• La course au fric pour payer le loyer (l’emprunt...) quelques mois de plus est en passe de devenir un sport international de haut niveau auquel je m’adonne comme tout le monde, au détriment de ce blog, entre autres. Mais il s’agit bien là de tout ce que je consens à sacrifier à la détérioration entropique de notre vieux monde.

    Be quiet. Parce que, pour le reste, tintin ! c’est le moment ou jamais d’en profiter à fond les ballons, non pas en se jetant à corps perdu dans la consommation à outrance ou dans l’individualisme forcené, mais en prenant bien conscience qu’à l’heure où le bateau coule sans que les canots aient été mis à la baille, il faut savourer sauvagement chaque mesure que persiste à nous jouer l’orchestre dans la débâcle. Il n’a jamais été aussi urgent de goûter à la douceur de vivre, jamais aussi important d’en finir avec les conventions rigides, les faux-semblants, les faux-culs, les excuses de merde, les fâcheux, toute cette accumulation de petits renoncements et grands ratages qui nous pourrissent constamment la vie en échange de la promesse d’une récompense future. Ce n’est pas non plus la philosophie égoïste du "après nous, la fin du monde". C’est juste que la fin du monde, c’est pour notre gueule et c’est imminent. Fallait bien que ça tombe sur quelqu’un, à force, un peu comme ma grand-mère qui annonce à chaque printemps que c’est le dernier qu’elle verra fleurir. À ce jeu-là, forcément, elle finira par avoir raison.
    Tôt ou tard.
    No future

    Il ne s’agit pas de se lacérer les fringues en gémissant, de s’arracher les cheveux ou de se couvrir le visage de cendres, ce n’est pas comme si nous avions tant à perdre. Certains, comme sœur Anne à sa fenêtre, guettent le retour à la normale dans le monde qui rougeoit. Sauf que ce normal-là, nous sommes combien à réellement devoir le regretter ? Une normalité où une personne sur 5 a faim, où quelques-uns profitent de l’essentiel des ressources pendant qu’une immense majorité doit se déchirer la gueule pour les miettes ? Une normalité où les petits veinards de notre acabit passent l’essentiel de leur temps de veille à s’épuiser dans des boulots imbéciles et ingrats au lieu de profiter de la vie, des rires de leurs enfants, des bonnes blagues de leurs amis véritables. Une normalité où l’on se gargarise de bonnes intentions que personne n’a l’intention d’appliquer, où l’on parle de développement durable là où il aurait fallu penser en terme d’humanité soutenable.

    Bref, le mur est d’autant plus proche que cela fait un sacré bout de temps que nous sommes lancés à pleine vitesse vers lui en klaxonnant comme des cons pour qu’il s’évapore de lui-même. En fait, je pense même que nous l’avons déjà explosé, que nous sommes déjà de l’autre côté du miroir, mais la force d’inertie d’un système civilisationnel tel que le nôtre est telle que nous ne nous sommes encore rendu compte de rien. Nous continuons sur notre lancée, portés par la force de l’habitude, englués dans la rassurante rationalité de la banalité quotidienne, nous agissons comme nous l’avons toujours fait, parce que c’est ce que nous savons faire le mieux, un peu comme le gamin qui ne se rend jamais compte qu’un beau matin, il n’a plus besoin de penser pour nouer ses lacets.

    C’est exactement là que nous sommes, dans l’apparence de la normalité, dans la routine, l’illusion. Nous maintenons le mythe de notre société par la seule force de notre aveuglement et notre profonde réticence au changement, quand bien même notre quotidien nous révulse profondément, quand bien même nous devons vivre des vies sans relief, sans grandeur, bouffer de la merde à chaque repas, subir les autres, nous emmerder chaque minute de notre vie, nourrir le gouffre insondable de nos regrets, pourrir ce qu’il y a de beau et de grand en nous. Parce que ça, au moins, on connaît. Et ce que l’on connaît est toujours plus rassurant que le grand plongeon dans l’inconnu.

    Nous ne sommes plus qu’à un battement d’ailes de colibri du moment où le voile se déchirera devant nos yeux, avant que le rouleau compresseur de l’Histoire ne nous passe sur l’échine, avant que tout ce que nous connaissons, aimons ou pensons aimer, tout ce qui fait notre réalité ne sombre dans l’oubli.

    C’est terrifiant.

    Surtout que les effondrements de civilisation se font toujours dans un grand fracas qui résonne longtemps à travers les siècles, et qu’il est nettement plus confortable de les lire dans un bouquin de Decaux, le cul vissé dans un bon fauteuil en cuir, les pieds tournés vers l’âtre crépitant. Mais bon, d’un autre côté, nous allons forcément vivre des instants intéressants.

