• Avant et après le séisme

    Comment ils ont ruiné Haïti (Counterpunch)

    Ashley SMITH
    photos : www.thewe.cc

    Un terrible tremblement de terre, le pire depuis 200 ans, a frappé Port-au-Prince mardi, provoquant d’innombrables dégâts et victimes. L’intensité du séisme était de 7,0 sur l’échelle de Richter et a été suivi durant toute la nuit jusqu’au matin par 30 autres secousses, toutes supérieures à une magnitude de 4,5.

    Le séisme a fait tomber des maisons, des hôtels, des hôpitaux et même les principaux bâtiments publics de la capitale, dont le palais présidentiel. L’effondrement de tous ces batiments a provoqué un gigantesque nuage qui a plané au-dessus de la ville et une pluie de poussière sur le sol dévasté.

    Selon les estimations, on compterait plus de 100.000 morts pour une métropole de 2 millions d’habitants. Ceux qui ont survécu vivent dans la rue par crainte de retourner dans les constructions qui sont encore debout.

    Partout dans le monde, les Haïtiens tentent d’entrer en contact avec leurs familles et amis mais la plupart des lignes téléphoniques du pays sont coupées.

    Alors que la majorité des gens ont réagi à cette crise en cherchant comment fournir de l’aide ou faire un don, le fanatique de la Droite Chrétienne (US), Pat Robertson, s’est distingué par une déclaration raciste abjecte. Il a expliqué que les Haïtiens étaient maudits parce qu’ils avaient signé un pacte avec le diable pour se libérer de l’esclavagisme de leurs maîtres français lors de la révolution haïtienne, il y a 200 ans.

    Les grands médias ont expliqué que le séisme avait été provoqué par un glissement de plaques tectoniques le long d’une faille située sous la capitale de Port-au-Prince, et que la misère et l’impuissance du gouvernement Préval avaient amplifié le désastre. Mais ils n’ont pas tout dit.

    « La couverture médiatique du séisme se caractérise par une déconnexion quasi totale entre le désastre et l’histoire sociale et politique d’Haïti », explique le militant de la solidarité avec Haïti, le Canadien Yves Engler. « Ils répètent que le gouvernement n’était pas du tout préparé pour faire face à une telle crise. C’est vrai. Mais ils n’ont pas expliqué pourquoi. »

    Pourquoi est-ce que 60 pour cent des bâtiments à Port-au-Prince étaient-ils mal construits et dangereux, même dans des conditions normales, selon le maire de la capitale ? Pourquoi n’y a-t-il pas de réglementation sur les constructions dans une ville située au-dessus d’une faille ? Pourquoi est-ce que la population de Port-au-Prince est-elle passée de 50.000 habitants dans les années 50 à 2 millions de miséreux aujourd’hui ? Pourquoi l’état a-t-il été totalement dépassé par les évènements ?

    Pour le comprendre, il faut examiner une deuxième ligne de fracture – la politique impériale des Etats-Unis à l’égard d’Haïti. Le gouvernement des Etats-Unis, les Nations Unies, et d’autres puissances ont aidé la classe dirigeante haïtienne à soumettre le pays aux plans économiques néolibéraux qui ont appauvri les masses, provoqué des déforestations, ruiné l’infrastructure et rendu le gouvernement impuissant.

    La ligne de fracture de l’impérialisme US a amplifié la ligne de fracture géologique et a transformé une catastrophe naturelle en une catastrophe sociale.

    Pendant la Guerre Froide, les Etats-Unis ont soutenu les dictatures de Papa Doc Duvalier et ensuite Bébé Doc Duvalier – qui ont régné sur le pays de 1957 à 1986 – pour faire un contrepoids à Cuba.

    Sous la supervision de Washington, Bebé Doc Duvalier a ouvert l’économie haïtienne aux capitaux US dans les années 70 et 80. Les produits agricoles importés des Etats-Unis ont inondé le pays et ruiné la paysannerie locale. Des centaines de milliers de gens sont venus se réfugier dans les bidonvilles de Port-au-Prince pour fournir une main d’oeuvre extrêmement bon marché aux « ateliers à sueur » (sweat shops) US situés dans les zones franches.

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    Dans les années 80, les Haïtiens se sont soulevés pour chasser les Duvalier et ont ensuite élu à la présidence le réformiste Jean-Bertrand Aristide sur un programme de réforme agraire, d’aide aux paysans, de reforestation, d’investissement dans les infrastructures, d’augmentation des salaires et des droits syndicaux pour les travailleurs.

    En réaction, les Etats-Unis ont soutenu un coup d’état qui a chassé Aristide en 1991. En 1994, après que Bill Clinton ait envoyé ses troupes sur l’île, le président élu a retrouver son poste mais à la condition d’appliquer le plan néolibéral US, appelé « plan de la mort » par les Haïtiens.

    Aristide a résisté à certaines mesures du programme US pour Haïti, mais en a mis d’autres en oeuvre, brisant ainsi la perspective de réformes. Et puis un jour, les Etats-Unis ont perdu patience devant les résistances d’Aristide qui refusait de se soumettre totalement, surtout lorsqu’il a demandé au cours de sa dernière année de mandat 21 milliards de dollars en guise d’indemnisations pour son pays. Les Etats-Unis ont imposé un embargo économique qui a étranglé le pays et plongé les paysans et les travailleurs dans une misère encore plus profonde.

