• Visez les yeux (des enfants) ! (ou : Rends-toi, on a ton gosse en otage !).

    C’est une tumeur qui attaque la rétine, surtout chez les enfants et qui les rend aveugle. On la stoppe par énucléation ou par usage d’un appareil à plaques d’iode radioactif qui sauve l’oeil et l’esthétique du visage.

    L’appareil est seulement disponible aux USA. Obama, comme ses prédécesseurs, en interdit la vente à Cuba.

    Si vous croisez un jour un môme sans yeux à La Havane, sachez qu’il n’a pas été victime de la fatalité ou de l’incompétence des médecins de son pays, mais d’une vengeance.

    Théophraste T. (legrandsoir.info).

    PS. Il faut ab-so-lu-ment lire l’hallucinant document que LGS est probablement le seul grand ( ?) média français à publier sur la résolution 64/6 de l’Assemblée générale des Nations Unies : « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique ». Ici


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  • Décrire le processus bolivien en se focalisant sur la région la moins connue et la plus réactionnaire du pays ? Instructif, voire passionnant. Grégoire a passé plusieurs mois dans les environs de Riberalta (province du Béni, au Nord de l’Amazonie bolivienne), à l’écoute de la lente "révolution" vécue par les communautés paysannes et indigènes. Il en a ramené ce reportage.

    En Amazonie bolivienne, une lente "révolution"

     [1]

    Bienvenue au paradis sur terre, dans les provinces du Béni et du Pando, en pleine Media Luna [2]. Bienvenue - donc - en Amazonie bolivienne, au creux des arbres, là où bat (pour combien de temps ?) le poumon de la planète. Mais : bienvenue, aussi, dans une terre sauvage (capitaliste) d’aventure (néocoloniale) et de périls (multinationaux).
    C’est que la formule est malheureusement toujours la même : des ressources (le caoutchouc, puis le bois ou la noix du brésil), des oligarchies qui les exploitent et des peuples qui se soumettent, le couteau (économique) sous la gorge. Un schéma simpliste ? C’est pourtant celui qui tenait lieu de viatique jusqu’à aujourd’hui dans cette région ignorée des administrations et des politiques nationales. Sauf que… les choses sont enfin en train de changer.

    L’Amazonie bolivienne, donc. Dans ce coin oublié du reste du monde, une lutte désespérée est menée depuis des siècles par des indigènes allègrement massacrés et par des paysans sous domination des grands propriétaires. Des siècles, et puis… à partir de 1990 et de la première grande Marche pour la Terre, le Territoire et la Dignité, les choses ont commencé à bouger. En 1996, la loi de réforme agraire, dite loi INRA, voit le jour. Cinq ans plus tard, la répartition des terres débute concrètement. Certes, elle est limitée (80 % des terres restent aux mains des héritiers des grands propriétaires, les 20 % non spoliés allant aux communautés paysannes et indigènes) ; mais de rien à un peu, l’avancée est historique. Surtout, elle mérite d’être prolongée.

    D’Evo president au massacre de Porvenir

    En 2005, dans la continuités de cinq années riches en luttes, Evo Morales est élu président de Bolivie, et initie illico un processus de changement radical sur le plan économique (nationalisations), social (éducation et santé gratuites) ainsi que culturel (reconnaissance du caractère pluri-ethnique de l’État bolivien). Pour aller plus loin, néanmoins, il lui faut modifier la structure de l’État et donc la Constitution. Une perspective qui déclenche l’ire de l’opposition politique : très puissante dans les provinces de l’est du pays, elle met en place une véritable stratégie de terreur pour repousser l’échéance. Les comités civiques [3] bloquent ainsi les voies de communications et s’emparent des Institutions et entreprises d’État ; en Amazonie, ils prennent d’assaut l’Institut de la réforme agraire (INRA). La Bolivie est alors dans une situation de quasi-guerre civile, et c’est justement le but recherché : que le pays soit ingouvernable et que s’impose la nécessité d’une (prétendue) « transition démocratique » (et la tête d’Evo au bout d’une baïonnette au passage).

