• Rapport n° 43 sur les violations israéliennes des droits humains

    jeudi 5 novembre 2009 - 21h:50

    PCHR du 29 octobre au 4 novembre 2009

    <script type="text/javascript">// <![CDATA[ vis['1'] = 'hide'; document.write('

    Les Forces d’occupation israéliennes (FOI) continuent leurs agressions systématiques contre les Palestiniens et leurs biens dans les Territoires palestiniens occupés (TPO), et maintiennent leur blocus total sur la bande de Gaza.

    Durant la semaine du 29 octobre au 4 novembre 2009 :

    • 3 civils palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ont été blessés par balles sous les tirs des FOI ;
    • 12 civils, dont 2 caméramans et 8 femmes, ont été blessés, ou souffrent de contusions, lors de la répression des manifestations non violentes en Cisjordanie ;
    • les FOI ont conduit 15 incursions dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie et une dans la bande de Gaza :
      • elles ont arrêté 13 Palestiniens dont un mineur en Cisjordanie et un dans la bande de Gaza ;
    • la marine de guerre israélienne a poursuivi ses attaques contre les pêcheurs palestiniens et leurs bateaux dans la bande de Gaza ;
    • les FOI ont intensifié leurs mesures visant à créer une majorité juive à Jérusalem :
      • elles ont démoli 4 maisons à Jérusalem et déplacé 34 personnes ;
    • la colonisation s’est poursuivie en Cisjordanie et les colons israéliens ont continué leurs agressions contre les civils palestiniens et leurs biens ;
    • les FOI ont rasé 14 dunums de terres agricoles et détruit 1 000 mètres de murs de clôturer de terres palestiniennes et 300 mètres de réseau d’irrigation à Hébron ;
    • les FOI ont remis de nouvelles ordonnances de démolition de maisons palestiniennes à Hébron ;
    • elles ont maintenu un blocus total sur les Territoires palestiniens occupés et l’isolement de la bande de Gaza du monde extérieur ;
    • les FOI ont expulsé une étudiante palestinienne de l’université de Bethléhem vers la bande de Gaza ;
    • les FOI postées sur les check-points et passages frontaliers en Cisjordanie ont arrêté 2 Palestiniens ;
    • elles ont poursuivi leurs sévices à l’encontre des civils palestiniens sur les check-points militaires de Cisjordanie.
    (JPG)

    Yatta, Hebron - Un agriculteur palestinien contrôle ses oliviers
    après que les colons les aient déracinés.

     

    Violations israéliennes recensées durant la période du 29 octobre au 4 novembre 2009

    1 - Incursions dans les zones palestiniennes et agressions contre les Palestiniens et leurs biens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza

    Jeudi 29 octobre

    Incursion dans la région d’Hébron : vers 1h du matin, dans Beit Ula, où l’armée patrouille dans les rues et fouille des maison ; elle arrête un Palestinien.

    Région de Bethléhem : incursion vers 2h dans le village de Taqou’a, avant de se retirer l’armée emmène 5 jeunes Palestiniens pour interrogatoire.

    Région de Jénine : village de Jaba’a, vers 2h30.

    Région de Ramallah : dans l’après-midi, vers 16h, l’armée pénètre dans Saffa, des jeunes se sont rassemblés et ont commencé à lancer des pierres sur les FOI qui ont répondu en tirant des balles caoutchouc, lançant des lacrymogènes et des bombes assourdissantes. De nombreux civils palestiniens souffrent des inhalations des gaz (une arrestation).

    Samedi 31 octobre

    Bande de Gaza : 15h00, du haut de leurs miradors situés le long de la frontière au nord-ouest de Beit Lahiya les FOI ont tiré sur Ashraf Saleh Salem Jaber, 40 ans, originaire de ‘Izbat ‘Abed Rabbo à l’est de la localité de Jabaliya. Il est blessé par balle au pied gauche. Selon l’enquêteur du PCHR, Jaber a été blessé alors qu’il marchait sur la plage et s’approchait de l’ancienne colonie de Doghit située à la frontière. Sa famille a précisé que leur fils souffrait de désordres mentaux et qu’il avait quitté la maison deux jours avant. Après que les FOI aient blessé Jaber une unité spéciale déguisée en Palestiniens est intervenue pour le récupérer. Le comité international de la Croix-Rouge et le Bureau Palestinien des liaisons avec Israël ont obtenu des FOI que Jaber soit transféré à l’hôpital Shifa de Gaza. Le diagnostic fait état de fractures sévères.

    Dimanche 1 novembre

    Tulkarem : vers 1h30, l’armée pénètre dans le village de Deir al-Ghsoun. Et vers 2h, dans la ville de Tulkarem et le camp de réfugiés, avec fouilles de maisons.

    Bande de Gaza : 12h00 - Depuis leurs miradors à la hauteur du poste frontière de Beit Hanoun, les FOI ont fait feu sur des civils qui récupéraient des pierres suite au travail des bulldozers qui avaient démoli un immeuble situé dans la zone industrielle. Jaber Younis Mohammed Abu Marshoud, qui était sur son tracteur, a réussi à s’échapper alors que son tracteur a été mis hors d’usage par plusieurs balles. Pas de victimes.

    Naplouse : dans l’après-midi, vers 16h, incursion dans le village de Madma où l’armée tire de façon intensive en l’air. Des garçons se regroupent et lancent des pierres sur les soldats. Avant de se retirer, vers 22h, l’armée arrête un jeune palestinien, pour le libérer dans la nuit.

    Lundi 2 novembre

    Toubas : incursion vers 1h dans la ville, raid dans les rues et fouilles de nombreuses maisons, l’armée se retire vers 4h30 (une arrestation).

    Jénine : vers 1h30, village d’al-Zababda (une arrestation).

    Qalqilya : village d’‘Azzoun vers 1h30 (2 arrestations).

    Mardi 3 novembre

    Qalqilya : vers 2h, village d’‘Azzoun à nouveau (2 arrestations, un père et son fils).

    Toubas : incursion dans la ville vers 23h où l’armée fait irruption dans un café et fouille, interroge des clients. L’armée se retire tôt le lendemain matin.

    Mercredi 4 novembre

    Jénine : incursion vers minuit et demi dans la ville, raid dans les rues et fouilles de nombreuses maisons. Et vers 1h, dans le village de Barqin (une arrestation).

    Qalandya : incursion dans le camp de réfugiés de Qalandya, fouille d’une maison où l’armée arrête un jeune Palestinien.

    Bande de gaza : 11h30 - Les vedettes garde-côte des FOI ont tiré plusieurs balles sur un bateau de pêche faisant route à environ 300 mètres du port de Rafah. Belal Mohammed Khalil al-Najja, 23 ans, de Swedish village, a été touché à l’abdomen. Il a été transporté à l’hôpital Abu Yousif al-Najjar de Rafah . Les sources médicales considèrent ses blessures comme modérées.


