivé la même chose quand j'étais adolescent.".

    De’Jaun écoute avec beaucoup d'attention les explications de son oncle sur les oiseaux et les abeilles (c'est un peu dépassé, à l'heure actuelle, comme méthode, mais Troy n'est plus sorti de là depuis 20 ans, il a des excuses, NDT).
    Ce n'est pas la première fois que De’Jaun et Troy ont une conversation en tête-à-tête. C'est avec son oncle, un homme robuste aux yeux marrons chaleureux, que De’Jaun se sent le plus à l'aise pour discuter.

    Martina Davis-Correia, la mère de De’Jaun et la sœur aînée de Troy, a toujours encouragé cette relation étroite entre Troy et son fils. Troy aidait Martina à gronder De’Jaun quand il avait fait des bêtises à l'école. "On ne va pas à l'école pour bavarder, on y va pour apprendre!", disait Troy. Puis, quand il était certain que De’Jaun avait bien compris, Troy reprenait avec tendresse: “Allez, viens m'embrasser". Et il serrait son neveu dans ses bras.

    C'est Troy qui lui apprend la discipline", explique Martina. "Et qui lui donne aussi de l'affection".

    Ces échanges entre un oncle et son neveu pourraient paraître banals, si ce n'est le lieu où ils se passaient.

    Ces échanges avaient lieu dans une pièce étroite avec des verrous et des barres sur l'unique porte, à la prison "Georgia Diagnostic and Classification", où Troy Davis est incarcéré dans le couloir de la mort. Quand De’Jaun était encore petit, les prisonniers du couloir de la mort et leurs visiteurs pouvaient se retrouver dans la salle réservée aux visites; mais les visites où ils étaient en contact direct ont été supprimées il y a un an et demi.

    Et maintenant, De’Jaun reçoit les conseils de son oncle à travers des écouteurs installés des deux côtés d'une vitre en plexiglas.
    Davis se trouve dans le couloir de la mort pour le meurtre, en 1989, d'un officier de police blanc de Savannah, Mark MacPhail. Le 19 août, MacPhail était abattu alors qu'il volait au secours d'un SDF qu'on frappait à coups de pistolet sur le parking de l'arrêt des cars Greyhound.

    Le lendemain du meurtre, un homme du nom de Sylvester “Red” Coles racontait à la police que c'était Troy Davis qui avait tiré. Davis était alors arrêté, et avait été condamné en 1991, essentiellement sur la foi des déclarations de témoins oculaires.

    Il n'y a aucune preuve matérielle qui puisse relier Davis au meurtre. L'arme du crime n'a jamais été retrouvée. Mais malgré cela, Davis a été condamné à mort. Cela fait vingt ans qu'il est dans le couloir de la mort, en dépit du fait que le dossier d'accusation est complètement réduit à néant.

    Actuellement, il attend qu'une date soit fixée pour son exécution, ce qui pourrait être fait à tout moment, son dernier appel ayant été rejeté par la Cour Suprême.
    Des associations renommées de défense des droits humains et des libertés civiles, comme le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), Amnesty International, et l'ACLU (American Civil Liberties Union) se sont intéressées à l'affaire Davis, et des personnalités allant de l'ex-président Jimmy Carter à l'archevêque Desmond Tutu ont plaidé sa cause.

    L'affaire Davis est devenue emblématique d'une grande partie des problèmes que pose un système de peine capitale marqué par le racisme, les différences de moyens financiers et les erreurs judiciaires.

    Les défenseurs publics n'ont pas les moyens nécessaires pour enquêter correctement ou pour traiter convenablement la multitude de dossiers dont ils sont chargés.

    En même temps, il y a de nombreux éléments qui prouvent les inégalités de traitement selon l'appartenance raciale face à la peine de mort.
    D'après une étude publiée en 2001 par l'Université de Caroline du Nord, un inculpé dont la victime était blanche avait 3,5 fois plus de chances d'être condamné à la peine capitale que si la victime n'était pas blanche. Une étude de 2005 réalisée en Californie conclut que si la victime de l'accusé est blanche, celui-ci a trois fois plus de chances d'être condamné à mort.

    Même ceux qui sont pour la peine de mort, comme l'ancien directeur du FBI, le juge fédéral William Sessions et l'ancien élu républicain au Congrès, Bob Barr, se sont prononcés contre l'exécution de Davis, évoquant des "questions capitales restées sans réponse" (Sessions) et le "manque d'équité et de précision requises pour appliquer la peine de mort" (Barr).

    Parmi ces "questions capitales restées sans réponse", il y a le fait que sept des 9 témoins oculaires se sont rétractés plus tard ou ont modifié leur témoignage, beaucoup ayant affirmé qu'ils avaient subi des pressions et des intimidations de la part de la police, et qui les ont conduits à accuser Davis dans leurs premières dépositions.

    "Au bout de deux heures où j'ai dû subir les hurlements et les menaces des enquêteurs, j'ai finalement craqué et je leur ai dit ce qu'ils voulaient entendre", a écrit en 2002 le témoin Darrell Collins dans une déclaration sous serment.
    Collins avait 16 ans la nuit du meurtre et il avait été interrogé par la police pendant des heures hors de la présence de ses parents. “Ils me disaient ce qui s'était passé et je répétais tout ce qu'ils disaient".

    De nouveaux témoins se sont présentés, désignant Coles lui-même comme étant celui qui avait tiré.
    "J'ai vu Sylvester Coles — je l'appelle Red — tirer sur l'officier de police. Je suis affirmatif, c'est bien Red qui a tiré sur le policier" a déclaré sous serment et par écrit Joseph Washington en 1996.
    L'étude balistique avait cherché à prouver que Davis était impliqué dans une fusillade précédente où la victime n'avait pas été tuée. Or, cette dernière a démenti que Davis lui avait tiré dessus et un rapport du Bureau d'Investigations de l'état de Géorgie constatait qu'il n'y avait pas de preuves concluantes permettant de faire un rapprochement entre les douilles retrouvées sur les deux lieux du crime.

    Cela fait des années que Davis demande d'avoir la possibilité de présenter les éléments de preuves à décharge éventuelles devant un tribunal. Tous les appels lui ont été refusés pour des questions de procédure. Finalement, en juin 2009, la Cour Suprême US, prenant une décision exceptionnelle, ordonnait la tenue d'une audience où Davis pourrait présenter ces nouveaux témoignages.

    Cette audience avait eu lieu en juin 2010 devant un tribunal fédéral de Géorgie. Mais la charge de la preuve incombait à Davis. C'est-à-dire qu'au lieu d'être présumé innocent, comme cela aurait été le cas si on lui avait accordé un nouveau procès, la Cour Suprême exigeait que Davis "établisse son innocence de façon irréfutable".

    Comme il n'y avait aucune preuve matérielle, les tests ADN ne pouvaient pas aider Davis à se disculper.
    Quatre témoins s'étaient rétractés depuis leur déposition en 1991 contre Davis. Alors qu'il avait estimé que leurs témoignages initiaux étaient suffisamment crédibles à l'époque pour envoyer Davis dans le couloir de la mort, l'état attaquait à présent violemment la crédibilité de ces témoins.

    Les nouveaux témoignages des personnes qui disaient qu'elles avaient vu Coles appuyer sur la gâchette, ou à qui Coles s'était confié, étaient considérés comme des rumeurs. Le président du tribunal, le juge William Moore, décrétait que Davis ne répondait pas aux normes extrêmement exigeantes qui étaient de "prouver son innocence de façon irréfutable", bien que même Moore ait admis dans son verdict que cette audience avait fait naître des doutes supplémentaires quant à sa culpabilité et que cette affaire n'était pas "en béton". La condamnation à mort de Davis a donc été maintenue.

    Le 28 mars 2011, la Cour Suprême rejetait le tout dernier recours de Davis, permettant à l'état de Géorgie de fixer, pour la quatrième fois depuis toutes ces années, la date d'exécution.

    Des vérités que même les enfants peuvent constater

    De’Jaun se souvient très bien de la première date d'exécution. C'était le 17 juillet 2007. Il avait 13 ans.

    "Nous sommes allés le voir, et il ne s'inquiétait pas réellement pour lui. Il s'inquiétait essentiellement pour sa famille. Pour nous. Je regardais ma grand-mère. Elle priait, elle ne faisait que prier. Il y avait beaucoup de gens qui priaient continuellement".

    Troy avait indiqué à chaque membre de la famille les tâches à accomplir. Qu'avait-il chargé son jeune neveu de faire?

    Il m'a dit: "continue simplement de bien travailler à l'école, sois honnête, choisis bien tes amis, occupe-toi de la famille et respecte-la. Respecte ma mère, ma grand-mère, mes tantes. Fais ce que tu aimes faire et apprends un bon métier".

    L'exécution avait été ajournée moins de 24 heures avant la date prévue. L'année suivante, Davis passait à 90 minutes de l'injection mortelle.
    En plus d'avoir à supporter le fait que son oncle risque d'être exécuté, et tout en ayant à suivre des cours accélérés dans son lycée, De’Jaun vit avec l'angoisse à cause de la maladie de sa mère. Martina se bat contre un cancer du sein depuis que De’Jaun a six ans. Au départ, on ne lui donnait pas six mois à vivre. C'était il y a dix ans, et Martina, qui est bien plus solide que ne le laisse présager sa frêle carrure, se bat encore.

    De’Jaun s'est toujours tourné vers son oncle Troy dans les moments difficiles.
    troy_davis_and_nephew_2.jpg
    Martina a emmené De’Jaun voir son oncle pour la première fois dans le couloir de la mort quand il avait six semaines.

    "C'était comme si j'avais offert à Troy un lingot d'or", raconte Martina. “Troy avait peur de le prendre dans ses bras. Je lui ai mis d'autorité De’Jaun dans les bras et je me suis reculée", et il disait: "mais il est si petit, viens le prendre, vite. Et je lui ai répondu: "non, toi, tu le portes. Tu le gardes aux bras" Martina sourit en se rappelant la scène. "C'était un instant magique, parce que c'était comme un cadeau que je faisais à mon frère".

    Tout petit, De’Jaun ne comprenait pas que son oncle était incarcéré, à fortiori qu'il allait être exécuté. De’Jaun m'a raconté: "quand la famille s'apprêtait à partir après une visite, je disais:

    "Allez, Troy, viens, partons! Mais il ne pouvait pas venir avec nous et ma mère me disait: 'il est à l'école, il ne peut pas venir. Un jour, il reviendra avec nous'".

    Quand De’Jaun a grandi, Martina lui a expliqué que son oncle était en prison. Mais elle ne lui avait pas encore dit que l'état de Géorgie avait l'intention de le tuer. Quand De’Jaun a eu 12 ans, il est devenu clair pour Martina que son fils comprenait bien plus que ce qu'elle n'avait imaginé.

    Leur chien, Egypt, était sorti de la cour et avait été écrasé par une voiture. Martina et De’Jaun avaient immédiatement emmené Egypt chez un vétérinaire qui leur avait expliqué que la patte du chien était cassée en trois endroits différents et qu'il fallait une opération lourde pour le sauver. Si Egypt n'était pas opéré, il fallait le piquer. Le coût de l'opération, avait dit le vétérinaire, dépasserait les 10000 dollars.
    En ramenant De’Juan à la maison, Martina se disait qu'elle ne pourrait jamais trouver 10.000 dollars. Faire piquer Egypt était probablement la solution la plus réaliste.


    Pendant le trajet silencieux, De’Jaun s'était tourné vers sa mère et lui avait dit: "Maman, tu va faire piquer mon chien comme ils veulent faire piquer oncle Troy?”

    "J'ai regardé mon fils, il me regardait … j'ai dû ravaler la boule que j'avais dans la gorge et retenir mes larmes. Je ne m'étais pas rendu compte qu'il reliait les deux événements, qu'il savait qu'ils cherchaient à tuer son oncle. Et qu'il savait quel moyen ils allaient utiliser pour le faire. C'est à ce moment-là que j'ai décidé … même s'il a fallu que je mette ma voiture en gage … je n'allais pas pouvoir faire piquer mon chien".

