• Des enfants de Gaza se droguent pour supporter la douleur pendant qu’ils travaillent 12 heures par jour dans les tunnels

    par Iqbal TAMIMI,Palestinian Mothers , 8/11/2009. Traduit par Esteban G. et édité par Fausto Giudice,Tlaxcala 


    Original : The Children of Gaza develop narcotic addiction to withstand the pain while working 12 hours a day in the tunnels 


    Español: Los niños de Gaza son adictos a los narcóticos que consumen para soportar el dolor mientras trabajan en los túneles doce horas al día  


    Les enfants juifs de l'État d'Israël qui a lancé des attaques contre les enfants de Gaza au mois de janvier dernier avec ses bombes et ses missiles, assiégeant leur ville à partir des airs, mer et terre sont en train de profiter de bons repas, d’éducation, de soins, de moyens de transport, de divertissement, d’eau pour se laver et pour nager. Mais qu’en est-il des enfants affamés de Gaza ?


    Ceux qui connaissent le siège israélien de Gaza sont parfaitement au courant de la pénurie de nourriture, de médicaments, de matériaux de construction et d'autres biens de consommation, mais ce que beaucoup ne savent pas c’est que se sont les enfants de Gaza qui sont les premières victimes de ce siège, ils souffrent d’un nouveau type d’oppression et de douleurs mentales et physiques.
    Les enfants de Gaza sont obligés de travailler dans les tunnels étroits et dangereux construits entre Gaza et l'Égypte, à travers lesquels ils passent des aliments et d'autres marchandises de contrebande.

    Outre la contrebande, ils sont tenus à d'autres tâches : ils creusent des tunnels, choisissent les passages appropriés, installent le système d’éclairage et posent des tuyauteries pour acheminer le carburant introduit depuis le côté égyptien.


    En mars 2009, et pour la troisième fois en 2 mois, la police égyptienne dans le Sinaï, a arrêté un groupe d'enfants qui rampait dans les tunnels de la Bande de Gaza assiégée. Le plus âgé avait seulement 12 ans : Orabi Mohamed Abu-Saud (12 ans), Mohamed Zaidan Al Faramawy (12 ans), Hasan Eyad Zanoub (11 ans), et Nabil Ibrahim Abu-toyour (11 ans). Tous étaient passé furtivement de l'autre côté de la frontière pour acheter des bonbons et de la nourriture et les revendre dans les rues de Gaza.


    L'Unité de recherche de terrain de la Société Nationale Nationale pour la Démocratie et le Droit (National Society for Democracy and Law ) a publié un rapport sur le phénomène généralisé de la main d'œuvre infantile dans les tunnels et demande de l’aide et du soutien à la communauté internationale pour mettre fin à la misère des enfants.


    La pauvreté toujours croissante à Gaza à cause du siège israélien et à la dernière agression de l’armée israélienne oblige les enfants à travailler 12 heures par jour dans les tunnels extrêmement dangereux. Les jeunes garçons transportent les marchandises dans des tunnels étroits qui s’étendent sur toute la frontière entre Gaza et l'Egypte ; Ils mesurent plus de 700 mètres de long, et sont creusés à 12 mètres de profondeur. Ils ne sont guidés que par de simples ampoules électriques espacées tous les 10 mètres. Les enfants travaillent de 7h du matin à 7h du soir et il y a aussi un roulement hebdomadaire pour le travail de nuit.


    Les enfants ne peuvent se reposer qu’une heure seulement au cours des 12 heures de travail terminant, évidemment, épuisés, avec une très grande fatigue. Beaucoup d'enfants sont ainsi contraints de prendre une drogue stimulante connue localement sous le nom de « Tramal » (Tramadol ). On dit que cette drogue est censée aider les enfants à oublier la douleur, à revitaliser leurs organes et à les maintenir au travail sans se plaindre davantage. Mais, en même temps, cette consommation illégale de drogues entraine de sérieuses complications de santé et des effets secondaires.


    À travers les tunnels, les enfants doivent transférer toutes sortes de marchandises pour le commerce, tels que : nourriture, appareils électriques, médicaments, lait pour bébé, produits textiles, chaussures, et du bétail. Mais le plus dangereux de tout, est d’avoir recours à des produits aussi dangereux que les « diluants » et les solvants mélangés à certains types de peintures. Les solvants sont très dangereux puisque leurs émanations sont très piquantes et toxiques lorsqu’elles sont inhalées, et si le récipient vient à se percer dans le tunnel pendant le voyage infernal, cela aurait un effet désastreux pour les enfants dans l'obscurité qui se traînent sur leurs genoux en portant d'autres produits dangereux comme les produits chimiques pour le nettoyage, la soude caustique, et du gasoil. Ils doivent manipuler tous ces produits chimiques dans un espace confiné, où il n'y a ni ventilation ni sorties de secours.


