• LES SANS PAPIERS DE LA RUE BAUDELIQUE SUR LE DÉPART ...

    Le 7 août 2010, la moitié des 3000 sans-papiers qui occupent les locaux de la CPAM, rue Baudelique, dans le 18e arrondissement de Paris, quitteront les lieux. En échange, la préfecture leur promet de régulariser leurs dossiers. Un leurre ?

    Est-ce la fin d’une occupation qui dure depuis plus d’un an ? Celle des locaux vides de la CPAM, rue Baudelique, dans le 18e arrondissement de Paris. L’endroit avait été rebaptisé le Ministère de la régularisation de tous les sans-papiers. 3000 sans-papiers de 25 nationalités différentes s’y retrouvent quotidiennement depuis le 17 juillet 2009. Pour tenter d’attirer l’attention des médias et réclamer leur régularisation. Le 7 août prochain, ils seront au moins 1300 à quitter les lieux.

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    Sissoko, Anzoumane, porte partole du Collectif 75 des sans-papiers : « Pour que les discussions reprennent, il faut que nous partions, c’est ce qu’on nous a fait comprendre. »

    C’est ce qu’affirme Sissoko Anzoumane, porte-parole du Collectif 75 des sans-papiers : « Les dossiers de régularisation sont bloqués depuis le mois d’avril par la préfecture. Or le but de l’occupation était de les faire avancer. Pour que les discussions reprennent, il faut que nous partions, c’est ce qu’on nous a fait comprendre. »

    La préfecture a promis qu’elle examinerait, à partir de la sortie des locaux, 300 dossiers déjà déposés auprès de ses services. Et que les dossiers des autres sans-papiers seraient ensuite examinés. « D’une part, il faut relancer les discussions, estime Sissoko Anzoumane. Or le rapport de force nous était actuellement défavorable. D’autre part, si nous ne partons pas, la police interviendra, et il risque d’y avoir des violences puis des reconduites à la frontière. »

    Ainsi, les pouvoirs publics mettent la pression afin que les locaux soient évacués. La CPAM aurait trouvé un acquéreur, Euro Credim, qui souhaiterait construire une maison de retraite, une crèche et des logements sociaux et privés. Il y a deux ans, ces locaux étaient convoités par la Mairie du 18e, qui avait fait une offre finale de 29 millions d’euros. La CPAM exigeait 32 millions d’euros. Les négociations avaient été rompues en mars 2009 (voir en encadré la position de la Mairie)

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    « Nous avons l’impression que c’est l’expulsion de la Bourse du travail qui se rejoue » : Antoine Lagneau, secrétaire du groupe local des Verts-Europe Ecologie.

    Mais tous les sans-papiers ne sont pas d’accord pour abandonner la CPAM. Pour l’instant, 1 700 personnes auraient décidé de rester. « Jusqu’à maintenant, les mouvements de soutien aux sans-papiers s’étaient rassemblés au sein du ministère de la Régularisation, explique Antoine Lagneau, secrétaire du groupe local des Verts-Europe Ecologie. Il faudra veiller à ce que les dissenssions ne provoquent pas la dispersion du mouvement. »

    « Nous avons l’impression que c’est l’expulsion de la Bourse du travail qui se rejoue, ajoute Antoine Lagneau. La préfecture s’était engagée avec les mêmes promesses d’études des dossiers de régularisation. Elle ne les a pas tenues. Il n’y a pas de raisons, dans le climat actuel, pour que cette fois-ci, les promesses soient tenues. »

    Il faudra donc peut-être songer à trouver un autre endroit à occuper. « On les aidera dans cette démarche, comme dans le passé, conclut Antoine Lagneau. Occuper des locaux est la seule façon de sortir de l’anonymat, d’organiser des happenings et de mettre en place l’aide auprès des sans-papiers. »

    Pour l’occupation de la rue Baudelique, Sissoko Anzoumane dit ne pas avoir été déçu : « Le mouvement a beaucoup gagné en termes de popularité. Dans le 18e, par contre, même si certains sont venus nous aider, d’autres ont été un peu hostiles. Certains se sont plaints du bruit. Mais à 3000, même quand on parle sans hausser la voix, c’est inévitable. »

    Le 7 août prochain,le départ est prévu à 12h00. Les sans-papiers se dirigeront vers la place de la République, où ils pique-niqueront à 14h00.

