• CHILI Déforestation – Des citoyens autochtones luttent contre les multinationales. Une question de survie.

    CONTRE LE BAILLON ANTIMAPUCHE DES MEDIAS : 32 prisonniers mapuche en grève de la faim (44èmejour)

     
     
    Des citoyens autochtones luttent contre les multinationales. Une question de survie, pour le bien commun.
     
    Le lundi 23 août à 9H00, heure du Chili (16H00, heure de Paris), l’organisation  » Mapuche Ta Inchiñ Nation Mapuche  » a occupé les locaux de la Radio Bio Bio de Santiago et a aussitôt émis des communiqués, trente minutes après le début de l’action.
     
    Un journaliste sportif de la radio envoya des commentaires par Twitter en affirmant que les journalistes et les employés étaient enfermés dans une salle des locaux. Les indiens en costumes traditionnels, ponchos et portant des drapeaux noirs, cadenassèrent les portes en empêchant tout accès et sortie. Le journaliste Miguel Cajas a signalé que les indiens gardaient une attitude calme, malgré le grand bruit qu’ils faisaient en criant dans un mégaphone leurs demandes et en jouant de leurs instruments indigènes (vents et percussions).
     
    Pendant ce temps, d’autres autochtones (hommes et femmes) restaient en dehors de l’immeuble et avaient accroché sur les portes d’entrée à la propriété, des affiches où l’on pouvait lire des phrases faisant allusion aux prisonniers politiques Mapuche en grève de la faim depuis le 12 Juillet, dans les prisons des différentes régions du pays.
     
    L’acte désespéré des Indiens, qui ne sont pas violents, est due au silence observé par les médias du Chili, -autocensure ou contrainte gouvernementale ?-, destiné à étouffer le drame vécu par les communautés indiennes du sud du pays.
     
    La prise de la Radio Bío-Bío (FM), affecte une importante chaîne radiale née en 1966 dans la ville de Concepción au sud du Chili, dont le développement a impliqué très rapidement son extension à Temuco, Osorno et Puerto Montt en 1990. La station a ouvert son siège à Santiago en 1997, et possède une grande puissance qui lui permet de couvrir aujourd’hui le 98% du pays. Elle se vante de son indépendance politique, religieuse et économique.

    Le réseau dispose d’une station phare située à Lonquimay, destinée à servir d’abord les habitants autochtones de la région. Sous la devise de servir toutes les personnes de façon égalitaire, la radio a presque un demi-siècle d’activité.


    L’OCCUPATION :
    Une « Déclaration publique » adressé au Peuple-Nation Mapuche, à ses correspondants, aux médias et à l’opinion publique du Chili et à l’étranger, a été envoyé dès le début de l’occupation.
    La déclaration dit que le seul but de l’action est la fin de « la censure imposée aux communications » touchant la grève de la faim qui font en ce moment 32 prisonniers politiques Mapuche depuis le 12 Juillet.

    Le groupe estime que si les médias ne diffusent pas à propos des difficiles conditions entourant les emprisonnements controversés et arbitraires qui subissent les captifs, c’est parce qu’elles sont censurées. C’est pour cela qu’ ils appellent à mettre un terme à l’écran de déni sur ce qu’ils sont en train de vivre dans un silence journalistique presque absolu.

    Nous lisons : « Nous exigeons que les médias chiliens, les chaînes de télévision, radios, journaux, etc. mettent fin à la dissimulation des informations relatives aux prisonniers politiques Mapuche et à la négation des faits qui influent sur le droit légitime à l’information. »

    L’action traduit également les principales revendications des prisonniers en grève de la faim. Elles concernent la démilitarisation des territoires habités par les communautés indigènes, où il y a des détachements armés, bataillons des forces de répression qui attaquent les habitants à la mitraillette et toutes sortes d’explosifs anti-manifestations.

    Ils mènent aussi des perquisitions abusives au cours desquelles ils détruisent le matériel et les outils de travail dont les agriculteurs roturiers ont besoin pour survivre. Au cours de ces opérations les bataillons tirent fréquemment des balles réelles au corps, tuant des manifestants indiens comme des lapins. Les actions judiciaires pour punir ces bavures sont condescendantes avec effronterie. Par exemple, dans ces jours-ci, le meurtrier du jeune Matías Catrileo étudiant en architecture (21 ans), identifié par sa prise de position à faveur de son groupe ethnique, a été condamné à trois ans et un jour de liberté surveillée, malgré que la défense a démontré qu’on lui avait tiré dans le dos lorsqu’il manifestait en hurlant, habillé en T-shirt, sans arme et que ses actes ne montraient aucune violence.
     
    Le groupe qui occupe la radio demande la libération de tous les prisonniers politiques mapuches, et dit que leur lutte est destinée à dénoncer l’usage indiscriminé de la Loi Anti-terroriste de Pinochet, qui leur est appliquée sans fondement. Ils déclarent être soumis à la double peine, c’est-à-dire, les prisonniers mapuches sont inculpés à la fois par la justice civile et par la justice militaire et sont condamnés à deux reprises.

    Tous ces procédés arbitraires font qu’une personne peut être condamné à plusieurs années de prison, pour avoir empilé et mis le feu à des pneus et des fagots sur un chemin rurale, où passe un véhicule une fois par jour.

