• Les mobilisations de ces dernières semaines dans le cadre d’un processus de lutte menée par la nouvelle Alliance Territoriale Mapuche pour la récupération des territoires ancestraux aux mains des grands propriétaires et des entreprises forestières indiquent que le combat de ces populations autochtones est arrivé à un tournant. Le processus d’unification du peuple mapuche à travers cette organisation sociale territoriale débouche aujourd’hui sur un combat plus global : à travers la récupération des terres, ce qui est posé maintenant par ces mobilisations et les exigences formulées est bien la question politique de l’autodétermination, de l’autonomie, de l’autogouvernement du peuple-nation mapuche sur un territoire déterminé et de ses relations avec l’Etat chilien. L’assassinat de Jaime Mendoza Collio lors d’une intervention policière pour déloger les occupants d’une ferme n’a fait que jeter de l’huile sur le feu et resserrer les liens entre les différentes communautés.

    Les leaders de l’Alliance Territoriale Mapuche exigent maintenant de parler “d’égal à égal” et sans délai ni intermédiaire avec l’Etat chilien et son plus haut représentant, la présidente Bachelet. Demande que l’Etat chilien n’entend accorder en aucune manière en renvoyant tout dialogue à l’intermédiaire des habituels canaux institutionnels, en particulier la Corporación Nacional de Desarrollo Indígena (Conadi), sorte de secrétariat aux affaires indigènes. Retour sur cette Alliance Territoriale Mapuche et ses revendications

    L’Alliance Territoriale Mapuche, l’organisation qui mène actuellement le processus de mobilisation pour la récupération de leurs terres ancestrales 
 Les Autorités Mapunche de Pu Lof Trawün, qui ont organisé les dernières mobilisations mapuche dans le pays, sont venu au début du mois de juillet au palais de La Moneda à Santiago et n’ont pas été reçus par Michelle Bachelet. Aujourd’hui, ils sont parvenus à articuler derrière eux une grande partie du mouvement mapuche “dispersé”. Le lonko Juan Catrillanca Antin, leader de la nouvelle structure, rend compte de ses caractéristiques. 

Ils disent qu’ils s’ennuyaient d’attendre. Qu’ils ne veulent pas des miettes. Qu’ils veulent récupérer leurs territoires originaires.

    « Mais le gouvernement ne nous écoute pas. C’est pourquoi nous sommes unis pour nous mobiliser. Maintenant nous sommes 60 et bientôt nous atteindrons les 120 communautés qui demandent à se joindre à notre lutte », dit le Ñizol Longko de l’ Alliance Territoriale Mapuche, Juan Catrillanca Antin du Lof Temucuicui.

    Ce ne sont pas seulement les communautés qui ont réussi à s’articuler entre elles. Au cours des dernières semaines, d’importantes organisations mapuches ont rejoint les revendications de cette nouvelle référence organisée, la nouvelle migraine de La Moneda dans le sud du Chili. 

En juillet, une délégation d’entre eux s’est rendue à Santiago pour rencontrer la présidente Bachelet. Ils ont suivi la règle habituelle, envoyé d’innombrables lettres et remplis les formulaires de demande, se souvient le lonko Juan Carlos Curinao. Ils ont attendu plusieurs jours une audience qui n’est jamais venu. Ils ont insisté mais personne ne les a reçu. Et le jour où ils ont osé s’approcher du Palais de La Moneda, des forces spéciales de police les ont expulsés sans ménagement. Ils ont alors décidé de revenir dans le sud. Et de se mobiliser jusqu’aux ultimes conséquences.

    Le lonko de la communauté emblématique Temucuicui de Ercilla a expliqué l’importance de cette nouvelle organisation, qui, comme stratégie, va poursuivre plus avant les occupations de terres privées pour obtenir que le gouvernement leur transfère des terres. Ce sera une première étape. La seconde, sera de lutter pour la reconnaissance des droits politiques comme “nation” et d’aller vers l’auto-détermination. L’Alliance, qui revendique comme mapuche les régions du Biobío et la Araucania, est l’organisation qui est derrière les mobilisations les plus récentes.

    L’une d’elle a pris fin mercredi 12 août avec l’assassinat policier de Jaime Mendoza Collio lors de l’expulsion de la ferme “San Sebastian” à Angol. 

