• Après la Tunisie, l’Egypte ? L’Occident retient son souffle…

    Daniel VANHOVE

    Dans la succession d’informations qui déferlent à propos des évènements en Tunisie et en Egypte, tentons de voir clair :

    1er constat : après Ben Ali et comme la plupart des dirigeants du monde arabe, l’autoritaire président Mubarak s’accroche à son trône de manière pathétique. Sa position n’a rien de surprenant et ne fait que confirmer que ceux-là n’ont toujours rien compris aux changements profonds qui secouent les sociétés de par le monde. Je l’ai dit et répété à plusieurs reprises : les moyens de communication modernes changent radicalement les données. Ne pas le voir, ne pas le comprendre révèlent l’incompétence de ceux qui se maintiennent et s’accrochent à leurs privilèges éhontés que désormais ne tolère plus la grande majorité des citoyens informés. Pris de panique par le déferlement populaire, la réaction de ces potentats dépassés n’a-t-elle pas été de couper les moyens de communication et de s’isoler un peu plus, pour tenter de faire régner sans témoin, l’ordre de la terreur ? Ramenant ainsi leur pays à des copies de la Corée du Nord ou de la Birmanie ?...

    2è constat : à l’instar de l’ex-président Ben Ali, et ne comprenant décidément rien au profond bouleversement du pays, le vieux raïs n’a pas trouvé mieux que de licencier son précédent gouvernement pour en promettre un nouveau, et de nommer deux militaires pour l’entourer : Omar Suleiman, ancien compagnon d’armes et ancien chef des services de renseignements – passant plus de temps à Tel-Aviv qu’au Caire – comme vice-président ; et Ahmed Chafiq, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air comme formateur du nouveau gouvernement. En outre, les milices qui pillent et dévastent le pays sont lâchées, afin de créer le chaos et d’effrayer le peuple. En d’autres mots, l’appel à Mubarak de certains leaders occidentaux à plus de démocratie se solde par un trium virat d’anciens militaires à la tête de l’Etat. Conséquence immédiate : le survol de la capitale par des hélicoptères et des avions de chasse à basse altitude.

    Dans quelles intentions : le régime va-t-il bombarder sa population !? Que ceux qui hésitent encore sur les objectifs de l’actuel président y trouvent un début de réponse… et ne s’étonnent pas que malgré le couvre-feu décrété par l’armée depuis trois jours, les Egyptiens, courageux, continuent à manifester. Mais le tyran Mubarak ne se laissera pas détrôner sans tenter le tout pour le tout. Et ce soir, d’après la chaîne Al Jazeera, sombre présage, un ex-colonel de la police et un militant des Droits de l’Homme alertent l’opinion qu’Israël aurait livré au pouvoir égyptien par trois avions via Chypre, du matériel sophistiqué : pistolets télescopiques pour snippers, pistolets à guidage laser, caisses de munitions, containers de bouteilles de gaz lacrymogène asphyxiant… et que la police serait de retour dans les rues du pays. Le pouvoir envisagerait-il l’usage de la force pour se maintenir en place, au risque d’un bain de sang ? Dans tous les cas, la préparation active à l’évacuation des ressortissants américains n’est pas de bon augure…

    3è constat : les alliés du régime en place ne semblent pas vouloir comprendre ce qui se passe dans les sociétés arabes. Plutôt que d’écouter les récriminations et la volonté des peuples muselés depuis des décennies, les dirigeants de nos pays écoutent leurs conseillers et leur personnel diplomatique, ces « experts » encravatés qui manient la langue de bois et gèrent tout cela bien à l’abri, en bons technocrates surpayés que sont la plupart d’entre eux. Sans oublier que l’une ou l’autre capitale européenne, complices de ces régimes, abritent déjà des membres de la famille Mubarak en déroute. Résultat : les habituelles déclarations de nos ténors politiques vont de la « vive préoccupation » à la « demande de retenue » de la part des forces de l’ordre à l’égard des manifestants. En d’autres mots, quel courage face aux réalités sur le terrain ! Faut quand même être sacrément couillon pour penser que de telles exhortations vont influencer ou changer d’un iota le cours des choses !

