• Lundi dernier, le président Sarkozy annonçait sa volonté de faire un geste fort, lié aux questions d’immigration et d’insécurité : brûler l’exemplaire original de la Déclaration des Droits de l’homme. Une décision saluée comme il se doit dans les rangs de la majorité. Euphorie de courte durée : il a finalement décidé de suspendre son geste, le gain électoral d’un telle action restant incertain.

     

    Triomphe de la bien-pensance : Sarkozy renonce (temporairement) à brûler la Déclaration de 1789

     

    Par Lémi

    « Les droit-de-l’hommistes et autres bolchevistes nous pourrissent la vie depuis trop longtemps  », postillonnait Frédéric Lefebvre lundi dernier, sur Europe 1, « on ne peut plus tolérer qu’ils nous mettent des bâtons dans les roues à chaque fois que nous voulons faire avancer la France. C’est pourquoi le président a décidé d’accomplir un geste symbolique fort : lundi prochain, devant les grilles de l’Assemblée Nationale, il brûlera l’exemplaire original de la Déclaration des Droits de l’homme de 1789. Qu’importe ce qu’en diront les bien-pensants et les donneurs de leçons, le président ne bavasse pas, il agit. » Une cérémonie était également prévue, avait ajouté le porte-parole de l’UMP, au cours de laquelle deux cents exemplaires de la Déclaration seraient brûlés par une délégation auvergnate d’enfants nés libres et égaux en droits, car blonds, sans accent déplaisant et peu suspects de sympathies envers le Coran. Le tout en présence du pasteur américain Terry Jones, précurseur de la lutte contre la bien-pensance.

    Marianne en a ras la casquette des miasmes droit-de-l’hommistes

    La déclaration avait suscité quelques réactions négatives dans l’opposition, notamment dans les rangs du Parti Socialiste. « C’est peut-être un peut tôt pour ça  », a mollement protesté Ségolène Royal sur France Info mercredi, « les électeurs ne sont pas prêts à cautionner une politique qui brûle les étapes à ce point. Attention à ne pas mettre la charrue avant les bœufs.  » Manuel Valls était alors intervenu pour critiquer les errements d’un parti « incapable de se débarrasser des oripeaux du passé. Après tout, à qui profite la Déclaration de 1789 ? Aux assistés, aux clandestins et aux criminels. Pas du tout le cœur de cible du PS. Comme d’habitude, la Madone retarde d’une guerre ». Atmosphère.

    C’est finalement un sondage Opinion-Way (réalisé auprès d’un échantillon labellisé français de 100 personnes) qui a fait reculer le président. À la question : « Dans une logique d’épuration efficace, vaut-il mieux envoyer l’armée pour saccager les roulottes/BMW et les mosquées des envahisseurs, ou bien s’attaquer par les flammes aux textes fondateurs de la législation comme la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 ? », seulement 14% des Français ont répondu « Brûlons ces paperasses inutiles, fissa », tandis que 32% disaient ne pas connaitre le texte en question (la Déclaration des quoi ?). Le reste optait pour la première solution (en cours).
    Au vu des résultats, le président a sagement décidé de repousser son geste. «  On a d’autres trucs sur le feu (hin hin) en ce moment, vous savez, Brice est débordé. C’est pas comme si on ne s’activait pas sur ce front-là, hein. D’ailleurs, j’en profite pour faire passer un message aux moralistes de tout poil : votre règne est terminé  », déclarait-il en conférence de presse, déclenchant ensuite les rires des journalistes présents en se mouchant dans un exemplaire de la Déclaration en question. Poilade dans la salle.

    Agents provocateurs non-auvergnats fêtant cette énième victoire du terrorisme intellectuel

    Ce n’aurait pourtant pas été un coup d’essai pour le gouvernement du président Sarkozy, pasteur politique parfois sujet aux emportements d’ordre théologico/politique. Après avoir brûlé le Code du travail et dansé sur ses cendres à de multiples reprises (gestes salués par les syndicats eux-mêmes), il semblait logique que le gouvernement français poursuive sur sa lancée. Les terroristes de la bien-pensance étaient donc les prochains sur la liste, en première ligne pour essuyer l’ire présidentielle. Gageons qu’ils ne perdent rien pour attendre.

