• Israel-Afrique : Le Grand Retour (dossier présenté par Jeune Afrique)

    REPRISE d’ARTICLE


    Florissantes après les indépendances, quasi inexistantes ensuite, les relations entre l’État hébreu et le continent s’intensifient et obéissent désormais à des considérations avant tout économiques. En témoigne la tournée du chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, dont l’objectif est aussi de contrer le rapprochement entre l’Iran et l’Afrique.


    [INTRODUCTION] Cela ne s’était pas produit depuis plus de vingt ans : le très controversé ministre des Affaires étrangères israélien Avigdor Lieberman – dirigeant du parti d’extrême droite Israel Beytenou ayant maille à partir avec la justice de son pays – est actuellement en tournée en Afrique. Du 2 au 10 septembre, il a visité successivement l’Éthiopie, le Kenya, le Ghana, le Nigeria et l’Ouganda. Une « opération séduction » dont les objectifs sont clairs : renforcer les relations économiques entre l’État hébreu et le continent dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de l’irrigation, des infrastructures ou de la sécurité, bien entendu, mais aussi croiser le fer diplomatique avec l’Iran. «  La question iranienne sera évoquée durant la visite au regard des efforts de ce pays pour s’établir dans la région et y opérer », selon les autorités israéliennes. En clair, il s’agit de répondre aux visites de Mahmoud Ahmadinejad – qui s’est rendu au Kenya, à Djibouti et aux Comores en février dernier – et de tenter de (re)conquérir le soutien de l’Afrique, notamment aux Nations unies, afin de peser davantage contre le programme nucléaire iranien.

    Il y a deux ans, la ministre des Affaires étrangères israélienne Tzipi Livni racontait ainsi cinquante ans de relations avec le continent : « Le début des relations entre Israël et l’Afrique date du milieu du XXe siècle. De 1957 pour être exact, avec l’ouverture d’une représentation diplomatique au Ghana. En réalité, on pourrait dire qu’elles sont nées il y a trois mille ans, quand la reine de Saba a rendu visite au roi Salomon. Il est vrai qu’elles ont connu des hauts et des bas – elles étaient florissantes dans les années 1950 et 1960, inexistantes dans les années 1970 et renaissantes dans les années 1980 et 1990. Aujourd’hui, les relations entre Israël et la grande majorité des pays africains peuvent être qualifiées d’excellentes. » Bon résumé, avec des réserves sur la dernière épithète qui expliquent sans doute le voyage de Lieberman.

    À l’heure des indépendances africaines, la ministre des Affaires étrangères israélienne Golda Meir s’était résolument tournée vers l’Afrique. Pour elle, les Africains et le peuple juif partageaient bien des points communs. Ils avaient dû se débarrasser de la tutelle coloniale. Ils avaient dû mettre en valeur des terres souvent ingrates. Et avaient été des victimes de l’Histoire, morts dans les camps de concentration ou réduits en esclavage…

    Aide militaire

    Mais au-delà de la communauté de destins, la volonté de séduire l’Afrique subsaharienne obéissait à des raisons plus prosaïques. En pleine guerre froide, Israël menait son propre combat diplomatique. Il s’agissait de rompre une situation d’isolement en s’assurant le vote des pays africains aux Nations unies et de renforcer la sécurité de l’État en formant un « cordon sanitaire » autour des pays arabes perçus comme hostiles.

    Au milieu des années 1960, Israël – farouchement hostile au régime d’apartheid sud-africain – entretenait des relations diplomatiques avec plus de trente pays africains. Il y a envoyé ses experts, formé des unités d’élite, vendu des armes. En 1966, une dizaine de pays africains ont reçu une aide militaire directe d’Israël. Un certain général congolais, Joseph-Désiré Mobutu, a même bénéficié, en 1963, d’un entraînement de parachutisme… Deux ans avant de prendre le pouvoir !

    Cette politique d’ouverture s’est altérée à partir de la guerre des Six Jours, en 1967 : Israël est devenu une puissance conquérante. Mais la véritable rupture a eu lieu au moment de la guerre du Kippour, en 1973. Le franchissement du canal de Suez par les forces israéliennes a heurté les pays africains, et le choc pétrolier a accru leur dépendance pétrolière vis-à-vis des pays arabes. Résultat : à l’exception du Malawi, du Lesotho et du Swaziland, tous ont coupé avec Israël – qui s’est alors rapproché de l’Afrique du Sud raciste. L’isolement de l’État hébreu a atteint son paroxysme le 10 novembre 1975, avec la résolution 3379 des Nations unies assimilant sionisme et racisme. Les seuls pays africains à s’y opposer étaient le Malawi, le Lesotho, la République centrafricaine, le Liberia et la Côte d’Ivoire.