    Le groupe d’activistes mapuche a pris avantage de l’occupation de la radio, pour mettre en avant les revendications de la nation mapuche, qui mettent en cause les actions de la République du Chili sur des terres qui ne lui appartiennent pas et dont le retour est revendiqué par les Indiens. Ces terres sont en effet, les terres de ces habitants depuis le commencement du monde et n’ont jamais été cédées à l’État chilien par les leaders naturels des peuples indiens.

    C’est pourquoi les Indiens ne comprennent pas ce qu’ils font dans leur pays Mapuche, et les entreprises chiliennes et les sociétés transnationales installées avec l’autorisation de l’État chilien qui occupe leurs terres.

    Le conflit est une longue histoire d’occupation abusive des territoires indiens. Les Mapuche protestent et l’État chilien les condamne en tant que terroristes. C’est pourquoi, ils se déclarent prisonniers politiques d’un pouvoir illégitime d’occupation. Et ils se disent « séquestrés » par les troupes d’occupation chilienne qui les a mis en prison.
     
    Le groupe qui a pris la radio exige :

    1) L’autonomie et l’autodétermination de nos territoires.
    2) l’expulsion immédiate des entreprises nationales et transnationales installées sur les terres mapuches.
    3) des peines de prison ferme pour les meurtriers de Matías Catrileo (21 ans) et de Jaime Mendoza Collio (17 ans).
    Ils déclarent attendre des réponses urgentes de l’État chilien et le tiennent pour responsable de la grève de la faim des « peñi » (frères) qui arrive maintenant à 44 jours.
    Ils exigent la libération de tous les prisonniers et disent qu’en vérité ils ont été effectivement enlevés dans les prisons chiliennes. Le communiqué est signé par l’organisation « Mapuche Ta Inchiñ Nacion Mapuche »
     
    © Ximena Gautier Greve. correspondant Mapuche à Paris.
    Reproduction autorisée.

    1 commentaire
  •  


    Aux pertes subies par les Etats-Unis en Irak et Afghanistan il faut ajouter d’autres dont le Département d’état préfère ne pas parler.

    C’est à ces morts que le journaliste Juan Gelman qualifie de silencieuses qu’il consacre un article paru dans le journal argentin Página 12 et que nous reprenons dans notre commentaire d’aujourd’hui.

    Elles ont lieu dans la solitude et dans le secret parmi les effectifs étasuniens qui combattent ou ont combattu dans les guerres que Bush a lancées et que Barack Obama poursuit. Juin a été le mois le plus cruel: 32 soldats se sont suicidés, un nombre supérieur à celui de n’importe quel mois de la guerre du Vietnam. Onze étaient démobilisés et sept autres étaient en service en Irak ou en Afghanistan. Ce sont des chiffres officiels fournies par le site (www.defense.gov, le 15- juillet dernier. En 2009 245 soldats se sont suicidés et tout semble indiquer que le chiffre sera supérieur cette année: 145 se sont suicidés durant le premier semestre et 1713 ont fait des tentatives de suicide sans succès. Le taux est plus élevé que celui qui correspond à la population civile des Etats-Unis.

    Le 25 février, Tim Embree, un militaire a comparu comme témoin devant la Commission des Questions relatives aux Vétérans de la Chambre des Représentants. Il a parlé au nom des 180 000 adhérents de l’association Vétérans étasuniens d’Irak et d’Afghanistan, des pays où il a été envoyé combattre à deux reprises. Il a signalé : « L’année dernière un plus grand nombre de soldats se sont suicidés que ceux qui sont tombés au combat. La majorité d’entre nous, nous connaissons un camarade qui l’a fait de retour chez lui. Et ces chiffres n’incluent pas ceux qui se suicident au terme de leur service: ils sont en dehors du système et leurs morts sont ignorées la plupart du temps » (//iava.org, 15-7-10). Ils ne sont peut être pas considérés comme des êtres humains, mais à peine comme du matériel jetable.

    Tim Embree a rappelé les chiffres publiés par l’hebdomadaire Army Times, qui diffuse des informations de l’armée, ainsi que des offres de carrière dans l’institution : « 18 vétérans se suicident chaque jour et la moyenne mensuelle est de 950 tentatives de suicide parmi ceux qui reçoivent un traitement quelconque du département fédéral correspondant (www.armytimes.com, 26-4-10)”. Il s’agit de vétérans de toutes les guerres que les Etats Unis ont déclenchées à l’étranger. Ils souffrent pour la plupart de PTSD. Avant on parlait de névrose de guerre ou fatigue de combat ou chocs ou encore d’autres. Le PTSD les réunit tous.

    La publication mensuelle Archives of General Psychiatry a rendu publique les résultats d’une recherche indépendante réalisée sur 18 300 soldats qui ont été examinés trois mois et un an après avoir été envoyés en Irak : 20 à 30% souffrait de PTSD et une dépression profonde accablait 16 %.(//archpsyc.amaassn.org, juin 2010). Cela permet de mieux comprendre la difficulté des vétérans à réintégrer la vie civile, leur violence au sein des familles, l’échec des mariages, le recours aux drogues et les suicides. Fin 2009, selon des chiffres du Département des Vétérans du gouvernement plus de 537 000 des 2, 04 millions qui ont servi en Irak et en Afghanistan ont demandé un suivi médical.(www.ptsd.va.gov, février 2010).

