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    La Cour de cassation va annoncer l’annulation de la condamnation à perpétuité du berger de Carghèse, selon les informations d’Europe 1.

    Condamné en mars 2009 à la prison à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, Yvan Colonna va être rejugé une troisième fois. Selon les informations obtenues par Europe 1, la Cour de cassation va en effet annoncer mardi en début d’après-midi qu’elle annule la décision de la cour d’appel de Paris.

    Mercredi dernier, l’avocat d’Yvan Colonna avait exhorté la chambre criminelle de la Cour de cassation à aller dans ce sens. « Dans ce dossier, le doute ronge aujourd’hui l’esprit de tous », avait argumenté Me Patrice Spinosi.

    Pour l’avocat général Christian Raysseguier, au contraire, il n’y a pas eu « de violation des droits de la défense ». « Le stratagème de l’accusé est banal, voire transparent : pousser la cour d’assises à l’erreur », a insisté l’avocat de la famille Erignac, Me Emmanuel Piwnica, pour qui c’est délibérément que l’accusé « a multiplié les incidents ». (source Europe 1)


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  • Kindra Arnesen, habitante de Louisiane, accuse les principales institutions américaines et le gouvernement fédéral de collaborer activement avec BP afin de cacher et de minimiser la plus grosse marée noire de tous les temps dans le golfe du Mexique...


    Les médias, le gouvernement américain et ses institutions sont noyautées par les principales multinationales et cela fait bien longtemps que leur préoccupation première n'est plus la santé du peuple. Leur préoccupation première, ce sont les bénéfices des multinationales !!!


    Il faut que les citoyens se réveillent et demandent des comptes au gouvernement américain et surtout qu'ils arrêtent de faire confiance à des médias corrompus comme FOX NEWS ou CNN qui ne font que relayer 24h/24 la propagande et les mensonges de BP !

     

     


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  • Honduras : Les démonstrations de force populaire inquiètent les putschistes

    Par Primitivi

    Cela fait un an qu’un coup d’État a eu lieu au Honduras. Les nouvelles étaient tout d’abord confuses pour qui ne connaissait pas l’histoire de ce petit pays. La plupart des journaux et des médias internationaux forçant le trait et dépeignant Manuel Zelaya comme un dictateur en puissance.

    Mais quelques semaines après, grâce à l’organisation des honduriens, aux médias alternatifs et à toutes les informations circulant sur la toile la réalité des faits était connue : Zelaya était un président progressiste et on avait affaire à un putsch oligarque.

    Mais depuis rien n’est rentré dans l’ordre, bien que la dissimulation du coup d’État ait échoué le gouvernement des États-Unis a continué son jeu machiavélique bientôt suivi par les gouvernements européens avides d’accords commerciaux, laissant avec ô combien d’aisance les droits de l’homme et l’équité de côté ils se sont précipités pour reconnaître Porfirio Lobo en tant que chef d’État légitime alors qu’il n’est qu’un pantin oligarque.

    Mais, et heureusement pour eux, les honduriens ne lâchent pas l’affaire. Ce putsch est la goutte de trop pour nombre d’entre eux, et ils désirent plus ardemment encore mettre en place une société équitable. Les assassinats et les exactions n’y changeront rien, le peuple hondurien est en marche et il semble qu’il ne s’arrêtera pas en chemin même si les puissances de l’argent et du pouvoir s’ingénient à le semer d’embûches.

    La détermination sans faille que montre actuellement la population hondurienne est un exemple de pugnacité que d’autres nations (plus occidentales) ferait bien de prendre en exemple.

    - le site voselsoberano propose deux galeries d’images sur la commémoration du coup d’État à San Pedro Sula, ainsi que quelques images des activité du comité indigène COPINH à La Esperanza, Intibucá : San Pedro Sula (jour), San Pedro Sula (nuit), La Esperanza (à la fin de l’article) -

    Ce lundi 28 juin, cela fait un an qu’a eu lieu le coup d’État au Honduras qui a expulsé du pouvoir le président Manuel Zelaya. Ce même jour, le Front National de la Résistance Populaire (FNRP), le mouvement qui s’est organisé en réponse au putsch, fête également son premier anniversaire de lutte.