    2 - Maintien du blocus des Territoires palestiniens occupés

    Les FOI ont maintenu leur blocus très serré sur les TPO et les restrictions sur les déplacements des civils palestiniens tant dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est.


    Bande de Gaza

    Mouvements des personnes et des biens aux postes frontière

    Rafah International

    Date  : Détails
    28 octobre  : 19 Palestiniens sortent ;
    120 rentrent
    29 octobre  : 1 Palestinien sort ;
    110 autres rentrent
    30 octobre  : fermé
    31 octobre  : 13 Palestiniens sortent ;
    5 autres rentrent
    1er novembre  : 766 Palestiniens, dont plusieurs patients et des étudiants inscrits dans des universités
    internationales domiciliés à l’étranger sortent ;
    417 personnes dont 8 membres du “Secours islamique”, 3 médecins de l’Union africaine
    et un journaliste tchèque rentrent ;
    Un containeur d’une tonne ½ de médicaments et 3 ambulances rentrent ;
    217 palestiniens qui demandaient à sortir ont été refoulés par les autorités égyptiennes.
    2 novembre  : 841 personnes : des patients et des étudiants palestiniens à l’étranger sortent ;
    328 personnes rentrent ;
    1 tonne ½ de médicaments et 3 ambulances rentrent ;
    Le corps d’un patient décédé rentre
    69 Palestiniens sont refoulés par les autorités égyptiennes.
    3 novembre  : 892 Palestiniens : des patiens et des étudiants à l’étranger sortent ;
    165 autres rentrent ;
    81 Palestiniens qui voulaient sortir sont refoulés par les autorités égyptiennes.

    Karm Abu Salem (Kerem Shalom)

    Date  : Détails
    28 octobre  : 80 containers d’aide alimentaire internationale
    et des denrées pour les commerçants rentrent.
    29 octobre  : 108 containers
    30 octobre  : fermé
    31 octobre  : fermé
    1er novembre  : 96 containers
    2 novembre  : 108 containers
    3 novembre  : 95 containers

    Nahal Ouz

    Date  :
     :
    Gaz domest.
    (tonnes
     :
     :
    Fuel ind.
    (litres)
    28 octobre  : 205  : 519 000
    29 octobre  : 202  : 407 000
    30 octobre  : 0  : 0
    31 octobre  : 0  : 0
    1er novembre  : 0  : 0
    2 novembre  : 0  : 0
    3 novembre  : 118  : 258 000

    Beit Hanoun (Erez)

    Date  : Salariés intern.  : Salariés étrangers  : Commerçants
    28 octobre  : 53  : 3  : 0
    29 octobre  : 144  : 16  : 0
    30 octobre  : 52  : 0  : 0
    31 octobre  : 0  : 0  : 0
    1er novembre  : 15  : 1  : 0
    2 novembre  : 22  : 2  : 0
    3 novembre  : 73  : 1  : 1

    Al-Mentar (Karni)

    Ouvert le 2 novembre pour laisser entrer 31 semi-remorques (1 240 tonnes de céréales) et 75 semi-remorques chargés de 2 280 tonnes d’aliments pour bétail.


    Cisjordanie

    Jérusalem : les restrictions sont toujours imposées aux déplacements des Palestiniens pour entrer et sortir de la cité. Des milliers de Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza ne peuvent toujours y accéder. Les restrictions sont plus sévères encore les vendredis, jours de prière, pour empêcher les Palestiniens de venir prier à la mosquée Al-Aqsa, dans la vieille ville. Ceux qui tentent de contourner les barrages sont roués de coups par l’armée et la police. Le dimanche matin, 25 octobre, les FOI ont renforcé leur présence dans la vieille ville et à proximité de la mosquée Al-Aqsqa, et monté des barrages, bloquant et fouillant les Palestiniens.

    Bethléhem : vers 13h le mercredi 28 octobre, les FOI postées au check-point Container, à l’est du village d’al-Sawahra al-Sharqeya, au sud-est de Jérusalem, ont arrêté une jeune étudiante de l’université de Betlhéhem, Berlanti Grace Polis ‘Azzam. Les soldats ont contrôlé sa carte d’identité et ils ont vu qu’elle était de Gaza. Ils l’ont interrogée pour savoir ce qu’elle faisait en Cisjordanie. Dans un premier temps, il l’ont mise en détention pour la renvoyer dans la bande de Gaza, pendant 20h. Puis, les FOI lui ont bandé les yeux, l’ont menottée et l’ont emmené en jeep, puis dans un véhicule de la police, à la frontière avec la bande de Gaza. Elle est rentrée par le passage de Beit Hanoun (Erez). Elle est arrivée chez elle vers minuit.

    Selon ‘Azzam, elle était venue vivre à Bethléhem en 2005 pour y étudier à l’université. Elle devait passer son diplôme dans deux mois. ‘Azzam a déclaré au PCHR qu’elle a été mise en détention par les FOI, forcée de s’asseoir sur une chaise en métal près du check-point, on lui a dit alors qu’elle était mise en détention pour « avoir vécu illégalement en Cisjordanie ». Pendant sa détention, ‘Azzam a souffert d’une tension artérielle basse et de faiblesse dans les membres. Des soldats lui ont donné de l’eau et demandé de bouger les membres.

    Elle a ajouté également :

    (JPG)
    Berlanty Azzam

    « Vers 20h, une jeep de l’armée israélienne est arrivée au check-point. Des femmes soldats étaient dans la jeep. L’une des femmes est venue me chercher et a fouillé mon sac. Les soldats m’ont alors menottée. Puis, ils m’ont mis un châle sur les yeux pour m’aveugler. Ils m’ont alors emmenée en jeep et ils m’ont forcée à marcher pendant plus d’une heure et demi avant de m’emmener dans une voiture de la police à la frontière avec la bande de Gaza. Ils m’ont obligée à retourner dans la bande de Gaza, je suis passée par Erez vers 23h et suis arrivée chez moi vers minuit. »

    Dina ‘Awwad, directrice des relations publiques à l’université de Bethléhem, a confirmé les déclarations d’‘Azzam. ‘Awwad indique que Gisha (le centre juridique pour la liberté de mouvement en Israël) s’était mis d’accord avec les FOI pour qu’‘Azzam soit transférée au centre de détention de Natania, où le centre pouvait se mettre en rapport avec elle et voir son dossier. Mais Gisha a été surpris par l’expulsion d’‘Azzam vers la bande de Gaza. ‘Awwad a souligné que Gisha avait déposé une plainte devant la Cour suprême israélienne pour faire juger son litige.

