• Dial avait présenté l’année dernière le novateur projet ITT [1]. Le Chili a été, au mois de septembre, le premier pays à donner 100 000 dollars pour soutenir l’initiative [2], suivi en novembre par l’Espagne (un million d’euros) [3]. Mais ces éléments encourageants ne dissipent pas cependant toutes les interrogations et les craintes autour la politique d’exploitation minière et pétrolière du gouvernement. Article de Luis Ángel Saavedra publié sur le site de Noticias Aliadas le 28 octobre 2010.






    Le gouvernement se sert de l’écologie pour susciter des sympathies internationales

    L’initiative Yasuní-ITT, qui permet de conserver le pétrole sous terre dans une des zones les plus riches en biodiversité de la planète en échange d’une compensation financière internationale ; une Constitution qui considère l’écologie comme axe transversal et qui, dans sa structure normative, consacre un chapitre entier aux « droits de la nature » ; la création d’un tribunal ayant pouvoir de sanctionner ceux qui portent atteinte à ces droits : tout cela a fait croire que l’écologie était une préoccupation de la plus haute importance pour le gouvernement du président équatorien Rafael Correa.

    Dans le même ordre d’idées, le concept d’une défense intégrale des droits humains indissociable des droits de la nature a conduit d’autres institutions d’État comme le Défenseur du peuple, à même modifier leur nom : on l’appelle désormais « Défenseur du peuple et de la nature ». La création d’espaces spécifiques destinés à la protection des droits de la nature, à l’échelle nationale, fait aussi partie des changements au sein de cette institution.

    Enfin, en septembre, le gouvernement a annoncé la création du premier Tribunal des droits de la nature dont le siège se trouve dans les Îles Galápagos et qui entrera en activité avant la fin 2010. Des cas de pêche illégale, de trafic d’espèces marines et de pollution seront jugés par ce tribunal. C’est ainsi que le gouvernement démontre qu’il appuie les efforts de protection de la biodiversité dans ces îles, déclarées Patrimoine naturel de l’humanité (1979) et Réserve de la biosphère (1984).

    Jusque-là les actions gouvernementales semblaient en adéquation avec le discours officiel. Cependant, des dissonances entre ce discours et une réalité incompatible avec l’écologie ont commencé à se faire jour.

    Le plan B à Yasuní

    La décision de Yasuní-ITT de ne pas extraire le pétrole des gisements Ishpingo, Tiputini et Tambococha (ITT) dans le parc national de Yasuní et donc de le laisser sous terre, en échange de la mise en place d’un système de compensation financière internationale, a donné à Correa une auréole de popularité écologique ; cependant, les plans prévus pour la mise en œuvre ne sont pas cohérents avec le discours officiel. Bien qu’on soit parvenu à signer, le 2 octobre dernier, un accord entre le gouvernement et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) visant à établir un fidéicommis qui permettrait de collecter les contributions de la communauté internationale pour la non-exploitation du pétrole à Yasuní, on a vu apparaître un « Plan B » favorable à l’extraction du pétrole du Yasuní et qui se révèle être l’alternative qui intéresse, de fait, le gouvernement. Ceci a fait apparaître que la négociation de l’Initiative Yasuní-ITT, ainsi que la signature du fidéicommis, n’étaient qu’un effet médiatique pour gagner la sympathie et détourner la vigilance des Indiens et des organisations écologistes .

    En effet, le communiqué du PDG de Petroamazonas, Oswaldo Madrid, envoyé le 30 juin au ministre des ressources non-renouvelables, Wilson Pastor, portant sur l’avancée des travaux réalisés dans le Yasuní pour exploiter le pétrole dans cette zone, a pris de court tous ceux qui avaient cru que la proposition présidentielle et l’Initiative Yasuní-ITT étaient un fait irréversible.

    Dans ce communiqué, Madrid rend compte de l’avancée des travaux et du chronogramme de l’exploitation pétrolière d’ITT et affirme que « des instructions ont été données au personnel qui travaille dans la zone de Tiputini afin que soit toujours mis en avant le discours proposé par l’exécutif présentant l’alternative A, celle qui laisse le pétrole sous terre, comme priorité du gouvernement national ».