    Le pays avance toujours lentement pour un retour à la normale au niveau politique, économique, sociale et démocratique. Des persécutions, des intimidations, des assassinats et diverses violations à l’encontre des droits de l’homme sont encore fréquemment enregistrés. Cela confirme que l’actuel président, Porfirio Lobo, n’a pas encore réussi, durant ses cinq mois de gouvernement, à remettre le pays vers la voie de la démocratie.

    Dans ce contexte, de plus en plus de personnes ont trouvé dans les idéaux du Front de la Résistance un chemin pour une transformation positive du pays. Pour parler de cette lutte pour la refondation du Honduras, du chemin parcouru pour tenter d’implanter une Assemblée Constituante inclusive et populaire, et évaluer cette première année du Coup d’État, ADITAL a interviewé le FNRP.

    Adital - Le sentiment populaire le plus caractéristique. Est-il possible d’affirmer que la population hondurienne est sûre que le pays a besoin d’une refondation ?

    FNRP - L’histoire vécue actuellement par le Honduras est l’un de ses moments les plus agités. La vie du pays a été coupée en deux après l’apparition de la Résistance Populaire en réponse au Coup d’État du 28 juin 2009.

    Le Front National de Résistance Populaire (FNRP) est la plate-forme dans laquelle tous les secteurs politiques et sociaux du Honduras ont approuvé à la majorité le fait d’être uni pour concevoir et construire une société juste, sans discriminations, où l’exploitation des uns par les autres ne trouve simplement pas sa place.

    L’ultime finalité est la refondation de l’État, concept qui poursuit maintenant les classes oligarques patronales comme un cauchemar, elles qui ont cru qu’en sortant Manuel Zelaya de sa maison par les fusils et en envoyant au Costa Rica ils en finiraient avec un projet qui était déjà devenu un désir collectif.

    L’autre lutte est le retour avec toutes les garanties citoyennes du président Manuel Zelaya, puisque l’exil forcé viole tous les droits qu’il a en tant que citoyen hondurien.

    Adital - Le Front de Résistance est né un peu après le putsch, il approche également de son premier anniversaire. Quelle est l’évaluation qui peut être faite des actions du mouvement durant tout ce temps ? Et ensuite, est-ce que les stratégies vont être les mêmes ou est-il temps d’en changer ?

    FNRP - La Résistance est également née le 28 juin, quand les organisations Populaires et le peuple en général sont sortis massivement dans la rue pour condamner le coup d’État et pour exiger le retour à l’ordre Constitutionnel.

    La Résistance s’organise avec la marche, avec une volonté de lutte et de courage qui surpasse tout clivage social, puisque nous représentons tous les secteurs sans regarder l’idéologie et le parti politique auquel il appartient, en dépassant la peur d’être tué par la répression mise en place par la dictature.

    Au Honduras depuis le 28 juin dernier rien n’est plus le même, dans tout le pays il y a une Résistance, les gens s’organisent dans les quartiers, dans les colonies, dans les communautés, dans les départements.

    Cette décision du peuple de s’organiser et de continuer la lutte nous a permis de construire les piliers sur lesquels repose l’ardent désir de mettre en place une société nouvelle.

    D’autre part la Résistance est devenue plus forte elle est passée de l’action conjoncturelle à la structuration et à la stratégie pour prendre le pouvoir et pour changer le pays. Même les secteurs les plus réactionnaires de la droite anachronique hondurienne le reconnaissent et considèrent le surgissement d’un nouveau Pouvoir Populaire, créé et conduit par le FNRP, comme un danger imminent.

    Actuellement notre travail est de réussir à récolter plus d’un million de signatures dans la "Déclaration Souveraine" où en tant que peuple hondurien nous nous convoquons à une Assemblée Nationale Constituante, et de cette manière chercher les mécanismes pour sa mise en place.

    Adital - La Carta Magna du Honduras a été élaboré en 1982, durant une période de dictature et sans consultation populaire. Avec la convocation à une Assemblée Constituante : qu’est-ce qui serait le plus important à modifier dans la Constitution du pays ?

    FNRP - Au début des années 80, l’Amérique centrale vivait des moments très significatifs de la lutte parmi lesquels on distingue le triomphe du Front Sandiniste au Nicaragua et la guerre insurrectionnelle du Farabundo Martí au Salvador, les organisations indigènes au Guatemala et l’avance du Mouvement Populaire au Honduras.