    La mairie du 18e redoutait « une expulsion brutale »

    Didier Vallet, directeur de cabinet de Daniel Vaillant, maire du 18e arrondissement de Paris explique que la municipalité craignait l’expulsion « brutale » des sans-papiers de la CPAM. Il précise aussi qu’avant l’occupation, la mairie avait souhaité acheter ces locaux :« En 2008, nous nous étions manifestés pour acquérir les bâtiments de la CPAM. Ne réussissant pas à nous accorder sur le prix, les négociations avaient été rompues en mars 2009. En juillet 2009, l’occupation débutait. Depuis, nous avons entretenu des relations a minima avec les occupants de la rue Baudelique : l’affaire doit être réglée avec le ministère de l’Intérieur et le gouvernement, nous n’avons aucun pouvoir, malgré notre désaccord avec ces politiques.

    Début 2010, un groupe immobilier privé, Euro Crédim, a contacté la mairie, pour y voir plus clair sur la situation de ces locaux. Le groupe était intéressé par ces locaux pour y construire une maison de retraite et un centre d’accueil pour personnes handicapées. Nous leur avons simplement rappelé que selon le Plan local d’urbanisme, il fallait y intégrer une crèche, des logements sociaux. Ce qu’ils ont fait. Mais ils n’achèteront les locaux qu’à condition qu’ils soient évacués. C’est pourquoi la CPAM a pris contact avec la préfecture, pour qu’elle organise cette évacuation.

    Nous redoutions une expulsion brutale, type Saint-Bernard. Si elle se produit, on la condamnera. Mais si la sortie par le haut se confirme, avec le départ volontaire des sans-papiers, c’est la meilleure solution. »


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  • Israël s’est glissé dans l’UE sans que personne ne le remarque

    Robert Fisk - The Independent


    « Israël a noué des liens politiques et économiques si solides avec l’UE au cours des 10 dernières années qu’il est devenu un État membre de l’Union à tous les égards sans en avoir le nom. »
     
     
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    Affrontement entre soldats israéliens et Palestiniens protestant contre l’offensive de Gaza l’hiver 2008-2009 - Photo Abbas Momani

    C’est à peine si la mort de cinq soldats israéliens dans un accident d’hélicoptère en Roumanie a fait les titres des journaux.Il n’y avait pas d’exercices conjoints OTAN - Israël. Soit. Imaginez le décès de cinq combattants du Hamas dans un accident d’hélicoptère en Roumanie cette semaine. Nous n’aurions pas fini d’en parler. Extraordinaire.

    Attention, je ne compare pas Israël au Hamas. Israël est le pays qui a massacré avec raison 1300 Palestiniens à Gaza il y a 19 mois - dont plus de 300 enfants - tandis que le Hamas cruel, assoiffé de sang et terroriste tuait 13 Israéliens (dont trois soldats qui s’étaient tirés dessus par erreur).

    Mais il y a un parallèle. Richard Goldstone, éminent juge sud-africain juif, a conclu, dans le rapport de 575 pages sur le bain de sang de Gaza qu’il a établi à la demande des Nations unies, que les deux côtés avaient commis des crimes de guerre ; bien entendu scandale compréhensible chez divers partisans d’Israël aux USA qui ont vu en lui, avec raison, l’incarnation du « mal » ; quant à son excellent rapport, sept gouvernements de l’Union européenne l’ont rejeté. Je me pose donc la question :que fait l’OTAN dans des jeux de stratégie militaire avec une armée accusée de crimes de guerre ?

    Ou, pour être plus précis, pourquoi donc l’Union européenne cajole-t-elle les Israéliens ? Dans un livre à paraître bientôt, remarquable et détaillé même si le ton en est un peu trop furieux , l’infatigable David Cronin présentera en novembre une analyse microscopique de « nos » relations avec Israël. Je viens de terminer le manuscrit et il me coupe le souffle. Comme il le dit dans sa préface, « Israël a noué des liens politiques et économiques si solides avec l’UE au cours des 10 dernières années qu’il est devenu un État membre de l’Union à tous les égards sans en avoir le nom. » Effectivement, ce fut Javier Solana, le dirigeant débraillé de la politique étrangère de l’UE (ancien secrétaire général de l’OTAN) qui a en fait dit l’année dernière « Israël, permettez-moi de le dire, est membre de l’Union européenne sans être membre de l’institution ».

