• Gaza : les bombes qui restent


    « Quand le phosphore blanc se répand sur la peau, il brûle profondément jusqu’aux muscles puis aux os, continuant à brûler jusqu’à ce qu’il soit privé d’oxygène, » explique Amnesty International.
     
     
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    A 12 heures précises ce jeudi, dans les collines sablonneuses du sud de Gaza, une explosion commandée à distance a détruit un autre tas d’obus au phosphore blanc laissés dans Gaza après la guerre israélienne de 2008-2009.

    Les experts en explosifs du groupe consultatif Mines Advisory Group (MAG) et de l’équipe des Nations Unies United Nations Mine Action Team (UNMAT) travaillent de concert pour éliminer les restes de la mortelle attaque israélienne. Les bombardements israéliens depuis la terre, la mer et les airs ont laissés un grand nombre de munitions non explosées (UXO, ou unexploded ordnance) dans les zones d’habitations.

    Dans une routine précise et technique qui tient compte de tous les dangers possibles pour les employés du MAG et de l’UNMAT, aussi bien que pour les Palestiniens habitant à Gaza, les experts en explosifs, détonation après détonation, sont en train de débarrasser Gaza des obus au phosphore blanc qui sont restés.

    Afin de les priver d’oxygène, les obus sont d’abord moulés dans du plâtre, puis placés dans de grands récipients remplis de sable jusqu’au jour de leur destruction.

    Les détonations télécommandées se produisent deux fois par semaine, en coordination avec le gouvernement du Hamas et l’armée israélienne dont les avions de guerre survolent les lieux de mise à feu cet l’après-midi.

    Le jour où la septième série d’UXOs doit exploser, il y a huit obus à détruire. Deux sont totalement pleins et les six autres sont brisés mais sans avoir explosé. À l’intérieur de chaque obus se trouvent 122 éléments spongieux imbibés du produit chimique mortel conçu pour se disperser au loin au moment de l’explosion.

    « Quelques obus de phosphore peuvent ne contenir que du liquide, » explique Mark Russel, le directeur technique du MAG. « Mais la sorte utilisée à Gaza contenait des éponges, dont il est plus difficiles de se débarrasser. »

    L’utilisation des obus de phosphore avec des éponges par Israël dans son attaque sur Gaza il y a 18 mois, faisait aussi que la probabilité de blesser des civils était plus grande.

    Les destructions commandées font en sorte que ces obus ne nuisent pas à l’avenir à des civils et permettent que l’arme chimique mortelle se consume dans des puits creusés dans la terre, suffisamment loin des maisons les plus proches pour ne pas causer de dégâts.

    Vingt minutes après la première détonation, lorsque l’essentiel de la fumée épaisse et blanche s’est consumée et s’est dissipée, les techniciens du MAG cherchent les éponges qui ont pu se disperser et les amènent au puits où elles sont brûlées.

    Un débris isolé brûle en cinq à dix minutes, mais s’il est couvert de sable il peut rester en veille pendant des jours, se rallumant avec la poussée du bâton d’un enfant ou le contact d’une chaussure.

    Jim Hill, un médecin canadien travaillant pour le MAG à Gaza, explique son travail. « Nous sommes ici au cas où il y aurait des blessures dues au phosphore blanc, par inhalation de fumée ou par des explosions inattendues causant des blessures. »

    Hill et d’autres médecins accompagnent l’équipe pendant que celle-ci contrôle avec précaution les emplacements où le dégagement de décombres a finalement pu commencer, plus d’une année après les destructions.

    Avec plus de 4000 maisons complètement détruites et 16 000 maisons partiellement ou gravement endommagées, le risque avec les munitions non explosées (UXO) est énorme. Buswell explique que leur travail ne fait que commencer.

    La guerre de 23 jours lancée par Israël sur Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 a tué plus de 1500 Palestiniens, et a fait plus de 5320 blessés. Parmi tous ces morts et blessés se trouvent ceux qui ont été touchés par les bombardements au phosphore blanc.

    « Quand le phosphore blanc se répand sur la peau, il brûle profondément jusqu’aux muscles puis aux os, continuant à brûler jusqu’à ce qu’il soit privé d’oxygène, » explique Amnesty International.

    Le Docteur Nafez Abu Shaban, responsable de l’unité pour le traitement des brûlures à l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, a dit au Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR), avoir vu des patients « avec de très graves brûlures où les muscles et des parties du corps sont complètement détruits. »

    Parmi les cibles des soldats israéliens se trouvaient les maisons, les écoles où des milliers de Palestiniens s’étaient réfugiés, les bâtiments des Nations Unies stockant de l’aide humanitaire, et les hôpitaux. Plus de la moitié des 27 hôpitaux et des 44 centres médicaux de Gaza ont été soit détruits soit endommagés.

    L’hôpital Al-Quds dans la ville de Gaza et le centre de réadaptation Al-Wafa à l’est de Sheyjayee, héberge plus de 50 patients, la majorité d’entre eux étant invalides et dépendant de mécanismes de support, et qui ont souffert plusieurs bombardements dont directement ceux au phosphore blanc.

    Les dirigeants israéliens ont tout d’abord nié l’emploi du phosphore blanc, puis ils l’ont admis, tentant de justifier son emploi comme écran de fumée pour les soldats. Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) estime que son utilisation dans des zones civiles « est simplement interdite », et relève que le phosphore blanc peut se répandre jusqu’à plusieurs centaines de mètres carrés, avec « une capacité à provoquer des blessures particulièrement terrifiantes et douloureuses ou à provoquer une mort lente et douloureuse. »

    Une année après la guerre israélienne contre Gaza, le risque d’UXO constitue une menace aussi réelle que les bombardements directs.

    Ces UXOs peuvent exploser même des décennies plus tard, note le MAG. Dans des zones rurales, le labourage ou les activités d’agriculteurs enlevant des pierres et des débris d’acier, peuvent par inadvertance faire exploser ces munitions. Les mines antichar employées par les soldats israéliens pour démolir des maisons et dont il reste un grand nombre, représentent un risque pour les personnes enlevant la décombres ou pour les familles retournant à leurs maisons afin de récupérer quelques biens.

    En août 2009, l’ONU a fait savoir que 12 personnes ont été tuées par des explosions d’UXO, six étant des enfants. Vingt-trois personnes ont été blessées avec parmi elles quatre enfants.

    En mars 2010, l’UNMAT et le MAG ont commencé à détruire les 343 UXOs déjà rassemblés, dont les obus contenant du phosphore blanc.