    (Voir aussi : Une étudiante de l’université de Bethléhem, yeux bandés, menottée, renvoyée de force à Gaza)

    Le jeudi après-midi, 29 octobre, les FOI ont fermé le check-point de Qalandya, près de l’entrée nord de Jérusalem occupée. Des témoins ont indiqué que le check-point était rempli de monde et que les FOI fouillaient avec soin les voyageurs palestiniens.

    Naplouse  : les contrôles et restrictions ont été maintenus aussi dans cette région. Le dimanche 1er novembre, vers 14h, trois soldats de l’occupation qui venaient de la colonie Yetshar, se sont mis à frapper durement un Palestinien du village de Madma, Ma’amoun Amin Fayez Nassar, 34 ans, et l’ont arrêté. Ils l’ont transféré ensuite à l’hôpital de Belenson à Tel Aviv. Nassar faisait paître ses moutons dans la zone d’al-Rasem, près de la colonie, à 500 mètres environ de sa maison, à Madma.

    Amin Fayez Mohammed Nassar, 67 ans, est le père de Ma’amoun. Il a fait la déclaration suivante au PCHR :

    « Vers 14h dimanche, 1er novembre, j’étais près de ma maison, entre le village de Madma et celui d’‘Asira al-Qeblia. J’ai entendu des coups de feu. J’ai téléphoné à mon fils Ma’amoun, qui faisait paître ses moutons dans le secteur d’al-Rasem, près de la colonie Yetshar, à environ 500 mètres de notre maison. Il m’a dit que des soldats de l’occupation lui tiraient dessus. Il m’a dit aussi qu’ils marchaient vers lui. J’ai immédiatement appelé au téléphone mes autres fils, Ayman 42 ans, Mohammed 32 ans, et Amir 24 ans, pour me rejoindre à Al-Rasem et emmener Ma’amoun. Alors que j’étais à environ 50 mères de lui, j’ai vu qu’il saignait de la tête. Son visage était couvert de sang. Les trois soldats étaient en train de le porter. J’ai vu alors trois jeeps de l’armée venir du check-point d’Huwara. Quand les jeeps sont arrivées sur place, les soldats se sont retirés. Nous n’étions qu’à 15 mètres de Ma’amoun. Les [soldats des jeeps] ont pointé leurs armes sur nous et nous ont empêchés d’approcher. L’un des soldats a demandé à Ma’amoun en hébreu, que je comprends bien : ‘Le soldat vous a battu ?’ il a répondu ‘oui’. Ils l’ont interrogé un court moment et ils lui ont attaché les jambes et l’ont porté dans l’une de leurs jeeps. Ils m’ont demandé, à moi et à mes autres fils, de rentrer chez nous. J’ai appelé la Croix-Rouge et un certain nombre de mouvements des droits de l’homme, palestiniens et israéliens, et je leur ai raconté ce qui était arrivé. Plus tard, j’ai reçu un coup de téléphone de Yesh Din, un groupe pour les droits de l’homme, en Israël. Ils m’ont dit que mon fils serait transféré du centre de détention d’Huwara à l’hôpital Belenson car il avait été durement frappé. Depuis, je n’ai plus de nouvelles de lui. »

    Hébron : le 29 octobre, les FOI ont monté un barrage dans la rue Wasdi Sa’ir, dans le nord-est d’Hébron, elles ont arrêté un Palestinien d’Hébron.

    Le lundi matin, 2 novembre, les FOI ont publié un ordre militaire pour prolonger le bouclage imposé sur la rue Haret Jabeer, qui conduit à al-Haram al-Ibrahimi, pour six mois, à dater de cet ordre. Les FOI ont étalement remis un autre ordre militaire de fermeture à des civils palestiniens pour le secteur d’al-Ras, à l’est d’Hébron. Ce bouclage est censé « assurer la sécurité des FOI dans le secteur ».

    Il faut noter que ces bouclages imposés touchent les Palestiniens des secteurs d’al-Ras, Haret Jaber et Wasi al-Hasin, puisque leurs rues se trouvent fermées.

    Jénine : le jeudi 29 octobre, les FOI ont monté deux check-points aux entrées de Jaba’a et de Samour, et un troisième sur la route Jénine/Naplouse, où elles ont bloqué tous les véhicules palestiniens pour les fouiller.

    Ce même jour, vers 6h, les FOI postées au check-point d’al-Hamra à l’est de Jénine, ont arrêté un jeune Palestinien du village de Barqin, qui se rendait à Jéricho. Les soldats lui ont contrôlé sa carte d’identité et l’ont menotté.


    3 - Construction du mur d’annexion

    La construction du mur se poursuit en toute illégalité sur le territoire de la Cisjordanie. Et les FOI ont continué de réprimer par la force les manifestations non violentes organisées par des Palestiniens, des internationaux et des militants israéliens pour protester contre la construction du mur.

    Bil’in, à l’ouest de Ramalla : selon Abdullah Abu Rahma, porte-parole de la Campagne palestinienne contre le mur d’apartheid à Bil’in, après la prière du vendredi, le 30 octobre, des Palestiniens, des internationaux et des militants israéliens se sont rassemblés dans le centre du village. Puis ils se sont dirigés vers le mur, et après provocations des soldats, ils leur ont lancé des pierres. Aussitôt, les FOI ont tiré des balles caoutchouc, lancé des bombes sonores et des lacrymogènes sur les manifestants. Nombre d’entre eux souffrent de l’inhalation des gaz.

    Nil’in, à l’ouest de Ramallah : au même moment, même manifestation et selon le représentant de la Campagne palestinienne contre le mur à Ni’lin, un affrontement a eu lieu auprès du mur. Les soldats ont réagi avec la même violence et là aussi, de nombreux manifestants souffrent d’avoir respiré les gaz.

    Al Ma’sara, au sud de Bethléhem : même manifestation hebdomadaire, au même moment. Même réactions violentes de l’armée d’occupation. Un mineur de 17 ans a été blessé à la main droite. De plus, 3 manifestants ressentent des difficultés respiratoires.


    4 - Mesures visant à créer une majorité juive à Jérusalem-Est occupée

    Les mesures arbitraires imposées aux Palestiniens de Jérusalem-Est pour les obliger à quitter leur ville se sont renforcées et le PCHR consacre désormais cette section de son rapport hebdo pour relever les violations des droits de l’homme par les FOI à Jérusalem-Est.