    Les travaux d’exploitation du Yasuní-ITT ont déjà été repérés en janvier 2010. À ce moment-là, Pastor, PDG de Petroamazonas avant d’être nommé ministre, assura qu’aucun travail d’exploitation n’avait été entrepris et que les dénonciations correspondaient, en réalité, à des ouvrages de construction d’une voie passant sous un fleuve. Maintenant, le communiqué de Madrid corrobore les dénonciations faites en janvier et dévoile la volonté d’exploitation du gouvernement.

    Toutes ces contradictions ont eu pour conséquence que l’Allemagne, principal soutien de cette initiative, s’est retiré, privant le gouvernement national de sa principale carte dans la négociation du soutien international requis pour exploiter le Yasuní. C’est ainsi que le « Plan B » devient le seul applicable.

    Politique d’exploitation minière et répression

    D’autre part, les grandes sociétés minières sont prêtes à amener leur parc de machines prédatrices dans le sud du pays, non seulement avec l’aval du gouvernement qui s’autoproclame écologiste, mais avec sa protection totale. Celui-ci est, en effet, disposé à mobiliser tous ses dispositifs de sécurité pour garantir à ces entreprises une zone débarrassée des petites exploitations minières de type artisanal, et n’hésite pas à s’opposer à un village entier, comme cela s’est passé dans le canton de Paquisha, dans la province amazonienne de Zamora Chinchipe, dans le sud du pays.

    « Le gouvernement a voté une loi sur les mines, en marge de la Constitution, pour favoriser les exploitations minières étrangères, parmi lesquelles ECSA [Ecua Corriente] et Kinross-Aurelian, qui se proposent d’extraire des millions d’onces d’or, d’argent et de cuivre dans les montagnes de Zamora. Et c’est au nom de cela qu’il pénalise le petit exploitant minier, en le délogeant et le réprimant, sous prétexte qu’il pollue », assure le leader indien Salvador Quishpe, préfet de cette province, où s’est produit un violent affrontement le 13 septembre dernier entre les exploitants miniers artisanaux et la police qui les a expulsés, sous prétexte que les mineurs polluaient les sources.

    Quishpe a soutenu l’action de résistance des mineurs, c’est pourquoi il a fait l’objet d’un ordre d’incarcération.

    « Nous n’avons ni volé ni cassé. La seule chose que nous faisons, c’est réclamer le respect de la Constitution et de la loi. Si c’est pour cette raison qu’ils veulent nous mettre en prison, que le président me le dise publiquement », a affirmé Quishpe.

    La répression à Zamora a donné lieu à un affrontement entre le gouvernement et le Défenseur du peuple, et celui-ci a décidé de porter plainte pour dénoncer les excès de la police lors de cette intervention.

    Après ces évènements et pour récupérer son image écologique, le gouvernement a annoncé la création du Premier tribunal des droits de la nature, dans les Îles Galápagos.

    Les Galápagos ont besoin d’un tribunal pour protéger leur écosystème et aux yeux du monde entier, cette opération génère de la sympathie, mais il est certain aussi que ce n’est pas là que se produiront les plus grands conflits sociaux du pays.

    « Le conflit social que provoquera l’extension de la frontière pétrolière vers le Yasuní, et l’application des plans miniers à grande échelle, ne sera, en aucun cas, de la même importance et de la même gravité que ce qui pourrait advenir au Galápagos », signala l’analyste politique Pablo Dávalos.

    Le gouvernement désire garder son image écologique à tout prix et cela l’a conduit aussi à promulguer des décrets inappropriés, comme l’Accord 80, du 13 mai dernier, souscrit par la ministre de l’environnement, qui proclame « forêt et végétation protectrice » la zone du Triangle de Cuembí, entre les fleuves San Miguel et Putumayo, à la frontière avec la Colombie.

    L’Accord 80 interdit l’agriculture, la chasse, la pêche et l’exploitation forestière, dans une zone où habitent des communautés indiennes kichwa d’Amazonie. Paco Chuji, président de la Fédération des organisations de nationalité kichwa de Sucumbíos-Équateur (FONAKISE) refusa cet accord car il limite les activités indispensables à la survie des communautés indiennes, ce qui entraînera leur déplacement et leur disparition. Mais, semble-t-il, cela ne préoccupe pas le gouvernement qui s’obstine à utiliser l’écologie comme élément pouvant servir à la sécurité des frontières, car il croit que le fait d’avoir déclaré la zone « bois et végétation protectrice » empêchera aussi l’implantation de groupes armés colombiens clandestins.