    En 2004, Washington a collaboré avec la classe dirigeante haïtienne dans son soutien aux escadrons de la mort qui ont renversé le gouvernement puis enlevé et déporté Aristide. Les Nations Unies ont ensuite envoyé des troupes pour occuper le pays et le gouvernement marionnette de Gérard Latortue a été installé afin de poursuivre les plans néolibéraux de Washington.

    Le court règne de Latortue a été marqué par une profonde corruption – lui et ses partisans ont empoché une bonne partie des 4 milliards de dollars injectés par les Etats-Unis et d’autres pays après la levée de l’embargo. Le régime a démantelé les timides réformes qu’Aristide avait réussies à mettre en place. Ainsi, le processus d’appauvrissement et de dégradation des infrastructures du pays s’est accéléré.

    En 2006, les Haïtiens ont massivement élu à la présidence René Préval, allié de longue date d’Aristide. Mais Préval n’a pas fait preuve de beaucoup de détermination et a fini par collaborer avec les plans US et ignorer la crise sociale qui s’amplifiait.

    En fait, les Etats-Unis, les Nations Unies et les autres puissances impériales ont court-circuité le gouvernement Préval en injectant de l’argent directement dans les ONG. « Aujourd’hui, en Haïti, le nombre d’ONG par habitant est le plus élevé au monde » dit Yves Engler. Le gouvernement Préval n’est plus qu’un paravent derrière lequel les véritables décisions sont prises par les puissances impériales qui les mettent en application par l’intermédiaire d’ONG qu’elles ont choisies.

    Le véritable pouvoir dans le pays n’est pas exercé par le gouvernement Préval mais par la force d’occupation des Nations Unies appuyée par les Etats-Unis. Sous direction brésilienne, les forces de l’ONU ont protégé les riches et ont collaboré avec – ou ont fait semblant de ne pas voir – les escadrons de la mort d’extrême droite qui terrorisent les partisans d’Aristide et de son parti Lavalas.

    Les forces d’occupation n’ont rien fait pour lutter contre la misère, la dégradation des infrastructures et la déforestation massive qui ont amplifié les effets d’une série de catastrophes naturelles – de violents cyclones en 2004 et 2008 et maintenant le séisme.

    Au lieu de cela, elles se sont contentées de faire la police au milieu d’une catastrophe sociale et ont commis les crimes habituels et caractéristiques de toutes les forces de police. Selon Ban Beeton, dans un article de la NACLA sur les Amériques, « la mission de stabilisation de l’ONU en Haiti (MINUSTAH), qui a commencé en juin 2004, a été marquée pratiquement dés le premier jour par des scandales de meurtres, de viols et autres violences commises par ses troupes. »

    L’administration Bush d’abord, et maintenant l’administration Obama, ont toutes deux profité du coup d’état, des crises sociales et des catastrophes naturelles pour étendre les projets néolibéraux des Etats-Unis.

    Sous Obama, les Etats-Unis ont annulé une partie de la dette, pour un montant de 1,2 milliards de dollars, mais n’ont pas annulé la totalité de celle-ci – Haiti rembourse encore d’énormes sommes à la Banque Inter-Américaine pour le Développement. L’annulation d’une partie de la dette fait partie de la mise en scène habituelle destinée à occulter la véritable politique d’Obama en Haiti, qui est encore et toujours la même.

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    En étroite collaboration avec le nouvel envoyé spécial des Nations Unies pour Haïti, l’ancien président Bill Clinton, Obama est intervenu pour faire appliquer un programme économique similaire à celle du reste des Caraïbes – tourisme, ateliers de textiles, et la réduction du contrôle de l’état sur l’économie par le biais des privatisations et des déréglementations.

    Plus précisemment, Clinton a dirigé un plan visant à transformer le nord d’Haïti en un terrain de loisirs pour touristes, situé le plus loin possible des bidonvilles de Port-au-Prince. Clinton a convaincu la compagnie Royal Caribbean Cruise Lines d’investir 55 millions de dollars pour construire un port le long de la côte de Labadee, loué jusqu’en 2050.

    A partir de là, l’industrie touristique de Haïti espère organiser des expéditions vers les forteresses haut perchées de Citadelle et de Palais Sans Souci, toutes deux construites par Henri Christophe, un des dirigeants de la révolution des esclaves d’Haïti. Selon le Miami Herald, le plan de 40 millions de dollars comprend la transformation de la ville paisible de Milot, base de départ pour la Citadelle et le Palais Sans Souci, en un village touristique animé comprenant des galeries d’arts, des marchés d’artisanat, des restaurants et des rues pavées. Les touristes seront transportés en contournant le cap embouteillé de Cap-Haïtien jusqu’à la baie, puis transportés par autocars le long des plantations paysannes pittoresques. Une fois à Milot, ils pourront grimper à pied ou à cheval jusqu’à la Citadelle... classée patrimoine mondial depuis 1982...

    Dés lors que la Royal Caribbean a prévu de faire venir le plus grand navire de croisière au monde, provoquant ainsi une demande en excursions, l’industrie du tourisme d’Haiti encourage le développement de l’écotourisme, d’explorations archéologiques et de démonstrations voyeurs de rites vaudous.

    Ainsi, tandis que Pat Robinson compare la grande révolution des esclaves d’Haïti à un pacte avec le diable, Clinton s’active à la réduire à un piège à touristes. Dans le même temps, les plans de Clinton pour Haïti prévoient une expansion des « ateliers à sueur » (sweat shops) pour profiter de la main d’oeuvre bon marché fournie par les masses urbaines. Les Etats-Unis ont détaxé les importations en provenance d’Haiti pour faciliter le retour de la production de ces ateliers.