    La difficulté s’aggrave car ils rentrent dans un pays où le taux de chômage ne cesse d’augmenter. Un sondage de l’IAVA montre que 14, 7% des vétérans n’ont pas d’emplois, 5% de plus que la moyenne nationale. (//iava.org, 2-4-10). Cette situation augmente le nombre de ceux qui ont perdu leurs logements. Un rapport de la National coalition for the Homeless indique que 33 % vit dans la rue et qu’un million et demi court le risque de se retrouver sans abri à cause de la pauvreté et du manque d’appui officiel. (www.nchv.org, septiembre 2009). Les vétérans handicapés physiques n’y sont pas inclus.

    Kevin et George Lucey, parents d’un soldat qui s’est suicidé, ont raconté l’une des histoires que les chiffres cachent. Le 22 juin 2004, leur fils Jeff, âgé de 23 ans, s’est pendu dans le grenier de la maison(www.democracynow.org, 9-8-10). Il était caporal du corps des marines, il était rentré d’Irak en juillet 2003. La mère a raconté qu’un mois après l’invasion il envoyait des lettres à sa fiancée dans lesquelles il parlait des “choses immorales” qu’il était en train de faire.

    Une fois au foyer, Jeff a commencé à lâcher des phrases incohérentes sur Nasiriya, la ville au sud est de Bagdad où a eu lieu la première grande bataille des envahisseurs contre l’armée régulière iraquienne. Un jour il a accueilli sa soeur Amy les larmes aux yeux et il lui a dit qu’il était un assassin. Avant de se suicider, il a laissé sur son lit les plaques de deux soldats iraquiens qu’il avait tués bien qu’ils n’étaient pas armés. Jeff avait l’habitude de les regarder fréquemment.

    Les psychiatres et les psychologues militaires manquent de connaissances pour affronter ces maladies. Mark Russel, commandant de la Marine, spécialiste en maladies mentales, a découvert que 90% du personnel qui remplit ces fonctions n’ont pas la formation nécessaire pour soigner le PTSD. Ils se limitent à prescrire des drogues comme le Paxil, le Prozac et le Neurontin qui accentuent voire même produisent les symptômes, et à renvoyer les soldats à leurs unités. (www.usatoday, 17-1-07).

    Le Président Obama a déclaré à une réunion de vétérans handicapés à Atlanta que son gouvernement est en train de faire le maximum d’efforts pour prévenir le suicide et d’autres conséquences du PTSD. Pour le père de Jeff, ce n’est que de l’hypocrisie pure.

    Source : RHC


    votre commentaire
  • Israël et l’explosion d’anti-islamisme

    MJ ROSENBERG
    Dessin : Sarah Palin - "et puis quoi encore ?"

    Je ne sais pas pourquoi cela m’a surpris que la Droite américaine - y compris le parti Républicain- ait décidé que pour réussir il fallait utiliser les Musulmans comme boucs émissaires. Après tout cela n’a rien de neuf.

    Je me souviens qu’après le 11 septembre, le journaliste Charles Krauthammer qui est maintenant un des démagogues anti-islamistes les plus diserts, a presque littéralement bondi de colère dans ma synagogue de Chevy Chase, Maryland, quand le rabbin a dit qu’il était important de ne pas faire l’amalgame entre les attaques terroristes et les Musulmans en général.

    C’était à Yom Kippour, la jour le plus saint de l’année, mais cela n’a pas empêché Krauthammer de clamer qu’il n’était pas d’accord avec le rabbin. Parce que, selon lui, Israël et l’Amérique étaient en guerre avec les Musulmans et qu’ils allaient gagner cette guerre.

    C’était choquant, non seulement parce que l’explosion de Krauthammer était complètement déplacée mais aussi parce que cet homme critiquait en fait le rabbin pour ne pas avoir exprimé de la haine envers les Musulmans le Jour du Grand Pardon.

    L’année suivante le rabbin venu d’Israël fit un sermon sur l’Intifada qui faisait alors rage en Israël et en Cisjordanie.

    Il donna un sermon insensé, faisant, les larmes aux yeux, le lien entre l’intifada et l’holocauste et vice-versa. Je me souviens avoir pensé " En fait ce type est en train de rendre les Palestiniens responsables des souffrances de ses parents pendant l’holocauste". Cela m’a paru si ridicule que je me suis dit que quelque chose avait dû m’échapper.

    Puis il est arrivé à la fin de son sermon et je n’ai jamais oublié de qu’il a dit. Il a cité les paroles de l’Ecclésiaste : "Il y a un temps pour tout. Un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter et un temps pour récolter... Un temps pour pleurer et un temps pour rire ; un temps pour faire le deuil et un temps pour danser..."

    Puis ii a levé les yeux et ajouté : "Maintenant le temps est venu de haïr".

    J’ai d’abord pensé que je n’avais pas bien entendu. Il ne pouvait pas appeler la congrégation à haïr. Il y avait des dizaines d’enfants dans la pièce. Ce n’était pas possible.

    Mais si. Je dois reconnaître, et c’est tout à leur honneur, que la plupart des personnes à qui j’ai parlé en sortant de la synagogue étaient horrifiées. Même les gens de droite étaient mal à l’aise à l’idée de faire de la haine une vertu. Mais le rabbin, lui, était irréductible. Je lui ai envoyé un Email de protestation et il m’a répondu qu’il était sûr de ses convictions. Charmant.