    Au lieu de se pourrir cette fin de règne en nous lamentant contre ce putain de sort qui s’acharne sur nous alors que ceux qui ont foutu la merde devraient réussir à bouffer leur extrait de naissance juste à temps pour ne pas contempler l’océan de désespoir qu’ils nous ont légué, profitons plutôt de ces derniers instants de répit avant la tempête, cessons de remettre l’essentiel au lendemain, qui ne viendra peut-être jamais, cessons de nous mentir, de nous brider, de nous faire chier pour rien.

    Toi qui me lis, finis quand même ce texte, puis éteins ta machine et retourne à la vraie vie, celle que tu n’as jamais osé vivre, parce que tu t’imaginais avoir quelque chose à perdre. Fais-toi porter pâle et va contempler la pluie de pétales qui s’épanouit juste en ce moment sous les arbres fruitiers, va voir la collègue du bureau d’à côté à qui tu n’as jamais osé parler et invite-la à une longue, très longue balade sous le soleil du printemps. Rentre chez toi et va embrasser ta femme, tes gosses, ton chien et même le voisin, s’il s’était un peu attardé dans ton pieu avec ta femme.

    Tire-toi et va rendre visite à tes vieux amis que tu as presque perdus de vue à force de toujours avoir mieux à faire que d’aller les voir, alors que tu n’habites qu’à 1 heure de route de chez eux et jouis en paix du silence qui peut s’installer entre vous sans que cela ne vous mette mal à l’aise, juste dans le plaisir d’être ensemble. Envoie chier le formateur en conneries psycho-bordel-trucs qui tente de te pondre dans la tête ses idées de winner périmées depuis au moins 3 siècles et te fait perdre un temps précieux que tu pourrais passer avec des gens juste sympa ou même agréables.

    Va rameuter les collègues qui s’échinent comme toi pour juste éviter le coup de pied au cul et offrez-vous une belle sparadrap-party avec les cadres sup de ta grosse boiboîte en dépotant un barbec de merguez avec des vieux dossiers de recouvrement. Fais tout ce que tu as remis à plus tard, tout ce que tu jugeais trop con, trop immature, trop plus de ton âge. Va faire du patin à roulettes avec tes gosses et vautre-toi la gueule dans un grand éclat de rire, cours au sommet du pont du Gard pour te faire ton vieux trip de chute libre, les pieds retenus par un ancestral slip de sumo.

    Retrouve tes 12 ans, fais péter la cravate, le tailleur cintré, le bleu de travail, la blouse de larbin, les convenances, débarrasse-toi de tes peurs, de tes hontes et des faux amis. Reprends les pinceaux que tu avais abandonnés pour une très rationnelle carrière d’ingénieur en informatique, recommence à glander comme un ado, écris un livre, publie tes poèmes tellement pourris que même ton conjoint ignore leur existence, ne te raconte plus d’histoires, ne te cherche plus d’excuses, libère-toi de ton pire bourreau : toi !

    Profite de ta vie tant que ton sang pulse dans tes veines, que tes jambes te portent un peu plus loin, tant que tu as réellement la possibilité de le faire. Remplis ta mémoire de tous ces moments uniques et merveilleux, nourris-toi de cette euphorie incroyable que tu t’es toujours refusée, capitalise sans vergogne toutes les particules de bonheur que tu peux rafler, démultiplie tes investissements affectifs en les partageant avec le plus de monde possible, sème la joie autour de toi et récolte des tombereaux d’espoir, des brassées d’envie de lendemains qui chantent, que ta gentillesse soit impitoyable pour tous les empêcheurs de vivre en rond, les connards, les profiteurs, les faux-culs, les donneurs de leçons, les moralisateurs et les peine-à-jouir.

    Fais le plein d’allégresse.
    Pour survivre à la suite.
    Pour avoir la force et l’envie d’inventer de nouveaux lendemains.


    Agnès Maillard

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  • Un proverbe romain, utilisé par les Habsbourg dit "divida et impera", diviser pour mieux règner. Il illustre bien la décision rendue par Besson suite à l’appel d’offres concernant l’assistance des étrangers placés dans les camps de rétention.

     

    Petit retour en arrière : depuis l’instauration de ces camps en 1984, c’était la Cimade [1]qui portait assistance aux retenus dans toute la France, tentant tant bien que mal de s’adapter aux durcissements de la politique migratoire de la France. Celle-ci connait un changement de paradigme en 2003 avec l’instauration de quotas de gens à expulser.