    L’empire des États-Unis avait besoin de sauver le Honduras puisque les gouvernements militaires étaient paralysés, il fallait lui donner un "Ordre Constitutionnel" et ils ont recouru aux élections, ils ont installé une Assemblée Nationale Constituante, qui a élaboré une nouvelle Constitution pour qu’elle défende institutionnellement les intérêts géopolitiques de l’empire, dans le cadre du conflit en Amérique centrale.

    La Constitution du Honduras a été approuvée en Janvier 1982, sur trois axes fondamentaux choisis par les hommes politiques et les entrepreneurs : Vendre le Honduras, en argumentant qui était la seule manière de sortir le pays du sous-développement, réduire l’État à sa plus simple expression, pour que l’État soit un centre de corruption et de déficit fiscal, et établir les Forces Armées comme garant de cette Constitution.

    Avec la Constitution de 82 ce qui a été obtenu ce fut de donner le pouvoir aux grands entrepreneurs et de réduire le pouvoir de l’État et du peuple, en empêchant les réformes.

    Le nouveau cadre légal [que le FNRP souhaite mettre en place] aura pour objectif central les intérêts populaires, au Honduras on ne légiférera plus jamais pour les entrepreneurs et l’État de Droits existera pour le développement de l’être humain et pas celui des entreprises qui ont survécu grâce au pillage du trésor public et à l’exploitation des ressources et des personnes.

    Il sera participatif car on ne l’entend pas comme un petit groupe au pouvoir décidant en passant outre les majorités, mais comme des majorités exerçant le pouvoir à travers des structures communautaires de participation politico-sociale.

    Jusqu’à présent ce processus a été la clé du succès de la Résistance Populaire, puisqu’il n’y a pas un coin du pays qui n’a été pris en considération et les problèmes des communautés ont été défendus par les communautés elles-mêmes. Cela fait aussi partie de ce processus, différents programmes qui enrichissent le spectre politique et social du pays.

    On prend en considération les nécessités des populations indigènes et des descendants africains, les luttes ouvrières comme les luttes paysannes, la voix des étudiants retentit aussi fort que les exigences des environnementalistes et les communautés gay, lesbiens, travestis, bisexuels et transsexuels (LGTTB) exigent leurs droits à la même table où les communautés chrétiennes et religieuses invitent lutter pour la justice.

    Les femmes ont été en tête de la lutte dans la rue et aujourd’hui elles assument leur position d’égalité aux côtés des hommes pour faire avancer le processus, qui sans le dire, montre à chaque pas qu’il dispose de la force qui a rendu possibles toutes les révolutions impossibles.

    La Nouvelle Constitution est construite quotidiennement, mais ce n’est pas le but ultime des honduriens et des honduriennes. La Constitution n’est que le cadre légal qui rendra possible la construction d’une nouvelle société.

    Adital - quels sont les résultats que le FNRP attend des mobilisations pour le premier anniversaire du Coup militaire ?

    FNRP - Les mobilisations ont eu lieu depuis le 28 juin et cela continue d’être une démonstration du peuple hondurien en tant qu’acte de désobéissance et de résistance contre une dictature imposée au pays.

    Cette démonstration de force et de mécontentement d’un peuple préoccupe les putschistes, l’empire et l’oligarchie, car leur stratégie est de diviser, de soumettre la Résistance et d’éviter son développement national.

    Ce 28 juin nous ferons également un hommage à la mémoire de toutes les personnes victimes de la répression cruelle planifiée par les forces répressives de l’État conjuré (Michelleti-Lobo). Nous sommes et nous continuerons d’avancer pour cultiver une mémoire collective forte qu’ils ne pourront pas arrêter avec le pouvoir médiatique de l’oligarchie politico-patronale.

    Adital - La Résistance attend-elle encore une aide de la part des organismes internationaux pour revenir à une normalité démocratique ? Après le putsch, le comportement de ces organisations a-t-il été à un quelconque moment important et bénéfique pour le pays ?

    FNRP - A un certain moment la position adoptée par les organismes internationaux et les gouvernements a été important pour freiner l’avance de la dictature.

    Puis peu après ils ont commencé à promouvoir la signature de les accords de San José proposé par le gouvernement des États-Unis, avec le président [Oscar] Arias du Costa Rive comme médiateur. Accords qui n’ont par pris les intérêts du peuple hondurien en considération, pour lesquels la Résistance n’était pas d’accord et que le président Zelaya a considéré comme un échec.