    Tuer Troy Davis

    Le rapprochement qu'avait fait De’Jaun entre les méthodes de l'état de Géorgie pour tuer son oncle et celles pour piquer un animal a une signification particulière aujourd'hui. La Géorgie utilisait depuis toujours un mélange de trois drogues pour les injections. Un des produits, le sodium thiopental, servait à anesthésier la victime. Mais, Hospira, le seul fabricant national de sodium thiopental a arrêté de le fabriquer l'an dernier, ce qui a obligé les états à agir dans l'urgence pour en faire une provision.


    La Géorgie avait acheté un stock de ce produit à Dream Pharma, une société britannique louche qui travaille dans l'arrière boutique d'une auto-école à Londres. La Géorgie a importé le produit sans le déclarer à la Drug Enforcement Administration (DEA), ce qui constitue une violation des lois fédérales. Et donc, en mars dernier, la DEA a saisi le stock de sodium thiopental de la Géorgie, mettant un frein temporairement à la possibilité de l'état d'appliquer la peine de mort.
    Le 20 mai, toutefois, la Géorgie annonçait qu'elle comptait remplacer le sodium thiopental par du pentobarbital, ce qui permettait de poursuivre les exécutions. Comme l'avait suggéré De’Jaun le pentobarbital est, en effet le produit utilisé pour euthanasier les animaux.


    L'exécution de Troy sera probablement la première à être programmée avec cette nouvelle méthode, même s'il y aura un délai de grâce. Les services du procureur de Chatham County ont annoncé qu'ils n'avaient pas l'intention de demander dans l'immédiat un mandat pour l'exécution de Davis, peut-être par compassion à la suite du décès de Virginia Davis, la mère de Troy, survenu le 12 avril dernier.
    Martina pense que sa mère est morte de chagrin. "Je pense que ma mère n'aurait pas supporté l'annonce d'une nouvelle date d'exécution", a-t-elle dit à un journaliste. C'est De’Jaun qui a trouvé sa grand-mère de 65 ans affalée sur son fauteuil en revenant de l'école.


    Troy n'a pas eu l'autorisation d'assister à l'enterrement de sa mère. Mais il a écrit une lettre d'adieu qu'un De’Jaun, stoïque et posé, a lue dans une église de Savannah pleine à craquer:

    “À ma très chère maman,
    Qui aurait cru que cette lettre serait la dernière que nous échangerions? J'ai toujours craint que ce jour n'arrive avant mon retour à la maison … Pendant toutes ces années, j'ai refusé de pleurer mais, toi, maman, tu m'as fait pleurer toutes les larmes de mon corps le jour où tu as fermé les yeux pour toujours. Je suis sûr que je sortirai d'ici libre très bientôt et que je contribuerai à donner de la force à notre famille exactement comme tu aurais voulu que je le fasse …"

    Les défenseurs de Davis ne pensent pas qu'il va sortir de prison dans un avenir proche. Ce qui les préoccupe avant tout, c'est d'empêcher l'exécution imminente. Le délai accordé par compassion par le procureur du Chatham County sera peut-être de courte durée. Sitôt qu'une date sera fixée pour l'exécution, l'ultime ligne de défense entre Davis et la mort dépend du Comité des grâces et des libérations conditionnelles de Géorgie, qui a le pouvoir de gracier Davis.


    Amnesty USA, le NAACP et l'ACLU ont à nouveau uni leurs efforts, appelant les professionnels de la justice, les représentants des communautés religieuses, et les particuliers à envoyer un message fort au Comité des grâces et des libérations conditionnelles: "quand il existe un doute, n'exécutez pas".
    Martina a toujours joué un rôle capital dans les actions de sensibilisation. Elle a lutté pendant des années pour plaider la cause de son frère jusqu'à ce que, finalement, les associations de défense des droits humains et par la suite, les medias, se mettent à s'y intéresser.
    de_jaun_Correia_Amnesty_UK.jpg
    De'Jaun à Londres (Amnesty UK)

    De’Jaun, aujourd'hui un grand jeune homme de 17 ans avec les cheveux coupés ras et un large sourire qui vient facilement, s'est lancé lui-même dans le militantisme. Il a fait le tour des Etats-Unis, et s'est rendu à Londres, pour défendre la cause de son oncle et condamner l'application de la peine capitale.

    "Il y a tant de gens ici comme mon oncle", dit De’Jaun. "Mon oncle n'est pas le seul à subir ce calvaire … il y en a beaucoup qui aimeraient bien se faire entendre mais ils n'ont pas le pouvoir ni les moyens de le faire. Je me considère comme un militant, quelqu'un qui défend les gens. "

    Quand on lui demande où il trouve les ressources nécessaires pour gérer tout ce qu'il doit assumer, De’Jaun évoque sa foi en dieu. Et, dit-il, il a deux modèles principaux auprès de qui il puise sa force, son courage, sa ténacité, son humanité et sa dignité.
    L'un d'entre eux est sa mère, Martina. L'autre, son oncle Troy.

    Jen Marlowe est réalisatrice de documentaires, écrivaine et militante des droits de l’Homme. Elle a, entre autres, réalisé une courte vidéo sur l'affaire Troy Davis et écrit un livre avec Martina Correia, la sœur de Troy Davis.

    Liens utiles:

    L'affaire Troy Davis

    Signez la pétition

    Photos ici et ici

    Et puis, si vous cliquez sur le tag "prison" de ce blog, vous aurez une vue globale du système carcéral aux Etats-Unis.

    Peine de mort aux Etats-Unis (quelques notes de rappel):

    59 exécutions par an

    Aux États-Unis, la peine de mort peut être appliquée au niveau des États fédérés et de l’État fédéral. Depuis que les États-Unis ont repris les exécutions, en 1977, après une décennie sans exécution, plus de 1 200 hommes et femmes ont été mis à mort dans 35 États et par le gouvernement fédéral. Entre 2000 et 2009, les États-Unis ont procédé, en moyenne, à 59 exécutions par an. Au cours des sept premiers mois de 2010, il y en a eu 33. Le pays compte actuellement plus de 3 200 condamnés à mort (chiffres oct. 2010)

    Erreurs judiciaires

    "Depuis 1973, 138 condamnés à mort ont été innocentés, dont 17 grâce aux tests ADN. Selon des recherches menées par la Coalition nationale pour l’abolition de la peine de mort (NCADP), au moins quatre innocents auraient été exécutés".

    Pour la peine de mort:

    Depuis 1976, près de 90 % des exécutions ont eu lieu dans la ceinture de la Bible (Bible Belt), c’est-à-dire les 12 États situés au sud des États-Unis, qui formaient, lors de la guerre civile, la Confédération sudiste et où la croyance religieuse est la plus marquée, la plus publiquement affirmée et la plus rigidement interprétée. La ceinture de la peine de mort correspond également, à un ou deux États près, à celle de l’esclavage et ce qu’il a enfanté de plus odieux, le lynchage. Lire la suite ici.

    Exécutions aux US (à noter: plusieurs états utilisent désormais l'anesthésiant vétérinaire).

    mumia_photo-wb.jpg

    Et puis, n'oublions pas Moumia, autre figure emblématique, qui est dans le couloir de la mort depuis 30 ans, accusé d'avoir tué un policier.
    Dans un pays démocratique, trente ans de prison, c'est déjà une peine énorme, même pour un meurtrier, non?
    Pas aux Etats-Unis, qui donnent, pourtant, des leçons sur les Droits humains à tous les autres pays et qui n'hésitent pas, pour bien leur enfoncer ça dans le crâne, à aller les dévaster.

    Note perso

    Bon, ils sont où, les indignés contre la justice américaine?
    Ceux qui trouvaient insupportable et "sidérant" de voir un accusé sous les flashes de photographes. Ceux qui accusent le système judiciaire US quand ça les arrange, mais qui oublient tous les anonymes qui croupissent dans les prisons pendant des décennies.


    Qui oublient ceux qui croupissent dans le couloir de la mort, à qui on annonce régulièrement la date de leur exécution, qui est parfois suspendue au dernier moment.

    Qui oublient que certains prisonniers vont passer leur vie entière dans une prison et n'en ressortiront que les pieds devant.

    Qui oublient que certains prisonniers sont des malades mentaux.

    Qui oublient que certains prisonniers étaient mineurs au moment des faits.

    Qui oublient que la politique gouvernementale en France en prend le chemin.

    Alors, oui, le système judiciaire américain est barbare.

    Barbare pour les pauvres, en particulier les noirs ou les latinos.
    Les "dealers", quoi, comme dit Badinter.

    Pas des escrocs de grande envergure qui arrosent les partis politiques de leurs largesses bien mal acquises et qui sont au-dessus des lois, parce que là-haut, tout le monde protège tout le monde, parce que tout le monde a quelque chose à se reprocher.


    Auteur : emcee - Source : Des bassines et du zèle


    2 commentaires
  • Cuivre, Zambie et Katanga : le pillage complice de Glencore et la BEI

    Chien Guevara

    Le docu « Zambie : à qui profite le cuivre ? » mouille l’Europe

    C’est un film ahurissant qu’a diffusé France 5, mardi soir. L’enquête « Zambie, à qui profite le cuivre ? » montre comment la banque européenne d’investissement (BEI) finance en Afrique le leader mondial des matières premières, Glencore, soupçonné d’évasion fiscale. Afrique, pauvreté, pollution, comptes dissimulés, et pourtant, Alice Odiot et Audrey Gallet ont réussi, pour leur premier documentaire, à illustrer parfaitement ce qu’on appelle la « malédiction des ressources naturelles » :

    « Comment un pays riche en matière première peut-il être pauvre ? » (Voir la vidéo)

    http://www.pluzz.fr/zambie--a-qui-profite-le-cuivre--.html

    Ou ici les vidéos Arte ne restant pas longtemps en ligne

    Reprenons l’histoire au début : l’économie de la Zambie, l’ancienne Rhodésie du Nord devenue indépendante en 1964, repose en grande partie sur l’extraction du cuivre, dont le cours baisse drastiquement les années 80.

    Les mines sont privatisées dans les années 90, sous pression de la Banque Mondiale. La mine de Mopani tombe dans l’escarcelle de Glencore, leader mondial des matières premières.

    C’est ici qu’intervient la BEI, la banque publique de l’Europe, à laquelle souscrivent les 27 Etats membres. En 2005, elle accorde à la mine de Mopani un prêt de 48 millions d’euros, en vue de moderniser la fonderie, de réduire les émissions de dioxyde de soufre et de maintenir l’emploi.

    Glencore, un géant qui lève des milliards en bourse

    Or, en 2009, quand les journalistes arrivent sur place, que trouvent-elles ? Des milliers de salariés mis au chômage ou passés en contrat d’intérim, des problèmes de santé alarmants dus à une poussière persistante, la désertification des services publics et une révolte qui commence à gronder.

    Guidées par Christopher, licencié de la mine, et Savior, économiste courageux, elles partent en quête d’explications à ce désastre cautionné par la BEI. En remontant les filières opaques de l’évasion fiscale, elles découvrent :

    * que Mopani appartient à une société-écran, basée dans îles vierges britanniques et filiale de Glencore, le géant suisse des matières premières ;

    * que Glencore réussit l’exploit de ne déclarer aucun bénéfice en Zambie depuis dix ans, alors que les cours du cuivre sont au plus haut et l’extraction du minerai extrêmement rentable ;

    * malgré tout, l’introduction en bourse la semaine dernière a été saluée comme la troisième la plus importante de l’histoire européenne.

    Dans le salon de Christopher, qui se demande s’il va le mois prochain payer l’école de sa fille OU sa facture d’électricité, l’un des envoyés de Bruxelles admet qu’en Europe, « une entreprise ne serait pas autorisée à opérer ainsi ».