     [4]

    A ce point de l’histoire, les paysans s’organisent, et la fédération paysanne de Pando appelle à une marche vers Cobija. Une marche annoncée comme pacifique avec pour seule arme cuchara, plato y caneco [5]. Face à eux se rassemblent propriétaires terriens, comités civiques, fonctionnaires des institutions occupées, ainsi que toutes les bonnes volontés désireuses de casser indifféremment de « l’indien », du « paysan » ou du « communiste ». Bref, des miliciens. Eux sont armés par la préfecture, qui leur fait livrer des armes via ses propres véhicules.
    11 septembre 2008, dans la localité de Porvenir : affrontement sanglant. Selon la presse locale et nationale, l’agression n’est pas unilatérale, les torts sont partagés ; mais étrangement, les morts ne sont que des paysans… En réalité, c’est un massacre en bonne et due forme : 18 paysans perdent la vie et 65 autres sont gravement blessés. Pendant deux jours, les « civiques » pourchassent les paysans réfugiés dans la jungle ; et une quarantaine de disparus s’ajoute au décompte macabre des victimes.


    Pour éviter tout scandale, les civiques procèdent de manière précise : « Ils ont attrapé des paysans et après les avoir tabassés, ils les ont obligé à dire - sous la menace - que nous étions armés, et donc responsables. Tous les médias ont répercuté le mensonge, ici comme dans tout le pays. Et ce sont ces mêmes médias dont ils sont propriétaires ! », raconte avec colère une rescapée du massacre. Imparable ? Oui. Sauf que tout ne se passe pas comme prévu. L’absence totale de victimes chez les civiques fournit au final la preuve évidente de l’innocence des paysans. De plus, on apprendra rapidement que des mercenaires venus du Brésil ont été embauchés pour l’occasion et que les armes venaient d’Équateur (via les circuits du marché noir et de la drogue). Et aussi - cerise sur le gâteau empoisonnée - que la CIA a financé l’opération, via sa déjà trop fameuse Agence Internationale pour le Développement, ou USAID.

    Au final, le massacre de Porvenir constituera l’un des points culminants d’une sombre page de séparatisme insurrectionnel, et débouchera paradoxalement sur la cessation - provisoire - des troubles dans le pays. L’ambassadeur des États-Unis - coordonnateur central de l’opération depuis le bureau officiel de la CIA en Bolivie - en fera d’ailleurs les frais, expulsé par le gouvernement de Morales. Quant à la machination, elle ne portera pas ses fruits : quelques semaines plus tard, la nouvelle constitution de l’État plurinational de Bolivie est adoptée à 70 % des voix, avant qu’Evo Morales ne soit triomphalement réélu en décembre 2009 avec 65 % des suffrages.

    Yes we can / Ya viene el tiempo del cambio

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    D’un point de vue électoral, le Movimiento Al Socialismo [6] n’a cessé de prendre du poids dans les provinces de la Media Luna, jusqu’aux municipales et régionales de mars 2010 qui lui ont donné le pouvoir dans six régions (contre trois avant les élections), notamment dans le Pando et dans certaines villes du béni comme Riberalta. Mais il serait malvenu d’euphoriser outre-mesure ce renversement électoral : en devenant un parti de masse, le MAS (sans mauvais jeu de mot) a admis en son sein des opportunistes corrompus afin d’élargir sa base électorale. Il reste d’ailleurs un parti pyramidal traditionnel, et les luttes en son sein sont intenses pour tenter d’imposer par le bas une véritable représentation populaire.

    Pour autant, le renouvellement politique récent ne doit pas être non plus négligé : dans cette région, qui reste une des plus pauvre du pays, la population semble désormais dire tout haut « Ya Basta  ». « Riberalta a 100 000 habitants et c’est le centre économique bolivien de l’exportation de la noix du Brésil, mais seulement 20 % de la population dispose de l’électricité. La ville n’a toujours pas d’eau potable, alors qu’elle est inondé la moitié de l’année par les pluies tropicales. Les déchets infestent les rues de terre, toujours pas goudronnées, les maladies (paludisme, dengue …) restent virulentes et la misère est omniprésente dans les quartiers périphériques  », m’explique un habitant de Riberalta, ajoutant :« Mais on s’estime heureux parce qu’ils y encore pire : le Quart Monde  ». Ici, on se contentera donc d’être du Tiers.


    Ce n’est pourtant pas faute d’argent. Outre la noix du Brésil, la région est une des mieux dotées par l’État en terme de subventions ; mais ces dernières bénéficient toujours aux mêmes privilégiés. Les détournements de fonds se chiffrent en centaines de milliers de dollars, et la justice récemment réformée reste une justice de classe. Soit l’envers noir d’un tableau faisant sinon la part belle aux soins et à l’éducation gratuits, aux aides aux femmes enceintes et aux personnes âgées – liste non exhaustive. Autre avancée : le lancement de l’entreprise bolivienne d’amande (EBA), façon pour l’État de prendre en main la production et de casser la domination des familles oligarques, tout en garantissant un prix d’achat plus élevé pour les producteurs. Malheureusement, un demi-succès. Voire un échec : « le prix de vente de la noix du Brésil a bien augmenté, mais le paysan reçoit toujours la même somme » Où est passé tout cet argent ? Pas à chercher bien loin : les industrieux locaux et les cadres du MAS ont pris du poids dans l’entreprise...