    Étant donné le pourcentage chaque fois plus grand de pauvreté à cause du siège israélien, beaucoup d’enfants ont cessé d'aller à l'école. Un petit nombre seulement est parvenu à organiser leur temps et travailler tout en étudiant. La majorité des enfants a commencé à travailler il y a 1 à 2 ans.
    La majorité ne semblait pas avoir peur de travailler dans des conditions aussi dangereuses, tous étaient passés par les pires terreurs auxquelles tout enfant résisterait difficilement : les bombardements de leur maison par l'armée israélienne, la perte des membres de leur famille qui sont morts sous les décombres, l’expérience d’avoir à ramasser les lambeaux de leurs petits camarades qui ont été assassinés au cours des raids israéliens. Il semble qu'ils aient déjà été témoins de toute sortes d’horreurs qui les ont immunisés contre la peur, ou pire encore, ils ont été dépouillés de la volonté de vivre.


    Bien que parmi eux, beaucoup aient du affronter des problèmes techniques, comme des coupures de courant, des fuites de gaz, l’effondrement de tunnels, en plus de leurs problèmes de bas salaires, et le fait que beaucoup des tunnels étaient bombardés par les forces israéliennes pendant qu’ils y travaillaient, ils n'ont d’autre option que travailler, affrontant la mort à chaque fois qu'ils se traînent dans ces pièges mortels.


    Au cours d’un accident, 20 jeunes hommes palestiniens sont morts asphyxiés : les autorités égyptiennes avaient découvert certains tunnels dans lesquels elles ont ordonné de verser des produits toxiques puis de les refemer. Quatorze autres jeunes avaient été secourus, échappant ainsi à la mort.
    Au cours de ces 3 dernières années depuis le début de la construction des tunnels, le nombre total de victimes mortes à cause de l'effondrement des tunnels seulement par les bombardements israéliens directs ou par la destruction des tunnels par les autorités égyptiennes s’est élevé à 117 personnes. D’après les données de l'Hôpital Abou Youssuf Annajar et de l'Hôpital Européen, 32 de ces victimes étaient des enfants.


    Les enfants interviewés ont dit qu'ils avaient été choisis pour travailler dans les tunnels, puisque leur corps était plus petit, et qu’il leur était donc plus facile d’y circuler, en plus du fait que leur salaire était moindre que celui des adultes. Le salaire d'un enfant est entre 9 et 36 € par jour, mais la majorité gagne 18 € par jour. Ils ont abandonné l'école pour pouvoir manger et mettre un peu de pain sur la table familiale. La majorité des familles sont contre l'idée que leurs enfants travaillent, mais elles n’ont pas le choix, car elles sont obligés d'avoir au moins un membre qui travaille puisque les adultes ne trouvent plus rien à faire après la destruction de leur ville et de leurs entreprises en janvier dernier, de même que le siège israélien les empêche de rétablir quelque type d'activité que ce soit.


    Ce qui est étrange c’est que les enfants qui travaillent conseillent aux autres enfants de ne pas abandonner l'école, pour quelque raison que ce soit. Étant donné ce qu’ils ont eu à subir, beaucoup d'entre eux ont même fait part de leurs conflits avec leurs employeurs aux  anciens de la ville et à la police. Ils ont porté plainte contre les propriétaires des tunnels.
    Ce qui se passe là est un crime contre l'enfance, un abus et une discrimination contre les jeunes. Les propriétaires des tunnels profitent des jeunes qui ne peuvent pas affronter des adultes plus forts qu’eux ou se défendre contre eux.


    Il y a de la négligence de la part des parents qui connaissent le danger qu’il y a à travailler dans ces tunnels, quelques parents encouragent même leurs enfants à travailler, bien qu'ils connaissent les risques qu’ils encourent.
    Il y a un échec flagrant des autorités à la prévention de ce phénomène, qui est définie comme un délit par la loi palestinienne.
    Les organisations de défense des droits humains ont échoué à se confronter à ce phénomène.
    Le siège israélien doit être levé impérativement, nous lançons un appel à la communauté internationale à intervenir pour faire lever le siège imposé à la Bande de Gaza et ouvrir tous les points de passage afin de permettre que tous les marchandises puissent circuler, car c’est la seule action qui permettra la fermeture immédiate des tunnels.