    Realpolitik

    Au-delà des positions politiques de principe, la realpolitik a néanmoins continué de s’imposer. « Durant cette période, les liens économiques ont en réalité augmenté : les échanges commerciaux ont été multipliés par trois et les entreprises israéliennes ont accru leurs initiatives, en particulier au Nigeria, au Kenya et au Zaïre », explique Naomi Chazan1. L’absence de relations officielles n’a pas empêché non plus Israël de maintenir son assistance militaire.

    À la fin des années 1970, environ 35 % des ventes d’armes israéliennes se faisaient en Afrique. « Des agents du Mossad, des émissaires militaires et un petit groupe d’hommes d’affaires ont remplacé les diplomates en tant qu’interlocuteurs privilégiés des dirigeants africains et (principalement) des partis d’opposition », estime Naomi Chazan. Des spécialistes de la protection rapprochée de personnalités ont assuré des formations auprès des services de sécurité présidentiels ou ont été mis directement à leur disposition. Comme en Côte d’Ivoire, au Liberia, au Zaïre, au Togo, au Gabon… En juillet 1976, Israël s’est signalé par un coup d’éclat à l’aéroport d’Entebbe. L’opération Tonnerre a permis à Tsahal de libérer plus de deux cents otages détenus par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Avigdor Lieberman participera d’ailleurs le 10 septembre, en Ouganda, à une cérémonie de commémoration en hommage aux victimes.

    En 1978, les accords de Camp David ont marqué le début d’une légère embellie, mais il a fallu attendre 1982 pour que Mobutu Sese Seko, dans l’ex-Zaïre, annonce la restauration des relations diplomatiques, suivi par le Liberia (1983), la Côte d’Ivoire et le Cameroun (1986), le Togo (1987)… Quant à la dictature d’inspiration marxiste du colonel Mengistu, elle a reçu des armes et permis, en retour, le « rapatriement » des juifs d’Éthiopie, les Falashas.

    Au début des années 1990 – après qu’Israël a explicitement condamné l’apartheid en 1987 et que les Nations unies ont annulé la résolution assimilant sionisme et racisme en 1991 –, d’autres pays africains comme le Kenya, la Guinée ou la République centrafricaine ont repris langue avec l’État hébreu. Sans que celui-ci se décide pour autant à adopter une stratégie claire et cohérente vis-à-vis de l’Afrique. « Il n’y a plus de doctrine comme à l’époque de Golda Meir, explique Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po2. Les personnels affectés à l’Afrique sont en nombre restreint et de qualité moindre. Le prisme africain, c’est fini. Depuis les accords d’Oslo, Israël a amorcé un repli diplomatique, économique et technique vers l’Occident – l’Europe, les États-Unis, les pays de l’ex-URSS. »

    Secteur privé en pointe

    C’est donc le secteur privé israélien qui modèle les relations actuelles avec le continent (voir ci-dessous), entre importateurs de diamants, compagnies de sécurité plus ou moins liées au pouvoir et experts en tous genres. Même pour les ventes d’armes, l’Afrique n’est plus un marché porteur. « En 2005, l’Inde a acheté pour 900 millions de dollars de matériels militaires à très haute valeur ajoutée en Israël, poursuit Frédéric Encel. Aujourd’hui, sur les quelque 4 milliards de dollars que représentent les ventes d’armes, 1,5 milliard provient de l’Inde et de la Chine, le reste se distribuant entre le Caucase, l’Europe, la Turquie et les États-Unis. L’Afrique n’achète pas d’armement sophistiqué mais plutôt des services, beaucoup moins chers – les gardes du corps, par exemple. »

    À l’heure où Israël remet officiellement le pied sur le continent, plus de quarante pays africains entretiennent des liens diplomatiques avec l’État hébreu. « Ces toutes dernières années, il y a manifestement un retour d’Israël en Afrique, affirme Encel. Il est trop tôt pour parler de doctrine, mais, à titre d’exemple, le Nigeria vend beaucoup de pétrole à l’État hébreu, reçoit de plus en plus d’ingénieurs israéliens et… n’a pas voté la résolution des Nations unies contre le mur de séparation en 2006. » Si Lieberman souhaite redonner du souffle aux relations politiques et économiques, il risque tout de même de se heurter à certaines réticences. Pour le président en exercice de l’Union africaine, Mouammar Kaddafi, « les ambassades d’Israël en Afrique sont des gangs qui cherchent des alliances avec des minorités pour perturber notre continent ».

    Nicolas Michel

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  • Manuel Zelaya maintient son appel à la résistance


    Le président du Honduras, Manuel Zelaya, défait par une junte militaire, a maintenu son appel à la "résistance" vendredi, posant le principe de son retour au pouvoir comme base incontournable d'un dialogue avec les putschistes.

    "Nous n'avons pas observé une once de volonté du gouvernement de facto de restituer la présidence au président élu par le peuple", a déclaré Manuel Zelaya dans un communiqué transmis à la presse par son entourage quatre jours après son retour au pays.

    "C'est pourquoi nous lançons un appel au maintien de la résistance et nous sollicitons le soutien de la communauté internationale pour mettre fin au coup d'Etat et rétablir la démocratie", poursuit-il.