    De quoi ? Le savions-nous ? L’avons-nous voté ? Qui a permis cela ? David Cameron - qui fait maintenant campagne pour l’entrée de la Turquie dans l’UE - est-il d’accord ? Je suppose que oui puisqu’il continue à se dire un « ami d’Israël » alors que ce pays a produit une excellente série de faux passeports britanniques pour ses assassins de Dubaï. Comme le dit Cronin, « la pleutrerie de l’UE envers Israël contraste fortement avec la position ferme qu’elle a prise par rapport à des atrocités majeures commises dans d’autres conflits ». Après la guerre entre la Russie et la Géorgie en 2008 par exemple, l’UE a chargé une mission indépendante d’enquêter sur les éventuelles violations du droit international et elle a exigé une enquête internationale sur les abus des droits humains après la guerre du Sri Lanka contre les Tigres tamouls. Cronin n’exempte pas la responsabilité de l’Europe pour l’holocauste des juifs et convient que nos gouvernements auront toujours un « devoir moral » pour que cela ne se reproduise pas - bien que j’aie bien remarqué que Cameron a oublié de mentionner l’holocauste arménien de 1915 quand il faisait sa cour aux Turcs cette semaine.

    Mais cela n’est pas tellement pertinent. En 1999, les ventes britanniques d’armes à Israël - pays qui occupe la Cisjordanie (et également Gaza) et qui construit des colonies illégales pour les juifs et pour les seuls juifs sur des terres arabes - se montaient à 11,5 millions de livres ; en deux ans ce chiffre à presque doublé pour atteindre 22,5 millions. Ces livraisons comprennent des armes légères, des kits de fabrication de grenades et de l’équipement pour les avions de combat et les tanks. Il y a eu quelques refus après qu’Israël a utilisé des tanks centurions modifiés contre les Palestiniens en 2002, mais en 2006, l’année où Israël a massacré 1300 Libanais, presque tous des civils, à l’occasion d’une autre croisade contre la « terreur mondiale » que représente le Hezbollah, la Grande-Bretagne a accordé plus de 200 licences d’armes.

    Bien entendu, une partie de l’équipement britannique transite par les USA pour être acheminé en Israël. En 2002, la Grande-Bretagne a donné des " head-up displays » (N.d.T (dans les avions de combat, tableau de verre dans la cabine de pilotage où figurent les données du vol et du combat), HUD) fabriqués par BAE Systems pour Lockheed Martin qui les a promptement installés dans des bombardiers de combat F-16 destinés à Israël. L’UE n’a pas soulevé d’objection. Il convient d’ajouter que la même année, les Britanniques acceptaient de former 13 militaires israéliens. Des avions US transportant des armes vers Israël au moment de la guerre contre le Liban de 2006 ont fait le plein à des aéroports britanniques (et hélas, aussi dans des aéroports irlandais). Les trois premiers mois de 2008, nous avons accordé de nouvelles licences d’armes pour un montant de 20 millions de livres - juste à temps pour l’assaut israélien contre Gaza. Les hélicoptères Apache utilisés contre les Palestiniens, dit Cronin, contiennent des pièces fabriquées par SPS Aerostructures dans le Nottinghamshire, Smiths Industries dans le Cheltenham, Page Aerospace dans le Middlesex and Meggit Avionics dans le Hampshire.

    Dois-je continuer ? Israël, en passant, a été félicité de l’ aide « logistique » qu’il a fournie à l’OTAN en Afghanistan - là, où nous tuons annuellement encore plus d’Afghans que les Israéliens ne tuent habituellement de Palestiniens - ce qui n’est pas surprenant puisque que le boss militaire israélien Gaby Ashkenazy a visité le siège de l’OTAN à Bruxelles pour plaider en faveur de liens plus étroits avec cette institution. Et Cronin parle de façon convaincante d’un arrangement financier extraordinaire - au point d’en être obscène - en « Palestine ». L’UE finance des projets à Gaza pour des millions de livres. Ces projets sont régulièrement détruits avec les armes israéliennes fabriquées aux USA. Ça marche comme ça : les contribuables européens financent les projets. Les contribuables US financent les armes qu’Israël utilise pour détruire les projets. Ensuite les contribuables EU donnent le fric pour financer la reconstruction du tout. Et ensuite les contribuables US... Je crois que vous avez compris. Israël, en passant, a déjà un programme de coopération « individuelle » avec l’OTAN, lui donnant accès au réseau informatique de l’organisation.