    Les dictatures ne se mettent pas en place pour repartir si rapidement mais au contraire elles sont mises en place pour rester, c’est pourquoi la Résistance n’a été d’accord avec aucune de ces approches qui se sont déroulées dans un cadre de forte violation des Droits de l’homme de tous ceux et celles qui étaient contre le Coup d’État, et d’un autre côté tout cela s’est négocié dans une totale inégalité de conditions quand le président Zelaya s’est trouvé "pris" dans l’ambassade du Brésil.

    Maintenant on veut nous imposer un gouvernement de la vérité et de la réconciliation, résultat d’un processus électoral illégal faisant suite au coup, appuyé par les organismes putschistes et avec la bénédiction du gouvernement gringo.

    Dans le Front National de Résistance Populaire il est clair que la démocratie sous la protection du néolibéralisme n’a été qu’un mirage où ont émergé des inégalités sociales très dures, où plus de 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté. C’est pourquoi nous travaillons pour construire un État d’égalités qui soient réellement démocratiques, nous voulons transformer structurellement notre pays avec des mécanismes qui évitent le monopole politique que maintiennent actuellement les deux partis traditionnels (libéral et nationaliste) et arrêter l’injustice qu’organise les 10 familles qui croient que le Honduras leur appartient.

    interview réalisé par Natasha Pitts journaliste à Adital (Brésil)




    Source : Adital "Demostración de fuerza y descontento del pueblo preocupa a los golpistas"
    Traduction : Primitivi

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  • Un avatar urbain de l’opération Green Hunt*


    AUTEUR:  Arundhati ROY अरुणधती राय

    Traduit par  Fausto Giudice


    Alors que le gouvernement indien envisage de déployer l'armée de terre et l’aviation pour mater la rébellion dans les campagnes, il se passe des drôles de choses  dans les villes.

    Le 2 Juin le Comité pour la protection des droits démocratiques (CPDR) a tenu une réunion publique à Mumbai. Les principaux intervenants étaient Gautam Navlakha, conseiller de la rédaction de l'Economic and Political Weekly et moi-même. La presse y était en force. La réunion a duré plus de trois heures. Elle a été largement couverte par la presse écrite et télévision. Le 3 Juin, plusieurs journaux, chaînes de télévision et portails de nouvelles en ligne, comme Rediff.com, ont rendu compte de l'événement de manière plutôt correcte. Le Times of India (édition de Mumbai) a publié un article intitulé : «Nous avons besoin d'une idée qui ne soit ni de gauche ni de droite», et l'article du Hindu était intitulé : "Peut-on laisser la bauxite dans la montagne?" L'enregistrement de la réunion est disponible sur YouTube. [Voir les vidéos].


    L'auteure au meeting de Mumbai
     


    Le lendemain du meeting, l'agence Press Trust of India (PTI) a diffusé un compte-rendu éhonté de mes propos. La dépêche de PTI a d'abord été publiée en ligne par l'Indian Express le 3 Juin 2010 à 13 h 35. Titre : "Arundhati soutient les maoïstes et met les autorités au défi de l'arrêter." Voici quelques extraits:

    « L’auteure Arundhati Roy a justifié la résistance armée des maoïstes et a mis les autorités au défi de l’arrêter pour son soutien à leur cause pour soutenir leur cause » - «Le mouvement naxalite ne peut être rien d’autre que la lutte armée. Je ne suis pas en train de soutenir la violence. Mais je suis également totalement opposée à une analyse politique méprisante basée sur des atrocités. » (?)
    « Le mouvement armé est nécessaire. La voie gandhienne a besoin d'un public, qui est absent ici. Les gens ont débattu longtemps avant de choisir cette forme de lutte », Roy, qui avait salué « les gens de Dantewada » après que 76 policiers ont été fauchés par les maoïstes dans l’ attaque la plus meurtrière contre les forces de sécurité. «Je suis de ce côté de la ligne. Je m’en fiche ... ‘Prenez-moi et mettez-moi en prison’, a-t-elle affirmé. »

    Permettez-moi de commencer par la fin du compte-rendu. La suggestion que j’ai salué "les gens de Dantewada" après que les maoïstes avaient tué 76 membres de la Force centrale de réserve de Police  (CRPF) est de la diffamation pure et simple. J'ai clairement fait savoir dans une interview sur CNN-IBN que je considérais la mort des hommes de la CRPF comme tragique, et que je pensais qu'ils étaient des pions dans une guerre des riches contre les pauvres. Ce que j'ai dit au meeting de Mumbai, c'est que je méprisais l'industrie de la condamnation creuse créée par les médias et que, au fur et à mesure que la guerre continuait et que la spirale de la violence montait, il devenait impossible de tirer une quelconque morale des atrocités commises par les deux côtés, si bien qu’une analyse fondée sur les atrocités était un exercice futile.