Dans la direction de l’Alliance Territoriale Mapuche en plus de Catrillanca on peut également remarquer le lonko Juan Carlos Curinao de la communauté Huañaco Millao de Ercilla et le lonko Jorge Calfuqueo celui-ci du secteur côtier de Budi. Le Werken ou porte-parole de l’organisation est Mijael Carbone Queipul, un jeune membre de la communauté Temucuicui.

    Catrillanca a révélé que cette Alliance, formalisée il y a trois semaines après de nombreuses réunions qui se sont déroulées à Ercilla, Temuko et au Budi, se compose des communautés Angol, Ercilla, Purén, Los Sauces, Freire, Villarrica, Puerto Saavedra, Teodoro Schmidt et Loncoche, pour n’en citer que certaines. « C’est cette alliance qui décide et va décider des futures mobilisations dans le sud », dit-il. Et Juan Catrillanca d’ajouter qu’après la mort de Jaime Mendoza Collio ils vont continuer à mener la récupération des terres plus unis que jamais, avec plus de force et de résistance, mais sans armes. 

Sur les actions attribuées par les autorités à des secteurs mapuche plus radicaux, en particulier la Coordinadora Arauco Malleco (CAM), Catrillanca a nié connaître leurs modes d’opération. « Je ne me prononce pas sur cette organisation. Je ne sais pas si elles utilisent des armes. Leurs décisions n’ont rien à voir avec nous », a indiqué le dirigeant traditionnel. Récemment, après une attaque contre un autobus sur la Route 5 Sud attribué à la CAM, l’Alliance n’a pas hésité à condamner l’attaque, se démarquant publiquement de leurs méthodes et leurs modes opératoire. 


    « Tant que les actions de la CAM ne causent pas de dommages aux personnes civiles, nous, clairement, n’allons rien dire. Mais nous sommes contre les dommages aux personnes ou d’attenter à la vie, même celle des carabiniers... Bien que je n’étais pas là, je m’excuse auprès de tout le monde pour ce qui est arrivé », a déclaré le werken Mijael Carbone. « Nous n’utilisons pas d’armes à feu ni n’avons l’intention de le faire. Que les forces de police les utilisent ne veut pas dire que nous devons nous armer », ajoute-t-il. 


    Le leader de Temucuicui a déclaré que la nouvelle Alliance Territorial invoque le traité de Tapihue signé en 1825 entre l’État chilien et les Mapuche pour le respect mutuel des frontières existantes dans ces années là et qui permet le transit, le commerce et l’amitié entre les peuples du Chili et le Wallmapu. Ce Traité du point de vue des Mapuche, a été violé par l’Etat lorsqu’il a envahi militairement leur territoire en 1881. « Nous voulons récupérer six millions d’hectares. Jusque là nous continuerons avec les prises de terres et nous nous défendrons seulement avec nos “wiños” (jeux rituels) et nos boleadoras [1] » dit Catrillanca. 
 TEMUKO, WALLMAPU, le 16 août 2009

    Les exigences de l’Alliance Territoriale Mapuche

    1.- Droits territoriaux

    a) Dévolution du territoire mapuche depuis la rivière Biobio au Sud, à partir de la reconnaissance explicite que l’État a fait de son existence dans le Traité de Tapihue (1825), Article 19. 


    b) Fin des mégaprojets à l’intérieur du territoire mapuche (barrages, centrales hydroélectriques, routes, aéroports, exploitation minière, forestière, de pêche, décharges, etc.) ainsi que toutes les installations des entreprises installées en territoire mapuche qui polluent notre environnement.

    2.- Droits politiques / Juridiques

    a) Abrogation de la loi raciste n°18.314 (Antiterroriste) et de toutes les lois qui affectent notre existence en tant que Peuple, en particulier dans le domaine des ressources naturelles (eau, air, écosystèmes, wigkul, etc.)

    b) Libération immédiate de tous les prisonniers politiques mapuche, emprisonnés pour la récupération de notre territoire. 


    c) Indemnisation de tous les prisonniers politiques mapuches et des proches de nos frères et sœurs tués et disparus (clandestins) dans la lutte pour la récupération de notre territoire depuis 1990. 


    d) Démilitarisation du territoire mapuche dans son intégralité. Autrement dit, retrait immédiat de la police militaire chilienne présente à proximité de nos communautés et qui défend les intérêts des grands propriétaires et des forestiers. 


    e) Reconnaissance du droit à l’Autonomie et à l’Autodétermination, à la recherche de mécanismes de représentation propre et d’interlocution politique avec l’État. 