    On peut se demander ce que le Moyen Orient a à voir avec l’ignoble explosion d’islamophobie (ou plutôt de haine de l’Islam) qui semble avoir envahi des pans entiers de ce pays.

    La réponse est que ça a tout à voir. Car bien que la haine soit dirigée contre les Arabes Américains (ce qui est pire encore), on la justifie en invoquant le 11 septembre, une attaque perpétrée par des Musulmans du Moyen Orient.

    Cette haine est étayée par la haine des Musulmans et des Arabes qui s’est couramment exprimée (ou clamée dans des haut-parleurs installés sur le toit des voitures), au nom de la défense d’Israël pendant des décennies. Observez simplement ce qui se passe au Congrès, où les libéraux de New York, Floride, Californie et ailleurs ne manquent jamais une occasion d’expliquer que quoi que fasse Israël il a raison de le faire et quoique fasse les Musulmans ils ont tort de le faire.

    Peut-on raisonnablement affirmer qu’une rhétorique aussi spécieuse n’a aucune influence sur l’opinion publique ? Pour le moins, elle donne aux préjugés anti-Arabes et/ou anti-musulmans une légitimité que d’autres formes de haine n’ont plus. Ceux qui haïssent les noirs américains ou les Juifs, par exemple, ont le sentiment qu’ils doivent affirmer qu’ils ne les détestent pas du tout. Ce n’est pas le cas avec les musulmans qu’on peut vilipender en toute impunité.

    Et dans ce domaine les libéraux sont pires que les conservateurs parce qu’ils excluent les Musulmans et les Arabes (et maintenant les Turques) de l’approche humanitaire qu’ils ont pour tous les autres groupes. Les conservateurs, eux, combinent leur dénigrement systématique des Arabes avec une xénophobie générale comme le prouve leur politique d’émigration.

    Les libéraux, de leur côté, ne rejettent que les Musulmans. Ils le font d’une manière active -par exemple en défendant tout ce que les Israéliens font aux Arabes avec un enthousiasme véhément. Et aussi d’une manière passive, en refusant de manifester la moindre sympathie aux Musulmans qui souffrent et meurent du fait des Israéliens - comme les 432 enfants palestiniens tués pendant la guerre de 2008 de Gaza.

    Les libéraux se joignent aux conservateurs quand il s’agir de courir au Parlement et au Sénat pour défendre les Israéliens de toute accusation (souvenez-vous comme ils ont automatiquement attaqué le rapport Goldstone sur les crimes de guerre à Gaza sans se soucier des horreurs que Goldstone décrivait). Et puis ils lisent les arguments que l’AIPAC (lobby sioniste NdT) leur fournit pour les aider dans leurs prises de parole et qui récapitulent toutes les horreurs que les Arabes ont commises pendant que les Israéliens leur tendaient constamment la main à la manière de Gandhi. Ce serait drôle si les conséquences de tout ceci n’étaient pas si terribles.

    Pourquoi toute cette haine n’affecterait-elle pas également la perception des Arabes Américains ? La haine déborde invariablement, exactement comme la haine d’Israël parfois déborde jusqu’à rejoindre le vieil antisémitisme traditionnel pur jus.

    En un mot, on remue là un brouet de sorcière et cela produira sans nul doute de la violence. Mais les sorcières ne sont pas toutes de droite. Il y a autant de libéraux qui tournent la cuillère dans le pot pour faire plaisir à quelques uns de leurs donateurs.

    Je ne dis pas qu’il ne faut pas blâmer Beck et Limbaugh (animateurs d’émissions et leaders de droite très influents NdT) pour toute cette haine mais n’oubliez pas de blâmer aussi vos hommes politiques favoris de droite comme de gauche. A l’exception de quelques uns (vraiment très peu) ils ne valent guère mieux.

    MJ Rosenberg

    MJ Rosenberg est spécialiste des affaires étrangères pour le site Media Matters Action Network qui s’est donné pour mission de dénoncer les erreurs et partis pris des politiciens conservateurs dans les médias et promouvoir les idées progressistes aux USA.

    pour consulter l’original : http://politicalcorrection.org/fpma...

    Traduction D. Muselet

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Israel-et-l-explosion-d-anti-islamisme.html

    votre commentaire

  • Deux mondes, deux éthiques: individualisme contre solidarité
    Deux 
mondes, deux éthiques: individualisme contre solidarité

    Enrique Ubieta Gómez
    La isla desconocida
    Source en espagnolhttp://la-isla-desconocida.blogspot.com/2010/08/dos-mundos-dos-eticas-individualismo-vs.html
    Traduction : Raymond Muller – ASC-Ge

    Ce fut la présentatrice du programme de CNN +, je m’en souviens, qui m’a lancé la question piège: mais, les êtres humains, ne sommes nous pas les mêmes partout? Elle ne se référait pas, bien sûr, à des sentiments universels comme l’amour ou la haine, mais à la manière de comprendre des valeurs sociales, indéniablement historiques, comme celle de la liberté. Nous parlions alors de projets de vie essentiellement opposés: ceux engendrés par le capitalisme, et le socialisme (au moins, en tant qu’idéal). Au cours du débat que nous eûmes dans le programme 59 secondes de la Télévision Espagnole, le représentant du PSOE, face à l’évidence de que pour des délits semblables – réception d’argent d’un pays étranger pour la subversion interne, pacifique ou pas -, la justice espagnole prévoit des sanctions même plus dures que les cubaines, se réfugia derrière un argument qui réduisait toute possibilité de discussion : « Mais Cuba n’est pas un Etat de droit!». La phrase, cependant, peut s’accepter avec une addition qui modifie son sens : Cuba n’est pas un Etat de droit bourgeois (mais si un Etat de droit). La relation entre les valeurs – toujours historiques -, socialement acceptées et la jurisprudence est évidente: les lois d’un pays ratifient ses valeurs morales, ou alors elles sont lettre morte. 