    Plaintes, audit, la BEI surveille Glencore

    Depuis fin mai, des députés européens se mobilisent. Cinquante d’entre eux demandent un moratoire sur les aides à l’extraction minière. Anne-Sophie Simpere, des Amis de la terre, qui a accompagné l’enquête du film, estime que :

    « La BEI n’a aujourd’hui ni les normes, ni les procédures, ni les capacités d’évaluer et de suivre les projets miniers qu’elle finance en Afrique. Tant que des normes et procédures strictes et contraignantes ne seront pas en place, des cas comme Mopani pourront se reproduire. »

    L’Europe va-t-elle entendre cet appel ? Sur le terrain judiciaire, cinq ONG, dont, en France, Sherpa, ont porté plainte contre Glencore pour évasion fiscale. Une plainte contre la pollution est déposée en Zambie, et une « class action » (recours collectif) va démarrer en Grande-Bretagne. Mais « c’est David contre Goliath », reconnait Anne-Sophie Simpere.

    Convoqué pour s’expliquer devant le parlement européen, le président de la BEI, Philippe Maystadt a déclaré :

    « Si la fraude fiscale, selon la loi zambienne, était avérée, cela exposerait Mopani à des pénalités financières en Zambie. »

    Il ajoute que la BEI refusera toute nouvelle demande de financement émanant de Glencore ou d’une de ses filiales. La BEI précise avoir « pris très au sérieux les soupçons d’évasion fiscale » et lancé une enquête indépendante.

    Chaque Européen engouffre 10 kg de cuivre par an

    La réalisatrice croit peu à des sanctions contre le géant Glencore. Et maintient qu’elle n’a pas eu de réponse à l’une des questions essentielles de son enquête :

    « J’ai demandé la preuve que les travaux ont bien réduit la
    pollution car sur place tout le monde me dit que c’est pire qu’avant. Or, la BEI m’a renvoyée vers Glencore, qui ne m’a pas
    fourni de comparatif avant-après.

    Les seules mesures indépendantes dont on dispose témoignent d’un taux de dioxyde de soufre en 2009 qui est 72 fois supérieur aux normes. »

    Aujourd’hui gênée par cette situation, la BEI répète que l’outil qu’elle a financé (un des fours de la mine) « fonctionne et qu’il est moins polluant ». Ce que la banque ne dit pas, ce sont les intentions cachées de ce type de prêts. Alice Odiot décrypte :

    « L’UE a besoin d’investir dans les mines afin de devenir client privilégié face à la concurrence des agences chinoises. Le cuivre s’épuise, alors qu’on en commande 10 kg par an par Européen, notamment pour les ordinateurs, les voitures… »

    ► « Zambie, à qui profite le cuivre ? » mardi 31 mai à 20h35 sur France 5 – film produit par Yami 2 – avec la participation de Stéphane Horel.

    Par Sophie Verney-Caillat

    Deux ONG suisses accusent Glencore de dépouiller la RDC

    La population congolaise du Katanga extrait les richesses de son sous-sol dans des conditions déplorables, selon l’enquête d’Action de Carême et de Pain pour le prochain

    Filiale du conglomérat établi en Suisse Glencore, la société Katanga Mining Limited (KML) exploite l’une des mines les plus dangereuses du bassin du cuivre en Afrique. Les cours d’eau et la nappe phréatique sont contaminés par de l’uranium, du soufre, des résidus d’explosifs et du diesel. Plus grand chiffre d’affaires en 2010 en Suisse avec 145 milliards de dollars, Glencore, qui a son siège à Baar (ZG), a été épinglé jeudi par Action de Carême et Pain pour le prochain (PPP) au niveau du respect des travailleurs, de l’environnement, comme de la fiscalité. Cette société, qui est l’un des plus grands fournisseurs et négociants de matières premières au monde, s’assure un approvisionnement exclusif de six gisements clés du Katanga. Et ne verserait entre 2010 et 2013 qu’un million de dollars d’impôts au Congo RDC, dénoncent les principales œuvres d’entraide suisses.

    « J’ai été extrêmement choquée au fil de cette enquête. Cela va bien au-delà de tout ce que j’avais vu et entendu jusque-là en termes d’indifférence aux droits humains et à tout principe d’éthique économique. » Engagée à PPP, Chantal Peyer vient de mettre un terme au rapport intitulé « Contrats, droits humains et fiscalité : comment une entreprise dépouille un pays. Le cas de Glencore en RDC ».

    « Nous prenons nos responsabilités »

    Après le textile et sa campagne Clean Clothes dans les années 1990, son étude sur l’industrie électronique en 2007, la Campagne de Carême des œuvres d’entraide s’est concentrée cette année sur les matières premières, « où l’on rencontre les abus les plus extrêmes », commente-t-elle. Le constat : les richesses minières des pays du Sud sont pillées par des entreprises comme le conglomérat zougois. En outre, « les mineurs creusent des trous et des tunnels, presque à mains nues et sans aucun équipement de sécurité. Pour descendre dans les mines, dont la profondeur peut aller jusqu’à 40 mètres, les mineurs n’ont pas d’échelle […] pour des salaires risibles, 3 à 5 dollars par jour en moyenne », détaille l’enquête menée au Katanga et rapportée dans la trentaine de pages qui ont été adressées à la presse comme à Glencore et KML. Interpellée à son sujet, la maison mère réfute les informations mentionnées dans le rapport. « Tous les employés de KML suivent des formations et des règles de sécurité, indique par courriel un porte-parole de Glencore. En ce qui concerne l’environnement, nous prenons nos responsabilités. […] KML paie des impôts à différents niveaux. Soit plus de 60 millions pour 2010. »

    Gabrielle Desarzens/Protestinfo

    L’article chez lui : Cuivre, Zambie et Katanga : le pillage complice de Glencore et la BEI


    URL de cet article 13918
    http://www.legrandsoir.info/cuivre-zambie-et-katanga-le-pillage-complice-de-glencore-et-la-bei.html

    votre commentaire
  • Bactérie tueuse et concombre masqué

    Jean BATOU

    Depuis le début du mois de mai, une bactérie « tueuse » de la famille Escherichia coli, pathogène pour l’homme, provoque une épidémie d’hémorragie intestinale potentiellement mortelle dans le Nord de l’Allemagne. Elle aurait déjà infecté 3000 personnes en Europe, en particulier des femmes, entraînant la mort d’une vingtaine d’entre elles. D’où vient-elle et comment en venir à bout ?

    Le mal se manifeste d’abord par des crampes abdominales très douloureuses, qui s’accompagnent de diarrhées et de fièvres. Dans les cas aigus, elle peut provoquer une insuffisance rénale et des troubles neurologiques qui conduisent à des paralysies. De quoi faire vraiment très peur…

    L’agent spécial 0104:H4

    Les épidémies d’hémorragie intestinale liées à certaines souches d’E. coli sont connues depuis une trentaine d’années aux Etats-Unis, où elles affectent 110 000 personnes par an et causent la mort de 90 d’entre elles, même si les souches impliquées (principalement 0157:H7) sont moins virulentes que le bacille de « Hambourg ».

    C’est que le nouvel agent pathogène est le clone hybride d’une espèce rare (0104:H4), résistante aux antibiotiques, qui n’avait jamais été observé jusqu’ici dans une épidémie. Signe des temps, son génome a pu être déchiffré en quelques jours à peine par un laboratoire… de Shenzhen en Chine.

    D’où vient ce nouveau spécimen ? Probablement d’un « transfert génétique horizontal », au cours duquel deux microbes de souches différentes ont échangé des portions d’ADN. Selon la revue Science, 0104:H4 posséderait ainsi, en plus des gènes de E. coli, un fragment de gène de Salmonella enterica, susceptible de provoquer la salmonellose. Ces résultats devront être confirmés par d’autres travaux.

    Qui se cache derrière ce « complot » ?

    Il n’en fallait pas plus pour que les blogs débordent de thèses farfelues sur la création de ce nouveau bacille par l’ingénierie militaire, voire le bioterrorisme. Même si de telles hypothèses ne peuvent pas être absolument exclues, il est en réalité infiniment plus probable qu’il soit le produit « naturel » du système de production alimentaire globalisé qui se développe sous nos yeux depuis une trentaine d’années.

    S’il y a « complot », c’est celui des investisseurs qui réalisent d’énormes profits en industrialisant et en concentrant de plus en plus la production, le transport, le stockage, le conditionnement et la distribution de la nourriture. N’y a-t-il pas un lien évident entre la multiplication des pathologies liées à l’alimentation et les formes contemporaines de sa marchandisation (maladie de la vache folle, grippe aviaire, E. Coli pathogènes, etc.).

    Les grandes batteries d’élevage produisent et disséminent de nouveaux bacilles ; l’agrobusiness multiplie les intrants chimiques et les manipulations génétiques ; le conditionnement introduit des inconnues supplémentaires ; la grande distribution favorise le transport sur de longues distances. La malbouffe résulte de tout cela, sans parler de la spéculation boursière qui provoque la hausse des cours des produits vivriers et génère la plus meurtrière des maladies : la famine.

    Ruminants et hamburgers

    Les versions pathogènes d’E. Coli pour l’homme sont surtout présentes dans l’intestin des ruminants, mais elles peuvent aussi loger dans l’appareil digestif d’autres animaux. Contrairement à l’homme, ils n’en sont pas affectés et transmettent ce germe par leurs déjections (sols, canaux d’irrigation, cours d’eau, nappes phréatiques, etc.), qui peuvent contaminer des cultures, même éloignées. Il faut savoir que les élevages produisent dix fois plus d’excréments que de viande.
    Les grandes batteries industrielles sont évidemment des incubateurs d’E. Coli.

    Depuis une dizaine d’années, la prolifération de ce bacille a même vraisemblablement été dopée par les nouvelles méthodes d’engraissage (notamment à base de maïs) qui permettent une prise de poids rapide, mais modifient la flore intestinale des bêtes. Ajoutons que la concentration des germes dans un espace très confiné accroît la probabilité de leur mutation.

    Aux Etats-Unis, une étude du Centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC), publiée en septembre 2009, estime que 42% des patients ont contracté une hémorragie intestinale à E. coli en consommant de la viande. On l’y appelle d’ailleurs la « maladie du hamburger », le germe y étant souvent incorporé au moment de son hachage. Elevage industriel et malbouffe sont donc directement pointés du doigt.

    Démasquons le concombre

    Si le vecteur de transmission est vraisemblablement un aliment cru ou une boisson non pasteurisée, il n’a pas encore été identifié : un légume, un fruit, une farine, un fromage, une viande mal cuite (hamburger, tartare, etc.). La chaine de production, de conditionnement, de transport, de stockage et de distribution est ainsi passée au crible sans résultat. Ce sont des circuits complexes, globalisés, extrêmement difficiles à tracer : les légumes, notamment, sont cultivés dans un pays, nettoyés dans un autre, empaquetés dans un troisième.

    Pour avoir incriminé un peu vite les concombres d’Espagne, avant d’abandonner cette piste, l’Allemagne a été accusée à demi-mots de torpiller la Politique agricole commune (PAC), qui lui coûte fort cher, sous de faux prétextes sanitaires.

    L’embargo russe sur tous les légumes de l’UE va plus loin encore. Pourtant, ce type de mesures, voire de guerre commerciale déguisée, ne pose pas les véritables problèmes et s’interdit d’y apporter des réponses probantes à long terme.

    Notre bien commun

    En revanche, depuis 1996, les organisations paysannes liées à Via Campesina (Uniterre en Suisse, la Confédération paysanne en France, etc.) défendent avec raison le concept de « souveraineté alimentaire », qui n’est pas réductible à une politique commerciale. Il lie en effet conditions sociales de production (petite agriculture paysanne), préoccupations écologiques (culture biologique de proximité) et défense de la santé des consommateurs-trices (sécurité alimentaire).

    En effet, une politique alimentaire qui réponde aux intérêts de l’humanité et de son environnement doit impérativement rompre avec la logique du profit privé en affirmant que les terres agricoles et leurs produits ne sont pas des marchandises, mais les biens communs les plus essentiels de l’humanité.