Enfin, nous déclarons que pour la réalisation de ces exigences, notre démarche implique un dialogue direct d’urgence avec la chef de l’Etat du Chili, Mme Michelle Bachelet, sans aucun intermédiaire qui ferait obstacle à la recherche de mécanismes de solution appropriée à un conflit dont les Mapuche ne sont pas les initiateurs et duquel aujourd’hui nous sommes victimes.

    wigkul = colline

    = = = = = = = = = = =

    Après l’assassinat de Jaime Mendoza Collio
    L’Alliance Territorial Mapuche s’adresse à l’opinion mapuche, chilienne et internationale


    Après le Norvm Rvpu Xawvn (rencontre) qui s’est déroulé sur le territoire mapuche-lafkenches du Budi le samedi 22 août, les territoires (LOF) et communautés regroupés dans l’Alliance Territoriale du Peuple Mapuche sous la direction des Logko (chefs traditionnels) et werken (messagers, porte-paroles), donnent à connaître et informent les éléments suivants :

    1. Nous réitérons notre engagement à l’unification mapuche sur la base de la demande des terres ancestrales et historiques arrachées à notre nation il y a un peu plus de 100 ans par l’Etat national chilien. Cet engagement d’unité ne peut avoir d’autre expression distincte que la mobilisation, malgré les moments de douleur et de mort que nous continuons de subir après l’assassiner avec préméditation du peñi Collio. 



    2. Notre disposition aujourd’hui est la négociation au plus haut niveau de la direction de l’Etat, qui est celui de la présidente du Chili, Michelle Bachelet. Ici, et à partir de maintenant, les deux parties doivent chercher des moyens pour cette étape, pour laquelle les équipes technico-politiques respectives devront préalablement convenir des questions de procédures, conditions et agenda en rapport avec les thèmes fondamentaux ; si tant est que le gouvernement du Chili veut mettre en œuvre sa rhétorique et son expression euphémistique de “dialogue”. 



    3. Pour le moment, et puisque aucun membre du gouvernement ne nous a parlé clairement et directement, le mouvement de protestation se poursuivra simultanément dans les divers territoires qui composent et ont rejoint l’Alliance territoriale. 



    4. Enfin, nous maintenons notre appel à nos frères à rejoindre à ce large appel, et à ceux qui ne sont pas mapuches à se manifester et à exprimer leur solidarité avec notre cause. Cause pour laquelle il n’est pas demandé autre chose que la transparence, la volonté et la considération pour l’existence future de notre peuple Mapuche.

    Gozol Logko Juan Catrillanca Logko Lafkenche Jorge Calfuqueo Logko Pewenche Jorge Sandoval Werken Mijael C. Queipul

    PU LOF XAWVN 

ALLIANCE TERRITORIALE MAPUCHE

    Territoire lafkeche du Budi, 22 août 2009


    Notes
    [1] ndt : Arme traditionnelle de chasse par capture (entrave des membres) composée de 2 ou 3 boules reliées

    SOURCE OCL ET AZKINTUWE 


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  • C’est une petite révolution qui crève le petit écran. Pour la première fois, une publicité, vidéo n°1, ci-dessous, pour des produits halal est diffusée, à l’occasion du ramadan, sur de grandes chaînes nationales. Sur TF 1 et M 6 ainsi que les chaînes de la TNT, un spot TV vante les mérites des plats cuisinés Zakia Halal qui sont, à en croire le slogan," toujours un régal ", peut-on lire dans un article "Halal s'invite à table", Le Parisien.