    Du côté de Ripostes Laîques et du Bloc Identitaire, on tire franchement la gueule : «  c’est malin, la fête est gâchée », bougonne l’un des organisateurs du rassemblement pinard/saucisson de samedi dernier. «  On pensait pouvoir se marrer entre potes, profiter de l’occasion pour brûler quelques drapeaux algériens, voire ratonner de-ci de-là, mais la bien-pensance l’emporte encore. Rageant. » Même son de cloche du côté du FN, qui note quand même dans un communiqué que l’idée était belle.

    La fête est gâchée

    Quant aux déclarations affolées de l’ONU, de l’Union européenne et du Vatican, elles n’émeuvent pas outre-mesure le gouvernement. Le président a d’ailleurs tenu à remettre les pendules à l’heure à ce sujet : «  De quoi se mêlent-ils ? C’est ça, le rôle des institutions internationales ? S’immiscer dans la politique d’un état souverain ? Les Français décideront eux-mêmes de leur politique, c’est une règle basique de la démocratie. D’ailleurs, je crois avoir assez prouvé mon attachement aux questions des droits-de-l’homme à l’occasion de l’affaire Sakineh. Que veulent-ils de plus ? La France n’a pas vocation à accueillir tous les droits de l’homme du monde ! »

    Jusqu’à nouvel ordre, la Déclaration de 1789 sera donc scrupuleusement respectée

    Ps : ce billet est dédié au maître Jean-Pierre Martin, comme il se doit.


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  • Chili - 2 mois de grève de la faim des prisonniers mapuches

    Ci dessous un petit dossier sur la situation des Mapuches du Chili regroupant :
    • un point sur la grève de la faim au 11 septembre 2010
    • la traduction d’un article de Raúl Zibechi « Chili : L’impossible domestication du peuple mapuche » paru dans La Jornada du 10/09/2010
    • Les revendications des grévistes
    • Des informations sur les actions de solidarité, et l’appel à une manifestation devant l’ambassade du Chili à Paris le 15 septembre prochain.


    Le 12 juillet dernier, 32 prisonniers politiques mapuches dispersés dans cinq centres de détentions différents et tous en préventive, ont initié une grève de la faim contre les lois antiterroristes qui les frappent spécifiquement, contre la double peine civile et militaire, contres les procédures d’exception, pour la libération des prisonniers et la démilitarisation de leurs territoires. Il y a actuellement 96 prisonniers mapuches dans les geôles chiliennes.

    Le 1er septembre, deux jeunes mapuches incarcérés dans un centre de détention pour mineurs se sont joints à la grève de la faim. Les grévistes sont maintenant au nombre de 34.

    Jusque là le silence médiatique s’est installé et le gouvernement n’a pas réagi. Le 3 septembre, au bout de 54 jours, le président Piñera s’est exprimé pour la première fois en leur demandant de cesser leur grève de la faim.

    Pour sa part, la presse écrite et audiovisuelle a longtemps ignoré ce mouvement collectif de grève de la faim, et a choisi de traiter l’autre drame, celui des 33 mineurs ensevelis depuis plus d’un mois dans la mine de San José, au Nord du pays.

    Depuis le 9 septembre, quatres députés, membres de la commission des droits humains de la chambre basse, ont entamé une grève de la faim de solidarité.

    Ces derniers jours, les choses commencent à bouger, la presse a décidé d’en parler un peu plus, l’Eglise catholique s’en mêle (et au Chili, ce n’est pas rien), les fêtes du Bicentenaire approchent… Le gouvernement, d’un côté commence à hospitaliser de force les grévistes, et de l’autre, parle de vouloir modifier quelques détails de la loi antiterroriste afin de continuer à l’appliquer alors même que cela ne figure pas dans les revendications des grévistes qui demandent qu’elle ne leur soit pas appliquée et d’être traités comme n’importe quel chilien.

    Alors que plusieurs grévistes viennent d’être transférés de force dans des hôpitaux, certains annoncent aujourd’hui la possibilité d’une prochaine grève de la soif à partir du 13 septembre si le gouvernement ne répond pas favorablement à leurs demandes.

    Ce mouvement de protestation est parvenu maintenant à un tournant décisif. C’est le moment où jamais d’accentuer la solidarité avec les grévistes de la faim. Les mercredis sont devenus des journées de mobilisation. Le prochain rassemblement aura lieu à Paris, le 15 septembre devant l’ambassade, à 18h30.