    Clinton a vanté les opportunités offertes par le développement des « ateliers à sueur » lors d’une visite éclair d’une usine à textile appartenant et géré par la célèbre Cintas Corp. Il a annoncé que George Soros avait offert 50 millions de dollars pour un nouveau parc industriel d’ateliers qui pourrait créer 25.000 emplois dans l’industrie du textile. Clinton a expliqué à une conférence de presse que le gouvernement d’Haïti pourrait créer « plus d’emplois en baissant le coût des investissements, y compris le prix des loyers ».

    Le fondateur de TransAfrica, Randall Robinson, a déclaré à Democracy Now ! (radio progressiste US – NdT) « Haïti n’a pas besoin de ce genre d’investissement. Il a besoin d’investissements en capital. Il a besoin d’investissements qui lui permettraient d’atteindre l’autosuffisance. Il a besoin d’investissements pour pouvoir se nourrir. »

    Une des raisons pour lesquelles Clinton a pu promouvoir aussi facilement les « ateliers à sueur » est que le coup d’état appuyé par les Etats-Unis a éradiqué toute forme de résistance. Ils se sont débarrassés d’Aristide et de sa manie qui consistait à augmenter le salaire minimum. Ils l’ont forcé à l’exil, ils ont terrorisé ses alliés restés sur place et ils ont interdit à son parti politique, Fanmi Lavalas, le parti le plus populaire du pays, de se présenter aux élections. De plus, le régime issu du coup d’état a attaqué les syndicalistes présents dans les « ateliers à sueur ».

    Clinton pouvait ainsi annoncer aux hommes d’affaires que « Le risque politique en Haïti est le plus faible que je n’ai jamais vu de ma vie ».

    Ainsi, à l’instar des présidents américains avant lui, Obama a aidé les classes privilégiées d’Haïti, a soutenu les multinationales qui voulaient profiter des coûts de main-d’oeuvre, a réduit le pouvoir de réglementation de l’état haïtien et a réprimé toute forme de résistance politique.

    Les conséquences directes de ces politiques sont un état haïtien impuissant, une infrastructure en ruines, des constructions hasardeuses et une misère noire qui, conjuguées aux cyclones et maintenant au séisme, ont transformé une catastrophe naturelle en une catastrophe sociale.

    Tout le monde devrait soutenir la fourniture d’aide à Haïti, mais personne ne devrait le faire avec des oeillères. Comme l’a dit Engler : « l’aide destinée à Haïti a toujours été employée au profit d’intérêts impérialistes. Ceci est évident lorsqu’on observe comment les Etats-Unis et le Canada ont traité le gouvernement Aristide en contraste au traitement réservé au régime issu du coup d’état. Les Etats-Unis et le Canada ont affamé Aristide en supprimant pratiquement toute aide. Mais après le coup d’état, ils ont ouvert en grand les robinets financiers pour appuyer les forces les plus réactionnaires de la société haïtienne. »

    Ils ne faut pas se tromper sur le rôle des ONG internationales. Tandis que de nombreuses ONG tentent de répondre à la crise, les Etats-Unis et d’autres gouvernements fournissent une aide destinée à miner le droit à l’autodétermination du pays. Les ONG internationales n’ont aucun compte à rendre au gouvernement haïtien, pas plus qu’au peuple haïtien. Par conséquence, toute aide qui passe par ces ONG ne fait qu’affaiblir un peu plus le peu d’emprise sur leur propre société encore entre les mains des Haïtiens.

    L’administration Obama devrait aussi lever l’exil d’Aristide et lui permettre de retourner en Haïti, et lever aussi l’interdiction faite à son parti politique, Fanmi Lavalas, de participer aux élections. Après tout, un criminel et trafiquant de drogue notoire, Guy Philippe, et sont parti le Front National pour la Reconstruction (FNR) ont été autorisés à participer aux élections. Aristide et son parti, par contraste, sont encore la force politique la plus populaire du pays et devraient être autorisés à participer à une élection libre et démocratique.

    Les Etats-Unis devraient aussi cesser de déporter les Haïtiens qui ont fui leur pays déchiré par la crise et leur accorder une statut temporaire de réfugiés. Ce qui permettrait aux Haïtiens qui ont fui la crise politique et sociale que traverse le pays depuis le coup d’état, les cyclones et à présent le séisme, de rester aux Etats-Unis.

    Par-dessus tout, nous devons exiger que les Etats-Unis cessent d’imposer leurs programmes néolibéraux. Les Etats-Unis ont pillé Haïti depuis des décennies. Ce n’est pas Haïti qui a une dette envers les Etats-Unis, et d’autres pays, mais l’inverse. Les Etats-Unis, la France, le Canada et les Nations Unies doivent au peuple haïtien une indemnisation pour le pillage de leur pays.

    Avec ces indemnités et un espace politique, les Haïtiens pourraient commencer à déterminer leur propre avenir politique et économique – tel qu’il avait été rêvé par la grande révolution des esclaves, il y a 200 ans.

    Ashley Smith

    Article original : http://www.counterpunch.org/smith01...

    Traduction par le Grand Soir Source ici


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    Un article paru sur numerama.com annonçait hier, vendredi 15 janvier 2010, que Google.cn n’était plus accessible en Chine.