    La veille, Manuel Zelaya, rentré dans son pays par surprise lundi et réfugié depuis dans les locaux de l'ambassade du Brésil, avait déclaré qu'un dialogue avait été instauré avec le gouvernement issu du coup d'Etat du 28 juin.

    Quatre candidats à l'élection présidentielle du 29 novembre s'étaient pour leur part entretenus avec M. Zelaya et son rival, l'ancien président du Congrès Roberto Micheletti au pouvoir depuis le coup d'Etat, en vue de les rapprocher.

    Il n'y a pas eu depuis la "moindre indication", d'un "souhait du gouvernement putschiste en faveur de l'instauration d'un dialogue qui permette de mettre fin à la crise déclenchée par le coup d'Etat", a cependant constaté M. Zelaya.

    "La communauté internationale doit se prononcer avec énergie et rapidité pour résoudre cette crise tragique", ajoute-t-il.

    Une tentative de médiation du président du Costa Rica Oscar Arias avait déjà achoppé fin juillet, sur la question du retour au pouvoir de M. Zelaya, principe posé par l'accord dit de "San José" proposé par M. Arias et refusé par les autorités en place à Tegucigalpa, qui n'ont pas cédé depuis sur ce point. "Chacun campe sur ses positions", observait jeudi une source diplomatique occidentale.

    M. Arias a déclaré vendredi qu'il n'avait pas l'intention d'aller au Honduras "pour le moment".

    Pendant ce temps à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a mis en garde le gouvernement de M. Micheletti contre toute tentative de violer l'immunité de l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa.

    "Les membres du Conseil ont condamné les actes d'intimidation commis contre l'ambassade", autour de laquelle des rues sont bouclées sous la surveillance de soldats et de policiers, a déclaré l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, au nom du Conseil.

    Ils ont "appelé le gouvernement de facto du Honduras à cesser de harceler cette ambassade et de lui fournir tous les services nécessaires, y compris eau, électricité, nourriture et maintien des réseaux de communication", a-t-elle ajouté, au sortir d'une réunion d'urgence du Conseil réclamée par le Brésil.

    Devant le Conseil, Celso Amorim, le chef de la diplomatie brésilienne, avait dénoncé l'attitude des forces de l'ordre honduriennes, qui ont "assiégé" l'ambassade et soumettent ses occupants à des rationnements, notamment de vivres, selon lui.

    Manuel Zelaya a réclamé depuis l'intérieur de l'ambassade l'intervention de la Croix-Rouge internationale, faisant état de malaises dans son entourage, liés selon lui à la diffusion d'un gaz toxique par les forces de l'ordre.

    "Il y a ici une soixantaine de personnes qui tentent de respirer dans la cour. Il y a des gens qui vomissent du sang. Un gaz toxique a été diffusé", a-t-il affirmé à la presse.

    Un porte-parole de la police a démenti la moindre diffusion de gaz. "Ce sont de faux messages pour la communauté internationale (...) pour attirer l'attention (...) au moment où le Conseil de sécurité" des Nations unies était réuni, a-t-il déclaré.

    Parallèlement, plusieurs milliers de manifestants pro-Zelaya étaient descendus à mi-journée dans la rue pour un défilé qui devait se clore dans le parc central de Tegucigalpa

    SOURCE LE RACO 


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  • Les « doigts brûlés » de Calais

    Le ministre français de l’immigration, M. Eric Besson, a confirmé jeudi qu’il y aurait bien des expulsions de migrants arrêtés lors du démantèlement de la « jungle » de Calais, mardi 22 septembre. A cette annonce, les associations d’assistance aux réfugiés ont fait part de leur inquiétude, car la plupart d’entre eux sont originaires d’un pays en guerre, l’Afghanistan. Elles alertent aussi sur le fait que parmi ces dernières figurent des mineurs, déclarés majeurs au terme d’expertises médicales discutées. Quelque cent vingt-cinq mineurs officiellement reconnus comme tels ont également été interpellés et placés dans des foyers.

    Un fait lié à la situation des migrants demeure cependant peu connu et peu commenté : les pratiques d’automutilation auxquelles pousse le fichage européen.

    Un tiers des demandeurs d’asile reçus aux permanences de la sous-préfecture de Calais se mutilent les doigts afin d’y « effacer » leurs empreintes digitales. L’information, passée inaperçue cet été, émane de Gérard Gavory, sous-préfet de Calais, interrogé en juillet dernier par LibéLille :

    « Depuis le 5 mai, cent soixante-dix personnes ont été reçues aux permanences de la sous-préfecture, à raison de deux jours par semaine. Cinquante et une ont été identifiées par leurs empreintes digitales comme étant passées par les bornes Eurodac en Grèce et en Italie.