    En résumé, ce qui est sûr, c’est que le gouvernement a adapté son discours qui lui assure une popularité à l’intérieur et à l’extérieur du pays, tout en occultant sa politique réelle. Cependant, ce masque se lézarde peu à peu et montre le visage prédateur de la politique d’exploitation minière derrière ce que l’actuel régime appelle la révolution citoyenne.


     Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 3130. 
      
    Article original en espagnol : Noticias Aliadas, 28 octobre 2010.

    Traduction de Michelle Savarieau pour Dial. 


     Articles de Luis Ángel Saavedra publiés par Mondialisation.ca


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  • LOPPSI 2 : le fourre-tout sécuritaire

    Orwell nous l’a fait cauchemarder, l’UMP l’a fait... Présentation du menu de cette nouvelle loi, indigestion garantie. En discussion à partir du 14 décembre, cette réforme est en passe d’être acceptée dans l’indifférence quasi-générale.

    A Lyon, pour protester contre cette loi, l’occupation de la place Bellecour a commencé. Rejoignez-les !

    On a beau­coup entendu parler c’est vrai de son fameux arti­cle 32 TER A, direc­te­ment diri­gés contre les Rroms, squat­teurs, ou sim­ple­ment mal-logés de toute sorte.
    Cet arti­cle pré­voit l’expul­sion en 48 h sur déci­sion du préfet de police uni­que­ment (plus besoin de l’accord d’un juge d’ins­truc­tion), une des­truc­tion de l’habi­tat s’il n’est pas mobile, et une pos­si­ble saisie des biens...
    C’est très bien détaillé sur le site du Droit Au Logement, donc je vous épargne la para­phrase.

    Mais bon ça, c’est juste l’arti­cle 32 TER A. LOPPSI 1 et 2 étant plus un fourre-tout de mesu­res sécu­ri­tai­res et liber­ti­ci­des digne d’une dic­ta­ture qu’une simple décla­ra­tion de guerre au Rroms et à l’habi­tat choisi en géné­ral.

    LOPPSI, c’est 2,5 mil­liards d’euros de dépen­ses (voir le budget détaillé) dont 70% dépen­sés en équipements poli­ciers.

    Au menu, on trouve :

    - Lutte contre la cyber-cri­mi­na­lité.

    Et pour ce faire, auto­ri­sa­tion de l’emploi de mou­chards (type « che­vaux de Troie ») par les forces poli­ciè­res dans le cadre d’une enquête. Assorti évidemment de la créa­tion d’un fichier infor­ma­ti­que, Périclès (qui est-ce qui choi­sit ces noms au fait, Edwige, Périclès, je me suis tou­jours demandé...), qui conser­vera des don­nées per­son­nel­les (adresse, compte ban­caire, j’en passe...) sur tout citoyen sur­veillé dans le cadre d’enquê­tes per­mi­ses entre autres par Hadopi. On ne parle donc pas seu­le­ment de pédo­phi­les ici, ma propre mère risque peut-être d’y figu­rer...

    - Elargissement du fichage poli­cier.

    Les ser­vi­ces de police et de gen­dar­me­rie pour­ront désor­mais croi­ser leurs fichiers et y faire des recou­pe­ments. Cela com­prend poten­tiel­le­ment le Fnaeg (les emprein­tes géné­ti­ques), le Fijais (les condam­nés pour crimes sexuels), Périclès, voire même les délits mineurs, étant donné qu’il n’y a pas vrai­ment de pré­ci­sion à ce sujet.
    En fait dans le cadre d’une enquête, on pourra tout sim­ple­ment uti­li­ser les infor­ma­tions de n’importe quel fichier, même s’il n’est pas lié au délit en ques­tion. Le pre­mier pas vers un fichier poli­cier unique, dans lequel coha­bi­te­raient délin­quants sexuels, autant que cam­brio­leurs, dea­lers de shit, ou télé­char­geurs de films...

    - Allongement des peines de cer­tains délits et visio­confé­rence dans les tri­bu­naux.