    Cependant, l’action courageuse (mais calculée) de Google risque fort d’être étouffée dans l’oeuf. Selon diverses sources chinoises relayées dans les médias, Pékin aurait déjà riposté en bloquant la version chinoise du moteur de recherche (Google.cn). Si ce dernier reste accessible depuis les autres régions du globe, les internautes chinois à l’intérieur de la “grande muraille numérique” ne pourrait plus y accéder.

    http://www.numerama.com/magazine/14857-google-recoit-les-eloges-du-congres-americain-et-se-refait-censurer-en-chine.html

    Voici donc la copie d’écran prise ce matin 16 janvier 2010.

    Comme vous pouvez le constater, google.cn est toujours accessible, comme d’ailleurs google.com et google.fr. Il reste donc toujours facile de raconter n’importe quoi sur un non-évènement se déroulant à plus de 10 000 kms, et donc parfois difficilement vérifiable par le commun des Français. Une chose par contre totalement réelle, est la mauvaise foi malhonnête de certains médias qui pour plaire à leur classe bien-pensante de lecteurs sont prêts à tous les mensonges pour redorer un blason si terne. Je ne sais si Numerama est un des heureux bénéficiaires des subventions Elyséennes, mais si tel est le cas, il a bien appris sa leçon, dans le cas contraire, ce média devrait se recycler dans le papier toilette qui semble plus adapté à la piètre qualité de ses articles.

    Pour ma part, si j’avais été au gouvernement, et plutôt que d’attribuer de généreuses subventions funéraires à une presse moribonde, j’aurai réformé le statut de journaliste en modifiant le paragraphe stipulant que :

    « Pour être journaliste, il faut tirer de cette activité le principal de ses revenus »

    Par

    « Pour être journaliste, il se doit de vérifier une information donnée, ou se taire si l’on n’a rien à dire »

    Liberté d’expression : oui, liberté de mentir : non

    ALBIE Alain - Hengxian - Guangxi - Chine

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    Auteur : Roland

    logo de Google.cnHier j'ai vu et entendu plusieurs informations dans les médias dominants qui disaient que la Chine avait bloqué Google.cn sur son territoire.

    Seulement, j'ai tellement l'habitude d'entendre n'importe quoi quand il s'agit de la Chine, que j'ai eu l'idée d'envoyer un mail à Hengxi, un contributeur régulier de Dazibaoueb, pour lui demander de vérifier. Hengxi réside en Chine, comme l'atteste son fournisseur d'accès internet (CHINANET Guangxi province network) ainsi que la géolocalisation de son adresse IP :


    Geolocalisation

    Sans surprise Hengxi a contaté que l'information donnée en France était fausse, Google reste accessible depuis la Chine, et il a publié cet article. Merci donc à Hengxi de rétablir la vérité.

    Dans ce cas précis l'information était très facile à vérifier, surtout pour les médias qui ont des correspondants permanents en Chine, et qui pouvaient en 3 clics vérifier si Google.cn était accessible. C'est donc bien de manière délibérée que cette désinformation a été diffusée.

    On constate encore une fois que l'on a été abusé par les médias. C'est habituel quand il s'agit de la Chine.

    Ca ne concerne d'ailleurs pas que la Chine, c'est pareil pour la Russie, le Vénézuéla, Cuba, etc... Rappelez vous  par exemple comment les médias ont traité la guerre entre la Russie et la Géorgie.

    Et dans l'autre sens, tous les pays alignés sur les USA ne sont jamais "maltraités" par nos médias. Jamais un mot de critique contre la Colombie par exemple, pays où le pouvoir assassine 1000 syndicalistes par an. Le pompon étant attribué à Israël, où quoiqu'il se passe, nos médias justifie même l'injustifiable.

    En gros selon les médias dominants, le monde se partage entre méchants et gentils. Les gentils sont les pays à la botte des USA, les méchants sont les pays qui ne s'alignent pas avec les gentils américains. C'est assez caricatural mais c'est comme ça.

    Presse, ne pas avalerIl faut donc être très méfiant vis  vis de nos médias, et systématiquement vérifier les informations qui nous sont données. Je sais, ce n'est pas évident, mais Internet est là pour nous aider.

    Toutefois c'est assez facile à déceler. Quand vous voyez toute la presse dominante, toutes les télés et toutes les radios distiller le même discours, vous pouvez être à peu près sûrs qu'il y a anguille sous roche.


    Post-Scriptum: J'informe Hengxi qu'il est promu correspondant permanent de Dazibaoueb en Chine.


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  • Spécialiste des relations entre communautés Rrom et Gadjé en Europe de l’est, Timothée a séjourné à plusieurs reprises en République Tchèque et en Slovaquie. De ce dernier pays, où il travaillait dans un centre pour jeunes Rroms, il a ramené ce reportage (photos comprises), immersion locale dans le quotidien difficile d’une communauté contrainte de vivre en marge. Un témoignage précieux.

    Pauvreté, racisme et exclusion : le difficile quotidien des Rroms slovaques

    par Timothée Demeillers

     

    Il existe, dans l’est européen, des lieux en marge de toute structure. Délaissés par les pouvoirs locaux. Abandonnés par les réseaux sociaux et économiques ou par les toutes fraiches instances européennes, qui lancent cependant régulièrement quelques projets, dont l’enracinement, l’applicabilité et le suivi sont dérisoires.

    Des lieux qu’on inscrit difficilement dans le paysage européen tant le développement semble les avoir oubliés, tant leur dénuement et leur retard économique paraissent incompatible avec nos représentations de l’Europe, même de la "nouvelle Europe". En Slovaquie, ces lieux en marge sont appelés Osada, c’est à dire localités - même si la traduction devrait plutôt être ghetto ou bidonvilles - de Tsiganes. De Rroms, selon l’appellation officielle. Lesquels se concentrent et s’entassent dans ces quartiers, villages et même parfois villes de plusieurs milliers d’habitants que le régime communiste à cherché, dans un souci d’homogénéité sociale et ethnique, à intégrer en les sédentarisant.