    J'ai dit que je n'étais pas là pour défendre la mise à mort des gens ordinaires par qui que ce soit, ni les maoïstes, ni le gouvernement, et qu'il était important de se demander ce que la CRPF faisait avec 27 AK-47, 38 INSAS, 7 fusils semi-automatiques, 6 mitraillettes légères, un fusil Sten et un mortier de deux pouces dans des villages tribaux. S’ils étaient là pour faire la guerre, alors se faire forcer la main pour condamner le meurtre des hommes de la CRPF par les maoïstes signifiait se ranger aux côtés du gouvernement dans une guerre avec laquelle beaucoup d'entre nous n'étaient pas d'accord.

    Le reste du compte-rendu de PTI était un fatras malveillant et  idiot sur ce qui s'est dit au meeting. Mon point de vue sur les maoïstes est clair. J'ai écrit longuement à leur sujet. Lors du meeting, j'ai dit que la résistance du peuple contre l’accaparement de terres par les entreprises constituait un éventail de mouvements avec diverses idéologies, dont les maoïstes étaient la partie la plus militante. J'ai dit que le gouvernement étiquetait chaque mouvement de résistance, chaque militant,  comme «maoïste» afin de justifier la manière répressive et militaire dont il les traite. J'ai dit que le gouvernement a élargi le sens du mot «maoïste» pour y inclure tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui, toute personne qui ose parler de justice.

    J'ai appelé l'attention sur les gens de Kalinganagar et Jagatsinghpur qui menaient des manifestations pacifiques, mais vivaient en état de siège, encerclés par des centaines de policiers armés, qui les matraquent et leur tirent dessus. J'ai dit que la population locale a longuement réfléchi avant de décider quelle stratégie de résistance adopter. J'ai parlé du fait que les gens qui vivent dans des villages au cœur de la forêt  ne pouvaient pas recourir à des formes de protestation gandhienne parce que la satyagraha pacifique est une forme de théâtre politique que, pour être efficace, a besoin d'un public sympathique, ce qu’ ils n'avaient pas. J'ai demandé comment les gens qui étaient déjà affamés pouvaient se mettre en grèves de la faim. Je n'ai certainement jamais dit quelque chose comme : « Le mouvement armé est nécessaire. » (Je ne suis pas sûre de ce que cela signifie.)

    J’ai continué en disant que tous les divers mouvements de résistance aujourd'hui, indépendamment de leurs différences, ont compris qu'ils faisaient face à un ennemi commun, qu’ils étaient tous du même côté de la ligne, et que j’étais avec eux. Mais de ce côté de la ligne, au lieu de poser des questions seulement au  gouvernement, nous devrions nous poser quelques questions à nous-mêmes. Voici mes mots exacts:

    « Je pense qu'il est beaucoup plus intéressant d'interroger la résistance à laquelle nous appartenons, je suis de ce côté de la ligne. Je suis très claire à ce sujet. Je m’en fiche, prenez-moi, mettez-moi en prison. Je suis de ce côté de la ligne. Mais de ce côté de la ligne, nous devons nous retourner et poser des  questions à nos camarades. »

    J’ai alors dit qu’alors que les méthodes gandhiennes de résistance ne démontraient pas leur efficacité, les mouvements gandhiens comme le Narmada Bachao Andolan avaient une vision radicale et révolutionnaire du «développement» et alors que les méthodes maoïstes de la résistance étaient efficaces, je me demandais s’ils avaient pensé au  genre de «développement» qu'ils voulaient. En dehors du fait qu'ils étaient contre les ventes du gouvernement à des sociétés privées, leur politique minière était-elle très différente de celle de l'État? Laisseraient-ils la bauxite dans la montagne – ce qui est ce que veulent les gens qui constituent leur base -, ou laisseraient-ils l’exploiter une fois  arrivés au pouvoir?