    -  Dimanche matin, 1er novembre, les FOI ont mené une incursion dans le quartier d’al-Sala’a à Jabal al-Mukabber, au sud-est de Jérusalem occupée. Elles ont mis le siège devant la maison de Mousa Suleiman al-Mashahra, 53 ans. Les FOI ont commencé à démolir la maison aux bulldozers. La maison, où vivait une famille de 6 membres, a été construite sur un terrain de 50 m2 et comprenait deux pièces. Il faut indiquer qu’al-Mashahra a construit sa maison en 2000. Début 2006, la municipalité israélienne de Jérusalem a notifié à al-Mashahra qu’il était important qu’il démolisse la maison car construite sans le permis israélien. Il y a moins de six mois, la municipalité a remis un ordre administratif à al-Mashahra pour la démolition de la maison. La famille a réussi, grâce à son avocat, de faire reporter la démolition jusqu’au début de ce mois. Mais la municipalité a fait démolir la maison aussitôt que le délai fut écoulé.

    -  Lundi matin 2 novembre, les FOI ont investi le quartier al-‘Aqabeh, à Beit Hanina, au nord de Jérusalem occupée. Elles s’en sont prises à la maison de Majed Mohammed al-Rajji, 50 ans. Elles ont pénétré de force dans la maison et obligé la famille à sortir. Alors les bulldozers des FOI ont démoli totalement la maison. Celle-ci, où vivait une famille de 15 personnes, avait été construite sur un terrain de 100 m2 et comprenait trois pièces.

    La famille al-Rajji avait construit sa maison en 2000. En 2003, la municipalité israélienne de Jérusalem est venue visiter la maison et a remis à la famille une amende de 40 000 NIS (nouveau shekel israélien, soit plus de 7 000 €). La famille a payé l’amende. Après la démolition, elle a appris que les services de la municipalité israélienne avaient publié un ordre de démolition le 1er novembre, soit la veille de la démolition. La famille n’avait pas été informée de cet ordre et n’a pu donc le contester devant les tribunaux.

    -  Le 2 novembre, vers 7h30, incursion des FOI dans le quartier al-Thawri, à Jérusalem-Est, où elles ont bouclé tout les alentours de la maison d’Haroun Isma’il al-Qawasmi, 61 ans. Les FOI ont forcé les six membres de la famille à sortir. Ceux-ci ont pu prendre quelques meubles avec eux ; les bulldozers ont commencé alors la démolition à 8h. La maison avait été construite sur un terrain de 70 m2 il y a 25 ans. Il y a 6 mois, la famille al-Qawasmi avait reçu un ordre administratif de démolir sa maison.

    Les soldats qui ont démoli la maison d’Haroun Isma’il al-Qawasmi se sont dirigés ensuite vers la maison de Naser al-Shweiki, 50 ans, quartier d’al-Thawri. Ils ont obligé là aussi la famille à quitter la maison, puis les bulldozers l’ont démolie au motif d’absence de permis de construire israélien. La maison où les 7 membres de la famille vivaient, couvrait un terrain de 100 m2. Elle était la propriété de Mohammed Jada’a al-Qawasmi.


    5 - Activités de colonisation et agressions des colons israéliens contre les Palestiniens et leurs biens

    La colonisation se poursuit en violation du droit international humanitaire ainsi que les agressions de colons.

    -  Jeudi 29 octobre, les bulldozers des FOI ont rasé des terres agricoles dans le secteur d’al-Buqa’a, à l’est d’Hébron. Alors que les agriculteurs palestiniens tentaient de les empêcher de saccager leurs terres, les FOI se sont mises à les frapper et à lancer des bombes assourdissantes et des lacrymogènes. 12 Palestiniens, dont 2 caméramans et 8 femmes, souffrent de contusions et des inhalations des gaz. Les FOI ont déclaré le secteur, zone militaire fermée, et elles ont passé aux bulldozers 14 dunums (1,4 hectare) de terres agricoles, dont 11 qui venaient d’être défrichés. Ils ont aussi démoli 1 000 mètres de murs, 300 mètres de conduits d’irrigation et deux bassins d’eau de collecte.

    7 des blessés palestiniens ont été évacués vers des hôpitaux par des ambulances du Croissant rouge palestinien.

    Les autres blessés ont reçu les premiers soins sur place. Parmi eux, Badran Jaber et ‘Ata Jaber, propriétaires des terrains saccagés. Ils ont déclaré au PCHR que les FOI avaient poursuivi leur saccage aux bulldozers jusqu’à 13h et qu’ils avaient rasé 14 dunums de terres agricoles, dont 11 qui venaient d’être défrichés récemment. Ils ont expliqué que les FOI avaient également démoli 1 000 mètres de murs, 300 mètres de conduits d’irrigation et deux bassins d’eau de collecte. Les biens qu’elles ont détruits appartenaient aux familles Jaber et al-Rajji.

    Il faudrait noter que la zone d’al-Buqa’a est l’une des plus fertiles d’Hébron. La route coloniale n° 60 traverse la zone qui est close aux colonies de Kiryat Arba et de Kharsina, à l’est d’Hébron. Les FOI ont interdit tout travaux de construction dans le secteur et empêché la fourniture de services dans le cadre de leurs projets d’obliger les Palestiniens à partir de leurs maisons et de leurs terres, et avec les colons elles ont poursuivi leurs agressions sur les civils d’al-Buqa’a pour pouvoir s’emparer de nouvelles terres palestiniennes par la force.

    -  Egalement le 29 octobre, les FOI ont délivré un avis de démolition à 4 civils de Kherbat al-Hejri, au sud-ouest d’Hébron, pour absence de permis de construire israélien.

    -  Vendredi matin, 30 octobre, les FOI ont empêché l’installation d’un réseau d’électricité dans le village d’al-Tawani, en face de la colonie Ma’on, dans le sud d’Hébron. Selon des sources locales et des déclarations de militants internationaux de la solidarité qui vivent dans le village, des agents du Bureau de liaison militaire ont stoppé l’installation de réseaux électriques dans le village. Ils ont aussi arrêté un ouvrier palestinien du village d’al-Dhahereya. Ils l’ont libéré plus tard mais lui ont confisqué tout son équipement. L’équipement en question comprenait un camion, une échelle automatique et un grand rouleau de fil électrique. Le 22 juillet 2009, des agents du Bureau de liaison militaire avaient rendu une ordonnance de suppression de six postes d’alimentation électrique du village. De plus, le 25 mai, ces agents, avec des soldats des FOI, avaient fait une incursion dans le village pour arrêter la construction des 8 postes d’alimentation.

    Selon l’enquête menée par le PCHR et les déclarations de Suleiman Mohammed al-‘Adra, un Palestinien du village d’Al-Tawani, les FOI ont interdit tout développement de l’infrastructure dans le village, dont les réseaux d’électricité, d’eau et de téléphone. Les FOI ont aussi empêché les Palestiniens du village de construire des maisons. Les civils sont obligés de vivre dans des grottes ou dans des abris montés avant 1967. Quelquefois, les Palestiniens du village sont contraints de construire leurs maisons sans le permis israélien, et les FOI plus tard les démolissent.