    Mark Buswell a comparé la menace d’une explosion à Gaza « à une explosion qui pourrait endommager un secteur de la ville la taille de la City de Londres (soit 2,6 kilomètres carrés) »


     
     

    7 juillet 2010 - InGaza - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://ingaza.wordpress.com/2010/07...
    Traduction de l’anglais : Claude Zurbach ici

     

     


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  • Rapport sur les violations israéliennes des droits humains

    PCHR du 7 au 14 juillet 2010


    Les Forces d’occupation israéliennes (FOI) poursuivent leurs agressions méthodiques contre les civils palestiniens et leurs biens dans les Territoires palestiniens occupés (TPO).

    Durant la semaine du 7 au 14 juillet :

    • une Palestinienne a été tuée et 3 civils, dont deux femmes, ont été blessés par les FOI dans la bande de Gaza ;
    • les FOI ont continué d’user de la violence contre les manifestations pacifiques en Cisjordanie et dans la bande de Gaza :
      • 4 civils, dont un mineur, ont été blessés en Cisjordanie ;
      • des dizaines de manifestants ont souffert de l’inhalation des lacrymogènes en Cisjordanie ;
      • un civil palestinien et 3 militants des droits de l’homme ont été arrêtés par les FOI ;
    • les FOI ont poursuivi leurs tirs sur les agriculteurs et travailleurs palestiniens dans les zones frontalières à l’intérieur de la bande de Gaza :
      • 6 civils palestiniens, dont 2 mineurs, ont été blessés ;
    • elles ont mené 21 incursions dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie et 3 limitées dans la bande de Gaza :
      • elles ont arrêté 9 Palestiniens en Cisjordanie ;
    • Israël a maintenu son siège sur les TPO et l’isolement de la bande de Gaza du monde extérieur :
      • les troupes israéliennes sur les check-points militaires et passages frontaliers en Cisjordanie ont arrêté 6 Palestiniens, dont un mineur ;
    • Israël a poursuivi ses mesures visant à créer une majorité démographique juive dans Jérusalem :
      • les FOI ont démoli 6 maisons à Jérusalem, faisant 52 sans abri ;
    • les FOI ont continué la colonisation de la Cisjordanie et les colons leurs agressions contre les Palestiniens et leurs biens :
      • elles ont ordonné la démolition de plusieurs maisons ;
      • elles ont détruit un puits à usage agricole à Hébron ;
      • une bande de colons israéliens a attaqué un Palestinien âgé et handicapé physique à Hébron.


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    Une mère palestinienne et ses enfants sont emmenés à l’hôpital
    après le bombardement israélien du centre de la bande de Gaza le 13 juillet.


    Violations israéliennes relevées durant la période du 7 au 14 juillet 2010

    1 - Incursions dans les zones palestiniennes et agressions contre les civils palestiniens et leurs biens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza

    Jeudi 8 juillet

    -   Beit Lahia : 6 h 30, les vedettes gardes-côtes au large de Beit Lahia ouvrent le feu sur plusieurs bateaux de pêche. Deux d’entre elles arraisonnent le petit bateau de ’Ammar As’ad al-Sultan, 17 ans, et de Tamer Mohammed Zayed, 27 ans. Les FOI les somment de se diriger vers l’appontement de al Rafsouda à 1 500 mètres au nord-ouest et de s’y amarrer. Les FOI les obligent alors à se déshabiller et à sauter à l’eau. Repêchés, ils sont ensuite conduits sur Ashdod où ils sont incarcérés. Après une journée d’interrogatoire ils sont reconduits à la frontière à Erez Beit Hanoun à 17h30.

    Vers 9 h, depuis la frontière au nord de Beit Lahiya les FOI tirent sur des ouvriers en train de récupérer des matériaux de construction sur l’ancienne colonie de Elli Sinaï. Nidal Sha’ban al-Hsoumi, 25 ans, originaire de Beit Lahia, prend une balle dans le pied gauche et des éclats dans le pied droit. Il était à environ 500 mètres de la frontière quand il a été touché.

    Vendredi 9 juillet

    -   Tulkarem : vers 18 h, les forces d’occupation entrent dans la banlieue de Tulkarem, à Shwaika, où elles patrouillent dans les rues avant de se retirer un peu plus tard, sans faire apparemment d’arrestations.

    Au même moment, elles entraient dans le village d’al-Jarousah, au nord de Tulkarem. Même opération. Et vers 18 h 30, dans Beit Leed, idem.

    Samedi 10 juillet

    -   Tulkarem : vers 1 h du matin, incursion dans Deir al-Ghossoun, village au nord de Tulkarem, où l’armée répète la même opération.

    -   Erez, bande de Gaza : 6 h 30, du haut de leurs miradors situés au poste frontière de Erez, les FOI tirent sur des ouvriers en train de récupérer des matériaux sur l’ancienne zone industrielle. ’Arafat ’Abdul Karim Sha’ban, 16 ans, originaire de Jabaliya prend une balle à la cheville gauche. A la même heure, les FOI font feu à nouveau sur des ouvriers à Elli Sinai. No’man Hassan al-Sous, 14 ans, originaire de Beit Lahia, prend une balle dans le pied droit et Maher Fayez Ghanem, 20, ans, une balle dans la cuisse droite.

    Dimanche 11 juillet

    -   Hébron : vers minuit, les FOI entrent dans Beit ‘Awa, au sud-ouest d’Hébron où elles font leur raid, pénètrent dans un certain de nombres de maisons et perquisitionnent ; elles arrêtent Mohammed Yasser Masalma, 28 ans.

    Vers 1 h, elles entrent dans Sa’ir, village au nord-est d’Hébron ; là elles fouillent une maison, celle de la famille de Muhannad ‘Abdul Hamid al-Froukh, 24 ans, et arrêtent Mr al-Froukh.

    -   Khan Yunis : 9 h, les FOI pénètrent à 300 mètres par l’est dans la localité de Al Qarara au nord-est de Khan Younis. Leurs bulldozers nivèlent les terres préalablement défoncées et se retirent 4 heures plus tard.

    -   Qalqilya : incursion vers 11 h 15 dans Habla, village au sud de la ville où l’armée d’occupation patrouille dans les rues pendant quelques temps et se retire. Pas d’arrestations.

    -   Jéricho : vers 19 h, incursion dans Fasayel, au nord de Jéricho, même opération.

    -   Ramallah : 20 h 30 environ, l’armée entre dans Beit ‘Our al-Tahta, à l’ouest de Ramallah, idem.