    Cinquante-sept ont des empreintes effacées. Trente et une ont reçu une autorisation provisoire de séjour, vingt-neuf sont déjà en Centre d’accueil pour demandeur d’asile (1). »

    Eurodac est un système automatisé de reconnaissance d’empreintes décadactylaires (les dix doigts plus la paume) répertoriant, au 31 décembre 2007, 1 005 323 demandeurs d’asile et immigrants clandestins âgés de 14 ans au moins. Objectif : identifier le pays par où ils sont entrés afin de pouvoir les y refouler, en vertu de la Convention de Dublin. Mis en application en 2007, le règlement Dublin II a comme objectif de limiter les demandes d’asile multiples dans l’Europe de Schengen.

    Ainsi, les autorités françaises ou britanniques expulsent régulièrement vers l’Italie ou la Grèce des réfugiés qui y avaient préalablement été fichés, pour que leurs demandes d’asile soient étudiées dans ces pays, ou qu’ils soient « refoulés » dans leur pays d’origine. Depuis deux ans, un nombre croissant de migrants font ainsi le choix de se mutiler les doigts afin d’en effacer les empreintes, espérant ainsi échapper au fichage d’Eurodac et au système de « réadmission » de Dublin II.

    Le fait est peu documenté. Et pourtant. En août 2008, Julie Rebouillat, du collectif de photo-reporters Contre-faits, publiait cette photographie :

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    Photo : Julie Rebouillat (CC).

    « Continuellement, précisait la légende, un feu est gardé allumé. Il permet de chauffer l’eau (pour le thé, la lessive ou la toilette), mais également d’y faire brûler des barres en fer avec lesquelles les migrants se mutilent le bout des doigts pour effacer leurs empreintes digitales. »

    Toujours en 2008, Nathalie Loubeyre et Joël Labat réalisaient un documentaire, No comment (Grand prix du documentaire au Festival international du film des droits de l’homme en 2009). Deux séquences montrent comment des migrants se mutilent les doigts, au fer rouge, et au papier de verre (2).

    Aussi étonnant que cela puisse paraître, explique Nathalie Loubeyre, ce type de mutilations est largement connu de ceux qui aident ces migrants, non seulement parce qu’ils se mutilent devant eux, mais aussi parce qu’ils le font avant même d’entrer en Europe :

    « Tous les gens qui travaillent là-bas le savent depuis des années : ça se pratique depuis fort longtemps, et pas seulement à Calais… [Les migrants] veulent pouvoir demander l’asile dans le pays de leur choix, mais, à cause des accords de Dublin, leur but est d’être “vierges” aux frontières. Et donc, certains se coupent ou se brûlent les doigts avant même d’arriver dans l’espace Schengen, car ceux qui sont déjà fichés n’obtiendront pas l’asile. »

    Dans son rapport « La loi des “jungles” », consacré à l’après-Sangatte et publié en septembre 2008, la Coordination française pour le droit d’asile (CFDA) évoquait elle aussi, en note de bas de page, les propos de Lili Boyer, militante à Norrent-Fontes (un village du Pas de Calais), qui parle de « mutilations », décrit l’odeur de « cochon grillé » dégagée par les doigts brûlés et évoque le fait qu’avec Dublin, « les exilés ont vu leur corps se transformer en un élément qui joue en leur défaveur ».

    En juillet 2009, le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU constatait également qu’« afin d’éviter d’être renvoyés en Grèce ou ailleurs, des migrants et des demandeurs d’asile vont jusqu’à brûler le bout de leurs doigts avec des clous chauffés à blanc ou de l’acide sulfurique pour qu’ils ne puissent plus être identifiés via leurs empreintes digitales (3) ».

    En mars, Matthieu Millecamps, journaliste à Nord Eclair, relevait que les militants de Terre d’Errance, l’association de Lili Boyer, en étaient arrivés à surnommer « doigts brûlés » ceux qui décident ainsi de se mutiler pour éviter d’être fichés. L’article comparait également les destins de trois jeunes Erythréens qui avaient réussi à traverser l’Italie, la France, puis la Manche, pour atteindre Londres, et les problèmes kafkaïens auxquels ils étaient confrontés.

    Le premier avait été fiché en Italie ; il travaille avec un faux passeport, « parce que c’est la seule solution » ; ses doigts, brûlés, sont scarifiés, et ses empreintes le font « trembler à la vue d’un policier » : elles lui ont valu, par deux fois déjà, d’être renvoyé en Italie. Le second a vu ses empreintes fichées en Grande-Bretagne, il ne risque donc pas d’être refoulé dans un autre pays. Le troisième, lui, n’a même pas été fiché. Il a juste perdu un œil, d’un coup de barre de fer, lors d’une ratonnade à Calais…

    Sylvie Copyans, de l’association Salam, qui œuvre aux côtés des migrants de Calais, confirme que « de nombreux migrants, principalement les Africains, se mutilent les doigts pour éviter d’être identifiés en se brûlant les doigts sur un bout de fer chauffé à rouge, avec de l’acide, avec du papier de toile émeri ». Un autre témoin de ces mutilations, qui préfère garder l’anonymat, précise que d’autres utilisent des rasoirs jetables pour se râper les empreintes — « peut-être moins douloureux que de se faire brûler les doigts, mais beaucoup plus long (il avait bien dû y passer l’après midi) ».