    Le changement arrive aussi par d’autres voies moins directes, comme cette grande Marche des peuples originaires d’Amazonie. Le but ? Faire entendre la situation dramatique des peuples amazoniens, qui se considèrent encore comme les oubliés du processus. Sauf qu’une semaine plus tard, le gouvernement fournit la preuve que la marche a reçu des financements… de l’USAID, officine de la CIA. Oui : on n’en sort pas…

    Des ONG et des lois

    La lutte pour la titularisation des terres prend des formes peu communes en Amazonie, notamment grâce aux organisations non gouvernementales. Mais attention : il ne s’agit pas de ces organisations, si nombreuses en Bolivie et au Pérou, qui combinent la politique d’assistanat (si l’ONG s’en va, il n’y a plus rien) à un néocolonialisme larvé. Non, il s’agit d’organisations boliviennes, qui s’affirment comme les (presque) seuls instruments de changement face à l’atonie et au blocage total de cette société patronnée. Elles ont contribué, durant les années 1990, à la création et à la constitution des organisations dans les communautés, des syndicats paysans et des coordinations de peuples indigènes, sans lesquels peu de changements seraient aujourd’hui possibles. Ces ONG ont d’ailleurs été particulièrement visées - plusieurs sièges incendiés par les civiques - lors des évènements insurrectionnels de 2008 et la plupart d’entre elles ont dû quitter la région - voire le pays.

    Les luttes pour la terre ont également un aspect très légaliste. Aussi imparfaite soit elle, la loi INRA est la seule base juridique qui existe actuellement face à la toute puissance de l’oligarchie : la majorité des communautés disposent enfin d’un titre de propriété collectif sur leurs terres. Après des siècles de spoliation, c’est par la voie légale que les communautés paysannes et indigènes d’Amazonie vont enfin pouvoir donner sens à la formule consacrée : « La terre est à ceux et celles qui la travaillent. »


    La bataille n’est pas gagnée pour autant. Les propriétaires héréditaires, aristocratie du coin, cherchent à maintenir la limitation maximale de l’étendue des propriétés à 30 000 hectares, pas moins. Mais les communautés exigent que l’on revoie la copie : « Ce ne sont pas ces propriétaires qui travaillent ces 30 000 hectares, ce sont les gens qui travaillent pour eux. Couper un arbre ce n’est pas travailler la terre ». Les paysans cherchent à l’inverse à étendre leurs terre. La lutte victorieuse des années 2000 s’ancra ainsi sur la question des « 500 hectares ». La loi reconnaît désormais qu’une communauté doit au minimum disposer d’un territoire de 500 hectares.

    En Amazonie, il fait « bon vivre »

    Pour les communautés cherchant à préserver leur territoire et à empêcher le désastre écologique, il y a un besoin criant de protéger ce qui reste et de sauver ce qui peut encore l’être. En 2010, l’organisation regroupant paysans et indigènes amazoniens (la BOCINAB) a ainsi porté les revendications des communautés et de la société civile à la conférence de Cochabamba [7].
    Désormais, le changement climatique affecte directement les populations locales : dans certaines communautés, la moitié des dernières récoltes de riz ont été perdues, ici à cause d’une sécheresse précoce, là-bas à cause des inondations tardives.

    C’est justement ces populations affectées directement qui demandent désormais des comptes aux responsables : les pays industrialisés et les multinationales. Surtout, au delà de la critique radicale du système capitaliste et du productivisme, de nouvelles formes de développement sont expérimentées. Ainsi de la « gestion intégrale des forêts », consistant à appréhender la forêt comme un organe vivant qu’il faut respecter et non plus comme un stock de ressources à exploiter. En sus du riz et de la yucca (manioc) qui fournissent l’alimentation de base, les familles rurales diversifient peu à peu leurs productions, se rapprochant ainsi de la souveraineté alimentaire. Si toutes réclament l’accès aux besoins basiques - eau électricité, santé, éducation -, elles exigent que ces progrès ne se fassent pas au détriment de l’environnement et de leurs savoirs ancestraux.