    Lundi 12 juillet

    -   Jénine : vers 1 h 30, les FOI entrent dans Qabatya, au sud de Jénine, font leur raid, pénètrent dans des maisons, perquisitionnent, et arrêtent 3 jeunes Palestiniens civils :

    1. Fadi Riad Zakarna, 18 ans,
    2. Mustafa Ahmed Nazzal, 20 ans, et,
    3. Mahmoud Khaled Abu Sanjar, 20.

    -  Beit Hanoun : 7 h 50, Mohammed ’Othman al-Kafarna, 23 ans, originaire de Beit Hanoun est conduit à l’hôpital Kamal ‘Edwan de Beit Lahiya, touché par balle au pied gauche alors qu’il récupérait des matériaux dans l’ancienne zone industrielle de Erez.

    -  Khan Yunis : 10 h, les FOI pénètrent à 300 mètres dans Al Qarara, au nord-est de Khan Yunis, pour poursuivre le nivellement des terres déjà défoncées ; ’Ammar ’Abdul Mon’em ’Ammar, 26 ans, prend une balle dans le pied gauche alors qu’il travaille sa terre à environ 700 mètres de la frontière.

    -   Beit Lahia : 14 h, incursion des FOI dans la zone de Bourat Abu Samra, banlieue nord de Beit Lahiya. Le secteur est minutieusement fouillé. Retrait des FOI dans la soirée. Pas de victimes.

    -   Salfit : incursion vers 14 h 20 dans le village de Bidya, au nord-ouest de Salfit, opération sans arrestations.

    -   Qalqilya : vers 17 h 30, les FOI viennent à Hijja, un village à l’est de Qalqilya, où elles photographient un certain nombre de maisons vides. Elles se retirent du village vers 19 h.

    -   Ramallah : vers 19 h 30, incursion dans Shaqba, à l’ouest de Ramallah. Patrouilles dans les rues, pas d’arrestations.

    Mardi 13 juillet

    -   Tulkarem : les FOI entrent dans ‘Anabta, village à l’est de Tulkarem, où elles patrouillent dans les rues avant de se retirer plus tard, sans arrestations.

    Peu après, elles pénètrent dans le village voisin de Bal’a, même opération.

    -   Salfit : vers 1 h 40, incursion dans le village de Brouquin, idem.

    -   Ramallah : l’armée entre vers 2 h dans Beit Reema, au nord-ouest de Ramallah, où elle fouille la maison de la famille de Jamal Sameeh Yassin, 19 ans, et arrête Mr Yassin.

    -   Qalqilya : incursion dans la ville vers 2 h, l’armée fait irruption dans un immeuble de trois étages appartenant à ‘Abdul Latif Yousef Jua’idi. Elle fait sauter la porte de l’immeuble et celles de deux maisons voisines appartenant à ‘Adnan Mohammed Ju’aidi et à Fayez Mohammed Noufal. Les FOI se retirent plus tard. Pas d’arrestations.

    -  Beit Lahia : 19 h 10, nouveaux tirs des vedettes sur des bateaux en pêche au large de Beit Lahiya. Les pêcheurs se voient contraints de rentrer à terre. Pas de victimes.

    20h45 - Selon le rapport des enquêteurs du PCHR, plusieurs femmes de la famille Abu Sa’id étaient assises près d’une de leurs maisons dans Gaza Valley au milieu de la bande de gaza, situé à 400 mètres de la frontière. Les FOI tirent deux missiles dans leur direction. Selon le témoin, il n’y avait eu aucune provocation ni aucune raison justifiant ces tirs.

    Amira Jaber Abu Sa’id, 30 ans, prend des éclats dans l’épaule et sa belle sœur, Sana’a Ahmed Abu Sa’id, 26 ans, prend des éclats dans les pieds. Des membres de la famille téléphonent au Croissant-Rouge pour envoyer des ambulances. 15 minutes plus tard, elles sont sur les lieux mais ne peuvent approcher les blessées : les FOI les prenant pour cible elles sont contraintes de retourner à Deir Al Balah. Pendant ce temps, Ne’ma Yousef Abu Sa’id, 33 ans, s’inquiète pour son enfant de 3 ans resté à l’extérieur de la maison. Allant à sa rencontre, elle prend un 3ème projectile dont des éclats à la tête et à l’abdomen la tuent sur le coup. Son beau-père, Jaber Abu Sa’id, 65 ans, est également blessé par des éclats dans la cuisse gauche. La famille insiste auprès du Croissant-Rouge. Ce n’est qu’une heure et demie plus tard, après négociations avec les Autorités israéliennes par l’intermédiaire du Bureau palestinien des liaisons, qu’une ambulance transfère les victimes à l’hôpital des martyrs Al Aqsa de Deir Al Balah. Les sources médicales confirment le décès de Ne’ma par éclats de projectiles à travers le corps. Les blessures des autres victimes sont décrites comme « modérées ».

    Mercredi 14 juillet

    -   Jénine : vers 2 h 30, village de Qabatya à nouveau, l’armée envahit le village, fouille un certain nombre de maisons et arrête 3 jeunes Palestiniens :

    1. Ahmed Nafe’ Abu al-Rub, 23 ans,
    2. Mohammed Ahmed Kmayel, 27 ans, et,
    3. Ayman ’Abdul Rahman Abu al-Rub, 22 ans.

    Vers 3 h, elle est à Zababda, plus au sud, où elle patrouille dans les rues, sans faire d’arrestations.

    -   Salfit : vers 2 h 30, incursion dans Marda, au sud-est de Salfit, avec fouille de la maison de Jad ‘Abdul Mon’em al-Khuffash et Firas Bassem al-Kuffash, qui sont convoqués tous les deux pour interrogatoire.

    -  Beit Hanoun, 8 h, miradors d’Erez : des ouvriers récupèrent des matériaux. Les FOI leur tirent dessus. Hmaid Ahmed ’Obaid, 14 ans, originaire de Beit Hanoun, prend une balle dans le coude gauche.


    (JPG)

    Le corps de Ne’ma Abu Sa’id, à l’hôpital de Deir Al Balah, Gaza,
    assassinée par un obus israélien le 13 juillet.
    (AP/Ashraf Amra)


    2 - Usage démesuré de la force contre les manifestations non violentes contre la colonisation et la construction du mur d’annexion

    Ces manifestations sont organisées par les Palestiniens, avec des militants internationaux et israéliens, pour protester contre la colonisation, la saisie de terres, la construction du mur... Cette semaine, 4 civils palestiniens, dont un mineur, ont été blessés, et bien d’autres ont souffert de l’inhalation des lacrymogènes lancés par l’occupant sur les manifestants.