    4è constat : on a pu le lire et l’entendre à plus d’une reprise ces derniers jours : l’Egypte n’est pas la Tunisie ! Merci à tous ces éclairés de combler ainsi notre ignorance. C’est probablement la raison pour laquelle l’administration US hésite encore à lâcher le dictateur du Caire comme elle l’a fait avec celui de Tunis, empêtrée comme toujours dans son double langage. Et son poulain, Mohamed El Baradeï, ancien chef de l’AIEA (Agence Internationale pour l’Energie Atomique) n’est peut-être pas encore prêt pour prendre la relève – comprenez, il faut l’encadrer et lui assurer une équipe qui sera docile aux injonctions américaines. Une dérive incontrôlable d’un tel pays n’est pas acceptable pour les Etats-Unis qui feront tout pour y maintenir leur emprise. Nul doute que dans les prochains jours, des « experts » en communication vont nous préparer l’exemplaire biographie de cet opposant au régime actuel, pour nous le présenter, le cas échéant, en rédempteur de la patrie.

    Il en aura bien besoin, lui qui est plus connu à l’extérieur qu’à l’intérieur de son pays… Et où l’on peut comprendre qu’une fois de plus, ce qui se profile derrière tout cela, sont les intérêts de l’entité sioniste avec laquelle le président égyptien collabore allègrement depuis des années. La plus grande prudence est donc de mise. Parce que derrière les intérêts sionistes, il y a ceux des USA – et de l’Occident – pour lesquels une présence en pays arabes est indispensable vu les énergies fossiles considérables que ces pays renferment encore. Avant de lâcher Mubarak, les autorités US doivent donc cadenasser la relève et assurer la « transition » (terme utilisé par H. Clinton ce soir) de la manière la plus habile possible. L’on peut être certain que les communications entre Tel-Aviv et Washington sont nombreuses en ces heures cruciales…

    5è constat : où sont donc nos habituels arrogants au verbe haut et la jactance acerbe dès qu’il s’agit de caricaturer ces populations considérées comme attardées et de les fustiger pour une exécution sommaire, eux qui soutiennent l’envoi de nos troupes dans nombre de ces pays, ne pipent mot sur les tortures pratiquées dans les prisons de Guantanamo et Abou Ghraïb, et préfèrent nos méthodes civilisées qui désintègrent ces anonymes par une technologie de pointe mortifère !? Où sont donc ces pédants suffisants dont les médias complices se font les relais complaisants pour nous aliéner à leurs mauvais procès !? Où se cachent-ils en ces heures décisives où il faudrait dénoncer l’extrême violence de ces régimes à l’encontre de leur peuple et le nombre dramatique de victimes que la répression policière provoque ? A moins qu’ils ne soient sidérés au point de ne rien comprendre à ce qui se joue-là et d’être ainsi réduits au silence par la rue arabe qui leur cloue le bec !? Si c’est le cas, certains pourront dorénavant être plus modestes dans leurs commentaires à l’égard des populations de ces pays qualifiés tellement souvent d’arriérés en réfléchissant à la leçon de courage et de dignité qu’ils nous donnent !

    6è constat : on a pu lire aussi, dans l’exaltation de ces jours d’insurrection, que l’exemple tunisien allait se répandre telle une traînée de poudre au Maghreb, puis au Machreq… pour gagner peut-être tous les pays arabes et musulmans… comme si ceux-là étaient seuls à devoir se libérer d’une oligarchie qui les dominait… Et nous alors !? Même si comparaison n’est pas raison, qu’attendons-nous pour prendre exemple sur ces pays ? Allons-nous nous contenter d’assister à ces insurrections en espérant sans bouger, qu’elles gagnent nos capitales ? Car il est bien connu n’est-ce pas, que chez nous en Occident, nos manifestations se déroulent en chantant ou sur fond de musique branchée… avec les résultats que l’on connaît : les acquis sociaux s’amenuisent à vue d’œil, et le caractère démocratique de nos Etats se réduit comme une peau de chagrin, ce qui nous renvoie à nous-mêmes et au courage dont nous sommes encore capables pour résister à ce dépeçage organisé. Dès lors : merci à la jeunesse de ces pays arabes de nous rappeler que face aux ploutocrates qui nous promènent de promesses non tenues en trahisons successives, la justice et l’égalité des droits pour chaque citoyen ne s’obtient JAMAIS sans lutte farouche et parfois même violente.