    Le 11 septembre 2010

    ******************

    Chili : L’impossible domestication du peuple mapuche


    Raúl Zibechi | La Jornada du 10/09/2010

    La guerre que l’État chilien a déclarée au peuple mapuche il y a 150 ans n’est pas terminée. La république Criolla [fondée par des descendants de colons], qui le 18 septembre prochain fêtera son bicentenaire, s’est lancée en 1861 dans une guerre d’extermination contre tout un peuple, qui s’est terminée en 1883. L’occupation militaire de l’Araucania, territoire situé au sud de la rivière Bio Bio, a mis un terme à 260 années d’autonomie mapuche qu’avait dû accepter la Couronne espagnole par décision du Parlement de Quilín, le 6 janvier 1641, par laquelle avait été reconnus la frontière et l’indépendance de fait du peuple mapuche.

    Après l’occupation de l’Araucania, les Mapuches ont été confinés dans des “réductions” [réserves], ont perdu les 10 millions d’hectares qu’ils contrôlaient et ont été transformés en agriculteurs pauvres, forcés de changer leurs coutumes, leurs manières de produire et leurs normes juridiques. La dictature du général Pinochet a accentuer la dépossession. Si, en 1960 chaque famille mapuche possédait en moyenne 9,2 hectares, à la fin de la dictature, il ne leur restait à peine plus de 5 hectares. Le bouquet final, c’est la démocratie qui l’a fourni grâce à la mainmise progressive des grandes entreprises forestières et la construction de complexes hydro-électriques : aujourd’hui, chaque famille mapuche ne dispose plus que de 3 hectares en moyenne.

    En effet, l’ensemble des terres mapuches n’atteint pas les 500 mille hectares, où vivent quelques 250 mille membres de communautés rurales dans quelque 2 000 réserves qui sont autant d’îlots dans une mer de pins et d’eucalyptus. Les familles indigènes disposent de la moitié des revenus moyens des non indigènes ; seulement 41% des logements mapuches ont des égouts et 65% l’électricité. Dans certaines communautés indigènes, la mortalité infantile dépasse de 50% la moyenne nationale. Quand ils prétendent récupérer leurs terres, c’est-à-dire leur dignité, on leur applique la loi antiterroriste (Loi 18.314, de 1984) promulguée par Pinochet.

    La grève de la faim de 32 prisonniers mapuches entamée il y a 60 jours s’inscrit dans cette longue guerre de l’État contre un peuple. Ils exigent qu’on ne leur applique pas la loi antiterroriste, la fin du double traitement juridique (car beaucoup de prisonniers sont soumis à la justice militaire et à la justice civile), que ne soient pas utilisés contre eux des témoins encapuchonnés qui restreignent les droits de la défense et que soit mis fin à la militarisation du territoire mapuche.

    Le Comité des Droits Humains des Nations Unies a publié un rapport, le 18 mai 2007, dans lequel il note que la définition du terrorisme dans la loi chilienne « pourrait s’avérer trop vaste et qu’elle a permis que des membres de la communauté soient accusés de terrorisme pour des actes protestation ou de revendication sociale ». Il ajoute que l’application de cette loi se prête à des arbitraires et à des discriminations, car au Chili « elle a été majoritairement appliquée pour la persécution pénale des Mapuches ».

    D’autre part, la loi antiterroriste est seulement appliquée au peuple mapuche. Si les organisations mapuches brûlent un camion d’une entreprise forestière, ils sont accusés de terrorisme. Mais, quand des travailleurs en grève brûlent un autobus, comme c’est arrivé à de multiples occasions, on leur applique la législation civile. Pour l’avocat de droits humains Hernán Montealegre, ceci est du au fait que les propriétaires terriens « ont beaucoup d’influence sur les gouvernements » (El Mostrador, 3 septembre 2010).

    C’est « la justice du colon », comme l’indique le politologue mapuche José Marimán. Le Chili poursuit les Mapuches avec des lois qui ne s’appliquent pas aux autres citoyens, en les traitant comme des êtres de seconde catégorie ou colonisés. Les Mapuches sont soumis à la torture, y compris envers des enfants et des personnes âgées, dans une impunité totale ; on les accuse sur la base de montages et de faux, « sans que personne ne les dédommage quand est prouvée la fausseté des accusations », et « certains sont jugés à la fois par des tribunaux militaires et civils (double jugement), pour des infractions semblables à celles que commettent des Chiliens protestant pour d’autres raisons, comme le fait de jeter des pierres ou des crachats sur les policiers et leurs véhicules de combat » (El Quinto Poder, 7 septembre 2010).