    Révolutionnaire, dites vous ? Plutôt un virage à 360° dans un pays qui se crispe et fantasme à la moindre vue d'une femme voilée ou portant la Burqua. Allah est-il tombé sur la tête de la France au point d'adoucir son islamophobie à peine voilée ( sans jeu de mots )? Que nenni ! Si HALAL est le bienvenu dans les foyers français, notamment par la grande distribution et la télévision, TF1 et M6 ainsi que les chaînes de la TNT, ce n'est par parce que la France serait subitement devenu ISLAMOPHILE.Qu'on ne s'y méprenne pas, la " petite révolution qui crève le petit écran" n'est dictée que par une forme de pragmatisme, disons par l'appât du gain. Et pour cause, une récente enquête de l’agence Solis, évalue le "business musulman" à près de 4 milliards d’euros pour 2009, avec une croissance annuelle estimée à 15 %.

    Selon cette même étude, 93,6 % des consommateurs originaires du Maghreb remplissent leur panier de denrées halal. Avez vous compris ?C'est peu de dire qu'une telle réalité donne le vertige des billets d'euros, y compris aux plus islamophobes qui sont pourtant en croisade perpétuelle contre l'Islam, pardon la Burqa."La communauté musulmane a acquis un véritable poids économique ", constate Abbas Bendali, de l’agence Solis. " On assiste aujourd’hui à la banalisation du consommateur musulman qui devient un client comme un autre. Comme il y a la cible de la ménagère à qui on vend de la lessive, il existe aussi un acheteur musulman à qui l’on propose des plats halal ", observe, de son côté, Fateh Kimouche, fondateur du siteAl-kanz.org, portail des consommateurs musulmans.

    Moralité, au nom du dieu de l'argent , la France met ponctuellement en sourdine son islamophobie institutionnelle, histoire de profiter de la fabuleuse manne financière du business HALAL. Comme on dit l'argent n'a pas d'odeur, donc les millions d'euros du Ramadan ne sentiront pas du tout le "mouton égorgé dans la baignoire", vidéo n°3, ci-dessous.

    Faut-il pour croire que le petit Mohammed deviendra une icône de la publicité pour séduire la ménagère de 50 ans? L'épicier HASSAN, celui pour qui tout est possible, va t-il bientôt remplacer la mère Denis dans l'imaginaire collectif ? Faut pas rêver, non ! "On veut l'argent des beurs, mais pas leur image. "Pourtant, on doit noter que certaines enseignes commencent à assumer", note Jean-Christophe Despres, directeur de Sopi Communication, spécialisée dans la communication "multiculturelle"

    Autant dire qu'après le Ramadan......l'on reviendra tranquillement aux fondamentaux, c'est à dire aux nouvelles "affaires" sur la Burqa, Niqab, Burkini et autres signes "islamistes" qui menacent, bien évidemment, la République. "On dit que chasser le naturel, il revient au grand galop", ce qui ne fait guère de doute pour le site Islamenfrance, vidéo n°2, ci-dessous. En attendant, c'est la trêve des confiseurs, pardon HALAL, business oblige.

    A2N Son Blog 



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  • Vivre et évoluer au sein des corporations : paysage chaotique aliénant l’individu

    Tout individu, tout être humain vivant cherche en permanence à évoluer en phase avec son entourage, son environnement, de telle manière qu’il est amené à se demander quel rôle joue-t-il au sein de sa communauté, et à s’interroger sur le sens que l’on peut donner à sa propre vie. Pourquoi sommes-nous là, surtout comment se construire, sommes nous acteurs ou spectateurs de nos vies etc ? Nous recevons tous une socialisation, que nous pourrions définir comme étant le processus d’intériorisation progressive des règles et des normes de la société par l’individu. Par la famille, l’école, le monde du travail, les groupes de pairs, les relations sociales, celui-ci intègre les normes et les valeurs correspondantes au milieu social dans lequel il vit.

    C’est à partir de cela qu’il va se forger une identité sociale. Le paradigme sociologique de la définition des statuts et des rôles de l’individu dans l’organisation par le biais de la socialisation débouche sur une première idée : nous évoluons donc tous dans des organisations, des corporations publiques ou privées. Tout individu est plongé dès la naissance dans une institution, une corporation dont il faudra apprendre à jongler avec les codes si l’on veut pouvoir bénéficier d’un lien social plus ou moins intense. C’est donc ce qui fait le leitmotiv de nos vie, en même temps que nous soyons formatés par et pour le corps social. Le travail qui aliène, les loisirs qui forment une maigre compensation des contraintes subies, tous les instants de la vie quotidienne sont rythmés et gouvernés par le temps.