    Un effet d’annonce suite à un fait divers glau­que concer­nant un cam­brio­lage chez des per­son­nes âgées. La durée de la peine pour ce délit sera portée à 7 ans fermes (si si) si il est effec­tué sans vio­lence, et à 10 ans dans le cas contraire. Il est prévu également un dur­cis­se­ment des peines pour les outra­ges ou vio­len­ces à l’égard des forces de l’ordre.
    Sous pré­texte de désen­gor­ger les tri­bu­naux, il sera mis en place un sys­tème de visio­confé­rence. A savoir le détenu en prison, devi­sant de sa libé­ra­tion sur parole avec le tri­bu­nal, par l’inter­mé­diaire d’une télé. Le Syndicat de la Magistrature s’offus­que, et parle déjà de « télé-jus­tice ». Mais atten­tion, le détenu pourra tou­jours « parler et défen­dre sa cause, la pro­cé­dure reste inchan­gée » (je cite). C’est évident que le sys­tème serait plus effi­cace et expé­di­tif si le détenu était dépourvu de micro, seu­le­ment bon à enten­dre sa sen­tence, mais bon, Rome ne s’est pas faite en un jour...

    - Videosurveillance.

    Rebaptisée pour l’occa­sion « video­pro­tec­tion », un nou­veau terme très Novlangue Orwellienne, elle est un des fers de lance de la réforme, avec le projet de tri­pler le nombre de camé­ras sur le ter­ri­toire pour arri­ver à 60000 envi­ron (mais au fait, qui va bien pou­voir regar­der tout ça ?). Un budget de 20 mil­lions d’euros sera alloué pour per­met­tre au Maires d’équiper leur ville, mais bien entendu les coûts de fonc­tion­ne­ment à long terme, qui sont consi­dé­ra­bles, seront ensuite des pro­blè­mes locaux.

    En clair, alors que l’inef­fi­ca­cité de la video­sur­veillance (pardon... pro­tec­tion) en matière de pré­ven­tion de délit est poin­tée du doigt depuis plu­sieurs années, c’est un énorme coup de pouce qu’on fait là au lobby de la sur­veillance. Imaginez des com­mer­ciaux de célè­bres mar­ques de fabri­cants de camé­ras défer­ler dans toutes les mai­ries de France, qui n’ont pas d’autre choix, quel­que soit l’opi­nion du Maire, que de dépen­ser cet argent. Ces 20 mil­lions sont uni­que­ment un inu­tile cadeau au privé.
    En plus ces came­ras sont toutes visi­bles sur inter­net et la plu­part sont acces­si­ble sans aucun mot de passe. On peut les trou­ver dans Google, c’est expli­qué ici. On trouve de tout, des camé­ras d’exté­rieur, d’hôtels, même de loge­ments privés, et on peut les regar­der en temps réel... C’est censé dis­sua­der les cam­brio­leurs, moi je trouve que ça faci­lite plutôt les repé­ra­ges, mais bon, je dis ça je dis rien.

    - Amélioration des outils poli­ciers.

    Comprendre une débau­che d’équipements moder­nes, sou­vent inu­ti­les, et tou­jours hors de prix digne d’une paro­die de Robocop. Il n’y aura pas d’aug­men­ta­tion d’effec­tif, ce chif­fre ser­vira uni­que­ment à trans­for­mer nos sim­ples poli­ciers en super­flics du futur mécham­ment bien équipés ! Eric Ciotti, rap­por­teur de la Loppsi 2 à l’Assemblée natio­nale, se féli­ci­tait ainsi du fait que « 70% des cré­dits sup­plé­men­tai­res déga­gés grâce à la Loppsi seront uti­li­sés pour finan­cer des dépen­ses de fonc­tion­ne­ment ou d’équipement », soit 1,773 des 2,539 mil­liards d’euros « des­ti­nés à finan­cer spé­ci­fi­que­ment les prio­ri­tés de la Loppsi 2 » (d’après Rue 89).