    La manœuvre la plus récente est la tentative d’appliquer la Convention 169 de l’OIT, qui établit les droits collectifs, mais sans procéder à une consultation préalable et vidée de tout contenu, de sorte que sont reconnus formellement l’existence de peuples indigènes mais sans que soient inclus les droits et les pouvoirs qui leur correspondent. Le gouvernement de Sebastián Piñera, aidé par la Concertation [1], ne veut pas que la résistance mapuche ternisse les fêtes du bicentenaire et cherche à se dégager de cette grève de la faim qui, après des semaines d’isolement médiatique, commence à briser le mur du silence.

    Malgré la répression et la cooptation, il ne sera pas possible de faire plier le peuple mapuche. Trois raisons de fond s’y opposent. La première est la propre histoire et la cosmovision mapuche. « Dans le Wallmapu il ne s’est pas développé une société indigène de type étatique, comme cela s’est produit dans les Andes et en Méso-amérique », a écrit l’historien Pablo Marimán Quemendo. Les colons, « en incorporant par la force une société indigène de type horizontale, matriarcale et segmentaire comme celle des Mapuche, ont ouvert une situation complexe et difficile à résoudre jusqu’à aujourd’hui ». Des mondes tellement différents ne peuvent coexister qu’en se reconnaissant mutuellement.

    À ce fossé culturel, économique et politique profond, s’ajoute une seconde scission de caractère colonial : « On nous parle d’égalité, de fraternité et de liberté, mais on nous on traite comme des Indiens vaincus, des citoyens de seconde catégorie dont on fait les victimes de politiques racistes », indique Marimán. En troisième lieu, le modèle néo-libéral a poussé de vastes secteurs non mapuches à éprouver des modes de vie et d’exclusion semblables à celles dont souffre ce peuple. Il les a transformé en ses alliés potentiels, en particulier les jeunes des villes qui subissent le triple encerclement de la pauvreté, de la répression et des politiques sociales discriminatoires.

    Le peuple mapuche n’a été vaincu ni par la guerre d’extermination, ni par la dictature, ni par la démocratie progressiste qui a combiné la répression avec la corruption. Traqués par l’État, méprisés par les gauches électoralistes, ils mettent de nouveau leurs corps en jeu, pour sensibiliser ceux d’en bas, mapuches et blancs, pour continuer à vivre, pour continuer à être un peuple.

    Traduction : XYZ… pour le site OCLibertaire, reproduction vivement recommandée

    = = =

    Les revendications des grévistes de la faim

    1. Abolition de la loi anti-terroriste, actuellement essentiellement appliquée aux Mapuche

    2. Fin de l’existence d’une justice militaire à deux vitesses appliquée à une population civile militante ou sympathisante des revendications mapuche

    3. Liberté pour tous les prisonniers politiques Mapuche détenus dans différentes prisons de l’État chilien.

    4. Respect du droit à un procès équitable, fin des montages politico-judiciaires et des procédures viciées par l’usage de témoins « sans visage », et fin des pratiques qui violent les droits de l’homme les plus fondamentaux comme l’extorsion d’aveux, les menaces, les tortures physiques et psychologiques et l’application de conditions inhumaines et dégradantes dans les prisons.

    5. Démilitarisation des zones Mapuche sur lesquelles les communautés revendiquent des droits ancestraux.

    = = = = = =

    Le 9 septembre, quatre députés chiliens leur ont rendu visite aux grévistes de la prison de Temuco. Réclamant l’instauration d’une table de dialogue avec les autorités, les parlementaires ont tenté de rester aux côtés des grévistes avant d’être évacués de force par le personnel pénitentiaire. Les députés ont annoncé qu’ils se mettaient également en grève de la faim.

    Le 10 septembre, des mapuches de la capitale, Santiago, appuyé par des organisations sociales et culturelles ont décidé d’initier un jeûne de solidarité.

    = = = = = =

    Bruxelles : occupation de l’ambassade du Chili contre la répression du peuple Mapuche

    Habillés de combinaisons blanches où l’on pouvait lire "liberté pour le peuple mapuche", un groupe d’une vingtaine d’activistes a fait irruption dans l’ambassade et a réussi à s’enchaîner dans les locaux de celle-ci, bloquant ainsi l’accès principal du bâtiment qui abrite la représentation chilienne dans le Capitale européenne.