    Qu’il me soit alors permis de conclure ce billet une fois de plus par l’entremise du philosophe André Conte-Sponville lorsqu’il écrit : « Combien n’ont rêvé la victoire que pour mieux fuir le combat ? »

    Daniel Vanhove
    Observateur civil
    Auteur

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  • Honduras. Funeste anniversaire du gouvernement illégitime

    Cecile LAMARQUE

    Le 28 juin 2009, un coup d’Etat militaire a lieu au Honduras, orchestré par les secteurs réactionnaires de la société (l’armée, l’oligarchie, l’Eglise, le pouvoir judiciaire, les médias dominants) et le Pentagone. Ce coup visait à freiner les transformations sociales en cours et l’alliance du pays avec les autres nations ayant rejoint l’ALBA, et à mettre fin aux aspirations de changements du peuple hondurien, investi dans le lancement d’une consultation populaire pour ouvrir la voie à un processus d’Assemblée constituante. Les Etats-Unis ont réussi à imposer une sortie à la crise négociée avec les auteurs du putsch. En dépit des puissantes mobilisations populaires, cette stratégie a permis la consolidation du régime de facto, avec l’élection de Porfirio Lobo suite à la mascarade électorale du 29 novembre 2009. Lobo prend la tête de l’Etat putschiste le 27 janvier 2010.

    Un an s’est écoulé. Le Honduras n’a toujours pas réintégré l’Organisation des Etats américains (OEA) face à la négative de plusieurs pays latino-américains à reconnaitre le gouvernement illégitime de Porfirio Lobo. Le gouvernement de Lobo n’est pas davantage reconnu dans son pays, où un grand nombre de citoyen-ne-s et de mouvements sociaux se sont organisés au sein du Front national de Résistance Populaire (FNRP). Ces mouvements ouvriers, paysans, syndicaux, indigènes, garifunas |1|, de femmes, LGBT, etc., poursuivent de puissantes mobilisations en faveur d’objectifs politiques clairs : s’opposer à la perpétuation des privilèges et appuyer un projet émancipateur de transformation sociale.

    Ce 17 janvier, dans un contexte toujours marqué par des violations graves et généralisées des droits humains, les Hondurien-ne-s manifestaient à l’occasion des un an de ce régime funeste. Ils exigent entre autres la fin de la répression et des persécutions, la convocation d’une Assemblée nationale constituante ; ils condamnent les assassinats des paysan-ne-s de la Vallée de l’Aguán, les politiques de privatisations (de l’éducation, des ressources naturelles, etc.) et la hausse du prix des combustibles, des services publics et des aliments.

    Ces mesures - privatisations massives, réductions des dépenses publiques, fiscalité aggravant les inégalités, etc - sont le fait d’un approfondissement du modèle néolibéral par le régime de Lobo, sous bonne escorte des institutions financières internationales. En effet, le gouvernement de Lobo a été jugé parfaitement fréquentable par le FMI et la Banque mondiale. Après plusieurs missions de ses « assassins financiers » à Tegucigalpa, le FMI a approuvé le 1er octobre dernier un prêt de 201,8 millions de dollars conditionné à l’application de telles mesures, aux conséquences dramatiques pour les populations. Une fois de plus, le FMI n’hésite pas à apporter un soutien officiel à des régimes répressifs et illégitimes, du moment qu’ils servent les intérêts des grandes puissances qui le contrôlent |2|. Entre autres exemples éclairants |3|, le FMI a soutenu et porté en exemple la politique économique du dictateur tunisien Ben Ali, qui a saigné la population tunisienne pendant 23 ans |4|.

    Mentionnons également l’attitude complice de l’Union européenne (UE) et de ses pays membres, bien décidés à conclure des accords bilatéraux de « coopération » avec le Honduras ainsi que les Accords d’association (entendre de libre échange) entre l’UE et l’Amérique centrale. Pour les dirigeants de l’UE, les violations systématiques et généralisées des droits humains au Honduras ne pèsent pas lourd face à la possibilité de conquérir de nouveaux marchés.

    La collusion entre la dictature militaire et l’actuel régime de Porfirio Lobo est pourtant on ne peut plus claire. En témoignent, entre autres, le décret d’amnistie approuvé par le Congrès pour les délits politiques en relation avec le coup d’Etat, le mandat de « député à vie » accordé à Roberto Micheletti |5| ; la destitution de juges qui s’étaient opposés au coup d’Etat ; le non renouvellement des postes au sein de la Cour Suprême de justice, du Tribunal suprême électoral, du Tribunal des comptes, du Ministère public, etc., toujours aux mains de putschistes ; d’autres postes clefs pour contrôler le pays accordés à d’ex-officiers putschistes tels que l’entreprise publique d’électricité HONDUTEL attribuée au général Romeo Vasquez, chef des forces armées pendant le coup d’Etat |6| ; les répressions, persécutions et assassinats à l’encontre des défenseurs des droits humains, des membres du Front de Résistance, des paysan-ne-s, des journalistes, etc.