    C’est ce processus de progrès/sauvegarde qui est en jeu aujourd’hui dans toute la Bolivie. Le concept de « vivir bien », le bien vivre, articule les revendication, situation dont l’Amazonie donne l’exemple le plus marquant. Le vivir bien est difficile à décrire : il ne s’agit pas de décroissance, de réduction du mode vie à ses besoins vitaux, étant donné que les besoins vitaux ne sont toujours pas satisfaits. Mais ce n’est pas non plus un développement économique du tiers-monde, à la brésilienne. Le processus prend ses racines dans le mode de vie communautaire, traditionnel des paysans et indigènes qui l’expliquent très bien eux-même : « vivir bien, ce n’est pas mettre au centre de tout le profit, comme avec le capitalisme, ni l’homme, comme le veut le communisme : ce qui prime, c’est la vie. La Terre n’a pas besoin de l’Homme pour vivre mais l’Homme a besoin de la Terre pour exister  », ce que l’Amazonie leur rappelle constamment. La Terre, ils en tirent leur habitat, leur nourriture et leur mode de vie.

    Il y a un mois, dans la communauté Villa Union, des indigènes à la peau blanches, m’expliquent ce qu’est l’identité joaquinienne (de San Joaquin). Je leur demande alors ce que signifie être indigène : « c’est avoir une culture, une langue, des traditions, c’est travailler et vivre de la terre, vivre avec la terre. Et puis, les indigènes ils sont comme ça, comme nous, un peu moches, enfin indiens, tu vois quoi  », me dit Tiburcio dans un éclat de rire. Son frère raconte comment il a fui San Joaquin et la peste qui, dans les années 1980, extermina des villages entiers.

    Il explique ensuite comment il est venu former une communauté ici, rassemblant les Joaquiniens dispersés. Il prit en charge « deux années durant l’éducation des enfants sans le sou, alors que la mairie ne voulait pas me donner de salaire ». A sa suite, un autre frère de Tiburcio fustige « cette jeunesse qui oublie tout, qui perd nos valeurs morales et nos traditions et se fait envahir par la culture étrangère ». Vieux cons ? Même pas. Ceux qui me parlent ne sont pas seulement les fondateurs de la communauté, ce sont aussi les membres du groupe de musique Los Pinchones ; ils ne tardent pas à se lancer dans un air traditionnel, armés de flûtes, bombilla, tambourins et castagnettes. Eux le disent bien mieux que n’importe qui : « On vit tranquille ici, on vit bien  ».


    Grégoire est étudiant en journalisme à Toulouse et a travaillé 4 mois au sein d’une institution d’appui aux paysans et peuples indigènes du Béni et du Pando, produisant un programme de radio communautaire, à Riberalta, Bolivie.

    Notes

    [1] Une version différente de ce texte a déjà été publiée sur Alter-info, ici. Si le début est similaire, la suite ne se focalise pas sur les mêmes problématiques.

     

     

    [2] Plus de 60% du territoire bolivien se situe dans les terres basses de l’est du pays formant la media luna (demi lune), (Béni, Pando, Santa Cruz, Tajira). Au nord de celle-ci : l’Amazonie.

    [3] Organisations dépendant des préfectures régionales, et rassemblant bien souvent le "gratin" de la droite et de l’extrême droite locale.

    [4] Hormis celle-ci, toutes les photos sont de Grégoire.

    [5] Cuchara plato y caneco : tradition des mouvements sociaux boliviens, chacun amenant sa cuillère, son assiette et son verre, tandis que le syndicat gère la nourriture. L’expression est également le titre d’un documentaire réalisé par le syndicat paysan local sur le massacre de Porvenir ; le présent article y a pioché une partie de ses informations.

    [6] MAS, parti d’Evo Morales.

    [7] N.d.R. : voir sur Article11, les articles de Grégoire traitant de la conférence de Cochabamba, notamment ici, ici et ici.


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  • La mémoire sélective de l’Occident : les Juifs... et les autres

    Daniel Vanhove

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    La semaine passée j’exprimais mes craintes que ne soit revenu en France, le « temps des rafles ».
     