    Des enfants ne sont pas censés ramper sur les genoux dans des tunnels sombres et profonds, ils sont censés être assis à leurs pupitres et étudier à l’école, jouer et faire de l’exercice physique. Ces enfants ont besoin d'être réhabilités, puisqu'une grande partie d’entre eux ont développé des problèmes de comportement et psychologiques, et certains sont maintenant dépendants de certaines drogues.
    Il faut sauver les enfants de Gaza, les sortir de l’ornière avant qu’ils ne grandissent animés par la colère et le ressentiment, et que nous ayons alors tous à faire face aux conséquences de leur oppression.

    L'auteure

    Journaliste et poétesse palestinienne originaire d'Al Khalil (Hebron). Actuellement elle travaille au Bureau de liberté de la presse (Press Freedom Desk) du Réseau de journalistes en exil (Exiled Journalists' Network) au Royaume-Uni. Elle est aussi la coordinatrice d'un réseau de militants, femmes et hommes, appelé Mères palestiniennes , et ouvert à toute personne éprise de paix et de justice


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  • De la Politique à la Vie

    Dans ce texte sous forme de proposition générale pour une rupture avec la gauche adressée à tous les anarchistes qui ne souhaitent plus attendre de miraculeux lendemains qui chantent, l’auteur trace des pistes claires pour une lutte anti-politique avec pour volonté d’avoir une incidence sur la pensée comme sur les actes.

    cette rupture avec la gauche est basée sur la nécessité de libérer la pratique de l’anarchie des confins et des limites de la politique, ce n’est certainement pas pour embrasser la droite ou toute une autre partie du spectre de la politique. Il s’agit plutôt d’une reconnaissance qu’une lutte pour la transformation de la totalité de la vie, une lutte pour reprendre le contrôle de chacune de nos vies dans un mouvement collectif pour la réalisation individuelle, ne peut qu’être entravée par des programmes politiques, des organisations « révolutionnaires » et des constructions idéologique auxquelles il faudrait s’asservir, parce que celles-ci aussi, tout comme l’État et le capital, exigent que nous leur donnions nos vies plutôt que d’en reprendre le contrôle.

    Nos rêves sont bien trop grands pour les limites étroites du réalisme politique. Cela fait déjà depuis trop longtemps que nous aurions du laisser la gauche derrière nous pour continuer sur notre joyeuse voie vers l’inconnu de l’insurrection et la création de vies pleines et auto-déterminées.

     

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  • Sarkozy l’immortel !


    Ces images résument l’ubiquité de Sarkozy, surtout, à toutes les époques de l’histoire. Rassurez-vous, nous ne les avons pas classé par ordre croissant ou décroissant. Néanmoins, de la signature de l’armistice (1918) à la victoire des bleus au mondial 1998, la prise de la Bastille, le jour de l’assassinat de Kennedy, le premier homme à alunir, l’homme a même assisté à la création du monde….le 6e jour, il n’y a rien à rajouter. Photos trouvées via Libération.fr. 


    Sarkozy lors de signature de l'armistice en 1918. Par informagicien – Cliquez pour voir la photo suivante

    Sarkozy sur la Lune. Par Fanny – Cliquez pour voir la photo suivanteSarkozy arrête les chars à Tiananmen. Par Trapick – Cliquez pour voir la photo suivanteSarkozy et l'assassinat de JFK. Par SebOnAir – Cliquez pour voir la photo suivanteSarkozy présent lors de la prise de la Bastille. Par Félix Guyon – Cliquez pour voir la photo suivanteSarkozy et la genèse du monde. Par Zorrodeconduite – Cliquez pour voir la photo suivanteSarkozy, signataire des accords de Yalta. Par dadavidov – Cliquez pour voir la photo suivanteSarkozy a assisté au baiser de l'Hôtel de ville. Par Informagicien – Cliquez pour voir la photo suivanteSarkozy lors du débarquement en Normandie (les trois photos qui suivent ont été tirées de la page Facebook «Sarkozy était là lors de la prise de la Bastille»). – Cliquez pour voir la photo suivanteNicolas Sarkozy aux premières loges de la finale de la Coupe du monde 98. Par Sarkonnexion – Cliquez pour voir la photo suivante

    SOURCE ICI 


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  • Communiqué No. 34



    Le Front de Résistance contre le Coup d’Etat au Honduras, communique à la population hondurienne et à la communauté internationale :

    1. La limite fixée au jeudi 5 novembre minuit ayant été atteinte sans que soit restitué le président légitime Manuel Zelaya Rosales, nous rejetons activement le processus électoral du 29 de novembre prochain.