     J'ai lu le poème de Pablo Neruda, "Standard Oil Company"   qui nous parle de cette vieille bataille.

    Le journaliste de PTI qui avait pris soin de prendre la permission des organisateurs d'enregistrer ne peut pas prétendre que sa version est une question d '«interprétation». Il  s’agit d’une falsification flagrante. Curieusement ce compte-rendu vieux d’un jour a été publié par plusieurs journaux dans plusieurs langues et diffusé par des chaînes de télévision le 4 Juin, dont de nombreux journalistes avaient déjà couvert l'événement avec exactitude le jour précédent et étaient évidemment au fait de ce que le compte-rendu était faux. L’ Economic Times  a écrit: «Arundhati Roy, assoiffée de publicité, veut être Aung San Su Kyi ». Je suis curieux : pourquoi les journaux et les chaînes de télévision publient-ils la même info deux fois, une fois correctement et une fois de manière erronée ?

    Le même soir (4 Juin), vers sept heures, deux hommes à moto sont arrivés devant à mon domicile à New Delhi et a commencé à jeter des pierres sur la fenêtre. Une pierre a failli atteindre un petit enfant jouant dans la rue. Des gens en colère se sont assemblés et les hommes se sont enfuis. Dans les minutes qui ont suivi, une Tata Indica est arrivée avec un homme prétendant être un journaliste de Zee TV. Il a demandé si c'était la «maison d'Arundhati Roy» et s'il y avait eu des ennuis. De toute évidence il s’agissait d’une mise en scène de «colère populaire» pour alimenter nos chaînes de télévision, qui sont de vrais barracudas. Heureusement pour moi, ce soir-là leur scénario a mal tourné.

    Mais il y a eu plus. Le 5 Juin le Dainik Bhaskar à Raipur effectué un élément de nouvelles " Himmat ho to AC kamra chhod kar jungle aaye Arundhati " (Si elle a le courage Arundhati doit quitter sa chambre climatisées et venir dans la jungle), dans laquelle Vishwaranjan, le directeur général de La police du Chhattisgarh m'a mis au défi de faire face à la police en rejoignant les maoïstes dans la forêt. Imaginez ça :  le DGP et moi, d’homme à homme. Pour ne pas être en reste, un chef de file du Bharatiya Janata Party de Chhattisgarh, Mme Poonam Chaturvedi a annoncé à la presse que je devrais être abattue à un carrefour, et que tous traîtres dans mon genre devraient être condamnés à mort. (Peut-être que quelqu'un devrait lui dire que ce genre d'incitation directe à la violence est une infraction au Code pénal indien).  Mahendra Karma, chef de la meurtrière milice « populaire » Salwa Judum , qui est coupable d'innombrables actes de viol et d'assassinat, a exigé une action en justice contre moi. Le mardi 8, le quotidien hindi Nayi Duniya signalé que les plaintes ont été déposées contre moi dans deux différents postes de police dans le Chhattisgarh, à Bhata Pada et Teli Bandha, par des particuliers s'opposant à mon « soutien déclaré aux maoïstes ».

     Est-ce ce que services de renseignement militaire appellent des psyops (opérations psychologiques)? Ou est-ce l'avatar urbain de l'opération Green Hunt? Dans lequel une agence de presse  gouvernementale aide le ministère de l’Intérieur  à constituer un dossier sur ceux qu'elle souhaite éliminer, inventant des preuves quand il ne peut pas en trouver ? Ou est-ce que PTI essaye de livrer les plus connus d'entre nous au lynchage de sorte que le gouvernement n'ait pas à risquer sa réputation internationale en nous arrêtant ou en nous éliminant?

    Ou est-ce juste une façon de forcer une polarisation grossière, un ridicule nivellement par le bas du débat : si tu n'es pas avec "nous", tu es un maoïste? Et pas seulement un maoïste, mais un maoïste bête, arrogant et gueulard. Quoi qu'il en soit, c'est dangereux, et éhonté, mais ça n’est pas nouveau. Demandez à n'importe quel Cachemiri, ou toute jeune musulman qui a été détenu comme «terroriste», sans aucune autre preuve que des compte-rendus infondés de médias. Demandez à Mohammed Afzal, condamné à mort pour «satisfaire la conscience collective de la société.»