    Des banderoles ont été accrochées à l’extérieur. L’action, qui a bloqué aussi la mission commerciale chilienne auprès de la capitale européenne, a duré une bonne partie de la journée. En fin d’après-midi, un rassemblement devant les locaux diplomatiques a mis un terme à cette occupation.

    Une première action de ce type avait eu lieu le 12 août dernier.

    = = =

    Paris - Solidarité !

    A Paris, une première manifestation publique de solidarité avec les grévistes de la faim s’est déroulée le 8 septembre. Elle a réuni plus d’une centaine de personnes devant l’Ambassade du Chili, à l’appel du Collectif de soutien regroupant une douzaine d’associations qui luttent pour la défense des Droits humains pour la solidarité avec la résistance des peuples originaires d’Amérique du Sud.

    Les médias français ont brillé par leur absence, maintenant ainsi la chape de silence sur la situation des 32 grévistes. Plusieurs membres du Collectif ont pris la parole au nom de la Fondation France-Libertés, du MRAP, de “Terre et Liberté pour Arauco”, et ont évoqué cette résistance au quotidien du Peuple Mapuche contre les violations incessantes de leurs droits, les harcèlements et les violences exercées contre leurs Communautés, ainsi que la dégradation dramatique de l’état de santé des grévistes.

    Des slogans ont été scandés :
    Liberté pour les Mapuche en lutte !
    Compañeros Mapuche ! Presente ! Ahora y siempre !

    Les manifestants portaient des panneaux avec les noms de chacun des grévistes de la faim et des banderoles réclamaient la liberté pour tous les emprisonnés, ainsi que l’abolition de la Loi antiterroriste appliquée aux seuls Mapuche.

    Des chants et des poèmes ont été lancés vers les fenêtres de l’Ambassade de Piñera et un texte de soutien de Luis Sepúlveda, publié dans l’édition chilienne du Monde Diplomatique a été lu.

    Le nouvel Ambassadeur n’a pas ouvert ses volets...

    LA LUTTE DES MAPUCHE NE VA PAS S’ARRETER LA !
    NOTRE MOBILISATION NE SE RELACHERA PAS !

    Le Collectif de soutien appelle à une prochaine manifestation,

    mercredi prochain 15 septembre à 18h30,
    à l’Ambassade du Chili,


    2 Avenue de la Motte Piquet (M° Latour Maubourg).

    Nous y serons. Plus nombreux encore, nous l’espérons tous !

    Notes

    [1] alliance de partis du centre et de la gauche, battue aux dernières élections

    Source ici


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  • Expulsions de Roms, un «mode d’emploi» explicite

    Evacuation de familles roms le 18 février à Rezé (44) (Photo : F. Lossent)

    Article initialement publié le 09 septembre 2010


    Annoncées au cœur de l’été, les mesures pour «lutter contre les campements illicites» ont été préparées bien avant. Dans trois circulaires dont Le Canard Social s’est procuré des copies, le gouvernement détaille de manière très précise l’ensemble des consignes données aux préfets pour démanteler ces camps, «en priorité ceux de Roms».
    Téléchargez les circulaires en bas de l'article.

    La première circulaire a été diffusée bien avant le discours de Grenoble. Le 24 juin 2010, plus d’un mois avant l’annonce de la politique sécuritaire du gouvernement, les ministères de l’Intérieur et de l’Immigration ordonnaient aux préfets de procéder aux évacuations de campements illicites. En huit pages au contenu inhabituel, les ministres Brice Hortefeux et Eric Besson détaillaient l’ensemble de l’arsenal juridique dont disposent les préfets pour procéder aux évacuations. Ils leur demandaient ainsi «d’exploiter toutes les possibilités offertes par le code pénal». Et dans un souci d’accélérer la procédure, les enjoignaient «à informer le propriétaire (du terrain occupé, ndlr) et à l’inviter à saisir le juge compétent pour obtenir une décision d’expulsion.» Le texte poursuivait : «Une fois la décision de justice rendue, vous devez procéder le plus rapidement possible à l’opération d’évacuation.»