    Le Congrès putschiste vient d’approuver une réforme à l’article 5 de la Constitution élargissant les possibilités de recours aux plébiscites et référendums. Cet article est élevé au rang des articles dits « pétreos », que la Constitution interdit de réformer de quelque manière que ce soit, ceux-là mêmes qui ont valu l’expulsion par la force du président Manuel Zelaya. En effet, le coup d’État est réalisé le jour où Zelaya avait prévu d’organiser, appuyé par 400 000 signatures, une consultation à caractère non contraignant demandant aux Hondurien-ne-s s’ils désiraient, ou non, la convocation d’une Assemblée nationale constituante, après les élections prévues le 29 novembre 2009 |7|. Cette consultation s’appuyait sur la Constitution et sur la loi de participation citoyenne votée au Congrès le 27 janvier 2006. Pour donner un semblant de légalité au Coup, par une série d’artifices juridiques, le Congrès et la Cour Suprême ont jugé ce scrutin illégal, Zelaya envisageant par là de modifier la Constitution. Cette initiative considérée il y a deux ans comme un délit de « trahison à la patrie », justifiant jusqu’à la séquestration et l’expulsion du président légitime sans jugement préalable, recouvre aujourd’hui son caractère légal ! Par opportunisme.

    Les véritables motifs du putsch ne sont effectivement pas juridiques mais bien politiques et économiques (virage à gauche de Zelaya). Mais qu’on ne s’y trompe pas : par cette manoeuvre, le régime de Lobo, soutenu par ses alliés de la droite internationale mais toujours désapprouvé par certains Etats, cherche à donner une image pacifiée d’ouverture et de démocratie en se saisissant d’une revendication populaire, mais n’entend pas voir remplacer un régime représentatif par une démocratie participative, trop soucieux de maintenir les privilèges des investisseurs étrangers et des quelques familles puissantes qui dirigent le pays. Et quand bien même les Hondurien-ne-s useraient de leur droit à participer et à être consulté-e-s, l’actuelle structure frauduleuse, corrompue et criminelle au pouvoir falsifierait les aspirations populaires au profit de l’expansion de plans plus conformes aux vues des élites états-uniennes et européennes, et sous tutelle du FMI.

    Le peuple hondurien en résistance n’est pas dupe |8|. L’année écoulée marque un an de luttes et de mobilisations continues, de construction et de renforcement depuis la base du Front de Résistance, pour la transformation structurelle du Honduras, pour une Assemblée nationale constituante populaire et participative. La lutte continue. Il s’agit là de la seule manière de permettre aux Hondurien-ne-s comme aux autres peuples du Nord et du Sud de décider enfin de leur propre avenir.

    Cécile Lamarque

    http://www.cadtm.org/Honduras-Funes...

    |1| Afrodescendants d’Amérique centrale et des Caraibes.

    |2| Les pays du Nord y disposent de la majorité des voix (58%) alors qu’ils représentent moins de 20% de la population mondiale. Avec plus de 16% des voix à eux seuls, les États-Unis disposent d’un droit de veto de fait sur toutes les décisions importantes des IFI.

    |3| Le soutien du FMI à des régimes illégitimes et répressifs sont légion. Le FMI a notamment soutenu financièrement Pinochet au Chili, Suharto en Indonésie, Mobutu au Zaïre, Videla en Argentine, et il continue de soutenir Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville, Idriss Déby au Tchad, etc. Depuis la crise de la dette au début des années 1980, le FMI s’appuie notamment sur ce type de régimes autoritaires pour imposer des programmes d’ajustement structurel aux conséquences dramatiques pour les peuples.

    |4| Lors de son déplacement à Tunis pour le FMI le 18 novembre 2008, le socialiste Dominique Strauss-Kahn, actuel dirigeant du Fonds, se verra même décoré par Ben Ali et élevé au grade de « Grand officier de l’ordre de la République », http://www.cadtm.org/Strauss-Kahn-d...

    |5| Putschiste, président du Congrès sous le mandat de Zelaya, nommé illégalement président du Honduras le jour du Coup d’Etat.

    |6| Formé à l’École des Amériques par la CIA, Romeo Vásquez est responsable des assassinats, viols et tortures subis par des milliers de honduriens durant les années 80.

    |7| La question était la suivante : « Etes-vous d’accord pour que, lors des élections générales de novembre 2009, soit installée une quatrième urne pour décider de la convocation d’une Assemblée nationale constituante destinée à élaborer une nouvelle Constitution politique ? ». Si cette consultation avait recueilli une majorité de « oui », le président aurait soumis un décret à l’approbation du Congrès pour que, le 29 novembre, les Honduriens se prononcent formellement sur la convocation d’une Constituante, dans une « quatrième urne » (les trois premières étant réservées à l’élection du président, des députés et des maires).

    |8| Lire la déclaration du FNRP, ¡De la Resistencia al Poder !, publiée pour les un an du régime de Lobo, http://www.resistenciahonduras.net/... , et la position du FNRP face aux réformes de l’article 5, http://www.resistenciahonduras.net/...