    Maintenant que l'opération Green Hunt a commencé à frapper aux portes de gens comme moi, imaginez ce qui arrive à des militants et des travailleurs politiques qui ne sont pas bien connus. Aux  centaines de personnes emprisonnées, torturées et éliminées. Le 26 juin est le trente-cinquième anniversaire de l’instauration de l'état d’urgence. Peut-être le peuple indien devrait-il déclarer (parce que le gouvernement ne le fera certainement pas) que ce pays est en état d'urgence. (À la réflexion, a-t-il jamais été levé?) Cette fois, la censure n'est pas le seul problème. La fabrication de nouvelles en est un encore plus grave.

    *Operation Green Hunt (Opération Chasse verte) : nom par lequel les médias indiens désignent la vaste opération paramilitaire déclenchée par le gouvernement indien en novembre 2009 dans les cinq États du « corridor rouge » où est implantée la guérilla maoïste [NdT].


    Source : The Dawn-Operation Green Hunt's Urban Avatar

    Article original publié le 12/6/2010

    Sur l’auteure 

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  • Que tu prêtes ou non une quelconque réalité à la fiction judiciaire, tu le reconnaîtras : le déroulement du procès des cinq habitants de Villiers-le-Bel accusés d’avoir tiré sur la police en 2007 repousse toutes les limites du dit État de droit. Charges réduites à néant, témoins fallacieux et douteux coups de théâtre mettent à nu ce qui se joue là. La police a fait main basse sur la cour d’assises.

    A Villiers-le-Bel, "un policier à l’instinct prémonitoire" (® F. Louvrier)

    mardi 29 juin 2010, par JBB

     

    À un billet daté du 23 avril, Franck Louvrier [1], conseiller en communication de l’Élysée qui revenait sur l’affaire de cette automobiliste voilée verbalisée à Nantes, avait trouvé ce titre magnifique : Un policier à l’instinct prémonitoire.

    Façon de rendre grâce au prétendu flair d’un uniforme soupçonnant que le voile de la conductrice pouvait dissimuler de plus importants délits - en l’occurrence, une très médiatique fraude aux aides sociales.

    Et de souligner combien ce représentant de l’ordre était à la pointe d’un débat national [2].

    La prose de Franck Louvrier n’a (bien entendu) aucun intérêt - son blog n’a d’autre but que d’accueillir, avec une régularité variable, des billets ineptes censés habiller les clichés de sa pomme que le conseiller publie avec gourmandise.

    Mais il convient de retenir cette jolie expression - « policier à l’instinct prémonitoire ».

    Et de constater combien, en notre joli pays, la police et sa hiérarchie plus ou moins directe [3] savent parer de mots ronflants ses très nombreux errements.

    Retiens cela : les membres des forces de l’ordre ont toujours - c’est presque subséquent à leur fonction - un instinct remarquable, voire divinatoire.

    Et il ne saurait être question de le remettre en cause, non plus que de douter de la parole policière.

    Tu accueilleras donc sans ricanements le témoignage de ce lieutenant qui, aujourd’hui au procès des inculpés de Villiers-le-Bel, a miraculeusement identifié l’un des accusés pour tireur, quand il avait été incapable de le faire depuis novembre 2007.

    Un souvenir tardif mais ô combien bienvenu, alors que les témoins font faux-bond en une débandade d’anthologie et que les charges s’envolent comme fétu de paille.

    «  Je le reconnais formellement. Je l’ai vu une fraction de secondes sortir la tête d’un bosquet. Il avait une capuche claire… », explique ainsi le policier.

    Lequel met sa relative lenteur au démarrage - deux ans et demi , quand même… - sur le compte du traumatisme subi pendant les affrontements de Villiers-le-Bel : « Lors de ma déposition, je n’étais pas dans un état normal. »

    C’est logique : la physionomie est affaire de patience.

    Et le lieutenant a d’abord dû « sublimer » - si, si… - les événements de novembre 2007 avant de retrouver l’exacte mémoire de ce « visage émacié, en triangle », surgissant selon la (célèbre) « technique du dindon » [4].

    Chose faite : le policier a « formellement » reconnu pour tireur (sans doute entre deux bonds et gloussements de dindon) ce « diable qui sortait de sa boîte de pandore ».

    Il était temps…

    « Diable sortant de sa boîte de pandore. »
    (On a des lettres, dans la police, mais on ne sait pas trop s’en servir…)
    .