    - Bil’in, à l’ouest de Ramallah : après la prière du vendredi, le 9 juillet, la manifestation non violente hebdomadaire de Palestiniens, internationaux et Israéliens se dirige vers le mur qui traverse le village. Les troupes postées près du mur les agressent en tirant à balles caoutchouc, lançant des grenades lacrymogènes et des bombes sonores. 2 manifestants sont blessés :

    1. Tha’er Mohammed Bernat, 25 ans, touché par un corps de grenade à la main gauche,
    2. Mohammed Zaher, 20 ans, idem, à la jambe droite.

    Des dizaines d’autres sont indisposés par les gaz respirés.

    - Ni’lin, à l’ouest de Ramallah : le même jour, même manifestation non violente comme chaque semaine, de Palestiniens et internationaux contre la construction du mur. Les troupes d’occupation agressent de la même manière les manifestants et nombre d’entre eux respirent les lacrymogènes, ou se font tabassés par les soldats de l’occupation.

    - Nabi Saleh, au nord-ouest de Ramallah : ce même vendredi, la même manifestation non violente se dirige comme chaque vendredi vers les terres confisquées au profit de la colonie Halmish, dans le secteur de Wad al-Raya, entre les villages de Nabi Saleh et Deir Nizam. Dès que les manifestants se rapprochent des terres volées par les colons, l’armée tire et lance ses grenades. Cette semaine, l’armée arrête également Naji Mohammed al-Tamimi, 51 ans, et le libère quatre heures plus tard. Elle arrête également deux militants israéliens : Ayal, 22 ans, et Ben, 23 ans.

    - Beit Ummar, au nord d’Hébron : le samedi après-midi, 10 juillet, une manifestation de Palestiniens, d’internationaux et d’Israéliens, se réunit dans le centre du village de Beit Ummar, puis se met en marche vers le secteur de Zaher al-Brahish, où les FOI projettent de confisquer des terres palestiniennes pour les rattacher au nord de la colonie de Karmi Tsur. Les troupes d’occupation agressent les manifestants et tirent, lancent des grenades. 2 manifestants sont blessés :

    1. Mohammed Ibrahim Abu Maria, 19 ans, blessé par un éclat dans le dos, et,
    2. Mohammed Jawad ’Awadh, 9 ans, blessé par un éclat dans un membre.

    Nasser Hussein Shyoukhi, 43 ans, caméraman d’Associated Press, également, a souffert de l’inhalation des lacrymogènes.


    3 - Maintien du siège sur les TPO

    Le siège israélien est maintenu de façon serrée sur les TPO ainsi que les restrictions aux déplacements des Palestiniens, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est occupée.


    Bande de Gaza

    Mouvements des personnes et des biens aux postes frontière

    Il faut rappeler que depuis le 1er juin à 13 h les Autorités égyptiennes ont déclaré que le poste frontière de Rafah international resterait ouvert pour une durée indéterminée dans les deux sens. La décision égyptienne fait suite à l’attaque israélienne sur la flottille humanitaire dans les eaux internationales.

    Rafah International

    Date  : Détails
    30 juin  : 294 Palestiniens sortent ; 443 rentrent.
    1er juillet  : 436 Palestiniens sortent ; 550 rentrent.
    2 juillet  : 248 Palestiniens sortent ; 369 rentrent.
    3 juillet  : 294 Palestiniens sortent ; 377 rentrent.
    4 juillet  : 248 Palestiniens sortent ; 368 rentrent.
    5 juillet  : 355 Palestiniens sortent ; 466 rentrent.
    6 juillet  : 341 Palestiniens sortent ; 527 rentrent.
    7 juillet  : 355 Palestiniens sortent ; 593 rentrent.
    8 juillet  : 393 Palestiniens sortent ; 600 rentrent.
    9 juillet  : 195 Palestiniens sortent ; 454 rentrent.
    10 juillet  : 264 Palestiniens sortent ; 474 rentrent.
    11 juillet  : 206 Palestiniens sortent ; 463 rentrent.
    12 juillet  : 382 Palestiniens sortent ; 443 rentrent.
    13 juillet  : 305 Palestiniens sortent ; 501 rentrent.

    Selon les sources de la “Commission palestinienne des passages aux frontières”, entre le 2 et le 15 juin, 5 910 Palestiniens sont sortis et 3 536 sont rentrés. 1 759 autres ont été refoulés.

    Karm Abu Salem (Kerem Shalom)

    Date  : Importations Qté  : Exportations Qté
    30 juin  : denrées alimentaires 162 tonnes  :


     : matériel agricole 682 tonnes  :


     : denrées diverses 906 tonnes  :


     : gaz domestique
     :


     : fioul industriel
     :


     : aide humanitaire
     :


     :

     :

    1er juillet  : denrées alimentaires 167 tonnes  :


     : matériel agricole 133 tonnes  :


     : denrées diverses
     :


     : gaz domestique
     :


     : fioul industriel 93 979 litres  :


     : diesel pour Bque mondiale 84 400 litres  :


     :

     :

    4 juillet  : denrées alimentaires 179 tonnes  :


     : matériel agricole 1 087 tonnes  :


     : denrées diverses 1 226 tonnes  :


     : gaz domestique
     :


     : fioul industriel
     :


     : aide humanitaire
     :


     :

     :

    5 juillet  : denrées alimentaires 150 tonnes  :


     : matériel agricole 739 tonnes  :


     : denrées diverses 1 489 tonnes  :


     : gaz domestique 138 tonnes  :


     : fioul industriel 179 190 litres  :


     : aide humanitaire 499 tonnes  :


     :

     :

    6 juillet  : denrées alimentaires 125 tonnes  :


     : matériel agricole 697 tonnes  :


     : denrées diverses 1 446 tonnes  :


     : gaz domestique 174,4 tonnes  :


     : fioul industriel 138 000 litres  :


     : aide humanitaire 685 tonnes  :


     :

     :

    7 juillet  : denrées alimentaires 178 tonnes  :


     : matériel agricole 704 tonnes  :


     : denrées diverses 906 tonnes  :


     : gaz domestique 178,94 tonnes  :


     : fioul industriel 137 999 litres  :


     : aide humanitaire 599 tonnes  :


     :

     :

    8 juillet  : denrées alimentaires 190 tonnes  :


     : matériel agricole 882 tonnes  :


     : denrées diverses 1 309 tonnes  :


     : gaz domestique 202,56 tonnes  :


     : fioul industriel 138 061 litres  :


     : aide humanitaire 349 tonnes  :


     :

     :

    11 juillet  : denrées alimentaires 272 tonnes  :


     : matériel agricole 743 tonnes  :


     : denrées diverses 796 tonnes  :


     : gaz domestique 177,07 tonnes  :