     

    (JPG)

     

     

    Face à la discrimination avérée des Roms et à la déshumanisation dramatique avec laquelle le président Sarkozy et sa droite xénophobe les traitent - au point d’irriter les instances internationales - ne peut-on pas se demander pourquoi ceux-là n’auraient pas les mêmes droits que les Juifs ? En effet, ces communautés toutes deux millénaires, ont subi les mêmes traques pendant la deuxième guerre mondiale et se sont retrouvées dans les mêmes camps d’extermination de Buchenwald, Auschwitz, Ravensbrück,... où il semble qu’au moins 500.000 Roms, appelés Tziganes à l’époque, aient été supprimés.

    Une partie de l’Europe a donc bien vis-à-vis des Roms, la même responsabilité que vis-à-vis des Juifs dans la façon expéditive et assassine dont elle s’en est débarrassée sous le régime nazi. A moins d’une justice à géométrie variable, pourquoi donc avoir par la suite, opéré une différence dans la manière d’expier nos crimes d’alors ? L’honnêteté et le souci d’une justice équitable exigeraient au minimum de se poser la question.

    Et puisque l’on peut se féliciter des réactions des instances internationales actuelles dans la manière dont elles semblent condamner le sort réservé par la France à cette communauté discriminée, peut-être serait-ce le moment de se pencher sur la possibilité qu’auraient les populations roms de s’établir sur des terres que l’Europe de plus en plus « élargie » daignerait leur concéder... Sans rien enlever à la condamnation la plus ferme dans la manière dont ce dossier est traité en France pour le moment, le président français n’a peut-être pas tort de vouloir élargir le cadre du débat.

    Allégorie :

    Dès lors, voyons un peu, et tentons de faire mieux qu’avec le précédent essai d’imposer en terres arabes le jeune Etat d’Israël qui se révèle être un fiasco insoluble sur les bases actuelles... En se penchant sur une carte de l’UE - puisque ce problème nous concerne collectivement - quel endroit pourrait-il convenir ? Disons... la France ! Excellente situation, où de vastes régions ne sont pas encore urbanisées. Certains se plaignant de la désertification des zones rurales, ce serait à coup sûr une manière de les redynamiser.

    L’on pourrait y dresser une sorte de « Ligne Verte » pour commencer, et on verrait ensuite les modalités pour donner à ce projet d’Etat toutes les garanties utiles que prévoit le Droit international dans ses nombreux textes. Avec la pléthore de fonctionnaires dont nous disposons, et l’expérience récente de l’établissement du Kosovo en Serbie, gageons que certains « experts » pourraient être détachés pour cette mission, comment déjà, euh... ah oui, « humanitaire », c’est ça....

    Voilà un poste rêvé pour le French doctor, et une façon honorable de redorer son blason quelque peu terni ces derniers temps. Et pour ne pas précipiter les choses, établissons un plan quinquennal ayant comme horizon 2020, où pourrait être porté sur les fonds baptismaux, un 28è Etat européen, destiné à la communauté rom qui voudrait s’y établir. Etat qui servirait aussi à accueillir, cela tombe sous le sens, les nombreux réfugiés roms, tziganes, gitans, bohémiens, manouches,... régulièrement chassés de tel ou tel pays depuis des siècles d’errance.

    Pour une Europe économiquement en panne, ce serait-là un chantier formidable, avec des débouchés inespérés. Par ailleurs, avec l’actuel président français, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa qui ne devra pas remonter bien loin dans le temps pour retrouver ses origines, la France présente tous les avantages d’un tel choix. Sans compter qu’il pourrait carrément présenter sa candidature à la présidence de ce nouveau futur Etat, des fois que les élections françaises de 2012 se présentent mal...

    -  Oui, me répondrez-vous, mais les Roms ne veulent pas s’établir sur base de frontières fixes, ils sont nomades, tout le monde le sait, et très vite ils pourraient se retrouver en France, c’est cela le nœud du problème !

    -  Ce n’est pas bien grave ! La France est un graaand pays - ses représentants n’ont de cesse de le trompéter partout, des fois qu’on en douterait à côté de la Russie, du Canada, des USA, de la Chine, du Brésil, de l’Australie, de l’Inde, de l’Argentine, du Kazakhstan, du Soudan,... - et donc, les familles roms qui ne voudraient pas se fixer dans les limites de cette « Ligne Verte » iront ici-et-là, avec leurs caravanes comme ils l’ont toujours fait, et s’établiront là où ils le désirent, un peu comme des postes détachés, ou des colonies, si vous préférez...

    -  Ho, ho, attention-là, il y a des mots dangereux à ne pas utiliser impunément ! Enfin, moi je veux bien... mais si ces colonies comme vous dites, non contentes d’outrepasser cette « Ligne Verte » débordent même des anciennes frontières françaises... que fait-on !?