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    http://www.legrandsoir.info/Honduras-Funeste-anniversaire-du-gouvernement-illegitime.html
     

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  • Vrais chiffres chômage décembre 2010 toujours pires ! 7,5 millions

    7,5 MILLIONS environ de demandeurs d’emploi et travailleurs pauvres et précaires, intermittents

    286 700 RADIATIONS en Décembre, juste pour défaut actualisation - 11,% (- 6% sur 1 an), radiation administrative - 6 % ( - 8% sur 1 an), et mystérieuse rubrique "autre cas" -5,2 %, ces 3 seuls motifs de sorties représentent à eux seuls 63,5% du total des sorties des listes des demandeurs d’emploi, ce mois ci.

    Les radiations pour maladie, maternité, retraite 39 300 + 3,1% (- 2 % sur 1 an), 3,1% des sorties 

    Quant aux sorties des listes pour "reprise d’emploi déclaré", elles sont en baisses de 2,2% ! (moins 16,4% sur 1 an) et ne représentent que 19,9% des sorties.


    Décryptage donc des vrais chiffres connus ( Décembre 2010 ) des demandeurs d’emploi, ceux dont les médias classiques ne parlent quasi JAMAIS.

    Ils occultent les catégories D et E quasi systématiquement, les DOM TOM systématiquement, et encore pire, une énorme partie des radiés mensuels (des centaines de milliers tous les mois, radiés, pour autre motif que reprise d’emploi ), et ils ne parlent évidemment JAMAIS des centaines de milliers de demandeurs d’emploi qui ne dépendent carrément pas du tout de pôle emploi pour diverses raisons.

    Décembre 2010, les chiffres sont toujours catastrophiques.
    Les chiffres des travailleurs précaires et pauvres toujours énormes, en même temps que celui du chômage de longue durée qui ne cesse d’augmenter.

    A noter qu’environ 40% des demandeurs d’emploi inscrits, ne sont aucunement indemnisés, ni par les Assedics, ni par la solidarité nationale (RSA ou ASS), encore pire si l’on compte donc, les non inscrits à Pôle emploi qui ne sont pas indemnisés non plus, pour une énorme partie d’entre eux.

    Plus de 7,5 millions de demandeurs d’emploi et travailleurs précaires par intermittences, soit 25% à 30% de la population active, on est très très très loin des annonces mensongères de 9,5% de chômeurs (seule catégorie A, inscrits chez pôle-emploi qui servent à la propagande)


    • Mon analyse :
      VRAIS chiffres du chômage DECEMBRE 2010 : 

       PLUS 27 100 chômeurs disent les médias catégorie A , ou PLUS 32 600 catégorie A, B et C ? 
       
      Réalité : résultat net, catégories A, B, C, D et E  plus 17 300 demandeurs d’emplois inscrits à Pôle Emploi entre Novembre et Décembre :
       
      catégorie A + 1 %
      catégorie B + 2,4 %
      catégorie C - 0,9 %
      catégorie D + 0,8 %
      catégorie E - 0,7 %
       
      catégorie A : 2 725 200 (+ 3 % sur 1 an) 
      catégorie B et C : 1 326 500 ( + 5,2 % B, + 13,9 % C sur 1 an)
      catégorie D et E : 599 000 (+ 5% D, et + 19,6% E sur 1 an)

    catégorie A, B, C, D et E Novembre 2010 : 4 618 600 (hors dom-tom)

    catégorie A, B, C, D et E Décembre 2010 : 4 650 700  (hors dom-tom) + 6,2% sur 1 an

    TOTAL : + 32 100 demandeurs d’emploi, par rapport à Novembre.