    Un fichage peu utile

    Ces mutilations entraînent-elles des complications sanitaires ? Mansour, un jeune réfugié afghan qui travaille comme traducteur pour le service de santé des migrants de Calais (PASS), explique que certains ont effectivement des problèmes avec leurs mains, du fait des conditions d’hygiène difficiles, voire déplorables, qu’ils rencontrent dans les « jungles » où ils se réfugient. Sylvie Copyans relativise : « Il m’est très rarement arrivé de devoir soigner des brûlures de ce type. »

    Triste ironie, ces mutilations ne serviraient pas à grand chose : « les empreintes se reforment de toute façon. Cela ne fait qu’allonger des délais qui sont déjà importants dans la procédure de demande d’asile ». Cela amène certains migrants à renouveler la mutilation « environ une fois par mois »… De plus, précise Mansour, non seulement la police arrive souvent à retrouver leurs empreintes digitales, mais la Grèce a également commencé à ficher les empreintes de leurs mains. Ce qui amène certains réfugiés à se brûler désormais les paumes…

    Ce fichage est-il utile aux autorités ? Le rapport d’évaluation du système Dublin, publié en juin 2007 et portant sur les années 2003-2005 (4), permet d’en douter : non seulement le « décalage important » entre les informations transmises et reçues ne permettait pas de mesurer précisément l’efficacité du système, mais celles qui pouvaient être mesurées montrent que 42% des réfugiés fichés parviennent à échapper à la procédure de « réadmission » :

    « Plus de 55 300 requêtes ont été envoyées (soit 11,5% du nombre total de demandes d’asile - 589 499 - dans l’ensemble des Etats membres pour la même période). 72% de ces requêtes ont été acceptées, ce qui signifie que dans 40 180 cas, un autre Etat-membre a accepté d’assumer la responsabilité d’un demandeur d’asile. Toutefois, les Etats membres n’ont en réalité effectué que 16 842 transferts de demandeurs d’asile. »

    La faiblesse des taux de transferts de demandeurs d’asile effectués par rapport à celui des transferts acceptés nuit considérablement à l’efficacité du système. Les Etats membres expliquent ce phénomène par le fait que les demandeurs d’asile disparaissent souvent après la notification d’une décision de transfert.

    Non contents de se mutiler les doigts pour ne pas être fichés, et ainsi espérer rester « invisibles » aux yeux des autorités, les réfugiés n’hésitent pas à disparaître, physiquement, dans la nature…

    Dernier point, et non des moindres : « Faute de données précises, il n’a pas été possible d’évaluer un élément important du système Dublin, à savoir son coût. »

    Jean-Marc Manach

    (1) « A Calais, les Afghans menacés de “retours forcés” », LibéLille, 20 juillet 2009.

    (2) Un extrait est visible sur le site YouTube.

    (3) « France : Le HCR cherche une solution pour les migrants échoués à Calais », Centre d’actualités de l’ONU, 20 juillet 2009.

    (4) Disponible sur le site de Forum Réfugiés.

    SOURCE ICI 


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  • Le G20, ça ne change pas le monde, mais avec un "popcorn" on aime bien !

    Serge CHARBONNEAU
    illustration : le Glob de Bargeo
    Grand titre ce matin : « Sommet du G-20 : Accord en vue » [1]

    WoW ! Une entente… imaginez… le monde va changer ! (Ceci s’appelle de l’ironie)

    Rappelons-nous le 2 avril 2009 (il y a quelques mois) à Londres. Vous savez, la période où l’expression « bras de fer » était le gros vendeur ! Vous savez, ces expressions canons lancées généralement par le leader de l’aiguillage de l’opinion mondial, AFP et repris à l’unisson par leurs fidèles et dociles abonnés.

    « Bras de fer » au G20 sur la réforme du FMI (La Depeche)

    Le « bras de fer » continue au G20 (Liberation)

    …mettre fin au « bras de fer » de l’entreprise contre l’État (WebManagerCenter)

    Un « bras de fer » de "gladiateurs" qui risque, à nouveau, de noyer les intérêts du continent africain (All Africa)

    Et le fameux « bras de fer » run again … enjeu d’un véritable bras de fer entre pays riches et émergents. (France24)

    Outre ces formules reprises pour s’imprégner à fond dans notre imaginaire collectif, parlons un peu des "ententes" passées, elles sont à mon sens bien plus intéressantes que les supposées ententes spectaculaires et médiatiques d’aujourd’hui.