     : fioul industriel 500 402 litres  :


     : aide humanitaire 66 tonnes  :


     :

     :

    12 juillet  : denrées alimentaires 306 tonnes  :


     : matériel agricole 1 055 tonnes  :


     : denrées diverses 990 tonnes  :


     : gaz domestique 196,05 tonnes  :


     : fioul industriel 498 528 litres  :


     : aide humanitaire 449 tonnes  :


     :

     :

    13 juillet  : denrées alimentaires 221 tonnes  :


     : matériel agricole 595 tonnes  :


     : denrées diverses 1 571 tonnes  :


     : gaz domestique 198,72 tonnes  :


     : fioul industriel 138 070 litres  :


     : aide alimentaire 494 tonnes  :


     : diesel 36 450 litres  :


     : essences 36 440 litres  :

    Al-Mentar (Karni)

    Date  :
     :
    Entrée céréales
    (tonnes)
     :
     :
    Entrée aliments bétails
    (tonnes)
    30 juin  : 1 911  : 2 613
    6 juillet  : 1 950  : 2 652
    8 juillet  : 3 180  :
    12 juillet  : 1 443  : 2 262

    Beit Hanoun (Erez)

    Date  :
     :
    Patients  :
     :
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    Internat.  :
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    Gazaouis  :
     :
    Commerç.
    30 juin  : 21  : 22  : 9  : 0  : 3  : 23  : 0  : 14
    1er juillet  : 20  : 19  : 4  : 0  : 4  : 23  : 0  : 4
    2 juillet  : 4  : 2  : 19  : 0  : 2  : 13  : 0  : 0
    3 juillet  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0
    4 juillet  : 39  : 36  : 12  : 0  : 4  : 12  : 6  : 9
    5 juillet  : 32  : 40  : 6  : 3  : 2  : 18  : 3  : 12
    6 juillet  : 48  : 46  : 1  : 12  : 4  : 31  : 4  : 10
    7 juillet  : 22  : 25  : 3  : 5  : 15  : 25  : 6  : 20
    8 juillet  : 36  : 33  : 16  : 5  : 4  : 70  : 0  : 8
    9 juillet  : 0  : 0  : 20  : 0  : 3  : 10  : 2  : 0
    10 juillet  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0
    11 juillet  : 44  : 42  : 24  : 3  : 0  : 20  : 3  : 13
    12 juillet  : 39  : 35  : 25  : 0  : 2  : 22  : 3  : 6
    13 juillet  : 38  : 36  : 2  : 0  : 7  : 12  : 2  : 15


    Cisjordanie

    Toute la Cisjordanie est sous le siège et les Palestiniens ne sont toujours pas libres de circuler dans leur propre pays.

    - Jérusalem : la cité n’est toujours pas accessible à des milliers de Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza. La circulation des Palestiniens reste très limitée du fait de nombreux check-points dans et autour de la ville. Les restrictions sont renforcées les vendredis, jours de prière, empêchant davantage de Palestiniens de rentrer dans leur ville pour aller prier à la mosquée al-Aqsa dans la vieille ville palestinienne.

    - Ramallah : sur les check-points de Jaba’ et Qalandya, au sud de Ramallah, des restrictions plus sévères sont imposées comme chaque semaine, avant de laisser passer les Palestiniens. De nombreux barrages volants sont posés aussi sur différentes routes du secteur. Notamment le vendredi 9 juillet, vers 10 h, près d’‘Attara, au nord de Ramallah, et le samedi 10 juillet, vers 18 h 30, à l’entrée de Beit Luqia à l’ouest. Tous les véhicules et leurs passagers sont contrôlés et fouillés.

    - Tulkarem : vendredi soir, 9 juillet, les FOI montent un check-point sur la route d’al-Kafriyat, au sud de Tulkarem : arrêt, fouille des véhicules et passagers palestiniens.

    - Qalqilya : vendredi matin, 9 juillet, check-point volant à l’entrée d’‘Azzoun, à l’est de Qalqilya. Le soir du même jour, idem sur la route de Qalqilya à Naplouse, près de la colonie de Qidoumim. Le samedi, 10 juillet, vers 6 h, même opération au carrefour de Jeet sur la route de Qalqilya à Naplouse, barrage qui sera retiré vers 13 h ; vers 8 h le même jour, barrage volant à l’entrée du village de Hijja, à l’est de Qalqilya, retiré 4 heures plus tard ; même jour, vers 15 h, barrage entre Nabi Elias et ‘Izbat al-Tabib, à l’est de Qalqilya ; et vers 19 h 15, autre barrage à l’entrée de Jainsafout, même secteur.

    12 juillet, le lundi, vers 9 h, les FOI posent un barrage à l’entrée d’Azzoun à nouveau, un autre sur la route de Qalqilya à Naplouse (n°55), et encore un autre au carrefour de Nabli Elias.

    - Jénine : jeudi 8 juillet, vers 12 h, nouveau barrage au carrefour d’‘Arraba, au sud-ouest de Jénine.

    - Jéricho : vers 11 h 30 le samedi 10 juillet, l’armée pose un barrage volant à l’entrée d’al-Zbaidat, au nord de la ville. Et vers 19 h le même jour, les FOI coupent Jéricho du reste de la Cisjordanie avec de nombreux check-points aux entrées de la ville.

    Arrestations sur les check-points de l’armée d’occupation

    -   Samedi 10 juillet vers 13 h, l’armée entre dans la zone agricole au sud-ouest de Rafat, village à l’ouest de Salfit. Les soldats arrêtent Majd ‘Ouda Abu Zraiq, 16 ans, alors qu’il surveillait ses bêtes, au motif qu’il n’avait pas sa carte d’identité sur lui. Ils l’emmènent à la colonie Ariel d’où il est relâché une heure plus tard.

    -   Dimanche 11 juillet vers midi, les troupes postées sur le check-point à l’entrée d’Hébron arrêtent Tayseer Hassan Jaber, 47 ans, et son neveu Qutaiba Ibrahim Jabere, 19 ans, tous deux du camp de réfugiés de Jénine. Selon Fatema ‘Abdullah Jaber, belle sœur de Tayseer et mère de Qutaiba, les FOI ont dérobé 5 000 shekels aux deux Palestiniens (environ 1 000 €). Tayser a eu un problème au cœur récemment et il a perdu un rein lors de la première Intifada, blessé par une balle israélienne.