    En Occident, nous sommes tellement habitués à optimiser le temps pour être efficace, que nous passons notre vie à courir. Courir pour le profit, aller vite pour accroitre la rentabilité, gagner du temps même sur la route pour arriver plus vite que la voiture d’en face. Pour aller à la fac, au boulot, à l’entretien d’embauche… Je ne citerai pas tous les exemples, mais la vie dans notre système capitaliste consumériste a complètement déstructuré l’individu.

    Hélas, ces siècles de progrès industriels ne me semblent pas avoir apporté le changement dont on nous parle tant : l’idée selon laquelle l’être humain occidental serait de nos jours bien plus savant et intelligent que dans les temps ancestraux me paraît être un grave mensonge. Soit, nous ne faisons plus la guerre avec des arbalètes, et nous ne tuons plus notre voisin pour une simple querelle (quoique cela puisse encore arriver). Les armes de guerre les plus meurtrières désormais utilisées sont la monnaie, la bourse et le travail, tous au service de l’économie, mais des siècles de propagande et de guerres n’ont pas effacé les inégalités et les sauvageries, bien au contraire. Donc, peu d’évolution entre l’Antiquité et aujourd’hui là où les relations humaines fonctionnent encore à la carotte et au bâton.

    Bien entendu, cette socialisation dont on parlait tout à l’heure, n’est pas la même pour tous. Bourdieu disait d’ailleurs qu’elle favorise le phénomène de reproduction sociale : suivant que l’on soit fils d’ouvrier ou fils de cadre, il n’y a pas une égale répartition du capital économique, social et culturel. Les fils de cadres auront de ce postulat, plus de chances et de facilités d’accès aux hautes études, et aux postes clés de la classe dirigeante que ceux provenant des milieux populaires. Suivant que l’on soit fils d’ouvrier, que l’on soit employé de bureaux, cadre, agriculteur, chômeur ou commercial, nous n’aurons donc pas la même vision par rapport au vote électoral, à la valeur travail, à la hiérarchie, aux règles, par rapport à la manière dont la société évolue, et dont elle nous fait évoluer.

    Enfin, nous n’aurons pas le même rapport au monde qui nous entoure suivant que l’on pense être un acteur bienpensant de la société, doté d’un certain libre arbitrage sur sa propre vie, et suivant que l’on se sente esclave du système économique capitaliste globalisé, où soumission, résignation, frustration, pensée unique et convoitise règnent en maître pour écraser toutes formes de liberté individuelle. A chacun de voir midi à sa porte, mais je pense que lorsque l’on fait partie de la base de la pyramide, c’est hélas la seconde vision du « monde » qui prédomine.

    D’ailleurs, le plus dommage est schématiquement qu’il existe cette pyramide significative, qui incombe la compétition et ces rapports dominant(e)s/dominé(e)s. Donc indéniablement gagnant(e)s-perdant(e)s. Car il me paraît naïf de croire que la démocratie libérale bourgeoise est la meilleure solution pour fournir aux individus une situation optimale, une vie décente et idéale pour tous. La logique du système marchand pousse à nous vendre chaque jour un petit peu plus pour que nous puissions enfin toucher du doigt cette situation, en finir avec la paupérisation grandissante, la précarité et l’exclusion. Sauf qu’à force de se prostituer à la valeur travail, non seulement les ressources restent gravement inégalement réparties, mais en plus nous sommes presque récompensés pour avoir écrasé, estampillé, pillé notre voisin.

    Le capitalisme et la démocratie libérale n’offrent donc de libertés que celles de ne pas crier trop fort ce que l’on pense, et celle d’avoir l’ambition d’écraser son prochain pour un peu plus d’argent. J’exagère, mais il y a tant d’hypocrisie dans ce système, qu’un PDG de Nestlé peut se vanter de diriger un empire économique sainement et pour la bonne cause, pendant que 70% des femmes dans une région de l’Éthiopie naissent malformées génétiquement à cause des ravages de la sous nutrition dont Nestlé est responsable en grande partie. Ou pendant qu’un enfant de moins de dix ans meurt de faim alors que la FAO précise qu’il est possible de nourrir douze milliards d’individus sur Terre¹.