    Les "ententes" passées ont des comptes à rendre, tandis que celles qu’on nous annonce en grandes pompes aujourd’hui n’ont qu’un seul but, nous garder bien endormi. On aime bien nous voir dormir à poings inoffensifs fermés, le sourire aux lèvres et l’âme en paix.

    Le fameux G20 d’avril dernier s’est terminé dans l’euphorie totale, il y avait eu une fabuleuse entente : « Le sommet du G20 se termine avec une promesse de 1.100 milliards de dollars pour relancer l’économie » [2].

    L’autre énorme nouvelle était : « Il faut refaire la "photo de famille" » Eh oui ! Harper était parti pisser ou Berlusconi draguait une nouvelle coquette conquête !

    Mais on a aussi dit très sérieusement : « Le pétrole en hausse à New York ». Le baril de pétrole a pris 3,57 dollars à l’ouverture à New York par rapport à son niveau de clôture hier. Les analystes s’accordent pour dire qu’ils attendent des retombées positives du G20 de Londres. WoW ! Le monde était sur le point de changer !

    « Wall Street réagit positivement au G20 ». La Bourse de New York a ouvert en hausse et accueille avec optimisme les premières déclarations des membres du G20. Le Dow Jones a ouvert à + 2,03 %. Il avait déjà fini en hausse hier soir après l’annonce des chiffres de l’immobilier américain, moins mauvais que prévu.WoW ! Le monde changeait !

    « Pour Oxfam, une liste des paradis fiscaux est "indispensable" ». L’organisation Oxfam France appelle les dirigeants participant au G20 à établir une liste des paradis fiscaux. "Sans liste, aucune sanction n’est possible", estime l’association, qui dit déplorer que certains pays membres du sommet soient prêts à y renoncer. Ça fait un beau titre. « Oxfam… les paradis fiscaux… » Où donc en est-on ? WoW ! Le monde a-t-il changé ?

    On a même titré : « La liste des paradis fiscaux publiée dans moins de deux heures ». Nicolas Sarkozy, qui s’exprime en même temps que Gordon Brown, a annoncé que la liste des paradis fiscaux sera rendue publique dans les deux prochaines heures. Cette liste a été établie par les membres de l’OCDE. WoW ! On ne l’a pas vu beaucoup cette liste. On a parlé d’inclure la Suisse ou d’exclure le Luxembourg ou l’inverse… Vous vous en souvenez tous de cette liste, n’est-ce pas ? Elle fut vachement "utile" cette liste.

    Maintenant, nos gouvernements ont récupéré tellement d’impôts qui s’échappaient auparavant au paradis que maintenant on parle de nous offrir des soins de santé totalement gratuits et il n’est plus nécessaire de privatiser les hôpitaux. WoW ! C’est fantastique ce que ce G20 a changé notre vie et a obligé ces gros prédateurs économiques à remplir leurs responsabilités sociales, c’est-à-dire de simplement payer l’impôt qu’ils doivent payer comme vous et moi et comme tout citoyen responsable et solidaire de sa communauté.

    WoW ! Le G20 ! WoW !

    François Fillion disait : « François Fillon souhaite la publication d’une liste des paradis fiscaux ». En déplacement à Poitiers pour le congrès de la FNSEA, François Fillon a rappelé son attachement à la publication d’une liste des paradis fiscaux par les membres du G20. "Franchement, je serais extraordinairement déçu que les chefs d’État des 20 plus grandes économies du monde ne puissent pas se mettre d’accord sur un minimum de régulation, comme ce que nous proposons, et qu’en particulier le président des États-Unis n’ait pas à cœur de publier la liste des paradis fiscaux." Une déclaration fracassante !!!!!

    On a aussi parlé de : « La Russie veut discuter d’une nouvelle monnaie internationale ». La discussion sur la création d’une nouvelle monnaie internationale basée sur les droits de tirage spéciaux du FMI pour remplacer le dollar n’était pas au programme du sommet. Mais "des discussions isolées dans un format bilatéral sur ce sujet" ont eu lieu, selon le principal conseiller du Kremlin. La Chine et la Russie se disent favorables à un "approfondissement" de la question dans les mois à venir. Bon, ici, disons que c’était la Russie qui en parlait. Bah ! Il y a aussi le "Sucre", la monnaie de l’Amérique latine qui sera en essai dans les mois qui viennent et en fonction un de ces jours. Il y a longtemps que Saddam avait parlé de vendre son pétrole en acceptant autre chose que le $US. Ça lui a coûté la vie !

    Il y a l’Afrique, il y a les pays arabes… il y a la Chine. Multipolaire, pluripolaire comme dit Chávez. Une nouvelle monnaie d’échange… où en est le dossier ? Bah !