    (JPG)

    Un Palestinien devant les décombres de sa maison qui vient d’être démolie
    par l’administration israélienne, près d’Hébron
    (AP/Nasser Shiyoukhi)


    4 - Mesures visant à créer une majorité démographique juive à Jérusalem

    Les mesures israéliennes pour chasser les Palestiniens de leur ville de Jérusalem s’étant renforcées, le PCHR consacre cette partie de son rapport hebdomadaire pour dénoncer ces violations flagrantes des droits humains des Palestiniens à Jérusalem-Est.

    Mardi 13 juillet

    Vers 8 h 30, les FOI et des officiels de la municipalité israélienne de Jérusalem entrent dans le village d’al-‘Eissawiya, au nord-est de Jérusalem. Ils démolissent une maison de 40 m² appartenant à Khalil ‘Abdulah Dari, dans laquelle vivaient dix personnes. La municipalité israélienne avait ordonné la démolition le 28 décembre 2009 au motif : construite sans le permis israélien.

    Vers 8 h 30 également, les FOI démolissent une autre maison, 100 m², celle de Bassem Mahmoud al-‘Eissawi, qui abritaient huit personnes, même motif.

    Peu après 8 h 30, autre démolition par les FOI, une maison de 140 m² appartenant à Yaqout Mohammed Abu Ermaila, où vivaient huit personnes.

    Vers midi, l’armée d’occupation entre dans la zone d’al-‘Aqaba, dans Beit Hanina. Elle démolit une maison appartenant à Dalal Ibrahim al-Rajabi, dans laquelle vivaient six personnes. Aucun des membres de cette famille n’était présent au moment de la démolition. Il faut indiquer que les FOI avaient déjà démoli une maison de Mr al-Rajabi en 2008.

    Les FOI ont également démoli une maison de 48 m², qui appartenait à Mousa Suleiman Mashahra, où vivaient six personnes, dans le village de Jabal al-Mukabber, au sud-est de Jérusalem. Un tribunal israélien avait ordonné la démolition le 1er mars 2009.

    Vers 16 h, même sort pour une maison de 120 m² appartenant à ‘Aamer Mohammed al-Tawil, où vivaient 14 personnes. La famille avait reçu un ordre de démolition de la municipalité israélienne de Jérusalem le 18 juin 2010.


    5 - Colonisation et agressions des colons contre les civils palestiniens et leurs biens

    Dimanche 11 juillet, vers 9 h 30, les FOI entrent dans le village de Fazayel, au nord de Jéricho, elles remettent des notifications à trois Palestiniens leur ordonnant de démolir leurs maisons car elles auraient été construites sans le permis israélien :

    -   une maison de 40 m² appartenant à Ibrahim Salem ‘Ebayat, où vivaient six personnes ;

    -   une maison de 30 m², ‘Issam Ibrahim ‘Ebayat, de deux personnes ;

    -   une maison à Mousa Judai’ Rashaida, en cours de construction.

    Lundi 12 juillet, des dizaines de colons israéliens, escortés par des FOI, envahissent le village d’‘Awarta, au sud-est de Naplouse, et y célèbrent des rites juifs. Ils quittent le village vers 4 h 30.

    Même jour vers 11 h, Jadallah Mahmoud al-Ja’bari, 65 ans, d’Hébron, est blessé, frappé par des colons israéliens. Selon l’enquête du PCHR, Mr al-Ja’biri, qui habite le secteur d’al-Ras, près de la colonie de Kiryat Arba au sud-est d’Hébron, marchait près du cimetière islamique à côté de chez lui, quand des colons l’ont intercepté, et frappé avec des pierres. Il est blessé à la tête, et porte des ecchymoses sur tout le corps. Il faut noter que Mr al-Ja’bari souffre d’un handicap physique à la jambe gauche, il a été blessé par une balle explosive tirée par un soldat israélien dans la vieille ville d’Hébron dans les premiers mois de la Seconde Intifada.

    Mercredi matin, 14 juillet, l’armée d’occupation entre dans la zone d’al-Baq’a, à l’est d’Hébron, près de la route de contournement n° 60. Elle démolit un puits à usage agricole qui appartient à ‘Abdul Hadj Tawfiq Jaber et elle confisque son matériel d’irrigation. Le secteur en question est proche des colonies israéliennes de Kiryat Arba et Kharsina.

    (JPG)

    Les Flottilles, vues de Gaza...
    (AP/Khalil Hamra)


    (JPG) Document public

    Pour plus d’informations, merci de vous rendre sur le site du PCHR, ou de nous contacter à notre bureau à Gaza ville par courriel : pchr@pchrgaza.org, ou par téléphone : (+972 (0)8 2824776 - 2825893).


     
     

    Rapport hebdomadaire pour la période du 7 au 14 juillet 2010 : PCHR


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  • Violences policières du 21 juin à Poitiers : jusqu’où la justice soutiendra-t-elle ?

    Si la presse, à chaud et sous la pression des événements ne dispose pour donner l’information que des éléments fournis par la police, elle le fait surtout au début des « affaires » . Que ce soit pour le 10 octobre ou pour le 21 juin à Poitiers, ces mêmes médias ont peu à peu infléchi cette ligne pour prendre en compte les versions émanant d’autres interlocuteurs, faisant ainsi des analyses plus pluralistes et plus nuancées.

    En va-t-il de même pour la justice ? Concernant le 10 octobre, cette dernière ayant immédiatement suivi ce que lui servait la police a condamné lourdement, et elle n'est pas, par la suite, revenue sur ces peines disproportionnées. Pouvait-elle d'ailleurs vraiment le faire ? Il semblerait que non : ç'aurait été désavouer la police. Elle s’est pourtant, par là, largement décrédibilisée. Car enfin, mettre en prison sans preuves des personnes qui n'avaient jamais été condamnées et qui étaient connues pour leur engagement politique, et surtout confirmer cette décision en appel trois mois plus tard, a montré aux yeux de tous – y compris de la presse – une justice couvrant la police et aux ordres du ministère de l'Intérieur.

    La justice, y compris le parquet, peut pourtant ne pas s’aligner sur la police. On l'a vu en mars dernier où Nina a été relaxée suite à l'appel du procureur : durant ce procès, l'avocat général a suggéré une telle fin, en démontant tous les éléments de l’accusation parce que la procédure n’avait pas été suivie correctement, et en s’en remettant au tribunal.