    Jean Batou


    URL de cet article 13921
    http://www.legrandsoir.info/bacterie-tueuse-et-concombre-masque.html

    1 commentaire
  • The revolution will not be televised

    José CAMARENA

    La bataille pour le contrôle des médias et, plus concrètement, des nouvelles technologies de l’information et de la communication (nTIC) est devenue une des batailles, si pas la bataille idéologique principale de notre temps ; le terrain privilégié sur lequel se déroule la véritable guerre entre l’idéologie dominante d’un système à bout de souffle et les contre-pouvoirs porteurs de projets de société alternatifs.



    Qu’on ne s’y trompe pas : l’épisode Assange restera, sans doute, dans l’histoire, comme un événement marquant ouvrant sur une ère nouvelle. Toutes les conflagrations mondiales, à travers les siècles, ont connu ce détonateur minime, ce "fait-divers" insignifiant, cet "accident" anodin, cette "bavure" que l’on croyait sans autre lien que le hasard contraire, cette "provocation" dont on attendait tout sauf le déclenchement effectif des hostilités.

    Les puissants le savent : la guerre a bel et bien commencé, comme le déclarait le cinéaste Moore après les manifestations de début d’année dans le Wisconsin. L’ingérence des services secrets et de police dans les réseaux sociaux, les lois limitant la liberté du Web (sous les prétextes les plus variés mais toujours marquées du sceau des meilleures intentions), les réunions d’Obama avec l’ensemble des grands pontes de la nouvelle économie et la mise à l’agenda comme point d’ordre du jour aussi bien de Davos que du G8 en disent long sur la crainte que ces réseaux provoquent dans des cerveaux et un système habitués au contrôle, engagés, par ailleurs, sur la voie du flicage, du sécuritaire et de la transparence. Qu’il suffise de penser aux caméras dont se peuplent nos villes. Oui, Big Brother is looking forward to controle you

    Dans la véritable crise de contrôlite aigue que subissent tous les néodémocrates champions du relooking, maîtres dans l’art du marketing et de la rhétorique populiste, Silvio Berlusconi, en tant que précurseur, possède une place aussi importante que particulière. Investi, dès le début des années ’80 du XXème siècle, de ce rôle de grand communicateur, en même temps que l’ancien Pape, lui aussi appelé le "grand communicateur", dans un pays, l’Italie qui, depuis les années trente du même siècle, a toujours fait office de laboratoire occidental. Pour qui s’intéresse à l’histoire, il est un fait que ce qui se passait en Italie devenait référence pour les uns comme pour les autres (un PC proche de la majorité absolue, des mouvements extrémistes, le terrorisme, la fin de la toute-puissante famille social chrétienne, la polarisation en deux blocs hétéroclites, la dilution de l’Utopie la plus noble dans une gauche pragmatique et postmoderne, la médiatisation et la pipolisationde la vie politique, etc.)

    Bien sûr, Berlusconi a des procès sur le dos, bien sûr il perd des villes et des fiefs lors de chaque élection, bien sûr parfois il perd carrément le contrôle, bien sûr… De fait, comme le souligne un journal espagnol, quelles que soient les suites des résultats des élections de ce week-end en Italie ou l’issue des affaires judiciaires dans lesquelles il se trouve impliqué, Berlusconi peut s’enorgueillir d’avoir, d’ores et déjà, gagné la bataille politique et idéologique pour laquelle "le directeur de casting anonyme" l’avait engagé : révolutionner le paysage politique (à la manière dont ses junk-télés ont révolutionné le paysage audiovisuel) et, au départ de cela, renverser durablement le rapport de force entre les antagonismes historiques de la société italienne. L’imago mundi des classes populaires n’est plus autre que celle que projette Tele5. Sarkozy, Obama, le G20 et, au-delà, ce qu’il est convenu d’appeler "la communauté internationale" en bavent sûrement de jalousie… "quelque part"…

    A ceci prêt que les scénaristes "anonymes", pour inventifs qu’ils puissent être, en ont tout de même oublié trois données d’importance, dans cette série très bon marché qui constitue leur fond de commerce depuis de longues années déjà. Tout d’abord, le déclin annoncé de Berlusconi and Company tient au fait que l’on enterre l’ère télévisuelle pour entrer, de plein pied, dans celle du cyberespace ; ensuite, la superstructure–dont font partie les médias et donc l’idéologie- constitue le reflet de l’infrastructure et non l’inverse ; enfin, la conscience de classe de l’opprimé ou de l’exploité ne se télécommande pas –même à grands coups de bouquets sportifs, de bimbosdénudées et de discours volontaristes qui, dans le plus pur style Mussolinien, veulent redonner au peuple la fierté et l’honneur perdus en allant les chercher du côté de l’Antique et des "Racines éternelles" de l’archéologie, chirurgicale et "sexy", que j’appellerais hystérique ! Autant de tentatives de dénégation d’un réel tout empreint de privations, de misère culturelle, de crise économique sans fond, de manque de démocratie et de corruption généralisées, de complexe d’infériorité que l’on veut afficher en son juste contraire –comme le Macho Wagnérien maquille son "indiscutable" impuissance…

    L’alternative

    D’un côté ceux qui croient encore que Facebook et Twitter font les révolutions –alors que ce sont les révolutions qui les utilisent comme les outils qu’ils sont- alors que c’est l’Internet la véritable révolution et le véritable espace alternatif et de liberté (en fin de compte, FB, notamment n’est pas autre chose qu’une pompe à fric, géniale, mais pompe à fric quand même destinée "à engranger des bénéfices au travers de la publicité et d’aider les entreprises à vendre davantage", dixit le patron de FB au G8) ; de l’autre, ceux qui ne jurent que par l’économie réelle, celle du concret et des briques, des chaînes de montage et de la plus-value sur le travail mort (comme disent les marxiens), alors que les uns ne vont pas sans les autres car les moyens de production se sont développés de telle manière qu’aucune marche arrière n’est plus possible et que c’est Zuckerberg qui a raison face aux anciens du G8 : c’est lui l’avenir !

    La manière de produire, crée les conditions de l’être ensemble et celles-ci l’idéologie qui lui fait comme un costard sur mesure (jamais l’inverse). La prise de conscience, par les individus, de leur exploitation et de leur aliénation met en place les prémisses de changements qualitatifs potentiels, révoltes, bouleversements, guerres ou révolutions.

    Quoi qu’il en soit, quelle que soit l’évolution de la contrôlite compulsive à tendance orthocratique, ces outils resteront ce qu’ils sont : des outils. Ce n’est pas l’outil que la société internationale « anonyme » désire bâillonner, mais bien les Hommes et les Femmes qui les utilisent de plus en plus et de mieux en mieux, grâce, notamment, à la démocratisation du prix comme des savoir-faire (elle-même découlant de l’impérieuse nécessité du dieu Marché de vendre de plus en plus dans un village à présent réellement globalisé). Prédire l’issue de cette guerre larvée reste une tâche des plus ardues. L’Homme et la Femme, citoyens du cyberespace restent une énigme pour les camps en présence. On n’en est qu’au début du développement réel des NTIC et personne ne sait comment elles vont se développer. Aujourd’hui, l’usage varie du somnifère de substitution, machinerie productrice de fantasmes, d’imaginaire et de virtuel, à l’utilisation dite citoyenne en tant que moyen d’échange, d’éducation, d’ouverture sur les autres et sur le monde, d’enrichissement personnel et collectif.

    Ces outils ne sont que des porte-voix et les mouvements opérés dernièrement par l’Administration US prouvent, à l’évidence, que la leçon a été bien apprise dans le sens que le porte-voix citoyen peut devenir aussi, in fine, porte-voix politique, militaire et économique : outil supplémentaire de contrôle réel et de manipulation. Au-delà de ce passe-temps addictif et solitaire, dont on disait qu’il allait démonter un peu plus des liens sociaux, par ailleurs, déjà bien détissés, les révoltes Arabes et la #spanishrevolution confirment qu’en la matière, rien n’est définitif ni écrit à l’avance, en même temps qu’elles confirment que l’enjeu véritable reste bien l’Internet (les blogs, les CMS, le libre, l’open-source et l’inter connectivité à base communautaire, etc.), en aucun cas Facebook, Google, Twitter ni même Wikipedia.

    Alors, le loup est-il entré dans la bergerie, invité par le berger lui-même ou bien noyé dans une foule de moutons trop occupés à balayer l’écran ? Une chose est sûre : en Espagne, en Italie, en France, en Grèce, aux USA, en Afrique, comme ailleurs, c’est sur ce terrain-là, celui de l’Internet et des nTIC que se gagneront ou se perdront les batailles politico-idéologiques à venir. La "guerre" n’a fait que commencer. A chacun de bouger ses pions et d’agir en conséquence, car qui possèdera le contrôle de la Toile, possèdera, de facto, les instruments permettant l’ouverture ou la fermeture, un saut qualitatif dans le sens de la liberté ou dans celui de l’écrasement, de l’abrutissement, de la manipulation et du contrôle des frontières, même virtuelles, sans lesquelles Big Brother perd une énorme partie de sa trop souvent terrifiante "superbe".

    José Camarena 310511

    © Hozé 5/2011

    Tous les articles ici publiés peuvent en partie ou en totalité être repris et partagés pour autant qu’un lien renvoie vers l’original et que la source soit explicitement présente dans le média de reprise ou de partage

    URL de cet article 13873
    http://www.legrandsoir.info/the-revolution-will-not-be-televised.html

    votre commentaire
  • Rapport sur les violations israéliennes des droits humains



    Les Forces d’occupation israéliennes (FOI) poursuivent leurs agressions méthodiques contre les Palestiniens et leurs biens dans les Territoires palestiniens occupés (TPO).

    Pendant cette semaine du 26 mai au 1er juin :

    • un mineur palestinien a été blessé dans le village d’Iraq Bourin, au sud de Naplouse ;
    • les FOI ont continué d’employer la force contre les manifestations non violentes en Cisjordanie :
      • un manifestant palestinien a été blessé à Bil’in, à l’ouest de Ramallah ;
      • 15 manifestants, dont un mineur, ont été arrêtés :
        • parmi ces personnes arrêtées, 7 Palestiniens et 8 militants internationaux ;
    • les FOI ont conduit 47 incursions dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie, et une plus limitée dans la bande de Gaza :
      • 29 Palestiniens, dont 4 mineurs et 2 femmes, ont été arrêtés ;
      • les FOI ont lancé une opération de grande envergure contre le Jihad islamique à Jénine et fermé 2 associations de bienfaisance ;
    • les FOI ont poursuivi leurs activités de colonisation, et les colons leurs attaques en Cisjordanie :
      • les FOI ont démoli 8 puits artésiens à Jénine et rasé au bulldozer une boutique de matériels de construction à Qalqilya ;
    • les colons israéliens ont attaqué un berger palestinien à Madma, un village au sud de Naplouse ;
      • les colons israéliens ont mis le feu à 4 dunums (0,4 ha) de cultures d’orge à Madma ;
    • Israël a maintenu un siège total sur la bande de Gaza et resserré celui de la Cisjordanie :
      • 4 Palestiniens au moins ont été arrêtés sur les check-points militaires en Cisjordanie ;
      • les FOI ont gardé en détention un président du Conseil législatif palestinien et 2 députés, et arrêté un troisième député.

    (JPG)

    Les forces israéliennes obligent un civil palestinien à démolir sa propre maison dans le quartier de Wad al-Jouz, à Jérusalem-Est occupée.


    Violations israéliennes recensées durant la semaine du 26 mai au 1er juin 2011

    1 - Incursions dans les zones palestiniennes et agressions contre les civils palestiniens et leurs biens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza

    Jeudi 26 mai

    Minuit et demi, les FOI pénètrent dans le camp de réfugiés d’al-Arroub, au nord d’Hébron. Elles s’introduisent dans la maison d’Abdul Aziz Salim Balasi, arrêtent le fils de Balasi, Umar, 18 ans, et l’emmènent au centre de détention de Kfar Etzion, au sud-ouest de Bethléhem.