    Dans l’ensemble, c’est bien d’avoir un allié aussi farouche qu’Israël dans notre camp, même si son armée est composée de voyous et que certains de ses hommes sont des criminels de guerre. Puisqu’on en est là, pourquoi ne pas demander au Hezbollah d’entrer à l’OTAN également - imaginez combien ses tactiques de guérilla seraient utiles pour nos garçons dans le Helmand. Et puisque les hélicoptères Apache israéliens tuent souvent des civils libanais - par exemple, en 1996, une ambulance pleine de femmes et d’enfants, a été pulvérisée par un missile air - sol Boeing Hellfire AGM 114C - espérons que les Libanais peuvent encore envoyer des salutations amicales aux gens de Nottinghamshire, Middlesex, Hampshire et, bien sûr, Cheltenham

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    Du même auteur :

    -  Le journalisme et les « mots de pouvoir »
    -  Pour Israël, le silence du Hizbollah en dit des tonnes
    -  J’écoute un peuple perdu me raconter ses souffrances dans une sorte de transe
    -  Les 3 lignes de défense qui peuvent changer la face du Proche-Orient Dubaï : les explications de la Grande-Bretagne sont truffées d’incohérences
    -  Pourquoi les USA ferment-ils les yeux sur les bulldozers israéliens ?
    -  Afghanistan : une stratégie dont l’échec est programmé


     
     

    31 juillet 2010 - The Independent - Cet article peut être consulté ici :
    http://www.independent.co.uk/opinio...
    Traduction : Anne-Marie Goossens

     

     


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  • D’une guerre petite ou comment Sarkozy involue

    Le chef de l’Etat s’est déchainé sur Grenoble le 30 juillet 2010. Grenoble, qui n’avait pas besoin de ce panneau de signalisation d’une couleur particulière.

    La prose hystérique du perpétuel candidat Sarkozy de Nagy-Bocsa envers les étrangers coupables, les français coupables d’avoir été un jour étrangers et les minorités coupables d’être différentes de la majorité, était à l’évidence destinée à détourner les yeux citoyens du ministre des portefeuilles bourrés à craquer.

    Au-delà, il s’agit fondamentalement d’escamoter 100000€ dont l’évidence qu’il les as reçus et même sollicités s’affirme en creux dans ses dénégations du bateleur face à la momie Pujadas, et surtout dans les interventions et les freins permanents téléguidés qui entourent cet affaire d’Etat, à commencer par le refus obstiné autant que silencieusement honteux de Sarkozy de Nagy-Bocsa de ne pas nommer de juge d’instruction pour ce scandale permanent qu’est l’affaire Woerth-Bettencourt-Sarkozy.

    Les réactions de la presse comme des politiques de « l’opposition » sont dans l’ensemble d’une petitesse qui donne véritablement la nausée.

    On peut d’ailleurs compter sur le PS pour reprendre le flambeau sécuritaire si, par accident ou total aveuglement, les français remettaient en piste les vieilles carnes blanchies sous leurs connivences constantes avec l’ordre de droite global que la bourgeoisie capitaliste nous inflige depuis 30 ans pour préserver ses intérêts, au lieu d’élire des hommes politiques de Gauche ;

    Woerth est déjà dehors. Dès la première descente dans la rue, en septembre, va lui revenir en pleine figure son obstinatioin à ne pas assumer ses liens financiers permanents avec ce gotha stratosphérique qui pille le travail des français. Pour chaque minute de déni la masse des refus grossira. Comme elle grossira dans l’ombre de la liste des fraudeurs non-publiée, Bettencourt dans l’impunité pendant des mois, les anciens ennuis du ministre avec la Justice, déjà pour des problèmes de financement. Embarras du choix.