    En ce qui concerne le 21 juin, les accusés, forts de ce qui s'était passé en octobre dernier, ont refusé la comparution immédiate. Ils et elles ont été jugés le 8 juillet lors d'un procès marathon qui a parfois été critiqué pour sa durée. Mais l’attitude pointilleuse du président n'était-elle pas la seule façon d’éviter la justice expéditive précédemment exercée ? Lors de ce procès au long cours, les incohérences et contradictions dans les déclarations des policiers sont clairement ressorties, en particulier celles du commissaire Papineau, Directeur Départemental de la Sécurité Publique. Et de même leurs omissions – comme faire état d’une condamnation antérieure de l'un d'eux pour violences sans préciser qu’il avait été relaxé, n’étant en rien responsable de ces violences. Et bien d’autres éléments sont apparus nettement : que l'accusation reposait sur les seuls témoignages des policiers, également partie civile, alors que d’autres personnes avaient été témoins des événements – la défense en a ainsi produit six ; que l'enquête sur le terrain avait été inexistante… et surtout que les choses ne s’étaient pas passées comme l'accusation le prétendait, mais bien comme les prévenus et leurs avocats ne cessent de le dire : *c**’est un véritable tabassage policier de militants et militantes connus pour leur engagement politique qui a eu lieu lors de la Fête de la musique à Poitiers *!

    Pour le Comité contre la répression des mouvements sociaux, ces événements sont une illustration supplémentaire des méthodes de répression policières mises en œuvre contre les mouvements sociaux, **et en particulier certains de leurs acteurs et actrices** **– des méthodes expérimentées dans les quartiers puis généralisées : harcèlement suivi de tabassages, d’arrestations, de gardes à vue prolongées et de procès. Que les forces de l’« ordre » se sentent aussi libres dans leurs façons d’agir traduit un rapport de forces en leur faveur. Grévistes, jeunes militants, sans-papiers, « radicaux » en font les frais depuis trop longtemps.*

    *Relaxe de tous les inculpés du 21 juin !*

    *Rassemblement devant le palais de justice de Poitiers le 28 juillet à 18 h*

    *Soutien lors du délibéré, le 29 juillet à 14 h !


    /Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux/ – _antirep86@free.fr_ <mailto:antirep86@free.fr>– _http://antirep86.free.fr_ <http://antirep86.free.fr/>


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  • Les exigences de Sainte Ingrid
    « Lune de fiel »




    ANNCOL

    Traduit par  Esteban G.
    Edité par  Fausto Giudice

    Les petites bises affectueuses de la Jeanne d’Arc colombienne envers ses sauveteurs, le général narco paramilitaire Montoya, Padilla de león, Uribe Vélez, chuky (Manuel) Santos et les agents secrets yankees ont cessé. « L’argent c’est l’argent » ou « Money is Money », comme disent les Gringos.
     

    Dans les affaires, il n’y a ni loyauté ni considération d’aucune sorte, et encore moins dans le capitalisme narco-paramilitaire qui gouverne la Colombie.
     
     
     
    La pauvrette Ingrid Betancourt, victime suprême des FARC, a enfin montré au monde son véritable esprit et la raison de sa capture par la guérilla : C’est une oligarque corrompue (comme le fut Araujo et son trafic d’influence dans l’affaire Chambacú en 1991) (1). La petite et vertueuse Ingrid a attendu patiemment jusqu’aujourd’hui qu’Uribe Vélez soit hors-circuit et qu’il ne puisse rien lui faire, puis après avoir félicité chuky Santos, s’être entretenue avec lui et avoir convenu avec le nouveau président des Colombiens de la rétribution bien usitée c'est-à-dire la CeVeYé (« ¿Como Voy Yo ? ») : par ex : « Y’a rien pour moi ? » dixit le pot-de-vin réclamé par le fonctionnaire véreux lors d’un contrat), pour ne pas prendre de risque ; elle s’est décidée à réclamer à l’État colombien la coquette somme de 12,5 millions de pesos [6,8 millions d’€], comme indemnisation pour sa captivité.
     
    Petit magot garanti par tous les contribuables colombiens ruinés qui devront payer.
     
    Il n’a servi à rien de lui dire que l’État colombien avait tout fait pour elle : investir des millions de dollars pour la sauver, que l’État colombien était en faillite, qu’il a utilisé  logo de la Croix-Rouge, bombardé l’Équateur et généré des conflits internationaux avec les États voisins, qu’il a sciemment fait échouer l’échange humanitaire et condamné Simón Trinidad et tous les autres prisonniers politiques à pourrir en prison, laissé sortir de prison Rodrigo Granda « pour raison d’État » et ensuite implorer Sarkozy de l’aider à le capturer de nouveau.
     
    Ce n’était que l’argent qui l’intéressait, et ce n’est que ça qu’elle visait lorsqu’elle prétendait vouloir être la « présidente » des Colombiens : Avoir beaucoup d’argent, de célébrité et des courbettes.
     
    Aujourd’hui, le gouvernement colombien avec dans la bouche l’amertume du fiel après les baisers de « l’opération échec » et le coup de Jarnac avec « l’arrangement » par avance [avec Sarkozy] et convenu qu’il est préférable d’éviter de futures complications [diplomatiques], accepte de passer une transaction monnayée avec la dame Betancourt. En prenant soin de ne pas révéler le combien et comment de ce petit arrangement. Quels corrompus !
     
    ANNCOL pose la question aux contribuables colombiens qui assurément devront payer le coquet pactole de la magouille Betancourt-Santos : N’aurait-il pas été préférable, moins COÛTEUX et sans corruption, de réaliser l’échange humanitaire et chercher une solution politique au conflit armé colombien ?
     
    Note :





    Merci à ANNCOL
    Source: http://anncol.eu/noticias-del-mundo/4/%22-luna-de-hiel-%22779?templateId=779
    Date de parution de l'article original: 14/07/2010
    URL de cet article: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=591


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  • Incohérence économique et double pensée


    Le chef de l’Etat a parlé à la télé, l’autre soir. Il parlait de justice, d’honnêteté, de vérité, et se complaisait à évoluer à travers des valeurs dont les concepts sont tout de même assez relatifs. Et parallèlement à ce discours de façade, il développait cependant une argumentation économique pour appuyer les actions menées et à venir, à travers un pragmatisme dont l’incohérence invalide les valeurs dont il se targuait d’être le défenseur.

    Il faut avouer tout d’abord que la force des politiques réside avant tout dans leur langage, et que les peuples ne sont ni formés ni volontaires pour être en capacité de comprendre tous les enjeux du système, c’est à dire le fonctionnement du capitalisme, avec toutes les conséquences que cela entraîne. On ne peut donc reprocher au peuple, dont ce n’est pas le travail, de ne s’intéresser que de loin aux affaires de gouvernement, car le principe même de gouvernement implique le transfert du pouvoir démocratique à un petit groupe dont l’élection est censée être le résultat objectif de la reconnaissance de ses compétences.