    «Porter atteinte à une population»

    L’ensemble des trois circulaires gouvernementales dont Le Canard Social a obtenu copie, est un mode d’emploi pour parvenir à expulser les Roms de la manière la plus efficace possible. «Ce n’est pas la question de la gêne supposée des Roms qui est ici discutée mais bien la volonté farouche d’utiliser tous les moyens possibles à des fins utilitaires d’expulser cette communauté», estime Loïc Bourgeois, avocat spécialiste de la défense des Roms. Alors que la première circulaire faisait état d’une «lutte contre les campements illicites» de manière globale, le second document en date du 5 août, cible nommément et «en priorité» la population rom. « Jusque là, ce type de circulaires interprétatives visaient une catégorie sociale, les pauvres par exemple avec le délit de mendicité. Celle-ci stigmatise une ethnie, décrypte Loïc Bourgeois. Rarement, il y a eu de telles circulaires qui précisaient de manière implacable toutes les ficelles juridiques pour porter atteinte à une population. »   

    Une voie pénale exceptionnelle

    Les ministres rappellent ainsi dans la circulaire du 24 juin que «l’article 322-4-1 du code pénal n’est pas suffisamment utilisé». Selon les termes du texte, cet article qui punit de six mois d’emprisonnement et de 3750€ d’amende toute installation illégale sur un terrain, «présente pourtant plusieurs avantages : un intérêt dissuasif et un intérêt administratif». En vue de la saisine de l’autorité judiciaire, cette voie pénale permet de procéder aux contrôles d’identité des occupants. «On instrumentalise ainsi la voie pénale pour favoriser le contrôle social des Roms, commente l’avocat Loïc Bourgeois. Celle-ci devient alors une fenêtre pour enclencher les mesures d’expulsion.» Car si le droit condamne pénalement l’occupation illicite d’un terrain, l’usage, dans ce type de décision de justice, est d’ordonner l’expulsion pour atteinte au droit de propriété. Sans pour autant condamner l’occupant à des amendes ou à des peines d’emprisonnement.

    Ressortissants européens

    En pleine préparation du projet de loi Besson sur l’immigration qui devrait modifier en profondeur le droit des étrangers, le gouvernement n’omet pas de rappeler que les Roms, originaires pour la plupart de Roumanie, sont des ressortissants de l’Union européenne. En vertu des mesures transitoires applicables jusqu’en 2014 aux citoyens roumains et bulgares, ils peuvent donc circuler librement pendant trois mois dans tout pays de l’Union. «Toutefois, signale la circulaire du 24 juin, un arrêté de reconduite à la frontière peut être envisagé en cas de menace pour l’ordre public.» Le texte rappelle aux préfets la jurisprudence sur la notion de trouble à l’ordre public : vol à l’étalage, prostitution ou encore infraction à la législation sur le travail.

    Les organismes sociaux pris à témoin

    Les ministres proposent par ailleurs d’utiliser tous les moyens possibles pour apprécier la durée du séjour des occupants : «L’arrêté relatif aux modalités de l’enregistrement en mairie n’ayant pu à ce jour être publié, vous pourrez vous fonder sur les déclarations faites par l’étranger, soit à l’occasion du contrôle en cours, soit sur des pièces trouvées en sa possession, tels que tickets de lignes internationales d’autocars, etc.» Autre consigne : apporter la preuve de l’insuffisance des ressources des occupants pour, à ce titre, obliger ces ressortissants roumains à quitter le territoire. La circulaire du 24 juin demande ainsi de «se rapprocher des organismes sociaux et notamment de la caisse d’allocations familiales», appelée à jouer le rôle du délateur pour le compte de l’Etat. 

    Un écho médiatique

    Dans la seconde circulaire en date du 5 août, le ministère de l’Intérieur fait part de sa volonté d’accélérer les procédures. Il chiffre ainsi les nouveaux objectifs de chaque préfet de zone «à la réalisation minimale d’une opération importante par semaine (évacuation, démantèlement ou reconduite), concernant prioritairement les Roms. » Une preuve selon l’avocat Loïc Bourgeois que «ce n’est pas le trouble qui justifie la condamnation mais bien la volonté de réaliser des objectifs chiffrés. Ces circulaires sont rédigées sur le ton de la suspicion. Avec l’équation Rom = occupation illicite = délinquant.»

    Preuve d’une volonté d’afficher publiquement les résultats de ces opérations, le ministère de l’Intérieur ajoute dans une dernière circulaire datée du 9 août : «Je vous remercie de veiller à m’informer préalablement de toute opération d’évacuation revêtant un caractère d’envergure ou susceptible de donner lieu à un écho médiatique.»