    Des élections impulsées par un régime de facto qui réprime et viole les droits humains et politiques des citoyens, ne représentent rien d’autre qu’une reconnaissance de la dictature de l’oligarchie nationale et une méthode pour maintenir un système qui marginalise et exploite les secteurs populaires au privilège de quelques uns.

    La participation à un tel processus donnerait une légitimité au régime putschiste ou à son successeur qui prendrait fonction frauduleusement le 27 janvier 2010.

    2. Nous maintiendrons le rejet de la farce électorale même si dans les jours qui viennent, le Président Manuel Zelaya était rétabli dans ses fonctions, puisque 20 jours ou moins, ne suffiraient pas pour démonter la fraude électorale en préparation, par laquelle l’oligarchie putschiste cherche à consolider son projet antidémocratique et répressif.

    Cela ne signifie pas que nous ayons renoncé à notre revendication fondamentale de voir rétabli l’ordre constitutionnel, incluant la restitution du présidente Zelaya à la charge à laquelle il fut élu pour quatre ans par le peuple hondurien.

    3. Aujourd’hui plus encore, il apparaît que l’exercice de la démocratie participative via la convocation d’une Assemblée Nationale Constituante est non seulement un droit non négociable, mais aussi la seule issue pour doter la population hondurienne d’un système politique démocratique et inclusif.

    4. Nous dénonçons l’attitude complice du gouvernement des Etats Unis qui a manœuvré pour faire durer la crise, et montre maintenant ses véritables intentions de reconnaître le régime putschiste, afin de s’assurer que le prochain gouvernement soit docile aux intérêts des compagnies transnationales et à son projet de contrôle régional. Pour ces raisons, nous partageons la décision du Président Manuel Zelaya de déclarer l’échec de l’accord de Tegucigalpa; cet accord fait partie de la stratégie nord-américaine pour gagner du temps et valider le processus électoral.

    5. Nous appelons les organisations et les candidats politiques qui postulent pour le 29 novembre, à être conséquents avec leurs engagements passés et à se retirer publiquement de la farce électorale.

    6. Nous convoquons la population organisée ou non à se sommer aux actions de rejet de la farce électorale et à mener des actions de désobéissance civile, sous la protection de l’article 3 de la Constitution de la République, qui nous confère le droit à la désobéissance et à l’insurrection populaire.

    7. Nous appelons les gouvernements et les peuples frères du monde à maintenir la pression politique pour dérouter la dictature militaire imposée par l’oligarchie et l’impérialisme, et rejeter les fausses élections du 29 novembre prochain ainsi que les autorités qui prétendent se présenter comme les représentants élus du peuple.

    “NOUS RESISTONS ET NOUS VAINCRONS”

    Tegucigalpa, le 9 novembre 2009

    SOURCE ICI 


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  • Juanes et Bono : les émissaires culturels de l’impérialisme



    Il faut distinguer, pour reprendre l’idée de Paul Ricoeur, la politique sensu lato, comme structure de l’action en commun, et la politique sensu stricto comme activité gravitant autour du pouvoir, de sa conquête et de son exercice. On peut donc faire de la politique sans être engagé en politique.

    Dans l’intention et immanquablement dans les conséquences, l’initiative de Juanes de se produire à Cuba sous la bannière de la paix est un acte politique au sens large du terme. Ce concert s’inscrit dans la stratégie de détente envers Cuba engagée par l’administration Obama. Les propres promoteurs du projet en ont fait mezza voce l’aveu : « c’est le moment pour commencer quelque chose » a déclaré Juanes. Le chanteur espagnol Miguel Bosé, co-organisateur de l’événement, a confirmé qu’il bénéficiait de l’appui des Etats-Unis et a ajouté prendre les mesures pour éviter toute instrumentalisation du concert par les autorités cubaines.

    Il a fallu avant tout l’agrément de l’administration étasunienne pour mener à bien l’entreprise. Juanes s’est réuni le 9 juin avec Hillary Clinton et d’autres hauts responsables usaméricains en vue de la préparation de la seconde édition du concept « Paz sin fronteras ». On comptait en effet la présence à cette réunion de Thomas Shannon, sous-secrétaire du département d’Etat en charge de l’hémisphère occidental , et de Dan Restrepo, conseiller du Président concernant les affaires latino-américaines.