    En d’autres termes, le peuple se dessaisit de la direction des affaires au profit d’hommes et de femmes dont le travail est de les diriger. Le peuple n’étant pas expert de la chose publique, il est naturel que ces « spécialistes » de la direction des hommes s’expriment à travers un langage aisément compréhensible par le plus grand nombre : comme des vulgarisateurs, des transmetteurs de la majorité qui les a élu, leur rôle est d’expliquer en quoi les réformes adoptées, les actions menées, vont dans le sens de l’intérêt général, qui est le suprême bien recherché par la démocratie.

    Seulement aujourd’hui, le système mondialisé, celui qui contraint les peuples et les Etats, est exclusivement dominé par l’individualisme et la satisfaction de l’intérêt privé. Comme je l’ai déjà dit ailleurs (voir “de la nécessité du complot“), cet intérêt est donc nécessairement contraire à l’intérêt général, et doit être caché au peuple, qui doit continuer à croire en son pouvoir tout en s’en croyant indigne.

    Ainsi commence la double pensée, exprimée par le double langage : l’objectif des gouvernants s’étant transformé, passant de l’intérêt général à l’intérêt particulier, et ne pouvant pas avouer au peuple ce changement de cap, il faut aux politiques redoubler d’ingéniosité pour continuer à expliquer que les mesures proposées sont bonnes pour le peuple, alors qu’en réalité elles lui nuisent. C’est ainsi que le discours dispensé au peuple est rempli de concepts, de valeurs, de morale, car seule la relativité de ces concepts permet aux politiques de s’en sortir : là où la mathématique ne peut tricher, le langage a le pouvoir de travestir la réalité pour la remplacer par la vérité, car l’homme à qui on n’a pas appris que la vérité n’est tout simplement qu’une opinion majoritaire tend à croire qu’elle est absolue.

    En se cachant derrière ces concepts, nos politiques peuvent donc en toute « honnêteté » parler de « justice », car ces deux valeurs sont toutes aussi relatives que la vérité : la justice étant l’émanation de la Loi, et les lois étant votées par et pour « le peuple » (selon l’illusion démocratique de l’intérêt général), alors une loi injuste peut devenir « juste » du point de vue juridique. Qu’elle soit réellement juste ou non n’importe que peu, car la Loi est une force contraignante. Et il devient alors honnête pour un homme politique de se référer à la loi pour agir dans les limites qu’elle impose, et cela même si la loi est injuste d’un point de vue social.

    Ainsi, le président peut légitimement se servir de ces concepts pour étayer son argumentation : dans le système capitaliste, dont le principal objectif est la satisfaction de l’intérêt particulier, il est juste de favoriser les riches et honnête de l’assumer, car la vérité est que seuls les plus « aptes » à la réussite économique « méritent » l’ascension sociale. En détournant ainsi le sens de la démocratie, il devient donc possible, avec les mêmes mots, de faire le contraire de ce que l’on dit, en accord avec ce que l’on pense sans le dire.

    Ce tour de passe-passe, théorisé par le concept de « double-pensée », est également à mettre en perspective avec les arguments économiques rapidement évoqués par le président. Car bien entendu, la réalité finit toujours par rattraper la vérité, et les beaux concepts, les belles paroles ne suffisent pas à remplir le frigo de ceux qui les écoutent. Il leur faut des chiffres, des explications sur le décalage flagrant existant entre les promesses successives d’augmentation du pouvoir d’achat et sa réelle et continuelle baisse. Le mensonge, l’interprétation des chiffres, le contexte international peuvent parfois être utiles, mais ne suffisent pas toujours pour endormir les « veilleurs » du quatrième pouvoir, avec leur clique d’experts et d’analystes toujours aux aguets, et qui ont la mauvaise habitude de servir d’informateurs aux contestataires de tous poils.

    Mais le véritable problème avec les chiffres, c’est que la théorie ne correspond pas à la réalité : la somme des intérêts particuliers ne favorise pas l’intérêt général, et ce pour des raisons que j’ai déjà expliquées ailleurs (voir “la rationalisation de l’individu“). Sachant cela mieux que moi, il devient somme toute assez difficile aux économistes (et même au président) d’expliquer au peuple le paradoxe suivant : le système fonctionne très bien, mais la crise (créée par le système) met en péril le système. En d’autres termes, il fonctionne très bien pour nous et pas pour vous, mais c’est à cause de vous !

    Et c’est comme cela qu’on arrive à une aberration économique comme celle que nous a offert notre président, et que j’ai déjà entendu maintes fois dans d’autres bouches : le traditionnel et révoltant slogan concernant la relation emploi-consommation-croissance-investissement-

    En effet, à propos de la baisse des charges pour les entreprises, le président indique qu’une augmentation d’impôts incite les entreprises à délocaliser, c’est à dire à licencier, c’est à dire moins de consommation… moins de croissance.

    Ensuite, et à propos des fonctionnaires, le même président défend cette fois les deniers publics, en estimant que le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux est inévitable pour faire des économies… comme si, d’un coup de baguette magique, la baisse de consommation due aux licenciements des fonctionnaires n’allait pas ralentir la croissance mais « assainir » les finances de l’Etat. Comment est-ce possible ? Alors que toute la théorie économique est basée sur l’investissement (qui est censé créer de l’emploi et donc de la consommation), en réalité les faits expriment tout à fait le contraire : un cadeau de plus pour les entreprises (sans augmentation de salaire ni embauche) d’une part, et une dette moins grande pour les Etats au bord du gouffre de l’autre. Conclusion de l’affaire, rien de bon pour les salariés, et un avenir pour eux loin d’être radieux. En échange, de plus grands profits pour les entreprises, et l’augmentation, à terme (car moins d’emplois c’est moins de consommation et à terme moins de croissance…) du déficit public.

    Finalement, le président ne nous aura pas menti, et on devrait le remercier. Si le but du capitalisme était réellement la satisfaction de l’intérêt général, l’investissement serait la seule politique à mener. Mais si on l’écoute bien, on comprendra rapidement comment tout cela va réellement se terminer : après s’en être mis plein les poches et après avoir ruiné les peuples, nos gouvernants nous acculeront à faire un choix décisif. Et alors même qu’ils ne pourront plus nous cacher le double-jeu qu’ils mènent, ils nous proposeront l’alternative suivante : la gouvernance mondiale pour nous sortir d’une démocratie déviée, ou la guerre pour remettre le capitalisme en place. Mais il se peut que la réponse ne les intéresse pas, car dans un cas comme dans l’autre, une chose aura bel et bien disparu, la liberté. Pour que nous n’ayons plus la possibilité d’avoir le choix.

    Caleb Irri
    http://calebirri.unblog.fr


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