    Au pro­gramme, il est ainsi ques­tion d’ins­tal­ler des « camé­ras embar­quées » dans les véhi­cu­les (6 mil­lions d’euros), et de les connec­ter au dis­po­si­tif expé­ri­men­tal de Lapi (pour « lec­ture auto­ma­ti­sée des pla­ques d’imma­tri­cu­la­tion »), dont l’uti­li­sa­tion sera « géné­ra­li­sée » (22 mil­lions d’euros), mais également de déployer des « sys­tè­mes por­ta­bles de vidéo­sur­veillance » ainsi que des « dis­po­si­tifs de sur­veillance de nou­velle géné­ra­tion pour les héli­co­ptè­res » (22 mil­lions d’euros), soit un total de 72 mil­lions d’euros.

    On conti­nue avec le « procès verbal électronique », la « pré­plainte en ligne », les « bornes de visio­pho­nie » à l’entrée des bri­ga­des de gen­dar­me­rie (8 mil­lions d’euros), les « lec­teurs bio­mé­tri­ques mul­ti­fonc­tions pour contrô­ler les nou­veaux titres sécu­ri­sés électroniques » (j’avoue ne pas avoir pu trou­ver ce que ça vou­lait dire), et la « carte pro­fes­sion­nelle à puce mul­ti­fonc­tions » pour les poli­ciers (9 mil­lions d’euros)…

    On enchaîne avec l’ins­tal­la­tion de ter­mi­naux infor­ma­ti­ques embar­qués « afin de per­met­tre la consul­ta­tion des fichiers à dis­tance » dans 6500 véhi­cu­les et 500 moto­cy­clet­tes de la gen­dar­me­rie (32 mil­lions d’euros), et l’inter­connexion (pour 17 mil­lions d’euros) du sys­tème d’infor­ma­tion de la jus­tice et du fichier Ariane (sys­tème d’appli­ca­tion de rap­pro­che­ment, d’iden­ti­fi­ca­tion et d’ana­lyse pour les enquê­teurs), créé pour fusionné les très cri­ti­qués fichiers Stic de la police (28 mil­lions de vic­ti­mes, 5,5 mil­lions de « sus­pects ») et Judex de la gen­dar­me­rie (2,15 mil­lions de « sus­pects »).

    On ne s’arrête pas en si bon chemin, il en faut pour la police scien­ti­fi­que aussi. On leur com­mande donc des « kits sali­vai­res » de dépis­tage des stu­pé­fiants, des « éthylotests électroniques », des sys­tè­mes Imsi cat­cher (faus­ses bornes GSM qui per­met­tent d’écouter et de loca­li­ser en temps réel les télé­pho­nes por­ta­bles), des « loupes rétro-éclairantes », et des « micro­sco­pes sté­réo­sco­pi­ques ». Bon bien sûr c’est pas gra­tuit tout ça (110 mil­lions d’euros).

    On n’a pas oublié les défen­seurs de l’ordre public, il pour­ront désor­mais jouer avec leurs nou­vel­les « armes légè­res de défense » (6 mil­lions d’euros), leurs lan­ceurs de 40 mm et leurs pis­to­lets à impul­sion électrique (2 mil­lions d’euros), et leurs « lan­ceurs d’eau » (3 mil­lions d’euros), leurs ciné­mo­mè­tres Laser de nou­velle géné­ra­tion « per­met­tant d’effec­tuer des mesu­res de vitesse sous de mau­vai­ses condi­tions météo­ro­lo­gi­ques » (5 mil­lions d’euros), leurs lunet­tes de pro­tec­tion, gilets tac­ti­ques et pare-balles (24 mil­lions d’euros), et leurs jumel­les de vision noc­turne « pour opti­mi­ser les moyens aériens » (1 mil­lion d’euros)...

    Et on finit avec la sécu­rité civile, avec 131 mil­lions d’euros, afin de contri­buer au déve­lop­pe­ment des capa­ci­tés de réponse à la menace nucléaire, radio­lo­gi­que, bio­lo­gi­que et chi­mi­que (NRBC), du sys­tème de pré­vi­sion des tsu­na­mis et de l’acqui­si­tion d’héli­co­ptè­res outre-mer.

    Tous les chif­fres sont tirés de Rue 89

    Bref, vous avez com­pris, c’est Noël !

    Les défen­seurs de la réforme par­lent de « saut tech­no­lo­gi­que »... On ne peut qu’être d’accord.