    David Prochasson Ici

    Téléchargez les circulaires :
    Circulaire du 24 juin 2010 
    Circulaire du 5 aout
    Circulaire du 9 aout


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  • Trois Rroms expulsés sont revenus au bout de 2 minutes.. en toute légalité

    Est-ce que vous saviez qu'un Rrom expulsé du territoire français peut revenir quand il veut?

    Oui, sûrement puisque même Eric Besson l'a reconnu.

    Sauf qu'en examinant la loi de très près, rien n'oblige les Rroms expulsés à revenir en Roumanie ou en Bulgarie, leurs pays d'origine. La loi ne précise ni la frontière, ni la durée de l'expulsion...

    D'après la loi, en tant que citoyens européens, ils peuvent choisir d'être reconduits à n'importe quelle frontière de la France, la franchir et revenir en France quelques minutes après. On ne va pas me faire croire que le gouvernement l'ignorait!

    C'est ce qu'ont fait trois Rroms, avant-hier. Ils sont allés à pied à la frontière franco-belge, l'ont franchie calmement et après deux minutes, sont revenus en France bien tranquillement, en toute légalité.

    La vérité est que la police rafle des roms sur les terrains illégaux qu'ils occupent et les "convaint" de faire un voyage en avion gratuitement avec un petit pécule. Bref, on expulse pas, on paye les Rroms pour qu'ils se barrent en Roumanie. Et, ceux-ci, habilement se disent que c'est pas mal de se faire offrir des vacances à la fin de l'été, de faire un petit tour sympa, de visiter la famille et les amis avant de revenir avec eux, donc plus nombreux...

    Bref, dans cette histoire tout le monde est à côté de la plaque: tout le monde, sauf les roms! Alors pourquoi, se passer de la présence de gens aussi futés?

    Tout cela montre le manque de sérieux du gouvernement, qui non seulement harcèle les roms avec brutalité juste parce qu'ils sont roms avant de leur donner du fric et des billets d'avion gratuits, donne une image désastreuse de la France et mobilise des moyens colossaux pour expulser des gens qui ont le droit de revenir comme ils veulent, quand ils veulent. Tout cela dénote le profond mépris du gouvernement à l'égard d'un groupe ethnique dans la misère. Trop pauvres pour se rebeller, trop pauvres pour défendre leurs droits, trop pauvres pour refuser l'argent public.

    Faites circuler cette vidéo, réalisée par BFM TV mais pas reprise par les autres télés.

    Milton dassier ici


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  • « Non, non, non Saint-Eloi n’est pas mort… » (Ou : quand Chavez pense à Fernande).

    Dans le dénigrement systématique, le mensonge, la haine, contre la « révolution bolivarienne » au Venezuela et le président HUGO CHAVEZ, satanisé par Washington.... il est difficile de faire plus que le quotidien socialiste espagnol « El Pais » et notre champion de l’objectivité : « Le Monde » et son inimitable Pablo P.Paranagua.

    On vote pour des législatives au Venezuela le 26 septembre. Depuis des mois, le matraquage médiatique annonçait Chavez battu : insécurité, pénuries, violence, trafic de drogue, risque de guerre avec la Colombie, censure... Le peuple en avait marre ! Et voilà que dans un édito du 28 août, « El Pais » devance le camouflet et le déshonneur...

    Il écrit, dans un océan de mauvaise foi (risque de fraude, « croissante colonisation des médias pour faire obstacle à la campagne de l’opposition », etc.) que « l’appui populaire à Chavez est très large ».

    Tiens, tiens, on le croyait politiquement moribond ! L’édito concède aussi « l’amélioration du niveau de vie de la plus grande partie de la population ». Peut-on en dire autant à propos de la France et de l’Espagne zapatériste ?

    Chavez est vraiment un sacré dictateur qui affame son peuple ! Il est grand temps que le peuple vénézuélien, instruit par les médias d’opposition (plus de 80% du spectre) et par la bienpensance occidentale, ouvre les yeux ! Sinon, que restera-t-il à ces médias : changer de peuple ?

    Théophraste R. (legrandsoir.info).

    PS. Je ne sais pas pourquoi, Hugo Chavez me fait penser à une chanson estudiantine dont le couplet dit « Non, non, non Saint Eloi n’est pas mort… » et dont le refrain me renvoie à « Quand je pense à Fernande » de Georges Brassens.

    URL de cette brève
    http://www.legrandsoir.info/+Non-non-non-Saint-Eloi-n-est-pas-mort-Ou-quand-Chavez-pense-a-Fernande+.html

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