    -  Samedi soir, 30 octobre, 8 colons de Brakha, protégés par les FOI, ont voulu pénétrer dans le village d’Iraq Borin, au sud de Naplouse. Des dizaines de Palestiniens se sont rassemblés près de l’entrée sud du village et ont lancé des pierres sur les colons pour les empêcher d’entrer dans le village. Les FOI ont immédiatement riposté en tirant et en lançant des grenades lacrymogènes sur les Palestiniens. Un jeune Palestinien a été blessé, Sa’ad Husam Faraj Qadus, 24 ans, par un corps de grenade reçu dans le ventre. Avant de se retirer, les FOI ont arrêté un Palestinien.

    (JPG)Document public

    Pour plus d’informations, notamment les noms des victimes, merci de consulter notre site (http://www.pchrgaza.org) ou de nous contacter à notre bureau de Gaza, par mel (pchr@pchrgaza.org) ou par téléphone (+972 (0)8 2824776 - 2825893).

    Rapport hebdomadaire pour la période du 29 octobre au 4 novembre 2009 : PCHR
    traduction pour ce qui concerne Gaza : Jacques Salles, et la Cisjordanie, JPP.


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  • Un échec retentissant pour un journaliste

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    Intervention d’Amira Hass à la réception de son Prix du Courage en Journalisme 2009 (*)

    (JPG) Permettez-moi de commencer par une correction. Correction ô combien impolie, allez-vous penser à juste titre, mais de toute façon, nous, les Israéliens, nous sommes pardonnés pour bien pire qu’une impolitesse.

    Ce qui est si généreusement appelé aujourd’hui par la Fondation internationale des femmes dans les médias (IWMF) l’œuvre de ma vie doit être requalifié. Parce que c’est un Echec. Rien de plus qu’un échec. L’échec d’une vie.

    Pensez-y, c’est juste cette partie de ma vie qui pose question : après tout, c’est environ un tiers de ma vie, pas plus, que j’ai consacré au journalisme.

    Aussi, si cette période de ma « vie » vous donne l’impression que je vais bientôt prendre ma retraite - alors cette impression il faut la dissiper. Je n’envisage pas d’arrêter très vite ce que je fais.

    Qu’est-ce que je fais ? On me définit en général comme journaliste pour les questions palestiniennes. Mais en réalité, mes articles portent sur la société et la politique israéliennes, sur la Domination et ses ivresses. Mes sources ne sont pas des documents secrets ou des comptes rendus divulgués de réunions de personnalités de Pouvoir et au Pouvoir. Mes sources sont les chemins ouverts à tous par lesquels les opprimés sont dépossédés de leurs droits à l’égalité en tant qu’êtres humains.

    Il reste tant encore à apprendre sur Israël, sur ma société, et sur les décideurs israéliens qui inventent des restrictions comme interdire aux étudiants de Gaza de s’instruire dans une université palestinienne de Cisjordanie, à quelque 70 kilomètres de chez eux. Autre interdiction : interdire aux jeunes (de plus de 18 ans) d’aller voir leurs parents à Gaza, pour s’enquérir de leur santé. S’ils venaient à mourir, des responsables israéliens respectueux des ordres permettraient la visite. S’il s’agit de jeunes de moins de 18 ans, la visite serait autorisée. Mais, d’un autre côté, les parents au second degré ne sont pas autorisés à rendre visite à des frères et sœurs mourant ou en bonne santé à Gaza.

    C’est une question philosophique curieuse, pas seulement journalistique. Pensez-y : qu’y a-t-il de si dérangeant pour le système israélien, dans le fait de savoir si des pères ou des mères sont en bonne santé ? Qu’y a-t-il de si dérangeant dans le fait qu’un jeune choisisse et acquiert une meilleure instruction ? Et ce ne sont-là que deux parmi une longue, longue liste d’interdictions israéliennes.

    Et quand j’écris sur le territoire palestinien de Cisjordanie, qui est petit à petit détruit et morcelé, ce n’est pas seulement sur des gens qui ont perdu leurs biens familiaux et leurs moyens de substances ; ce n’est pas seulement sur des opportunités de plus en plus rares pour un peuple coupé de tout dans des enclaves surpeuplées. J’écris en réalité sur l’habileté des architectes israéliens. C’est une manière de faire savoir comment l’urbanisme israélien sur le terrain contredit les proclamations officielles, un phénomène qui caractérise les actes de tous les gouvernements israéliens, d’autrefois comme d’aujourd’hui. Bref, il y a tant de choses pour me tenir occupée pendant une autre vie, ou au moins pendant le reste de ma vie.

    Mais, comme je l’ai dit, la véritable correction est ailleurs. Ce n’est pas d’une réussite dont nous devrions parler, mais d’un échec.

    C’est l’échec de ne pas avoir amené l’opinion publique israélienne et internationale à utiliser et à accepter les termes et les mots justes - ceux qui reflètent la réalité. Et non pas le nouveau langage orwélien qui prospère depuis 1993 et qui a été adroitement imposé et propagé par ceux qui y ont intérêt.

    La terminologie du processus de paix, qui a dominé, brouille la perception des véritables processus en cours : un mélange particulier d’occupation militaire, de colonialisme, d’apartheid, d’autonomie palestinienne limitée dans des enclaves, et de démocratie pour les juifs.

    Ce n’est pas mon rôle en tant que journaliste de faire accepter par les juifs et mes compatriotes israéliens que ces processus sont immoraux et gravement imprudents. C’est mon rôle, par contre, d’exercer le droit à la liberté de la presse afin de donner les informations et de faire que les gens sachent. Mais, comme je ne l’ai que trop découvert, le droit de savoir ne signifie pas un devoir de savoir.

    Des milliers de mes articles et des millions et des millions de mes mots se sont envolés. Ils ne pouvaient rivaliser avec le langage officiel qui a été adopté volontiers par les médias de masse, et qui est utilisé afin de décrire de façon trompeuse la réalité. Un langage officiel qui encourage les gens à ne pas savoir.

    En effet, un échec retentissant pour un journaliste.


    Du même auteur :

    -  Pourquoi l’Etat d’Israël craint-il tant la journaliste Amira Hass ?
    -  Les Israéliens savent que la paix ne paie pas
    -  Pas de crise humanitaire à Gaza ?
    -  Techniques d’expropriation des terres palestiniennes
    -  Mémoires de voisinage


    Rappel

    Vendredi 23 octobre 2009

    L’israélienne, Amira Hass reçoit le "Prix du Courage en Journalisme 2009"

    Quatre femmes journalistes, originaires du Belarus, du Cameroun, d’Iran et d’Israël, ont été récompensées cette semaine à New York, pour leur courage dans l’exercice de leur profession, face aux menaces de mort et d’emprisonnement, aux attaques et aux violentes intimidations exercées à leur encontre.