    Les murs de nos mairies et les entêtes des documents administratifs sont ornés de liberté, d’égalité et de fraternité, pendant qu’une bande de mercenaires du capital s’arrogent le droit d’expliquer à la masse ce qu’il faut faire. Ou se permettent à coup de matraquage de lois sécuritaires de procéder à des milliers d’expulsions, parmi les plus honteuses, politique des quotas rappelant ainsi des pages sombres de l’Histoire européenne récente. Le tout sous couvert de légitimité, les élites capitalistes du Medef et leurs vassaux pantins de la politique clientéliste médiatique produisent leurs lois autoritaires et liberticides pour que le salariat reste bien docile. Pour qu’il ne se révolte pas face à Madame Autorité-Responsabilité-Exploitation qui dirige d’une main de fer le monde de l’entreprise. Il faut quand même bien reconnaître que salarier 85% de la population active d’un pays figure parmi les plus formidables ingéniosités de notre époque.

    Car payer un esclave qui joue ses galons de 35h hebdomadaires à coups de lance pierre en lui expliquant qu’il n’est payé que pour sa seule force de travail (revendue en plus-value par les capitalistes qui en tirent leurs profits) sans que celui-ci n’ait mot à dire devrait en irriter plus d’un. Si l’on rajoute derrière tout cela l’absurdité et la propagande qui gravite autour du mythe de la sécurité sociale, on arrive à un record de duperie jusqu’à présent quasiment inégalé. On nous dit qu’à l’horizon 2009, le déficit de la sécurité sociale se creuse à neuf, dix ou douze milliards d’euros (suivant le journal que l’on a devant les yeux), et que le salarié docile, en plus d’être surexploité, va devoir soit se serrer la ceinture, soit travailler plus longtemps s’il veut à terme, bénéficier d’une couverture sociale. C’est d’une hypocrisie révoltante !

    Quand on voit que parallèlement, la part spéculative qui glisse du facteur travail vers le capital depuis vingt cinq ans de mensonge avoisine les 160 milliards d’euros en France², et que cette immense somme pourrait donc largement servir de financement pour les branches vieillesse et maladie. Au lieu de taxer le capital, les pôles industriels et taxer l’actionnariat (à défaut de l’abolir alors qu’en l’espace de vingt ans, les recettes du CAC 40 ont été multipliées par quatre), nos dirigeants préfèrent ordonner le recul de l’âge légal du départ en retraite à 65 ans minimum.

    Demandez à un maçon ou à un couvreur d’aller crapahuter sur les murs des maisons jusqu’à 70 ans. Demandez à un artisan du bâtiment, parfois imposé à plus de 70% sur soixante heures de travail par semaine, sans être assuré d’avoir une réelle allocation de retraite, ce qu’il en pense de la solidarité à la française, il vous dira que c’est du vol organisé. Un député, peut sans doute travailler jusqu’à 70 ans. Pas ceux à qui s’applique la loi.

    Le problème n’est pas uniquement que les patrons croupissent sous les charges, ou que les fonctionnaires ne seraient que des fainéants plein de privilèges, mais qu’il y ait trop d’écarts entre les statuts du secteur public et privé.

    Du travail à l’activité…

    La société consumériste qui prend son essor à partir de mai 1968 prône l’accès à tous aux formations et aux diplômes. C’est certes un progrès. Mais le gonflement de la classe dite moyenne sert de justification au système : désormais, un fils d’ouvrier peut sortir du système éducatif avec un niveau de bac+5, voire plus. C’est la fameuse mobilité ascendante à travers les générations qui augmente le niveau de vie d’une génération à l’autre. Sauf que cette amélioration du niveau de vie se produit moins vite que la hausse du coût de la vie. Même la sociologie marxiste du conflit qui observe les antagonismes entre la classe dominante capitaliste et la classe productive prolétaire et dominée semble avoir disparue des analyses. Pourtant…

    En fait, l’État de droit a acheté la paix sociale avec le vote et cette fameuse politique des années 1970 qui a élargi la classe moyenne, créé le salaire minimum etc. Pari réussi pour l’oligarchie bien assise, que d’empêcher la révolte sociale par tous ces instruments idéologiques. Les citoyens se sentent libres, ont conscience que l’on subit beaucoup de choses, que l’on ne maîtrise plus grand-chose, mais la plupart continuent d’aller crier simplement contre le gouvernement ou demander plus d’argent dans les manifestations. Plus d’argent pour payer la santé, les transports, à manger. Se lamentent d’une usine de chez Continental excédentaire qui licencie à tour de bras pour réduire ses coûts de production. Font des banderoles contre les parachutes dorés sans remettre une seule fois le modèle sur lequel repose l’organisation du travail.