    Juanes s’est déjà livrée à ce genre de messe propagandiste lorsque les tensions entre la Colombie et le Venezuela étaient à leur comble suite à l’assassinat du commandant des Farc Raul Reyes en Equateur. Il a chanté avec quelques compagnons à la frontière des deux pays au nom de la fraternité des peuples. Ce faisant, il mettait dos à dos Uribe d’une part et Chavez/Correa d’autre part sans distinguer l’agresseur et l’agressé. Il faut savoir que Juanes soutient sans réserve Alvaro Uribe Velez pour qui il n’a jamais caché son admiration.

    Il a déjà chanté face à un parterre de militaires colombien qu’il a qualifié de « héros de la patrie ». Il est clairement engagé aux côtés des « paracos » au pouvoir en Colombie pour qui il joue fidèlement son rôle d’ambassadeur culturel. Il ne manque d’ailleurs jamais une occasion pour vilipender les Farc ; alors qu’il avait exigé un concert pur de toute prise de position à La Havane, il a une fois encore critiqué la guérilla. A la fin du concert, il s’est permis de lancer sans vergogne « Cuba libre ». A moins de faire référence à un Cuba libéré de l’hostilité des USA et de leurs ingérences incessantes, cette exclamation est une véritable provocation contre-révolutionnaire.

    Avec l’administration Obama, les USA n’ont pas modifié l’essence de leur politique à l’égard de Cuba mais ils l’ont simplement ajustée. Au lieu d’une politique d’hostilité frontale qui a montré ses limites, Obama et Hillary Clinton font prévaloir une stratégie pluridimensionnelle (diplomatique, médiatique, culturelle, économique, politique,…) sans renoncer d’aucune façon à leur objectif final : la restauration du capitalisme à Cuba. Toute relation de domination, même si elle est institutionnalisée, est constitutive de violence. Hormis quelques mesures sans portée significative, le blocus est prolongé au nom d’une supposée « atteinte à la sécurité nationale ». L’harmonisation des relations souhaitée par Obama ne voile qu’un rapport de domination politique et économique à l’instar des relations usuelles entre les USA et les pays latino-américains. .

    Bono, chanteur du groupe U2, est un autre chantre emblématique de l’impérialisme anglo-saxon et du capitalisme. Que ce soit sous le pavillon de la paix et de lutte contre la pauvreté, Bono fait de la morale le principe de changement. Il incombe en d’autres termes à l’homme de se transformer, de muer de conscience, de changer d’esprit pour changer la physiologie du monde. Par suite, les structures sociales paraissent étrangères à la question de la pauvreté qui devient un problème de conscience individuelle. L’engagement citoyen, politique n’a plus donc de raison d’être et il n’est plus nécessaire de développer une doctrine politico-économique pour changer le monde. C’est ainsi que l’on retrouve Bono lors des sommets mondiaux capitalistes quémander une « aide » humanitaire et la moralisation des règles du jeu capitaliste. Il conviendrait plutôt, par rapport aux objectifs assignés, d’inciter les masses à l’action pour qu’elles deviennent l’agent de leur propre histoire.

    Lorsque Bono chante devant la porte de Brandebourg pour commémorer la chute du mur de Berlin, il pose un acte politique clair et évident, lorsque Juanes et ses compères chantent sur la place de la Révolution à La Havane pour décongeler les relations entre les Etats-Unis et Cuba, ils s’impliquent dans les affaires de la cité. La date de l’événement ainsi que le choix du lieu trahissent leurs options idéologiques, leurs échelles de valeurs. N’aurait-il pas été plus judicieux de chanter pour la paix à Gaza, à Bagdad, à Kaboul ou à New York ? Ce sont les Etats-Unis en effet qui mènent de front plusieurs guerres et c’est auprès de leurs autorités qu’il conviendrait de peser ; c’est Israël qui refuse obstinément d’engager un processus de paix sincère avec ses voisins arabes et qui poursuit sa colonisation scélérate ; c’est en Colombie que pas moins de sept bases usaméricaines qui menacent la paix régionale ont été implantées.

    La vocation démocratique, apolitique et pacifiste de ces artistes est une mystification réactionnaire. Poser la paix en valeur absolue équivaut à acquiescer le statu quo social. La paix est une valeur secondaire par rapport aux valeurs de justice et liberté. Lorsque les peuples cubains, équatoriens, boliviens, vénézuéliens ou colombiens affirment leur volonté émancipatrice, ils subissent instantanément l’agression de leur bourgeoisie nationale appuyée par l’empire usaméricain. Le mouvement social latino-américain s’est mis en marche et il est disposé à lutter pour la conquête de ses droits et d’une paix juste.


    Emrah KAYNAK ICI 


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