     

    Arrive la création de ce qui est appelé par la gauche politique et associative le «  ministère de la honte » associant immigration et identité nationale, confié à un proche du nouveau Président, Brice Hortefeux. La Cimade alerte la société civile et, semble-t-il, agace les autorités. Hortefeux décide alors de lancer un appel d’offres, comme pour un marché public classique, pour agréer les associations présentes dans les camps. Il découpe la France en huit zones, chacune confiée à une organisation qui sera tenue au silence, ce qui donne dans le novlangue sarkozyste «  neutralité et confidentialité ».

     

    Un remaniement ministériel voit la promotion du ministre des rafles et des expulsions aux affaires sociales. Eric Besson, membre du parti qui avait ouvert les premiers camps en 1984 ayant rejoint l’UMP, lui succède et poursuit l’oeuvre de son prédécesseur. Il doit notamment se prononcer prochainement sur les tests ADN.


    Il vient de rendre publique la liste des associations habilitées. Six d’entre elles ont été choisies pour les huit lots. Trois pour la Cimade : le Sud-Ouest, le Sud-Est et le Mesnil-Amelot. Forum réfugiés pour la région lyonnaise, France terre d’asile les camps de Palaiseau, Plaisir, Coquelles et Rouen-Oissel ; l’Ordre de Malte ceux de Lille, Metz et Geispolheim ; l’Assfam ceux de Bobigny et Paris ; et le Collectif respect celui de l’Outre-mer.

     

    Toutes ces associations ont pignon sur rue, sauf une : le collectif Respect, qui officiera donc à Mayotte. Ce collectif est inconnu de la plupart des acteurs concernés. En 2008 le collectif a reçu du ministère dirigé alors par Brice Hortefeux une subvention de 28 700 euros. L’association était alors présidée par Frédéric Bard, qui était dans le même temps chargé de mission au… ministère de l’Immigration et dans la même section de l’UMP que P. Stéfanini, secrétaire général de ce ministère. [2]

     

    En faisant quelques recherches sur Internet, on trouve cette pétition lien adressée à « tous les afiricains (sic) d’Afrique et de la diaspora et à tous les français d’origine étrangère » (ce qui représente quelques centaines de millions de personnes) et qui proclame son soutien à ce collectif et son témoignage de l’action en faveur des étrangers. Il y a en tout et pour tout ... trois signataires en deux mois ! Le titre de ce texte est : « Soutien massif au collectif Respect ». 

     

    Soutien aussi massif que sa légitimité à intervenir dans les camps ? Son rôle sera-t-il le même que celui de la Cimade pour informer les étrangers sur leurs droits et les aider dans des démarches juridiques de plus en plus kafkaïennes ou simplement de leur donner un dépliant rédigé dans un sabir incompréhensible, y compris par des gens parlant un français parfait ?

     

    Cette coquille vide n’est pas sans rappeler le Comité national des français juifs, créé en 1986 par un juif pied-noir membre du FN et dissous par une décision du tribunal de grande instance de Paris en 1999. Tout ceci pourrait passer pour un canular ou juste une bonne blague si ça ne remettait pas en cause quelques principes humanistes fondamentaux ... Comme l’a déclaré Eva Joly a propos des durcissements successifs de la politique migratoire de la France depuis 1974 : « Il arrive un moment où le dispositif ne peut plus être durci sans trahir ce que nous sommes. » Et là c’est Sarkozy lui-même qui porte un sérieux coup à l’identité nationale de la France, « pays des droits de l’Homme ».

    Gachet, hns-info

    Notes

    [1] La Coordination Inter Mouvements Auprès Des Evacués a été créée en 1939, pour aider les Alsaciens et Lorrains évacués vers le sud de la France lors du début de la seconde guerre mondiale.

    [2] http://combatsdroitshomme.blog.lemo...


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  • Quelque quatre-vingts personnes ont mené samedi dès 06h00 une « action de désobéissance civile » au centre fermé pour étrangers 127 bis à Steenokkerzeel.

    Les manifestants, qui s’étaient cachés dans des champs situés le long du centre, ont profité de l’ouverture des portes d’entrée à 06h00 pour s’introduire dans l’enceinte du 127 bis.

     

    La police est arrivée sur les lieux en nombre en moins de dix minutes, sans procéder directement à des arrestations. L’entrée des activistes dans l’enceinte s’est déroulée sans incident.

     

    L’objectif du collectif était de perturber le fonctionnement du centre et d’empêcher samedi toute expulsion par avion de personnes en situation irrégulière. Des militants se sont enchaînés aux grilles via un système « Lock On », un tube métallique dans lequel les manifestants dissimulent leurs mains pour compliquer la tâche des policiers chargés de les évacuer.

    La police s’est contentée dans un premier temps d’encadrer la manifestation. Elle a ensuite invité les militants à partir. Face au refus du collectif, les policiers ont procédé vers 09h00 à des arrestations administratives. Les organisateurs de l’action avaient demandé aux militants de se laisser embarquer et de ne pas résister. La police a ligoté les mains des manifestants au moyen d’attache-colson et les a conduits ensuite dans un bus. Le groupe a été emmené à la gare de Zaventem où il a été relaxé.