    La Fondation internationale des femmes dans les médias (IWMF) a remis le "Prix du Courage en Journalisme 2009" [...] à l’Israélienne Amira Hass, journaliste du quotidien Haaretz, qui décrypte l’actualité politique israélienne et palestinienne depuis 20 ans, basée à l’intérieur des « territoires palestiniens ». Amira Hass, née en 1956 à Jérusalem.

    Elle a étudié l’histoire à Jérusalem et à Tel-Aviv. Après avoir enseigné, elle a commencé à exercer la profession de journaliste en 1989 à la rédaction de Ha’aretz. Elle est une journaliste et auteur très connue pour ses colonnes dans le quotidien Ha’aretz. Elle vit en Judée Samarie après avoir habité à Gaza et elle rapporte les événements du conflit israélo-palestinien depuis ces territoires disputés. Elle a débuté sa carrière à Ha’aretz en 1989, et a commencé à informer depuis les territoires en 1991. En 2003, elle était la seule journaliste israélienne juive à vivre parmi les Palestiniens, à Gaza depuis 1993 et à Ramallah depuis 1997. Deux ouvrages ont été tirés ses expériences successives : l’essai Boire la mer à Gaza et Correspondante à Ramallah, une compilation de ses articles depuis la Judée Samarie, tous deux parus en France aux éditions La Fabrique.

    JSS

    3 novembre 2009 - Tlaxcala - traduction : JPP


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  • 6 mai 2007 - 6 novembre 2009 : comment Sarkozy a perdu ses valeurs


    Les commentaires sont durs ou complaisants, les sondages sont désastreux. A mi-mandat, Nicolas Sarkozy ne convainc pas grand monde, sauf son carré de fidèles. Et à droite, le soutien est par défaut, et non par adhésion. Les récentes frondes au sein de sa majorité expriment un désarroi certain qui est avant tout politique: Sarkozy déçoit, mais reste seul crédible à droite. L'UMP avance un chiffre invérifiable : 90 réformes auraient été mises en oeuvre depuis mai 2007. Elle radote. L'argument date de mai dernier. "bling bling, mensonges et nervosité", tel pourrait être le résumé de cette mi-mandature. Sarkozy a perdu la bataille des valeurs. Il lui reste trente autres mois pour rebondir.

    Les valeurs bafouées de Sarkofrance


    A mi-mandat, on pourrait établir un bref rappel des promesses non tenues, et des réformes votées (à défaut d'être mises en oeuvre). On devrait surtout revenir sur le socle du programme électoral de Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale de 2007: Sarkozy avait gagné sur les valeurs. Trente mois plus, ces dernières sont bafouées.

    "Contre mai 1968" : en 2007, Nicolas Sarkozy a fait campagne contre "l'esprit de Mai 1968", responsable à ses yeux de la dégradation du respect pour l'autorité et le travail, et notre fierté nationale. A cause des évènements de mai 1968, la France restait restait rebelle et sans repère, honteuse de son passé (ah ! La repentance !) et paresseuse au travail. Depuis mai 2007, Sarkozy s'est couché. Il a fait preuve d'une tolérance, troublante pour son socle électoral, en matière de moeurs: les affaires Polanski puis Mitterrand ont laissé des traces. On oubliera qu'il s'est remarié quelques semaines après après son second divorce. Côté repentance, son discours de Dakar, rédigé par l'obscur Henri Guaino, sur le "retard de l'homme africain" a choqué un continent. Autre désastreux symbole, Sarkozy lui-même part souvent en vacances, prolongeant notamment nombre de voyages "officiels", ou accumulant les allers et retours avec le Cap Nègre. Il se montre paresseux.

    Pour l'identité Nationale Française : cheval de Troie auprès de l'électorat frontiste, l'identité nationale fut la seconde valeur porteuse de la droite décomplexée de mai 2007. Un ministère éponyme fut même créé. En quoi a -t-il redoré le blason national et la fierté d'être Français ? Ce ministère, géré par Brice Hortefeux puis Eric Besson n'a existé que par les polémiques récurrentes et honteuses qu'il a généré : rafles aux sorties d'écoles, expulsions couteuses et inefficaces, métiers réservés aux étrangers, tests ADN pour le regroupement familiale, politique du chiffre, harcèlement des migrants, déstabilisation des associations d'aide aux sans-papier, etc... Trente mois après sa création, ce ministère est plutôt celui de la honte. Suprême aveu involontaire, Eric Besson lance un débat sur la fierté nationale. La Sarkofrance est-elle si perdue que cela ?

    Pour le travail : une valeur revendiquée haut et fort par le terrifiant slogan "travailler plus pour gagner plus". Nicolas Sarkozy louait la récompense du mérite et de l'effort. le Monarque avait promis de chasser les 35heures hors de France, de débusquer les paresseurx, de remettre les vieux au travail, de casser les retraites trop généreuses. Trente mois plus, les Français cherchent à travailler... tout court. La crise a rattrapé l'idéologie. Sarkozy s'est transformé en gauchiste de circonstance et de verbe. Il doit stigmatiser les patrons-voyous, les méchants traders, les horribles banquiers. Pourtant, ses proches sont des banquiers, des patrons, parfois des traders. Lui-même, avocat, a conseillé des placements dans les paradis fiscaux. Sarkozy déroute. Les Français retiennent son obstination à conserver un bouclier fiscal qui ne profite qu'aux riches. Les bonus bancaires ne sont pas plafonnés.

    La République irréprochable : Nicolas Sarkozy a enfin bâti son discours de campagne sur son futur comportement de président. Avec lui, la République serait irréprochable, la vérité (sur l'état du pays) serait dite, les promesses de réformes seraient tenues. Sur ces terrains, Nicolas Sarkozy a fait défaut. La République sarkozyenne mérite d'abord nombre de reproches : ses penchants "Bling Bling" ont déteint sur sa gestion. Nicolas Sarkozy n'a aucune maîtrise ni retenue dans la gestion de ses dépenses élyséennes : nouvel avion (pour voyager plus, y compris à titre privé), réceptions à répétition (les 16,6 millions d'euros du Sommet pour l'union pour la Méditerranée n'étant qu'une triste illustration), augmentation de son propre salaire. Le président est également sujet au népotisme (cf. l'affaire Jean Sarkozy) et au favoritisme : les conflits d'intérêt manifestes et à répétition ont concerné jusqu'à ses plus proches collaborateurs (François Pérol, Philippe Mariani, etc).