    2 h, incursion dans al-Shawawra, à l’est de Bethléhem. Opération sur la maison de Muhannad Ahmed Saadad al-Asa, 26 ans. L’armée contrôle les identités des habitants, arrête al-Aza et le conduit au centre de détention de Ras Fredes, au sud de Bethléhem. Plus tard, elle le transfère au centre de Kfar Etzion.

    10 h, incursion dans Kafr Zibad, au nord-est de Qalqilya, puis l’armée investit le village voisin de Kafr Abboush.

    10 h 15, dans al-Funduq, à l’est de Qalqilya.

    21 h 30, l’armée entre dans Beit Leqia, à l’ouest de Ramallah, patrouille dans les rues du village. De jeunes garçons se rassemblent et lancent des pierres sur l’occupant, qui répond aussitôt en tirant à balles caoutchouc, avec des bombes assourdissantes et des grenades lacrymogènes. De nombreux jeunes souffrent de l’inhalation des gaz.

    22 h, incursion dans Jafna, au nord de Ramallah.

    22 h 30, dans Jéricho.

    Vendredi 27 mai

    1 h, les FOI entrent dans al-Majd, à l’ouest de Dora au sud-ouest d’Hébron. Elles font irruption dans la maison de Hamza Ibrahim Amr, arrêtent son fils de 18 ans, Abdullah, et l’emmènent au bureau de police près de la colonie Kiryat Arba, au sud-est d’Hébron. Abdullah est arrêté sous l’accusation de jets de pierres sur des véhicules des FOI, près du mur d’annexion. Il est plus tard transféré au centre de détention de Kfar Etzion.

    2 h 30, incursion dans al-Shawawra, à l’est de Bethléhem. Fouille de la maison d’Ahmed Issa Mohammed Hamdan, 24 ans. L’armée arrête Hamdan et le conduit au centre de Ras Fredes, puis le transfère à Kfar Etzion.

    23 h, dans Bitonia, à l’ouest de Ramallah, où l’armée patrouille dans les rues en provoquant les Palestiniens.

    23 h 20, dans Bir Zeit, au nord de Ramallah.

    Samedi 28 mai

    1 h, les FOI entrent dans Bedia, au nord-ouest de Salfit, et se retirent vers 4 h.

    1 h 30, dans Qarawat Bani Hassan, même secteur, pour se retirer vers 4 h 10 ; et dans Kafr al-Diq, à l’ouest de Salfit, d’où l’armée se retire vers 2 h 30, après avoir remis un avis à Samer Anwar Mustafa al-Diq, 35 ans, lui ordonnant de se présenter aux Services de renseignements israéliens.

    Dimanche 29 mai

    1 h, incursion dans Bil’in, à l’ouest de Ramallah. L’armée provoque les Palestiniens en patrouillant dans les rues, klaxonnant et dérangeant les habitants du village. Les soldats se mettent ensuite à tirer de façon intensif avec des grenades lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des grenades incapacitantes. Des enfants et des civils du village paniquent. Les FOI se retirent par la suite.

    2 h, dans le camp de réfugiés d’Ukbet Jaber, au sud de Jéricho. L’armée fait irruption dans de nombreuses maisons, délivre des avis à Khalil Abu al-Asal et à Kamal Said al-Lada, leur ordonnant de se présenter devant les Services de renseignements israéliens.

    3 h 30, dans le camp de réfugiés de Nour Shams, à l’est de Tulkarem. Les soldats prennent position dans le secteur d’al-Jama, dans le centre du camp. Ils s’infiltrent dans une maison de trois étages appartenant à Umar Tarif Abdullah Ghannam, 57 ans. Ils démolissent la grande porte de la maison et montent au second étage où Shadi, 31 ans, fils de Ghannam, habite. Shadi n’est pas chez lui. Les soldats démolissent la porte et interrogent son épouse. Ils montent ensuite au troisième étage, et ils démolissent la porte. Ils arrêtent ensuite Fadi, 22 ans, qui est le fils de Ghannam. L’armée utilise des chiens renifleurs pour fouiller la maison, puis se retire. Un peu plus tard, les soldats investissent la maison d’Ali Khari Mohammed Abu Salah, 27 ans, et l’arrêtent. L’armée se retire en début de matinée.

    Rasha Ahmed Jamal Ghannam, 26 ans, l’épouse de Shadi, témoigne auprès du PCHR :

    « Vers 3 h 30, le 29 mai, les soldats israéliens sont entrés dans notre maison de 3 étages, dans le quartier d’al-Jame, dans le centre du camp de réfugiés de Nour Shams. Ils ont démoli la porte principale et sont montés dans la chambre du second étage, où je me trouvais avec mes enfants. Quand je les ai entendus démolir la porte du second étage, je me suis mise à crier. Après avoir démoli la porte, ils ont pointé leurs armes sur moi. J’ai couru vers la pièce où dormaient mes enfants. Je suis descendue au premier.

    D’abord, j’ai pensé qu’ils volaient. L’un des soldats m’a suivi et a pointé son arme sur moi. Il m’a demandé d’une voix basse "Où est Fadi ?". Je lui ai dit qu’ici c’était la maison de Shadi, et qu’il n’était pas là. Le soldat est parti parler avec une autre personne puis il est revenu vers moi. Il m’a posé plusieurs questions sur mon époux, Shadi. Il était le seul soldat à parler arabe. Les soldats alors sont montés au troisième étage, l’un d’eux restant près de la porte de la pièce où je me trouvais. Ils ont démoli la porte du troisième et arrêté mon beau-frère, Fadi. Ils ont fait venir alors des chiens dressés et ont fouillé la maison. Mes enfants et moi étions dans une panique totale. Pendant qu’ils se retiraient de la maison, l’un des soldats a frappé ma belle-mère, Nazira Mohammed Issa Ghannam, 51 ans, qui était au premier étage, avec la crosse de son fusil. Dans la matinée, nous l’avons emmené à l’hôpital. »

    4 h 10, incursion dans Qalqilya ; l’armée arrête Mohammed Nasim al-Shanti, 24 ans.

    10 h 30, dans la banlieue nord de Tulkarem, Shweaka.

    11 h 30, dans Deir al-Sudan, au nord de Ramallah.

    22 h, dans al-Ouja, au nord de Jéricho.

    Mercredi 30 mai

    2 h, les FOI entrent dans le camp de réfugiés de Deishé, au sud de Bethléhem. Elles fouillent de nombreuses maisons dans l’ouest et le nord du camp. Elles se retirent vers 4 h 30, arrêtant 4 Palestiniens, dont 3 mineurs, pour les conduire au centre de détention de Kfar Etzion. Elles les y gardent pour interrogatoire sur accusation de jets de pierres et de cocktails Molotov sur les véhicules des FOI. Les prisonniers sont :

    • Mufti Maarouf Abdul Hamid Umar, 16 ans ;
    • Tamer Harbi Khader Abu Sdoud, 17 ans ;
    • Zakareya Mustafa Ibrahim Abu Aysha, 16 ans, et
    • Qusai Mohammed Mahmoud al-Sharif, 18 ans.

    D’après l’enquête du PCHR, les FOI ont frappé délibérément Mufti Maarouf Abdul Hamid Umar, à coups de pieds, alors qu’ils l’emmenaient à leur véhicule. Elles ont provoqué de légers dommages à la maison de Qusai Mohammed Mahmoud al-Sharif, pendant la fouille, et la panique parmi les frères et sœurs avec leurs actes et leurs cris. Elles ont conduit al-Sharif à pied de sa maison dans le camp de Deishé jusque dans la zone de l’étang de Solomon, dans le village voisin d’al-Khader.

    11 h 30, les FOI entrent dans Seilet al-Daher, au sud de Jénine. Les soldats descendent de leurs véhicules et font un tour dans les ruelles avec un photographe en civil. Celui-ci prend en photo toutes les vieilles maisons et les ruelles qui y conduisent. Puis les FOI se retirent.

    11 h 30, incursion dans Shwaika à nouveau, en périphérie nord de Tulkarem.

    13 h 30, dans Iraq Bourin, au sud de Naplouse, l’armée pénètre en tirant des bombes assourdissantes et des grenades lacrymogènes. Des garçons se regroupent, et lancent des pierres sur l’occupant qui réplique immédiatement en tirant sur eux à balles caoutchouc, avec des grenades lacrymogènes.

    Amir Aref Mustafa Qadous, 16 ans, est atteint par une balle en plein visage, et Sakher Husam Aref al-Faqih, 20 ans, souffre de l’inhalation des lacrymogènes. Les blessés sont transférés à l’hôpital public Rafidia, à Naplouse, pour y recevoir des soins.

    13 h 30, un détachement de soldats israéliens, déguisés en arabe, s’infiltre dans le quartier d’Um al-Sharayet, dans al-Bireh. Les soldats circulent à bord d’un camion Mercedes et d’une Caravelle Volkswagen grise. Les véhicules stoppent près du restaurant populaire Abboud, dans l’immeuble Abu Ahmed al-Malhi, près des bureaux du ministère de l’Économie. Cinq soldats en descendent et pénètrent dans le restaurant. Un peu plus tard, plusieurs véhicules militaires arrivent devant le restaurant et de nombreux soldats y font irruption. Ils fouillent le restaurant, maltraitant les gens qui y travaillent autant que les clients. Quelques minutes plus tard, ils sortent du restaurant avec trois Palestiniens menottés et les yeux bandés.

    Des témoins ont dit au PCHR que les FOI avaient frappé les trois Palestiniens qu’ils venaient d’arrêter, qui furent interrogés et conduits au centre d’interrogatoires d’al-Maskoubeyeh, à Jérusalem. Deux heures plus tard, les FOI reviennent et réopèrent sur le même restaurant. Ils cherchent les caméras de surveillance posées dans le restaurant et qui se trouvaient à l’entrée du restaurant.

    Ils investissent aussi une maison appartenant à Hamza Mohammed Abdul Halim Abdo, 33 ans, lequel est aussi le propriétaire dudit restaurant. Ils lui saisissent deux ordinateurs et trois caméras de surveillance chez lui et dans une boutique voisine. Les soldats conduisent ensuite Abdo vers une destination inconnue. Les trois Palestiniens arrêtés sont :

    • Hamed Naim Hassoun, 18 ans ;
    • Louay Adan, 22 ans, et
    • Saleh Hamed, 23 ans.

    le même jour à 19 h, les FOI libèrent Hamed Naim Hassoun. Le lendemain, elles libèrent Saleh Hamed.

    14 h 10, incursion dans Azzoun, à l’est de Qalqilya. L’armée patrouille dans les rues et fouille un café-internet. Elles retiennent Ramzi Naim Hussein, 16 ans, pour le relâché un peu plus tard.

    22 h, incursion dans al-Nabi Saleh, à l’ouest de Ramallah. Les soldats patrouillent en provoquant, klaxonnant et embêtant les Palestiniens du village. Un certain de nombre de jeunes garçons se regroupent et lancent des pierres sur les FOI qui répliquent immédiatement. Beaucoup de garçons inhalent les lacrymogènes. Puis les FOI s’en vont.

    21 h 30, dans Beit Leqia, même secteur. Même scène.

    Mardi 31 mai

    A) Vaste opération contre le mouvement du Jihad islamique à Jénine

    A l’aube du mardi 31 mai, les FOI lancent une opération d’envergure contre le mouvement du Jihad islamique à Jénine. Elles investissent les villages et quartiers dans Jénine et arrêtent 12 membres du Jihad islamique, dont 2 femmes. Elles saisissent aussi tout ce que possèdent deux associations affiliées au Jihad islamique, mais elles ne parviennent pas à mettre la main sur Khader Mousa, dirigeant politique du Jihad, bien qu’elles aient opéré à son domicile et maltraité sa famille.