    L’ensemble - langage fleuri et maladroit pour un témoignage policier tombant à point tellement nommé que c’en relèverait presque de l’intervention divine - pourrait prêter à rire si la liberté d’hommes ayant déjà passé un an et demi en taule n’était en jeu.

    Et si ce témoignage évidemment mensonger ne venait s’ajouter à une si longue liste de flagrantes et éhontées manipulations qu’elles devraient suffire à pulvériser toute croyance en l’existence d’un État de droit chez le plus naïf des républicains.

    Il n’y a finalement rien de drôle, donc, à ces témoignages dénonçant les prétendus tireurs, obtenus contre promesse de monnaies sonnantes et trébuchantes - « On a voulu créer un électrochoc dans cette cité », explique Jean Espitalier, l’ancien patron de la police judiciaire de Versailles.

    Non plus qu’à cette justice se rendant sous X, l’essentiel des charges reposant sur la parole de gens qui n’en ont plus puisqu’ils peuvent balancer n’importe quelle accusation sous le couvert de l’anonymat.

    Il n’y a rien de drôle, non plus, à ce procès mené par une présidente à l’évidence partiale - « La juge (…) m’interrogeait avec agressivité, et alors que je refusais de dire des choses que j’ignore ou que j’ai découvertes dans la presse, elle m’a rappelé que je parlais sous serment, ce qui signifiait que je mentais », raconte ainsi l’élu PS Ali Soumaré, cité comme témoin.

    Et encore moins au verdict qui se profile, apparence de justice rendue alors même que toutes les apparences - justement - ont fondu comme neige au soleil (quatre des cinq témoins sous X se sont désistés et le cinquième s’est révélé être un informateur de la brigade des stupéfiants de Sarcelles).

    Il n’y a rien de drôle, enfin, dans ces témoignages venus, de nulle part et au dernier moment, renforcer une thèse policière sinon largement mise à mal - qu’il s’agisse de ce lieutenant prétendant reconnaître, deux ans après, l’un des tireurs ou de cet ancien prisonnier qui, apprenant la tenue du procès dans Le Parisien, se serait laissé guidé par le « sentiment de culpabilité » pour venir rapporter de vieilles confidences de cellule [5].

    Le procès de Villiers-le-Bel n’est qu’un évident simulacre, si bidonné que ses instigateurs et exécutants ne parviennent même plus à préserver cette fiction de justice qu’ils s’entendent d’ordinaire à conserver.

    Et la charge policière s’y substitue au droit : l’audience est aussi policière que l’enquête qui l’a précédée et les forces de l’ordre ont fait main basse sur la cour d’assises - les plaignants sont des policiers blessés dans les émeutes de novembre 2007, une partie des témoins aussi, et le verdict (rendu devant une assistance largement policière) sera lui-même éminemment policier.

    Certains se féliciteront de l’évidente mise à nu de la machine judiciaire s’opérant en cette occasion - chère payée pour ceux qui vont en faire les frais.

    Mais ce qu’elle dit de la dégradation du dit État de droit - qu’on croit ou non à cette fiction, il est d’évidents paliers dans la protection accordée aux individus devant la machine judiciaire - devrait inquiéter quiconque, habitant de Villiers-le-Bel ou d’ailleurs.

    Bref : Police partout (et surtout au tribunal), justice nulle part (et surtout pas au tribunal).

    Notes

    [1] Oui, oui : il a un blog…

    [2] «  Son action soulève surtout un vrai problème de société, écrivait ainsi Franck Louvrier : se vêtir ainsi d’un niqab est-il conforme à l’idée que nous nous faisons en France de la dignité de la femme ? »

    [3] Ne mégotons pas… Le conseiller en communication Franck Louvrier, parce qu’il est au plus près de l’exécutif et qu’il l’influence, n’est pas si éloigné de la hiérarchie policière. Indirectement, mais certainement - le président n’est-il pas d’abord celui des policiers depuis son passage à l’Intérieur ? - , il en fait partie.

    [4] Comprendre, d’après le lieutenant en question, qu’il sortait « sa tête à hauteur différente pour éviter les tirs ».

    [5] Lequel témoin a en sus menti à l’audience, expliquant avoir été condamné pour une gifle sur son épouse alors qu’il s’était rendu coupable d’agression sexuelle sur un mineur de moins de 15 ans…

    Source Ici


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