    De la route reliant Bratislava à Kosice, les deux principales villes du pays, et coupant en deux ce pays de collines verdoyantes, on ne voit pas ces localités. On contemple plutôt un pays rural, de petits villages cossus aux belles églises, quelques forteresses perchées sur des hauteurs charmantes.
    Radobytce, petit village, n’est pas visible, donc.

    Il faut serpenter quelques kilomètres dans une forêt dense, couper à travers un kolkhoze abandonné - pourtant toujours gardé par un chien peu accueillant et très agressif - pour enfin voir les premières maisons se dégager. Des maisons ? Elles n’en sont pas vraiment : il s’agit de cabanes, plutôt, faites de matériaux divers que l’on peut trouver dans les environs. Mais des draps et vêtements séchant un peu partout et des déchets de toutes sortes donnent, en ce matin gris de février, une teinte très "colorée" au tableau d’ensemble.

    Les enfants sont les premiers à venir à notre rencontre. Ils sont nombreux, certains ne portant que de simples maillots de corps, maculés de terre, marchant pieds nus malgré le froid. Martin suit, qui nous accueille avec un grand sourire. Nous nous sommes déjà rencontré auparavant et, en me serrant la main, il me montre son nouveau bijou, acheté à crédit, un téléphone portable dernier cri, « un qui fait vidéo ». Il semble très fier et me somme de l’appeler, afin que j’entende les sonneries de son jouet tout neuf. Celle qui retentit reproduit les cris de jouissance d’une femme durant le coït. Je prends un air surpris, amusé, tandis que la bande d’enfants massés autour de nous, éclate d’un rire communicatif.

    Dans ce village d’environ trois cents âmes, tous Rroms, Martin est le seul à travailler. Employé dans un centre d’activité pour les enfants du village, financé par la communauté européenne, il bosse une vingtaine d’heures par semaine et gagne près de deux cent euros par mois. Il fait partie des privilégiés. L’un des seuls à avoir une voiture, et deux pièces pour sa femme et ses deux enfants, un luxe au regard de la chambre que se partagent - en moyenne - sept personnes.


    À Radobytce, tout le monde connaît Martin et il connaît tout le monde. À tel point qu’il pense à se présenter aux prochaines élections municipales. Ce serait une première pour un Rrom de Radobytce, village dépendant du hameau voisin, moins peuplé mais uniquement "Blanc". Hors de son environnement, parmi les Gadjé, Martin semble pourtant moins à l’aise. Il dit certes bonjour à quelques personnes, des anciens camarades de classe qu’il présente toujours fièrement, mais semble à nu, en territoire inconnu. Alors qu’il est habituellement très enthousiaste, il nous implore même, au cours d’une soirée arrosée, de rentrer au village, où il se sentira mieux : les regards des populations locales, gens mimant la vaporisation d’une bombe désodorisante en notre direction, lui pèsent.

    Parler de racisme dans l’Est de la Slovaquie est quasiment un pléonasme, tant les Rroms semblent discriminés. La vie entre les deux communautés est incroyablement compartimentée et les stéréotypes sur l’autre sont vivaces, et ce dès le plus jeune âge. À l’école, les jeunes Rroms sont systématiquement (ou presque) placés dans un système parallèle, des "écoles spéciales" (zvlastni skoly) ou "écoles à chômage" comme les surnomme Martin. Ces établissements ferment tout avenir professionnel aux jeunes, limitant - par exemple - le programme de cinquième à la résolution de multiplications simples et à des cours de dessin.


    Plus dramatique encore, le "racisme de la vie ordinaire". Brave citoyen empêchant les Rroms de monter par l’avant du bus, par peur des bactéries. Commerçant qui les flique dès qu’ils entrent dans une boutique, par peur du vol. Conducteur fonçant avec sa berline sur un groupe d’enfants, au motif qu’ils en ont trop. Ou lecteur d’un journal local s’amusant du drame vécu par un enfant du village, dont les doigts ont été sectionnés par une hache ; et de remarquer qu’ainsi il économisera des frais de manucure, avant d’ajouter que ces êtres dégueulasses ne savent plus quoi inventer pour toucher des aides sociales…

    La situation n’est pas toujours si manichéenne, pourtant, et l’interaction (ou plutôt l’absence de celle-ci) entre les deux communautés, Rroms et Gadjés, creuse chaque jour davantage ce fossé d’incompréhension. En réaction au racisme quotidien, les Roms sont poussés à la marge, cantonnés dans un repli communautaire toujours plus méfiant et défensif. L’école, institution des Gadjé, n’est acceptée par les parents que parce qu’elle conditionne une partie des aides sociales ; dès l’âge de sept-huit ans, les journées d’absence des enfants se multiplient, pour aider les parents à la cueillette ou à préparer du bois pour l’hiver.

    Par la force des choses, aussi, les Rroms se replient parfois sur les stéréotypes dont la majorité les accuse. Le vol ? Une pratique marginale, mais quelquefois seul moyen de survivre face à un marché du travail complètement fermé. De même pour les aides sociales , unique moyen de subsistance pour bon nombre de familles, avec la fuite, le départ vers l’eldorado étranger. «  Je n’ai rien contre eux, j’en connais même certains personnellement, mais ils ne font rien, ne cherchent pas à s’intégrer et reçoivent toute l’attention des autorités qui sont aux petits soins. Moi aussi j’ai des enfants, qui ont, eux aussi des problèmes, mais personne ne vient pour s’occuper d’eux », s’enflamme le maire d’un village voisin.