    -  Minuit quarante-cinq, incursion dans Arraba, village au sud-ouest de Jénine. L’armée patrouille et stationne dans le centre ville. Un détachement comptant près de 200 fantassins encercle la maison de Khader Adnan Mohammed Mousa, 32 ans, dirigeant du Jihad, et fouille son domicile avec des chiens renifleurs, après avoir obligé les habitants à sortir. Les soldats brutalisent également la famille de Mousa. Avant de se retirer, ils remettent un avis à l’épouse de Mousa lui imposant de se rendre aux FOI au bureau de coordination du district de Salem, dans le nord ouest de Jénine, d’ici 12 h, sinon il sera sur la liste des « recherchés ».

    1 h, incursion dans le quartier Est d’Arraba. Les FOI se postent près de l’école de l’UNRWA et opèrent sur la maison de Jasser Abdul Latif Mohammed Shibani, 43 ans. Elles obligent les habitants à sortir, elles menottent et bandent les yeux de Shibani et de ses fils adultes. Puis elles font rentrer les membres de la famille dans la maison et les regroupent dans une pièce unique, puis elles fouillent la maison. Elles arrêtent la fille de Shibani, Saja, 23 ans, qui est employée à la Société islamique d’entre-aides aux orphelins. Elles saisissent une somme d’argent de Saja et des documents liés à son travail ainsi que des documents d’identification de sa famille.

    1 h, incursion dans la maison de Muna Hussein Awad Dar Hussein Qaadan, 40 ans, qui est la directrice de la Société al-Baraa pour les filles musulmanes. Les FOI arrêtent Dar Hussein et lui confisquent un ordinateur portable, un téléphone mobile et un écran d’ordinateur.

    Plus tard, les FOI vont dans l’ouest d’Arraba. Elles se postent dans le quartier d’al-Mardawi, et font irruption chez Mohammed Azmi Suleiman Mardawi, 30 ans. Elles démolissent la porte principale de la maison et obligent les habitants à sortir, puis fouillent la maison. Elles arrêtent ensuite Mardawi.

    Les FOI se retirent dans la matinée avec les trois Palestiniens arrêtés dans le village d’Arraba.

    2 h, les FOI entrent dans Jénine. Elles s’arrêtent dans la rue Abu Bakr, dans le centre ville. Elles se déploient à proximité de l’immeuble al-Basatin, et occupent les terrasses des immeubles voisins. Elles encerclent l’immeuble al-Basatin et y font irruption. Elles opèrent sur un appartement au troisième étage. Cet appartement comprend les bureaux de la Société islamique d’entre-aides pour les orphelins et de la Société al-Baraa pour les filles musulmanes. Celle-ci a son principal bureau dans Kafr Qasem, à l’intérieur de la Ligne verte. Ce bureau a une licence officielle des autorités israéliennes. Les deux sociétés possèdent plusieurs écoles coraniques et jardins d’enfants. En outre, elles apportent de l’aide aux pauvres et aux orphelins. Les FOI leur confisquent tout le contenu des bureaux et collent des avis sur les portes mentionnant que les deux sociétés sont fermées par ordre de l’occupation israélienne, et qu’il leur est interdit d’ouvrir. Les FOI opèrent aussi sur les bureaux du PPP (le Parti du peuple palestinien), au second étage de l’immeuble al-Basatin, après en avoir détruit la porte d’entrée.

    Un membre du PPP indique au PCHR que les FOI ont fait irruption dans leurs bureaux pour enlever une banderole de la société al-Baraa pour les filles musulmanes qui avait été attachée sur le mur extérieur de l’immeuble.

    2 h, incursion dans al-Zababda, au sud-est de Jénine. L’armée patrouille et se poste dans le quartier sud. Les soldats pénètrent chez Taha Najeh Lutfi Sharqawi, 24 ans. Ils fouillent la maison à l’aide de chiens dressés et saisissent un ordinateur, 5 téléphones mobiles, des documents et des photos de la famille. Ils arrêtent Sharqawi et se retirent.

    2 h, incursion dans Jabaa, au sud de Jénine. Après avoir patrouillé dans les rues, les soldats se postent dans le secteur d’al-Ein al-Sharqeya, à l’est du village. Ils opèrent chez Murad Walid Malaysha, 22 ans, qui est arrêté. Puis ils vont ensuite chez Ibrahim Asaad Mohammed Baddad, 43 ans, qui est également arrêté. Puis s’en vont.

    2 h 20, les FOI entrent dans Kafr Ra’ei, au sud-ouest de Jénine. Elles vont chez Majdi Walid Ibrahim al-Sheikh Ibrahim, 30 ans, qui est entrepreneur. Elles fouillent la maison et l’arrêtent. En plus, elles confisquent des chèques et des documents commerciaux. Puis les FOI vont chez Belal Nabil Said Diab, 27 ans, pour la même opération, avec des chiens. Près d’une demi-heure plus tard, elles arrêtent Diab.

    L’armée se retire de Kafr Ra’ei avec ses deux prisonniers.

    3 h 30, incursion dans Anin, à l’ouest de Jénine. L’armée prend position dans le quartier nord, fouille la maison de Jamal Abdul Fattah Asaad Yousef, 33 ans, et l’arrête.

    3 h 45, dans Seilet al-Hartheyeh, au nord-ouest de Jénine. L’armée se poste dans le quartier d’al-Zyoud, dans le centre. Elle opère sur la maison d’Usama Mohammed Salim Shalabi, 38 ans, et l’arrête. Puis, elle se dirige vers l’est et s’arrête dans le quartier d’al-Saadeya, où elle fait irruption chez Fadi Ahmed Abdul Karim Zayoud (al-Saadi), 26 ans, et l’arrête. Elle va ensuite dans le sud et se poste près de l’immeuble Jawwal, dans le quartier d’al-Jaradat, pènétre chez Mohammed Wajih Mefleh Jaradat, 26 ans, et l’arrête.

    L’armée se retire du village avec les trois prisonniers.

    B) Autres incursions ce mardi 31 mai

    Minuit et demi, les FOI entrent dans Azzoun, à l’est de Qalqilya, patrouillent dans les rues, font irruption dans de nombreuses maisons et arrêtent Mohammed Qaher Abu Haneyeh, 17 ans, et Hadi Anwar Mashaal, 20 ans.

    Le témoignage d’Anwar Mashaal au PCHR :

    « Vers 1 h 30, le mardi 31 mai 2011, l’armée israélienne est arrivée chez moi. Les soldats ont fait irruption dans tous les étages, commençant du rez-de-chaussée jusqu’au quatrième étage. Ils avaient sauté du mur et pénétré dans la cour. Ils ont démoli la porte extérieure puis pénétré dans la maison, endommageant gravement les portes. J’ai ouvert la porte et ils ont voulu entrer. Je leur ai demandé d’attendre 5 minutes pour que les femmes puissent se préparer, mais ils ont refusé. Ils sont entrés dans la maison, la fouillant et vandalisant tout son contenu. Avant cela, ils ont obligé tout le monde à sortir de la maison.

    Ils voulaient que les enfants quittent la maison, mais je leur ai dit que c’était des enfants, et qu’il n’y avait aucune raison de les réveiller et de les obliger à sortir. Finalement, l’officier a acquiescé. J’ai dit alors, "Si vous cherchez l’un de mes fils, prenez-le simplement et évitez de démolir la maison". Cependant, ils ont tout vandalisé dans la maison. Ils ont arrêté mon fils, Hadi, qui dormait avec moi. Hadi est malade. Il a une jambe fracturée avec une plaque de platine transplantée dans la jambe. Quand ils nous ont autorisés à entrer dans la maison, nous n’avons pu que constater tous les dégâts, ils avaient esquinté les sofas, les toilettes, les ordinateurs, et la cuisine. Il y a un gros container que nous utilisons pour conserver de l’huile. Ils l’avaient renversé et l’huile s’était répandue partout. Ils ont détruit tout ce qu’ils ont vu dans la maison. »

    2 h 30, incursion dans Alar, au nord de Tulkarem.

    8 h 30, les FOI pénètrent à 300 mètres par l’est dans le camp de réfugiés d’al-Bureij au centre de la bande de Gaza. Jusqu’à 13 h, les bulldozers et les niveleuses ont poursuivi leur travail de ratissage systématique. Puis ils ont rejoint la frontière.

    14 h, incursion dans Khrebtha al-Mesbah, à l’ouest de Ramallah ; et dans le sud d’Hébron, où l’armée fouille la maison de Said Yaaqoub Abu Rmouz, contrôle les identités et arrête le fils de Rmouz, Attar, 21 ans, et l’emmène au bureau de police près de la colonie Kiryat Arba, au sud-est d’Hébron, accusé d’avoir « battu un soldat israélien », puis Attar est conduit au centre de Kfar Etzion.

    Il convient de noter qu’Attar venait juste, la veille 30 mai, d’être libéré d’une prison israélienne où il avait passé trois mois, et payé une amende de 3000 NIS (nouveau shekel israélien, soit plus de 610 €) pour la même accusation.

    22 h 30, incursion dans Jéricho.


    2 - Usage d’une force démesurée contre les manifestations non violentes contre la colonisation et la construction du mur d’annexion

    Durant la semaine écoulée, les FOI ont continué d’utiliser la violence contre les manifestations pacifiques organisées par les Palestiniens, avec des militants internationaux et israéliens. De nombreux manifestants ont inhalé les lacrymogènes lâchés par l’occupant, et pris des coups par les soldats.

    Ibrahim Abdul Fattah Birnat, 29 ans, a été touché par une grenade lacrymogène à l’épaule droite, pendant que 15 manifestants, dont un mineur, ont été arrêtés : 7 Palestiniens et 8 internationaux.

    -  Bil’in, à l’ouest de Ramallah : vendredi 27 mai, après la prière, les Palestiniens, internationaux et israéliens de la solidarité se dirigent, comme chaque semaine, en manifestation vers le mur d’annexion. L’occupant a installé une clôture de barbelés à environ 100 mètres du mur. Avant que les manifestants n’y arrivent, les FOI ferment la clôture et tirent. Elles déversent aussi de l’eau nauséabonde sur les manifestants et se lancent à leur poursuite au milieu des oliviers

    Ibrahim Abdul Fattah Birnat, 29 ans, prend une grenade lacrymogène dans l’épaule droite, et d’autres manifestants respirent les gaz.

    -  Ni’lin, à l’ouest de Ramallah : ce même vendredi 27 mai, après la prière, même manifestation hebdomadaire, non violente, contre la construction du mur. Quand les manifestants arrivent près du mur, les Israéliens bouclent la porte dans le mur, les empêchant d’atteindre les terres du village isolées de l’autre côté. Les manifestants réagissent en balançant des pierres sur les soldats de l’occupation, qui répondent en tirant et en leur faisant la chasse dans les oliveraies.

    -  Nabi Saleh, au nord-ouest de Ramallah : même manifestation, ce vendredi, contre le mur et la colonisation. Les manifestants défilent dans les rues du village, scandant des slogans nationaux, exprimant leur refus de l’occupation et de ses actes arbitraires. Ils brandissent des drapeaux palestiniens, se dirigent vers les terres dont les colons israéliens de Halmish veulent s’emparer. Les FOI ferment l’entrée sud du village et empêchent les Palestiniens et internationaux d’atteindre lesdites terres. Alors que les manifestants tentent de passer, l’occupant tire et déverse son eau usée sur les manifestants. Beaucoup inhalent les lacrymogènes et se font brutaliser par les soldats. L’armée tire, et lance des grenades assourdissantes et lacrymogènes.

    Conséquence, le feu prend dans le contenu de la maison d’Abdul Rahman al-Tamimi suite à un tir de lacrymogène à l’intérieur de la maison. En outre, des oliveraies voisines du village brûlent, la Défense civile est appelée pour maîtriser l’incendie.

    Six manifestants sont arrêtés, dont 4 internationaux (les noms ne sont pas connus) qui ont été emmenés vers une destination inconnue. Les deux autres sont :

    • Samer ‘Atwani, 22 ans, et
    • ‘Alaa ‘Atwani, 23 ans.