     

    « Nous voulons casser la machine à expulser qui chaque année enferme et expulse plus de 8.000 personnes uniquement parce qu’elles n’ont pas les bons papiers pour vivre en Belgique. Il n’y a entre-temps aucun accord sur une éventuelle régularisation mais les arrestations à domicile, dans la rue et à l’Office des étrangers continuent », dénoncent les organisateurs de cette action, qui refusent que les personnes en situation irrégulière en Belgique soient considérées comme des criminels.


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  • Rassemblement devant le centre de rétention de Palaiseau (91) samedi 13h

    J’ai appris par une militante de RESF 91 qu’un ancien étudiant (jusqu’en 2006 je crois) de l’université d’Evry, Serif MBENGUE, sénégalais, venait d’être arrêté dans un foyer d’Evry où il habite, puis interné au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Palaiseau (Essonne, 91).

    Contacté par téléphone, son futur employeur qui comptait sur lui, patron d’une entreprise dont le siège est au Luxembourg, s’est dit choqué par la brutalité de l’arrestation et les désagréments occasionnés pour le développement de sont entreprise au Sénégal par l’arbitraire policier.

    La CGT de l’université d’Evry, dont le secrétaire et la secrétaire adjointe, Biatos, étaient délégués à 6 des 8 Coordinations Nationales des Universités, dont la dernière, appelle à un rassemblement de protestation devant le centre de rétention de Palaiseau, samedi à 13h, RER B Palaiseau, 13 rue Emile Zola - Palaiseau.

    Merci à tous ceux qui attendaient une occasion de dénoncer ces centres de rétention de se joindre à nous !
    Cet appel à une manif est fait dans l’urgence. Un première victoire de Serif a été d’éviter, grâce, je crois aux soutien de la Cimade, son expulsion vers le Sénégal qui était programmée i. L’arbitraire préfectoral nous contraint de mobiliser dans l’urgence.

    Merci donc de faire suivre cet appel dans tous vos réseaux de la région parisienne pour que nous soyons nombreux demain samedi, pour soutenir Serif et, préventivement, tous les étudiants sans-papiers que, dans les semaines à venir, notre Etat voudra interner dans un de ces camps de la honte.

    Centre de Rétention de Palaiseau
    13, rue Emile Zola
    Palaiseau (91)
    RER-B Palaiseau

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  • On lâche pas !


    SINGE DES RUES / HIP HOP
    LES RAMONEURS DE MENHIRS / PUNK-NOZ
    BMG / PUNK ROCK
    JUNIOR CONY & SHANTI D / DUB

     

    Vendredi 17 avril 2009 à 19h à la C.I.P....14-16 quai de Charente
    Métro Corentin Cariou

     

     

    De décembre 2007 à juin 2008, le centre de rétention de Vincennes a connu une révolte quasi continue et relayée à l'extérieur. Affrontements des retenus avec la police, refus de manger, d'être comptés, cartes déchirées, chambres brûlées...Parloirs, diffusion de témoignages téléphoniques, concert, feux d'artifice et manifs aux abords du centre. Le 21 juin Salem Souli, retenu, mourrait après avoir réclamé en vain ses médicaments. Le lendemain, la marche silencieuse organisée par les retenus était réprimée. Une révolte éclata, où la plus grande prison française pour sans-papiers est partie en fumée. Le centre de Vincennes a rouvert en partie le 10 novembre.

    À notre connaissance sept anciens retenus de Vincennes sont inculpés de /« destruction de biens par l'effet d'incendie et violence à agent de la force publique avec une incapacité totale de moins de 5 jours en réunion »/, et un huitième de /« violence à agent »/. Ali, Moïse et Mahamadou sont encore à Fleury en détention préventive, Ekma et deux autres ont été libérés, Slaheddine est toujours hospitalisé dans un état très grave après quatre mois de coma suite à une agression à la prison de Fresnes, et un dernier est sous mandat d'arrêt. Pour cantiner en taule et pour les procès à venir, ils ont besoin de soutien et de tunes.

    L'incendie de Vincennes fait écho aux nombreuses révoltes qui l'ont précédé et suivi jusqu'à maintenant dans les camps d'enfermement européens pour migrants. À Steenokkerzeel, Harmondsworth, Madrid, Milan, Istanbul, Lampedusa, Bordeaux... Nous ne les laisserons pas seuls se battre pour la liberté.

     

    Arrêt des poursuites et libération immédiate des inculpés de Vincennes !


    Contact : liberte-sans-retenue@riseup.net


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