    Je me sers de ces exemples pour expliquer l’autisme et l’aveuglement programmatiques des transnationales de médias (et des politiques du système, roses, verts ou bleus) au sujet d’une quelconque alternative d’organisation sociale: le capitalisme n’accepte pas l’existence d’autres formes de vie, à moins que ce soit une manifestation de barbarie (ou d’illégalité). Le fait de ne pas l’accepter fait partie de son instinct de survie. Dans de nombreux pays où se réalise la collaboration médicale cubaine, le Collège Médical local (une organisation corporative) la considère illégale. Pourquoi? Les cubains vont dans les zones les plus reculées et/ou dangereuses, ils ne reçoivent qu’une rétribution minime, ils vivent avec les habitants les plus pauvres en partageant leur conditions de vie. Une situation absolument subversive. Pour tout observateur impartial et surtout pour les habitants favorisés, ce qui est un droit et un acte de solidarité élémentaire apparaît comme étant une rupture de la « légalité » capitaliste.

    Le 16 août dernier, The Wall Street Journal, dans un article de María C. Werlau intitulé « Le programme cubain de médecins pour de l’argent », accuse Cuba d’exploiter ses professionnels de la santé. 

    L’accusation formulée semble inouïe, mais elle est cohérente avec une légalité (et une morale) qui priorise l’enrichissement du médecin – son intérêt exclusif en tant qu’individu – par-dessus le besoin du patient, c'est-à-dire l’intérêt collectif. Une priorité inhérente à un système qui stimule, en tant que moteur incitatif, l’individualisme le plus décharné. L’auteure considère que l’internationaliste cubain est obligé « de travailler pendant des journées extrêmement longues dans des zones dangereuses, et même dans des zones urbaines avec des taux élevés d’indices de crimes, et dans la forêt». Et en revanche il ne reçoit pas le salaire que les médecins locaux exigeraient. En conséquence, c’est un « esclave moderne ». Werlau évalue le comportement d’un internationaliste selon les règles convenues pour un médecin du système: la rupture de ces règles est expliquée – elle peut s’expliquer seulement – en termes de déviance délictueuse. L’internationalisme, la solidarité, sont des crimes parce qu’ils portent atteinte à l’éthique de l’individualisme. Werlau ne peut pas (ni ne veut, bien sûr) se mettre dans la peau d’un internationaliste; elle ne conçoit pas d’autre motivation humaine qui ne soit l’argent, ni croit que l’humanisme puisse devenir un but de réalisation personnelle. Elle fait mention du témoignage de médecins qui ont déserté sous l’influence d’une campagne médiatique – et l’octroi de facilités exceptionnelles pour l’émigration et l’établissement aux Etats-Unis – fabriquée pour leur insuffler les valeurs de l’individualisme. Bien qu’elle mentionne un chiffre (je ne prends pas la peine de le vérifier) de 1'500 déserteurs, elle affirme plus haut que Cuba a maintenu à l’extérieur l’année dernière un total de 38’544 professionnels de la santé. C’est un chiffre dérisoire si l’on tient compte du fait que les valeurs de l’individualisme sont prédominantes dans les pays où les cubains prêtent leurs services. 

    Hier Fidel a reçu la brigade médicale, qui recensait et s’occupait en Bolivie de personnes handicapées de maigres ressources, et qui arrivait à Cuba pour de brèves vacances. Dans son message de bienvenue il expliquait quelque chose que les corporations de presse et les politiciens du capitalisme ne pourraient jamais accepter, parce qu’ils accepteraient en fait la possibilité et la nécessité d’un monde meilleur, nécessairement anticapitaliste. « Les personnes dont vous vous occupez, porteuses de nombreuses souffrances, vous rétribuent avec le bonheur de faire le bien, quelque chose qui ne s’achète pas avec tout l’or du monde. Ceci démontre que l’être humain, au delà de ses instincts, est capable de se convertir en un symbole de générosité et de bien.

    Personne ne pourra expliquer d’une autre façon l’infatigable combat de vous tous, affrontant la chaleur, la pluie et les dangers; traversant des bois et des marécages, défiant le froid et les neiges de montagnes élevées, pour venir en aide à ces êtres humains qui ne pourraient se passer de vous, comme vous aujourd’hui ne pouvez déjà vous passer d’eux 
    ». 

    Dans deux semaines ces internationalistes voyageront en Equateur pour continuer le travail qu’ils ont réalisé au Venezuela et en Bolivie. Mais The Wall Street Journal et la Werlau continueront sans voir, sans écouter, sans co
    mprendre. 


    votre commentaire
  • Le tsunami silencieux du Pakistan : pourquoi tant d’indifférence ?