    Face à un débat sur l’œuf ou la poule, que l’on pourrait résumer dans sa forme slovaque au dilemme entre le repli communautaire et le racisme, il est difficile de tirer des conclusions trop tranchées. À un problème communautaire, la réponse est trop souvent apportée de manière communautarisée, dirigée uniquement vers les populations victimes. Soit qu’on tente de restaurer naïvement les attributs de leur culture passée, pour en faire un symbole de fierté, soit qu’on s’attaque au versant intégrateur de la question, consacrant son énergie à la formation et l’éducation de ces groupes. Réponses nécessaires, mais incomplètes.

    Car ces remèdes oublient de prendre en compte l’autre camp de la réalité sociale locale, celui des détenteurs des clés économiques à qui ces politiques apparaissent comme d’autant plus injustes que les populations qui en bénéficient sont pour eux des parasites geignards. Tant que le doigt ne sera pas posé sur le véritable problème, à savoir réparer ou simplement construire des liens entre ces voisins inconciliables, la question de ces populations sera toujours en suspens. Et comme le dit Martin, « nous resterons le Noir dont personne ne veut »…


    Les photos de Timothée nous bottant particulièrement, on n’a pas résisté à la tentation d’en rajouter quelques-unes, ci-dessous.


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  • Qu’importe la neige ! Les 1 500 personnes venues mercredi à Amiens soutenir les six ouvriers de Continental - accusés d’avoir participé aux dégradations commises dans la sous-préfecture de Compiègne - n’avaient pas si froid, tant la solidarité échauffe le cœur et enflamme l’âme. Lyrique ? A peine… La manif avait de la gueule, même si le procès un peu moins. Compte-rendu.

    Procès des "six de Continental" : loin des centrales syndicales, au coeur des luttes sociales

    vendredi 15 janvier 2010, par JBB

    Dans la gare d’Amiens, mercredi matin, roulements de tambour et cornes de brume. Les Continental débarquent pour le procès en appel des six d’entre eux, poursuivis pour ce qu’il est convenu d’appeler "la mise à sac" de la sous-préfecture de Compiègne. Et ils sont bien décidés à se faire entendre. Derrière sa caisse, la vendeuse de tabac, vieille bique ayant l’air de se soucier comme d’une guigne des 1 100 licenciements décidés par la direction de Continental au début de l’année dernière, peste : « On n’entend qu’eux, ça commence à bien faire… »

    Dans les rues : malgré le froid, la chaleur…

    Sur le parvis, 1 500 manifestants, pas si bruyants que ça. S’ils tapent des pieds, c’est d’abord pour se réchauffer : ça caille, la ville est blanche de neige et quelques flocons tombent encore. Tout le monde patiente, et seules les têtes d’affiche de la gauche, venues faire leur pub autant que soutenir les six inculpés, arpentent le parvis, suivies de nuées plus ou moins importantes de photographes et caméramans. Au petit palmarès de la notoriété médiatique, Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon l’emportent de loin sur Nathalie Arthaud ou sur un Robert Hue esseulé. Mais pas un n’arrive, en la matière, à la cheville de Xavier Mathieu : le leader des Conti fera toute la manif avec une véritable grappe d’appareils photo suspendue à ses basques.

    Quelque part, au milieu des caméras et des appareils photos, se cache un Xavier Mathieu. Sauras-tu le retrouver ?

    Les médias sont là, certains partis politiques (NPA, LO, PCF, Parti de Gauche…) aussi, les syndicats beaucoup moins. Si la CNT et Solidaires ont fait le déplacement, les drapeaux de la CGT font (pour une fois) pâle figure, à l’exception de ceux de la Fédération chimie. En-dessous de tout - comme à l’ordinaire - la Confédération générale du travail s’est contentée de publier un vague communiqué appelant à la relaxe des inculpés.

    Bernard Thibault n’est pas là [1] - une triste habitude… -, ça lui évite de se faire conspuer. Une grande banderole de la CNT donne le ton du ressentiment : "À bas les directions syndicales qui collaborent avec le capital". Pas mieux.


    En fait, c’est la partie la plus respectable de la gauche qui s’est donnée rendez-vous à Amiens. Les anar, quelques totos et tous ceux qui pensent que la lutte des classes et le combat social ne se résument pas aux organigrammes des partis politiques et aux appareils syndicaux. À tel point que je me suis (presque) senti comme en famille…

    Chaud au coeur malgré le froid, donc. La solidarité n’est pas un vain mot, non plus que la motivation à dire son refus de la criminalisation du mouvement social et de la justice de classe. J-M, militant de l’OCL, est venu de Reims, « parce que c’est vraiment important d’être là ». Son pote, adhérent de toujours à la CGT, a même réussi à se faire payer le voyage par son syndicat : « Ils ont d’abord refusé, avant d’accepter "parce que c’était moi". » Toujours ça de pris… On discute, le cortège s’étire tranquillement, bon enfant.

    Un petit kilomètre de marche, et déjà l’arrivée devant le palais de justice d’Amiens, soigneusement gardé par des CRS venus en nombre. L’heure de quelques discours, avant le début du procès. Je passerai sur ceux des politiques [2], pour me contenter de te rapporter la prise de parole de Xavier Mathieu. « Si on s’acharne sur nous, c’est bien par vengeance sociale, et pour envoyer un message à toute la classe ouvrière.