    -  Là non plus, ce n’est pas bien grave, l’UE ne va quand même pas chicaner pour si peu ! Et en gros, s’ils débordent au Nord, ils se trouveront en terre wallonne qui ne sait plus si elle veut rester belge ou devenir française, donc quelques familles roms de plus ou de moins ne feront pas la différence. A l’Est, ils se retrouveront soit en Allemagne, autre grand pays de l’UE qui peut bien prendre en charge les quelques uns dont elle a envoyé les ainés dans ses camps nazis ; soit en Italie, qui à l’époque était alliée à l’Allemagne d’Hitler et qui a donc sa part de responsabilités, elle aussi. Et au Sud, ils auront le choix entre le pays basque et le pays catalan, qui ne se reconnaissent plus espagnols et réclament leur autonomie, alors... Il y a donc bien assez de place pour ces quelques égarés qui ne voudraient pas se sédentariser sur le territoire délimité que l’UE leur assignerait...

    -  Oui mais, il paraît aussi qu’ils sont menteurs, voleurs et de mœurs bizarres, et qu’ils s’installent où bon leur semble et mettent ainsi la sécurité de l’Etat et des communes qui les accueillent en danger !

    -  Mais tout cela n’est pas grave, voyons ! L’on construira un mur de sécurité pour nous en protéger... Imaginez un peu le chantier, c’est une manne à ne pas rater par les temps qui courent ! Et puis il y aura aussi nos policiers et nos forces de l’ordre pour surveiller ces nouvelles frontières... On pourrait même prévoir des portes d’accès dont ces forces de sécurité contrôleraient l’ouverture et la fermeture en cas d’agitation excessive ou de risques de rébellion. Ainsi, il n’y aurait aucun risque d’infiltration.

    -  Mais si certains d’entre eux finissaient quand même par échapper au contrôle et se mélanger alors aux populations locales ! Imaginez un peu les conséquences...

    -  Mais puisque je vous dis que les « experts » se pencheront sur toutes ces questions ! Allons, il n’est quand même pas difficile de leur donner des papiers sur lesquels ils seront clairement identifiés comme Roms ! Ce ne sont-là que des détails, et vous voyez bien qu’il y a toujours une solution à tout. N’oubliez pas que nous sommes l’Europe ! Nous n’allons tout de même pas nous laisser influencer pour si peu. Le cas échéant, nous enverrons l’armée et ils comprendront vite qui est le maître ! Et puis, vous savez, pour faciliter ces grandes manœuvres, nous avons une ADM des plus efficaces (Arme de Décérébration Massive), incontournable : les médias habituels s’emploieront à un matraquage en bonne et due forme et publieront les envolées lyriques et les papiers dithyrambiques que ne manqueront pas de nous pondre la clique d’intellos-bien-pensants-du-tout-Paris à propos d’une telle solution ; ainsi que des interviews de quelques stars « people » triées sur le volet... Je suis certain qu’on pourrait même imaginer un méga-concert européen pour récolter des fonds. On pourrait l’appeler, voyons un peu, euh... « L’Euroute du Rom »... je vois déjà les affiches, et l’impact sur le public ! Vous verrez, ce sera un truc de ouf, ils ne pourront pas refuser...

    Épilogue :

    A travers la question posée par les gens du voyage, nous vivons un moment intéressant, permettant de comptabiliser combien d’entre ceux qui sont toujours prêts à dicter leurs impératifs aux autres nations, se proposeront pour accueillir les Roms qui le désirent... Peut-être comprendront-ils enfin la résistance toute légitime des Palestiniens de qui ces mêmes discoureurs exigent pourtant depuis des décennies d’accepter les conditions... inacceptables que l’entité sioniste soutenue par eux, tentent d’imposer aux Palestiniens...

    Moralité de l’histoire : hélas pour les Roms, ils ne sont pas les Juifs...