    En tout cas, le "Sucre" (prononcez le "soucré") fait son chemin. Chávez dit, Chávez fait. Du côté Amérique latine, les dossiers avancent et sont faciles à suivre. Vous savez, la transparence, l’information… vous savez ? Non, vous ne savez pas ! Vous êtes habitué à ne pas savoir, vous êtes habitué à vous ouvrir un œil à voir le titre « Accord en vue » et à vous refermer les yeux pour continuer votre sommeil profond. Le titre fait 24 heures maximum, on vous le remplacera demain, pour un autre titre du futur et on se gardera bien de trop vous parler du présent et encore moins des leçons du passé. Vous savez les leçons du passé comme ce G20 d’avril dernier ! WoW ! Plus ça change, plus c’est pareil !

    Quoi d’autre ? Que disait-on en avril dernier à la sortie du fameux G20 « bras de fer » qui n’a pas eu lieu, à la surprise non surprenante générale !? On parlait de : « Surenchère sur les nouvelles aides » Alors que le sommet s’apprête à remettre sa déclaration finale, les chiffres des aides aux organisations internationales n’en finissent pas de grimper. D’abord annoncées à 250 milliards de dollars pour le FMI, elles arrivent désormais, selon certains négociateurs, à près de 1 100 milliards pour le FMI, la Banque mondiale et les banques de développement.

    « La fin du secret bancaire »

    Pour Gordon Brown, le sommet du G20 de Londres marque la fin du secret bancaire. Il a aussi annoncé un contrôle strict des "hedge funds" et des agences de notation. Quelle fin tragique, n’est-ce pas ? Le secret bancaire… C’est sans doute que votre gouvernement scrute quotidiennement votre compte de banque pour y déceler des revenus au noir ou encore une grosse transaction qui servirait à financer un groupe terroriste, je parle bien entendu de Al Qaïda, qui d’autre ? C’est vrai qu’on s’aperçoit que le secret bancaire concernant nos comptes et notre cote de crédit, nos transactions via cartes bancaires ou de crédits sont clairement connues de tous ceux qui surveillent pour notre sécurité nationale. C’était sûrement de ce "secret" dont on parlait à la sortie du G20 de Londres.

    On parlait aussi de : « Nouvelles règles sur les salaires et bonus » Les pays du G20 se sont mis d’accord pour mettre en œuvre de "nouvelles règles" sur les salaires et les bonus au niveau mondial. WoW ! Ça aussi, ç’a changé radicalement le monde. On a constaté que les gros yachts ne se déplaçaient plus autant. Pour ces pauvres propriétaires de yachts, la diminution de leur bonus fait en sorte qu’ils sont maintenant incapables de faire le plein de leur immense paquebot personnel. Le tourisme pour la lune s’en voit aussi directement affecté.

    Les pays qui crèvent de faim, ne vous ne vous en faites pas, on a pensé à eux, heureusement : « Chute des cours de l’or ».

    L’annonce de Gordon Brown sur la vente d’une partie des réserves d’or du FMI a fait chuter les cours du métal à moins de 900 dollars l’once. Le FMI va se servir des revenus de cette vente pour venir en aide aux pays les moins développés. Ce fut une belle nouvelle. Quel courage déployé par ce FMI missionnaire ! On ne peut que s’incliner et le féliciter au nom de tous ces pays qui meurent de faim à cause de la crise alimentaire des aliments sur les tablettes, mais trop chers pour ces minables.

    Certains crèvent de faim (littéralement), mais tout n’est pas perdu, on titrait à la sortie du G20 de Londres : « Optimisme pour la production mondiale ». Selon le communiqué final du G20, les mesures prises par le sommet devraient entraîner une augmentation de la production mondiale de l’ordre de 4 % d’ici à la fin 2010. Cette initiative "sauvera ou créera des millions d’emplois qui auraient sinon été détruits", ajoute le communiqué. WoW ! Des millions d’emplois ! WoW ! Comme c’est fantastique ! WoW ! Vous avez bien dit, chers journalistes de conférence de presse : « Des millions d’emplois CRÉÉS ». J’espère que nos chers journalistes vont nous informer régulièrement des offres d’emplois qui vont fuser de partout. Va-t-on manquer de main-d’œuvre ? Sûrement !

    WoW ! Ce G20 a été une réussite totale ! Bravo, bravo, bravo, trois fois bravo !

    Souvenez-vous, au lendemain du G20 de Londres : « Les Bourses euphoriques ». Les Bourses réagissent très positivement aux annonces du G20. Le CAC 40 est en hausse de 5,37 %, le Footsie (Londres) de 4,28 % et le DAX (Francfort) de 6,07 %. WoW ! L’euphorie totale, même notre Caisse de dépôt a dû en profiter, c’est dire, n’est-ce pas ?

    Le climat… On a eu une réunion convoquée par Ban Ki-moon, il y a quelques jours. Une autre belle réunion… et le climat… que peut-on faire ? Que fait-on ?

    À la sortie de Londres, on disait : « Berlin souhaite un G20 du climat ». En marge du G20, le ministre de l’environnement allemand, Sigmar Gabriel, a plaidé pour l’organisation d’un sommet du G20 sur le thème de la protection climatique comme outil de relance économique. Pour lui, la protection de l’environnement doit aussi être appréhendée comme "un instrument de sécurisation de l’emploi". » WoW ! Si le climat était PAYANT ! WoW ! Le climat pour la « relance économique » (qui en d’autres mots veut dire la surconsommation)… pour la « sécurisation de l’emploi » WoW ! C’est génial !