    Ensuite, son discours s'est bien souvent éloigné de la vérité. Sarkozy a menti, et à de nombreuses reprises. Le story-telling en Sarkofrance ne parvient plus à masquer la réalité : la finance mondiale n'a pas été réformée à la hauteur des cris présidentiels. Le bouclier fiscal est justifié par de faux arguments, car il exonère les gros revenus du patrimoine, et non du travail; et de surcroît, il n'est absolument pas figé dans la Constitution allemande, contrairement à une légende tenace que Sarkozy a répété une demi-douzaine de fois.

    Plus dures, les coulisses du show sarkozyen ont enfin été dévoilées : financement occulte de sondages publiés par certains médias complaisants, casting des "Français" témoins de ses visites de terrain (par la taille et/ou leur sympathies politiques), bouclages policiers des centres-villes et des villages, neutralisation des manifestations d'opposants, la Sarkofrance s'est affichée comme un cycle de représentations médiatiques sans véracité ni sincérité. Sarkozy a été humilié de voir dévoiler que ses conseillers castaient les figurants de ses meetings en fonction de leur taille.

    Ce qu'il a fait, sans l'avoir promis


    Surtout, ces 30 premiers de mandature ont aussi révélé quelques traits de caractère du Monarque : il est nerveux. Depuis mai 2007, combien de fois a-t-il été surpris perdant ses nerfs, contre ses proches, des députés de la majorités, des journalistes trop insistants ? Sa nervosité l'a également amené à agir avec précipitation, sans la réflexion nécessaire. La crise géorgienne, en août 2008, fut un bel exemple. La Géorgie titille son gros voisin russe. Ce dernier l'envahit. Sarkozy se précipite, sans concertation, en Russie et en Géorgie. Il revient en proclamant qu'il a obtenu un accord de retrait des forces russes. On découvre, à peine une semaine plus tard, qu'il a concédé que la Russie, par la création de deux "Etats indépendants" pro-russes, deux régions de la petite Géorgie.

    Sarkozy pratique aussi l'auto-satisfaction en permanence, écoute peu les conseils, et reste persuadé d'avoir raison contre tout le monde. Ces dernières semaines, la fronde est manifeste. L'affaire Jean Sarkozy a marqué les esprits. Sarkozy n'écoutait que lui-même. Ses conseillers sont devenus des courtisans. On n'ose plus critiquer. Le phénomène est d'autant plus marquant, et déstabilisant, que Nicolas Sarkozy reste médiatiquement omniprésent. Il se substitue à Roselyne Bachelot pour présenter un plan Cancer, il efface Bruno Le Maire pour parler agriculture. Il écrase Bernard Kouchner dès qu'on traite de diplomatie.

    Au final, Nicolas Sarkozy a perdu le combat des valeurs.

    Il est inaudible, même à droite. Il reste dangereux, surtout à gauche.

    SOURCE ICI 


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  • Bavures policières : la culture de l’impunité

    vendredi 6 novembre 2009, par Olivier Bonnet


    Est-il normal que deux policiers s’acharnent à coups de pieds dans la tête et le ventre d’un homme à terre ? La réponse à cette question tombe sous le sens : si la mission des forces de l’ordre est de garantir l’ordre public et de faire respecter la loi, ce n’est évidemment pas en la violant elles-mêmes. Le comportement des policiers se doit d’être irréprochable : voilà pour la théorie du pacte républicain. Dans la réalité, on a affaire à des êtres humains, avec leur personnalité, leurs qualités et leurs défauts, et il est donc inévitable que certains dérapent. Le rôle de l’institution est alors de les sanctionner, non seulement pour les punir de leur délit mais aussi pour envoyer un double message : à l’intention des citoyens, susceptibles d’être victimes de tels comportements, et pour les collègues, qui sauront ce qu’il en coûte. L’impunité, que nous dénonçons par exemple dans les affaires de flashballs, constitue une invitation à se laisser aller pour les excités et cowboys de tous poils qui infestent la police. Infection au sens médical : ils contaminent le corps entier de leur mauvaise réputation et détruisent l’indispensable relation de confiance avec la population. C’est très exactement ce qui se passe en Sarkozie, comme accuse Amnesty international dans son rapport davamnestyd’avril dernier, sous le titre de France : Des policiers au-dessus des lois. Le directeur adjoint de la branche Europe de l’organisation, David Diaz-Jogeix, s’en expliquait alors dans Le Monde : "En 2005, nous dénoncions certaines méthodes employées par la police qui pouvaient faire courir de graves dangers, jusqu’à l’homicide. En 2006, la Cour européenne des droits de l’homme a rendu un arrêt dans lequel elle a condamné la France et demandé qu’elle donne à ses fonctionnaires de police des instructions précises sur l’utilisation des méthodes de contrôle. Or début 2008, à Grasse, Abdelhakim Ajimi est mort après avoir été maîtrisé par des policiers lors de son arrestation : nous attendons toujours des précisions du ministère de l’intérieur sur ce drame. Dans ce rapport, nous recensons une quinzaine de cas, qui témoignent d’un problème structurel de violence policière, sous forme d’homicides, notamment mais aussi de coups, de mauvais traitement et d’injures à caractère raciste ou xénophobe." Question du journaliste, Hugo Lattard : "Un phénomène retient votre attention, que vous qualifiez d’"inquiétant" : les personnes qui dénoncent des mauvais traitements de la part de la police peuvent se retrouver en position d’accusées." Réponse de David Diaz-Jogeix : "Nous constatons une augmentation des poursuites sur la base de l’outrage ou de la rébellion à l’encontre des personnes qui protestent contre les mauvais traitements de la part des policiers, ou qui tentent d’intervenir après en avoir été témoins. Ces mesures de représailles sont une tendance qui nous préoccupe. De même, des personnes qui se sont plaintes de mauvais traitements auprès de la CNDS [commission nationale de déontologie de la sécurité] ont été poursuivies par les agents concernés pour dénonciation calomnieuse. Cela met une pression sur les victimes afin qu’elles ne portent pas plainte. Si nous connaissons les chiffres du ministère de l’intérieur sur les infractions d’outrage et de rébellion, nous ne savons pas combien de plaintes sont déposées pour mauvais traitement et quelles suites leur sont données, qu’il s’agisse d’une procédure disciplinaire ou pénale, avec éventuellement, au bout, une condamnation." De condamnation, il est justement question ici.