    - Changement de statut du préfet et des poli­ces muni­ci­pa­les.

    Les poli­ciers muni­ci­paux seront désor­mais auto­ri­sés, « dans cer­tai­nes cir­cons­tan­ces » selon le monde (pour­quoi pas la Fête de la musi­que ou le Nouvel An), à pro­cé­der à des fouilles, des contrô­les d’iden­tité et des dépis­ta­ges d’alcoo­lé­mie. Evidemment, cela repré­sente plus de pou­voir et de res­pon­sa­bi­lité, sans qu’aucune for­ma­tion ne soit prévue pour accom­pa­gner cette déci­sion.

    Le préfet de police aura également plus de pou­voir car il pourra pren­dre cer­tai­nes déci­sions (expul­sions suite à l’arti­cle 32, ins­tau­ra­tion d’un couvre-feu...) sans deman­der l’accord d’un juge d’ins­truc­tion, jusque-là seul (et faible) rem­part face aux déri­ves du pou­voir poli­cier...

    Cette « auto­no­mi­sa­tion » de la police par rap­port au pou­voir judi­ciaire est peut-être le point le plus dan­ge­reux à long terme de cette réforme, car il remet en cause le statut du juge, jusque-là seul à même d’auto­ri­ser une expul­sion, une per­qui­si­tion, ou une écoute télé­pho­ni­que.
    On est en ter­rain glis­sant, et il n’y a qu’un pas à fran­chir pour évincer défi­ni­ti­ve­ment les juges des pro­cé­du­res d’enquê­tes, et lais­ser le pou­voir poli­cier opérer sans aucune entrave... C’est réel­le­ment une volonté de lais­ser, à terme, l’ensem­ble préfet/pro­cu­reur/poli­ciers seul déci­deur des moyens à mettre en oeuvre dans une enquête, sans compte à rendre à per­sonne...

    La défi­ni­tion même de l’Etat poli­cier.

    Voilà donc le pro­gramme et j’en passe bien sûr tant la liste est longue et obs­cure à la fois...

    Conclusion ? Un fourre-tout tota­li­taire de 2,5 mil­liards d’euros (plus le coût à long terme de la video­sur­veillance qui peut dif­fi­ci­le­ment être cal­culé) qui passe comme une lettre à la poste après la fati­gante mobi­li­sa­tion sur la réforme des retrai­tes (qui soit dit en pas­sant n’économisera pas assez d’argent pour finan­cer le « caprice LOPPSI ») et qui est peut-être la réforme la plus dan­ge­reuse et la plus liber­ti­cide qui soit passée sous le gou­ver­ne­ment Sarkozy.

    Parce-que tout le pro­blème est là Même de la part de ce gou­ver­ne­ment... C’est exces­sif.

    Ever Never ici

    P.-S.

    - Il y a un forum consacré à la lutte anti-LOPPSI ici, dans lequel on essaie d’informer des actions par régions.
    - un site consacré à Loppsi 1 et 2 compile des articles de fond : Loppsi.fr.

     

    *******************************

     

    LOPPSI 2 : Journée Nationale de mobilisation, Samedi 18 décembre

    Au cours de ces derniers jours, on note qu’aucun syndicat et organisation officielle n’appelle à la mobilisation contre cette loi, scellant pourtant notre liberté sous le règne Sarkozy. Pourtant, malgré la faible mobilisation des citoyens sur la ville de Lyon, les choses bougent dans les autres villes de France. Le Grand Ouest s’est déjà mis d’accord pour une journée d’action. Voici leur message lu sur le forum nonaloppsi2

    P.-S.

    Deux autres actions sont prévues ce jour là, à savoir celle des Déboulonneurs ( 13h-15h) et la vélorution (départ 15h). Un appel donc à ces collectifs de communiquer sur cette loi aux passants lors de leur passage

    Lien vidéo de la manif antiloppsi à Toulouse http://www.youtube.com/watch?v=8LH7...

     


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  • Dans la trajectoire du groupe : jets de pierre au capitalisme, au bellicisme nord-américain, au racisme, à l’ethnocide des indigènes d’Amérique, à la violence machiste. Hommages aux zapatistes, à la ligue antifasciste, à l’organisation Women Alive, aux prisonniers politiques Leonard Peltier et Mumia Abu-Jamal.