    Et avant que l’image de la France ne soit complètement dévoyée par la bêtise d’une poignée d’incultes arrogants, je voudrais rappeler ce qui a pu faire aussi sa grandeur, par ces lignes : « Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. »

    Extrait d’une lettre de Gustave Flaubert à George Sand - 12 juin 1867

    Concrètement :

    Les faits sont clairs et incontestables : une circulaire du 5 août dernier, signée par le directeur de cabinet du Ministre Hortefeux, adressée aux préfets, au directeur général de la police et de la gendarmerie nationales, est libellée ainsi : « Le Président de la République a fixé des objectifs précis, le 28 juillet dernier, pour l’évacuation des campements illicites : 300 campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d’ici trois mois, en priorité ceux des Roms. »

    Et plus loin, la même circulaire stipule que chaque préfet doit s’assurer : « ...de la réalisation minimale d’une opération importante par semaine (évacuation / démantèlement / reconduite) concernant prioritairement les Roms. »

    Au cours d’un déjeuner à l’Elysée dont on ose à peine imaginer l’ambiance, incapable de se maîtriser, le président français a exprimé sa morgue, stigmatisant cette fois la Commissaire européenne à la Justice, la Luxembourgeoise Viviane Reding pour ses remontrances ; et ses obséquieux courtisans n’ont pas fait mieux, détournant la forme du blâme, au détriment du fond.

    Or, la stigmatisation est clairement établie. Et les détours des ministres se dérobant ou tentant de minimiser les faits, à l’instar de leur mentor, ne font qu’ajouter à la gravité de leurs décisions. On savait le gouvernement Sarkozy miné par le populisme. La réalité est sans doute bien pire. Et l’arrogance du petit monarque et de ses suppôts bat tous les records de vulgarité.

    Quand l’on entend les réactions outrées de ces sinistres individus, réagissant aux critiques qui leur sont adressées alors que nombre d’entre eux sont empêtrés dans des dossiers plus que douteux, ceux-là devraient non seulement être démissionnés, mais dans une démocratie saine et qui se respecte, être déchus de leur droit d’éligibilité. À vie !

    (JPG)

    * Daniel Vanhove est Observateur civil et membre du Mouvement Citoyen Palestine

    Il a publié aux Ed. Marco Pietteur - coll. Oser Dire :

    -  Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes - 2004
    -  La Démocratie mensonge - 2008

    Du même auteur :

    -  Le temps des rafles est revenu... - 12 septembre 2010
    -  Tenter de démêler le vrai du faux, au fil de l’info... - 4 septembre 2010
    -  Le Moyen-Orient au bord d’une nouvelle « préventive » ? - 16 août 2010
    -  La justice européenne... ou l’habituelle loi du plus fort - 20 juin 2010
    -  Le constat s’impose : l’actuelle entité sioniste doit disparaître - 11 juin 2010
    -  Ce racisme « toléré et tranquille »... et ses suites dramatiques - 6 juin 2010
    -  Ce racisme toléré, tranquille, bien entretenu et ominiprésent... - 31 mai 2010
    -  Pitoyable ploutocratie européenne... - 16 mars 2010
    -  L’Etat le plus moderne du « village global » : la Palestine ! - 29 décembre 2009
    -  Et si on déplaçait Israël dans l’Ouest des Etats-Unis ? - 22 novembre 2009
    -  N’est-il pas dit que la critique est aisée, mais l’art difficile ? - 10 novembre 2009
    -  N’est-il pas temps de revoir le plan de partage de la Palestine ? - 20 juin 2009
    -  Cette vérité qui dérange tant la diplomatie européenne - 25 avril 2009
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  • Vendredi 17 septembre était rendu le verdict du procès en appel opposant la CDFT de François Chérèque à Michel Roger (intermittent, compagnie théâtrale Jolie Môme) et Ludovic Prieur (chômeur, animateur du webmedia HNS-info). Les conclusions de la 13e chambre de la Cour d’Appel de Paris, après cinq ans de procédures sur demande de la direction de la centrale syndicale, représentent un véritable camouflet pour Chérèque et les siens et une grande victoire pour les précaires ainsi que pour tous ceux qui pratiquent l’occupation comme moyen de lutte.

    En effet alors qu’en première instance le tribunal correctionnel avait donné raison à la CFDT en condamnant les deux sus-nommés pour violation de domicile, la Cour d’Appel a infirmé le jugement et débouté la CFDT.

    Ce dernier verdict est fondamental car il établit une jurisprudence favorable aux actions d’occupation dans un cadre militant et rejette aux poubelles de l’Histoire l’assimilation de ce moyen de lutte à la violation de domicile. La direction confédérale de la CFDT perd sur toute la ligne : désavouée par la justice, discréditée aux yeux de tous ceux qui croient toujours en la lutte pour conquérir des droits sociaux, décrédibilisée vis à vis du patronat et de l’UMP qui ne peuvent même plus compter sur la CFDT pour réaliser leurs actions de basse police.