    -  Beit Ummar et Safa, au nord d’Hébron : le samedi 28 mai, les FOI se déploient dans ces villages pour empêcher les Palestiniens, avec les internationaux, d’aller travailler sur leurs terres situées près de la colonie Bat Ayin, au nord-ouest de Beit Ummar. Les FOI arrêtent des dizaines de Palestiniens, et les relâchent un peu plus tard le même jour.

    D’après les informations recueillies par les PCHR, les Israéliens ont pénétré de force dans les fermes à Ein al-Baida, au sud de la colonine Bat Ayin, pour faire partir les agriculteurs et les militants internationaux de ces terres, interpellant une vingtaine de personnes, dont des femmes et des enfants, et les détenant en plein air, sous le prétexte qu’ « ils avaient pénétré dans une zone militaire fermée », avant d’arrêter 15 Palestiniens et militants internationaux. Les détenus sont emmenés au poste de police israélien près de la colonie Gush Etzion, au nord d’Hébron. Plus tard dans la soirée, les FOI libèrent 5 Palestiniens, gardant un international en détention jusqu’au lendemain matin où il sera libéré sous caution.

    Les détenus, libérés par la suite, sont :

    • Majd Isma’il ‘Adi, 17 ans ;
    • Iyad Bassam Khalil Za’aqiq, 35 ans ;
    • Omar Hani Nemer ‘Adi, 18 ans ;
    • Hatem Khalil Mahmoud Abu Dayya, 38 ans, et
    • Yusef Abdul Hamid Abu Maria, 37 ans.

    -  Iraq Burin et les villages voisins, au sud de Naplouse : le même jour, samedi, des Palestiniens et militants internationaux et israéliens organisent une manifestation non violente à Iraq Burin et dans les villages avoisinnants. Ils marchent en direction des terres que les colons tentent de voler, dans le sud du village, à l’ouest de la colonie Bracha. Les manifestants ne sont pas arrivés encore sur les terres en question que les troupes d’occupation tirent sur eux. Les manifestants respirent les lacrymogènes. Les FOI leur font la chasse et arrêtent 3 internationaux après qu’ils soient entrés chez Nader Ibrahim Qa’dan, dans l’ouest du village. Le PCHR n’a pu identifier ces internationaux.

    -  Passage frontalier d’Erez, bande de Gaza : 11 h 30, depuis la frontière aux abords du poste frontière de Erez au nord de la bande de Gaza, les FOI ont ouvert le feu sur une manifestation pacifique comptant environ 50 personnes alorsq qu’elles arrivaient à la ligne des 300 mètres, à l’intérieur de la frontière. Parmi les manifestants il y avait 15 militants pacifistes internationaux. Les tirs par intermittence ont duré un quart d’heure. On ne compte aucun blessé.

    Saber al-Za’anin, un des responsables de la manifestation a déclaré au PCHR que l’objectif était de condamner la décision israélienne de ceinturer la bande de Gaza par une zone de 300 mètres de large tout le long de la frontière à l’intérieur de la bande de Gaza, ce qui signifie encore moins de terres cultivables pour la population.


    3 - Maintien du bouclage des TPO

    Israël maintient un bouclage étanche des TPO et ses restrictions aux mouvements des Palestiniens, dans la bande de Gaza comme en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est occupée.

    Bande de Gaza

    Mouvements des personnes et des biens aux postes frontière

    Les Autorités égyptiennes ont ouvert le poste frontière de Rafah International le 28 mai 2011 selon certaines directives. Tout d’abord les heures d’ouvertures s’étalent de 9 h à 17 h, tous les jours sauf les vendredis et les jours fériés.

    Ensuite les catégories concernées suivantes sont dispensées de visa : toutes les femmes ; les hommes de moins de 18 ans et de plus de 40 ans ; les malades qui sont munis d’un transfert médical ; les enfants qui accompagnent leurs parents dispensés de fournir le visa ; les étudiants à la condition qu’ils présentent leur inscription à un établissement d’enseignement ; tous les autres candidats au passage doivent fournir carte d’identité et passeport.

    Enfin, la Commission des frontières chargée du passage des gens, du Hall de contrôle à la frontière égyptienne, a remplacé les taxis par des bus. Toutefois les taxis sont autorisés à assurer le transport dans le sens de l’Égypte vers la bande de Gaza. Les chauffeurs de taxis protestent contre cette décision.

    Rafah International

    Date  :
     :
    Palestiniens
    sortant
     :
     :
    Palestiniens
    entrant
     :
     :
    Palestiniens
    refoulés dans Gaza
    25 mai  : 336  : 236  : 28
    26 mai  : 323  : 409  : 33
    28 mai  : 404  : 159  : 31
    29 mai  : 581  : 271  : 33
    30 mai  : 426  : 332  : 22
    31 mai  : 367  : 483  : 161

     :
     :
     :

    Karm Abu Salem (Kerem Shalom)

    Date  : Importations Qté  : Exportations Qté
    25 mai  : denrées alimentaires 1117 tonnes  :


     : matériel agricole 1589 tonnes  :


     : denrées diverses 1260 tonnes  :


     : gaz domestique 130,55 tonnes  :


     : fioul industriel
     :


     : ciment pour l’UNRWA 150 tonnes  :


     : agrégats pour l’UNRWA 230 tonnes  :


     : fers à béton pour l’UNRWA 22 tonnes  :


     : ciment pour Sces des Eaux 400 tonnes  :


     : agrégats pour l’ANERA 1330 tonnes  :


     : céréales 13 tonnes  :


     : nourritures animales 1365 tonnes  :


     : aide humanitaire 2263 tonnes  :


     :

     :

    26 mai  : denrées alimentaires 697 tonnes  :


     : matériel agricole 1738 tonnes  :


     : denrées diverses 896 tonnes  :


     : gaz domestique 131,57 tonnes  :


     : fioul industriel
     :


     : agrégats pour l’UNRWA 3430 tonnes  :


     : fers à béton pour l’UNRWA 14 tonnes  :


     : céréales 40 tonnes  :


     : nourritures animales 1209 tonnes  :


     : aide humanitaire 3819 tonnes  :


     :

     :

    29 mai  : denrées alimentaires 947 tonnes  :


     : matériel agricole 712 tonnes  :


     : denrées diverses 1292 tonnes  :


     : gaz domestique 134,26 tonnes  :


     : fioul industriel
     :


     : ciment pour l’UNRWA 320 tonnes  :


     : agrégats pour l’UNRWA 2520 tonnes  :


     : céréales 585 tonnes  :


     : aide humanitaire 3458 tonnes  :


     :

     :

    30 mai  : denrées alimentaires 846 tonnes  :


     : matériel agricole 1182 tonnes  :


     : denrées diverses 1089 tonnes  :


     : gaz domestique 135,26 tonnes  :


     : fioul industriel
     :


     : ciment pour l’UNRWA 200 tonnes  :


     : fers à béton pour l’UNRWA 7 tonnes  :


     : agrégats pour l’UNRWA 1890 tonnes  :


     : ciment pour l’UNDP 120 tonnes  :


     : céréales 1014 tonnes  :


     : nourritures animales 40 tonnes  :


     : aide humanitaire 2460 tonnes  :


     :

     :

    31 mai  : denrées alimentaires 939 tonnes  :


     : matériel agricole 1163 tonnes  :


     : denrées diverses 1283 tonnes  :


     : gaz domestique
     :


     : fioul industriel
     :


     : céréales 78 tonnes  :


     : nourritures animales 975 tonnes  :


     : agrégats pour l’UNRWA 1540 tonnes  :


     : fers à béton pour l’UNRWA 30 tonnes  :


     : ciment pour l’UNRWA 418 tonnes  :


     : diesel pour l’UNRWA 222 000 litres  :


     : essence pour l’UNRWA 35 000 litres  :


     : aide humanitaire 2470 tonnes  :

    Exportations : aucune exportation cette semaine

    Beit Hanoun (Erez)

    Population  : 25 mai - 26 mai - 27 mai - 28 mai - 29 mai - 30 mai - 31 mai
    Patients  : 35 27 6 0 34 38 36
    Accompagnateurs  : 31 24 5 0 38 42 38
    Palestiniens venant d’Israël  : 8 14 0 0 13 2 12
    Diplomates  : 4 5 0 0 0 3 3
    Presse  : 0 0 1 0 24 5 4
    Internationaux  : 32 65 6 0 6 44 20
    Gazaouis  : 0 0 0 0 4 0 1
    Gens d’affaires  : 66 67 0 0 67 64 65
    Réunions d’affaires  : 6 0 0 0 0 0 0
    Entretiens sécurité  : 0 5 0 0 5 0 0
    Personnalités  : 0 1 0 0 1 0 0
    Ambulances vers Israël  : 1 4 4 0 4 1 3
    Ambulances venant d’Israël  : 1 2 0 0 1 2 4


    Cisjordanie

    Toute la Cisjordanie est bouclée, et à l’intérieur, les restrictions aux déplacements des Palestiniens demeurent.

    Jérusalem : la cité connaît toujours les mêmes restrictions. Des milliers de Palestiniens de la bande de Gaza et du reste de la Cisjordanie ne peuvent toujours y pénétrer. De nombreux check-points sont posés autour et dans la ville de Jérusalem.

    Ramallah :

    • jeudi 26 mai, les FOI posent 2 check-points autour de la ville ;
      • 20 h, un autre près de l’entrée de Nabi Saleh, au nord-ouest de Ramallah ;
    • vendredi 27 mai, les FOI posent 2 check-points autour de la ville ;
    • samedi 28 mai, 9 h 30, les FOI reviennent sur le check-point d’‘Attarah, à l’entrée nord de Birzeit, au nord de Ramallah ;
    • dimanche 29 mai, 11 h 30, pose d’un check-point à al-Janiya, au nord ;
      • 20 h, un à l’entrée de Beit Reema, au nord-ouest, et
      • 20 h 10, un à l’entrée d’‘Aboud, même secteur.

    Qalqilya :

    • vendredi 27 mai, les FOI posent 6 check-points sur la route Qalqilya/Naplouse ;
    • samedi 28 mai, 6 check-points sur la même route ;
    • dimanche 29 mai, 17 h 45, un check-point entre ‘Azzoun et ‘Asala, à l’est de Qalqilya, et
    • 19 h 55, un au carrefour de Kafr Laqef, à l’est.

    Tulkarem :

    • jeudi 26 mai, 21 h, les FOI posent un check-point sur la route Tulkarem/Qalqilya, près de la porte du check-point de Jbarah, dans le secteur de Mothallath Jbarah, au sud de Tulkarem ;
    • vendredi 27 mai, les FOI sur le check-point d’‘Ennab, sur la route Tulkarem/Naplouse, à l’est de Tulkarem, imposent des restrictions renforcées aux passages des Palestiniens, après que les gardes-frontière soient arrivés sur le check-point ;
      • 8 h 30, les FOI ferment le check-point pour empêcher les Palestiniens de sortir de Tulkarem, le check-point sera rouvert par la suite ;
      • 20 h 30, nouveau check-point sur la route Tulkarem/Kafr al-Labad, à l’est de la ville ;
    • samedi 28 mai, 9 h, les FOI posent un check-point sur la route Tulkarem/Qalqilya, au sud de Tulkarem ;
      • 11 h, un autre sur la même route, près de Far’oun, même secteur ; des sources de la Sécurité ont indiqué au PCHR que les soldats israéliens postés au check-point avaient détenu un policier palestinien pendant un moment, et l’avaient relâché après l’intervention du Bureau de liaison militaire, et
    • dimanche 29 mai, 9 h 30, pose d’un check-point sur la route Tulkarem/Qalqilya, dans le secteur de Mothallath Jbarah, au sud de la ville.

    Jénine :

    • samedi 28 mai, 11 h 30, les FOI posent un check-point au carrefour de Maslia, au sud de Jénine.