    Le groupe a produit des spectacles pour eux, consacrant l’argent récolté à La défense de ces causes. RATM a aussi joué dans des manifestations contre Le NAFTA (Traité Nord-Américain de Libre Commerce) et l’ALCA (Aire de Libre Commerce des Amériques), presenté des shows contre la guerre (en 2000 et 2008) au portes de la Convention Nationale du Parti Démocrate, a provoqué la fermeture de la Bourse des Valeurs de New York pour quelques heures en tentant d’enregistrer un clip réalisé par Michael Moore en face de l’institution, et s’est fait censurer par la chaîne NBC pour exhiber le drapeau des USA tête en bas lors d’un concert.

    Après les attentats du 11 septembre 2001, la station Clear Channel a produit une liste de “musiques aux paroles critiquables”, dans laquelle RATM fut le seul groupe à voir inclus tous ses textes.

    De 2000 à 2007, le groupe s’était séparé mais en octobre 2010 il atterrit et “terrorise” pour la première fois l’Amérique du Sud, lors d’un voyage au Brésil, en Argentine et au Chili, rendant hommage au Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST), aux Mères de La Place de Mai, à Víctor Jara et à Salvador Allende.


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  • 13 décembre 2010 : Mort de Mostefa Ziani après avoir été victime d'un arrêt cardiaque dimanche à la suite d'un tir de flashball par un policier.

    14 octobre 2010 : Geoffrey, 16 ans,  manifeste contre la réforme des retraites devant un lycée à Montreuil. Il est grièvement blessé à l’oeil par un tir lors d’affrontements avec la police.

    19 mai 2010 : Nordine, 27 ans, reçoit un tir de flash-ball dans le visage à Villetaneuse.La balle lui perfore la joue et lui brise la mâchoire.

    8 juillet 2009 : Joachim , 34 ans, reçoit un tir de flashball et perd un oeil.

    9 mai 2009 : 2 hommes de 21 et 31 ans, reçoivent des tirs de flashball et perdent chacun un oeil.

    1 mai 2009 : Samir , 18 ans, est atteint à la tête par un tir de flash-ball à Neuilly-sur-Marne. Hospitalisé dans la foulée, le jeune homme souffre d’un important traumatisme à l’oreille, accompagné d’étourdissements et de nausées. (perte d'audition de l'oreille gauche)

    19 mars 2009 : Joan , 25 ans, reçoit un tir de flashball en plein visage alors qu’il participe à une manifestation à Toulouse.

    27 novembre 2007 : Pierre, 17 ans, est grièvement blessé à l’oeil par un flashball alors qu’il manifeste à Nantes.

    28 octobre 2006 : un adolescent de 15 ans est blessé à l'oeil à clichy sous Bois

    7 juillet 2005 : un adolescent de 15 ans est sérieusement blessé à l'oeil par le policier qui le poursuit. Le tribunal correctionnel de Versailles a requis la semaine dernière cinq mois de prison avec sursis contre ce policier.

     


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  • Brice Hortefeux pourrait faire partie de ces gens qui passent les fêtes de fin d’année dans la tristesse.

    Il y a toujours des gens pour ne pas se sentir concernés par les fêtes, ils considèrent que, soit ils ne les méritent pas, soit leur tâche est si sérieuse qu’elle n’autorise aucun écart, pas même un sourire.

     

    Brice Hortefeux est dans une mauvaise passe. Il a d’abord fait dans la boulette de neige de mauvais goût quand il a annoncé la non pagaille en Ile de France du fait du mauvais temps.

    Les banlieusards frigorifiés par des heures d’attente n’en croyaient pas leurs oreilles. Ce fut encore plus drôle quand il annonça qu’il n’y aurait pas de naufragé de la route !  

    Il est vrai qu’on venait de déneiger la Place Beauveau et les abords du Palais de l’Elysée…

    Là, les voitures circulaient, les piétons déambulaient. Mais là seulement !

     

    Certains se sont dit: "C'est de l'humour noir qu'il nous fait là!". Malheureusement non, Brice Hortefeux a expulsé le noir de son humour 100% Vichy!