    Bien sûr cette victoire n’est pas seulement la nôtre ! Avant tout nous tenons à remercier toutes celles et tous ceux qui nous ont apporté leur solidarité au travers de la pétition et des moments de mobilisation. C’est avec un grand plaisir que nous remercions Irène Terrel, notre avocate lors de ces procès, pour sa grande humanité, son écoute, son attention et évidemment sa remarquable efficacité prouvée depuis de longues années dans la défense des libertés.

    Prochainement il sera à nouveau question pour le patronat et le gouvernement de remettre en cause les droits des intermittents voire ceux des chômeurs. Nous avons peu d’espoir que la CFDT fasse le choix de s’y opposer et d’être enfin aux côtés des précaires… comme le montre encore sa position hypocrite sur les retraites puisque favorable d’un côté à la retraite à 60 ans mais aussi à l’allongement de la durée des cotisations. Faudrait-il selon elle commencer à travailler à 15 ans ?

    HNS-info +Jura Libertaire

    Rappel des communiqués précédents

    Procès CFDT contre deux intermittents et précaires : audience en appel le 4 juin 2010
    Procès CFDT contre Ludovic Prieur et Michel Roger : la CFDT fait condamner des intermittents et précaires pour une action revendicative
    Procès CFDT contre Ludovic Prieur et Michel Roger, délibéré le 22 janvier. Pourquoi nous voulons la relaxe ?
    Procès CFDT contre Ludo et Michel : délibéré le 22 janvier, le parquet demande une peine de prison avec sursis
    Procès CFDT contre Ludo et Michel : le clip de la mobilisation «Si j’avais su, j’y serais allé…»
    Procès CFDT contre Ludo et Michel : un nouveau risque de perdre des libertés et des espaces de démocratie…
    HNS-info et Jolie Môme répondent à la direction de la CFDT : assez de calomnies, retirez vos plaintes, arrêt des poursuites !
    Intermittents et précaires : deux mises en examen pour «violation de domicile» suite à une plainte de la CFDT… Mais où va-t-on ?

     

     


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  • CUANTO ME DUELE, AMOR, MORIR ASÍ


    A Víctor Mata Oliva (40) Sergio Amaya (18) y Roldin Villeda (15) quienes se dirigían a uno de los campamentos del Movimiento Unificado Campesino del Aguán (MUCA) situados en el municipio de Tocoa, a 545 kilómetros al noreste de Tegucigalpa. 


    Cuánto me duele amor, patria,

    Suelo de la mañana

    Y del rocío que me desnuda

    Como un niño enternecido,

    Morir así.

    Cuanto me duele

    Verme asesinado

    En este rostro,

    Y en este cuerpo.

    En esta piel que te quería

    Patria desgarrada.

    En esta palabra

    Que te pronunciaba

    Tal vez sin que dijera

    Esta tierra es mía

    Y me pertenece,

    Oh Lempira,

    Entepica, padres eternos.

    En este pensamiento

    Dije que eras mía

    Aquí mismo

    Donde ahora una bala

    Destruye mi cerebro,

    Oh patria inmolada.

    Y me dan muerte

    Y me destruyen la cabeza

    Con una bala enorme que entró

    Por el cráneo  para salir entre mis dientes

    Sólo por que dije

    Que eras mía tierra de mis ancestros,

    Tierra de Mazatl  

    Y de Cicumba

    Señores de Chapagua y Papayeca.

    Dioses del Aguán

    Río de mi infancia

    Donde una vez cacé un venado

    Que bebía el agua antes de subir al cielo

    Allá donde las estrellas

    Pronunciaban nuestros nombres

    Víctor, Sergio, Roldín

    Como si fuéramos ángeles

    Que pernoctan un día en el paraíso.

    Pero, bien, ya estamos muertos

    Por aquí donde el venado tomó el agua

    Subimos hasta la estrella donde la galaxia

    Pronuncia nuestros nombres

    Y ahora titilamos con otros compañeros

    Que dijeron esta tierra es mía

    Padres de la antigua patria

    De Chapagua,

    Oh señores de la tierra sin nombre

    De la tierra libre,

    Padre Chicohuytl, Mendereto,

    Poto y Pizacura

    Señores de la tierra sin dueños y sin estribos

    Del río de la infancia

    Del Aguán y sus riberas extensas

    Y sus tierras del  viejo Nilo inconmensurable.

    Cuánto me duele amor, patria,

    Suelo de la mañana

    Y del rocío que me desnuda

    Como un niño enternecido,

    Morir así.


    GALEL CARDENAS AMADOR


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