     
    MAIS ATTENTION ! LE POT AUX ROSES est toujours là (les chiffres JAMAIS JAMAIS JAMAIS mis en avant) : 

    sorties des listes de pôle emploi pour autres cas que ces 3 cas là : 

    • reprise d’emploi déclaré (89 800) - 2,2 % seules vraies sorties sont encore en baisse .. et encore pour quels emplois ?!
    • ou entrée en stage (35 900) + 12,5 % de difference par rapport au mois passé
    • ou arrêts maladie, retraite, maternité (39 300) + 3,1 %
    donc les Radiés qui échappent complètement au 5 catégories, à toutes les statistiques que l'on peut entendre dans les médias "conventionnels"  : 
    • disparitions des listes pour cessation d’inscription suite à défaut d’actualisation : 187 200 personnes pour ce mois de Décembre 2010 ( - 11%) VOILA LA COMBINE ... ce chiffre, il représente 41,4% des sorties des listes.
    • disparitions des listes pour radiation administrative ( les punis ) 44 600 personnes pour ce mois de Décembre ( -6% de différence par rapport à Novembre)
    • sorties des listes inexpliquées, classées dans mystérieuse rubrique "autres cas" 54 900 personnes ( - 5,2 % ) 

      soit  286 700 demandeurs d’emploi sortis artificiellement des 5 listes A B C D et E ... ce mois ci.
    Ne sont donc pas comptés dans ces chiffres de 4 650 700 demandeurs d'emploi "officieux" : 
    •  Des RSastes qui pour une grosse partie ne sont pas inscrits à pôle emploi , (autre suivi) environ 50% soit 900 000 RSastes
    •  
    •  Des personnes en AAH ou sous pension d'invalidité, qui ne dépendent pas de pôle emploi, + d'un million de personnes
    •  
    •  Les dom-tom (Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane) , estimation 500 000 personnes minimum (bien + probablement avec les Rmistes et RSTA spécifiques aux dom tom encore pour 2010 et une partie de 2011)
    •  
    •  Des sans droits, car moins de 25 ans, qui ne perçoivent RIEN, incalculable ..
    •  
    •  Des sans droits radiés ou désinscrits, car dépassement du plafond de ressources dans un couple, qui sont donc privés du RSA ou de l’ASS et qui n’ont droit à rien ( exemple votre époux perçoit 600€ d'assedic, vous n'aurez pas droit vous même au RSA, car vous dépasserez le plafond de ressources couple ) des centaines de milliers de personnes
    •  
    •  Des retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre ( loyer, énergie, assurances, voiture, telephone, eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste ..) incalculable
    •  
    •  Des étudiants, boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires incalculable
    Estimation 3 MILLIONS au bas mot à rajouter aux chiffres "officieux", soit + de 7,5 MILLIONS de demandeurs d’emploi et travailleurs pauvres intermittents, ce qui correspond à un taux de demandeurs d'emploi, de 25% à 30% environs de la population active (en âge de travailler entre 16 et 67 ans)

    Seuls 39% des 55/61 ans sont en encore en activité, je signale en passant, que pour le moment l'AER (allocation équivalent retraite), les demandes sont rejetées, depuis le 1er janvier 2011, pour les personnes sans emploi, qui ont leurs 161 trimestres validés, mais pas encore l'âge légale pour prendre leur retraite à taux plein, ceux qui sont déjà bénéficiaires, conserveront cette allocation "avantageuse" de 33€/jour maxi soit 1023€ pour 31 jours.

    et seuls 32% des 16/24 ans sont en activité en France, j'invite ces jeunes à lire, mon analyse sur le RSA JEUNES, qui est d'un mépris lamentable et incroyable des jeunes : http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/rsa-jeune-c-est-du-pipeau-86935


    et non pas simple communiqué de presse de 2 pages, qui entre bien moins dans les détails et qui est envoyé aux médias.

    Rendez-vous le 24 fevrier 2011, pour connaitre les chiffres du chômage de Janvier 2011.
     
    -catégorie A : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi ;
     
    -catégorie B : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (de 78 heures ou moins au cours du mois) ;
     
    -catégorie C : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue (de plus de 78 heures au cours du mois) ; 
     
    -catégorie D : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi (en raison d’un stage, d’une formation, d’un arrêt maladie court, d'un arrêt maternité …), sans emploi, on y trouve des travailleurs gratuits, ou c'est le patron qui est payé 5€ de l'heure ou +. 
     
    -catégorie E : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, en emploi (essentiellement bénéficiaires de contrats aidés ou l'employeur peut avoir de 50% jusqu'à 105% du salaire payée par l'état et les collectivités locales) on y trouve très souvant, tri en déchetterie, ménage, repassage, aide à la personne, élimination de gravats, débroussaillage, plonge en restauration collective ou non, mais ça touche aussi parfois des métiers à BAC + 5 dans des domaines divers et variés (tourisme, commerce, administrations, etc) !!
     

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  •  

    La police à délogé,  vendredi 28 janvier 2011, 50 personnes dont 20 enfants de leur campement dans un hangar désaffecté de la RTM, place Cazemeajou,  dans le 15e arrondissement à Marseille.