     

     

     
    " Nous querellons les miséreux pour mieux nous dispenser de les plaindre."
    Vauvenargues

    Ayant eu à faire face aux pires inondations diluviennes de son existence, le peuple pakistanais se meurt en silence dans l’indifférence générale. L’importance des inondations de l’horreur est éloquente : on comptabilise 1700 morts et des centaines de disparus, plus de 20 millions de sans-abri (soit 12% de la population), plus de 6 millions de personnes sans eau potable et sans nourriture. 7 millions d’enfants voient leur vie bouleversée par un sinistre sans précédent qui a dévasté leurs écoles et leurs villages, selon une estimation de l’Unicef. Perdus, orphelins ou malades, ce sont les victimes les plus vulnérables. Près de 3,5 millions d’enfants pakistanais sont exposés à un risque élevé de maladies liées à l’eau. Les flots boueux ont balayé des villages entiers et détruit de nombreuses infrastructures, laissant plus de 650.000 familles sans toit. Ni habits, ni nourriture, ni bétail, la vie tient du miracle...

    Les inondations au Pakistan, « un tsunami au ralenti » a déclaré Ban Ki-moon. En effet, on découvre tous les jours de nouvelles horreurs qui, semble-t-il, sont uniques. Certains y voient les signes de perturbations climatiques majeures. Puisque dans le même temps, on pense que la canicule exceptionnelle et les incendies incontrôlables de la Russie ont fait évaporer des masses impressionnantes d’eau qui sont allées se déverser au Pakistan. Devant cette catastrophe, la communauté internationale est restée globalement muette, mis à part les Etats-Unis. Il a fallu le déplacement de Ban Ki-moon qui s’était déclaré « bouleversé » par le sort des victimes pour que l’Assemblée générale de l’ONU se réunisse en séance extraordinaire, jeudi 19 août, pour accélérer l’effort d’aide humanitaire internationale au Pakistan, dont la livraison est critiquée pour sa lenteur. L’ONU avait lancé le 11 août un appel de fonds pour l’aide d’urgence de 460 millions de dollars. Mercredi, seulement 54,5% de ces fonds avaient été effectivement débloqués. La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Ficr) a annoncé de son côté qu’elle allait plus que quadrupler son appel de fonds, désormais fixé à 57,2 millions d’euros. (1)

    L’indifférence du monde

    Nous allons faire le tour des donations annoncées et tenter d’expliquer, à la fois l’annonce très tardive, la modestie des dons, pour mettre en évidence l’indifférence de la communauté internationale et tenter de l’expliquer. On apprend que la secrétaire d’Etat américaine a annoncé que Washington augmentait son aide à 150 millions de dollars, La Grande-Bretagne a annoncé le doublement de son aide, ajoutant 33 millions de livres aux 31 millions déjà alloués au Pakistan. L’envoyé spécial américain pour le Pakistan et l’Afghanistan, Richard Holbrooke, avait appelé la Chine à se joindre à l’effort. Le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, a indiqué que l’aide des « 27 », initialement de 110 millions de dollars, passait à 140 millions. Le Danemark tient une place à part : il est en effet le premier pays contributeur par tête, avec 10.738.152 dollars, soit 1,959 dollar par personne. Par comparaison, l’aide américaine représente seulement 0,32 dollar par tête. La France fait pâle figure, avec seulement 917.432 dollars versés et 458.716 dollars de promesses. Les Emirats arabes unis ont versé environ 1,5 million de dollars, un peu moins que la Chine, à 1,8 million de dollars. Le total des fonds effectivement récoltés approche 301 millions de dollars. (2)

    « Islamabad a finalement accepté les 5 millions de dollars offerts par New Delhi. Celles-ci restent modestes et ne sont pas à la hauteur de la catastrophe, s’indigne un éditorialiste du journal The Hindu. "En tant que première puissance économique régionale, l’Inde aurait dû être la première à offrir de l’aide. Son offre de 5 millions de dollars est ridicule comparée à ce qu’elle a offert à ses autres voisins. Au moment du tsunami de 2004, elle a procuré au Sri-Lanka une aide de 200 millions de dollars". » (3)

    Pour Gilles Carbonnier, professeur d’économie du développement à l’Iheid, l’aide des Etats est forcément intéressée : « Il y a bien un immense intérêt géopolitique, vu les régions touchées. » Dont celles bordant l’Afghanistan où les Taliban affrontent l’armée pakistanaise. (...) De tout temps, l’action humanitaire répond aussi à des considérations géopolitiques, relève Gilles Carbonnier, également membre du conseil d’administration de l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) : (...) ces deux dimensions -considération géopolitique et solidarité internationale- conditionnent toujours l’action de type humanitaire. Ces dernières années, ces deux dimensions ont même parfois complètement fusionné. Et ce avec la montée en puissance de l’aide militaire humanitaire, comme le précise Gilles Carbonnier : « L’Otan ou l’armée américaine estiment être capables de mener dans le même temps action humanitaire et offensive militaire, comme en Irak ou en Afghanistan, dans leur lutte contre le terrorisme. » « Un mélange des genres dénoncé par les ONG. » (4)

    Justement et dans le même ordre, on apprend par une dépêche de l’AFP que 13 insurgés ont été tués par un drone américain dans un district tribal du nord-ouest du Pakistan. Le campement appartient à des membres des tribus locales et la frappe s’est produite pendant des prières récitées pendant le Ramadhan. La guerre continue même en période de catastrophe. Parallèlement, le 20 août, l’Otan décide de fournir des moyens aériens et maritimes pour contribuer à l’acheminement de l’aide humanitaire destinée aux victimes des inondations au Pakistan....