    Parenthèse, il n’y a que les privilégiés à écharpe pour s’impliquer ou défendre ce maqullage total que le Medef appelle « réforme des retraites » et qui protège encore le fusible Woerth.

    Analyse, coups de menton et doctes considérations complètement à l’ouest de la réalité la plus évidente. Les comptes des retraites sont aujourd’hui fondamentalement sains et l’horreur de la faillite une hypothèse gratuite pour nous faire accepter l’innaceptable.

    La réforme des retraites, la vraie, sera d’augmenter les taux de pensions et de baisser le temps de travail, naturellement. Pour cela, il faut lancer une vraie guerre. Contre les entreprises qui n’embauchent pas et pour des salaires correspondant à la sueur des salariés, la plus intense du monde si on arrête d’écouter ceux qui ont pour profession de faire travailler les autres. Ainsi les français auront de l’emploi, des revenus et pourront vivre dignement en faisant vivre les patrons, sans les gaver. Mais c’est évidemment des adversaires qui ne sont pas maltraités depuis des années, exploités par des patrons-voyous, baladés d’une ville, d’un pays à l’autre, massacrés abondamment comme le furent les Roms pendant la guerre du Kosovo.

    Il ne faudrait pas non plus glisser sous le taps que l’instrument de mesure de cette guignolade dénommée « réforme des retraites » s’appelle COR, un institut gouvernemental. Ce qui en dit assez sur son indépendance.

    Un vrai pool de « haut-fonctionnaires » à multiples casquettes y phosphore. Les trois-quart sont à droite, encartés UMP, le dernier quart est composé de syndicalistes en transat qui valident des études fallacieuses et des projections catastrophistes à 50 ans alors qu’on ne sait pas ce que vont faire les vautours des marchés financiers dans les 5mn

    De toute façon, la « réforme » est jugée totalement insupportable par les français que l’on peut cotoyer dans nos villes et dans nos campagnes. Les français, pas les agents du capital qu’invitent Calvi ou Etienne dans leurs débats organisés par celui que Sarkozy de Nagy-Bocsa, jamais en reste d’une calin pour les riches, appelle son « frère », Arnaud Lagardère. Les français qui n’ont également rien à faire des sondages à gages de toutes ces officines signant des « enquêtes » sur un coin de table avec l’Elysée pour des montants faramineux.

    Sur son contenu, le petit cadeau « retraite » au Medef est impensable. Au plan acceptabilité, cette réforme suscite et suscitera un léger tsunami de rancune. A l’aune de la pédagogie du projet et de la culture du résultat, c’est juste un bric-à-brac non-viable qui ambitionne de condamner les français au chômage en fin de carrière en baissant les pensions. Elle va disperser au vent les miettes de doute positif demeurant dans la tête des rares attardés à chérir l’UMP et son chef. Sans oublier que cet échec annoncé va cadenasser toute possiblité de proposer d’autres « réformes » d’envergure dans l’avenir.

    Instantané du désastre. La réforme est cassée sauf passage totalement en force. A ce jeu-là le résident de l’Elysée peut déjà envoyer un CV à Goldman Sachs. Woerth est totalement démonétisé. Wauquiez, Longuet et autres Bachelot patientent dans les coulisses pour recevoir leur bon de sortie.

    Comment bâtir son propre mur et foncer dessus à pleine vitesse en appuyant, bien entendu, à fond sur le klaxon.

    La méthode Sarko est candidate au musée Grévin. Les lendemains de rupture ont roté et roulé sous la table du Fouquet’s. Travailler plus c’est désormais la moins vendeuse des mystifications, le chômage n’ayant jamais cogné si fort sur la tête de français. Français qui n’auront pas besoin de régime en aout, s’ils trouvent une plage sans pétrole.

    On voit clairement leurs côtes, leur graisse est aspirée par les hypers. Hypers-canailles autorisés à faire grimper les prix toujours et encore par le représentant assurant qu’ « il ne laisserait personne au bord de la route ». Allez, l’eau, le gaz, l’électricité, les cigarettes, les taxes, les assurances mutualistes et privées, plus haut vous aussi, plus haut !...

    Trois choses n’augmentent pas, tout de même. La crédibilité de Sarkozy de Nagy-Bocsa, le traitement des problèmes de fond des français et les salaires. Mais il y a toujours un socialiste pour réclamer un Grenelle de la Sécurité.