    Juste de penser à de telles choses, à de tels projets et on sent déjà la planète se refroidir !

    Des visionnaires ces gens réunis au G20.

    Dire que parfois on nous fait entendre des "scientifiques". Comme si les scientifiques pouvaient dire des choses "intelligentes" ! (Ceci est de l’ironie, je dois constamment le dire parce qu’il y a toujours quelques "caves" qui ne comprennent pas).

    Bon, maintenant passons aux choses sérieuses, cessons de nous attarder au passé, ne perdons pas de temps avec le présent et tournons nous vers le futur. En 2056 savez-vous que nous serons 9,2 millions au Québec ? Oui, oui, pas 9 millions, 9,2 millions et pas en 2050, non en 2056 [3]. Et Harper a dit qu’en 2011, nous (notre vaillante armée) serions retirés d’Afghanistan. C’est bon de connaître le futur aussi précisément, mais parfois on en oublie le présent et on a peine à se souvenir du passé, même récent.

    Allez, jouissez de ce fabuleux sommet du G20, vous verrez, ils vont changer le monde… pour au moins 24 heures, le temps des Une.

    Serge Charbonneau Québec

    [1] http://www.radio-canada.ca/nouvelle...

    [2] Le sommet financier du G20 à Londres http://french.china.org.cn/txt/2009...

    [3] Le Québec pourrait compter 9,2 millions d’habitants en 2056 http://www.ledevoir.com/2009/07/16/...


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  • Une fois de plus, on nous refait le coup du grand méchant loup qui menace l’univers feutré et gentil des trois petits cochons. Cela devient infantile, cette façon de présenter les choses…

     

    Il est vrai que, régulièrement, le loup désigné se montre hostile envers l’un d’eux, celui qui a une maison en paille construite grâce à la permission de l’ONU en 1948 mais dont les extensions sont sans limites et bien au delà du permis de construire initial.

     

    Le loup persan a même indiqué qu’il faudrait un changement de propriétaire mais les autres petits cochons ont décidé de le surveiller des fois qu’il trouverait à se fabriquer une arme capable de souffler la maison.  Ils disent régulièrement qu’il est très méchant et adhère à des idées cruelles d’un autre temps qui les font frémir.

     

    Cependant, les petits cochons se montrent très envahissants, ils aiment s’ingérer dans les affaires de leurs voisins plus pauvres qu’eux mais qui ont beaucoup de ressources. Leur méthode est de leur dire qu’ils vont les protéger des loups mais sous certaines conditions et si, après insistance, ils ne sont pas d’accord, les petits cochons baissent leur masque, et, là, d’un seul coup, les malheureux pays pauvres voient apparaître des visages d’ours aux griffes longues et acérées.

    Enfin, on ne sait plus si les petits cochons sont des ours ou si c’est l’inverse. C’est drôlement habile n’est-ce pas ?

     

    Le loup tente de plaider sa cause, mais il est boudé dés qu’il ouvre la bouche. Il sent mauvais parait-il quand il évoque les crimes passés commis sur les terres des petits cochons qui se sont massacrés entre eux.

     

    Dans ses montagnes de Perse, le loup sait parfaitement que les gesticulations occidentales ne sont que des provocations en réponse à ses propres provocations. C’est si commode quand votre adversaire, à bout de nerfs, se montre agressif. Il vous fournit le prétexte pour l’attaquer en laissant croire que, devenu enragé, c’est lui qui a commencé.

     

    Le loup sait qu’il tient ses adversaires juste en laissant croire qu’il a ou aura bientôt une arme invincible. Cette arme, les autres l’ont déjà depuis longtemps mais font croire qu’il leur est insupportable de devoir l’utiliser tant ils sont gentils dans leur tête. L’un d’eux, celui qui a la maison en paille, a peur et ne manque jamais une occasion de le faire savoir. Pourtant, il a la même arme lui aussi. Mais il fait semblant de ne pas l’avoir tout en laissant croire qu’il l’a.

     

    Vous savez, en fait, ces gens jouent à des jeux où le bluff, la manipulation sont tout un art. L’Iran a inventé le jeu d’échec du temps où elle s’appelait la Perse et faisaient la guerre aux arabes. Les Etats-Unis ont créé le poker du temps où ils massacraient les indiens.

     

    Ils vous prennent à témoin pour justifier leurs manœuvres et vous utiliser sans trop vous en dire.

     

    Car leur partie de bluff ne peut marcher que si vous marchez dans leurs combines. Ils avaient essayé pour la Corée du Nord et ils avaient perdu car vous ne vous sentiez pas tellement intéressés.

     

    MILTON DACIER 


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