    En Occident, l’un des moteurs du refus du don est le prosélytisme des Taliban honnis. « En réalité, est-il rapporté dans un éditorial de The Nation, c’est la méthode globale de la communauté internationale qui relève du scandale, non seulement parce que l’aide est lente à arriver, mais aussi parce que les médias occidentaux tentent de compromettre le formidable travail accompli par les organisations religieuses [musulmanes]. Ce qu’ils oublient de dire, naturellement, c’est que certaines ONG américaines sont d’obédience religieuse et qu’elles avaient profité du tremblement de terre au Cachemire pour faire du prosélytisme. En ces heures difficiles, l’Occident ne doit pas oublier que ce sont les locaux et les organisations religieuses qui sont toujours les premiers à fournir toute l’aide qu’ils peuvent aux sinistrés. Loin du battage médiatique orchestré par les Américains avec leurs hélicoptères. » (5)

    De France, Suhail Siddiq s’interroge à juste titre sur la frilosité des donateurs et la chape de plomb médiatique doublée d’une diabolisation de l’image du Pakistan. Ecoutons-la : Pourquoi l’aide n’arrive-t-elle pas plus vite ? Pourquoi les donateurs se montrent-ils si frileux ? (...) Les dons adressés à la Croix-Rouge française, pour ne citer qu’elle, sont plus de trente fois inférieurs à ce qu’ils avaient été pour le séisme en Haïti (soit à peine quelques centaines de donateurs qui ont versé 60 mille euros en 3 jours pour le Pakistan, alors qu’Haïti a reçu 2 millions d’euros dans le même laps de temps. Les arguments pour justifier une certaine forme d’indifférence générale ne manquent pas, allant de la période de récession, à la forte mobilisation en faveur de Haïti en début d’année. (...) Il existe malheureusement d’autres raisons, culturelles et géopolitiques, qui font appel à des représentations plus irrationnelles, mais très ancrées dans l’inconscient collectif du Pakistan. (...) A la question « Etes-vous sensible à l’appel à la solidarité en faveur des sinistrés du Pakistan ? une écrasante majorité de nos concitoyens ont répondu "non" (75.60%), pour seulement une poignée de "oui" (24.40%). Enfin, et c’est le pire, le Pakistan est associé depuis longtemps, par ces mêmes médias, à un pays de terroristes se doublant d’un régime corrompu. » (6)

    Que font les Musulmans ?

    André Pratte à partir du Québec s’interroge sur ce black-out en termes de don : « (...) Pourtant, on ne sent pas dans le monde la même émotion et la même mobilisation que lors du tremblement de terre en Haïti ou du tsunami en Asie du Sud. Au Québec, ce qui se passe au Pakistan a généralement droit à une courte mention aux bulletins de nouvelles. Les organisations humanitaires sont certes à pied d’oeuvre. La Croix-Rouge canadienne sollicite des dons, Oxfam fait savoir qu’elle a lancé ses opérations dans les zones sinistrées. Les familles pleurent la perte de leurs proches, de leurs biens et de leurs moyens de subsistance. Les gens ont besoin de nourriture, d’eau potable, d’abris et de latrines pour éviter une crise de santé publique. Mais qui, ici, s’en émeut ? Comment expliquer l’indifférence relative des citoyens occidentaux à l’égard de cette tragédie ? (...) Est-ce parce que ce pays attire peu de touristes ? Ou bien parce que le Pakistan est soupçonné de soutenir les Taliban ? » (7)

    Que font les pays musulmans, voire arabes en ce mois de Ramadhan de piété et de compassion ? A en croire, pas grand-chose. L’OCI appelle ses membres à apporter une aide urgente au Pakistan. L’Organisation de la conférence islamique (OCI) a appelé [après 15 jours de silence et l’absence de son président le sénégalais Wade], les pays musulmans à apporter une « aide urgente » au Pakistan. La Banque islamique de développement (BID) avait rassemblé 11,2 millions de dollars [une goutte d’eau dans l’océan de la demande] l’Arabie Saoudite (120 millions de dollars). Le Koweït a annoncé une aide de cinq millions de dollars. Pour rappel, après le séisme sur l’île indonésienne de Java, le Koweït, le Qatar et les Emirats arabes unis (EAU) ont été parmi les premiers à offrir leur aide. Même lorsque l’ouragan Katrina a ravagé les côtes américaines du golfe du Mexique, les monarchies du golfe EAU, Arabie Saoudite et Qatar ont débloqué chacun 100 millions de dollars. Les Etats-Unis n’avaient rien demandé. Il y a donc deux poids, deux mesures même dans la détresse. Si seulement les 300 millions de musulmans donnaient chacun 1$ chacun, c’est au total 300 millions de $ ; mieux encore si le milliard de musulmans donnait seulement 0,5$ c’est 750 millions de dollars qui contribueraient à alléger la douleur des enfants pakistanais. Que l’on ne se fasse pas d’illusion ! Les 460 millions de dollars promis même s’ils étaient réellement récoltés, c’est à peine 25$ par pakistanais et après ? Le ministre pakistanais des Affaires étrangères parle de 43 milliards de dollars pour reconstruire le Pakistan.