    Nicolas ne le sait pas, qui dort dans son grand château, sa badiine sur les genoux.

    Les français ne font même plus de chateaux en Espagne, eux. Ca fait pas mal de temps qu’ils ont vu qu’il est carrément sorti de la route pour se replier sur sa cour surpayée, rarement élue.

    Ca fait même un sacré bail qu’il ramène d’une voix tremblantes des recettes qui font rire même les frontistes acharnés à propulser du basané dans les eaux glacées qui entourent le pays. Le gamin du haut château ne les fait plus rire, aux français. Ils ont totalement oublié son prénom.

    Avec lui, le pire est toujours certain. Aujourd’hui, il descend encore un barreau et se vautre dans le registre de l’involution. Il revient aux postures d’il y a dix ans.

    C’était le bon temps, il « tuais le job », tout en finesse vue à la télé. D’ailleurs il veut tuer tous azimuths, c’est le propre sanglant de toute « guerre ». Après toutes ces années, il gonfle les mots comme les statistiques mais le fond ne change pas d’un iota. Demain, retour vers le passé assuré.

    Il est assez certain aussi que le job et ceux qui font le job, tous ces policiers qu’il n’arrête pas de célébrer, de saluer, d’armer de joujous de plus en plus criminels et de former à nous étouffer, vont encore, grace à cette régurgitation de potions d’antan, nous servir quelques bonnes bavures.

    RESF n’aura que l’embarras du choix pour filmer des actes barbares dans les avions de la honte et les centres de rétention. Nous devrions vérifier de toute urgence nos papiers, notre teint, notre ascendance et nous résigner à voir les sirènes de tous ces gardiens d’un rêve de fer nous casser les oreilles en permanence dans les rues de nos villes et de nos campagnes.

    Quand il ne leur prendra pas lubie de nous garder bien en vue. A la vitesse où Sarkozy de Nagy-Bocsa multiplie les origines à risque, il y a peu de chances qu’il reste un seul français tranquille dans ce pays, sauf madame Bettencourt bien entendu.

    Ainsi se traquent les fantasmes, ainsi on convoque Thatcher, ainsi on agite des drapeaux pour un ordre qui n’a rien de nouveau, ainsi on drague les instincts les plus anti-sociaux pour garder les fesses sur un coussin brodé.

    Taimoin ici


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  • Dénaturalisation : Pétain l'a fait, Sarkozy veut l'imposer.

    Le 30 juillet 2010, lors de son déplacement à Grenoble destiné à annoncer l’amplification de sa politique sécuritaire, Sarkozy a déclaré : « Il ne faut pas que nous hésitions à réévaluer les motifs pouvant donner lieu à la déchéance de la nationalité française. […] La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un gendarme ou de toute personne dépositaire de l’autorité publique. » (« Nicolas Sarkozy met la déchéance de nationalité au cœur de sa politique sécuritaire », article publié sur le site du Journal Le Monde le 30/07/2010).

     

     

    Si ce souhait présidentiel était exhaussé (il y a tout lieu de craindre que le Parlement vote un texte en ce sens), ce serait la première fois depuis le régime de Vichy que l’Etat français dénaturaliserait des personnes pour d’autres raisons que celles en vigueur actuellement : l’atteinte à la sureté de l’Etat (ce que l’on qualifie généralement « d’actes de terrorisme »), et le fait d’œuvrer pour une puissance étrangère et contre les intérêts de l’Etat français (c’est-à-dire faire de l’espionnage pour le compte d’une puissance étrangère).

    Attention, cher lecteur ! Ne te méprend pas sur l’usage de l’expression « régime de Vichy » employée ci-dessus. Pas question de se risquer à faire des comparaisons historiques entre la politique de discrimination et de persécution mise en œuvre par le régime de Pétain, et la politique du gouvernement de Sarkozy. Ces comparaisons, le Collectif SOIF D’UTOPIES et le RESF 37 ont cru bon de les faire, récemment, à propos de l’utilisation d’enfants comme appâts pour pouvoir arrêter et expulser des familles sans papiers. Bien mal leur en a pris ! Deux militants de SOIF D’UTOPIES et deux membres du RESF 37 devront en effet comparaître devant le Tribunal correctionnel de Tours le 16 septembre 2010, à la suite d’une plainte du Ministre de l’Intérieur. Brice Hortefeux estime qu’ils auraient diffamé le corps préfectoral par l’emploi de ce type de comparaisons historiques. Si ces militants étaient condamnés, cela signifierait que la Justice accède à la volonté du gouvernement de censurer la réflexion historique, une des sources des critiques de la politique sécuritaire, discriminatoire et xénophobe actuelle. Le 16 septembre, déboutons Hortefeux !