     

    Sacré Brice, non content du ridicule de son intervention où il démontra qu'il n'était pas plus doué pour la chasse à la neige et au verglas que pour la chasse aux délinquants, le voilà reparti à l’attaque des juges de Bobigny, histoire de monopoliser l'attention sur lui et rattraper sa bévue.

     

    "Salauds de juges, ils ont condamné des policiers courageux mais si fragiles à de la prison ferme ! Je n' les laisse pas tomber, ils sont si fragiles, être un flic UMP, tu sais, c'est pas si facile! " Ce qui donne en langage de ministre pour la télé : (voir la vidéo)

     


    Pourtant, grâce à ces juges, on a évité qu’un film hollywoodien à grand succès soit réalisé. Un film qui aurait achevé à coups de bâton l’image déjà bien décatie de la France dans le monde.

     

    Je vous fais le pitch de ce film qui ne sera donc pas tourné.

     

    Un homme a volé une voiture et se retrouve en prison à perpétuité sous la fausse accusation de tentative de meurtre d’un policier à sa poursuite. Il lui a foncé dessus en voiture et l’a blessé grièvement à la jambe. Prison à perpétuité, protestations de toutes parts. Bob Dylan reprend la guitare et en fait une chanson dénonciatrice sans effet sur une justice française sourde. Heureusement, un jeune avocat inconnu se battra pour rétablir la vérité et démontrera que les policiers ont menti. L’avocat au grand cœur les confondra, l’accusé sera libéré sous les vivas du monde entier puis réhabilité avec des millions d’euros de dédommagement.

     

    Mais Brice Hortefeux a décidé de soutenir les policiers véreux. Il attendait un peu d’indulgence pour ces hommes si fragiles au métier difficile. Eh non ! Les juges ont appliqué la loi rien que la loi. Ils ont fait un exemple car la police doit être exemplaire.

    Et ça, Brice Hortefeux ne l’admet pas. Alors il n’a pas condamné la manifestation des policiers devant le palais de justice, il n’a pas condamné son préfet pour l’avoir laissé se dérouler. Il a attaqué une décision de justice, violant ainsi la loi !

     

    Et pour couronner le tout, on apprend que la conductrice nantaise avec niqab a vu sa contravention annulée par le tribunal de police. L'histoire avait défrayé la chronique, Brice Hortefeux était monté au créneau pour soutenir le policier qui avait dégainé son carnet de PV. Un tribunal de police donne tort au ministre de l'intérieur. Là, encore un juge et en plus dans un tribunal "maison", on n'est jamais mieux trahi que par les siens!


     

    Soyez en sûrs, Brice ne va pas bien ! Peut-être l’affaire Karachi lui donne-t-elle en plus des aigreurs d’estomac ?

    Il y est lui aussi. Il a servi d’émissaire à Balladur et Sarkozy pour le contrat  SAWARI II signé avec l’Auvergne Arabie Saoudite avec sans doute de fortes rétrocommissions…

     

    Et qui s’occupe de ce dossier : un juge !

     

    Brice Hortefeux est au bord de la crise de nerfs, il va nous faire un infarctus très bientôt, c'est sûr! Vous êtes étonné? Oui, Brice Hortefeux a un coeur! Un coeur qui s'emballe, un coeur tout fragile prêt à lâcher!

     

    En plus, il a été condamné pour racisme par des juges. Aïe aïe aïe!Ces juges, ces empêcheurs de flash-baller en rond, ces ronds de cuir tout juste bons à remplir de la paperasse, ces gauchistes qui veulent imposer le désordre à une société qui a tant besoin d’un ordre nouveau comme savait y faire avec talent ce grand démocrate italien qu’était Mussolini.

     

    Donc Brice Hortefeux n’en mène pas large. Alors soyez chic, offrez-lui un cadeau qui le fera rire et lui rendra ce sourire pincé qui fit son succès. Pensez à Valérie qu’il n’honore plus très souvent. Pensez à la France ! Offrez-lui un accessoire simple pour un rire primitif, au ras des pâquerettes, un rire de ceux qu’on lance sans réfléchir, par pur réflexe.

     

    Offrez un coussin péteur à Brice Hortefeux, histoire de lui dérider les zygomatiques.


     

    Il y va de sa santé et de la notre…

    Milton ici


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