    Ceux qui n'étaient pas présents lors de l'expulsion n'ont pas eu le droit de recuperer leurs bagages.

    On peut penser que ces familles vont rejoindre le campement de la porte d’Aix !

    (Mille bâbords 16276 :
    Depuis plusieurs mois, des hommes, femmes et enfants expulsés de leurs squats y vivent dans le froid, la boue, entre immeubles et fin d’autoroute dans des abris de fortune, sous des tentes, à la merci d’attaques racistes...)

    Alain Fourest, l’animateur infatigable de "Rencontres Tsiganes" (http://www.rencontrestsiganes.asso.fr/) est "désespéré". "On met des vieux, des enfants, des malades à la rue en plein hiver. Et pour nous associations tout le travail est encore à reprendre à zéro"

     

     


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  • La vérité brutale sur la Tunisie : le temps des dictateurs arabes n’est pas révolu



    Robert Fisk

    Traduit par  Courrier international
    Edité par  Fausto Giudice


    Du sang et des larmes, mais pas de démocratie. Un bouleversement sanglant ne présage pas forcément l’avènement d’une démocratie.

    Serait-ce la fin de l’âge des dictateurs dans le monde arabe ? Tous ces cheiks et ces émirs, ces rois (dont un très âgé en Arabie Saoudite et un jeune en Jordanie), ces présidents (là encore, un très âgé en Égypte et un jeune en Syrie) doivent sans aucun doute trembler dans leurs bottes, car les événements de Tunisie n’étaient pas censés se produire. Pas plus que les émeutes provoquées par l’augmentation du prix des denrées alimentaires en Algérie et les manifestations contre la flambée des prix à Amman. Sans parler des dizaines de morts en Tunisie, d’où un despote s’est enfui pour se réfugier à Djeddah, la ville où un homme appelé Idi Amin Dada avait déjà trouvé refuge en son temps.

    Si de tels événements peuvent se produire dans un pays touristique comme la Tunisie, ils peuvent survenir n’importe où. Quand Zine El Abidine Ben Ali était au pouvoir, le pays était loué par l’Occident pour sa “stabilité”. Français, Allemands et Britanniques rendaient hommage au dictateur, cet “ami” de l’Europe civilisée qui tenait les islamistes sous sa poigne.
     


    Dessin de Haddad paru dans Al-Hayat, Londres

     
    Les Tunisiens n’oublieront pas cette petite histoire, même si nous aimerions qu’ils le fassent. Les deux tiers de la population – sept millions sur dix, soit la quasi-totalité des adultes – travaillaient pour la police secrète de Ben Ali, disaient les Arabes. Eux aussi doivent être descendus dans la rue pour protester contre l’homme que les Occidentaux choyaient jusqu’à la semaine dernière. Mais ne nous réjouissons pas trop. Oui, les jeunes Tunisiens ont utilisé Internet pour se rassembler – les Algériens aussi –, et les enfants du baby-boom (les jeunes nés dans les années 1980 et 1990, et qui n’ont pas de perspective d’emploi après l’université) sont dans la rue. Mais le gouvernement d’“unité” doit être formé par Mohamed Ghannouchi, un satrape au service de Ben Ali pendant près de vingt ans, un homme sûr qui veillera à préserver nos intérêts… plutôt que ceux de son peuple.
     
    Car je crains que ce ne soit la même vieille histoire. Oui, nous aimerions bien avoir une démocratie en Tunisie, mais pas trop de démocratie. Vous vous rappelez comment nous voulions que l’Algérie ait une démocratie, au début des années 90 ? 
    Puis, quand il apparut que les islamistes pourraient remporter le second tour des élections, nous avons soutenu le gouvernement appuyé sur l’armée lorsqu’il a suspendu les élections et déclenché une guerre civile qui a fait 150 000 morts
    Non, ce que nous voulons dans le monde arabe, c’est la loi et l’ordre. Même dans l’Égypte corrompue de Hosni Moubarak, c’est ça que nous voulons. Et nous l’obtiendrons.

    La vérité est que le monde arabe est si déglingué, si sclérosé, si corrompu, si humilié et si impitoyable – n’oublions pas que, la semaine dernière encore, Ben Ali qualifiait les manifestants tunisiens de “terroristes” –, et si incapable d’accomplir des progrès sociaux et politiques que les chances sont quasi nulles de voir émerger des démocraties viables dans le chaos qui règne dans le monde arabe.
     