    Le procès contre nous, c’est une façon de menacer tous les travailleurs qui ne voudraient pas se laisser faire face aux attaques patronales et gouvernementales », lit-il, visiblement ému, avant de relever le nez de son papier après avoir bégayé : « Excusez-moi… Mon problème, c’est que ma tête durcit depuis quarante ans parce qu’on lui tape dessus, mais mon coeur est toujours aussi tendre… » Clameurs. Lui reprend : « Votre présence aujourd’hui, la présence de tous les témoins qui vont se succéder à la barre pour défendre notre cause, est bien la preuve de l’importance de ce qui se joue au travers de ce procès et montre bien que nous ne sommes pas seuls. » Pas mieux, derechef.

    À la barre : un procès politique, même si…

    Je ne vais pas te raconter le procès. De un, il s’est méchamment étiré en longueur, se révélant plutôt chiant. De deux, il n’a que peu différé de celui s’étant tenu en première instance : la défense des inculpés n’a pas bougé d’un iota, même si le prononcé des peines (mise en délibéré au 5 février) devrait être revu à la baisse [3].

    Surtout, il faut que je t’avoue une petite déception à propos de la ligne de défense adoptée par les prévenus : moins combatifs qu’à l’extérieur, ils faisaient un peu figure de gamins pris en faute, se refusant à revendiquer leurs actes. Pinaillant sur la casse qui leur est reprochée - « On ne m’a pas apporté la preuve que l’objet a bien été détruit, argumente ainsi Xavier Mathieu à la barre, contestant le bris d’un écran d’ordinateur.

    Chez moi, j’ai déjà fait tomber l’écran de l’ordinateur sans le casser » ; « Ce n’était pas volontaire », avance un autre prévenu, accusé d’avoir brisé une fenêtre ; « Je n’ai jeté que des feuilles blanches par la fenêtre, pas des dossiers », se défend une autre - , les inculpés ont surtout tenté de contester les charges.

    Il ne s’agit pas de prétendre que les six ouvriers de Continental devraient se montrer bravache à la barre, quitte à endurer des peines plus lourdes (ce serait malvenu). Il ne s’agit pas non plus de donner des leçons à des gens ayant payé très cher leur engagement et leur combat (ce serait indécent). Mais voilà : les dégradations commises dans la sous-préfecture ont été filmées, et le juge ne s’est pas privé de multiplier les arrêts sur image, exploitant avec gourmandise le reportage que TF1 a diffusé sans flouter les protagonistes [4].

    « La mise à sac de la sous-préfecture s’est faite en présence des moyens de communication », a t-il remarqué, avant de le souligner à nouveau un peu plus tard : « Cet incident s’est fait sous le contrôle de la télévision. » Et l’avocat général d’enchaîner, quand l’un des prévenus conteste avoir cassé quoi que ce soit : « Ça se voit pourtant à l’écran. Pour une fois qu’on a des images aussi nettes… merci TF1 ! » Grimaces gênées sur les bancs de la presse, rires ironiques parmi les soutiens des prévenus.

    Adoncques, je reprends : il y avait un évident hiatus entre les arrêts sur image opérés sur les visages des prévenus s’énervant dans la sous-préfecture et leurs dénégations maladroites à la barre. À l’écran, les bureaux sont renversés, l’ordinateur jeté par terre d’un coup de poing, les dossiers clairement jetés par la fenêtre… quel intérêt de le nier ? Contre-productive [5], une telle ligne de défense donne le fâcheux sentiment que force restera toujours à la loi, que les Continental sont bien coupables d’avoir résisté au mépris et au désordre social.

    D’autant plus regrettable que les témoins de moralité s’étant succédés à la barre - un véritable who’s who de la gauche, depuis Marie-Georges Buffet à Olivier Besancenot, en passant par Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon et Christian Mahieux… - ont eux insisté sur la légitimité de la colère des salariés et l’indécence à poursuivre ceux qui sont d’abord des victimes. Bref : une occasion ratée… Et une évidente victoire pour ceux qui ambitionnent de maintenir la "paix sociale".
    Un point que soulignait déjà François Ruffin, en un excellent article [6] publié après le procès en première instance :

    Le président les questionne avec douceur, en gentil proviseur. Face à lui, des collégiens maintenant, honteux, qui s’excusent, qui y vont de leur « j’ai rien fait », « c’est pas moi », « j’ai pas voulu ». C’est l’essentiel.
    Que ces hommes qui, un soir au moins, ont incarné la révolte, jacquerie d’ouvriers, leur colère contre l’injustice économique, que eux rentrent la tête dans les épaules. Qu’ils parlent à mi-voix, accablés. Qu’ils ne servent pas de modèle, surtout, à ces Français dont l’avenir est balayé par la crise.
    Bref, qu’ils se soumettent pour l’exemple.
    De l’AFP à Europe 1, ces « dérapages » et ces « regrets » recevront leur publicité…

    Au final, les six de Continental écoperont sans doute de peines plus légères qu’en première instance. Cette simili-clémence, le procureur se payant le luxe de demander à la cour de « ne pas faire d’exemple » et de « ne pas pénaliser à travers eux un mouvement social qui a entraîné une forte solidarité », ne doit pas faire oublier qu’ils n’auraient jamais dû se retrouver accusés si le mot de "justice" avait un sens : ce sont les actionnaires et dirigeants de Continental qu’il fallait juger - et avec la plus grande des sévérités, cette fois. Le pal, je ne vois que ça…

    Notes

    [1] Comme les autres dirigeants des centrales syndicales, à la notable exception de Christian Mahieux, de Solidaires.