    Rappeler que, depuis le gouvernement de Vichy, aucun chef d’Etat français n’a envisagé publiquement et concrètement de destituer de la nationalité française des personnes d’origine étrangère pour des raisons sécuritaires, rappeler ce fait vaudra-t-il les foudres du pouvoir – cette fois, celles du Président de la République lui-même ?

    En proposant de recréer deux catégories de français, les français d’origine, au statut garanti, et les « français précaires » d’origine étrangère, le Président de la République, en principe garant de la Constitution de la République, remet gravement en cause l’un de ses piliers les plus essentiels : le principe d’égalité. Et cette définition de deux catégories de français, Sarkozy veut la fonder sur le critère de l’origine.

    C’est parce que ce type de différenciation contient en lui-même la possibilité de catégoriser les citoyens selon des critères ethniques et raciaux que l’INSEE n’a pas le droit d’établir de statistiques à partir des origines des individus ayant la nationalité française. Segmenter ainsi la population à partir de critères d’origine géographique, qui sont de fait des critères ethniques, débouche inévitablement sur la définition de français de seconde zone, que l’on pourra traiter comme des sous-hommes. C’est ce qui se passe avec l’offensive haineuse actuelle contre les Roms et les « Gens du voyage », ces gens que l’on déshumanise en les présentant, comme le faisait la propagande d’extrême-droite des années 30 et 40, comme des monstres à éloigner, voire à éliminer. C’est un moyen éculé, employé depuis des lustres par la bourgeoisie, pour en finir avec cette théorie « funeste » de la lutte des classes.

    Ce contrôle des populations par l’Etat, qui suppose leur ethnicisation, et que le régime de Vichy avait légalisé en son temps, conduit inévitablement à entériner l’apartheid social. Nous ne pouvons accepter de tels choix de société, qui conduisent au renforcement des inégalités sociales en racialisant des pans entiers de la population. Ainsi procède le pouvoir aujourd’hui, face aux personnes impliquées dans des conflits sociaux, - par exemple lors des émeutes dans les quartiers ghettos, lors des révoltes contre des violences policières conduisant à la mort d’individus, comme à Villiers-le- Bel ou à Saint-Aignan.

    Le projet de déchéance de la nationalité française porté par Sarkozy s’inscrit en continuité des politiques sécuritaires menées depuis la fin des années 1990 au moins, tant par les gouvernements de droite que par les gouvernements de gauche. Pendant que s’accumulent les problèmes du chômage, de la misère, du logement, qui conduisent à l’appauvrissement de pans entiers de la population et à des drames humains, se renforce la xénophobie d’Etat. Les Manouches, les Roms et les Tziganes sont les nouvelles victimes désignées à la vindicte publique. Ils devront subir la destruction de leurs campements, la criminalisation de leurs comportements, et pour certains les expulsions du territoire – avec, cerise sur le gâteau, les contrôles fiscaux !

    Les Bettancourt et consorts peuvent verser leur obole à une caste politique qui n’a d’autres perspectives que de se maintenir ou d’accéder de nouveau au pouvoir. Leurs «  bienfaiteurs » continuent à nous exploiter, à dégrader nos conditions de vie et, en fin de compte, à détruire la planète. Ainsi, les plus riches soutiennent financièrement, en toute impunité, des partis et candidats politiques à leur botte, en versant quelques subsides à des micro-partis. A l’opposé, on propose à des pauvres de survivre en créant des micro-entreprises, idée « géniale » du micro ministre Martin Hirsh !

    Finissons en avec ces cauchemars du passé et du présent. Prenons nos affaires en mains. Eros doit terrasser Thanatos !

    Tours, le 31/07/2010

    SOIF D’UTOPIES

    soifdutopies@yahoo.fr


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