    Braves gens, je suis d’accord avec vous, mais ce geste de mobilisation les jours de manifestations me paraît bien dérisoire. C’est comme interdire à un enfant de sauter dans les flaques d’eau, il ira sauter dedans aussitôt le dos tourné. Si vous lui donnez une petite claque, ça le freinera déjà un peu plus. Mais il est vrai que ce n’est pas qu’une petite claque qui fera vaciller le patronat et la république. Je pense qu’une grève générale longue, dure, et persistante, serait bien plus efficace qu’une manifestation d’un jour, qu’un défilé le mardi puis le jeudi de 14h à 18h dans les boulevards. Le capitalisme se nourrit de l’action collective pour se maintenir, il laisse le citoyen crier fort dans la rue pour lui laisser l’impression d’être libre.

    Moyennant tout de même quelques arrestations de syndicalistes de temps en temps par l’armée pour limiter un peu le trop de laisser aller populaire !! Effectivement, il nous est possible d’exprimer notre mécontentement, et je ne pourrais certainement pas écrire tout ceci si nous étions au Turkménistan, à moins de faire un séjour en prison, et c’est bien là la finesse de ce système. Mais comme l’a affirmé Noam Chomsky devant des étudiants américains, « la solution repose dans les mains de gens comme vous et moi ». Pour en finir avec l’exploitation et le vol organisé du temps libre par le travail, chaque individu pourrait développer sa propre auto-organisation. Si celle-ci venait un jour à devenir récurrente, s’affranchissant de tout rapport d’autorité et de domination, le travail deviendrait alors une activité, qui fournirait les conditions possible de l’épanouissement humain, plutôt qu’un travail, aliénant, déstructurant à effectuer non pour soi mais aux ordres des supérieurs. Bref, on n’y est pas.

    Samuel Métairie. Lien 

    1-Cf. Jean Ziegler, L’Empire de la Honte

    2- Mélenchon J-L, « Assumer la nécessité d’une force politique nouvelle », 2007


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  • De Washington à Paris, la haine plus forte que la justice !

    Le 28 juillet dernier, Léonard Peltier avait été longuement entendu dans le cadre de sa demande de libération conditionnelle.

    Son agent de liberté conditionnelle, ainsi qu'un membre d'une communauté indienne du Dakota du Nord avaient également pu prendre la parole. Ce dernier avait notamment déclaré avoir un emploi de professeur d'art dans un collège de la communauté pour lui. De plus, une maison a été mise à sa disposition.


    Rappelons que le militant amérindien est détenu pour le meurtre de deux agents du FBI en 1975, mais qu'aucune preuve formelle de sa culpabilité n'a jamais pu être apportée au dossier.Lien ici 

    Pourtant, le 21 août, Léonard Peltier s'est vu refuser cette liberté conditionnelle.

    Emprisonné depuis 1977, il ne pourra plus introduire de demande avant juillet 2024. Il aura alors 79 ans.


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  • Ni la répression sauvage de l’Etat espagnol et ses collaborateurs en déroute en Pays Basque, ni les fascistes néo- franquistes, ne feront taire la résistance basque !

    Trois bars d’Iruñ ont été tagués ce week-end.  Des tags fascistes, comme seule l’extrême-droite espagnole sait le faire : “la Falange vous surveille” ou “si la loi ne le ferme pas, nous le ferons”.

    C’est le résultat des  actions d’intimidation menées par le Gouvernement de la CAB1 (Parti « socialiste »+parti populaire, néo franquiste..) et l’Etat espagnol, avec son gouvernement « socialiste ».

     De Madrid viennent les ordres : « rendre invisible » la solidarité et le soutien avec les 740 prisonniers politiques basques, dont + de 170 sont emprisonnés en France.