    Le travail des potentats arabes restera ce qu’il a toujours été : “gérer” leurs peuples, les contrôler, garder le couvercle fermé , aimer l’Occident et haïr l’Iran.
    Et de fait, qu’a Hillary Clinton la semaine dernière, alors que la Tunisie brûlait ? Elle racontait aux princes corrompus du Golfe que leur boulot, c’était de soutenir les sanctions contre l’Iran, de se confronter à la République islamique, et de se préparer à une nouvelle frappe contre un État musulman après les deux catastrophes infligées par les USA et le Royaume-Uni à la région.
     
    Le monde musulman – du moins, sa partie qui va de l’Inde à la Méditerranée – est plus qu’un lamentable gâchis. L’Irak a une espèce de gouvernement qui est le satrape de l’Iran, Hamid Karzai n’est pas que le maire de Kaboul, Pakistan est au bord d’une catastrophe interminable et l’Égypte sort à peine d’une nouvelle élection truquée.
     
    Quant au Liban... Eh bien, le pauvre Liban n’a même plus de gouvernement. Le Sud-Soudan – si les élections sont équitables – pourrait représenter une lueur d’espoir, mais ne comptez pas trop là-dessus.
     
    Et pour nous en Occident, le problème est toujours le même. Nous avons le mot “démocratie” à la bouche et nous sommes tous pour des élections équitables – pourvu que les Arabes votent pour ceux que nous voulons.
     
    En Algérie il y a 20 ans, ils ne l’ont pas fait. En "Palestine" ils ne l’ont pas fait. Et au Liban, à cause du fameux Accord de Doha, ils ne l’ont pas fait. Donc nous les sanctionnons, nous les punissons, nous les mettons en garde contre l’Iran, et nous attendons d’eux qu’ils la ferment quand Israël vole encore plus de terre palestinienne pour ses colonies en Cisjordanie.
     
    C’est une cruelle ironie que le vol par la police des fruits d’un ancien étudiant – et son suicide – aient provoqué tout cela, d’autant plus que Ben Ali avait fait une tentative, qui a échoué, de regagner du soutien public en rendant visite au jeune homme mourant à l’hôpital.

    Depuis des années, ce pauvre homme parlait d’une “lente libéralisation” de son pays. Mais tous les dictateurs savent qu’ils courent de gros dangers quand ils libèrent leurs compatriotes de leurs chaînes. Et les Arabes n’ont pas dérogé à la règle. Ben Ali ne s’était pas plus tôt exilé que les journaux arabes qui l’avaient encensé et avaient profité de son argent pendant tant d’années se sont mis à le vilipender. “Mauvaise gestion”, “corruption”, “règne autoritaire”, “manque total de respect des droits de l’homme”, autant de défaillances dont on l’accuse aujourd’hui dans la presse arabe.
     


    Le réveil du monstre, par Mahjoob
    Sur les banderoles : Justice, Liberté, Révolution

     
    Rarement les paroles du poète libanais Khalil Gibran ont été si cruellement justes : "Pauvre pays que celui qui accueille son nouveau maître au son des trompettes et lui dit adieu sous les huées, pour accueillir le nouveau de nouveau avec des trompettes ." Mohamed Ghannouchi, peut-être ?

    Bien sûr, désormais, tout le monde revoit ses prix à la baisse – ou promet de le faire. L’huile et le pain étant des produits de première nécessité pour les masses, leur prix va être abaissé en Tunisie, en Algérie et en Égypte. Mais pourquoi étaient-ils si élevés jusqu’ici ? L’Algérie devrait être aussi riche que l’Arabie Saoudite puisqu’elle possède du pétrole et du gaz. Or elle a l’un des taux de chômage les plus élevés du monde arabe, pas de sécurité sociale, pas de retraites, rien pour son peuple parce que ses généraux ont placé la fortune du pays en Suisse.
     

    Et la brutalité policière. Les chambres de torture vont continuer à fonctionner. Nous allons maintenir nos bonnes relations avec les dictateurs. Nous allons continuer à équiper leurs armées et à leur dire de rechercher la paix avec Israël.  

    Les dictateurs feront ce que voudront les Occidentaux. Ben Ali s’est enfui. Ce qu’il faut désormais, c’est un dictateur plus manœuvrable, “un homme à la fois fort et bienveillant”, comme les agences de presse se plaisent à appeler ces terribles despotes. Non, tout bien considéré, je ne pense pas que le temps des dictateurs arabes soit révolu. Les Occidentaux y veilleront.

     



    Merci à Courrrier international
    Source: http://www.independent.co.uk/opinion/commentators/fisk/the-brutal-truth-about-tunisia-2186287.html
    Date de parution de l'article original: 17/01/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=3567


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