    vidéoLorsque deux policiers se lâchent sur un individu au sol, à La Courneuve (Saint-Saint-Denis) en novembre 2005, ils ont la malchance qu’une équipe de France 2 tourne à proximité et filme la scène (visible sur Youtube). La suite est racontée par Europe 1 le 2 novembre dernier : "Des peines d’emprisonnement allant de six mois à un an avec sursis. C’est le jugement prononcé par le tribunal correctionnel de Bobigny à l’encontre de trois policiers pour des violences commises lors des émeutes de l’automne 2005. Deux d’entre eux ont reçu également une interdiction d’exercer leur fonction pendant un an." On note au passage qu’il vaut mieux toujours avoir de quoi filmer sous la main à proximité de policiers, mais on se félicite du verdict. L’impunité a reculé à la faveur de cette affaire, mais il reste du travail, comme l’atteste logol’interview accordée au Post par le porte-parole du syndicat d’Alliance en Seine-Saint-Denis, Loïc Lecouplier : "Nous ressentons une grande amertume et un sentiment d’incompréhension. On ne comprend pas. Les magistrats n’ont pas tenu compte des facteurs extérieurs aux événements." Suite de l’entretien : "Quels facteurs extérieurs ?
    En 2005, la police de La Courneuve baignait dans un climat de grande violence. Nos forces de police étaient confrontées à des jeux de violence exponentiels et inattendus. Le climat était très tendu. Les policiers de La Courneuve avaient une amplitude horaire très forte. Cela a engendré une certaine perte de repères de la part des forces de police sur place. Sans oublier le stress que rencontraient les policiers. Certains d’entre eux ont vu leur famille menacée.
    En quoi ce contexte difficile justifierait-il de telles violences ?
    Tout cela ne légitime pas les actes des trois policiers, mais ce contexte particulier peut expliquer leurs actes. Ce que nous regrettons, c’est que les magistrats n’aient pas pris ces faits en compte. En justice, il existe des circonstances atténuantes, le contexte de violence des émeutes de 2005 devrait en faire partie."

    Désolé mais être fatigué et stressé ne vaut pas absolution. Le fait que le porte-parole d’Alliance parle d’ "amertume" et d’ "incompréhension", quand les policiers fautifs n’écopent que de sursis - à rapprocher des mois de prison ferme qui pleuvent sur les petits délinquants - en dit long sur le chemin qui reste à parcourir pour extirper de la police française la culture de l’impunité.


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  • Identité sexuelle française, le débat

     

    Vous savez que je suis secrètement une émissaire du gouvernement actuel, dont je révère les choix et les parties génitales. Aussi, je tiens à apporter ma pierre au débat initié par Eric Besson (sachant qu’entre une pierre et une lapidation, ce n’est qu’affaire de quantité, par exemple on pourrait tous s’y mettre).

    Alors voilà. Je voyage beaucoup, en circuit finalement assez fermé : Allemagne – France – Danemark (parce que les pays chauds sont bourrés de gens qui te pillent ton identité nationale en charter, pas question que je m’encanaille). Et je ne me suis jamais sentie aussi française que depuis que je vis dans ma valise, au milieu de mes culottes sales, au milieu aussi de gens qui ne sont pas Français.

    - Etre Française c’est rayonner cultuellement. Tu transpires le sexe quand tu arrives quelque part, et ça marche aussi pour les garçons. Le bonus “France” te fait automatiquement gagner douze points en charisme et trente en technique sexuelle. En Allemagne je suis plus féminine que n’importe quelle autre fille, forcément ça se remarque. Au Danemark je suis beaucoup moins féminine que la caissière du Netto, mais c’est quand même moi que les mecs viendront draguer. Parce que je suis Française. Seule l’Italienne m’arrive à la cheville mais, hé, c’est l’élégance tranquille contre la superficialité berlusconienne (je parle d’imaginaire collectif, hein, je n’ai rien contre les Italiennes, pourvu qu’elles ne me jettent pas des pizzas quatre fromages au visage).

    A part si j’étais Suédoise, je ne vois pas comment faire mieux pour la drague qu’être Française. Sachant que les Suédois, jusqu’à présent, ne me draguent pas. Les enfoirés.

    - Etre Française c’est incarner la proie et la chasseresse ultime. La séduction est un jeu, on l’a appris dans les Liaisons Dangereuses et un peu dans Sade. C’est un des rares trucs que mes parents m’aient enseigné (à part lire et compter mais ça, c’était autrement plus important). Aiguiller le désir, lâcher un peu pour reculer beaucoup, feindre l’indifférence, envoyer le juste signal : je ne dis pas que ça marche à tous les coups, mais je dis qu’en subtilité on s’y prend vachement mieux que les Danoises (”salut on rentre ensemble ?”). Certes, ça veut souvent dire laisser l’homme avancer ses pions. Mais sur un échiquier qu’on maîtrise parfaitement. La femme dispose les pièces, l’homme propose, la femme dispose de l’homme. Inégalitaire mais très français : on n’attend pas tout de l’homme mais on lui laisse croire qu’il mène le jeu. Et lui fait semblant d’y croire. Et allez, ça nous va plutôt très bien, puisque le moment qu’on préfère de toute façon, c’est quand on monte les escaliers.

    - Etre Française c’est rester sur le marché très longtemps. Je n’ai pas observé dans beaucoup de pays notre spécialité locale : la femme de cinquante ans encore parfaitement désirable. Les Françaises n’arrêtent pas de séduire sous prétexte qu’elles sont mariées avec douze enfants – du moins, pas toutes, et ceux qui fantasment sur les Russes devraient jeter un coup d’oeil sur ce qu’elles deviennent après trente ans. Les Américains s’enflamment pour les Milf (mothers i’d like to fuck) et les cougars (les quadras en quête de chair fraîche) : leur révélation récente ressemble chez nous à un gros cliché.

    - Etre Française c’est les montagnes russes. Honnêtement, on est plus associées à des sentiments forts qu’à des séances de sexe incroyables. On n’ouvre pas de canettes de Coca avec notre vagin et les mecs sont censés être sales. Nous sommes des amoureux plus que des amants. Notre porno n’est pas super reconnu. On n’a pas de sextoys emblématiques. On doit aux Anglais les joies de la canne. Ce qui nous reste c’est de la lingerie fine et un caractère bien trempé. Personnellement, je mise sur les deux. La langue bien pendue, aussi, ça sert toujours. Il faut que ça aille vite, et fort. On est râleuses, pas patientes. Surtout moi. Mais les étrangers pensent souvent qu’avec une Française tout sera permis, que la relation sera drôle et libre. Qu’une petite infidélité passera. Et qu’en même temps, rien ne sera acquis.

    Les Françaises ont une sacrée réputation, de séductrices et d’amoureuses. On la mérite. Je crois que notre culture sexuelle culmine dans le désir et pas dans le plaisir, et qu’être Française, c’est répandre ce désir autour de soi. Erotiser un peu le monde. Etre des joueuses-nées. Des allumeuses, sans doute.

    Maïa Mazaurette ICI 


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