    Salfit :

    • vendredi 27 mai, 22 h 30, pose d’un check-point entre Bruqin et Kafr al-Deek, à l’ouest de la ville, et
    • samedi 28 mai, 20 h, idem à l’est de Deir Istia, au nord-ouest de Salfit, check-point retiré à 21 h.

    Jéricho :

    • vendredi 27 mai, 10 h 30, les FOI posent un check-point près de l’entrée d’al-Jiftlik, au nord de Jéricho.


    Arrestations sur les check-points

    -  Jeudi 26 mai, 10 h, un détachement de gardes-frontière israéliens arrêtent Ahmed Taher Dawood Nasser, 25 ans, d’Ezbet al-Jarad, à l’est de Tulkarem, à un check-point posé sur la route Tulkarem/Qalqilya, près du pont de la route de contournement qui relie al-Taiba, à l’intérieur de la Ligne verte, à la colonie Avni Hefetz, au sud de Tulkarem.

    Les forces israéliennes arrêtent sa Fiat Punto, louée à la société de location de voitures Phoenix. La voiture se dirige vers Qalqilya et est conduite par Nasser. Ahmed Mahere Saleh Yusef, 27 ans, qui accompagne Nasser, indique que les FOI avaient posé le check-point à cet endroit. Elles y ont laissé passer toutes les voitures, sauf la leur. Après avoir contrôlé l’identité du conducteur, elles l’arrêtent et elles retirent aussitôt le check-point.

    -  Même jour, 17 h, les FOI qui patrouillent dans les rues et quartiers du sud d’Hébron arrêtent Omar Taha Yassin Abu Snina, 18 ans, qui travaille dans un atelier de menuiserie. Elles l’interpellent alors qu’il rentre chez lui, au prétexte qu’elles auraient trouvé un couteau sur lui. Elles le dirigent sur le bureau de police israélien proche de Kiryat Arba. Il est accusé de « possession d’un outil tranchant » puis transféré au centre de Kfar Etzion, au sud de Bethléhem.

    -  Dimanche 29 mai, 6 h, une patrouille des FOI, à proximité de la colonie d’Azar, au sud-ouest de Bethléhem, arrête Mohammed Yusef Ali Safi, 21 ans, du village d’al-‘Ebeidiya, à l’est de Bethléhem. Les Israéliens l’arrêtent après l’avoir interpellé près de la colonie. Plus tard, il est emmené au poste de police dans le complexe de Kfar Etzion. Il est accusé d’avoir tenté de pénétrer dans la colonie alors qu’il possède un permis de travail, mais qui a expiré deux jours plus tôt.

    -  Mardi 31 mai, les FOI sur un check-point dans le sud de la Cisjordanie arrêtent Nizar Abdul Aziz Ramadan, 47 ans, député au Conseil législatif palestinien dans le groupe Changement et Réforme. Ramadan est arrêté après avoir été retenu avec le Dr Aziz Dweik, président au CLP, Anwar Zaboun, député au CLP, de Bethléhem, et Basem al-Za’arir, député, d’Hébron, pendant plus de 4 heures.

    D’après l’enquête conduite par le PCHR, vers 15 h, ce mardi 31 mai, alors que Dweik et les trois membres du CLP circulent à bord d’une jeep Mitsubishi Begaro, se rendant au service de commémoration de Faisal al-Husseini, ils sont arrêtés par des soldats israéliens au check-point au carrefour sur la route qui va de l’est de Sawahra à la vallée d’al-Nar, au nord-est de Bethléhem, au check-point « Container ». Après le contrôle de leurs identités, les FOI les gardent de 15 h à 19 h 30, avant d’arrêter Ramadan qui est emmené vers une destination inconnue.

    Dweik, Zaboun et al-Za’arir, sont relâchés après qu’on leur ait remis une notification militaire pour qu’ils se présentent devant les Services de renseignements israéliens (IIS). Dweik souligne que les soldats israéliens les ont gardés, lui été les 3 députés, pendant plus de 4 heures dans une salle de détention du check-point, lequel est formé de barrières et de miradors. Ils ont été informés de l’arrestation du député Ramadan, ils ont reçu les notifications militaires et ils ont été relâchés.


    Harcèlement sur les check-points

    -  Samedi 28 mai, les FOI torturent Mahmoud Mohammed al-Battat, 20 ans, du secteur de Sheika, à l’est d’al-Dhahirya, au sud d’Hébron. Battat est arrêté dans le sud-ouest du village alors qu’il rentre de son travail, à Beersheba.

    D’après l’enquête du PCHR, il est environ 19 h, ce samedi 28 mai, al-Battat rentre de son travail à Beersheba. Des soldats israéliens patrouillent à l’ouest du check-point au sud de son village, al-Dhahirya, et l’arrêtent. Ils le gardent en détention, le frappent et le torturent. Il est inconscient de 19 h 40 à 23 h. Après avoir repris connaissance, il appelle sa famille. Après avoir passé 2 h à le chercher, sa famille le trouve enfin, gisant sur le sol. Il est couvert d’ecchymoses.

    L’enquête du PCHR confirme que lorsque la famille l’a trouvé dans un état déplorable, elle l’a transporté au centre médical Doma, à l’est d’al-Dhahirya, où il a reçu les premiers secours. Par la suite, il a été emmené par une ambulance du Croissant-Rouge à l’hôpital public d’Hébron à 1 h 30, le dimanche 29 mai.

    Des sources médicales indiquent qu’al-Battat a été admis au service des urgences, il souffre de douleurs graves dans tout le corps, d’une hémorragie à l’œil gauche, d’ecchymoses au visage et dans le dos, des marques bleues recouvrant tout son corps.


    4 - Activités de colonisation et agressions des colons israéliens contre les Palestiniens et leurs biens

    La colonisation se poursuit dans les TPO, en violation du droit humanitaire international. Et les agressions des colons installés illégalement dans les TPO contre les Palestiniens.

    -  Dimanche 29 mai, 13 h 30, les FOI, accompagnées de véhicules, de bulldozers et d’excavateurs pénètrent dans la plaine nord de Kafr Dan, au nord-ouest de Jénine. Des soldats descendent des véhicules et disent aux agriculteurs qu’ils ont reçu l’ordre de démolir 12 puits artésiens, puits qui ont été creusés sans l’autorisation israélienne. Puis les bulldozers commencent la démolition des puits.

    Une heure après le début des démolitions, les habitants du secteur et des personnalités réagissent et se rassemblent sur les lieux auprès des soldats israéliens. Certains des habitants se tiennent debout, face aux bulldozers pour les arrêter. Après avoir discuté avec les manifestants, les soldats israéliens arrêtent la démolition des puits, à condition que les habitants se retirent. Cependant, les FOI ont quand même démoli 8 puits. Ils se retirent. Pas d’arrestations.

    Les puits démolis appartiennent à :

    • Mohammed Ahmed Shafi’ Jabarin, 40 ans ;
    • Sobhi Nemer Yunis Mer’I, 50 ans ;
    • Hosam Mahfouz Nemer Mer’I, 50 ans ;
    • Baha’ Mohammed Ghalib Mer’I, 33 ans ;
    • Mostafa Ahmed ‘Ashour ‘Abed, 69 ans ;
    • Sobgi Ahmed Mostafa ‘Abed, 70 ans ;
    • Omar Saleh Monir ‘Abed, 38 ans, et
    • Mohammed Abdul Qader Sa’di, 40 ans.

    Témoignage de Mostafa ‘Ashour au PCHR :

    « Vers 13 h 30, le 29 mai 2011, les FOI, appuyées par des véhicules militaires, des bulldozers et des excavateurs pénètrent dans la plaine nord du village de Kafr Dan. Les soldats israéliens déclarent aux agriculteurs qu’ils sont là pour démolir les puits artésiens du secteur, prétendant qu’ils ont été creusés sans autorisation. Les soldats israéliens démolissent 8 puits, dont un qui m’appartient. Je me souviens qu’il y a deux ans, les FOI avaient fait irruption dans le secteur, confisqué une pompe à eau, coupé des canalisations et des câbles électriques, ceci parce que le puits était tari.

    J’ai creusé ce puits au début des années quatre-vingt-dix pour irriguer mon exploitation, un terrain estimé à 70 dunums (7 ha), sur lequel 8 serres sont montées. Les FOI ne m’avaient remis aucun avis à propos de l’irrigation de mon exploitation avec le puits ni à propos de son utilisation. C’est une grosse perte, et cette perte devient énorme vu le moment choisi pour la démolition des puits, car les cultures ont besoin d’eau dans cette période de floraison. Je crois que les FOI ont démoli les puits à ce moment pour accroître les pertes et les dommages qu’ils nous provoquaient. »

    -  Lundi 30 mai, 9 h 30, les FOI accompagnées de 20 véhicules militaires et d’un bulldozer pénètrent dans Jinsafout, à l’est de Qalqilya. Elles font irruption dans un magasin de vente de matériels de construction, qui appartient à Mahmoud Yusef Mohammed Soqqar, 31 ans, habitant du village. Les soldats démolissent le magasin, motif : il s’est monté sans l’autorisation (israélienne).

    Soqqar témoigne au PCHR :

    « Le lundi 30 mai, vers 9 h 30, une jeep de l’armée et une autre de l’organisation civile arrivent au magasin, où je vends des matériels de construction et du sanitaire. Les soldats israéliens disent que nous devons vider le magasin de tout ce qu’il contient dans le quart-d’heure qui suit. Plus tard, une vingtaine de jeeps de l’armée et des ouvriers arrivent. Les ouvriers commencent à jeter le contenu du magasin à l’extérieur. Résultats : 20 éviers brisés, 20 seaux de peinture et d’autres matériels de plomberie endommagés et des vitres fracassées. La perte est estimée à 150 000 NIS (30 500 €). Ensuite, le bulldozer a démoli le magasin lui-même, montant : 30 000 NIS (6100 €). »

    -  Jeudi 26 mai, 16 h 30, des colons israéliens de la coloine Yitzhar, installée sur une partie des terres du village de Madma, au sud de Naplouse, frappent Hamad Jaber Ahmed al-Qet, 66 ans, avec des clubs. Celui-ci souffre de blessures et d’une fracture à la tête, en plus d’ecchymoses sur tout le corps.

    Dans son témoignage au PCHR, al-Qet indique que vers 16 h 30, il faisait paître ses moutons dans le secteur d’al-Sawawin, au sud de Madma, à environ 300 mètres de la limite sud du village. Soudain, un groupe de colons commence à l’agresser et à le frapper à coups de clubs sur la tête et tout le corps, jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Des habitants du secteur l’ont transporté à l’hôpital Rafidia à Naplouse pour qu’ils reçoivent les soins nécessaires. Il s’est réveillé à l’hôpital.

    -  Lundi 30 mai, 15 h 30, une dizaine de colons de la colonie Yitzhar mettent le feu aux champs d’orge dans les zones d’Ein al-Sha’ra et al-Sawawin. Les exploitations sont à environ 2 km de la colonie. Environ 4 dunums de culture d’orge brûlent avant que les habitants ne puissent éteindre le feu.

    Ces exploitations appartiennent à Hassan Mohammed Zyada, membre du Conseil du village.

    Il faut indiquer que cette attaque est la deuxième du genre en 4 jours, Hamad Jaber Ahmed al-Qat, 66 ans, a lui aussi été frappé à coups de clubs le 26 mai dernier. Les agriculteurs craignent pour leur vie, à cause de ces attaques répétées des colons dans la région.


    (JPG) Document public

    Pour plus d’informations, merci de vous rendre sur le site du PCHR, ou de le contacter à son bureau à Gaza ville par courriel : pchr@pchrgaza.org, ou par téléphone : (+972 (0)8 2824776 - 2825893).


    Rapport hebdomadaire pour la période du 19 au 25 mai 2011 : PCHR
    traduction pour ce qui concerne Gaza : Jacques Salles, et la Cisjordanie : JPP


    2 commentaires