     

     

    [2] Faut pas déconner non plus…

    [3] Les six inculpés avaient en première instance écopé de peines d’emprisonnement avec sursis, de trois à cinq mois ; ils ne devraient cette fois avoir droit "qu’à" des peines de travaux d’intérêt général, le procureur ayant précisé dans son réquisitoire qu’il ne s’y opposerait pas.

    [4] Ce que n’ont pas fait les autres chaînes, à l’exemple de France3.

    [5] Je peux évidemment me tromper, mais je suis convaincu que les prévenus n’auraient pas écopé de peines plus lourdes s’ils avaient revendiqué leurs actes.


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  • 12439938-m.jpg Eric Besson a-t-il réussi son grand oral ? A-t-il amélioré son image ?

    Telles sont les questions qu’il faut se poser après l'émission "A vous de juger".
    "A vous de juger" semble s'adresser au public. En fait, ce titre cache à peine un "A vous de gruger" qui s'adresse à l'invité.

    Lui en est persuadé. La méthode Coué est comme une nécessité, une obligation quand on est un traître.

    Après la publiscopie façon Arlette Chabot, le rappel de ses origines, les reportages larmoyants sur son enfance, sa jeunesse, sa trahison, on a vu un Eric Besson soucieux de plaire. Mais à qui ?


    Eric Besson et l'art très subtil de l'homme qui dit : "J'ai trahi par conviction." Cela fait traître mais honnête;
    franc dans le mensonge, généreux mais avec l'argent des autres, responsable mais innocent, menteur mais sincère... Je suis sûr qu'on connait tous un type à peu près comme ça.
     

    Face à Marine Le Pen, il ne fut guère brillant. Il savait la partie perdue d’avance. Il n’a fait que garder la ligne de son « nouveau petit maître à penser »- comme dirait Doc Gynéco -, le président de la république.

     

    Curieusement, il adopta un rétro pédalage pour brouiller les pistes. Selon lui, tout allait finalement très bien question intégration. On ne pouvait que s'en réjouir. On aurait préféré une fête, un feu d'artifice, un jour férié que ce putain de débat! Oui, Eric Besson l'a dit: la France black-blanc-beur après la victoire de 1998 fut l’apogée de cette France qui s’acceptait multiculturelle.  Mais alors, pourquoi cela n’a-t-il pas duré, notamment avec l’arrivée au sommet de l’état de Nicolas Sarkozy ? La brave Arlette n’a pas osé la question, tout comme elle n’a pas osé parler des contrôles au faciès, des discriminations et faire la comparaison avec les tensions envers les immigrés en Italie qui ont donné lieu à des ratonnades, voire des lynchages.. Dommage !

     

    Amusant de voir Charles Aznavour, Michel Boujenah et Firmine Richard regretter ce débat sur l’identité nationale voulu par Eric Besson, ne comprenant pas que cette question mobilise une partie de l’énergie gouvernementale en ces temps de crise. Aznavour, français et arménien  sans qu’on sache plus trop où son cœur balance. La réalité est qu'on s'en fout, il est Aznavour et ça nous suffit. Alors un débat sur l'identité, on a sûrement mieux à faire dans les préfectures non ?

     

    A force d’agiter une muleta rouge devant un taureau, on se prend un coup de corne…

     

    Donc, on n’en sait pas plus et ce ne sont pas les paroles naïves sur le « vivre ensemble » et sur les valeurs d’égalité de la république qui vont rassurer. Selon Eric Besson, ce débat était destiné à ce que les gens se parlent pour mieux se connaître. Mais, les gens ne se sont pas parlés plus que d’habitude dans les débats, ils ont simplement témoigné et donner leur avis comme on le fait sur Domenech après un mauvais match de l'équipe de France.

     

    La peur des uns a effrayé les autres, tout le monde a peur de l’autre, voilà le résultat. Un peu comme si votre ville, votre quartier se transformait en dédale sombre où tout un chacun pense qu’il risque de se faire trancher la gorge à cause de sa couleur, de ses fringues, de son accent ou de ses croyances. La France d’après ?

     

    Vincent Peillon brilla par son absence et tout le monde lui tombe dessus aujourd’hui. Sa motivation réelle : Empêcher qu’un autre quadra socialiste en mal de notoriété ne se serve du débat pour danser la Valls avec la droite. Suivez mon regard…

     

    Et Marine. Ah Marine. On ne fut pas déçu. Elle osa quelques piques, histoire de faire passer Besson pour un faux-dur en plus de faux-cul. Son rôle de mère-poule agressive à la Morano, elle l’assuma comme on s’y attendait. Le coup de la carte Front National exhibée comme rempart au vote des étrangers aux élections locales, fut un coup qui resta en travers de la gorge du ministre, malgré son allure de type calme et serein.

     

    Il faut dire que Besson joue parfaitement le type qui encaisse en restant digne. « Même pas mal, je t’emmerde », devait-il penser.

     

    Si vous n’avez pas regardé ce débat, vous vous en remettrez. Car c’était une opération médiatique foireuse pour sauver le brave petit soldat Besson qui figure parmi les types les plus détestés de France y compris dans son camp.

     

    Mais que ne ferait-on pas pour gagner du galon ou mériter la bise du président?

     

    MILTON DASSIER


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