    Un dernier mot, qu’ont fait les pays arabes pour solliciter l’aide de leurs peuples ? Y a-t-il un téléthon ? Même pour celles et ceux qui veulent faire un don, il n’y a pas de circuit à ma connaissance, de circuit de collecte. Que font aussi les musulmans, notamment en Europe pour le Pakistan ? Que font les intellectuels musulmans dans le monde dont le silence assourdissant ne leur donne aucune légitimité morale ? C’est dire que nous devons expliquer pourquoi cette indifférence des pays arabes et musulmans ? Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas accuser les autres si on ne fait pas l’anamnèse d’abord en nous. Il est vrai que les médias occidentaux aux ordres nous donnent une image sanglante du Pakistan, de leur collusion avec les Taliban et cela dans une information en boucle. Lors du tsunami indonésien, les politiciens et les artistes étaient sortis pour favoriser les dons. Même chose pour Katrina. Les Américains avaient organisé un téléthon pour aider les sinistrés. Pour le tremblement de terre en Haïti, les personnalités se sont mobilisées. Les médias aussi.

    Justement, le plaidoyer de Christine Raynaud nous parait digne d’être rapporté : Il met l’accent sur la responsabilité des médias qui noircissent à dessein l’image du Pakistan. Comment s’étonner, en effet, qu’aujourd’hui où le pays et ce peuple fier sont victimes des pires inondations de leur histoire, les généreux donateurs français, européens, occidentaux se trouvent quelques hérissons dans le porte-monnaie, quand on sait l’image négative que tous les médias ne cessent de construire autour du Pakistan ? Comment venir en aide à des gens qui posent des bombes, qui tuent des otages ou qui maltraitent des femmes ? (...) Quand je suis revenue des montagnes de l’Hindu Kush, j’ai regardé, ahurie, à la télévision pakistanaise ou internationale des images violentes de voitures en flammes, de pompiers débordés, avec ce titre en français. Affolée, j’ai téléphoné à ma famille en région parisienne qui s’est empressée de me rassurer : les images que je voyais étaient très exagérées et les événements n’étaient pas aussi sanglants que les médias du monde entier me les montrent. Sur place, ma famille pakistanaise s’inquiétait pour moi, pour ma famille en France et se demandait ce que pouvait être ce pays où les voitures brûlaient ainsi le soir venu ! J’ai trouvé ce paradoxe extraordinaire : ces gens qui venaient pratiquement de m’adopter et qui, dans mon pays natal, passaient pour des extrémistes religieux, les derniers barbares de notre monde civilisé, étaient effrayés pour moi de la situation intérieure dans mon propre pays, patrie soi-disant des Droits de l’Homme ! »

    « C’est là que j’ai compris à quel point les médias, télévision, presse, cinéma, etc. pouvaient construire ou détruire une réalité sociale ou politique, par l’exagération, la passion du spectacle, la volonté de toujours faire peur, d’effrayer le citoyen. (...) Pourtant, le Pakistan est un Paradis : tous les voyageurs vous diront l’accueil chaleureux des habitants, qu’ils soient Punjabis, Pashtuns, Balouchtes, sunnites, chi’ites ou ismaéliens. (..) Plus que donner de l’argent ou de l’aide humanitaire aux Pakistanais aujourd’hui, il faudrait arrêter de les considérer comme le peuple voyou de cette planète. Pour cela il faudrait que chaque spectateur, lecteur, auditeur, prenne pleinement conscience de l’influence négative des médias (...) (8).

    On dit souvent que l’histoire et la politique au Pakistan se résument en 3 A (Allah, Amérique et Armée). Le manichéisme règne. Il y aurait donc de « bonnes » causes humanitaires et de « moins bonnes » pour des raisons non pas humanitaires mais politiques, voire culturelles et cultuelles. Quelles que soient les raisons invoquées, les Pakistanais n’en sont pas moins des êtres humains. Aujourd’hui, ils souffrent. Ils ont besoin de notre aide.

    Pr Chems Eddine CHITOUR
    Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz

    1. Réunion à l’ONU pour accélérer l’aide au Pakistan Le monde.fr avec AFP 19.08.2010

    2. Pakistan : qui donne quoi ?Le Monde.fr 18.08.2010

    3. Naïké Desquesnes : Le Pakistan accepte l’aide de son voisin indien Le Courrier 20.08.2010

    4 .Frederic Burnand Pakistan : l’aide forcément intéressée des Etats Swissinfo 19/08/2010

    5. Trop d’hypocrisie. The Nation 19.08.2010

    6. Suhail Siddiq : Pakistan, une émotion à géométrie variable Oumma.com 19 août 2010

    7 .André Pratte http: //blogues.cyberpresse.ca/edito/2010/08/09/ 9 août 2010

    8.Christine Raynaud : L’image négative du Pakistan Le Monde 17.08.2010

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Le-tsunami-silencieux-du-Pakistan-pourquoi-tant-d-indifference.html

    votre commentaire