     Pour ceux qui décident de résister à ces mesures d’intimidation, la menace c’est l’inculpation « pour apologie de terrorisme » !

     Mais les bars militants Ezpala, Zurgai et Ipar Gorri ne sont pas les seuls à avoir subi des dégradations portant signature de la Phalange néo-franquiste : des monuments commémorant les soldats républicains ont subi les mêmes dommages.

     Face à ce week-end de la terreur digne « d’une nuit de Cristal » la majorité de la classe politique vient de dénoncer ces actes, mais comble de l’idiotie, les caniches de Madrid n’ont parlé que des dégâts occasionnés sur les monuments historiques.

     Ainsi, cette dégradation fasciste des bars et des monuments à la gloire des républicains antifranquistes  est aussi le résultat de la déclaration imbécile de la déléguée du Gouvernement espagnol, Elma Saiz, qui en juillet, avait appelé les citoyens conservateurs à la délation contre les lieux dans lesquels s’exprime la solidarité envers les familles ou les prisonniers basques.

     Depuis le printemps 2009, le gouvernement autonome pro-espagnol avait lancé sa milice de la Ertzaintza2, dans la chasse aux photos, qui s’est accentuée lors des fêtes locales, qui sont chaque année ponctuées par des manifestations en solidarité avec les prisonniers basques.

     Entre déclarations politiques imbéciles et décisions politiques imbéciles, la tension est montée d’un nouveau cran au Pays Basque.

     Comme nous l’avons écrit dans notre communiqué du 31 juillet, l’Etat espagnol vient de subir des défaites militaires, et par ses décisions et son refus de négocier une paix durable au Pays Basque sur des bases où chacun écoute l’autre, il a la lourde responsabilité de la renaissance des pires heures du franquisme et d’une intensification de la lutte d’indépendance… c’est donc bien les choix du PSE3 et du PNV4 qui poussent à la lutte militaire pour l’indépendance du Pays Basque…

     Exposer des photos des prisonniers est “une provocation” avait déclaré le PSE, donnant ainsi quitus à la « Falange » et bientôt peut être au « GAL» reconstitué, car il ne faut pas oublier que JON ANZA ORTUÑE, ancien prisonnier politique basque, a disparu depuis le mois d’avril dans d’étranges circonstances.

    Malgré le climat de tension qui règne au Pays Basque, notamment après l’interdiction des manifestations pacifiques par la répression violente suivie des dégradations fascistes, Rodolfo Ares, conseiller spécial pour la sécurité du « gouvernement basque » vient de demander aux maires des communes de faire fermer les buvettes militantes (les txosna) qui selon ses propres propos serviraient “de soutien social pour l’ETA”.

    Et fort de son appui du gouvernement, de la majorité et de l’opposition, du Roi et de Sarkozy, des instances européennes, il a sommé les basques mais aussi les gens de passage, à ne pas fréquenter les endroits qui affichent les photos de prisonniers.  Le « toutou » a aussi prévenu que ses chiens de garde de la milice Ertzaintza feraient des rixes dans ces lieux et confisqueraient les photos exhibées dans les rassemblements hebdomadaires des familles des prisonniers.

    Depuis quelques jours la réponse populaire des Basques est à l’insoumission aux appels des « toutou et chiens de garde» de Madrid, et des photos de prisonniers et des autocollants sont apposés en masse dans les quartiers populaires du Pays Basque. Et les manifestations de soutien aux prisonniers vont continuer, malgré la répression et les provocations.

    Le Comité « Libérez-les ! » apporte tout son soutien et toute sa solidarité avec les prisonniers, avec leurs familles, avec les associations de soutien.

    Le 25 août 2009

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    1. CAB - Communauté autonome basque (considéré comme une province)
    2. Ertzaintza - Police politique opérationnelle basque (sud)
    3. PSE - Parti Socialiste Espagnol
    4. PNV - Parti Nationaliste Basque (pro-espagnol) - Partido Nacionalista Vasco
    5. GAL - Groupe Antiterroriste de Libération – groupe paramilitaire clandestin créé en 1982 par le Ministre de l’Intérieur espagnol, pour lutter contre ETA, dissout en 1987 par Charles Pasqua suite à un accord entre la France et l’Espagne.

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